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Absorption et diffusion des ultrasons et structure des
liquides
René Lucas
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
LE RADI(1~1
ABSORPTION ET DIFFUSION DES ULTRASONS ET STRUCTURE DES
LIQUIDES
Par M. RENÉ LUCAS. Ecole de
Physique
et Chimie de Paris.Sommaire. 2014 L’étude expérimentale de l’absorption des ondes élastiques ultra sonores se propageant
dans les liquides a permis à divers chercheurs de montrer que l’absorption est notablement plus grande
que celle prévue par les théorie de Stokes et Kirchhoff, le terme d’absorption par viscosité (Stokes)
étant le terme le plus important dans le cas des liquides.
La théorie de Stokes a été établie dans l’hypothèse d’une structure parfaitement homogène du liquide;
mais une expérience simple permet de montrer que l’hétérogénéité élastique du milieu joue un rôle
impor-tant dans la grandeur de l’absorption et ceci indépendamment de la viscosité.
L’expérience montre d’autre part que les liquides, ainsi que l’a suggéré l’auteur, sont des milieux
élasti-quement troubles, et sont capables de diffuser de manière appréciable les ondes élastiques.
L’auteur donne une évaluation de l’absorption des ondes par viscosité en tenant compte des fluctuations de densité dues à l’agitation thermique. La théorie de la diffusion des ondes élastiques est développée dans le cas des milieux fluides.
Pour les deux phénomènes les évaluations théoriques conduisent à des ordres de grandeurs très inférieurs
aux valeurs observées. On en conclut que l’hétérogénéité élastique des liquides est très supérieure à celle
due à l’agitation thermique dans les conceptions anciennes de l’état liquide.
La conception d’un état liquide avec une organisation moléculaire subcristalline semble correspondre
davantage à l’explication de la grandeur de l’absorption et de la diffusion des ondes élastiques.
SÉRIE V1T. ToME
l’III
Na 2.FÉVRIER
1937.1.
Absorption
des ondesélastiques
dans lesliquides.
- Soit un faisceau d’ondesélastiques planes
harmoniques
sepropageant
dans un fluide. SoitA o
sonamplitude
àl’origine
descoordonnées,
w sapulsation
et hla vitesse du son.
Tout mécanisme
d’absorption
parlequel
l’énergie
absorbée estproportionnelle
àl’énergie acoustique
pré-sente se traduira par une diminution de
1 amplitude
Alors de la
propagation
suivant la relation.Stokes
(1)
et Kirchhoff(2)
ont évalué ce coefficient’Ya
d’absorption
dans le cas de l’affaiblissement par action de viscosité et dans le cas deséchanges
thermi-ques par conductibilitécalorifique (cas
desgaz).
P.Lan-qgevin
(3)
a étendu les résultats de Kirchhoff au casdes
liquides.
La valeur du coefficient aa est alors :
Le
premier
termecorrespond
àl’absorption
due à la viscosité et le second àl’absorption
par conductibilitécalorifique.
Lessymboles
ont lasignification
suivante : -.Yj, coefficient de
viscosité;
p, densité dumilieu;
1L,
conductibilitécalorifique;
7’, température absolue;
x,coefficient de dilatation à
pression
constante ; C,
cha-leurspécifique;
J,
équivalent
mécanique
de la calorie. Dans le cas desliquides
le terme de Kirchhoff est de l’ordre dequelques
unités pour 100 du terme de Stokeset
peut
être considéré commenégligeable
enpremière
approximation.
L’étude
expérimentale
del’absorption
est assezrécente,
lespremières
mesures ont faitl’objet
d’un ’travailsoigné
de P.Biquard
(1)
etdepuis
sesdéter-minations,
d’autres auteurs J.Clayes,
J. Errera etH. Sack
(J)
d’unepart,
C. Sôrensen(6)
d’autrepart
ontétendu le
champ
des mesures à d’autresliquides
ou à d’autresfréquences.
Le caractèreexponentiel
del’ab-sorption
en fonction de la distance a été bien vérifié mais les coefficientsd’absorption
mesurés s’écartentgénéralement
beaucoup
desprévisions théoriques
dans le sens des valeursplus grandes,
titre d’indicationje
rapporte
ci-dessusquelques
coefficients mesurés et42
calculés.
N,
désigne
lafréquence
des ondes élasti-ques.D’après
la théorierappelée précédemment
lequotient
a 2
ne devrait pasdépendre
de lafréquence.
,V2
Le désaccord entre la théorie et
l’expérience
est par-ticulièrementimportant
dans le cas du sulfure decar-bone. Pour tous les
liquides
examinésjusqu’ici (environ
une
douzaine)
l’écart est dans le même sens,l’absorp-tion observée étant
plus grande
quel’absorption
calculéed’après
Stokes et Kirchhoff. On remarquera ladispersion particulièrement
marquée
del’absorption
pour l’acétate deméthyle.
Il ne semble pas que le modede mesure utilisé soit à incriminer. Les deux
premières
séries(N =
©, 8’~
.1U~cycles par
sec)
et IV ==~, 03 .10~
sont dues à
Clayes,
Errera etSack, qui
ont utilisé lapression
de radiation des ultra sons, les trois autressont dues à P.
Biquard qui
a utilisé une méthodeopti-que. Il semble que les erreurs relatives ne doivent pas
dépasser
quelques
unités pour 100 dans cesdétermi-nations.
2.
Absorption
des ondesélastiques
ethétéro-généité élastique
desliquides.
- Onpeut
montrerde manière
expérimentale que dans le mécanisme de
l’absorption
des ultra sons intervient de manièreimportante
un autre élémentphysique
que la viscosité et enparticulier
le caractèred’hétérogénéité élastique
plus
ou moinsgrand
du milieuliquide.
Si l’on constitue un
mélange
àpoids égaux
de nitro-benzène et d’hexane on obtient une solutionunique
pour les
températures supérieures
à19°C,
la solutionse scinde en deux couches aux
températures
inférieures à 19°C. Auxtempératures supérieures
à latempéra-ture
critique
lemélange
diffuse la lumière de moins enmoins à mesure que la
température s’élève. J’ai pu
constater(ï)
que cemélange
nitrobenzène-hexanepris
à 2J’°C était
beaucoup plus
absorbant pour les ultrasons que l’un ou l’autre des constituants du
mélange.
Fig. 1..
S, source de lumière; C, lunette collimatrice; Q, quartz émetteur
d’ultrasons; B, ballon à quatre fenêtres planes (voir fig. 2)
R, réservoir en verre garni de toluène; L, lunette d’obser-vation.
L’observation
peut
se fairequalitativement
de la manière suivante. Dans une cuve en verre à facesplanes
et
parallèles
remplie
de toluène ondispose
unquartz
générateur
d’ultra sons. A l’aide d’une source delumière,
d’une lunette collimatrice et d’une lunette d’observationréglée
sur l’infini on observe lesfranges
de diffractionde la lumière par les ultra sons. On
peut
interposer
sur letrajet
du faisceau ultra sonore un ballon muni dequatre
fenêtresplanes parallèles
très minces de mica ou de verre laissant passer la lumière ou les ultra sons à travers leliquide
mis à l’intérieur du ballon.Fig. 2. - Ballon B renfermant le mélange étudié.
Dans ces conditions on observe très facilement les
franges
de diffractionprovoquées
par le passage des ultra sons dans le toluènelorsque
les ultra sons ont traversé la cuvegarnie
de nitrobenzène oud’hexane,
on n’observeplus
lesfranges
si le ballon estgarni
avecle
mélange
dont il estquestion plus
haut. Si l’on dis-pose le ballon à la fois sur letrajet
des ultra sons etsur celui des rayons lumineux on
distingue
de nouveaudes
franges,
moins nombreuses et moinsintenses,
pré-sentent un
aspect
d’agitation
caractéristique
d’uneforte
absorption
des ultra sons.Il n’est pas
possible
d’évaluernumériquement, par
cette seuleobservation,
l’accroissement relatif du coef-ficientd’absorption
dumélange
vis-à-vis des coeffi-cients du nitroben~ène ou del’hexane;
mais de toute manière cet accroissement estconsidérable,
le coeffi-cient relatif aumélange
estpeut-être
dix foisplus
grand
que celui de l’un ou l’autre des constituants.Or il résulte d’une étude de
Drapier
(8)
que les vis-cosités desmélanges
nitrobenzène hexane sont inter-médiaires entre celles relatives à chacune des corps. L’évaluation de Stokes est par suiteincapable
d’ex-pliquer l’absorption
anormalementgrande
des ondesélastiques,
car la vitesse du son dans lemélange
est de l’ordre degrandeur
de celle relative à l’un ou l’autre des constituants comme le montre l’écartement desfranges.
Nous verrons d’autrepart que l’ordre de
gran-deur de la diffusion des ondesélastiques
par lesliquides
est d’un ordre degrandeur
telqu’il
fautenvisager
une fortehétérogénéité élastique
de ceux ci. Si l’onrapproche
ces deux constatations on estcon-duit à attribuer à
l’hétérogénéité élastique
dumélange
nitrobenzène-hexanel’origine
del’absorption
anorma-lement
grande
des ultra sons. A unetempérature
peuéloignée
de latempérature critique il y
a desgroupe-ments moléculaires
qui
donnent aumélange
uneopa-lescence
caractéristique.
D’autre
part,
la théorie de Stokes est valable pour unmilieu
idéal,
parfaitement homogène,
il y a intérêt à l’étendre aux milieux réelsqui, par suite de
l’agitation
thermique, présentent
des fluctuations de densité afin de voir si l’écart entre la théorie etl’expérience
estexplicable
de ce chef.A cette
hypothèse
de l’intervention del’hétérogé-néité
élastique
desliquides
pourl’explicati-o-n
desphé-nomènes
d’absorption,
onpeut
être tenté d’en opposer une autre ainsi que l’ont fait J.Clayes,
Errera et Sack. Ces auteurs ontproposé
dereprendre
pour le cas desliquides
letype
d’explication
développé
avec succès pourl’absorption
anormale des ultra sons dans les gaz.Dans le cas des gaz, en
effet,
on observe une forteabsorption
des ultra sons avec unedispersion
trèsappréciable
de la vitesse.Ce
phénoinène,
étudiépar Iineser (9),
Grossmann(1°)
et autres a reçu uneexplication
satisfaisanted’après
les idées suivantes. Pour un gazpolyatomique
dont les moléculespossèdent
del’énergie
detranslation,
de rotation et devibration, il y
a, àchaque température,
un
équilibre
entre ces diverses formesd’énergie.
Lors du passage d’une onde sonore il y achange-ment de
température
et par suite modification dans lesvaleurs relatives des
énergies
de ces diversdegrés
de liberté Si lapériode
de l’ondeélastique
est courte vis-à-vis dutemps
nécessaire à l’établissement del’équi-libre pour un des
degrés
deliberté,
la contribution à la chaleurspécifique qui
luicorrespond
sera diminuée. Il y aura donctendance,
pour ce gaz, àprésenter
unevaleur de
rapport
de chaleurspécifique c plus
voisinec
de la valeur des gaz
monoatomique
d’où résulte uneaugmentation
de la valeur de la vitesse du son,con-formément à
l’expérience.
D’autrepart,
ledéphasage
qui
s’établit entre lapression
des molécules(mouve-ments de
translation)
et leschangements
de densitéest
l’équivalent
d’une véritablehystérésis
élastique
entraînant une transformation en chaleur del’énergie
acoustique.
Il est certain que les chocs moléculairesjouent
un rôleimportant
dans la mise enéquilibre
desénergies
intéressant les diversdegrés
de liberté des molécules. Letemps
nécessaire à cette mise enéqui-libre sera donc
beaucoup plus
court pour lesliquides
que pour les gaz et
peut-être
d’un ordre degrandeur
petit
vis-à-vis despériodes
des ultra sons utilisés pourles mesures de coefficients
d’absorption. L’absorption
anormale du son dans les gaz, solidaire d’unedisper-sion de la vitesse du son se
distingue
donc de l’absor-tiôn du son dans lesliquides
où aucunedispersion
n’a été mise en évidence
jusqu’ici.
Récemment. S.
Parthasarathy (i~)
n’a trouvé aucunedispersion
de vitesse du son pour desfréquences
allant due 7.106 à 20.106périodes
par seconde et pour unequinzaine
decomposés
organiques
liquides
de familles différentes,Il faut remarquer néanmoins
qu’un
petit
effet dedispersion
dans la valeur de la vitesse du sonpeut
théoriquement
seprésenter
sous l’action desphéno-mènes de viscosité par
exemple,
ceteffet,
d’un ordre degrandeur
trèspetit, procède
d’une tout autre causeque celle
analysée
plus
haut ausujet
de larépartition
del’énergie
des molécules entre lesdegrés
de liberté. En effet lapropagation
d’ondeslongitudinales
dansun fluide de
densité p,
decompressibilité adiabatique
xet dont les coefficients de viscosité de Stokes sont )t
et y)
est
régie
parl’équation
suivante(ondes planes
d’ampli-tude
t)
d’où l’on déduit une valeur de vitesse
V, Vo
désignant
la vitesse aux basses
fréquences
w étant la
pulsation
de l’onde sinusoïdale. Pour lesliquides
il faudrait atteindre despulsations
w de l’ordre_
Vo
,
de 10 pour entraîner une variation
Vo
de l’ordre0
1
de
10UOU’
Enfin la théorie
rappelée précédemment
pourexpli-quer
l’absorption
anormalementgrande
du son dans les gaz ne se raccorde pas de manière directe avecrai-44
sons il semble nécessaire de trouveur une
explication
liée directement à la structure
particulière
desliquides.
L’étude laplus générale
consisterait à tenircompte
simultanément des fluctuations en densité et des fluc-tuations enanisotropie élastique
des éléments due volume desliquides,
comme on le fait dans la théorie de la diffusion de la lumière par lesliquides.
Ce pro-blème est extrêmementcomplexe, je
n’en aborderai iciqu’une
partie
(’)
limitée à l’étude del’absorption
duson dans les
liquides
présentant
des fluctuations dedensité,
sansanisotropie
élastique
des éléments de volume.3.
Absorption
du son par viscosité dans unliquide
présentant
des fluctuations de densité(sans
faire intervenir ladiffusion).
- Soitun
faisceau d’ondes
élastiques planes
sepropageant
suirvant or, et soit
l’amplitude
dans un milieuliquide homogène,
l’ampli-. tude
A 0
variant lentement avec la coordonnée xpar suite de
l’absorption.
Si dans certainesrégions
la den-sité locale p diffère de la denden-sité moyenne Po l’ampli-tude a de l’ondeélastique
va différer de ao. Enexpri-mant
qu’il
y a localement conservation de lapuissance
sonore, a sera relié à ?o par la relation a =mao avec
ni
=
et
en admettant que la vitesse du son resteP
constante.
Pour
simplifier
encore leproblème
onpeut
admettre que les fluctuations de deiisité nedépendent
pas dutemps,
lerapport
rrz nedépendant
que des coordonnéesd’espace. D’après
celà les vitesses des diversesparties
dufluide, lors du passage de
l’onde,
auront une seulecomposante
suivant ox.Pour étudier l’amortissement de
l’amplitude
dû auxforces
visqueuses
il est comnode d’utiliserl’expression
de lapuis·ance
perdue par
unité de volume par suite du travail des forces de viscosité.D’après
Stokes etRayleigh (2)
cettepuissance
117 a pour valeuruvw
désignent
lescomposantes
des vitesses des diversesparties
du fluiùe suivant r y=i,
et 11
sont les deux coefficients de viscosité de Stokes(.q
est le coefficient de viscositéhabituel).
Ici nousavons v = 0,
~=0,
u / 0 et
par suite
Si l’on admet le caractère
d’isotropie
de ni pour tes diverses directionsDans un volume élémentaire ch = dx
dy
dz,
lapuis-sance
perdue
seraitet par unité de volume
La
quantité
peut
se relier à la condensationlocale du fluide définie par
En se limitant au second ordre et en
remarquant
quePar
commodité,
onpeut considérer que les
fluctua-tions de densité sont les mêmes que celles créées par
un
système
d’ondeslongitudinales
(Debye)
et relier laquantité -
y
s2 d à la densitéd’énergie
des ondesT o
élastiques
duliquide,
équivalenle
àl’énergie
d’agita-tionthermique.
Si E est la densité
d’énergie
de cesondes,
si p
est le coefficient cle
compressibilité
on aura larela-tion
car E renferme à
égalité
del’énergie
cinétique
et devl
désigne
Îafréquence
limite des ondeslongitudinales,
les
paramètres
ont lasignification
habituelle des constantes des théories durayonnemen t,
Vdésigne
la vitesse depropagation
des ondes.On obtiendra le coefficient d’amortissement a,,, de
l’amplitude
des ondesélastiques
del’expression
en
exprimant
que l’intensité sonore a pour valeurau lieu du terme « _
1, + 2 .ç w2
2 de la théoriede
Stokes. x ==2013-2013
20132013
de la théorie de Stokes. a 2po
° °°On
peut
relier A et r, par la relationproposée
par Stokes.+ 2 ’(1 ~ 0,
exprimant qu’une compression
oudilatation
isotrope
du fluiden’exige
aucun travail. Lepremier
terme correctifdevient
illfiui
ccuvoiàinage
duJ)oint critique
enadop-tant pour
v. la
valeurproposée
parDebye
s1 nombre
d’Avogadro
M masse moléculaire.Dans les conditions habituelles
d’observation,
1,
4-1" restant
petit
OC’L
constante desgaz).
Ce terme correctif ne serait que de l’ordre de 0,1 à
0,2,
c’est-à-dire assez faible vis-à-vis de l’unité.Le second terme de
l’expression
de asest difficile à évaluer
numériquement.
Si on le considèrecomme un terme de structure le coefficient
d’absorp-tion a~ serait de la forme
aa -
-~-. B
~t et B
désignant
deux constantes et N lafréquence.
Lea.
quotient
N2
diminuerait donc auxfréquences
élevées. C’est bien dans ce sens que varie lequotient
a 2
pourles corps tels que le
benzène,
l’eau,
l’acétate deméthyle,
mais lapetitesse
du coefficient correctif auprincipal
terme de Stokes nepermet
pasd’espérer
unajustement
satisfaisant de la théorieprécédente
et del’expérience.
4. Diffusion des ondes
élastiques
dans lesliquides.
--- Lors des diverses études faites sur l’étatliquide
à l’aide desphénomènes
de diffraction de rayons X.plus
récemment encore de l’effet Raman[Magat
(11)]
et des chaleursspécifiques (L.
Bril-louin)
(1’)
l’hypothèse
suivantlaquelle
lesliquides
étaient constitués par des groupes moléculaires quasi cristallins a étéproposée.
Cetteconception
de l’étatliquide
sert actuellement d’idée directrice pour beau-coup de recherches. J’aipensé
(’J)
qu’une
telle struc-ture des milieuxliquides pouvait
intervenir dans lagrandeur
det’absorption
des ondesélastiques
etentraîner
également
l’existence d’uneffet de diffusion
appréciable
des ondesélastiques,
le rn1lieuliquide
se comnle unélastiquenleut
trouble. Ilest en effet à remarquer que les milieux cristallins
présentent
uneanisotropie
élastique
considérable enregard
de leuranisotropie optique
dans lespectre
visible,
lagrandeur
del’anisotropie
élastique
rendait trèsprobable
un effet de diffusion notable des ondesélastiques
dans le cas d’uneorganisation
subcristalline du milieuliquide.
On
pouvait
rechercher les ondes diffusées enutili-sant un faisceau ultrasonore
dirigé
et en recherchant latéralement laprésence
d’ondesélastiques,
de la même manière que l’on observe la lumière diffusée à l’aide d’un faisceaudirigé
traversant unliquide.
Cette recherche fut faite à ma demande par
P.
Biquard
C 6)
en utilisant t lapression
de radiationcomme
procédé
de détection des ondes diffusées. La-
figure
suivantereprésente schématiquement
ledispo-sitif. Le
pendule
de torsion 7’ muni d’unepalette
subissant lapression
de radiation se trouvesoigneu-sement
protégé
des actionsperturbatrices parasites
d’origine
électrique
ou dues aux réflexions des ultra-sons sur lesparois
Dans le cas du
toluène,
et pour lafréquence
46
diamètre était
environ 1-
de celle observée dans le 1000faisceau
principal.
Dans le cas du benzène la valeurétaia 5 à 6 fois
plus grande.
ON
Fig. 3 - Dispositif d’observation de P. Biquard
pour mesurer
la pression de radiation due à la diffusion. Q, quartz émetteur ; T, pendule de torsion muni d’une palette (détail fig. 4). Les
ultrasons sont réfléchis en AB-CD et s’absorbent par réflexions
multiples sur DF et GH.
De cette indication
numérique
onpeut
fixer un ordre degrandeur
du coefficient d’affaiblissement del’ampli-tude du faisceau
principal
pardiffusion.
Ce coefficientad défini par la relation
serait de l’ordre de 10-3 à 1©-~ dans
l’expérience
pré-cédente,
il reste doncpetit
vis-à-vis du coefficient d’extinction mesuré sur le faisceauprincipal
etqui
estaa == ~3 . ~ 0-~ pour le toluène avec la même valeur de
fréquence.
On nepeut
doncjustifier
l’ordre degrandeur
del’absorption
par le seul effet de diffusion - ainsique
je
l’avaisenvisagé
tout d’abord.Fig.4.
On verra
plus
loin,
ausujet
de lagrandeur
de cecoefficient de diffusion
qu’il
estbeaucoup
plus
important
que celniqu’on
peut
évaluer avec l’ancienneconceptions
de l’étatliquide.
,5. Diffusion du son par un
rnilie,u
fluide dont les éléments de volume ont des coefficients decompressibilité
différents(~).
--- Le cas leplus
sim-ple
est celui d’un milieu fluidehomogène
à l’intérieurduquel
se trouvent des éléments de volume(sphériques
parexemple)
limitant desrégions
or lacompressibi-est différente de la valseur u du milieu extérieur. Si c est le rayon d’une de ces
sphères, 2
subira des variationspériodiques
lors du passage d’une ondeélastique
et lepetit
élément de volume va secompor-ter comme une
sphère pulsante
deBjerkness, e
étantpetit
vis-à-vis de lalongueur
d’ondeélastique.
On sait
qu’un
volumesphérique
de rayon c-immergé
dans un milieu decompressibilité 114
et fonctionnant comme unesphère pulsante dissipe
unepuissance
acoustique
A,
longueur
d’ondeélastique;
V,
vitesse du son dans le fluidebaignant
lasphère; K,
amplitude
de vitesse radiale de la surfacesphérique.
Dans le cas où le milieu intérieur à la
sphère
derayon E
présente
unecompressibilité >’
différente de p.il y aura diffusion du son lors du passage de l’onde
élastique puisque
lasphère
de rayon c se dilatera ou secontractera d une
quantité
différente de cellequi
corres-pondrait
àl’égalité
_ ~..Soit une onde
plane d’amplitude a -
1 sinw (t
2013 - ).
)
L’amplitude
depression qui
luicorrespond
estL’amplitude
de variation derayon èé’
pour l’élémentsphérique
de fCuide decompressibilité [1/
serait donnée par la relationCe
qui
interviendra pourl’énergie
diffusée sera cru à l’écart entre l’état du mouvement ainsi calculé et celuiqui
seprésenterait
si l’on avaitP.’
= ~.Dans ce cas l’on aurait une
amplitude
de variation de rayonet par suite
l’amplitude
de vitesse efficace pour la dif-fusion sera, , , .. ,
Cc) Les résultats prineipaax de cette étude ont été signalés dans
Si l’on a il éléments de ce genre par unité de volume
la
puissance
sonore diffusée par unité de volume dufluide serait
-
-On en déduit le coefficient d’amortissement ad de
l’amplitude
sonore de l’ondeélastique
excitatrice.1
en tenant
compte
de ce queV-2’
Cette valeur du coefficient ~c~
permet
d’évaluer l’amortissement par diffusion dansquelques
casinté-ressants. Voici deux
exemples
de cascomplémentaires.
1~ Soit un
milieu, tel que l’air,
où se trouvent desgouttes
d’eau(nuages
oupluie).
Quel
seraitl’amortis-sement du son par diffusion dans le cas des
fréquences
audiblesDans ce
cas v’
compressibilité
de l’eau estnégli-geable
vis-à-visde +L,
ocd devientSoient F- =
0.3 cm, it
= 1>
- A 34 cm, cequi
cor-2
respond
à un son defréquence
1000.3~.i0*~,
cequi représente
un amortissementassez
faible,
l’intensité sonore serait réduite environau 1
de sa valeur pour untrajet
de 30km. Ce résultati
est conforme à la conclusion de
Tyndall
qui
a constaté que le brouillard ou lapluie agissent
très peu sur laportée du
son ;2° Soit un
milieu, tel que
l’eau,
où se trouvent ensuspension
des bulles de gaz(air
parexemple).
Quel
serait l’amortissement par diffusion pour un faisceaud’ultrasons ?
Dans ce cas, c’est la
compressibilité 1L
de l’eauqui
estnégligeable
vis-à-vi-s de lacompressibilité ~’
de l’air.Prenons par
exemple n
= 10 et s _ ~0-~ cm, lafré-quence N des ultrasons lV == 100000
(d’ou
A -- 1, 5 cm)
et
p}
r
= 3 03.
et - == 3 103.
On trouve ad 9 . 0-. L’intensité ultrasonore
se-rait réduite
au 1
de sa valeur sur untrajet
de 1 m.7
Ce résultat est en accord avec les observations
cou-rantes des techniciens
qui
ontremarqué
le rôle trèsimportant
desmicroscopiques
bulles d’air lors de lapropagation
des ultrasons dans l’eau.6. Diffusion des ondes
élastiques
par lesliquides
purs. - Soit unliquide
pur,l’agitation
ther-mique
aura pour effet de créer des fluctuations dansles valeurs de densité et de
compressibilité
enchaque
point
duliquide.
Si V est lavitesse
du son la relationLa connaissance
précise
de la vitesse du son en fonc-tion de la densité fournirait leparamètre
k.D’autre
part,
d’après
la théorie desfluctuations,
le1 z
carré
moyen ( p0)’
est lié à lacompressibilité
iso-Î
P /
therme ,
au nombred’Avogado 91
et à latempérature
absolue I’ par la relation
ilv élément de volume.
Appliquons
cetterelation
auproblème
de la diffusion nous auronsLes données
expérimentales
manquent
malheureuse-, ô V ,
, ment au
sujet
deôp
et par suite de . Dansl’hypo-1
thèse la
plus simple p p.
= ~ ~
serait une constanteet k resterait voisin de l’unité.
1l est intéressant de
rapprocher
la valeur du coeffi-cientd’extinction du son par diffusion de celui relatif àl’extinction de la
lumière par
diffusion dans le cas d’unmilieu
liquide
constitué de moléculesisotopes
n
désignant
l’indice deréfraction ; 1.,
lalongueur
d’ondedans le vide de la lumière utilisée.
L’analogie
des rela-tions estfrappante
et n*a d’ailleurs rien desurprenant,
la théorie de la diffusion de la lumière deRayleigh
était àl’origine
déduite de la théoriemécanique
de la lumière.Si le facteur k est de l’ordre de l’unité on voit que
l’affaiblissement par diffusion d’un faisceau d’ultrasons
traversant un
liquide
sera de l’ordre degrandeur
de celui subi par un faisceau de lumièremonochromatique
ayant
(dans
levide)
la mêmelongueur
d’onde.Ordres de
grandeur. -
Soit unliquide
pourlequel
p t
50.tO-lOC. G. S. v=1, 2 10~ C.
G. S. Utilisons un48
Comparons
ce résultat à celui fourni par le toluènedans
l’expérience
faite par P.Biquard.
Il est difficile d’estimer avec
précision
la valeurde a,l
de l’observationexpérimentale
de lapression
de radia-tion latérale. Mais la valeurexpérimentale
est de l’ordre de ~ 0-~. Il ne faut pas oublier que la valeurk = 1 est certainement
supérieure
àY
à?
l’unité car la vitesse du son
augmente
parcompression
d’un
liquide
(la compressibilité
diminue relativementplus
vite que ne croit ladensité).
Toutefois,
il neparaît
pas
possible d’expliquer
un désaccord aussiimportant
par la seule intervention de ce facteur k.
Conclusions. - Les
liquides
secomportent
commedes lnilieux
élastiquement
troubles, beaucoup
plus
quene
permet
de se lereprésenter
l’ancienneconception
de l’étatliquide.
Ce caractère n’estexplicable
que parune forte
hétérogénéité élastique
des éléments devo-lume dont les dimensions doivent être de valeur
appré-ciable vis-à-vis de la
longueur
d’onde des ultrasons. La théoriedéveloppée
ausujet
de la diffusionsup-pose une
isotropie complète
desparamètres
élastiques,
une
anisotropie prononcée
de cesparamètres,
ou l’in-tervention de modules derigidité
accroîtrait sans doutel’importance
duphénomène
de diffusion. On sait quecette
anisotropie élastique
est trèsprononcée
dans les édifices cristallins. Si l’onaccepte
l’hypothèse
d’uneorganisation
subcristalline du milieuliquide
portant
sur des éléments de volume de dimensions
apprécia-bles,
on voit unepossibilité d’explication
de lagrandeur
de 1-’effet de diffusion. Onpeut
concevoirqu’une
telleorganisation
permet
l’existence d’uneabsorption plus
grande que celle
qui
découle de la théorie de Stokes. Eneffet,
les oscillationslongitudinales développent
des oscillations transversales dans les éléments de volume où le module derigidité
n’estpas
nul. Ces oscil-lations transversales s’amortissentrapidement
dansun milieu
fluide,
et l’on voitapparaître
dans ceméca-nisme une nouvelle source de
dissipation
d’énergie.
L’évaluation des effets de diffusion etd’absorption
dans cette
représentation
de l’étatliquide
estmalheu-reusement d’une
complexité
et d’une difficulté consi-dérables.L’étude
expérimentale
de la diffusion des ondesélas-tiques,
et enparticulier
la loi de lafréquence,
doivent donner deprécieuses
indications sur la structure desliquides
ausujet
des ordres degrandeur
des élémentsdiffusants. On sait en
effet que
dans le cas de la diffusion 1de la lumière la loi en
1
cesse d’être valable lors-que les dimensions desparticules
diffusantes ne sontplus
trèspetiles
vis-à-vis de lalongueur
d’onde de la lumière. Une conclusion du même ordre seprésente
ausujet
de la diffusion desultrasons,
et l’on saisit l’intérêt d’une étude de ladispersion
du coefficient de diffusion.Il m’est
agréable,
enterminant,
de remercierM. Paul
Langevin
pour l’intérêtporté
à ce travail etdiverses remarques
qui
m’ont été faites. Je remercie bien vivement M. PierreBiquard
pour m’avoir aima-blementcommuniqué
certains résultats inédits de sesobservations.
Note
après
correction desépreuves. -
Leproblème
de la diffusion des ondesélastiques planes
par un obstacle
sphérique
fluide(de
petites
dimensions vis-à-vis de lalongueur
d’ondeélastique)
a fait de lapart
de LordRayleigh l’objet
de recherches(21lath.
Society’s Proceedings,
1872)
dontj’ai
eu connaissanceaprès
correction de l’articleprécédent.
La valeur dupotentiel
des vitesses donnée parRayleigh
conduit àun coefficient de diffusion
qui
diffère un peu de celuique
j’ai indiqué.
Enparticulier
la valeur del’énergie
diffuséedépend
de la direction de réémission des ondesélastiques.
Toutefois les conclusions quej’ai
donnéespeuvent
être maintenues en cequi
concerne les ondesde
grandeur
des coefficients de diffusion et leurdépen-dance avec la
longueur
d’ondeélastique
du faisceau excitateur.Manuscrit remis le 5 décembre 1936.
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