Propositions du groupe enseignements artistiques du SNES sur l’histoire des arts
élaborées à partir de la réunion
du groupe enseignements artistiques du 27 mai 2009
Au préalable, nous rappelons que cette réflexion est une étape de travail nécessaire qui permet de construire collectivement la réflexion du SNES.
C’est une étape nécessaire avant toute décision et prise de position syndicale.
1) Le SNES n’est pas demandeur d’un nouvel enseignement d’histoire des arts, la dimension historique et culturelle des œuvres étant naturellement travaillée dans les contenus des disciplines artistiques et de l’histoire-géographie, notamment.
Le SNES s’est battu en 2008-2009 pour que cet enseignement ne soit pas imposé et qu’il puisse y avoir un large débat sur sa pertinence. Malgré une pétition et un large vote contre au CSE de juillet 2008, des communiqués de presse construits avec toutes les organisations syndicales ainsi que des associations, des courriers au ministre, le ministère est passé en force (sur injonction de Sarkozy), et a imposé un enseignement, un arrêté d’organisation avec des contenus, et impose maintenant une épreuve au DNB des collèges (voir BO du 20 mai dernier).
2) L’épreuve proposée par le ministère serait conçue à partir d’un travail interdisciplinaire à dimension historique et culturelle, ce qui est nouveau. Nous estimons que cette épreuve n’est pas inintéressante, et en tout cas préférable à une épreuve écrite avec des noms d’artistes et d’œuvres à placer sur une frise chronologique (comme cela a été évoqué il y a quelques mois).
Néanmoins un certain nombre de problèmes se posent à travers l’épreuve telle qu’elle est proposée (voir document de travail de la DGESCO).
- Cette épreuve ne peut se résumer à la présentation d’une « production » à caractère historique et patrimonial par le candidat. L’histoire des arts doit être articulée aux pratiques artistiques de classe. En effet, le poids de l’éducation musicale et des arts plastiques est minoré dans ce projet de brevet, car elles seraient quasiment les seules disciplines à ne pas être évaluées en tant que telles à la fois dans le contrôle terminal et dans le contrôle continu. Si le ministère persiste dans l’évaluation de l’histoire des arts, il faut une place pour les pratiques artistiques dans l’épreuve et un coefficient 2 à l’épreuve et non 1 comme dans le projet actuel.
- En outre, si le ministère persiste, il nous paraîtrait indispensable :
o de travailler sur le contenu de l’épreuve : définition plus précise des exigences attendues.
o de prévoir un temps de concertation dans les services pour les personnels impliqués dans la préparation de l’épreuve
o de prévoir l’équipement des salles dans le cas d’un recours aux TICCE
o de mettre à disposition des collègues des outils en ligne afin de les aider à préparer les élèves à cette épreuve.
- Il n’est pas concevable que cette épreuve soit mise en place dès la session 2010 en raison du travail important de réflexion qu’elle impose. En outre, les collègues d’éducation musicale et d’arts plastiques doivent déjà mettre en place à la rentrée 2009 de nouveaux programmes de collège, simultanément sur les 4 niveaux ce qui est déjà un énorme travail. Il ne serait pas
acceptable de leur imposer l’évaluation de l’histoire des arts au DNB la même année. Il y aurait également un problème de cohérence avec la mise en oeuvre des programmes d’histoire géographie puisque ces derniers se feront progressivement avec un niveau par an de la 6ème à la 3ème. A la lumière de toutes ces difficultés, il est indispensable de reculer l’échéance de ce nouveau brevet. Il nous semble en revanche possible de proposer à des équipes volontaires d’expérimenter un travail interdisciplinaire l’an prochain, à condition que ce soit une véritable expérimentation, et qu’il n’y ait pas de généralisation sans véritable bilan.
3) La mise en oeuvre de l’interdisciplinarité :
- La meilleure solution serait évidemment de formaliser un dispositif interdisciplinaire et d’augmenter (d’une heure ?) l’horaire élève en 3ème et d’intégrer l’horaire dans le service des profs, un peu à la manière des IDD (avec le temps de concertation prévu dans l’emploi du temps). Nous doutons fortement que cette proposition soit acceptée par le ministère dans le contexte actuel de suppressions d’emplois …
- S’il fallait prendre ce temps interdisciplinaire sur le temps de cours, il pourrait y avoir plusieurs organisations possibles, mais cela signifierait beaucoup moins de pratiques artistiques pour les élèves. En effet, il nous paraît difficilement imaginable que les élèves de 3ème puissent construire leur dossier, ou leur présentation quel qu’en soit le support, en autonomie, en dehors des cours, et sans être encadrés par des enseignants. Les collègues sont-ils prêts à accepter que la préparation de l’épreuve empiète sur leurs maigres heures de cours et, de fait, sont-ils prêts à sacrifier une part de pratique artistique ? Exemple d’organisation possible dans ce cadre : les professeurs d’arts plastiques et d’éducation musicale seraient contraints de construire leurs séquences ou problématiques de cours de septembre à février en intégrant chaque fois une problématique d’histoire des arts. Entre février et avril 6 semaines de cours (6 h en arts plastiques, 6 heures en éducation musicale et 6 h en histoire) pourraient être consacrées à la production des élèves (réalisation du dossier, diaporama…) Les élèves choisiraient leurs sujets en fonction des éléments traités par les enseignants dans le cadre de leurs séquences ou problématiques de cours.
- de la 6ème à la 4ème, il nous semble qu’un travail pluridisciplinaire serait plus judicieux afin de préparer les élèves à l’interdisciplinarité de troisième mais qui n’occuperait qu’une partie des séquences de l’année. Des ponts sont tout à fait possibles entre les différents programmes disciplinaires. Les thématiques, objets, sujets communs pourraient être traités dans le cadre de chaque discipline. C’est d’ailleurs ce que font déjà certains collègues.
Remarques :
- Il faut à tout prix éviter que l’histoire des arts devienne une discipline à part entière dans le bulletin de l’élève. Elle doit être évaluée dans le cadre de chaque discipline.
- des clarifications sont nécessaires quant à l’articulation de cette épreuve avec le socle commun et des livrets de compétences.