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Conductibilité, en courant continu, d’isolants liquides,
dans le cas d’électrodes recouvertes d’une faible couche
d’isolant solide. Comparaison avec la conductibilité
habituelle des isolants liquides et solides
R. Guizonnier
To cite this version:
121 A
CONDUCTIBILITÉ,
EN COURANTCONTINU,
D’ISOLANTSLIQUIDES,
DANS LE CAS
D’ÉLECTRODES
RECOUVERTES D’UNE FAIBLE COUCHE D’ISOLANT SOLIDE. COMPARAISON AVEC LACONDUCTIBILITÉ
HABITUELLE DES ISOLANTSLIQUIDES
ET SOLIDES.Par R. GUIZONNIER.
Faculté des sciences, Bordeaux.
Sommaire. 2014
Influence de la nature des électrodes et de celle du liquide isolant. Étude détaillée dans le cas du tétrachlorure de carbone et de l’huile pour transformateurs T. 40 : formation d’une différence de potentiel résiduelle comme dans le cas des isolants solides, étude de la charge et de la décharge des électrodes, influence de la différence de potentiel appliquée, de la température.
PHYSIQUE SUPPLÉMENT N° 11
PHYSIQUE APPLIQUÉE TOME 17, NOVEMBRE 1956, PAGE 121 A.
Objet
et [conditions de
cette étude. - Il est bienconnu que
lorsqu’on
soumet,
pendant
un certaintemps,
à une différence depotentiel
constante,
unisolant
solide,
onrecueille,
entre lesélectrodes,
après
passage ducourant,
une différence depoten-tiel résiduelle
[1].
Cette dernière estcapable
defournir,
si l’on met alors les électrodes encourt-circuit,
uncourant,
et l’onobtient,
à ladécharge,
une
quantité
d’électricitéégale
à cellequi
estpassée
durant la
charge,
cettequantité
étant debeaucoup
supérieure
à lacharge
du condensateur réalisé parles deux électrodes
plongeant
dans l’isolant. Dansle cas des
liquides,
avec électrodesordinaires,
onn’obtient pas, dans les mêmes
conditions,
dediffé-rence de
potentiel
résiduelle. Il nous a paru intéres-sant d’étudier le cas intermédiaire enlequel,
dansle cas d’un isolant
liquide,
les électrodes sontrecouvertes d’une mince couche d’isolant
solide.
LIQUIDES
UTILISÉS. -L’étude de la
répartition
des
charges
spatiales
dans lesliquides
isolants queproduit l’application
d’une différence depotentiel
constante,
nous adéjà
conduit[2] [3]
à classer cesliquides
en deuxcatégories :
ceux, enlesquels,
sousl’influence d’une différence de
potentiel
continue,
segroupent,
auprès
dechaque électrode,
descharges
designe
contraire à celui de l’électrode(liquides
àhétérocharges) ;
ceuxqui contiennent, uniquement,
des
charges
dusigne
de l’électrodequi
n’est pas ausol
(homocharges) (1).
L’expérience
montre que, dans le cas d’électrodesrecouvertes d’une mince couche d’isolant
solide,
après
application
de la différence depotentiel,
seulsles
liquides
àhétérocharges
fournissent une diffé-rence depotentiel
résiduelle et obéissent à des lois de conductibilité bien définies. Lesliquides
àhomo-charges (huile
deparaffine,
de vaselineblanche,
huile pour transformateurs Diala902)
avec detelles
électrodes,
donnent un courant très faiblequi
neparaît
pas, àpremière
vue, suivre des loisdéfinies et l’on n’obtient
jamais
de différence depotentiel
résiduelle. Nousn’indiquerons
donc ici que les résultats obtenus avec lesliquides
àhétéro-charges ;
nous avons surtout étudié letétra-chlorure de
carbone,
lebenzène,
l’huile «Trans-former 40 ».
(1) Ces termes sont empruntés à la technique des électrets.
NATURE DES ÉLECTRODES ET DE LA COUCHE
D’ISOLANT SOLIDE. - Les électrodes
métalliques
(cuivre, laiton, fer,
cuivrenickelé)
étaient desplaques
de dimensions 6 cm X 5 cm, distantes de0,5
cm ; des électrodes enplatine,
deplus
faiblesdimensions,
ontégalement
été mises enexpérience.
Il a été formé tout
d’abord,
sur lesélectrodes,
une couche deplexiglass
obtenue parévaporation
d’une solution de
plexiglass
dans lebenzène,
mais les courants obtenus étaient très faibles. Le vernisà la gomme
laque
a donné entière satisfaction et a été seul utilisé.Au début de l’étude il a semblé que la nature du
métal influait sur les résultats
obtenus,
mais celarésultait du fait que,
lorsque
la surface desélec-trodes est
polie,
le vernis n’adhèrepas
suffisamment et la résistance esttrop
grande.
Il convient dedépolir,
au moinslégèrement,
la surface desélec-trodes avec de.la toile
émeri,
alors l’adhérence estsatisfaisante : tous les métaux utilisés nous ont
donné,
toutes choses étantégales,
des résultatscomparables.
Le
benzène,
au bout d’assez peu detemps,
pénètre
sous la couche devernis,
la soulève cequi,
lorsque l’expérience
dépasse quelques
heures,
perturbe
lesphénomènes
étudiés. Les courbes quenous donnerons ne concernent que le tétrachlorure
° de carbone pur pour
analyses
et l’huile «Trans-former 40 » utilisée dans des conditions très
diffé-rentes de
champs
électriques,
ces derniers nedépassant
pascependant
2 kilovolts/cm
etd’épais-seurs de couches de vernis
diverses, quoique
toujours
trèsfaibles,
de l’ordre dequelques
dixièmesde millimètre.
1.
Évolution
de ladifférenee
depotentiel
résiduelleet des courants de
charge
et dedécharge,
en fonction du
temps
d’application
de la différence de
potentiel
utilisée.a ) Étude expérimentale
Différence
depotentiel | résiduelle.
--° COURBESOBTENUES. - La différence de
potentiel
utilisée V étantappliquée,
detemps
entemps,
on lasupprime,
pour mesurer à l’électromètre la différence de
potentiel
résiduelle v. On obtient des courbes des122 A
variations de v en fonction du
temps, analogues
àcelles de la
figure 1,
montrant que v, enchaque
cas,tend vers une valeur limite vm. Comme nous le
préciserons
par lasuite,
vm, toutes choses étantégales,
croît avec la différence depotentiel
V.L’influence de
l’épaisseur
de vernis n’a pusystéma-tiquement
êtreétudiée,
mais si la couche estd’épaisseur
trop
faible(solution
trop
étendue de gommelaque
dans l’alcoolabsolu)
la différence depotentiel
résiduelle v estégalement
faible. Il convient que la couche ait uneépaisseur
suffisante(solution
concentrée de gommelaque)
et l’utili-sation de 2 à 3 couchessuperposées,
chacune étantétendue
après séchage
de la coucheprécédente,
conduit à des valeurs limites vM,qui
tendent à serapprocher
de la valeur V utilisée.E’ QUATION
DES COURBES. - Les courbes de lafigure
1 ressemblent à des courbes de diffusionFIG. 1. -
Variations, en fonction du temps de la différence de
potentiel
résiduelle v, pendant la charge ; Tr : huile pour transformateur ; V = différence de potentielappliquée. Dans le cas de l’huile : épaisseurs diverses de
vernis ; dans le cas de CCl4 même couche.
concernant le cas où une couche 1 de hauteur
h,
desolution de concentration initiale ao; diffuse le corps
dissous dans une couche 2 de solvant pur, de
hauteur
H, qui
lui estsuperposée. L’équation
deFick fournit
l’expression
de laconcentration,
à l’instant t et à distance x du début de la couche deconcentration,
initiale ao : nous en avonsdéjà
déduit dans un
précédent
mémoire[4]
laquantité
de matière A
qui,
à l’instant 03C4, estpassée,
pardiffusion,
de la couche 1 dans la couche 2 et nous°
avons construit la courbe A =
/(03C4).
Onpeut
aussiutiliser les nombres fournis par les tables de
Kawalti,
complétées
parTubandt,
Reinhold etJost
[5].
Cette courbe A =f (T)
estreprésentée,
avec des échelles
convenables,
en traitspointillés
sur la
figure 1 ;
elles’apparente
bien à l’ensembledes courbes de cette
figure.
Mais il estremarquable
qu’en multipliant
les seules ordonnées dechaque
courbe de la
figure 1,
par un coefficient constantpour une même courbe nous
obtenions,
commel’indique
lafigure 2,
la coïncidence de chacune deces
courbes,
avec la courbe A =f (T) représentée
en traits
pointillés
sur cettefigure.
FIG. 2. -
Figure déduite de la figure 1 ; « a » indique
l’échelle choisie, en chaque cas, pour la dift’érence de potentiel résiduelle v.
V = différence de potentiel appliquée.
Courbe de diffusion en pointillés.
En ce
qui
concerne lessolides,
l’évolution de v enfonction du
temps
d’application
de la différence depotentiel
ne semble pas avoir étéétudiée ;
il estvrai que cette
évolution,
en ce cas, est trèsrapide,
cequi
rend les mesuresélectrostatiques
difficiles.Courant de
charge.
- ALLURE DES COURBES.-La différence de
potentiel
utilisée étantappliquée
de
temps
entemps,
le courant de l’ordre de 10-9 à10-10
ampère
était mesuré par la méthode dezéro,
que nous avons
déjà exposée,
ausujet
de l’étude de la conductibilité-des isolantsliquides
[6],
mettant àprofit
lagrande
sensibilité des courants deplaque
deslampes
thermoioniques,
à toutapport
decharge
même minime sur la
grille.
La
figure
3 montre les courbes obtenues endiverses conditions. Il a été vérifié par la
méthode
[7]
que nous avons utilisée dans l’étudedes isolants
liquides,
que ce sont deshyperboles.
Si
iF
est la valeur finale ducourant,
ro et K desconstantes pour
chaque
hyperbole :
’
Considérons successivement chacune des courbes obtenues. La valeur finale du courant étant
ip,
portons
en ordonnées les valeurs(i
-iF),
enabscisses le
temps,
nous obtenons alors un réseau de courbes nonfiguré
ici. Si nousmultiplions
lesordonnées de chacune de ces courbes par un
dA
(fig.
4)
avec la courbedA /d03C4=f(03C4)
marquée
enpoin-tillés sur cette
figure.
COMPARAISON AVEC LES SOLIDES ET LES LIQUIDES
ISOLANTS. -- Les
figures
3 et 4 contiennent desFIG. 3. -
Courant de charge.
, Tr : Huile pour transformateurs.
V : Différence de potentiel utilisé.
Cire de Carnauba 580 : échelles particulières à droite.
FIG. 4. En pointillés
dA
en fonction du temps.d-r
LF = valeur finale du courant de charge.
i = valeur du courant à l’instant « a » indique l’échelle choisie en chaque cas.
Huile pour transformateurs
courbes,
relatives à la cire deCarnauba,
à580,
dont les éléments ont été tirés d’un mémoire de Gross et Denard
[8], qui
sontanalogues
à cellesque nous avons obtenues. Divers
auteurs,
enparti-culier
Voglis [9],
ont montré que, dans le cas dessolides,
les courbes de variations du courant decharge,
en fonction dutemps,
sont deshyperboles,
mais le
courant iF
est nul : z== -20132013201320132013. 17 étude
(T+To)"
sur la conductibilité des isolants
liquides,
avec desélectrodes
métalliques ordinaires,
a conduitéga-lement à des
hyperboles
de formuleÉtude
de ladécharge.
- COURBESOBTENUES.
-La
ValeUr 1»
étantatteinte,
on relie entre elles lesélectrodes,
et l’onrecueille,
en sens inverse ducourant de
charge,
un courantqui
décroît lentementen fonction du
temps ;
§ onpeut
ainsi suivre ladécroissance de la différence de
potentiel
rési-duelle v en fonction du
temps,
mais c’est surtoutFIG. 5. - Courant de
décharge pour différentes épaisseurs de vernis et des différences de potentiels appliqués variées.
dA En pointillés
dA -
f(fl. , Huile pour CCl4 transformateurs ’ Fixe. 6. -QABCMA à la charge égale sensiblement QDOFNL
à la décharge. *
Huile T 40. V == 400 volts.
1 1 re charge et ’11’e décharge.
2 2e charge et 2e décharge consécutives aux précé-
’
124 A
aux
valeurs
du courant dedécharge
que nous nous sommes intéressés.Si l’on choisit
respectivement,
pour lescourbes,
des échelles telles que les ordonnées àl’origine
soient
égales
entreelles,
onobtient,
comme le montre lafigure
5,
la coïncidence de ces courbesentre
elles ;
la courbe moyenne se superpose assezbien avec la courbe
dA
= f(03C4)
marquée
enpoin-tillés.
Il a été
vérifié,
mais l’étude n’a été conduitequ’en quelques
casseulement,
que laquantité
d’électricité
Q’ = 1000
id-r libérée à ladécharge
esto
grossièrement égale
à laquantité
Q = 1,00
( 1 - iB)d«
M-1
9
que l’on
peut
déduire des courbes decharge
corres-pondantes.
C’est ce que l’onpeut vérifier,
parexemple
sur lafigure
6 : la courbe dedécharge
peut
être obtenue par translation de la courbe de
charge
d’où
Qcharge
=Q’décharge
·
.
COMPARAISON AVEC LES SOLIDES ET LIQUIDES
ISOLANTS. - L’étude des isolants solides conduit
à des courbes de
décharge
analogues
à celles quenous avons
obtenues ; mais,
àtempérature
ordi-naire,
la décroissance estbeaucoup
plus
rapide.
Nous avons pu tracer des courbes de
décroissance,
aussi
rapides
quecelles .qui
concernent lessolides,
en utilisant des électrodes recouvertes d’une dizaine de couches successives de vernis. Le mémoire de Gross et Denard fournit tout un réseau de courbes
de
décharge
concernant la cire deCarnauba,
àdiverses
températures, supérieures
à latempérature
ambiante,
bienqu’inférieures
à latempérature
defusion,
mais les valeurs initiales du courant ne sontpas
précisées.
Nous avons utilisé la courbe con-cernant des mesures faites à58°,
enessayant
d’extrapoler grossièrement
la courbejusqu’à
l’axedes ordonnées
et,
nous avonsretrouvé,
commel’indique
lafigure 5,
la concordance avec ladA
courbe
d7 - /(-r)
concernant lesphénomènes
de diffusion.Dans le cas de
liquides isolants,
avec électrodesmétalliques
ordinaires,
iln’y
a pas de courant dedécharge
appréciable ;
mais nous avonsmontré,
dans un mémoire
précédent
[10],
comment lescharges
spatiales,
quand
la différence depotentiel
Vest
supprimée,
serépartissent
très lentement dans leliquide
suivant la loi habituelle de la diffusion.D’ailleurs,
la valeurzF
étant atteinte et la différence depotentiel
Vsupprimée,
si, après
avoir relié les électrodes entre elles pourdécharger
lecondensateur
qu’elles forment,
on réunit l’une d’elles àl’aiguille
d’unélectromètre,
l’autre étant ausol,
on constate quel’électromètre
secharge
très lentement.
b ) Expériences précisant
la nature des
phénomènes ;
interprétation
des résultats obtenus. Différence depotentiel
résiduelle. - 1.Exis-TENCE DE CHARGES DANS LES COUCHES DE VERNIS.
-
Si,
dans le cas d’électrodesvernies,
la valeurfinale du courant, étant
atteinte,
onapproche
respectivement
chaque
électrode d’une lamemétallique isolée,
reliée àl’aiguille
d’unélectro-mètre,
on constate que la couche de vernis del’électrode
qui
était réunie aupôle
positif
dugéné-rateur est
chargée
négativement,
tandis que lacouche de vernis de l’autre électrode contient
des
charges
positives.
Onpeut
d’ailleurs détacherquelques
parcelles
de vernis desplaques
etcons-tater,
en les recueillant dans unpetit
cylindre
métallique
/relié
àl’électromètre,
qu’elles
sontfor-tement
chargées,
avec lessignes
respectifs
que nousvenons
d’indiquer.
2. PREUVE INDIRECTE DE L’EXISTENCE DES
CHARGES. -
Nous avions eu
déjà
une preuve indi-recte de l’existence decharges
dans la couche devernis,
en étudiant larépartition
despotentiels
entre deux électrodes recouvertes de vernis
plon-geant
dans unliquidé
isolant et soumises à unedifférence de
potentiel
continue. La chute accentuéede
potentiel,
suivant la faibleépaisseur
descouches,
montrait bien l’existence de
charges
dans la couchede vernis
[11].
3.
éPUISEMENT
DES CHARGES DANS LE LIQUIDEISOLANT. -
Puisque
les couches de verniscon-tiennent ainsi des
charges qui, vraisemblablement,
FIG. 7. -
Épuisement
des charges dans un liquide isolant.La courbe 1 étant obtenue, à l’aide d’électrodes vernies,
on remplace ces dernières par de nouvelles électrodes vernies
sèches, on obtient 2 ... ainsi jusqu’à 5.
existent dans le
liquide
isolant,
on doitpouvoir
progressivement
extraire de celiquide
lescharges
qui s’y
trouvent.En
effet,
réalisons iinepremière
fois pour unliquide
isolantdonné,
avec des électrodesvernies,
la valeur finale
iF
ducourant,
puis
retirons lesélectrodes du
liquide
etremplaçons-les
par denouvelles valeurs du
courant,
dans le passage ducourant initial au courant
final,
sontbeaucoup plus
faibles que
précédemment.
Si
nousremplaçons
ainsi, successivement,
3 à 4 fois lesélectrodes,
nousfinissons par obtenir des courants très faibles. La
figure
7indique
les courbes obtenues en cescondi-tions avec l’huile « Transformer 40 ».
4. INTERPRÉTATION. - On
peut ,penser
que lesparticules
électriques
contenues dans leliquide
isolantpénètrent,
sous l’influence duchamp
élec-trique,
dans les pores du vernis. Unepartie
de ces’ charges
restent dans lesolide,
sanspouvoir
sedécharger :
leurprésence
produit
la différence depotentiel
résiduelle v. Lapénétration
descharges,
sous l’effet du
champ électrique,
s’effectue defaçon
analogue
à lapénétration
sousl’effet
des forces dediffusion,
d’un corps dissous dans du solvant pur,quand
on met la solution en contact avec le solvant.Dans le cas des isolants
solides,
onpeut
attribuer ladifférence de
potentiel
résiduelle à desimpu-retés
[12] qui, chargées,
sedirigent
vers les élec-trodes auvoisinage desquelles
elles demeurent sanspouvoir
sedécharger.
Dans le cas des
liquides,
avec électrodesordi-naires,
onn’obtient
pas de différence depotentiel
résiduelle car les
particules,
nondéchargées qui,
dans le cas d’une couche
solide,
adhérant auxélec-trodes, pénétraient
dans lesolide,
demeurent dansle
liquide,
soumises àl’agitation thermique,
formant,
sans adhérer auxélectrodes,
d’épaisses
couches de
charges
spatiales dispersées.
Courant de
décharge
et courant decharge.
-1. LE COURANT DE DÉCHARGE NE SE PRODUIT QUE DANS UN MILIEU QUI CONTIENT DES PARTICULES
ÉLECTRISÉES. -
Quand
la valeur finaleiF
ducourant est
atteinte,
donc la différence depoten-tiel
VM
réalisée,
sortons les électrodes duliquide,
égouttons-les
et mettons-les dans une deuxièmehuile « Transformer 40 », nous
obtenons,
tout desuite,
comme si le secondliquide
avait contribué àcharger
lesélectrodes,
le courant dedécharge. Si,
au lieu de
plonger
les électrodes dans l’huile «Trans-former 40 », on les
plonge
dans l’huile deparaffine,
on n’obtient aucun courant de
décharge.
Nousavons
déjà
été conduits à penser[13]
que l’huile deparaffine
ne contenait pas decharges,
tandis quel’huile « Transformer 40 » avait des
particules
chargées
des deuxsignes.
D’où lanécessité,
pour obtenir le courant dedécharge,
d’avoir unliquide
àparticules
chargées.
2. DÉCHARGE DES ÉLECTRODES PAR DES IONS
GAZEUX ; ; NATURE ’
ÉLECTROSTATIQUE
DE LADÉCHARGE. - La différence de
potentiel
résiduelleatteinte,
sortons duliquide
isolant l’électrodequi
était,
parexemple,
réunie,
durant lacharge,
aupôle positif
dugénérateur,
fixons-la sur unsupport
isolant et relions-la à l’extrémité d’une résistance R
de
quelques
dizaines demégohms,
dont l’autre extrémité est au sol.Disposons alors,
face à l’élec-trode et dans sonvoisinage,
un émetteur de rayons a, defaçon
à ioniser l’airqui
entoure l’élec-trode. Nous constatons alorsqu’un
courant circuledans la résistance
R,
que nous pouvons évaluerpar la méthode de mesure des faibles courants
déjà
utilisée pour étudier les courants decharge
et dedécharge.
Apartir
de la courbe dedécharge
i =f( 03C4),
nouspouvons calculer la
quantité
d’élec-FIG. 8. -
QDOEND égale sensiblement la moitié de Q ABOMA.
1. Décharge normale.
2. Décharge d’une seule électrode par ions gazeux.
tricité
passée
ainsi durant ladécharge
d’une seule électrode et constater que cettequantité
est,
à peuprès,
la moitié de celle que nous aurions pu recueilliravec les deux électrodes
chargées
dans les mêmesconditions,
mais laissées dans leliquide
isolant(fig. 8).
,
3. APRÈS LA DÉCHARGE
:LES
PARTICULES,QUI
ÉTAIENTBLOQUÉES
DANS LES COUCHES DE VERNIS, SE RETROUVENT DANS LE LIQUIDE ISOLANT.-Quand
ladécharge
estachevée,
on mesure denouveau, dans le cas de la même différence
de
potentiel
V utilisée pour unepremière charge,
le
courant initial et l’on constate
qu’il
a, à peuprès,
la valeur
qu’il
atteignait
au début d’unepremière
charge.
Sur lafigure
6 lespoints
concernant unepremière
charge
suivie de ladécharge,
sontrepré-sentés par de
petites
croix ;
ceuxqui
concernent une deuxièmecharge
consécutive à lapremière,
suivie de la
décharge,
sontmarqués
par depetits
cercles.4. INTERPRÉTATION.
-Décharge. -
L’ensemblede nos
expériences
nous conduit à concevoir lemécanisme suivant : au moment de la
décharge,
des
particules
électrisées venant dumilieu,
enlequel
se trouvent lesélectrodes,
neutralisent lescharges
bloquées
dans les couches devernis ;
cesdernières, neutralisées,
libèrent lescharges
designe
contraire au
leur, qu’elles retenaient,
par influenceélectrostatique,
sur lesélectrodes ;
cescharges,
libérées,
constituent le courant dedécharge ;
les126 A
isolant,
la cause encore inconnuequi
les avaitchargées
unepremière fois, les charge
de nouveau, elles sont ainsiprêtes
à contribuer à la formation d’un nouveau courant initial.Le
charge dq,
libéréependant d«,
donne un courantdq/d03C4;
il est aisé de penser que ce courantd03C4 p q
puisse
avoir une allure devariation,
en fonctiondu
temps, analogue
à celle du taux de matière enfonction du
temps, dA
p ’ suivantlequel
un corpsd03C4 q p
dissous diffuse dans du solvant pur.
Charge.
- Dans lecas d’un isolant à l’état
solide,
où les valeurs finales du courant sont nulles et où
l’on retrouve à la
décharge,
unequantité
d’élec-tricité
égale
à celle que ladécharge
afournie,
l’explication
semble aisée. Lesparticules
d’un certainsigne, qui
sedirigent
vers l’électrode designe opposé
auleur,
à travers les interstices dusolide
isolant,
nepeuvent arriver
à sedécharger
etdemeurent au
voisinage
immédiat de l’électrode.Auprès
de l’électrodenégative
parexemple,
quand
une
charge
+ q
est ainsibloquée,
par influence elle forme - q surl’électrode,
tandis que, selon lestermes de la
physique classique,
lacharge + q
correspondante
estrenvoyée
dans le circuit où ellecontribue à former le courant de
décharge.
Cescharges
tellesque +
q, ainsibloquées qui,
autotal,
quand
iF
estatteint,
ont une valeur(+
Q)
ontfourni,
à lacharge
dans le circuit+ Q
= 100
i dT.0
Quand
elles seront neutralisées durant ladécharge
ellesdonneront,
selon le mécanisme que nous avonsindiqué
plus haut,
unecharge
(-
Q)
d’où,
commel’indique
l’expérience,
un courant dedécharge
ensens inverse du courant de
charge
et le fait que l’onretrouve,
durant ladécharge,
unequantité
d’électricité
égale
à cellequi
a été mise en oeuvredurant la
charge.
Dans le cas d’un
liquide
isolant,
avec électrodesrecouvertes de
vernis,
lesphénomènes
sepassent
defaçon analogue,
maisiF
n’est pas nul. Cela sembledépendre
du fait quel’épaisseur
de vernis estfaible ; ainsi, quelques
particules
chargées,
à traversla couche de
vernis,
peuvent
atteindrel’électrode,
constituant le courant
iF.
Si,
eneffet,
on utilise desépaisseurs
de vernis deplus
enplus fortes,
on constate que lavaleur iF
tend alors vers zéro.Il
estaisé de
comprendre
que laquantité
d’électricitémesurée à la
décharge égale la
quantité 100
(i - iF) d03C4
0
que l’on calcule à
partir
de la courbe decharge,
lesparticules
qui
constituentiF
n’ayant
pas étébloquées
dans la couche de vernis.Dans le cas d’un
liquide
isolant avec électrodesordinaires les
charges groupées près
desélectrodes,
soumises àl’agitation
thermique
duliquide,
sontdispersées
etainsi,
relativement distantes les unesdes
autres,
ce n’est, qllelentement,
au bout dequelques jours,
comme nous l’avons montré[14],
qu’elles
serépartissent
uniformément dans leliquide.
En cesconditions,
lescharges
libérées auxélectrodes,
parseconde,
ne sont pas suffisantes pourconstituer un courant mesurable.
2. Influence de la différence de
potentiel
appliquée v,
sur la différence de
potentiel
résiduellelimite v,
et sur le courant final iF,
Étude
expérimentale.
- 1. Les courbes 9
con-cernent les variations de v en fonction de V. Si l’on
FIG. 9. -
Variations de la différence du
potentiel
rési-duelle v en fonction de la différence de potentiel appliquée V.Fie. 10. - Vérification
de v
= a + bV.12
v
fait le
quotient !::::,
q on obtient des droites(fig. 10).
v F
(
g
)
On
peut
donc écrire v=V/a+bV.
Sur les mêmesgraphiques
sontrespectivement
tracées les courbeset les droites
correspondantes
relatives à un solideisolant,
l’azotate de sodium parexemple [15].
La concordance entre les lois devariation,
dans le casdes
liquides
et dans le cas dessolides,
n’oblige
pas àpenser
qu’il
y a, dans les deux cas, une similitudedans la nature et le mode de formation des
parti-cules électrisées.
2. Les courbes 11 montrent les
variations,
enfonction de
V,
du courant finaliF
et de( V -
v),
rapportant
à
(V - v)
est tirée de la courbe 1 dugraphique
9.En ce
qui
concerne lessolides,
certainsauteurs,
en
particulier Poole,
ont étudié l’influence de laFIG. 11. - Variations de la valeur finale du courant en
fonction de la différence de potentiel appliquée. Similitude
avec ( V - v) = f V) tirée de la courbe 1 de la
figure 9.
différence de
potentiel
appliquée
V suriF,
maisavec des
champs
moyensbeaucoup
plus
intensesque ceux que nous avons utilisés. Poole
[16]
a trouvé que si V n’est pastrop
faible,
onpouvait
vérifier la relation
log iF
= A +BV,
A et B étantdes constantes pour un même
échantillon,
mais il n’a pasinterprété
les résultats obtenus. Lescourbes de la
figure 11,
pour V > 200volts,
conduisent
également
à une relation de cette forme.Interprétation.
2013 1. Onpeut
poursuivre
lacom-paraison
avec lesphénomènes
de diffusion. Dans le cas d’un gaz diffusant dans un solide poreux[17]
laquantité
de matièrequi
diffuse
dans lesolide,
pendant
untemps
donné,
est reliée à lapression
du gaz par la formuleIl n’est pas déraisonnable de penser à une
analogie
entre lechamp
électrique qui,
auvoisinage
desélectrodes,
faitpénétrer
lesparticules
dans le solideet la
pression qui
contraint les molécules àpénétrer
dans le solide. 1
2. La ressemblance des courbes de variation de
(V -
v)
et deiF,
en fonction deV,
montre quelorsque
iF
estatteint,
la loi d’Ohm estapplicable :
( V -
v)
=RiF
et que,par
suite, malgré
la for-mation descharges spatiales,
la résistance duliquide
isolant estpratiquement
constante. En unseul cas concernant le tétrachlorure de
carbone,
il a été étudié
simultanément iF
et v, en fonctionde
V ;
enappliquant
la loi d’Ohm ci-dessus on constate bien que R est une constante.’ Ainsis’explique
aisément le lien entreiF
etV,
sansrecourir à une relation
analogue
à celle de Poole.3. Influence de la
température
sur les valeursdu courant initial et du courant final. Loi
exponentielle.
-Dans le cas d’isolants à
l’état
liquide
(liquides
àhétérocharges),
avecélec-trodes
métalliques ordinaires,
nous avonsdéjà
trouvé
[18]
àpartir
de nombreusessubstances,
unlien entre le courant
initial io
et latempérature
absolue T :
FIG. 12. -
Vérification de la relation io =
Ae- "0/kt.
La droite AB résulte de deux séries consécutives d’expé-riences dans les mêmes conditions. 1 re série : petits cercles ;
2e série : petits cercles barrés.
W0 FIG. 13. -
Vérification de la relation iF =
Ae- W0/kT.
Droite AB : même remarque que figure 12 et échelle à
droite du graphique ; sauf en ce qui concerne AB, les données iF ne résultent pas des expériences qui ont fourni les valeurs de io.
Wo
Nous en avons déduit la formule :
io
= Ae_ kT avec, en moyenne,Wo
=0,41
électronvolt. Une128 A
finales
iF
du courant et latempérature absolue,
également,
lan lien de la forme(1)
avecWo
=0,45
électronvolt.
Ce
lien,
commel’indiquent
lesfigures
12 et13,
se conserve dans le cas d’électrodesvernies,
aussi bien pour les valeurs finales que pour les valeurs initiales ducourant ;
en moyenne ces courbesconduisent à
Wo
=0,45
électronvolt.L’influence de la
température
sur laconduc-tibilité des isolants solides a fait
l’objet
de nombreuxmémoires,
mais dans des intervalles detempé-rature
beaucoup
plus
grands
que ceux que nousavons considérés. Le
plus
souvent le lien entre lecourant et la
température
absolue est la somme dedeux
exponentielles,
Wo
esttoujours
de l’ordre del’électronvolt pour
chaque exponentielle.
Interprétation.
- Dans lecas d’électrodes,
vernies,
comme dans le cas d’électrodesordinaires,
les
particules
qui
contribuent à former le courantinitial,
ou le courantfinal,
sont cellesqui reçoivent
une’énergie qui
leurpermet
de franchir une barrièrede
potentiel
voisine de0,45
électronvolt. 4. Conclusionsgénérales.
1. Dans le cas d’électrodes
vernies,
seuls les isolantsliquides
enlesquels
seforment,
parappli-cation d’une différence de
potentiel continue,
auprès
dechaque
électrode,
descharges
designe
contraire à celui de cette électrode(liquides
àhété-rocharges)
conduisent à des lois bien définies. Ces lois ont été mises en évidence àpartir
dutétra-chlorure de carbone pur pour
analyses
et de l’huile pourtransformateurs
(T. 40).
2. Toutes les lois obtenues sont
analogues
à cellesqui,
respectivement,
concernent les isolants solides.L’application
d’une différence depotentiel
Vforme,
entre les
électrodes,
une différence depotentiel
résiduelle v. Les courbes de variations de v, en
fonction du
temps
d’application
deV, peuvent
coïncider,
avec un choix convenable deséchelles,
avec la courbe de
variation,
en fonction dutemps
r,de la
quantité
de matière Aqui
diffuse d’unesolution,
dans une couche de solvant pur,qui
luiest
superposée.
Les variations ducourant,
durant la formation de v et durant ladécharge,
obtenue enutilisant la cuve à électrodes
polarisées
comme ungénérateur,
sontreprésentées
par des courbesd’allure
hyperbolique, comparables
à la courbedA
dA =
f( 03C4).
L’étude de l’influence de V sur v montredr
f(03C4 )
Vque 2013
est fonction linéaire de V etpeut
êtreq v
rapprochée
de l’étude de l’influence de lapression
sur la
quantité
de gaz diffusée dans un solideporeux.
3. Les lois concernant la formation de la dif-férence de
potentiel
résiduelles’expliquent
parl’accumulation,
dans la couche de vernisqui
recouvre
chaque électrode,
decharges
designe
contraire à celui de cette électrode. Le courant de
décharge
est dû à la neutralisation de cescharges
par des
particules
contenues dans leliquide
isolant. 4. Dans le cas d’électrodesvernies,
comme danscelui d’électrodes
ordinaires,
les valeurs du courantinitial et celles du courant final
sont,
respec-tivement,
reliées à latempérature
absolue par des loisexponentielles
de mêmeforme,
avec mêmevaleur
numérique d’exposant.
On en déduit que,dans les deux cas, les
particules qui
contribuent àla formation du courant initial et à celle du courant
final,
sont cellesqui
reçoivent
uneénergie qui
leurpermet
de franchir une barrière depotentiel
voisine de0,45
électronvolt.Manuscrit reçu ,le 21 mai 1956.
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[19] Étude faite en collaboration avec M. MONSONEGO