U.F.R. de Math´ematiques Pures et Appliqu´ees
IFP Ann´ee 02-03
Corrig´e du devoir no 3 Probl`eme 1
1 -En vue d’appliquer le th´eor`eme de d´erivation sous le signe somme, nous allons ´etablir certaines majorations de fonctions. Nous utiliserons aussi le r´esultat ´el´ementaire suivant :
Toute fonction r´eelle continue sur [1,+∞[, respectivement sur]0,1], qui a une limite r´eelle quand x tend vers +∞, respectivement quand x tend vers 0 par valeurs >0, est born´ee.
Dans les in´egalit´es qui suivent,aetAsont des r´eels quelconques fix´es tels que 0< a < A.
On suppose quea < x < A et on rappelle que
∀t >0 et ∀n∈N, (t)n=enlogt. Cas 1 : t≥1
|e−t(logt)ntx−1| ≤e−t(logt)ntA−1 ≤M(n, A)·e−2t, o`u M(n, A) = sup
t≥1
e−t2(logt)ntA−1 v´erifie 0 < M(n, A) < +∞, d’apr`es le r´esultat ´el´e- mentaire rappel´e ci-dessus, puisque e−2t(logt)ntA−1 −−−−→
t→+∞
0.
Cas 2 : 0< t≤1
|e−t(logt)ntx−1| ≤ |logt|nta−1 ≤m(n, a) 1 t1−a2, o`u m(n, a) = sup
0<t≤1
|logt|nta2 v´erifie 0< m(n, a)<+∞puisque |logt|nta2 −−−−−→
t→0,t>0
0.
On en d´eduit que
(1) ∀t >0, |e−t(logt)ntx−1| ≤m(n, a) 1
t1−a21]0,1[(t) +M(n, A)·e−t21[1,+∞[(t),
cette fonction majorante, ind´ependante du param`etre x variant dans ]a, A[, ´etant λ- int´egrable sur ]0,+∞[, ce qui se d´emontre facilement en passant `a l’int´egrale de Riemann g´en´eralis´ee. De plus, pour tout r´eelt >0, la fonctionx7→e−t(logt)ntx−1est d´erivable sur ]a, A[ et sa d´eriv´ee est la fonction x7→e−t(logt)n+1tx−1. On en d´eduit, pour n= 0, que Γ est bien d´efinie sur ]a, A[, puis, en appliquant le th´eor`eme de d´erivation sous le signe
somme, en utilisant notamment (1) pourn = 1, que Γ est d´erivable sur cet intervalle et que sa d´eriv´ee v´erifie
∀x∈]a, A[, Γ0(x) = Z
]0,+∞[
e−t(logt)tx−1λ(dt).
On peut ensuite it´erer le proc´ed´e et, `a l’aide d’une d´emonstration par r´ecurrence, d´e- montrer que Γ est de classeC∞ sur ]a, A[ et que
(2) ∀x∈]a, A[, Γ(n)(x) = Z
]0,+∞[
e−t(logt)ntx−1λ(dt).
Ceci ´etant vrai quels que soient les r´eels a et A tels que 0< a < A, on en d´eduit que Γ est de classeC∞ sur ]0,+∞[ et que pour tout entiern ≥1 et tout r´eel x >0, Γ(n)(x) est donn´e par (2).
2 -Pour tous r´eels a, s >0, en faisant le changement de variablesu=atdans l’int´egrale de Lebesgue suivante d’une fonction continue positive, on obtient
Z
]0,+∞[
ts−1e−atλ(dt) = Z
]0,+∞[
us−1 as−1e−u1
aλ(du) = Γ(s) as · Sur ]0,+∞[, la fonction t7→ ts−1
et−1 est continue positive. Dans le calcul qui suit, on intervertira une int´egrale et une s´erie de fonctions mesurables positives, ce qui est licite :
Z
]0,+∞[
ts−1
et−1λ(dt) = Z
]0,+∞[
e−tts−1 1−e−tλ(dt)
= Z
]0,+∞[
+∞
X
n=0
e−tts−1e−nt λ(dt)
=
+∞
X
n=0
Z
]0,+∞[
e−tts−1e−ntλ(dt)
=
+∞
X
n=1
Z
]0,+∞[
e−ntts−1λ(dt)
=
+∞
X
n=1
Γ(s)
ns ≤+∞.
Sis >1, la s´erie obtenue est convergente. En effet, Z
]0,+∞[
ts−1
et−1λ(dt) = Z +∞
0
ts−1 et−1dt, int´egrale de Riemann g´en´eralis´ee d’une fonction continue positive sur ]0,+∞[, qui est convergente parce que
ts−1 et−1 ∼0+
1
t2−s et ts−1
et−1 ∼+∞e−tts−1.
Finalement, Z
]0,+∞[
ts−1
et−1λ(dt) =
+∞
X
n=1
Γ(s)
ns <+∞.
3 - Soit n un entier ≥ 0.
Z
]0,+∞[
t2ne−t2λ(dt) a un sens comme int´egrale de Lebesgue d’une fonction mesurable positive sur ]0,+∞[. Faisons le changement de variablest2 =u out=√
u, directement dans cette int´egrale de Lebesgue (la valeur absolue du jacobien 1
2√
u ne se voit pas car celui-ci est positif) : Z
]0,+∞[
t2ne−t2λ(dt) = Z
]0,+∞[
une−u 1 2√
uλ(du) = 1 2
Z
]0,+∞[
un−12e−uλ(du) = Γ(n+ 12)
2 ·
4 -a d´esigne maintenant un r´eel quelconque. La fonctiont 7→e−t2cosatestλ-int´egrable sur [0,+∞[ puisque c’est une fonction continue, donc mesurable, telle que
∀t≥0, |e−t2cosat| ≤e−t2,
qui est λ-int´egrable d’apr`es la question pr´ec´edente appliqu´ee `a n= 0. De plus, f(a) =
Z
]0,+∞[
e−t2cosat λ(dt) = Z
]0,+∞[
+∞
X
n=0
(−1)n(at)2ne−t2
(2n) ! λ(dt).
On peut appliquer le th´eor`eme d’interversion d’une int´egrale et d’une s´erie de fonctions parce que
+∞
X
n=0
(−1)n(at)2ne−t2 (2n) !
≤e−t2
+∞
X
n=0
|a|ntn
n! =e|a|t−t2, qui est λ-int´egrable sur [0,+∞[. On en d´eduit que
f(a) =
+∞
X
n=0
(−1)na2n (2n) !
Z
]0,+∞[
t2ne−t2λ(dt),
puis, d’apr`es la question pr´ec´edente, que
(3) f(a) =
+∞
X
n=0
(−1)na2n
(2n) ! ·Γ(n+ 12)
2 ·
Or on sait que la fonction Γ v´erifie les ´egalit´es
(4) ∀x >0, Γ(x+ 1) =x·Γ(x) et Γ 1
2
=√ π,
ce qui se d´emontre en int´egrant par parties, via l’int´egrale de Riemann g´en´eralis´ee
∀x >0, Γ(x+ 1) = Z
]0,+∞[
e−ttxλ(dt) =h
−e−ttxi+∞
0
+x Z
]0,+∞[
e−ttx−1λ(dt) = x·Γ(x),
puis, pour calculer Γ(12), en faisant le changement de variables √
t = u dans l’int´egrale de Lebesgue,
Γ 1
2
= Z
]0,+∞[
√1
te−tλ(dt) = 2 Z
]0,+∞[
e−u2λ(du) = √ π.
En appliquant les relations (4) `a Γ(n+12), on trouve Γ
n+ 1
2
=
n−1 2
Γ
n− 1
2
=
n−1
2 n−3 2
× · · · × 3 2× 1
2 ×Γ 1
2
= (2n) ! 22n·n!
√π.
Finalement, d’apr`es (3), f(a) =
√π 2
+∞
X
n=0
(−1)n n!
a2 4
n
=
√π 2 ·e−a
2 4 .
Probl`eme 2 1 - αn =
Z
]a,b[
cos2(nx)λ(dx) = Z
[a,b]
cos2(nx)λ(dx) se calcule comme l’int´egrale de Riemann d’une fonction continue sur un intervalle ferm´e born´e, ce qui donne, en passant
`
a l’angle double, αn= b−a
2 + 1 2
Z b
a
cos (2nx)dx= b−a
2 +sin (2nb)−sin (2na)
4n −−−−→
n→+∞
1
2λ(]a, b[).
2 -SiU est un ouvert born´e,U est la r´eunion d’une famille d´enombrable infinie d’inter- valles ouverts deux `a deux disjoints, n´ecessairement born´es, vides ou non, not´esIp, p≥1, d’apr`es le th´eor`eme de Cantor. Comme la mesure νn sur (R,B(R)) de densit´e cos2(n•) estσ-additive,
νn(U) = Z
U
cos2(nx)λ(dx) =
+∞
X
p=1
νn(Ip) =
+∞
X
p=1
Z
Ip
cos2(nx)λ(dx).
De plus, pour tous entiersp, n≥1, notamment d’apr`es la question pr´ec´edente, Z
Ip
cos2(nx)λ(dx)−−−−→
n→+∞
1 2λ(Ip),
Z
Ip
cos2(nx)λ(dx)≤λ(Ip) et
+∞
X
p=1
λ(Ip) =λ(U)<+∞.
Nous avons donc une suite (indic´ee par n) de fonctions d´efinies sur N∗ (dont le point courant est not´ep) qui converge partout surN∗vers la fonctionϕ : p7→ 12λ(Ip). De plus, cette suite de fonctions est domin´ee par 2ϕ (premi`ere in´egalit´e) qui est int´egrable par
rapport `a la mesure de comptage sur N∗ (deuxi`eme in´egalit´e). On peut donc appliquer le th´eor`eme de convergence domin´ee et conclure que
Z
U
cos2(nx)λ(dx) =
+∞
X
p=1
Z
Ip
cos2(nx)λ(dx)−−−−→
n→+∞
1 2
+∞
X
p=1
λ(Ip) = λ(U) 2 ·
3 -SiF est un ferm´e born´e de R, soitU un ouvert born´e de RcontenantF. AlorsU\F est un ouvert born´e de R, d’o`u il r´esulte, les int´egrales ci-dessous ´etant finies, que
Z
F
cos2(nx)λ(dx) = Z
U
cos2(nx)λ(dx)− Z
U\F
cos2(nx)λ(dx), puis, quand n−→+∞et d’apr`es la question pr´ec´edente, que
Z
F
cos2(nx)λ(dx)−−−−→
n→+∞
1
2 λ(U)−λ(U \F)
= λ(F) 2 , parce queλ(U) =λ(F) +λ(U \F) et que ces nombres sont finis.
On se donne maintenant un bor´elien born´eB deR. D’apr`es l’´enonc´e, il existe une suite croissante (Fn, n ≥ 1) de ferm´es de R et une suite d´ecroissante (Un, n ≥ 1) d’ouverts born´es de R tels que
Fn ⊆B ⊆Un et lim
n→+∞λ(Fn) = lim
n→+∞λ(Un) =λ(B).
On en d´eduit, pour tous entiers n, p≥1, que Z
Fn
cos2(px)λ(dx)≤ Z
B
cos2(px)λ(dx)≤ Z
Un
cos2(px)λ(dx) puis, quand p−→+∞, que
λ(Fn)
2 ≤lim inf
p→+∞
Z
B
cos2(px)λ(dx)≤lim sup
p→+∞
Z
B
cos2(px)λ(dx)≤ λ(Un) 2 , ce qui montre, quand n−→+∞, que
lim inf
p→+∞
Z
B
cos2(px)λ(dx) = lim sup
p→+∞
Z
B
cos2(px)λ(dx) = λ(B) 2 · En r´esum´e, pour tout bor´elien born´e B deR, on a donc
(5)
Z
B
cos2(nx)λ(dx)−−−−→
n→+∞
λ(B) 2 ·
3.bis - La propri´et´e (5) p´eniblement obtenue ci-dessus s’obtient facilement en utilisant la th´eorie des s´eries de Fourier. B ´etant un bor´elien born´e, choisissons un entier k assez grand pour queB ⊆[−kπ, kπ] et introduisons la fonction ϕ d´efinie sur [−π, π] par
∀u∈[−π, π], ϕ(u) =1B(ku).
ϕ´etant de carr´e int´egrable par rapport `a la mesure de Lebesgue sur [−π, π] comme fonc- tion born´ee et parce que λ([−π, π]) = 2π <+∞, introduisons ´egalement ses coefficients de Fourier cn(ϕ), n∈Z, d´efinis par
∀n ∈Z, cn(ϕ) = 1 2π
Z
]−π,π[
ϕ(u)e−inuλ(du).
Ils v´erifient la relation de Parseval, soit 1
2π Z
]−π,π[
|ϕ(u)|2λ(du) =X
n∈Z
|cn(ϕ)|2, dont on d´eduit que
cn(ϕ)−−−−→
|n|→+∞
0, puis Z
]−π,π[
ϕ(u) cosnu λ(du)−−−−→
n→+∞
0, en prenant la partie r´eelle decn(ϕ). Or
Z
]−π,π[
ϕ(u) cosnu λ(du) = 1 k
Z
]−kπ,kπ[
1B(v) cosnv
k λ(dv) = 1 k
Z
B
cosnv
k λ(dv), parce queB ⊆[−kπ, kπ]. On en d´eduit, en faisant tendrenvers +∞suivant les multiples dek, que
Z
B
cosnx λ(dx)−−−−→
n→+∞
0, ce qui implique, comme on l’a vu pr´ec´edemment, que
Z
B
cos2nx λ(dx)−−−−→
n→+∞
λ(B) 2 · 4 - Comme B =
+∞
[
j=0
Bj et que ces bor´eliens sont deux `a deux disjoints, comme de plus la mesure νn est σ-additive, νn(B) =
+∞
X
j=0
νn(Bj) ou, en exprimant la mesure νn `a l’aide de sa densit´e,
Z
B
cos2nx λ(dx) =
+∞
X
j=0
Z
Bj
cos2nx λ(dx).
La s´erie du deuxi`eme membre est l’int´egrale par rapport `a la mesure de comptage deN de la fonction j 7→
Z
Bj
cos2nx λ(dx). Quand n tend vers +∞, cette suite de fonctions converge vers la fonctionj 7→ λ(Bj)
2 , d’apr`es la question pr´ec´edente, parce que les bor´e- liensBj sont born´es et cette convergence est domin´ee par la fonction j 7→λ(Bj) qui est
int´egrable surN par rapport `a sa mesure de comptage puisque λ(B) =
+∞
X
j=0
λ(Bj)<+∞.
On peut donc appliquer la th´eor`eme de convergence domin´ee et conclure que Z
B
cos2nx λ(dx)−−−−→
n→+∞
+∞
X
j=0
λ(Bj)
2 = λ(B) 2 · 4.bis - 1B ´etant λ-int´egrable sur R puisque
Z
R
1Bdλ =λ(B)<+∞, on en d´eduit en appliquant le th´eor`eme de Riemann-Lebesgue que
Z
R
1B(x)·e−iuxλ(dx)−−−−→
|u|→+∞
0.
En prenant la partie r´eelle de cette int´egrale et en faisant tendreu vers +∞suivant les entiers, on obtient directement
Z
B
cosnx λ(dx)−−−−→
n→+∞
0, r´esultat qui contient tous les pr´ec´edents !
5 -Supposons que (an, n≥1) ne converge pas vers 0 quandntend vers +∞. Il existerait donc ε >0 et une suite strictement croissante nk, k≥1
d’entiers ≥1 tels que
∀k≥1, |ank| ≥ε.
On en d´eduirait que cos (nk•), k≥1
convergeλ-presque partout surBvers 0, donc que Z
B
cos2(nkx)λ(dx)−−−→
k→+∞ 0 d’apr`es le th´eor`eme de convergence domin´ee, ce qui prouve- rait queλ(B) = 0 d’apr`es la question pr´ec´edente, ce qui est absurde.