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Evolution de la pardonnabilité avec l'âge

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Academic year: 2022

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Master

Reference

Evolution de la pardonnabilité avec l'âge

AMORIM SOARES, Carina

Abstract

Cette étude a pour but d'observer l'effet de facteurs personnels et de facteurs inhérents à la transgression, sur l'évolution des jugements de pardonnabilité et de gravité avec l'âge. Nous avons recruté 90 participants ayant de 20 à 89 ans, répartis en trois groupes d'âge. Pour mesurer la pardonnabilité et la gravité, nous avons créé un questionnaire en faisant varier quatre facteurs inhérents à la transgression : type (vol, mensonge, violence), intensité (peu, moyennement, très sévère), conséquence (physique, psychologique) et perspective (auteur, victime). Nous avons utilisé quatre questionnaires pour mesurer les facteurs personnels (attachement, empathie, anxiété et affects). Nos résultats révèlent que les adultes d'âge moyen pardonnent plus que les jeunes adultes. Les transgressions de type mensonge sont les moins pardonnables et les plus graves et ceci est accentué dans l'intensité la plus sévère, sous la perspective de la victime et lorsque la conséquence est physique. Les facteurs personnels influençant le jugement de pardonnabilité diffèrent selon l'âge du participant. [...]

AMORIM SOARES, Carina. Evolution de la pardonnabilité avec l'âge. Master : Univ.

Genève, 2009

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:2480

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Mémoire de master

en psychologie du développement

Directeur : Labouvie-Vief Gisela Jury : Gilet Anne-Laure et Ludwig Catherine

Amorim Soares Carina Juin 2009

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RESUME

Cette étude a pour but d’observer l’effet de facteurs personnels et de facteurs inhérents à la transgression, sur l’évolution des jugements de pardonnabilité et de gravité avec l’âge.

Nous avons recruté 90 participants ayant de 20 à 89 ans, répartis en trois groupes d’âge. Pour mesurer la pardonnabilité et la gravité, nous avons créé un questionnaire en faisant varier quatre facteurs inhérents à la transgression : type (vol, mensonge, violence), intensité (peu, moyennement, très sévère), conséquence (physique, psychologique) et perspective (auteur, victime). Nous avons utilisé quatre questionnaires pour mesurer les facteurs personnels (attachement, empathie, anxiété et affects). Nos résultats révèlent que les adultes d’âge moyen pardonnent plus que les jeunes adultes. Les transgressions de type mensonge sont les moins pardonnables et les plus graves et ceci est accentué dans l’intensité la plus sévère, sous la perspective de la victime et lorsque la conséquence est physique. Les facteurs personnels influençant le jugement de pardonnabilité diffèrent selon l’âge du participant. L’évolution de la pardonnabilité avec l’âge est donc d’avantage influencée par des facteurs personnels que par des facteurs inhérents à la transgression.

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TABLE DES MATIERES

1. INTRODUCTION 1

1.1. LA PARDONNABILITE 1

1.2. EVOLUTION DE LA PARDONNABILITE AVEC LAGE 3

1.3. LE JUGEMENT DE LA GRAVITE 5

1.4. FACTEURS PERSONNELS INFLUENÇANT LA PARDONNABILITE 8 1.5. FACTEURS PROPRES A LA TRANSGRESSION INFLUENÇANT LA

PARDONNABILITE 12

1.6. PROBLEMATIQUE 13

2. METHODE 15

2.1. ETUDE PRELIMINAIRE 15

3.1.1 Participants 15

3.1.2 Procédure 15

3.1.3 Construction des vignettes du questionnaire Pardonnabilité, Age, Auteur,

Victime (PAAV) 15

2.2. EXPERIENCE PRINCIPALE 16

2.2.1. Participants 16

2.2.2. Matériel 17

2.2.2.1. Questionnaires 17

2.2.2.2. Mesures personnelles 18

2.2.3. Procédure expérimentale 20

3. ANALYSES 21

3.1. ETUDE DE LA VALIDITE EMPIRIQUE DU QUESTIONNAIRE PARDONNABILITE,

AGE,AUTEUR,VICTIME (PAAV) 21

3.2. EVOLUTION DE LA GRAVITE ET DE LA PARDONNABILITE AVEC LAGE 21 3.3. ANALYSE DES FACTEURS PROPRES A LA TRANSGRESSION INFLUENÇANT LA

GRAVITE ET LA PARDONNABILITE 21

3.4. ANALYSE DES FACTEURS PERSONNELS INFLUENÇANT LA GRAVITE ET LA

PARDONNABILITE 21

4. RESULTATS 22

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4.1. ETUDE DE LA VALIDITE EMPIRIQUE DU QUESTIONNAIRE PARDONNABILITE,

AGE,AUTEUR,VICTIME (PAAV) 22

4.2. EVOLUTION DE LA GRAVITE ET DE LA PARDONNABILITE AVEC LAGE 23 4.3. ANALYSE DES FACTEURS PROPRES A LA TRANSGRESSION INFLUENÇANT LA

GRAVITE ET LA PARDONNABILITE 24

4.3.1. Résultats communs à la gravité et à la pardonnabilité 24 4.3.2. Effets spécifiques au jugement de la gravité 27 4.4. ANALYSE DES FACTEURS PERSONNELS INFLUENÇANT LA PARDONNABILITE

ET LA GRAVITE 27

5. DISCUSSION 28

6. CONCLUSION 39

7. BIBLIOGRAPHIE 40

8. ANNEXES 45

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1. INTRODUCTION

1.1. LA PARDONNABILITÉ

L’action de pardonner suscite un grand intérêt depuis de longues années, tout d’abord au niveau théologique, puis au niveau philosophique. De nos jours, elle est approchée sur un angle plus scientifique, au vue de l’importance de ce concept tant au niveau individuel qu’au niveau interpersonnel. Par exemple la tendance à pardonner à autrui a un effet positif sur l’état de santé, ceux qui pardonnent ont moins de symptômes négatifs que ceux qui ne pardonnent pas (Toussaint, Williams, Musick, & Everson, 2001). Les auteurs rapportent également que cette action est associée à une meilleure santé mentale (par exemple au niveau de la détresse psychologique et de la satisfaction de vie). Par ailleurs, Hebl et Enright (1993) ont relevé que pardonner plus est en lien avec une baisse de dépression et d’anxiété ainsi qu’une estime de soi plus élevée. Nous allons utiliser tout au long de ce travail le terme pardonnabilité, que nous avons traduit de l’anglais forgiveness, pour désigner l’action de pardonner. La pardonnabilité a également un rôle de maintien des relations interpersonnelles saines, puisqu’elle favorise un comportement prosocial qui tend à rétablir l’état de la relation après qu’il y ait eu une transgression (Fincham, Beach & Davila, 2004 ; McCullough, Worthington

& Rachal, 1997). Selon Enright (1991), qui tente d’élaborer une définition scientifique de la pardonnabilité, celle-ci est le renoncement à la justice, à l’affect négatif et au jugement, en voyant le malfaiteur avec compassion et amour, malgré l’injustice qu’il a commise. D’autres se centrent plus sur le lien interpersonnel et considèrent la pardonnabilité comme un cadeau permettant de rétablir la relation initiale entre offenseur et offensé, ce dernier laissant de côté son droit de vengeance et de ressentiment (Girard & Mullet, 1997). Wade et Worthington (2005) retirent de leur méta-analyse que la pardonnabilité est une stratégie de coping positif face à la transgression subie et qu’elle est tout d’abord bénéfique à la victime pour la réorganisation de ses émotions, pensées et actions à l’encontre de l’offenseur. Ces auteurs mentionnent que la pardonnabilité serait une réduction de la colère ou de l’amertume et la promotion d’un regard positif (pouvant englober des sentiments tels que la compassion, la sympathie ou encore la pitié) envers l’auteur de la transgression. Ils soulignent également qu’il faut garder à l’esprit que la pardonnabilité n’est pas synonyme de réconciliation, ni de tolérance, ou encore d’indulgence par rapport au comportement négatif de l’autre. La pardonnabilité est définie par McCullough (2001), comme la réaction positive en réponse à une transgression, c’est un changement de motivation, passant d’une tendance négative à une tendance positive, la victime adopte un comportement pro sociale envers l’auteur de la transgression. Pardonner signifie que la personne n’a plus de volonté d’éviter ou de se venger

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de celui qui a commis la transgression et qu’elle agit au bénéfice de ce dernier ou de leur relation, ceci malgré le fait qu’elle continue à trouver la transgression injuste (McCullough, Worthington & Rachal, 1997). Il s’agit donc d’un changement au sein de la motivation et non d’une motivation en soi, c’est en cela que la définition de McCullough (2001) est intéressante.

La plupart des gens réagissent à une transgression par la tendance motivationnelle négative via deux types de comportements : évitement ou vengeance (McCullough, Bellah, Kilpatrick,

& Johnson, 2001 ; McCullough, et al., 1997). Cette tendance est définie comme une tentative de rétablir l’équilibre en commettant volontairement une action négative envers le transgresseur, c’est l’inclination de base à faire du mal à quelqu’un qui en a fait (McCullough et al., 2001). Selon les résultats obtenus par ces auteurs, la vengeance est liée à moins de pardonnabilité, plus de ruminations à propos de l’offense, des affects négatifs plus élevés, une satisfaction de vie plus basse et également le maintien de la volonté de vengeance à travers le temps. D’après ces auteurs il y a des différences interindividuelles qui doivent être considérées, certains individus étant plus vindicatifs que d’autres et ayant moins tendance à pardonner, ceci parce que pour eux la vengeance est une réponse moralement correcte lors d’une transgression. Ces personnes tendent à réparer le mal subi en rétablissant la balance morale ou encore en donnant une leçon à l’offenseur, par la vengeance qui en quelque sorte peut-être considérée comme une punition. La tendance à pardonner n’est alors possible que lorsque cette motivation négative diminue. Pardonnabilité et vengeance peuvent donc être considérées comme deux pôles motivationnels opposés.

La pardonnabilité entre en jeu lorsque quelqu’un a subi une transgression. En ce qui concerne cette recherche, nous nous focalisons tout particulièrement sur les transgressions interpersonnelles. L’auteur de la transgression viole une règle sociale ou morale et ceci engendre une conséquence négative sur la victime de celle-ci, telle que l’offense ou encore une blessure physique ou psychologique. Nous nous intéressons dans cette recherche à l’évolution de la pardonnabilité avec l’âge ainsi qu’à divers facteurs pouvant l’influencer.

Nous observons également ces diverses influences sur le jugement de la gravité via l’évaluation de différents types de transgressions. Ceci nous permettra de comparer le lien entre la pardonnabilité et la gravité de la transgression puisqu’en général plus une transgression est grave et moins elle est pardonnable. Par exemple dans la recherche de Maxfield et al., plus la transgression est jugée sévère et plus la sévérité de la punition attribuée est élevée (2007). Tout d’abord, nous allons nous intéresser à l’évolution de la pardonnabilité avec l’âge ainsi qu’à la gravité. Nous allons ensuite présenter les facteurs

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influençant la pardonnabilité, en commençant par les facteurs personnels, puis les facteurs propres à la transgression.

1.2. EVOLUTION DE LA PARDONNABILITÉ AVEC LÂGE

Nous nous intéressons tout particulièrement à observer l’évolution de la capacité à pardonner à travers l’âge. Selon certaines recherches, notamment celle de Mullet, Houdbine, Laumonier et Girard (1998), l’âge est le déterminant le plus important de la pardonnabilité : les personnes âgées sont plus aptes à pardonner que les jeunes adultes ou les adultes d’âge moyen. Dans cette recherche, quatre facteurs sont utilisés pour définir la pardonnabilité : (1) vengeance versus pardonnabilité, (2) circonstances personnelles et sociales, (3) obstacle à la pardonnabilité et (4) bloc pardonnabilité. Le facteur vengeance versus pardonnabilité, qui est celui qui prédit le mieux la tendance générale à pardonner, est fortement lié à certaines caractéristiques personnelles, c’est-à-dire que les personnes âgées, les femmes, les croyants et ceux qui vont à l’église ont un score plus élevé en pardonnabilité. Les résultats d’une autre recherche, celle de Girard et Mullet (1997) montrent également que les personnes âgées présentent des scores de pardonnabilité plus élevés. Il est ici à noter que ce score élevé chez les personnes âgées est dû au fait qu’elles pardonnent inconditionnellement. Ces personnes ont probablement atteint le sixième stade de la Théorie du développement moral de la pardonnabilité d’Enright (1991), pardonnabilité comme amour, la pardonnabilité ne dépend plus, à ce niveau-là, d’un contexte social. Enright (1991), présente six stades de développement de la pardonnabilité mais il est tout de même à relever que le seul qui correspond réellement à la définition de pardonnabilité est le dernier, puisque les deux premiers confondent pardonnabilité et justice, les deux suivants prétendent que la pardonnabilité n’est présente que sous pression et l’avant dernier requiert l’harmonie pour que la pardonnabilité soit accordée. Les résultats obtenus par Gauché, Mullet et Chasseigne (2005) vont dans le même sens que ceux de Girard et Mullet (1997), c’est-à-dire que la disposition à pardonner est plus faible pour les adultes d’âge moyen par rapport aux jeunes adultes et aux personnes âgées, ces dernières pardonnant le plus. Allemand (2008) ainsi que Toussaint et collaborateurs (2001), trouvent également que les personnes âgées ont plus tendance à pardonner. Subkoviak et collaborateurs (1995), ont effectué une étude avec deux groupes d’âge, des étudiants et leur parent de même sexe et ils ont trouvé que les étudiants pardonnent moins que leur parent. Ces différentes études montrent que la pardonnabilité augmente avec l’âge. Cet effet est linéaire pour certains, dont Subkoviak et al. (1995), ou curvilinéaire, les jeunes adultes pardonnant plus que les adultes d’âge moyen, qui pardonnent

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également moins que les adultes âgés pour Gauché et al. (2005) ou encore Girard et Mullet (1997).

Par ailleurs, les personnes âgées sont moins affectées par la pression sociale, et les excuses ne sont pas nécessaires pour elles ; c’est uniquement chez les adolescents que l’attitude des autres et la présence d’excuses sont importantes pour la tendance à pardonner (Girard et Mullet, 1997). Ce résultat est également retrouvé dans la recherche de Mullet et al.

(1998), où les participants jeunes ont un score plus élevé au facteur des circonstances sociales, ce qui démontre qu’ils tiennent plus compte du contexte social dans leur jugement de pardonnabilité. Les résultats obtenus par Allemand (2008) démontrent également que la proximité sociale n’influence pas le jugement de pardonnabilité chez les personnes âgées alors que c’est le cas chez les adultes plus jeunes, et que le fait d’influencer la perception du temps futur augmente la tendance à pardonner mais à moindre mesure chez les personnes âgées. Ces différences d’âge au niveau de la pardonnabilité pourraient être dues à une différence d’exposition aux transgressions interpersonnelles avec l’âge. Les personnes âgées, ayant vécu plus de situations où la pardonnabilité a été utilisée comme technique de résolution de problèmes, maintiennent cette solution pour régler les conflits interpersonnels (Allemand, 2008 ; Mullet et al., 2003). Il semblerait donc que selon l’âge de la personne, les mêmes variables n’ont pas le même poids sur la tendance à pardonner.

Comme nous venons de le voir, il a été trouvé à plusieurs reprises dans la littérature que les personnes âgées ont une plus forte tendance à pardonner, ce qui pourrait être en lien avec l’optimisation des affects positifs avec l’âge (Labouvie-Vief, 2003, 2008). Selon la théorie de l’intégration dynamique de Labouvie-Vief (2003, 2008 ; Labouvie-Vief &

González, 2004) pour une bonne régulation des affects, deux fonctions émotionnelles sont indispensables : d’une part l’optimisation du bien-être et d’autre part la différenciation et la complexité. Celles-ci permettent de coordonner les sentiments du hic et nunc avec ceux du passé et du futur tout en les synchronisant avec ceux d’autrui. Une bonne complexité émotionnelle permet donc de coordonner les aspects positifs et négatifs d’une même situation en ayant une perception émotionnelle plus différenciée permettant ainsi de mieux comprendre les émotions des autres, tout en gardant une perception claire de ses propres émotions (Labouvie-Vief, 2003, 2008). L’intégration est possible lorsque l’activation émotionnelle est modérée, et sa capacité augmente entre l’adolescence et l’âge adulte mais diminue plus tardivement, car des limitations cognitives liées à un déclin neurobiologique (Cabeza, 2002)

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ou à une moins bonne régulation émotionnelle favorisent des processus compensatoires, qui compromettent l’intégration (Labouvie-Vief & González, 2004). L’intégration dynamique suggère que beaucoup de personnes âgées compensent une diminution de complexité cognitivo-affective par une optimisation des réponses, ceci impliquant une dégradation des réponses complexes (Labouvie-Vief, 2003). La favorisation de l’optimisation par rapport à la différenciation et complexité est adaptative lors de situations menaçant le bien-être et la survie de l’individu et est liée à de meilleures conséquences psychologiques (Labouvie-Vief &

González, 2004). Le pattern d’intégration émotionnelle, construit sur la base du niveau d’intégration et d’optimisation (deux dimensions), donne lieu à quatre patterns possibles : (1) integrated : complexité et optimisation élevées, (2) defended ou self-protective : différenciation basse et optimisation élevée, (3) complex : différenciation élevée et optimisation basse et (4) dysregulated : complexité et optimisation basses (Labouvie-Vief &

Medler, 2002). Celui retrouvé chez les personnes âgées va dans le sens de l’optimisation, une grande partie de ces derniers étant classifiés dans le self-protective group par Labouvie-Vief et Medler. Selon ces auteurs ce pattern d’optimisation est un processus compensatoire puisqu’il favorise les expériences positives et cela a un impact favorable sur la santé physique et psychologique des personnes âgées.

1.3. LE JUGEMENT DE LA GRAVITÉ

Il est également intéressant d’observer l’évolution du jugement de gravité. L’étude de Maxfield et al. (2007) s’intéresse aux différences entre les jeunes et les âgés au niveau du jugement de la sévérité d’une transgression, en réponse à une saillance de mort. La Terror management theory (TMT) de Greenberg, Pyszczynski et Solomon, (1986, cité par Maxfield et al., 2007), soutient que la conscience de l’inévitabilité de la mort a un puissant impact sur le jugement et le comportement de l’être humain, qui tente de maintenir son estime de soi et le bienfondé de ses croyances culturelles en jugeant plus sévèrement ceux qui vont à l’encontre de ses croyances. Ceci afin de se protéger de l’anxiété liée à la saillance de la mort. Dans l’étude de Maxfield et ses collaborateurs, les participants doivent juger des transgressions morales interpersonnelles de la Moral Trangression Scale (MTS) de Florian et Mikulincer (1997) au niveau de la sévérité de la transgression et de la punition recommandée. Cette étude s’intéresse au versant négatif de la pardonnabilité, la vengeance, et ceci au-travers de la punition. La saillance de mort est induite par un processus d’évocation via deux questions ouvertes ou en complétant un puzzle avec des mots liés à la mort (induction implicite), versus l’évocation d’une douleur dentaire en condition contrôle. Dans la condition contrôle, les

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personnes âgées jugent plus sévèrement les transgressions morales que les jeunes. Par contre, lorsque la mort est saillante il n’y a pas de différence entre ces deux groupes d’âge. Les personnes âgées ne montrent donc pas le pattern typique de jugement plus sévère lors de saillance de la mort, bien que les jugements qu’elles portent soient toujours plus sévères que ceux des jeunes. Dans la condition d’induction implicite, les personnes âgées jugent les transgressions moins sévèrement que dans la condition contrôle, tandis que les jeunes les jugent plus sévèrement. Ces résultats peuvent être mis en lien avec la théorie émotionnelle de Labouvie-Vief (2003, 2008), qui montre que les personnes âgées ont pour but de maintenir un équilibre affectif positif, ce qui les pousse à éviter les situations pouvant provoquer des affects négatifs et être plus attentives à celles engendrant des affects positifs. Selon Maxfield et al.

(2007), l’augmentation de l’âge peut entraîner un changement dans l’utilisation des croyances culturelles et des valeurs dans le but de promouvoir un équilibre psychologique, ce qui implique plus de tolérance et de pardonnabilité comme bases d’une sécurité émotionnelle.

D’autres études, telles que celle de Florian et Mikulincer (1997), montrent que ce ne sont pas uniquement les normes sociales et les valeurs qui induisent le jugement social. D’après leurs résultats, le jugement social est également influencé par la rencontre symbolique avec la menace de mort et la signification qu’attachent les individus à cette rencontre. Dans cette recherche, les participants, des jeunes adultes, jugent 20 vignettes, dont une moitié décrit des transgressions intrapersonnelles et l’autre, des transgressions interpersonnelles. Les transgressions sont jugées plus sévèrement lorsque l’aspect de la mort rendu saillant, qui peut être intrapersonnel (peur de la perte d’autosatisfaction et peur du suicide) ou interpersonnel (peur de la perte de l’identité sociale et peur des conséquences pour la famille et les amis), a une signification pour l’individu, parce que cet aspect l’effraie, et que le type de transgressions qu’il juge est du même type (intrapersonnel versus interpersonnel) que l’aspect de la mort qu’ils craignent le plus.

Le jugement de la gravité d’une transgression est influencé par diverses composantes, dont certaines sont automatiques d’après le modèle intuitionniste de Jonathan Haidt (2001).

Selon cet auteur, le raisonnement moral est la conséquence du jugement moral (causé par une rapide évaluation automatique) et non sa cause. Haidt mentionne qu’il y a deux processus cognitifs en jeu : le raisonnement et l’intuition. Souvent trop d’importance est donnée au raisonnement qui est motivé par le besoin de le transmettre. Selon l’auteur le modèle intuitionniste social fonctionne de telle sorte que le jugement est causé par une rapide intuition morale qui est suivie par un lent raisonnement moral, par ailleurs uniquement causé

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lorsque le raisonnement doit être transmis à quelqu’un d’autre. Haidt mentionne que l’intuition est un processus rapide, sans effort et automatique tandis que le raisonnement est plus lent, nécessite de l’effort et est composé de plusieurs étapes qui sont accessibles consciemment. Le modèle intuitionniste social n’est pas antirationaliste, il intègre de façon complexe et dynamique l’intuition, le raisonnement et l’influence sociale qui, par leurs interactions produisent un jugement moral (Haidt, 2001). D’après Haidt pour comprendre réellement comment fonctionne la moralité humaine, il faut s’intéresser aux processus intuitifs et émotionnels et non au raisonnement moral. Le modèle sur le comportement de volonté face à la tentation de Metcalfe et Mischel (1999) est intéressant dans la mesure où il propose deux systèmes de prise de décision distincts mais en interaction. Le système hot est spécialisé dans le traitement émotionnel rapide et se base sur des réponses amygdaliennes. Au contraire, le système cool est spécialisé dans les pensées/représentations spatiotemporelles et épisodiques complexes et il se base sur des réponses hippocampales et frontales (qui nécessitent donc planification et inhibition). Le modèle de Haidt (2001) montre qu’une réponse émotionnelle peut être très rapide (i.e. automatique) et donner lieu à une intuition, ce qui pourrait être valable pour des transgressions choquantes, telles que l’interruption de grossesse, l’euthanasie ou encore l’inceste. Néanmoins l’automatisation de la réponse diffère selon le thème de la transgression. D’après la théorie des marqueurs somatiques de Damasio (1994) les émotions secondaires, telles que l’empathie par exemple, dépendent de représentations, c’est-à-dire de marqueurs somatiques. Bastien et Bastien-Toniazzo (2002) présentent la conception des marqueurs somatiques de Damasio et mentionnent que pour ce dernier ceux-ci peuvent opérer de façon cachée, c’est-à-dire que ce qui est marqué comme négatif n’accède pas à la conscience et ce qui est marqué comme positif y accède plus probablement. Pour Damasio (1994, cité par Bastien & Bastien-Toniazzo, 2002) ceci pourrait être une interprétation de l’intuition et les émotions joueraient donc un rôle de présélecteur.

Une émotion est liée à une expérience et ainsi des décisions peuvent être prises rapidement.

Ces diverses théories nous permettent de constater qu’un jugement est plus fortement influencé ou même automatisé dans des situations ayant été rencontrées au préalable ou étant fortement marquées socialement mais qu’il peut également découler d’un raisonnement construit et demandant plus de ressources cognitives lors de situations moins familières. Ceci nous permet donc de nous questionner sur l’influence du degré d’automatisation dans le jugement de la gravité d’une transgression.

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1.4. FACTEURS PERSONNELS INFLUENÇANT LA PARDONNABILITÉ

Nous avons relevé dans la littérature divers facteurs influençant le jugement de la pardonnabilité, certains propres à la transgression, d’autres propres à la personne qui la juge.

L’effet du temps qui passe augmente la tendance à pardonner des personnes ayant subit une transgression interpersonnelle, mais la perception du temps écoulé depuis la transgression est quelque chose de personnel et subjectif (Wohl & McGrath, 2007). Les résultats de ces auteurs montrent que la victime a moins de désir de vengeance ou d’évitement envers le transgresseur lorsque la transgression est considérée comme proche temporellement, car elle pourra s’engager dans une discussion avec le transgresseur à propos de l’événement blessant. Selon les auteurs, changer la distance temporelle subjective en la manipulant peut aider à créer de meilleures relations interpersonnelles, puisque la perception du temps est centrale pour guérir les blessures du passé.

La rumination à propos d’une transgression et la tentative de la supprimer semblent être liées au changement au niveau de la pardonnabilité au travers du temps, puisque la pardonnabilité est entravée par la rumination et la tendance à avoir des pensées, des affects ou des images intrusives à propos de la transgression (McCullough, Bellah, Kilpatrick &

Johnson, 2001 ; McCullough, 2001). Ashton, Paunonen, Helmes et Jackson (1998) relèvent que les émotions négatives facilitent les sentiments de colère et de ressentiment à l’encontre du transgresseur. La rumination est donc un facteur à relever au sein des relations interpersonnelles, notamment en ce qui concerne les relations maritales, comme il a été montré dans la recherche de Paleari, Regalia et Fincham (2005), la rumination engendre de moins bonnes relations maritales et moins de satisfaction par rapport à celles-ci puisqu’elle est liée négativement à la pardonnabilité.

La disposition à pardonner est également reliée à la religiosité et à la spiritualité (McCullough, 2001). Les personnes se considérant comme étant religieuses et/ou attirées par la spiritualité attribuent plus de valeur à la pardonnabilité et se voient comme plus aptes à pardonner que celles qui se considèrent moins religieuses ou attirées par la spiritualité (McCullough & Worthington, 1999). Cependant les auteurs relèvent que la façon concrète de pardonner ne diffère pas selon la religiosité ou la spiritualité. Ils constatent que ces résultats pourraient être dus à un biais de désirabilité sociale, car selon les normes de la majorité des religions, la pardonnabilité est valorisée, et pour être un bon croyant, il faut pardonner.

D’autre part il est possible qu’une personne croie avoir pardonné à une autre, alors qu’en fait

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elle tente uniquement d’appliquer ce que lui dicte sa religion ou encore sa philosophie de vie (Mullet et al., 2003). Mullet et ses collaborateurs démontrent que les personnes qui vont régulièrement à l’église ont plus tendance à pardonner et ce lien augmente avec l’âge. Par contre, il est à relever que les personnes religieusement impliquées ne sont pas plus sensibles que les autres aux circonstances personnelles ou sociales relatives à l’offense (Mullet et al., 2003 ; Neto, 2007). Selon Neto (2007), la religiosité prédit positivement la tendance à pardonner et négativement l’amertume.

Plusieurs facteurs peuvent moduler la volonté de pardonner de la victime, tels que sa personnalité (McCullough, 2001). Dans plusieurs recherches (Ashton et al., 1998 ; Walker &

Gorsuch, 2002 ; Neto, 2007) il a été démontré que la pardonnabilité est liée à deux dimensions du Big Five (McCrae & Costa, 1999) : l’agréabilité, c’est-à-dire altruisme, empathie, soin et générosité et la stabilité émotionnelle, composée d’une faible vulnérabilité aux émotions négatives. Ashton et al. (1998) et Walker et Gorsuch (2002), ont trouvé que les personnes ayant des scores élevés dans ces deux dimensions montrent une disposition à pardonner (et à la non-vengeance) plus élevée que celles ayant un score faible, qui présentent plus de ruminations et une tendance accrue à la vengeance.

Nous allons tout particulièrement nous intéresser à certains facteurs entrant en jeu dans la pardonnabilité que nous avons observé plus fréquemment dans la littérature, l’empathie, les traits émotionnels de la victime de la transgression et l’attachement. Lorsqu’une personne pardonne, plusieurs facteurs psychologiques entrent en jeu, et ceux-ci diffèrent selon les recherches. D’après McCullough (2001) il s’agirait, parmi d’autres facteurs, de l’évaluation émotionnelle de la transgression et du transgresseur faite par la victime, les personnes pardonnent le plus en faisant une évaluation plus positive. Selon cet auteur la pardonnabilité pourrait être vue comme une caractéristique adaptative des personnes agréables et émotionnellement stables ou encore être considérée comme un but pour les personnes ayant ces traits de personnalité. D’ailleurs les personnes ayant plus d’affects négatifs et une anxiété plus élevée rapportent moins de pardonnabilité (Subkoviak et al., 1995). L’étude de Hebl et Enright (1993) montre également que la pardonnabilité est liée à une faible anxiété-trait, car avec l’augmentation de la pardonnabilité après une thérapie de huit semaines, l’anxiété-trait diminue, toutefois cet effet de diminution de l’anxiété-trait est également noté dans le groupe contrôle (celui-ci participe à des groupes de discussion sur divers thèmes mais n’aborde pas la pardonnabilité). Donc une bonne capacité de gestion de ses émotions engendre plus de

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pardonnabilité (Hodgson & Wertheim, 2007 ; Rizkalla, Wetheim, & Hodgson, 2008). Selon Weiner (1993) le manque d’effort causant l’échec engendre une punition plus forte que le manque de compétences ; notre perception des choses et nos émotions façonnent notre jugement. Lorsque quelqu’un change ses attributions causales au sujet du comportement négatif de quelqu’un d’autre, il devient et plus empathique et plus apte à pardonner celui qui l’a offensé.

L’empathie peut être définie comme une émotion congruente avec l’émotion de l’autre, sans nécessairement être pareille, elle est plutôt centrée sur l’autre que sur soi-même, puisque son but est de profiter à celui pour qui elle est ressentie (Batson & Shaw, 1991).

D’après ces derniers des concepts tels que sympathie, compassion et tendresse contribuent à définir ce concept. McCullough (2001), mentionne que l’empathie ressentie envers l’auteur de la transgression facilite la tendance à pardonner. D’après McCullough, Worthington et Rachal (1997), l’empathie est perçue comme un facteur facilitateur permettant de surmonter la première tendance de réponse destructrice, engendrée par une forte offense interpersonnelle.

D’après ces auteurs, l’empathie peut entraîner chez la personne offensée la capacité de veiller aux besoins du partenaire qui l’a blessée et ils mettent l’empathie en lien avec l’altruisme.

Mais elle peut également être comprise comme l’expérience de sentir ce que l’autre sent, d’être capable de comprendre et se mettre en lien avec l’expérience d’autrui (Wade &

Worthington, 2005). Hodgson et Wertheim (2007) ainsi que Rizkalla, et collaborateurs (2008), définissent l’empathie comme ayant deux versants : la prise de perspective, qui est une composante cognitive, et une composante plus affective d’orientation vers les autres. Les résultats obtenus dans ces études montrent que la capacité de prendre la perspective d’autrui est un médiateur entre la capacité de mieux gérer et réparer ses émotions et la pardonnabilité.

Ainsi une bonne capacité de gestion de ses émotions aide à une meilleure prise de perspective qui engendre une plus grande pardonnabilité. Ces auteurs expliquent que la prise de perspective est extrêmement importante par rapport à la pardonnabilité, puisqu’elle permet à l’individu de comprendre le point de vue de l’autre et en retour lui donne la capacité de réparer ses propres émotions en rétablissant un affect positif et de l’optimisme face à l’événement négatif. Batson et Shaw (1991) mentionnent également que l’empathie est en lien avec la prise de perspective et que celle-ci influence la pardonnabilité. Les résultats de l’étude de Batson et collaborateurs (2003) vont dans ce sens, la moyenne d’empathie étant plus élevée dans la condition où il faut imaginer l’autre que dans les conditions sans prise de perspective et où il faut s’imaginer soi-même. Dans cette étude le participant doit attribuer deux tâches,

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l’une avec des conséquences positives (gagner des tickets de tombola) et l’autre avec des conséquences neutres. Les résultats montrent que ceux qui ont un score d’empathie élevé vont plutôt assigner la tâche avec la conséquence positive à l’autre et non à eux-mêmes ; cette décision montre qu’il s’agit d’empathie induite par une motivation altruiste. L’empathie entraîne donc une motivation morale, le désir d’agir en accord avec certains principes, via la prise de perspective (Batson et al., 2003).

La pardonnabilité peut également être influencée par d’autres caractéristiques personnelles, telles que l’attachement. L’attachement est un lien affectif puissant entre deux personnes faisant intervenir un sentiment de sécurité lors de la présence du partenaire et ce lien d’attachement continue à être important tout au long de la vie (Bowlby, 1982). Selon Bowlby, les représentations mentales guident le sentiment de sécurité et il postule qu’il y a deux types de modèles de travail interne, un modèle interne de soi et un modèle interne des autres. L’attachement peut également être catégorisé selon deux dimensions, l’anxiété et l’évitement (Brennan, Clark, & Shaver, 1998). D’ailleurs un parallèle peut être fait avec les modèles internes : un modèle négatif de soi est associé à l’anxiété de l’abandon et un modèle négatif de l’autre est associé à des comportements d’évitement (Bartholomew & Horowitz, 1991). Quatre styles d’attachement ont été identifiés en lien à ces deux dimensions, le style sécure se définit par un bas niveau d’anxiété et d’évitement, le style ambivalent ou résistant se caractérise par un haut niveau d’anxiété et un bas niveau d’évitement, le style évitant se compose d’un haut niveau d’anxiété et d’évitement et le style désorganisé/désorienté, qui est constitué d’un bas niveau d’anxiété et d’un haut niveau d’évitement. Chacun de ces styles représente un prototype théorique auquel chacun peut plus ou moins s’apparenter (Bartholomew & Horowitz, 1991). Selon la théorie de l’attachement de Bowlby (1982), les différences individuelles d’attachement sont cruciales pour la compréhension de la manière dont les individus régulent leur colère dans les moments de détresse. En effet, selon le type d’attachement développé, la tendance à pardonner diffère (Burnette, Taylor, Worthington, &

Forsyth, 2007). Ces auteurs s’intéressent dans leur recherche au lien entre le style d’attachement, mesuré à l’aide de l’Experience in Close Relationships Scale (ECR ; Brennan, et al., 1998), et la pardonnabilité, évaluée par le Trait Forgivingness Scale (TFS ; Berry, Worthington, O’Connor, Parrot, & Wade, 2005). Ils s’intéressent également aux ruminations de colère dans leur deuxième étude en utilisant le Dissipation-Rumination Scale (DRS ; Caprara, 1986). Les auteurs trouvent que l’attachement est un bon prédicteur de la disposition à pardonner, notamment dans leur deuxième étude où les personnes ayant un attachement

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insécure rapportent moins de pardonnabilité que celles ayant un attachement sécure. L’anxiété et l’évitement engendrent donc moins de pardonnabilité. Ces auteurs trouvent également que ceux qui ont un attachement insécure présentent une plus faible tendance à pardonner, car ils répondent aux transgressions avec plus de ruminations de colère excessive. Cette étude permet de constater que l’attachement et la pardonnabilité sont liés par les ruminations de colère. En effet les personnes insécures auraient plus tendance à avoir des ruminations de colère suite à une transgression et par ce biais elles maintiendraient des émotions négatives, ce qui les empêcherait d’avoir un changement motivationnel les menant à pardonner. En revanche, les personnes ayant un attachement sécure auraient moins tendance à ruminer, ressentiraient ainsi plus facilement de l’empathie et seraient plus aptes à prendre la perspective de l’autre et par conséquent le changement motivationnel positif en vue de pardonner pourrait se faire.

1.5. FACTEURS PROPRES À LA TRANSGRESSION INFLUENÇANT LA PARDONNABILITÉ

Pour Gauché et al. (2005), la capacité à pardonner est influencée par : (1) le degré de proximité sociale par rapport à l’acteur de la transgression, (2) le degré d’intentionnalité de la transgression, ainsi que (3) la gravité des conséquences de l’acte, les excuses concernant l’acte en question et (4) les conséquences de la transgression (si elles sont encore d’actualité ou terminées). Gauché et ses collaborateurs (2005) demandent aux participants de juger 16 petites histoires de quelques lignes contenant les facteurs précédemment cités en faisant varier l’implication personnelle (i.e. le jugement se fait d’un point de vue personnel, en donnant son propre avis sur la pardonnabilité de la situation, ou d’un point de vue normatif, en disant à quel point il est approprié de pardonner). Les résultats de ces auteurs montrent que le fait que les conséquences soient dépassées est le facteur ayant le plus de poids du point de vue personnel. Par exemple, la promotion de Josiane est refusée et en plus elle est transférée dans un autre secteur parce que sa sœur a dévoilé certaines informations à son sujet, mais à sa nouvelle place de travail elle obtient sa promotion. Ainsi, la transgression de cette vignette est jugée plus pardonnable, car les conséquences négatives de la transgression ne sont plus d’actualité. Par contre, l’effet des excuses a plus de poids du point de vue normatif, c’est-à- dire que les participants jugent comme étant plus approprié de pardonner lorsque le transgresseur présente des excuses à la victime. Ceci nous permet donc de constater que les conséquences de la transgression sont extrêmement importantes dans le jugement de la pardonnabilité.

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D’autres auteurs ont révélé que la pardonnabilité dépend de facteurs externes et internes. Nous nous intéressons tout particulièrement aux facteurs externes, c’est-à-dire physiques ou sociaux, que Girard et Mullet (1997) présentent. Les facteurs qu’ils retiennent sont les caractéristiques de la victime de la transgression et celles de l’auteur (e.g. âge), la transgression en soi, c’est-à-dire la sévérité des conséquences et la volonté de faire du mal ainsi que ce qui se passe après la transgression, par exemple le fait que les conséquences négatives/aversives soient terminées. La pardonnabilité est plus élevée lorsqu’il n’y a pas de volonté de nuire, lorsque l’auteur de la transgression s’excuse et après que les conséquences de la transgression soient terminées (Mullet et al., 1998).

1.6. PROBLÉMATIQUE

La pardonnabilité peut être considérée comme une combinaison d’affects, de cognitions et de comportements qui motivent un individu à chercher la réconciliation après une injustice réelle ou imaginée (Walker & Gorsuch, 2002). La pardonnabilité reste néanmoins un concept difficile à définir et également à mesure puisque de multiples facteurs la composent et l’influencent. Afin d’y parvenir, nous avons créé un questionnaire composé de 36 vignettes : Pardonnabilité, Age, Auteur, Victime (PAAV). Les vignettes évoquent des transgressions interpersonnelles et nous avons retenu quatre facteurs d’intérêt. Girard et Mullet (1997) présentent la transgression en soi et ses conséquences comme des facteurs externes influençant la pardonnabilité ; nous avons donc fait varier le type (violence, mensonge, vol), l’intensité (trois niveaux) et la conséquence (psychologique ou physique) de nos vignettes. La prise de perspective est liée à l’empathie et le fait de prendre la perspective de l’autre peut susciter plus de pardonnabilité, ou encore permettre un recadrage de la situation (Batson et al., 2003 ; Hodgson & Wertheim, 2007 ; Rizkalla et al., 2008 ; Weiner,1993). Nous avons donc également fait varier la perspective (auteur ou victime) au sein de nos vignettes. Notre but étant de mesurer la pardonnabilité et la gravité de chacune de nos vignettes afin de voir l’effet de chacun de ces facteurs sur ces deux jugements ainsi que l’évolution de ceux-ci avec l’âge. Nous nous attendons à trouver des différences entre les trois groupes d’âge au niveau des deux jugements, comme cela a été rapporté dans la littérature et notamment à ce que la disposition à pardonner augmente avec l’âge (Allemand, 2008 ; Florian

& Mikulincer, 1997 ; Gauché et al., 2005 ; Girard & Mullet, 1997 ; Maxfield et al., 2007 ; Mullet et al., 1998, 2003 ; Toussaint et al., 2001 ; ).

(19)

Nous allons également utiliser la MTS (Maxfield et al., 2007) afin de mesurer la sévérité de transgressions et la sévérité de la punition associée, à l’aide de vignettes. Le jugement de la sévérité de la punition et la pardonnabilité peuvent être considérés comme des termes antinomiques, ceci car la vengeance (punition) est considérée par McCullough et al.

(2001) comme étant opposée à la pardonnabilité. Nous nous attendons donc à observer un lien entre les deux échelles de notre questionnaire PAAV (gravité et pardonnabilité) et celles de la MTS (sévérité de la transgression et sévérité de la punition).

Nous nous intéressons également au lien entre nos deux variables d’intérêt (i.e. la pardonnabilité et la gravité) et des facteurs personnels : l’attachement, l’empathie, l’anxiété et les affects positifs/négatifs. D’après la littérature, les personnes ayant un attachement sécure (anxiété et évitement faibles) sont plus enclines à pardonner (Burnette et al., 2007). Nous allons mesurer les deux dimensions de l’attachement, anxiété et évitement, grâce à l’ECR (Brennan et al., 1998). Nous nous attendons à ce qu’il y ait un lien entre ces deux dimensions et la pardonnabilité. L’empathie, comme cela a été présenté précédemment, est un facilitateur de pardonnabilité et est en lien avec la prise de perspective (Batson et al., 2003). Nous allons utiliser l’Interpersonal Reactivity Index (IRI ; Davis, 1983) pour mesurer l’empathie et nous attendons à ce qu’il y ait un lien entre celle-ci et la pardonnabilité. D’après la littérature l’anxiété-trait est liée à la pardonnabilité (Subkoviak et al., 1995 ; Hebl & Enright, 1993).

Nous allons mesurer l’anxiété trait avec le State-Trait Anxiety Inventory (STAI-T ; Spielberger, 1983). Nous nous attendons à un lien négatif entre l’anxiété et la pardonnabilité.

Des traits affectifs stables et positifs provoquant un degré plus élevé de pardonnabilité (McCullough, 2001), nous allons mesurer les affects avec le Positive and Negative Affect Schedule (PANAS ; Watson & Tellegen, 1985). Nous nous attendons à un lien entre affects et pardonnabilité. En somme nous nous attendons à ce que la pardonnabilité et la gravité soient modulées par des facteurs propres à la transgression ainsi que par des facteurs personnels et qu’elles évoluent avec l’âge.

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2. METHODE

2.1. ETUDE PRÉLIMINAIRE

Cette étude a été conduite afin de trouver les thèmes nécessaires à la construction des vignettes du questionnaire PAAV. Le but étant de relever les thèmes ressortant le plus souvent grâce à une analyse qualitative.

3.1.1 PARTICIPANTS

Nous avons recruté 82 participants, 16 hommes ayant entre 18 et 40 ans (M = 24.06, ET = 7.13) et 66 femmes de 18 à 40 ans (M = 21.09, ET = 7.13) dans un cours de première année de psychologie afin d’obtenir les thèmes de nos transgressions.

3.1.2 PROCÉDURE

Nous leur avons demandé de formuler des transgressions pour sept niveaux de gravité, le niveau 1 correspondant à une transgression peu grave, le niveau 7 à une transgression très grave : Pour chaque « point » de cette échelle de sévérité allant de 1 « pas du tout sévère » à 7 « très sévère », nous vous demandons de lister au moins 3 transgressions. (voir annexe A, p.45). Nous avons effectué une analyse qualitative par niveau de gravité, ce qui nous a permis de relever les types de transgression les plus fréquents dans chacun des sept niveaux. Nous avons ensuite repris les thématiques ressortant le plus souvent dans chacun de ces niveaux : le vol, le mensonge et la violence. Etant donné que la plupart des participants n’ont pas rempli chacun des sept niveaux de gravité, nous avons décidé de réduire à trois les niveaux de gravité, en regroupant certains des sept niveaux initialement prévus. Ainsi, les niveaux de gravité 1 et 2, sont devenus le niveau d’intensité 1 ; les niveaux 3, 4 et 5 sont devenus le niveau 2 et finalement les niveaux 6 et 7 sont devenus le niveau 3.

3.1.3 CONSTRUCTION DES VIGNETTES DU QUESTIONNAIRE PARDONNABILITÉ, AGE, AUTEUR,VICTIME (PAAV)

En se basant sur ces trois types de transgressions, nous avons construit 36 vignettes, 12 pour chacune des thématiques. Les vignettes comprennent quatre à six lignes décrivant la transgression (étant de l’un des trois types) et ayant chaque fois deux acteurs principaux : la victime et l’auteur. Pour chaque transgression, nous avons fait varier plusieurs facteurs : le type de transgression (violence, mensonge, vol), l’intensité de la sévérité (faiblement, moyennement, extrêmement sévère), la conséquence (psychologique, physique), ainsi que la prise de perspective (auteur, victime).

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Chaque vignette a été construite selon le même schéma : contexte, événement et conséquence. Puis chacune des histoires a été mise sous les deux perspectives. En ce qui concerne la vignette du point de vue de l’auteur, il y a une phrase supplémentaire justifiant brièvement la cause de son comportement, afin de susciter l’empathie du lecteur.

Étant donné que nos sujets appartiennent à trois groupes d’âge différents, nous avons contrôlé qu’il y ait un même nombre de vignettes s’adressant aux jeunes (six) et aux âgées (six), les restantes étant neutres (24) par rapport à l’âge. Ce contrebalancement a été fait en évoquant des situations avec des personnages jeunes ou âgés, et pour les vignettes neutres la situation est applicable tant à un jeune qu’à un âgé (voir annexe B, p.46).

2.2. EXPÉRIENCE PRINCIPALE

2.2.1. PARTICIPANTS

Nous avons recruté 90 individus tout-venants issus d’une population francophone (45 hommes, 45 femmes), répartis en trois groupes d’âge. Le premier groupe (30 participants), les jeunes adultes âgés de 20 à 39 ans, est composé de 14 femmes (M = 25.66, ET = 4.28) et de 16 hommes (M = 21.62, ET = 5.70). Le second groupe (30 participants), les adultes d’âge moyen âgés de 40 à 59 ans, est composé de 15 femmes (M = 51.29, ET = 5.25) et de 15 hommes (M = 50.45, ET = 6.57). Le troisième groupe (30 participants), les adultes âgés, ayant de 61 à 89 ans, est composé de 16 femmes (M = 68.56, ET = 8.69) et de 14 hommes (M = 68.41, ET = 6.94). Les personnes du troisième groupe d’âge vivaient à la maison. Les principales caractéristiques de l’échantillon sont résumées dans le tableau I.

Les participants ont rempli un questionnaire démographique permettant de catégoriser l’échantillon. Celui-ci rapporte des informations concernant l’âge, le sexe, la langue maternelle, l’éducation, la vie professionnelle, l’état de santé, la satisfaction de vie et le bien- être actuels ainsi que le nombre d’enfants (voir annexe C, p.59).

Ils ont également rempli un questionnaire de dépression permettant d’observer la moyenne de dépression pour chacun des groupes d’âge. Nous avons utilisé la Beck Depression Inventory (BDI-II ; Beck, Steer, & Brown, 1996), qui est un questionnaire d’auto- évaluation composé de 21 items ayant pour but de dépister les signes de dépression chez des individus à partir de 16 ans. La BDI-II a été créée en se basant sur les critères diagnostiques de la dépression selon le DSM-IV (American Psychiatric Association, 1994). La personne

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doit, pour chaque item, choisir l’énoncé parmi quatre qui décrit le mieux comment elle s’est sentie au cours des deux dernières semaines (voir annexe D, p.65). Le score total (étendue : 0 – 63) est calculé en additionnant les scores des 21 items.

Chacun des participants a donné son consentement libre et éclairé pour l’expérience après avoir lu les informations sur la recherche.

Tableau I

Catégorisation de l’échantillon selon le groupe d’âge

Jeunes adultes Adultes d’âge moyen Adultes âgés

N 30 30 30

Âge 27.24 (5.22) 50.87 (5.86) 68.49 (7.79)

% femmes 47% 50% 53%

Education 17.17 (3.21) 13.83 (5.53) 12.86 (2.89)

Bien-être 5.63 (0.10) 5.57 (1.48) 5.73 (1.36)

Satisfaction de vie 5.80 (0.81) 5.83 (0.95) 5.67 (1.06)

Santé générale 5.47 (1.28) 5.37 (1.43) 5.20 (1.52)

Dépression 7.13 (4.73) 6.07 (5.73) 7.33 (4.93)

Note. Les cellules représentent les moyennes, les écarts-types sont entre parenthèses. Bien- être, Satisfaction de vie et Santé générale sont évalués sur une échelle de type Likert de 1 à 7 (1 = peu satisfaisant, 7 = très satisfaisant) ; Dépression = Score total à la BDI-II.

2.2.2. MATÉRIEL

2.2.2.1. QUESTIONNAIRES

Questionnaire Pardonnabilité, Age, Auteur, Victime (PAAV)

Afin d’éviter tout effet d’ordre, nous avons contrebalancé les 36 vignettes en cinq ordres. Les participants ont évalué chacune des vignettes sur deux échelles : la gravité ainsi que la pardonnabilité. Les jugements se sont faits sur une échelle de Likert allant de 1 peu grave/pardonnable à 7 très grave/pardonnable. Il était également demandé au sujet de développer son raisonnement sous chacune de ses réponses pour les 2 échelles : A quel point trouvez-vous cette situation grave ? Veuillez développer votre raisonnement. et A quel point trouvez-vous cette situation pardonnable ? Veuillez développer votre raisonnement. (voir annexe B, p. 46).

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Moral Transgression Scale (MTS ; Maxfield et al., 2007)

Il s’agit de dix vignettes comportant des transgressions personnelles que nous avons traduites en français depuis la version anglaise utilisée par Maxfield et al. (2007). Notre traduction a été à nouveau transposée en anglais, afin que sa qualité puisse être comparée à celle des vignettes originales. Chacune de ces dix vignettes est jugée sur deux niveaux : la sévérité de la transgression et la sévérité de la punition. Pour chaque niveau, l’évaluation est faite sur une échelle de Likert en 15 points allant de 1 extrêmement mineur à 15 une des pires choses qu’une personne puisse faire et de 1 pas de punition à 15 la punition la plus sévère possible. Le jugement de la sévérité de la punition et de la pardonnabilité peuvent être perçus comme des termes opposés, ceci car la vengeance est considérée par McCullough et al., comme étant antinomique à la pardonnabilité (2001). Ici la sévérité de la punition serait considérée comme mesure de vengeance. Nous avons utilisé ce questionnaire afin de pouvoir comparer nos résultats à ceux existant dans la littérature et ainsi vérifier la validité empirique de notre questionnaire (voir annexe E, p.69).

2.2.2.2. MESURES PERSONNELLES

Par ailleurs, nous avons utilisé quatre tests afin d’évaluer les variables personnelles : l’attachement dans une relation intime, l’empathie, l’anxiété, les affects positifs et négatifs.

L’Experiences in Close Relationships (ECR ; Brennan et al., 1998) est composé de 36 items qui mesurent l’attachement adulte sur deux dimensions, l’évitement (ou inconfort avec la proximité/dépendance par rapport à autrui) et l’anxiété (peur du rejet et de l’abandon). Les résultats retrouvés par Brennan et al. (1998) démontrent que les dimensions (i.e. évitement, anxiété) sont plus précises que les catégories (i.e. sécure, ambivalent, évitant, désorganisé), c’est pour cela que nous allons utiliser les dimensions pour nos analyses. L’anxiété peut être mise en lien avec le modèle du soi et l’évitement avec le modèle de l’autre de Bartholomew (1990, cité par Brennan et al., 1998). Ces deux dimensions peuvent également être utilisées pour classifier les individus dans une des quatre catégories d’attachement. La consistance interne, estimée à l’aide du coefficient α de Cronbach, est supérieure à .90 pour chacune des échelles. La personne doit évaluer comment elle se comporte en général dans une relation intime sur une échelle de Likert allant de 1 à 7 (de pas du tout d’accord à tout à fait d’accord), (voir annexe F, p.75).

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L’Interpersonal Reactivity Index (IRI ; Davis, 1983), est un test qui aborde quatre aspects distincts de l’empathie. Les 28 items de ce questionnaire auto-administré sont répartis en quatre sous-échelles de sept items chacune. La sous-échelle du Perspective Taking évalue la capacité à adopter le point de vue de l’autre; le Fantasy évalue la capacité à s’imaginer dans le rôle de personnages fictifs provenant d’un livre, d’un film ou d’une pièce de théâtre;

l’Empathic Concern évalue la capacité à éprouver des émotions orientées vers l’autre lorsqu’il se trouve dans une situation désagréable, et le Personal distress évalue la capacité à éprouver des émotions orientées vers soi lors d’anxiété dans les relations interpersonnelles. La personne doit évaluer ses pensées et sentiments dans diverses situations sur une échelle de Likert de 1 à 7 (de pas du tout comme moi à tout à fait comme moi).

Nous avons utilisé deux questionnaires permettant d’évaluer nos sujets au niveau émotionnel :

La State-Trait Anxiety Inventory (STAI-T ; Spielberger, 1983) est une échelle qui évalue ce que la personne ressent en « général » au niveau de l’anxiété en 20 items. La personne doit juger à quelle fréquence elle ressent ce qui est proposé dans chacun des 20 items sur une échelle de Likert de 1 à 4 (de presque jamais à presque toujours). La STAI-T a une fidélité test-retest allant de .82 à .94, ce qui est une preuve la fidélité de cet instrument (voir annexe G, p.78).

Le Positive and Negative Affect Schedule (PANAS ; Watson & Tellegen, 1985), est une mesure subjective des affects positifs et négatifs de l’individu. D’après les études faites par Watson et Tellegen (1985) ainsi que Watson, Wiese, Vaidya et Tellegen (1999), concernant les émotions positives et négatives, deux dimensions majeures regroupent la totalité des émotions qu’une personne peut ressentir: les affects positifs ainsi que les affects négatifs. Leur théorie est basée sur le circumplex de Russell (1980), selon lequel il y a deux dimensions générales permettant de rendre compte de la totalité des affects, l’agréabilité versus désagréabilité et l’activation ou arousal. Il est demandé aux participants d’évaluer à quelle fréquence sont apparus, au cours de la dernière année, 10 émotions positives et 10 émotions négatives sur une échelle de Likert de 1 à 7 (de très peu/jamais à énormément/souvent), (voir annexe H, p.79).

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2.2.3. PROCÉDURE EXPÉRIMENTALE

L’expérimentateur était présent durant la passation d’une durée d’environ 1h30, qui se déroulait dans un lieu calme.

Afin de neutraliser les effets d’ordre au sein des quatre échelles (ECR, IRI, STAI-T, PANAS), nous avons élaboré deux versions différentes, la version A et B. Finalement, les deux questionnaires, le PAAV et la MTS (Maxfield et al., 2007), le questionnaire démographique et les quatre autres mesures ont été distribués en deux ordres randomisés afin de contrôler les effets d’ordres au sein de la totalité des questionnaires.

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3. ANALYSES

Nous avons calculé un indice moyen de pardonnabilité (P) et un indice moyen de gravité (G) afin de pouvoir comparer les résultats.

3.1. ETUDE DE LA VALIDITÉ EMPIRIQUE DU QUESTIONNAIRE PARDONNABILITÉ, AGE, AUTEUR,VICTIME (PAAV)

Nous avons effectué une analyse corrélationnelle afin de voir quel est le lien entre la gravité et la pardonnabilité d’après les indices moyens. Nous avons observé les liens entre G et P et les scores de sévérité de la transgression et de sévérité de la punition de la MTS (Maxfield et al., 2007), afin de valider notre questionnaire PAAV grâce à une échelle existant dans la littérature.

3.2. EVOLUTION DE LA GRAVITÉ ET DE LA PARDONNABILITÉ AVEC LÂGE

Nous avons effectué des t-tests afin de comparer les indices moyens de gravité et de pardonnabilité en fonction des groupes d’âge.

3.3. ANALYSE DES FACTEURS PROPRES À LA TRANSGRESSION INFLUENÇANT LA GRAVITÉ ET LA PARDONNABILITÉ

Nous avons effectué une ANOVA à mesures répétées à un facteur inter-sujets (l’âge) et plusieurs facteurs intra-sujets (le type, l’intensité, la conséquence et la perspective), afin de voir l’influence de ces quatre facteurs sur l’évolution de la gravité et de la pardonnalibilité avec l’âge. Pour cela nous avons utilisé les indices moyens de gravité de pardonnabilité comme variables dépendantes.

3.4. ANALYSE DES FACTEURS PERSONNELS INFLUENÇANT LA GRAVITÉ ET LA PARDONNABILITÉ

Nous avons effectué une analyse corrélationnelle afin de déterminer les liens entre les variables personnelles (ECR, IRI, STAI-T, PANAS) et les indices moyens de gravité et de pardonnabilité.

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4. RESULTATS

4.1. ETUDE DE LA VALIDITÉ EMPIRIQUE DU QUESTIONNAIRE PARDONNABILITÉ, AGE, AUTEUR,VICTIME (PAAV)

Afin d’étudier la validité de notre questionnaire nous avons effectué une analyse corrélationnelle entre les indices moyens de sévérité de la transgression et de sévérité de la punition de la MTS (Maxfield et al., 2007) et les indices moyens de gravité et de pardonnabilité du questionnaire PAAV. Cette analyse nous a permis de relever une corrélation positive entre le jugement de la sévérité d’une transgression et la sévérité de la punition sur la totalité de l’échantillon : plus la transgression est jugée sévère, plus la sévérité de la punition est élevée, r (90) = .89, p < .05, ainsi qu’au sein de chacun des groupes 1, 2 et 3 : r (30) = .82, p < .05, r (30) = .92, p < .05, r (30) = .94, p < .05, respectivement. De plus, une corrélation positive existe entre le jugement de la sévérité sur la MTS et l’indice moyen de gravité pour le PAAV, r (90) = .51, p < .05 (voir tableau II). Cela n’est valable que pour les groupe 1 et 2, r (30) = .68, p < .05 et r (30) = .64, p < .05, respectivement. Il y a également une corrélation positive significative entre la sévérité de la punition selon la MTS et l’indice moyen de gravité du PAAV, r (90) = .44, p < .05. A nouveau, ceci uniquement pour les groupes 1 et 2, r (30) = .51, p < .05 et r (30) = .62, p < .05, respectivement. Il y a une corrélation négative entre la sévérité sur la MTS et l’indice moyen de pardonnabilité du PAAV, r (90) = -.29, p < .05. Cela uniquement pour le groupe 1, r (30) = -.48, p < .05. Il y a également une corrélation négative entre la sévérité de la punition pour la MTS et l’indice moyen de pardonnabilité du PAAV, r (90) = -.34, p < .05. Ceci pour les groupes 1 et 2, r (30) = -.41, p < .05 et r (30) = -.47, p < .05 (voir annexe I, p.80).

Tableau II

Corrélations des scores globaux de sévérité et sévérité de la punition pour la MTS et de pardonnabilité et gravité pour le PAAV pour l’ensemble des sujets (N = 90)

* p < .05.

1 2 3 4

1. Sévérité — .89* .51* -.29*

2. Sévérité de la punition — .44* -.34*

3. Indice moyen G — -.59*

4. Indice moyen P —

(28)

4.2. EVOLUTION DE LA GRAVITÉ ET DE LA PARDONNABILITÉ AVEC LÂGE

Nous avons effectué des t-tests afin de voir les différences entre les scores moyens.

Pour les scores moyens de gravité en fonction du groupe d’âge il n’y a aucune différence significative (tous les ts sont inférieurs à 1.57, ps > .12). Pour le score moyen de pardonnabilité, il y a une différence significative entre le groupe des jeunes adultes (groupe 1) (M = 3.75, ET = .61) et le groupe des adultes d’âge moyens qui pardonnent plus (groupe 2) (M = 4.15, ET = .92), t (58) = -2.01, p < .05. Bien qu’il n’y ait pas de différence significative entre le groupe 2 et le groupe des adultes âgés, ces derniers ont tendance à moins pardonner (groupe 3) (M = 3.78, ET = .59), t (58) = 1.85, p = .07. Il n’y a pas de différence significative entre les groupes 1 et 3 (voir graphique 1), t (58) = -.24, p = .81.

Nous avons également effectué une analyse corrélationnelle entre l’indice moyen de gravité et l’indice moyen de pardonnabilité du questionnaire PAAV qui nous a permis de constater que plus une transgression est jugée grave, moins elle est jugée pardonnable r (90) = -.59, p < .05. Ceci pour les trois groupes d’âge, r (30) = -.63, p < .05, r (30) = -.46, p < .05 et r (30) = -.77, p < .05 .

Figure 1 : Scores moyens de gravité et pardonnabilité en fonction du groupe d’âge.

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