IP-1 Ann´ee 2004-2005
Corrig´e partiel Fiche no3
Ex 1. Soit la fonction f :R→(R,Bor(R)) d´efinie par f(x) :=x2.
1) Montrons que f−1(Bor(R)) est ´egale `aS:={A∈Bor(R); A=−A}.
SoitA=f−1(B),Bbor´elien quelconque deR, un ´el´ement quelconque def−1(Bor(R)).
On a
A=f−1(B) ={x∈R; x2 ∈B} = {x∈R; x2 ∈B∩R+}
= {±√
y; y ∈B ∩R+}
= {√
y; y ∈B ∩R+} ∪ {−√
y; y∈B∩R+}.
On a donc clairement A = −A et comme f est continue, A =f−1(B) est un bor´elien.
Nous venons de v´erifier qu’un ´el´ement quelconque A de f−1(Bor(R)) est aussi dans S, autrement dit que f−1(Bor(R)) est inclus dans S.
Pour ´etablir l’inclusion inverse, soit A ∈S quelconque et notonsA+ :=A∩R+. Soit g : R+ → R+, y 7→ √
y et C := g−1(A+). Comme g est continue donc bor´elienne de R+ dans R+, C est un bor´elien de R+, donc aussi1 de R. De plus, A =f−1(C). On en d´eduit que S⊂f−1(Bor(R)).
Finalement, ayant ´etabli l’inclusion dans les deux sens, on a bien S=f−1(Bor(R)).
2) D´eterminons les fonctions mesurables h:R→R, mesurables S - Bor(R)). Pour une telle fonction, on a ,A:=h−1(B)∈S, pour tout B ∈Bor(R). D’apr`es la d´efinition de S, pour tout x ∈ A, −x ∈ A. Donc si h(x) ∈ B, n´ecessairement h(−x) ∈ B. Ceci est vrai en particulier avec B ={y}, pour y ∈R quelconque. Dans ce cas, si h(x) =y, n´ecessairement h(−x) =y. On voit ainsi que la fonction h doit ˆetre paire. D’autre part commeS⊂Bor(R),h doit aussi ˆetre bor´elienne, i.e. mesurable Bor(R) - Bor(R).
R´eciproquement, soit h : R → R, bor´elienne et paire. Pour B ∈ Bor(R), soit A = h−1(B). Alors pour toutx∈A,h(x)∈B et par parit´e,h(−x) = h(x)∈B. Ceci montre que−x∈ A d’o`u x∈ −A. Comme x ´etait quelconque dans A, on vient de montrer que A⊂ −A. De mˆeme pour toutx∈ −A,−x∈A, donch(−x)∈B et par parit´eh(x)∈B, d’o`u x ∈ A, ce qui ´etablit l’inclusion inverse −A ⊂ A. Finalement A = −A. De plus
1. Les bor´eliens de R+ sont aussi des bor´eliens de R. En effet, tout ouvert de R+ s’´ecrit V ∩R+ pour V ouvert de R, donc Bor(R+) = σ({V ∩R+; V ouvert de R}), d’o`u Bor(R+) ⊂σ(F), o`u F :=
{B∩R+; B bor´elien deR}). OrFest une tribu (v´erifiez) doncσ(F) =Fet Bor(R+)⊂F. CommeR+ est un bor´elien deR, on aF⊂Bor(R), d’o`u Bor(R+)⊂Bor(R).
A ∈ Bor(R) parce que h est bor´elienne. On voit ainsi que A ∈ S. Comme B ´etait un bor´elien quelconque de R, la fonction h est mesurable S - Bor(R)).
En conclusion, les fonctions mesurables S - Bor(R)) sont les fonctions bor´eliennes paires.
Ex 2. Toute fonction monotone de Rdans R est bor´elienne.
Soit F : R → R croissante, montrons qu’elle est bor´elienne. Pour cela il suffit de prouver que F−1(C) est un bor´elien de Rpour tout C ∈C, o`uC d´esigne une famille de bor´eliens telle que σ(C) = Bor(R). Prenons C:={]− ∞, b]; b ∈R}. Nous allons v´erifier que pour toutb ∈R, B :=F−1(]− ∞, b]) est soit l’ensemble vide, soit un intervalle de R, donc toujours un bor´elien de R. En effet, si B n’est pas vide, posons
a:= supB = sup{t∈R; F(t)≤b}.
Si x < a, il existe2 t ∈ B (c’est-`a-dire v´erifiant F(t)≤ b) tel que x < t ≤ a. Or F est croissante, doncF(x)≤F(t)≤b, d’o`ux∈B. Ce raisonnement ´etant valable pour tout x < a, on en d´eduit que B contient l’intervalle ]− ∞, a[. Si a = +∞, n´ecessairement B = R. Si a < +∞, pour tout x > a = supB, x /∈ B. Par cons´equent B ne peut ˆetre alors que l’un des deux intervalles ]− ∞, a[ ou ]− ∞, a]. Ainsi dans tous les cas B est soit vide soit un intervalle deR.
Si F est d´ecroissante, −F est croissante, donc bor´elienne et F = −(−F) est donc aussi bor´elienne.
Ex 3. Soit (fn)n≥1 une suite de fonctions mesurables de (Ω,F) dans (R,Bor(R)).
Montrer que l’ensemble
C :={ω∈Ω; lim
n fn(ω) existe dans R} est mesurable (i.e. queC ∈ F).
Comme on ignore la limite defn, il est naturel d’utiliser le crit`ere de Cauchy. L’id´ee est de discr´etiser le ε dans l’´ecriture de ce crit`ere et de traduire les quantificateurs ∀ par des intersections et les∃ par des r´eunions. Rappelons que l’on peut munir R d’une distance d m´etrisant sa topologie naturelle (dont la trace sur R est la topologie usuelle sur R) et telle que (R, d) soitcomplet (voir par exemple le d´ebut du chapitre 2 du cours d’IFP 2003).
La convergence de (fn(ω))n≥1 dans R est donc ´equivalente `a
∀ε >0, ∃N =N(ω, ε)∈N, ∀j, k ≥N, d fj(ω), fk(ω)
< ε, (1) ou encore en discr´etisant ε par disons εi = 1/i,i≥1,
∀i∈N∗, ∃N =N(ω, i)∈N, ∀j, k ≥N, d fj(ω), fk(ω)
< 1
i. (2)
2. Rappelons que le sup de Best leplus petit des majorants de l’ensembleB. Donc six < a,xn’est pas un majorant deB et il existe au moins un ´el´ement de B strictement sup´erieur `a x
L’application d :R2 → R est continue donc bor´elienne (en fait on peut prendre d `a valeurs dans [0,2]) et compte tenu de la mesurabilit´eF- Bor(R) defj etfk, l’application
gj,k : Ω→R, ω 7−→d fj(ω), fk(ω)
(3) est mesurable F - Bor(R). En particulier on a
∀i∈N∗, gj,k−1([0,1/i[)∈F. (4) La caract´erisation (2) de la convergence dans R de (fn(ω))n≥1, nous permet d’´ecrire via la traduction automatique des quantificateurs :
C = ∩
i∈N∗ N∈∪N
j,k≥N∩ gj,k−1([0,1/i[). (5) L’appartenance de C `aF d´ecoule alors imm´ediatement de (4) et (5).
Ex 4. Soit f une fonction mesurable positive de (Ω,F) dans (R+,Bor(R+)). Pour tout n∈N∗, on pose
An,k := f−1 hk
n,k+ 1 n
h
, 0≤k≤n2−1, An,n2 := f−1([n,+∞]),
fn :=
n2
X
k=0
k n1An,k.
1) Chaque fn est mesurable comme combinaison lin´eaire d’indicatrices d’´el´ements de la tribu F, l’appartenance des An,k `a F d´ecoulant imm´ediatement de la mesurabilit´e def.
Pour ω ∈ Ω, distinguons les cas f(ω) = +∞ et f(ω) < +∞. Dans le premier cas, ω∈f−1([n,+∞]) = An,n2 pour tout n, d’o`ufn(ω) =n2/n=n et donc fn(ω)→+∞= f(ω). Dans le second cas,f(ω) est fini et il existe un entier n0 tel que f(ω)< n0. Alors pour tout n ≥ n0, il existe un unique k < n2 tel que k/n ≤ f(ω) < (k + 1)/n, d’o`u ω ∈ An,k et fn(ω) = k/n ≤ f(ω)< fn(ω) + 1/n. Donc 0 ≤f(ω)−fn(ω) < 1/n et par cons´equentfn(ω) tend vers f(ω) quandn tend vers +∞.
En conclusion, fn converge simplement vers f sur tout l’espace Ω.
2) La suite (fn)n≥1 n’est pas d´ecroissante. Pour vous en convaincre, prenez par exemplef(ω) = 1/2 et notez que
f1(ω) = 0, f2(ω) = 1
2, f3(ω) = 1
3, f4(ω) = 1
2, f5(ω) = 2 5, . . .
L’int´erˆet de cet exercice est de vous faire comprendre pourquoi dans le cours on construit une suite analogue `a fn, mais en prenant des approximations dyadiques (i.e. k2−n ≤ f(ω) < (k + 1)2−n de fa¸con `a obtenir une suite fn croissante vers f (cf. cours d’IFP 2003–2004, chap. 2, th. 2.23).
L’exercice suivant utilise la notion de fonction de r´epartition qui n’a pas encore ´et´e vue explicitement en cours. N´eanmoins la fonction de Stieltjes d’une mesure finie sur les intervalles a ´et´e introduite en cours et ressemble beaucoup `a la fonction de r´epartition.
Voici ce qu’il faut savoir sur les f.d.r.
D´efinition 1. Soitµune mesure finiesur(R,Bor(R)). Sa fonction de r´epartition (f.d.r.) est l’application
F :R→R+, x7→F(x) :=µ ]− ∞, x]
.
Th´eor`eme 2 (propri´et´es des f.d.r.). Soit F la fonction de r´epartition d’une mesure finie µ sur (R,Bor(R)).
i) F est croissante surR.
ii) F est continue `a droite et pourvue d’une limite `a gauche en tout point (fonction c`adl`ag). De plus
x→−∞lim F(x) = 0, lim
x→+∞F(x) =µ(R).
iii) Pour tout a ∈ R, F(a)− F(a−) = µ({a}) et il n’y a qu’un ensemble au plus d´enombrable de points a o`u F(a)−F(a−)>0.
iv) Si deux mesures finies µ et ν sur (R,Bor(R)) ont mˆeme f.d.r., elles sont ´egales.
D´efinition 3. La fonction de r´epartition F d’une variable al´eatoire X est la fonction de r´epartition de sa loi PX =P ◦X−1. On a donc
∀x∈R, F(x) = PX ]− ∞, x]
=P(X ≤x).
La f.d.r. de X caract´erise la loi de X : si les v.a. X et Y ont mˆeme f ;d.r., elles ont mˆeme loi.
Ex 5. On note [x] la partie enti`ere du r´eel x. Soit X une variable al´eatoire r´eelle ayant pour fonction de r´epartitionF :
F(x) =
0 six <0, ln(1 +x)
ln 2 si 0≤x≤1, 1 six >1.
1) Calculer :
P
k ≤ 1
X ≤k+t
k ∈N∗, t∈]0,1[.
La fonction x7→1/x´etant d´ecroissante sur ]0,+∞[, on a :
∀k ∈N∗, ∀t∈]0,1[, k≤ 1
X ≤k+t⇐⇒ 1
k+t ≤X ≤ 1 k
Ainsi les deux ´ev´enements d´efinis par les deux membres de cette ´equivalence sont confon- dus, d’o`u :
P
k ≤ 1
X ≤k+t
=P 1
k+t ≤X ≤ 1 k
=P
X ≤ 1 k
−P
X < 1 k+t
.
La f.d.r.F deX´etant continue, on a pour toutx∈R,P(X =x) = 0 d’o`uP(X < x) = P(X ≤x). En appliquant ceci `ax= 1/(k+t), on obtient :
P
X ≤ 1 k
−P
X < 1 k+t
= F
1 k
−F 1
k+t
= 1
ln 2
ln
k+ 1 k
−ln
k+ 1 +t k+t
Finalement, on a pour tout k∈N∗ et tout t∈]0,1[ : P
k≤ 1
X ≤k+t
= 1
ln 2 ln(k+ 1)−lnk+ ln(k+t)−ln(k+ 1 +t)
(6) 2) Soit Y = X1 −1
X
. Cherchons sa fonction de r´epartition G d´efinie par G(t) = P(Y ≤ t). D’abord, il est clair qu’avec probabilit´e 1 on a 0 ≤ Y ≤ 1. On a donc G(t) = 0 pour tout t <0 et G(t) = 1 pour tout t≥1. Ainsi F(t) =G(t) dans ces deux cas. Calculons G(t) pour 0< t <1. On a :
{Y ≤t} = 1
X − 1
X
≤t
= [
k∈N∗
1 X
=k
∩ 1
X −k ≤t
= [
k∈N∗
k ≤ 1
X < k+ 1
∩ 1
X ≤k+t
= [
k∈N∗
k ≤ 1
X ≤k+t
On a ainsi d´ecompos´e l’´ev´enement {Y ≤ t} en une r´eunion d´enombrable d’´ev´enements deux `a deux disjoints. Par cons´equent on a :
P(Y ≤t) =
+∞
X
k=1
P
k≤ 1
X ≤k+t
.
Pour calculer cette s´erie, on utilise (6) en revenant aux sommes partielles et en remar- quant que chaque terme se simplifie avec son successeur :
m
X
k=1
P
k ≤ 1
X ≤k+t
= 1
ln 2
m
X
k=1
ln(k+ 1)−lnk +
m
X
k=1
ln(k+t)−ln(k+ 1 +t)
!
= 1
ln 2 ln(m+ 1) + ln(1 +t)−ln(m+ 1 +t) Pour trouver la limite quand m tend vers +∞ de cette expression, on ´ecrit :
ln(m+ 1 +t) = ln(m+ 1) + ln
1 + t m+ 1
.
On en d´eduit :
m→+∞lim 1
ln 2 ln(m+ 1) + ln(1 +t)−ln(m+ 1 +t)
= ln(1 +t) ln 2 . Ainsi les fonctionsF etG sont ´egales et Y a mˆeme loi que X.