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Nos billets de Banque

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Academic year: 2021

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L . A T H K B V N J E E>35 « B K Ï 2 V » d u 2 0 M A R S 1 9 1 8 - t f

ia Boule, ou les Petits Chevaux?

An m om ent même où les délégués des eantons discutent la question des petits chevaux e t du jeu de la boule, il est oppor­ tu n de rappeler les principales conclusions ü u Conseil fédéral, soit de son départem ent de justice e t police.

, Ces conclusions, qu’on trouve à la fin du rapport de M. le conseiller fédéral 1. offinann (19 décem bre 1911) sont celles soumises aux délégués des cantons réunis à Berne.

A la prem ière question posée par le Con­ seil fédéral, savoir si le jeu de la boule consti­ tu é pour le public un danger moral et éco­ nom ique plus grand que le jeu i.'es petits chevaux (avec l’enjeu m axim um de 5 fr.), on p eu t répondre comme suit. : Lo m axi­ mum de l’enjeu, à la boule, joue le même rôle qu’aux petits chevaux.Le danger m oral e t économique est plus grand au jeu de la boule, parce que ce jeu' peut se jouer un pou ■plus rapidem ent.

I l sem ble cependant désirable au Conseil fédéral de m ettre entièrem ent de côté le jeu des petits chevaux et do no plus a d ­ m ettre que celui de la boule, avec lim itation de temps.

L a seconde question, savoir s’il ne serait pas utile que le Conseil fédéral rev în t à sa p ratiq u e prim itive e t in terd ît tous les jeux de hasard analogues au jeu des petits che­ vaux, do it être résolue par la négative. g. Lo remède ne do it pas être l’interdiction

complète, mais une lim itation efficace. Il fa u t s’a ttach er à conserver au jeu le ca­ ractère du jeu d ’agrém ent, p ar opposition au jeu intéressé.

Si l’on veut- que les jeux soient accessibles i tous, il fa u t abaisser considérablem ent le m axim um actuel de l’enjeu.

Mais si l’on v eu t n ’ad m ettre d ans les salles de jeu que les étrangers e t en exclure au con­ tra ire la population indigène, on p eu t m ain­ ten ir sans inconvénient l’enjeu m axim um de 5 francs, to u t en inderdissant de p o n ter en ■même tem ps sur plus d ’u n tableau.

Il n ’est pas nécessaire que cette question soit réglée d 'u n e m anière uniforme pour tous les K ursaals e t on p o u rrait très bien, pour ceux qui excluent rigoureusem ent la popula­ tio n indigène, fixer un enjeu m axim um de 5 fr., tandis que pour les autres il se ra it fixé à 2 fr.

L a Confédération lim itera la durée du jeu do la boule à deux to u rs p a r m inute.

P our conserver au jeu perm is 1 ■ caractère d u jeu d’agrém ent, il sera nécessaire encore de lim iter à un chiffre équitable les chances do gain du tenancier des jeux.

Le Conseil fédéral propose d ’établir une prescription su iv an t laquelle le joueur qui gagne su r un num éro ou su r une ville reçoit non pas sept fois, mais h u it fois le m o n tan t de son enjeu, le tableau ne pourra te n ir do num éros, de villes ou de drapeaux n ’offrant que 1[18 de chance. .

: Il fa u t dem ander que les m ineurs soient exclus du jeu; on d ev rait en outre n ’y ad m et­ tr e ni les employés des exploitations publi- . ques, ni les m ilitaires en uniform e, ni*res of­

ficiers non plus.

Il fau d rait insister pour que le jeu de la boule ne soit exploité que dans une salle spé­ ciale e t fermée.

Les concessions p o rtero n t que l’inobserva­ tion des règles e t autres prescriptions do po­ lice établies p ar la Confédération et, de con­ c e rt avec elle, par les cantons entraîne le re ­ tr a it im m édiat de la p aten te. Los eantons exerceront sur l’exploitation des jeux un con­ trôle constant e t rigoureux. D em eurant ré servés la surveillance exercée par l’au to rité fédérale e t son d ro it d ’intervenir en to u t tem ps dans le cas où l’exploitation d u jeu excéderait les lim ites constitutionnelles fixées en conformité des principes duConseil fédéral.

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M. J . Jacquier, ingénieur en chef des ponts e t chaussées en retraite, a adressé au Journal Français une lettre qui m érite i e ne p o in t passer inaperçue.

E n voici quelques passages :

. « Lo ra c h a t récent, p a r la Suisse, de la ligne de la Plaine à Genève-Cornavin concé­ dée à la Compagnie P.-L.-M ..a produit on F rance une ém otion bien naturelle, car on y a v u une dim inution de l’influence économique française à Genève. M. Fer- nand David, le distingué député de Saint- Julien, aujourd’hui m inistre du commerce, s’est fait l’in terp rète de cette ém otion dans une interview.

M. F ern an d D avid nous a indiqué lui- même le program m e à suivre : il consiste à faire pour Genève quelque chose d ’analogue à ce que l’Allemagne a fa it pour Bâle. Il fa u t pour cela am éliorer les com m unica­ tions par voies ferrées en tre Genève e t la France, com m unications si défectueuses dans les conditions actuelles; et il n ’y a que deux solutions possibles, consistant dans l’exécution du raccourci Saint-A m our- •Bellegarde ou dans celle de la ligne Lons- le-Saunier-Oenève, plus connue sous le

nom de ligue de la Faucille.

f L a prem ière solution a perdu une grande p artie de son im portance au point de vue in ­ te rn atio n al p ar ssite de l’exécution du ra c ­ courci Frasne-Vallorbc e t de la ligne du JLootschberg e t le rejet s’impose. I l s’impose, d ’ailleurs, pour une raison catégorique. Il est clair que, pour m aintenir son influence à Ge­ nève, la France doit agir non seulem ent d ’ac­ cord avec la Suisse, mais encore d ’accord avec Genève. Or, les Genevois ont déclaré de la m anière la plus claire qu’ils ne veulent pas d u Saint-Amour-Bellegardo et que toutes leurs aspirations sont dirigées du côté de la Faucille. L a conclusion est évidente : il fau t o u bien accepter la situation actuelle avec .toutes ses conséquences déplorables au point d e vue de 1 influence française à Genève, ou bien construire la F au cille.Iln ’y a pas d ’autre

alternative. ‘ '

■■ Mais, pour que la France puisse construire

la Faucille, il est indispensable que la Suisse accepte, pour la traversée de Genève p ar les trains français, des conditions don n an t to u ­ tes les garanties désirables à nos intérêts.

...I l 110 s’agit nullem ent de revenir sur le ra c h a t d e là ligne de la Plaine e t de la gare de Cornavin, mais seulem ent de tro u v er une fo r­ mule qui assure la continuité de l’exploitation p ar la Compagnie P.-L.-M ., interrom pue par l’enclave genevoise. Comme la ligne de jonc­ tion n 'a u ra qu’une douzaine de kilom ètres de longueur à trav ers le territo ire suisse, il sem ­ ble q u'aucune objection insurm ontable par la Compagnie française.Il convient d ’ajo u ter que t,ur cette ligne de jonction viendrait s ’étab lir une nouvelle gare internationale, les deux gares actuelles de Genève é ta n t tro p excen­ triques pour desservir convenablem ent les agglom érations de Plainpalais e t de Carouge. D ’ailleurs le raccordem ent entre cette nouvel­ le gare e t celle de Cornavin, d o it a p p arten ir exclusivem ent aux Chemins de fer fédéraux.

...E n faisan t ressortir le contraste en tre la situ atio n de l’Allemagne à Bâle e t celle do la F rance à Genève,. M. F ern an d D avid a placé la question su r son véritable terrain . C ette déclaration p atrio tiq u e m érite d ’être m é­ ditée. Nous devons être unanim es à com ­ prendre, en Savoie, que le m aintien de la situation économique de la Franco à Genève, exige im périeusem ent la réalisation do la Faucille. Il est vrai quo M. F ern an d D avid s’est déclaré hostile à cette ligne. Mais il est évident que cette hostilité n ’a u ra it plus de raison d ’être si les conditions do la tra v e r­ sée de Genève étaien t modifiées de m anière à sauvegarder les in térêts économiques de la France.

AUTOUR D’UNE INSCRIPTION

On se souvient des polémiques que suscita l’inscription latine qui figure sous le cadran solaire de la T o u r do la Mère R oyaum e, à la Corraterie.

-Cette inscription p o rta it : Horas numéro n isi serenvr.

et les latinistes de discuter t . . ^ le sens exact

de ces mots. .

Quelques-uns en tro u v aien t la traduction très sim ple; d ’autreâ, parm i lesquels Philippe M onnier, assuraient que, telle quelle, l’ins­ cription n ’a v a it pas de sens.

Mais un beau m a tin , elle disp aru t ; le p ro ­ priétaire, pour couper court au x discussions, av a it passer une couche de vernis su r son lu­ tin.

Depuis ce jour, le tem ps a fa it son œuvre. I l ne s’est pas contenté d ’effacer entièrem ent les peintures qui ornaient les doux côtés de l’aiguille du cadran, il a aussi fa it disparaître la couche de vernis qui cachait l’inscription de sorte q u ’au jo u rd ’h u i elle ressort presque aussi n e tte q u ’au m om ent où elle app aru t pour la prem ière fois.

Or voici ce que l’on trouve dans le livre, de M a e te rlin c k : « Intelligence des fleurs» au su jet de la mesure des H eures. Après avoir cité plusieurs devises trouvées sous des ca­ drans solaires, l’a u teu r d it :

o L ’une des plus belles exergues est celle que découvrit un jour au x environs de Venise Ila z litt, un essayiste anglais d u comm ence­ m ent de l’a u tre siècle : « H oras non n u m é­ ro nisi serenas »

« J e ne com pte que le3 heures claires » — Ainsi, il m anquait à no tre inscription une négation e t c’est ce qui la ren d ait incom pré hensible.

Philippe M onnier ne l’a u ra it pas taxée de non-sens, si elle e û t été com plète.

Si le propritaire fa it restau rer sa peinture il lui sera facile d ’ajouter ce p e tit m ot de trois lettres e t les latinistes seront satisfaits.

E . R.

LA FONTAINE MONNIER-VALLETTE

L ’appel su iv an t v ien t d ’ê tr e affiché au

collège : _

« Se so u v en an t avec reconnaissance^ de l’in té rê t éclairé e t de l’affection que Philippe Monnier e t G aspard V allette p o rtaien t à no tre vieille Ecole, un groupe d ’élèves du Collège a pris l’initiative d ’une souscription publique, afin d ’ériger, sur la prom enade Saint-A ntoine, une fontaino artistiq u e à la mémoire des deux écrivains.

Cette initiative a reçu l’approbation du d ép artem en t de l’instruction publique e t du Conseil adm inistratif.

Le m onum ent projeté est un juste ho m ­ mage rendu à ces homm es d o n t la m ort pré­ m atu rée fu t une p erte cruelle pour Genève e t la litté ra tu re rom ande. _

T o u t près de l’em placem ent choisi, V alette e t Monnier o n t étudié, élèves de l’antique maison. Ici même, ils o n t joué, ils ont passé... Bons e t loyaux cam arades, ils so n t restés fidè­ les amis ju sq u ’à la sortie suprêm e.

Les collégiens d ’au jo u rd ’hui ne l’oublient pas. Ils sav en t q u ’un lien intellectuel e t m o­ ral u n it les aînés e t les cadets. Ils sont fiers de ceux qui o n t fa it honneur au p ay s; ils

v o u d raien t les im iter. _

E n te n a n t à p articiper tous à la souscrip­ tion, les collégiens d iro n t q u ’eux aussi cu l­ tiv e n t avec ferveur l’am itié, q u ’ils aim ent les lettres e t les arts, qu’enfin ils veulent ser­ vir e t honorer la patrie. »

U n groupe d'élèves des « Premières ».

M u t u a l i s t e s r o m a n d s

L a F édération des Sociétés do secours m utuels de la Suisse rom ande a ten u hier son assemblée générale dans la salle du Conseil com m unal à L ausanne. A l’ordre du jour fig u rait u n ra p p o rt do M. A. Le Cointe sur l’application des lois fédérales su r la m aladie e t les accidents. Le vénérable doyen des m utualistes a été chaudem ent applaudi. M. L atour, président, a in tro d u it la diseus sion, qui a dém ontré que les opposants se ral liaient sans arrière-pensée à l’œ uvre sociale adoptée par le peuple.

M. le D r Delays, M. L am bert, M. Gro- bet, etc., ont pris p a rt aux débats qui o n t été trè s intéressants. Le com ité a reçu les pou­ voirs nécessaires pour continuer à s’occuper des prélim inaires de la mise en activ ité des dispositions intéressant les Mutuelles.

Le com ité central a ôté composé pour doux ans de MM. L ato u r e t E v ard , N cuchâtel; Favre, von K aenel e t P ellaton, B erne; Dc- lacosto Brocard e t Dénériaz, V alais; Kaech, Brullacli, e t P aquier, F rib o u rg ; Le Cointe, Greffier, G robet, Genève. Les mem bres sor­ ta n ts pour notre canton éta ie n t MM. W eber e t Racine décédés e t B ar j lion.

Les suppléants sont MM. Ju n o d e t Bercher. Un grand banquet a réuni les p articip an ts à l’H ôtel de France.

M. Lo Cointe a parlé des Assurances socia­ les. M. Maillefer, syndic do L ausanne e t con­ seiller national,a d it que les autorités étaien t heureuses de souhaiter la bienvenue aux m utualistes. D es to asts furent portés p ar des représentants do chaque canton.

M. J . G robet, en rap p elan t quo c’e st Genè­ ve qui a guidé le législateur des lois fédérales, a insisté sur la situation spéciale de cette ville avancée e t exprim e le vœ u que les contacts ne soient pas dim inués m ais augm entés en tre elle e t la p atrie suisse. M oralement nos es­ p rits sont liés étroitem ent, a déclaré l’orateur qui voudrait voir des attach es m atérielles plus tangibles e t . . des train s plus nom breux sur l’unique voie qui relie les Genevois à la commune patrie.

Cotte assemblée e st d ’un bon augure pour une application libérale de lois qui com ptent à Genève beaucoup d ’opposants,

Nos B ille ts de Banque

De la Gazelle de Lausanne sous la signature de M. P au l B udry :

Il est entendu que nos billets de 50 e t de 100 sont abom inablem ent ratés, ratés au point qu’il devient criminel d ’en d éten ir un seul. Mais il ne fa u t pas s’en prendre à M. Hodler. I l n ’y est, on p eu t presque dire, pour rien.

P our uno fois.sortant de sa réserve et de sa louable h ab itu d e do répondre au x moqueries p ar de nouveaux chefs d ’œ uvre, il a consenti à M. Loosli, réd acteu r de l'A r t üuisse, cette déclaration très grave « qu'il ne te n a it pas ces billets pour son œ uvre, mais pour l’œ uvre des organes spéciaux désignés en cette occasion p a r la B anque nationale suisse ». A l’appui, Y A rt suisse publie q u atre esquisses proposées par M. H odler e t qui n ’ont pas, en effet, le plus lointain ra p p o rt avec les billots de l’é­ mission. On les verra avec intérêt. L ’idée hodlérienne s’y m arque avec sa ru d e a m ­ pleur. Ce faucheur, qu’il rase lo cham p do sa fau x sifflante, ou qu’il so campo dans le re­ pos, b a rra n t de sa carrure l’horizon de som ­ mets, n ’est pas ce mince héros de vignette étiquo,désossé, qui grim ace à nos billots. C’est bien le p â tre sym bolique, qui se souvient on son geste excessif des rudes faucheurs d ’herbe hum aine que nous fûmes e t d o n t le repos sem ble encore l’auguste repos d ’un peu­ ple dans la liberté, e t qui croise les bras sur son arm e après de sanglants ouvrages.

On e û t tiré de cola d'assez beaux billets en laissant l'a u te u r m aître de l’exécution. Mais un billet do banque n ’est pas uno estam pe. A vant to u t, il doit être inim itable, c’est-à- dire d ’une com plication si form idable, d ’un graphism e si subtil, que lo plus ad ro it fau s­ saire ne puisse l’im iter qu’à demi. Il do it donc passer p ar une élaboration m icroscopique e t m écanique, où il n ’est plus de place pour la liberté ornem entale, e t où le su je t lui-mème est destiné à perdre to u te qu alité artistique. A bandonner les esquisses d ’H odler a u x m ains des praticiens, c’é ta it donc les condam ner d ’a ­ vance, e t il fallait quelque dose d ’ininteili- genco pour croire q u ’on en sauverait l’ori­ ginalité e t q u ’on a b o u tira it à a u tre chose qu’à ces lam entables carricatures. Nous nous étonnons seulem ent que l’au teu r a it prêté les m ains à ce compromis. E t p ar là, m a foi, il do it nous répondre un peu du résultat.

Mais M. Loosli, qui tie n t fo rt à ces projots, dem ande ceci : une gravure artistiq u e est-elle plus im itable q u ’une gravure m écanique ? Il est notoire que l’industrie crim inelle se m ontre toujours plus géniale que l’honnête, et que l’on a vu des falsifications parfaites de procédés réputés infaillibles. L a com plication loin d ’être une garantie pour les banques, en est une pour les faussaires, puisque l’œil ne p eu t reconnaître d ’un coup le vice graphique dans ce dédale. Ce sont, d it M. Loosli, les bil­ lets les plus simples qui so n t les moins im ités, e t il cite les assignats. L a gravure artistiq u e, au contraire, é ta n t l’œ uvre d ’une m ain puis­ sante e t libre, accuserait sans d o u te dans le tr a it e t la profondeur des tailles certains caractères m écaniquem ent inim itables. L ’œil vite fam iliarisé avec la m anière de l’artiste, discernait aisém ent le faux. E t l’on renfor­ cerait cetto g arantie en ne laissant circuler que des billets frais, comme il se p ratiq u e aux E tats-U n is e t en A ngleterre, où la B anque rem place chaque billet qui lui revient.

Il y a sans doute apparence de raison à ce­ la, mais je me dem ande ce qu’en pensent M. Reiss e t les docteurs en m atière de fraude. E t puis la conclusion de cette affaire est ailleurs. Nous avons deux m aîtres qui se so n t d istin ­ gués par des œuvres m onum entales. On se dit: dem andons-leur u n billet do banque. L a belle intention, e t la bonne erreur artistiq u e ! Pour reconnaître l’a u teu r de M arignan, on lui com m ando uno c arte de visite. C’est comme si l’on e û t d it à B eethoven : vous qui faites si bien la sym phonie, écrivez-nous donc une polka ! U n ty pographe nous e û t fa it un excellent billet de banque, e t voici quo le grand nom d ’H odler en signe un misérable. Il y a décidém ent une loi des convenances.

UN BOURBAKI RECONNAISSANT

L a Feuille d’A vis de Ncuchâtel publie une le ttre d ’un officier français qui fu t logé à F leurier dans la n u it d u 2 février 1871. Voici cette ép ître, qui se passe de com m entaires :

A***, le 29 février 1912. Cher M onsieur, '

Merci de -votre to u c h a n t' souvenir ! Je vous ai si peu oublié qu’au reçu de votre lettre, j’ai pris dans la bibliothèque de fam ille une brochure que vous m ’avez of­ ferte, pour m a fiancée, en nous q u ittan t. C’est Le joug de Chris!, liberté et bonheur, par J . H ocart, pasteur. L a couverture porte une dédicace de vous; vo tre écriture n ’a pas varié.

C’est to u t ce qui, depuis 40 ans, me ra p ­ p elait l’homme de cœ ur que vous fûtes pour moi. G relo ttan t de fièvre, de froid, d ’inanition e t de misère, vous m ’avez abrité, réchauffé, nourri. Vous m ’avez sauvé la vie ! J e ne saurais tro p vous en rem ercier, e t c’e st avec une larm e do reconnaissance à l’œil que j’évoque votre souvenir. Vos procédés o n t été le prélude de ceux de la nation suisse to u t entière è: notre égard. Nous fûmes, pour les Sui.sses, des frères-

m alheureux. '

Q uatre ou c in q . fois depuis 1871, j’ai trav ersé la Suisse; je. ne suis jam ais parfit- p ar Fleurier. J e n ’ai pas oublié la petite salle à m anger où vous m ’offriez le déjeuner du m atin à la table de fam ille; le p e tit p u ­ p itre so u ten an t la Bible que vous m ’invitiez, en signe d ’honneur, à com m enter. Plus heu­ reux que vous, j’ai encore la compagne do m a vie qui copie avec moi sa quarantièm e année do bonheur. Depuis 28 ans, je suis maire, d ’une grosse commune de 7000 h a b ita n ts, à l’ouest de A ***; je représente lo canton a u Conseil d ’arrondissem ent, d o n t jo suis lo président. Enfin, je trouve dons la culture des a rts un charm e appré­ ciable’ e t apprécié.

Mon bravo ordonnance, qui vous av ait dem andé de me loger quand j'étais en haillons, bourré de journaux pour com battre le froid, d o n t mes h abits déchirés me défendaient m al, v it toujours. Pèro d ’une nombreuse lignée, il cultive, depuis 39 ans, le môme dom aine agricole.

J e suis heureux... d ’avoir l’occasion de trad u ire l’im pression restée de co désastreux événem ent, c’est-à-dire de parler do la gran­ deur, de la générosité, cl.u dévouem ent inla-sable de votre nation, qui a rendu ta n t do pères à leurs enfants, ta n t d ’enfants à leurs pères. Jam ais on ne rendra tro p d ’hom­ mage à l’e sp rit de sacrifice de nos bons amis, les Suisses.

J e suis âgé; probablem ent je ne passerai plus p ar la Suisse. J ’ai 67 ans; en 1870, j’étais volontaire. Nous ne devons plus nous revoir, nous pouvons nous écrire. P our d ’hon- îé îe s croyants comme nous sommes l’un ot l’au tre, il n ’y a q u ’u n Dieu ot u n seul*, paradis. C’est à ce paradis que nous nous! retrouverons, si Dieu le perm et. D ’ici là, donnez-moi de vos nouvelles; e t si M. votre fils voyage dans l’Ouest, qu’il sonne au No 14 de la rue D ***. Il y tro u v era u n ac­ cueil qui s’efforcera d ’être égal à celui quo j ’ai reçu à votre foyer le 2 février 1871.

Agréez, cher Monsieur, l’assurance de mes sentim ents bien dévoués e t recon­

naissants. X . n

P rincipales dépenses : adm inistration 542.70; secrétariat, 454; agent G05; im pressions 452; A m i des a n im iu x 32G; gratifications 922; graines pour oiseaux 103, etc.

L ’actif de la société au 31 jan v ier 1912 é ta it de 11.814 fr.

Le coin du Poète

Le Costume de Jean-Jacques Sur mon île je philosophe ( I l ne peut en être autrement) Car je n ’ai pour tout, vilement Q u'un « péplum » de légère étoffe. Malgré la pluie on le soleil, J 'a i toujours lu •m ine sereine De, celui qui a de la veine D cire en aussi simple appareil. P as besoin de su: re la mode, D'écouter le « qu’<. dira-t-on », M on costume es! de très bon ton, Car il est pratique et commode. Comme les Genevois voudront Endosser le jour de nia fêle Ce costume qui n'est pas bête. J e puis leur fournir le patron. M ais alors, en toute franchise, Priez d'abonl le comité.

De placer ces festivités

S 'il le peut, pas u n jour de bise ! O xid.

Protection des animaux

Nous revenons su r l’assemblée générale de la Société p o u r la protection des anim aux.

M. Lassieur, le dévoué secrétaire, a com ­ m encé dans son rap p o rt, p a r rendre hommage à M. A rth u r de Claparède, qui p o rta it un vif in té rê t à la société; à celle du baron Blanc, m em bre depuis 18G8; à M. le p asteur G oty; à Judo Millenet, qui a laissé q u atre cents francs à la société; à Mme Louise Muller, cent francs; G. N itzscliner, Louis Choisy, Jean Panissod, Dominicé, E rn est Saladin.

Le comité a enregistré avec reg ret la d é ­ mission de M. Maurice Trem blcy do ses fonc­ tions.

Le nom bre des sociétaires est en constante augm entation : 650 à la fin de 1911.

11 n ’a pas été organisé do concours scolaire en 1911 ; le comité réserve toutes ses ressour­ ces pour 1912.

M. Lassieur passe en revue les principaux objets d o n t le com ité a eu à s’occuper. On se félicite de plus en plus de la mise en vigueur du règlem ent in terd isan t d ’attach er au prem ier tom bereau lo cheval qui suit, s ’il est chargé. La police a déclaré en c o n tra ­ vention 76 charretiers qui n ’observaient pas cette disposition.

Le rap p o rteu r constate que les anim aux de la m énagerie N oum a-IIaw a o n t été bien soignés. P a r ' contre, il blâm e certaines exhibitions du L u n a-P ark : les p etits ours n ’é ta ie n t pas bien tra ité s ; il s ’est occupé des courses a u x canards, a u x grenouilles.

La question des cygnes a v alu a u com ité uno volum ineuse correspondance. Il a lo sen ­ tim e n t que la ville do Genève tra ite fo rt bien ses pensionnaires.

Les cygnes m endiants sont des gourm ands; ils préfèrent le pain frais qu’on leur je tte aux algues e t aux mollusques qu’il leur fau ­ d ra it chercher dans l’eau.

Le com ité a exam iné la possibilité d ’a t ­ tacher à la société un médecin vétérinaire. C’est uno question d ’argent ; des dons d ’a r ­ gent so n t déjà promis.

Le journal Y A m i des anim aux est entré dans sa 40me annéo de publication. Cet organe e st échangé avec les au tre s sociétés protectrices. I l e s t fo rt utile à ce p o in t de vue là.

E nfin, le ra p p o rt annonce que Mme Lüscher donnera le 18 avril un concert au bénéfice do la Société.Statistique des co n tra­ ventions : il en a. été dressé 352, en aug­ m en tatio n de 27 sur 1910.

P a r la gendarm erie : 204 contre 213. La plus grande p artie des procès-verbaux sont relatifs à des chevaux m altraités (258).

P a r les gardes ru ra u x : 66 contre 83 en 1910. Elles concernent presque toutes des chevaux m altraités. L ’agent de la société, M. E m ery, a dressé 22 contraventions.

Finances. Principales recettes : cotisa­ tions fr. 1.089; legs de Mlle Gordon, 100 fr. ; de M. G oty 100 fr.; de Mlle M uller 200 fr. de M. M illenet 400 fr.; collecte 566,50.

P A G E S L I T T E R A I R E S

P a g e s d ’a u to m n e (1)

M. F ré d éric B ataille, l’a u te u r fo rt estim é de plusieurs volum es de vers et d ’u n ce rtain nom bre de publicatio n s d estinées au x écoliers français, fait p a ­ ra ître cliez Lem erre, sous le titr e Pages d'automne, un nouveau recueil de poésies. Il y a, dans ce titre , une m élancolie q u ’accentue la pièce lim inaire du v o ­ lum e :

Tristes, frileux, pâles emblèmes '-1 Voici p o u r toi mes derniers v e rs ... Mais c e tte m élancolie n ’a ric-n de veule ou de m orbide ; c’est celle, bien n aturelle, de l’hom m e qui, a y a n t besogné to u te sa vie po u r le bien e t le beau, se n t tom ber sur lu i la grise lum ière du crépuscule, lum ière qui recouvre d ’un voile l’éclat des couleurs e t la grâce des lignes. On p e u t l’éprouver un in s ta n t c e tte m élanco­ lie, et, très vite, se redresser e t sourire en se d is a n t q u ’on a fait sa tâche, to u te sa tâche. C’est bien, ici, le cas. M. B a­ ta ille a tra v a illé sans relâche po u r un noble idéal. P rofesseur à Besançon, il a aim é scs élèves e t a voulu q u ’ils soient des hommes e t de bons p atrio te s. E t com me il est poète c ’est en poète q u ’il leur p arle a u x heures de loisir : il leur d it la n atu re, il leur enseigne la pitié, l’am our, l ’espérance. P o u r m ieux les a tte in d re il fa it p a r tir d ’une fable le tr a i t bien aju sté d ’un conseil. Cependant ces élèves grandissent, ils deviennent à leur to u r des hommes. Or, ce m om ent venu, il se tro u v e que, p a r un privilège de la poésie,ces renseignem ents et ces con­ seils leur so n t com me a v a n t profitables et q u ’ils o n t même saveur e t m êm e charm e.

C’est p o u r cela que nous aussi, nous avons eu d u p la isir à lire les Pages d'au­ tomne. C’est encore p arce que nous y avons ren co n tré u n poète e t un hom m e. U n poète qui vibre à to u te s les joies e t à to u te s les souffrances, un h o m n e qui aim e son p ay s e t son foyer e t qui sy m ­ p ath ise avec les peines e t avec les efforts des au tres.

N ous citio n s en co m m ençant une stro p h e quj annonce que ce volum e est le d ern ie r d u poète ; nous souh aito n s po u r l ’a u te u r e t ses lecteurs que ce pronostic ne se réalise p a s ; toutefois, s’il d e v a it se réaliser, on p o u rra it dire que les Pages d'automne so n t le te s ta m e n t de l’au te u r, te s ta m e n t d an s lequel il a tc-nu à se m e ttre to u t entier. N ous l ’y voyons avec to u te s les ém otions qui o n t fa it b a ttre son cœ u r; nous l’y v o y o n s avec l’idéal litté ra ire auquel il s’est attac h é, idéal qui e s t celui d u p u r classique. I l n ’use p as du v e rs désarticu lé de nos notoires con tem p o rain s; il p ra tiq u e celui q u ’ont p ra tiq u é les m a îtres français d u 19me siècle. E t cela ne l’em pêche pas, au co n traire, de tr a ite r des su je ts bien dif­ féren ts; il v a avec aisance d u couplet, p a trio tiq u e à l’ode large e t pleine : à c e t égard le poèm e « R éd em p tio n » e s t rem arquable. E t il é c rit dçs fables d o n t quelques-unes so n t to u t à fa it c h a r­ m an tes : spirituelles, m alicieuses et d ’iui to n litté ra ire excellent.

E n somm e ce livre respire la b o n té e t l’h o n n ê te té ; la le ctu re en est to n ifia n te e t b ie n fa isa n te: Il n ’y a pas, en F rance, rien que des poètes de b o u d o ir e t des ro ­ m an ciers d ’alcôve. I l y a, en g rand nom ­ b re e t il e s t bon q u ’on le sache, de braves

gens qui ac ce p te n t e t a im en t la vie e t la f o n t aim er,

C. B .

(1). Pages d'automne. Poésies de F ré ­ déric B ataille. P aris, A lphonse Lem erre, éditeur.

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saisou. T323

Feuilleton de la T ribune de Genève

Lointaine Revanche

p a b 124 D A N I E L L E S U E U R

— C’est difficile. E d ouard se défie d e moi. P robablem ent m êm e est-ce p ar p r é c a u tio n contre moi qu ’il a fa it enfer­ m e r ces docum ents dans sa cham bre, à portée de sa vue.

_ Sous l’em pire de son angoisse, l’ancien m inistre d it b ru talem en t :

— Allons, je vous connais... Vous vo u ­ lez me les vendre. Dites-m oi le prix. ‘ E lle ne p ro testa pas, se m it à rire.

— B ien entendu, je ne vous les donne r a i pas srn s savoir d ’abord ce q u ’ils v a ­ le n t. Q u’est-ce que c ’est que ces papiers?

M. de P rézarches a u ra it préféré ne pas i e lui dire. Mais il essaya vainem ent de ç e dérober. D ’ailleurs, elle connaissait $ é jà t a n t de choses ! B rièvem ent il lui ex p liq u a. P our les spéculations su r les te rra in s, au m om ent où l’on cré a it les ^nouvelles lignes, il a v a it eu besoin de m odifications a u plan étu d ié p a r

Clia-b rial. Ne d o u ta n t p as que celui-ci ne m ît u n peu de com plaisance, il s ’é ta it o u v ert à lui avec tro p de franchise.

— Tiens ! s’écria .j canine, c’est le p re ­ m ier m ot que j ’en entends. V ous avez donc, en c e tte occasion, dédaigné m on interm édiaire?

Elle souriait, sarcastique. E t, bien q u ’il n ’av o u â t p as ses raisons, il com­ p rit q u ’elle les reco n stitu ait. E lle a u ­ r a it eu des exigences redoutables d ’a ­ bord, e t elle l’a u ra it tro p tenu ensuite. Voilà ce q u ’il s’é ta it d it. N ’avait-elle pas assez de prise d ’u n a u tre côté ? Le m ari, benêt, ta x e ra it m oins h a u t son concours si elle ne lui soufflait pas les conditions d u m arché.

Le fa it est que P rézarches av a it poussé les choses très loin avec l’in ­ génieur, ju sq u ’à lui envoyer un croquis de sa m ain, en lui d évoilant certains de ses prête-nom s. C ertainem ent, Cha­ brial possédait de quoi le perdre, sans q u ’il se ra p p e lâ t p o u rta n t au ju ste en quels term es cela consistait.

•— Vous avez été bien m aladroit, fit o bseiver Jeanine. Vous auriez d û savoir q u ’avec le caractère tim o ré de ce p au v re garçon, vous n ’obtiendriez rien p a r des offres directes. Seule, j ’a u ­ rais p u faire q u ’il ne .s’effarouchât pas. E t encore !... E douard n ’a v a it p as le sens de la vie.

| E lle p arla it d é jà de lui au passé.

com m e d ’u n m o rt. P rézarches le re m a r­

qua. ISjJ _

— Voyons, m a chèie am ie, ne m ’ac­ cablez pas de vos reproches, prononça- t-il avec le to n d e soum ission g alante q u ’il a v a it to u jo u rs auprès d ’elle. J ’ai une excuse. J ’étais absolum ent sûr que, m êm e en re fu sa n t d ’agir avec moi, v o tre m ari ne tr a h ira it jam ais un vieux cam arade qui, d ’ailleurs, n ’é ta it pas étran g er à sa fo rtu n e politique.

— Aussi ne tra h it-il que l’a m a n t de sa femme. E t ce n ’est plus de la trahison.

— Vous le défendez ?...

E lle e u t u n haussem ent d ’épaules. — J e vous rappelle ce que vous étiez déjà, ce qui a u ra it d û vous m e ttre en garde contre u n hom m e qui, d ’une heure à l’a u tre , p o u v a it devenir po u r vous une bête féroce, déchaînée, aveugle...

— L e m al e s t fait. T rouvons le rem ède.

— Venez dem ain, à onze heures d u m a tin , d it Jeanine. D epuis q u ’il y a du mieux-, l’infirm ier s ’ab sente à" ce m om ent-là.

P rézarches e u t u n soubresaut, une pâleur.

E lle le regarda bien en face, et, du to n le plus n a tu re l :

— I l fa u t que nous soyions seuls avec, lui po u r u n e conversation secrète.

— Mais alors... vous songez à lui de- m m d e r. devant nu» *

— S ’il a sa connaissance, vous ferez appel à sa générosité...

— E t s’il ne l’a , p a s ?... m urm u ra Prézarches. Vous com ptez ?...

—( P re n d re le dossier dans le m euble o ù je sais q u ’il se trouve.

— A vez-vous donc besoin de m a p ré ­ sence ?...

— Certes, affirm a-t-elle. L a clef est sous son oreiller... Sais-je, moi, ce qui p e u t advenir, avec u n m alade que la fièvre ex alte p ar in sta n ts ? Oh ! n ’ayez pas peur, ajo u ta-t-elle en v o y an t le sé­ n a te u r blêm e e t pétrifié, je ferai la besogne to u te seule. Vous l ’aurez pas à forcer les serrures. Mais il m e fa u t u n tém oin, une garantie... en cas d ’ac­ cident !...

I l d u t consentir. E t telle fu t l’ap p ré ­ hension d o n t le rem p lit ce p ro jet, q ü ïl oublia de d em an d er si Mme C habrial ne réclam erait pas quelque bénéfice po ­ sitif a v a n t de se dessaisir d u dossier.

J u s q u ’a u lendem ain, Je an in e évita d ’e n tre r dans la cham bre d ’E d o u ard , ex ­ cepté lorsqu’il som m eillait. I l red ev en ait conscient. I l se re n d a it com pte d e sa présence. Q u’en résu lterait-il? A u ta n t ne pas nuire, p a r des ém otions anticipées, à l’action q u ’elle p rép a ra it.

L e m a tin su iv an t, à onze heure?, M. de P rézarches fu t ex a ct.

— T o u t v a bien, lui an n o n ça Jeanine. Les médecins sortent d ’ici. Ils oat (ait

u n sondage e t renouvelé le pansem ent, ce qui a fatigué E d o u ard . E n ce m om ent il repose. J e vais p a rle r à l ’infirm ier. Laissez-m oi faire.

E lle sonna, fit p révenir l’infirm ier p a r u n dom estique. E t q u an d il se fu t rendu à son appel :

— Si vous avez à so rtir, com m e hier, ne vous, gênez pas, dit-elle. J e vais m ’ins­ taller près de m on m ari. E t ju stem e n t voi­ ci son am i lo plus intim e qui, a u besoin, m ’aiderait, s’il fallait changer la position de m onsieur C habrial.

— C’est que... d it l’hom m e en hési­ t a n t avec un regard vers l’étran g er. I l f a u t le calm e le plus absolu. E t u n n o u ­ v eau visage...

— Oh ! c’est le visage le plus ancienne­ m e n t cher po u r n o tre m alad e, in te r­ ro m p it Mme Chabrial avec une su av ité persuasive.

— E n ce ca3... acquiesca l’infirm ier, qui, sa responsabilité à couvert, ne d e­ m a n d a it pas m ieux que d ’être libre. Mais je ferai observer à M adam e q u ’il ne fa u t p as p e rm e ttre à m onsieur Cha brial de bouger. I l est assez an éan ti... P o u r com m encer,vous pourriez ne pas lui laisser v o ir son visiteur.

— J e m e tie n d rai à l’écart, in te rv in t M. d e P rézarches. Mais s ’il me recon­ n aît, p o u rrai-je lui parler?

— Mon Dieu, oui... P o u rv u q u ’il ne rem ue pas, L e soudage & débridé la plaie.,..

U n fa u x m ouvem ent su ffirait p o u r am e­ ner . l'hém orragie.

— N e craignez rien. N ous serons trè s p ru d en ts. D ’ailleurs, vous allez nous in tro d u ire vous-m êm e.

C ette p réc au tio n d o n n a it u n caractère plus n a tu re l à leur dém arche. E t elle n ’en­ tr a v a it rien. L a p o rte de la cham bre s’ou- v r a it derrière u n p a ra v e n t. O n y laisse­ ra it M. de P rézarches, q u i ne se ra it pas ap e rç u d u lit. D onc, p o in t de m a n ifesta­ tion à crain d re d e v a n t l’infirm ier. Je an in e é ta it sû re que, s ’il la v o y a it en tre r, elle, le blessé ne tém o ig n erait aucune révolte en présence d ’u n inférieur.

E t to u t se passa le plus sim plem ent d u m onde, ca r nul m ouvem ent sous les c ouvertures n ’an n o n ç a quo C habrial eû t conscience d ’u n changem ent a u to u r de

lui. j

-A la tê te d u lit,-le s draperies étalées à l’encont-re d u jo u r isolaient assez com ­ p lè tem en t le m alade. Il fallait s’avancer po u r apercevoir su r l’oreiller blanc la p â ­ leur plus chaude d ’u n front, la ta c h e noire de la chevelure, et, en re g a rd a n t bien, d eu x paupières closcsi

L ’infirm ier fit u n geste de recom m anda­ tio n e t s’éloigna sur là p o in te d es pieds.

Q uand il fu t sorti, Je an in e rejo ig n it P rézarches derrière le p a ra v e n t e t lui d it à voix basse :

. — J e vais p ren d re la clef sous son

j

îïaveisin.

Je

vais tout risq u er pour vous.

. !■

Mais d ’abord vous m e signerez ceci. T e ; nez, il y a une plum e sur c e tte ta b le , t > E lle lui p ré se n ta it u n papier, q u ’il saisit, plein d ’in quiétude. R ien ne pein­ d r a it la profonde rouerie d u sourire q u ’ella

e u t alors. ’ 1

— Vous com prenez... m urm ura-t-elle ta n d is q u ’il lisait... J e tro u v e u n e au-j m ône pareille au-dessus de mes m oyens... T andis que vous... Ces chem ins de fer vous o n t ta n t ra p p o rté

!...-L e p ap ier é ta it u n reçu des cinq cent m ille francs destinés p a r E d o u ard aux em ployés d u réseau d e l ’E ta t. P rezar- ches s ’en rec onnaissait dépositaire, se ch arg eait de les tra n sm e ttre à qui de dro it. Consterné de se voir m is en dem eure d ’ac­ com plir une actio n si généreuse, l ’ancien m inistre b a lb u tia : —

-— M ais... C habrial n ’acceptera pas. — S ’il v it! ... rép liq u a Je an in e . Alors t a n t m ie u x -p o u r v o u s.!...-S ’il m eurt, je ne v e u x p as être ruinée p a r son coup de

tê te . ' .• PS i

— Au nom d e quoi m ’au ra it-il confié?.; — N ’est-ce p as to u t sim ple?... Vous, son m eilleur am i... Vous, l’hom m e du ra c h a t... V ous êtes l’in term édiaire tout désigné p o u r c e tte bonne œ uvre. _

E lle so u riait to u jo u rs, d une ironie tran q u ille, ex a sp é ra n te. '

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