A561 – Cubes à gogo
Q₁ L’entier 2014 peut-il être égal à la différence de deux nombres cubiques x³ et y³ ? Si oui, déterminer x et y. Si non, trouver l’entier le plus proche de 2014 qui peut s’exprimer comme différence de deux nombres cubiques.
Solution par Patrick Gordon
Notons x le plus grand des deux nombres x et y.
Si 2014 = x3 – y3 = (x – y) (x² + xy + y²), il faut que (x – y) divise 2014.
On montre aisément que, sous les conditions (x – y) = D et x, y > 0, (x² + xy + y²) a pour minimum D².
Il en résulte, puisque, par construction (x – y) = D, que : (x – y) (x² + xy + y²) ≥ D3
Soit encore, pour que (x – y) (x² + xy + y²) = 2014 : D3 ≤ 2014
Soit enfin ;
D ≤ 12,6285403 soit, en nombres entiers : D ≤ 12.
Seuls les diviseurs 1 et 2 de 2014 satisfont cette condition.
Un rapide examen au moyen d'un tableur montre qu'il n'y a pas de solution, c’est-à-dire que l'entier 2014 ne peut pas être égal à la différence de deux nombres cubiques x³ et y³.
Quant à la solution approchée, le raisonnement ci-dessus reste valable au voisinage de 2014 et par conséquent, il faut la rechercher pour des valeurs de D ≤ 12.
On voit aisément, au moyen de ce même tableur ou par tâtonnements directs que, avec D = 3, la valeur la plus proche de 2014 est 163 – 133 = 1899.
Avec D = 4, la valeur la plus proche de 2014 est 153 – 113 = 2044.
Avec D = 5, on trouve : 143 – 93 = 2015.
On ne saurait trouver une solution plus proche de 2014, mais la question reste posée de savoir si 2013 peut être un éventuel ex-aequo.
Or 2013 se décompose en : 3 × 11 × 61 et donc les seules valeurs de D "candidates" sont 3 et 11. Comme pour 2014, un rapide examen au moyen d'un tableur montre qu'il n'y a pas de solution.
Par conséquent, l’entier le plus proche de 2014 qui peut s’exprimer comme différence de deux nombres cubiques est unique et est 2015.
Q₂ Trouver les couples (p, n) avec p nombre premier et n entier naturel ≥1 tel que pⁿ est la somme de deux nombres cubiques.
Commençons par relever deux séries de solutions qui se remarquent sans grand effort.
Tout d'abord, avec p = 2 : 21 = 13+ 13
Mais aussi, du même coup, pour tout k ≥ 0 : 23k+1 = (2k)3+ (2k)3
Par ailleurs, avec p = 3 : 32 = 13+ 23
Mais aussi, du même coup, pour tout k ≥ 0 : 33k+2 = (3k)3+ (2×3k)3
Plus généralement, on veut que pn = (x3 + y3) = (x + y) (x² – xy + y²).
Posons (x + y) = A et (x² – xy + y²) = B.
Pour A donné et x, y > 0, B = (x² – xy + y²) ne peut pas prendre n'importe quelle valeur.
En fonction du seul x, B se réécrit en effet :
B = x² – x (A – x) + (A – x)² = 3x² – 3Ax + A² Pour 0 ≤ x ≤ A, l'expression B varie entre A²/4 et A².
Donc AB = pn varie entre A3/4 et A3. D'où :
1) pn/3 ≤ A ≤ 41/3 pn/3
Cette double inéquation (1) nous fournit un "filtre" pour la recherche de "candidats" (la condition n'étant que nécessaire).
En effet si, au moyen d'un tableur, on calcule les intervalles ci-dessus pour les premières valeurs de pn, on voit apparaître (mis à part le cas de p = 2, qui est particulier et a été traité ci- dessus) que toutes les puissances 3, 6, 9… de tout nombre premier (≥3) semblent répondre à la question.
Soit en effet à rechercher une décomposition en 2 cubes de p3k (k entier quelconque).
Posons A = pk; il en résulte B = p2k.
Or, on a vu ci-dessus que B = 3x² – 3Ax + A².
Remplaçant A par pk et B par p2k, on obtient l'équation en x : p2k = 3x² – 3 pk x + p2k.
Cette équation en x n'a que deux solutions : x = 0
x = pk, d'où y = 0
Elle ne fournit donc que des solutions dégénérées (non exclues par la lettre de l'énoncé, mais peu conformes à son esprit).
On verra donc apparaître sur le tableau, pour n = 3, la puissance 1 de p puis, pour n = 6, la puissance 2 de p et ainsi de suite, de 3 en 3.
Ces valeurs apparaissent en début de l'intervalle de A car, pour n = 3k, la borne inférieure de l'inéquation (1) est pn/3 = pk = A
Or ces intervalles sont disjoints pour p > 3. En effet, la borne supérieure de A3 pour n est [voir inéquation (1)] 4pn, qui est inférieur à la borne inférieure de A3 pour n+1, qui est pn+1, dès lors que p, premier, est > 3.
Il n'y a donc pas d'autres puissances de p susceptibles de donner une solution que celles qui figurent au début des intervalles n = 3k, qui donnent, comme on l'a vu, des solutions dégénérées.
Il n'y a donc pas d'autres solutions que celles relevées plus haut pour p = 2 et p = 3, soit : 23k+1 = (2k)3+ (2k)3
33k+2 = (3k)3+ (2×3k)3
Q₃ Trouver le plus grand entier naturel positif qui est égal à la somme des chiffres de son cube.
Bien que le cube n3 d'un nombre n croisse beaucoup plus vite que n, le nombre de chiffres de n3 croît moins vite que n.
Ainsi,
Un nombre compris entre 3 et 4 a un cube de 2 chiffres, soit une somme max. de 18
5 9 3 27
10 21 4 36
22 45 5 45
46 99 6 54
100 214 7 63 Au-delà de n = 99, la recherche est donc inutile.
Un tableur nous donne la réponse :
Le plus grand entier naturel positif qui est égal à la somme des chiffres de son cube est 27, dont le cube vaut 19.683.