G ERGONNE
Analyse algébrique. De l’élimination entre un nombre quelconque d’équations de degrés quelconques
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 21 (1830-1831), p. 41-65
<http://www.numdam.org/item?id=AMPA_1830-1831__21__41_0>
© Annales de Mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de Mathématiques pures et appliquées » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale.
Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
4I
ANALYSE ALGÉBRIQUE.
De l’élimination entre
unnombre quelconque d’équations de degrés quelconques;
GERGONNE.
THÉORIE GÉNÉRALE
DE LELIMINATION.ON
sait que , pour transformer des tables delogarithmes,
cal-culées pour une certaine
base,
en tables delogarithmes
relativesà une autre
base ,
il suffit de diviser tous leslogarithmes
des tablesdonnées par le
logarithme
de la nouvellebase, pris
dans ces mê-mes tables. Mais celui - là serait bien maladroit
qui ,
ayant à exé-cuter une
pareille transformation ,
ferait effectivement autant de divisions que les tables données contiendraient delogarithmes ;
ilest
incomparablement plus
court etplus
commode de diviser l’unitéune fois pour tout , par le
logarithme
de la nouvellebase , pris
dans les tables
données ,
et demultiplier
ensuite tous lesloga-
rithmes de ces mêmes tables par le
quotient
obtenu. Onpourrait
même en
formant,
àl’avance,
une table desproduits
de ce quo-tient ,
par les neufpremiers
nombresnaturels ,
réduire tout le tra- vail à desimples
additions.C’est à peu
près
de cette manièrequ en agissent
les habiles calcula- teurs, dans tous les casanalogues ;
ils évitent avecgrand
soin lesdivisions et extractions de racines
qu’ils remplacent,
autantqu’ils
le peuvent, par des
multiplications
et des formations depuissan-
ces ; et tel est , en
particulier ,
un desprincipaux avantages qu’on
retire ,
dans lapratique ,
dudéveloppement
des fonctions en sé- ries. Ils poussent même l’attentionjusqu’à
éviter les soustractionsTom. XXI,
1. er août i83o. 642 THÉORIE GÉNÉRALE
que, au moyen de ce
qu’on appelle complémens arithmétiques,
ilsparviennent
àremplacer
par des additions.Parmi les recherches dans
lesquelles
la division estemployée,
une des
plus ingrates,
à raison des diversespréparations
que leplus
souvent ellenécessite ,
est sans doute celle duplus grand
commun diviseur entre deux
polynômes proposés. Or ,
comme l’ob-serve M.
Bérard, géomètre distingué
deBriancon,
dans une notequ’il
nous a transmise il y aquelque temps, ici ,
comme en beau-coup d’autres rencontres , la
multiplication peut suppléer
à la di-vision.
Chercher ,
eneffet ,
leplus grand
commundiviseur,
en-tre deux
polynomes
P etPl ,
fonctions rationnelles et entières dex ,
c’est ,
en d’autres termes, chercherl’équation
dudegré le plus
élevé en x
qui puisse
vérifier à la fois les deuxéquations P=0,
P’=0. Pour ladécouvrir ,
M.Bérard
combine celles-là entre elles parmultiplication
etaddition ,
de manière àrabaisser
ledegré
del’une et de l’autre successivement
d’une ,
dedeux,
detrois ,
....unités, jusqu’à
cequ’il
soit parvenu à deuxéquations identique-
ment les
mêmes,
ou ne diffèrent auplus
l’une de l’autre que parun facteur
indépendant
de x. Ensupposant
que ,privées
de cefacteur,
elle se réduisent toutes deux àD=o,
cette dernièresera évidemment
l’équation
dudegré
leplus
élevéqui puisse
vé-rifier à la fois les deux
premières ,
d’où il suit que lepolynome
D sera le
plus grand
commundiviseur
entre lesdeux polynômes
p et P’.
Pour faire de ce
procédé
uneapplication
dont l’utilitépuisse
être facilement
comprise ,
M. Bérard supposequ’ayant
à résou-dre
l’équation
on
veuille ,
avant tout, mettre en évidence ses racineségales,
sitoutefois elle en a de telles. On sait que , s’il en est
ainsi ,
laDE L’ÉLIMINATION. 43
dérivée de son
premier
membre doit êtrenulle ,
et que lcplus grand
commundiviseur,
enlre cepremier
membre et sa fonctiondérivée ,
doit contenir tous les facteurségaux
de laproposée ,
ex-cepté
un dechaque
sorte ;égalant
donc cette dérivée àzéro,
cequi
donnerail
s’agira ,
enpremier lieu ,
de trouverl’équation
dudegré
leplus
élevéqui
vérifie à la fois leséquations (I)
et(2).
Pour
cela,
soitprise
la somme de leursproduits respectifs
par-4-7
et -x, il en résultera cette nouvelleéquation
du sixièmedegré qui
pourraremplacer
celle duseptième
dans la recherchede leurs racines communes
de sorte que nous n’aurons
plus
à considérer que deuxéquations
du sixième
degré
seulement,.Prenant,
tour à tour , la somme desproduits respectifs
deséqua-
tions
(2)
et(3) ,
d’abord par+5
et -7 ,puis
par -7 et +2-,en divisant la
première
deséquations
résultantes par 6 et la se-conde par
3x,
il viendraéquations qui
ne sontplus
que ducinquième degré seulement ,
et
qui peuvent,
comme leséquations (2)
et(3) , remplacer
lesdeux
proposées
dans la recherche de leurs racines communes.Prenant
enfin ,
tour à tour , la somme desproduits respectifs
de ces deux
dernières ,
d’abord par - 13 et +II,puis
par+23
et
-13 ,
en divisant lapremière
deséquations
résultantes par84
et la seconde par
84x,
il viendraégalement
44 THÉORIE GÉNÉRALE
cette dernière
équation
vérifiedonc ,
à elleseule ,
lesproposées (i)
et(2) ;
sonpremier
membre est donc leplus grand
commundiviseur dés leurs.
Veut-on savoir si cette dernière
équation (6)
n’a pas elle-même des racineségales ?
Il faudrapareillement égaler à
zéro la dérivéede son
premier membre ,
cequi
donneraet chercher
quelle
estl’équation
dudegré
leplus
élevéqui vé-
rifie à la fois les
équations (6)
et(7).
Soit
prise
d’abord la somme de leursproduits respectifs
par+4
et -x ; on obtiendra cette seconde
équation
du troisièmedegré
Prenant,
tour à tour , la somme desproduits respectifs
deséqua-
tions
(7)
et(8) ,
d’abord par+3
et-4 , puis par +8 et -3 ,
il
viendra,
endivisant
par x , la dernière deséquations résultantes,
équations qui
ne sontplus
que du seconddegré
seulement.Prenant
enfin,
tour à tour, la somme desproduits respectifs
de ces
dernières,
d’abord par -23 et+I9, puis
par+43
et-23,
et divisant lapremière
des deuxéquations
résultantespar
288 et la seconde par288x ,
il viendraégalement
cette
équation
vérifiedonc , à
elleseule ,
lesproposées (6)
et(7);
son
premier
membre est donc leplus grand
commundiviseur des
leurs.
DE L’ELIMINATION. 45
Donc )
suivant la théorie connue des racineségales ,
le pre- mier membre del’équation (6)
estdivisible
par(x+I)2;
et, eneffet ,
en exécutant ladivision ,
on trouve que cetteéquation
re-vient
àdonc
aussi ,
suivant la mêmethéorie ,
il y a , dans lepremier -
membre de la
proposée (i) ,
deux facteurségaux
àx2+x-2
ettrois
facteurs égaux
à x+I , et , comme elle n’est que duseptième degré seulement,
elle doitrevenir
àcomme on s’en assure , en
effet ,
par ledéveloppement,
Voilà donc que, par des
multiplications
et additions extrêmementsimples
etfaciles ,
nous sommesparvenus à
mettre en évidenceles racines
égales
d’uneéquation proposée
duseptième degré,
et1"on reconnaît ici le
procédé
d’élimination donné parEuler ,
dansle deuxième volume de son Introduction au calcul
différentiel ( chap.
XIX ), procédé
fortélégant
et fort commode etqui
nousparaît
bien
préférable
à la méthode d’élimination par leplus grand
com-mun
diviseur , où ,
par une inconcevableantinomie ,
onremplace
à
dessein ,
par desdivisions,
cequi
se peut faire sisimplement par
desmultiplications ;
méthode dont nous ne pensons pas queja-
mais aucun calculateur tant soit peu exercé se soit
jamais
avisé dese servir pour son propre usage , et
qui n’est,
de la sorte ,qu’une
méthode de pure
spéculation ,
une méthoded’apparat , uniquement
réservées pour les examens
publics (*).
(*)
J’ai vu un temps où cette méthode d’élimination était tellement enfaveur que les examens des aspirans aux écoles des services
publics
ne rou-laient,
pour ainsi dire , que sur elle; on était admis ourejeté
suivant46 THÉORIE GÉNÉRALE
Avant d’examiner
plus
endétail ,
et de chercher à réduire à sajuste
valeur lacritique plus
ou moins vivequ’on
afaite ,
dansdivers ouvrages
élémentaire ,
de la méthode d’éliminationd’Euler,
et les motifs de la
préférence
accordée à cellequi
se fonde surla recherche du
plus grand
commundiviseur,
remarquons d’abord que leprocédé
de M. Bérardpourrait
être facilement étendu à la recherche duplus grand
commun diviseur entre trois ou unplus grand
nombre depolynômes.
Pour en donner un seul
exemple,
supposonsqu’on
aitunique-
ment intérêt à savoir si
l’équation (I)
n’a pasquelques
racinestriples ;
il est connu que, si elle a de tellesracines,
elles doi-vent se trouver , non seulement dans
l’équation (2) ,
mais encoredans
l’équation qu’on
obtient enégalant
à zéro la dérivée du pre- mier membre de cettedernière ;
cequi donnera ,
en divisant par6
,de sorte que la
question
se trouvera amenée àassigner
leplus grand
commun diviseur entre lespremiers
membres deséquations (1) (2), (14)
ou, cequi
revient aumême , l’équation
du de-gré
leplus
élevéqui
les vérifient toutes trois.D’abord ,
enopérant
sur leséquations (I)
et(2) ,
comme nousl’avons fait
ci-dessus ,
on en conclural’équation (3) qui ,
dans larecherche
qui
nous occupe , pourra ainsiremplacer
lapremière ;
de sorte que la
question
se trouvera réduite àassigner l’équation
du
degré
leplus
élevéqui vérifie à
la fois leséquations (2), (3), (I4).
qu’on
lapossédait
bien ou mal. Un peu avant ,ç’avait
été le tour de la dis-cussion des
lignes
du second ordre , par la résolution effective de leur équa- tion,c’est-à-dire ,
par la méthode deChézy ;
méthodequi
refuse le service dès le troisièmedegré,
et que néanmoins onpersiste
encoreaujourd’hui
àoffrir comme modèle.
DE L’ÉLIMINATION. 47
D’abord , en retranchant de
l’équation (2)
leproduit
del’équa-
tion
(I4),
par x, il vient-
en
prenant
ensuite la somme desproduits respectifs des équations (3) et (14)
par -7 et+5 ,
il vientde sorte que nous
n’avons plus
à considérer que les troiséquations
du
cinquième degré (I4), (15), (I6).
.
Prenant,
tour à tour , la somme desproduits respectifs
de cestrois
dernières,
d’abord par+720, -557
et-55 ,
ensuite par+I308,
-I33I et-61 , puis
enfin par+3708 , -2599
et-I25
(*),
en divisant lapremière
deséquations
résultantes par I2, la seconde par I2x et la troisième par I2x2, il viendraéquations qui
ne sontplus
que du troisièmedegré,
etqui,
dansla recherche
qui
nous occupe ,peuvent remplacer
leséquations (I), (2), (I4).
Prenant
enfin ,
tour à tour , la somme desproduits respectifs
de ces trois
dernières,
d’abord par+66507 , +I070
et-II663, ensuite
par+I2I725, +6652
et-24703, puis
enfin par+223437, +21938
et-47909,
en divisant lapremière
deséquations
résultantes par2868228,
la seconde par 2868228x et(*)
On verraplus
loin’ comment se forment cesmultiplicateurs.
48 THEORIE GÉNÉRALE
la troisième par 2868228x2, il viendra
également x+I
=0 ; d’oùon conclura que x+I est le seul facteur
triple
dupremier
mem-bre de
l’équation (I),
comme nousrayions déjà
trouvé.Revenons
présentement
al’élimination,
et remarquons, en pre- mierlieu ,
que ,quelles
que soient deuxéquations algébriques
en x, entre
lesquelles
on se propose d’éliminer cettelettre,
etqae nous supposons d ailleurs ne renfermer ni radicaux ni déno-
minateurs,
il esttoujours permis
de les supposer du mêmedegré,
par
rapport
à cette mêmelettre ; puisque ,
dans le cas où elles se-raient de
degrés illégaux,
onpourrait toujours
tes amener à êtredu même
degré ,
enmultipliant
la moins élevée des deux parune
puissance
convenable de x. C’est donc fortinutilement, à
ce
qu’il
nousparaît ,
queEuler ,
dans l’endroitcité ,
a cru de- voirconsidérer ,
tour à tour , deséquations
du mêmedegré
etdes
équations
dedegrés
différens.Soient donc les deux
équations
d’un mêmedegré quelconque
le
problème
de l’élimination consisfe à déduire de ceséquations
I.° une
équation
de relation entre les coefficiens de leurs différens termes ; 2.0 une valeur rationnelle de x fonction de ces coeffi- ciens.Remarquons
bien que le mécanisme du calcul étant tout à faitindépendant
de ce quereprésentent
lessymboles
surlesquels
onl’exécute ,
leproblème
se résoudratoujours
de la même manièrequels
que soient les coefficiens des deuxproposées.
Si ces coeffi-ciens sont des
quantités déterminées , l’équation
de relation entreeux
exprimera
la condition nécessaire pour que ces deuxéqua-
tions
puissent
être satisfaites par une même valeurde x qui
seraDE
L’ELIMINATION. 49
précisément
la valeurqu’on
obtiendra pour cetteinconnue.
cescoefficiens sont des fonctions
quelconques
d’une autre inconnuey,
l’équation
de relation entre eux sera cequ’on appelle ,
dansla théorie de
l’élimination , l’équation finale
en y, et alors la va-leur de x sera
exprimée
en fonction de cette dernière inconnue.On
pourrait
d’ailleurs supposer que ces coefficiens sont fonctions d’unplus grand
nombre de variables.Ces choses ainsi
entendues ,
soitprise ,
tour à tour , la sommedes
produits respectifs
de ces deuxéquations ,
d’abord par-Bo
et+Ao, puis
par+Bm
et-Am (*) ,
et divisant la dernière desdeux
équations
résultantes par x, etposant ,
pourabréger,
on aura
()
Si les coefficiens Ao et Bo ou les coefficiens Am et Bm, ou les uns etles autres avaient un diviseur commun, il suffirait de
multiplier
par les quo- tiens obtenus en les divisant par ce diviseur; le calcul s’en trouverait d’au-tant
simplifié.
Tom. XXI.
7
50
THEORIE GENERALE
équations qui
ne sontplus
que du(m-I)ieme degré
seulement parrapport
à x. Parl’application
réitérée du mêmeprocédé
on par- viendra successivement à descouples d’équations
dedegrés
demoins en moins
élevés ;
de sortequ’on
arrivera finalement à deuxéquations
dupremier degré
en x ,desquelles
on déduira d’abordla valeur de x, sous deux formes
différentes , égalant
ensuite en-tre elles les deux valeurs ainsi
obtenues, l’équation
résultante seral’équation
de relationdemandée,
etconséquemment l’équation
fi-nale en y, si les coefficiens sont des fonctions de cette autre in-
connue.
Si ,
par l’effet de l’abaissement successif deséquations,
par rap-port
à x, onparvenait
à deuxéquations
d’un certaindegré qui
fussent exactement les
mêmes,
on en conclurait que leurpremier
membre est facteur des
premiers
membres desproposées.
Ce fac-teur,
égalé
àzéro ,
donnerait donc dessolutions
indéterminées duproblème ,
et , pour en avoir les solutionsdéterminées ,
il fau-drait délivrer les
premiers
membres desproposées
de leur fac-teur commun , et
opérer
sur leséquations
résultantes comme ila
été dit ci-dessus.Si,
pourquelqu’une
des valeurs de y, déduites del’équation
finale ,
les valeurs de x devenaient toutes deuxindéterminées,
ilserait facile d’en conclure que les deux
équations
dupremier
de-gré
en x ont l’une et l’autre un facteur commun , fonctiondey,
que cette valeur rend
nul ,
etqui
satisfait ainsi aux deux propo-sées, quel
que soit x. Si enfin en cherchant à rabaisser ledegré
des
proposées
parrapport
à x, on tombait surquelque équation absurde,
on en conclurait que cesproposées
sontincompatibles,
et
qu’ainsi
leproblème qui
y a conduit estimpossible.
Tel est , au
fond ,
leprocédé
d’éliminationexposé
parEuler, dans
l’endroitcité ;
on a dit de ceprocédé :
i.0qu’il
ne faisaitpas voir comment deux
équations
avaient lieu en mêmetemps ,
tandis que rien ne semble
plus
propre àexprimer analytiquement
cette circonstance que de combiner ces
équations
entreelles,
DE L’ELIMINATION.
5Icomme
équations
d’un mêmeproblème ;
2. 10qu’il
ne donnai au-cune lumière sur les relations entre les valeurs de 1 inconnue res-
tée dans
l’équation
finale et les valeurscorrespondantes
de l’in-connue
éliminée ;
et 1 on voitqu au contraire ,
il donnel’expres-
sion de cette dernière en fonction de l’autre sous deux termes dif-
férentes;
3.° enfinqu’il
conduisait à uneéquation
finale d’un de-gré trop élevé,
et nous conviendronsqu à
défaut -de certainesprécautions,
il en serait réellementaifisi ; mais,.
outrequ’on en peut
dire autant de la méthode d’élimination par leplus grand
commun
diviseur ,
nous allons faire voirqu’il
est très-aisé ici d’évi-ter cet
Inconvénient ,
etqu’en
outre , enrattachant
la recherche pourchaque degré
aux résultats obtenus pour ledegré
immédia-tement
intérieur ,
le calcul s’exécute sansquoi ait ,
pour ainsidire,
d’autrepeine
que celle décrire(*).
Venons
présentement
aux casparticuliers
danslesquels
noussupposerons constamment que les coefficiens sont des fonctions ra-
tionnelles et entières
de y,
desdegrés marqués
par leursindices respect
lis.Premier Degré.
Soient les deux
proposées
dupremier degré ,
()
Engâtant
un peu le procédé d élimination d’Euler, c’est-à-dire , n at- taquant constamment leséquations
que par lagauche ,
cequi
détruiraittoute la
symétrie
des calculs, on le ferait exactement revenir pour le fond,à celui du
plus grand
commun diviseur , surlequel
pourtant il conserveraitencore
l’avantage
d’une formeplus
commode. On pourrait aussin’attaquer
constamment les
équations
que par la droite ; on obtiendrait ainsi une nou- velle équation finale dont leplus
grand commun diviseur , avecl’équation
déduite de l’autre
procédé ,
serait la véritable équation finale délivrée detout facteur étranger.
52 THEORIE
GENERALE
ellesdonnent immédiatement
d’où résulte
l’équation
en y, dupremier degré,
Si les
proposées
étaienton
aurait ,
pour ladouble
valeur de x ,et
l’équation
en y seraitéquation qui
ne s’élèvequ’au quatrième degré
seulement.Deuxième Degré.
Soient les deux
proposées
du deuxièmedegré,
si l’on
prend ,
tour à tour , la somme de leursproduits
respec-tifs,
d’abord par-Bo
et+Ao, puis
par+B2
et-A2 ;
en di-visant par x la dernière des
équations résultantes ,
etposant,
pourabréger,
DE LELIMINATION.
53on retombera
précisément
sur leséquations () ;
d’où il suitqu’on
obtiendra la double valeur de x de
l’équation
en y, en substi-tuant les valeurs
(8)
dans lesformules (5)
et(6) ;
on auradonc
aiiisi,
pour la double valeurde x ,
et pour
l’équation
en yéquation
duquatrième degré ,
etqui s’abaisserait
audeuxième
siB2
étaitnul , c’est-à-dire,
si ladernière des équations (7)
n’é-tait que du
premier degré , puisqu’alors
tous les termes restansde
l’équation (10)
seraientdivisibles
parAa.
Si les
proposées étaient
la
double valeur
de xdeviendrait
et
l’équation
en y seraitou
bien,
endéveloppant
et ordonnant par rapport àC3
54 THEORIE GENERALE
équation qui
ne s’élèvequ’au douzième degré
seulement, et en-core voil-on que si -
C1C5-C2C4
était divisible parC3, que
sil’on
avait,
parexemple,
tous ses termes étant alors divisibles par
C J
elledeviendrait
de manière
qu’elle
ne s’éleveraitplus qu’au
neuvièmedegré.
Troisième Degré.
Soient
les deuxproposées ,
du troisièmedegré,
si l’on
prend ,
tour à tour , la somme de leursproduits
respec-tifs,
d’abord par-Bo et +Ao, puis
par+B3
et-A3 ;
en divi-sarit par x la dernière des
équations résultantes,
etposant,
pourabréger ,
-d’où
ou. en
développant,
réduisantet décomposant,
DE
LE LIMITATION.
55elles deviendront
précisément
leséquations (i r) ,
avec la condi-tion
(I4);
doù il suitqu’on
obtiendra la double valeur de x etl’équation
en y, en substituant les valeurs(17)
dans les formu-les (12) et (I5);
on auraainsi,
pour la double valeur de x ,et pour
l’équation
en yqui
ne s’élèvequ’au
neuvièmedegré ,
comme cela doit être.Si l’on suppose
BJ nul, c’est-à-dire,
si l’on suppose que la der- nière deséquations (16)
n’est que du seconddegré ,
tous les ter-mes restans, dans
l’équation (I9),
se trouvantdivisibles par A,
cette
équation
nes’élèvera plus qu’au
sixièmedegré
seulement.Si , ensuite ,
on suppose queB J
est nulaussi , c’est-à-dire ,
sil’on suppose que la dernière des
équations (16)
n’est que du pre- mierdegré ,
tous les termes restans dans la nouvelleéquation
se-ront encore divisibles par
A3,
de sortequ’clle
ne s’élèveraplus
alors
qu’au
troisièmedegré.
Si les
proposées
étaient56
THEORIE GENERALE
la double valeur de x
deviendrait
et
l’équation
en y seraitou
bien ,
endéveloppant
et ordonnant parrapport
àC4,
équation qui
nes’élève qu au vingt-quatrième degré seulement ,
et encore voit-on que, si chacun des trois
binomes ,
était
divisible
parC4 ,
que si l’onavait,
parexemple ,
57
DE
LE LIMITATION.
tous ses termes étant alors divisibles par
C42,
elledeviendrait
simplement
de manière
qu’elle
ne s’éleveraitplus qu’au
seizièmedegré.
Quatrième Degré.
Soient encore les deux
proposées
duquatrième degré
si l’on
prend,
tour à tour , la somme de leursproduits respectifs,
pd’abord par
-Bo
et+Ao, puis
par+B4
et-B4 ;
en di-visant par x la dernière des
équations résultantes ,
etposant ,
pour
abréger
d’où résulte
Tom. XXI, 8
58 THEORIE
GENERALE
ou, en
développant , réduisant
etdécomposant ,
elles deviendront
précisément
leséquations (20) ,
avec les condi- tions(23) ;
on obtiendra donc la double valeur de x etl’équa-
tion
en j
en mettant les valeurs(26)
dans les formules(21)
et(24) ;
et l’on voit quel’équation
en y ne sera que du seizièmedegré
seulement.A
l’exemple d Euler ,
nous ne pousserons pasplus
loin cesrecherches
qui n exigent ,
comme on levoit,
que lapeine
décrire.En comparant notre marche à la
sienne ,
on verra aisémentcombien il aurait pu
s’épargner
de calculs.Comme
l’équation
en y secomplique
deplus
enplus ,
à mesureque le
degré
desproposées
devientplus élevé ,
il en devient d’autantp’.us
facile aussiqu. il s’y glisse
des erreurs ; et c’est unmotif pour
désirer
d’obtenir ,
sur les diverses conditionsauxquelles
cetteéquation doit satisfaire , quelques
lumièresqui puissent
aider à-découvrir les
méprises qu’on
aurait pu commettre en l’écrivant.C’est un
sujet
surlequel
nous nous arrêterons d’autantplus
ve-rentiers que les auteurs d’élémens ne s’en sont
guère occupés ,
bien
qu’il
soit d une assez hauteimportance
pourqui aspire à
exécuter sûrement des calculs tant soit peu
compliqués.
DE L’ELIMINATION. 59 Reprenons
donc les deuxéquations générales :
la
première
remarquequi
seprésente
estqu’en
ychangeant A
en B et
B en A,
on atoujours
le mêmeproblème
àrésoudre;
d’où il suit évidemment que
l’équation
en y doit être de telle formequ’on
ypuisse impunément opérer
une semblablepermutation.
Ces deux
équations peuvent être
écrites comme il suit :or , il revient évidemment au même d’éliminer x entre les
équa-
tions
(a) ,
ou d’éliminer I x entre leséquations (03B2) ;
donc le ré- sultat de lapremière
des deux éliminations doit être tel que les coefficienségalement
distants desextrêmes ,
dans leséquations (03B1),
y
jouent
exactement le mêmerôle,
de manière àpouvoir
yêtre permutés
entre eux sansqu’il
en résulte aucunchangement ;
cequi
revient àdire ,
en d’autres termes , quel’équation
en y doit être tellequ’on
ypuisse impunément remplacer
simultanément les indices de A et B par leurscomplémens
à ni.Si ,
dans leséquations (a)
on suppose que xreprésente
unnombre purement
abstrait,
cela ne devra rienchanger à
la formede
l’équation finale,
où cette lettre n’entreplus ;
mais alors tousles
coefficiens ,
souspeine d’absurdité, devront
êtrehomogènes ;
de telle sorte que
si ,
parexemple, Ao représente
unelongueur
et
Bo
unintervalle
detemps
tous les coefficiens de lapremière
60
THEORIE GENERALE
équation exprimeront
deslongueurs
et tous ceux de la secondedes intervalles de temps ; donc
aussi ,
souspeine d’absurdité ,
ilfaudra que
tous les termes del’équation
en y soient de mêmes dimen-sions ,
soit en 4 soit enB ;
àplus
forte raison cetteéquation
sera-t-elle
homogène
parrapport
aux lettresqui
lacomposeront (*).
Supposons présentemont
que , dans leséquations (a) ,
x soitle
symbole
d’unelongueur ,
et queAo et Bo
soient dessymboles
de nombres
abstraits ;
il faudraalors ,
souspeine d’absurdité ,
que chacun des autres coefficiens
exprime
unproduit
d’autantde
longueurs qu’il
y a d’unités dans sonindice ;
d’où il suit quel’équation
en . ydevra, ,
souspeine
d’unepareille absurdité,
êtrehomogène,
non seulement parrapport
à seslettres ,
commenous venons tout à l’heure de le remarquer, mais aussi par rapport aux Indices de ces mêmes lettres dont la somme
devra
ainsi être la même dans chacun de leurs termes.Quant
aux deux valeurs de x, fonctions descoefficiens
les mêmes considérations
prouvent qu’elles
devront êtretelles,
I.°
qu’elles
restent les mêmes en ychangeant
les A en B etles B en
A,
sans toucher auxindices ;
2.°qu’en
yremplaçant chaque
indice par soncomplément
à m, leur numérateur sechange
en leurdénominateur,
et viceversâ;
3.0 que ce numé-rateur et ce
dénominateur
soient despolynômes homogènes ,
tantpar rapport aux lettres que par rapport aux indices de ces let- tres ;
4.° qu’enfin
les numérateurssoient
parrapport
auxlettres
() C’est
dans cette vue que nous avons donné auxpremiers
termes denos équations des coefficicns ,
qu’autrement
nous aurions Lien pu, sans leur rien faire.perdre
de leurgénéralité ,
supposer égaux à l’unité. Nousen usons constamment de même, dans tous les cas
analogues,
et notam-ment
lorsqu’il s’agit d’exprimer
une courbe et une surface par uneéquation
entre ses coordonnées.
DE
6Ide mêmes dimensions que les
dénominateurs ,
et , parrapport
auxindices ,
dune dimensionsupérieure
d’une unité(*).
Telles sont donc les conditions
générales
lesplus
remar-quables auxquelles
doiventsatisfaire ,
dans tous les cas , tantl’équation qui
résultera de l’élimination de x entre les deuxproposées ,
que les valeurs de cetteinconnue,
fonctions des coef- ficiens de ceséquations,
Ce sont là tout autant depoints
dereconnaissance à l’aide
desquels
il sera bien difficilequ’une
erreur de calcul
puisse
passer sans être aperçue. A lavérité,
des résultatspourraient bien,
en touterigueur,
satisfaire à cesdiverses
conditions sans être exacts ;mais,
à coupsûr,
ceuxqui manqueraient
de satisfaire à une seule d entre elles ne le seraient pas.Nous terminerons par montrer brièvement comment le
procédé
d’élimination d’Euler
pourrait
être facilement étendu à un nom-bre
quelconque d’équations
entre unpareil
nombred’inconnues
soient les trois
équations
d’un mêmedegré quelconque
en x() Beaucoup
de gens ,parmi
ceux-là mêmequi
passent pourhabiles,
pourront trouver tout ceciinintelligible
si , même , ils ne le trouvent pasinepte ;
cela prouvera seulement que , s’ils ont poussé l’art assez loin, ilsne
possèdent
pas encore la science. Ilsinvoqueront peut-être
contre la loi deshomogènes,
surlaquelle
nous nous appuyons ici, l’autorité de M.Legendre qui
a remarqué , dans sesÉlémens
degéométrie , qu’au
moyen d’unités ar- bitraires, toutequantité
concrète était réductible à un nombre abstrait, cequi est
très-vrai; mais, outre’qu’en
ces matières, l’autorité ne saurait être d’aucunpoids ,
M.Legendre
sait mieux que personne à quoi se rédui-raient ses
élégantes
démonstrations parl’algorithme fonctionnel,
si la lodes
homogènes
n’étaitpoint
admise.62
THEORIE GENERALE
dans
lesquelles
ont peut supposer , si l’on veut, que les coef- ficiens sont des fonctions rationnelles et entières de deux autresinconnues y et z des
degrés marqués
par leurs indicesrespectifs.
Le
problème
de l’élimination consiste ici à déduire de ces troiséquations,
en les combinant entreelles ,
d’une manière conve-nable,
I.° une valeur rationnellc de x, fonction de leurs coef-ficiens, c’est-à-dire,
fonctions des deux autres inconnues y et z ;2.° deux
équations
de relation entre ces mêmescoefficiens ,
c’est-à-dire,
entrex et y
seulement ; car, dèslors ,
leproblème
se trouveramené au cas de deux
équations
entre deuxinconnues ,
c’est-à-dire,
au casqui
nous aoccupé jusqu Ici.
On
prescrit ordinairement,
pourcela,
decombiner,
tour à tour,une
quelconque
deséquations proposées
avec chacune des deux autres , comme nous l’avons fait dans tout cequi précède ;
et Foua soin d’observer aussitôt que le double
emploi
que l’on fait ar- bitrairement de l’une des troiséquations,
et le défaut desymétrie qui
enrésulte ,
a pour effet inévitable d’élever ledegré
deséqua-
tions résultantes
plus
que ne lecomporte
la nature duproblème.
Mais c’est bien
gratuitement
que l’on fait un doubleemploi
del’une des
équations proposées ;
onpeut
très-aisémentparvenir
aubut en les traitant toutes trois de la même
manière ;
et on a mêmealors
l’avantage
de rabaisser leurdegré
de deux unités àchaque opération
nouvelle.Si ,
eneffet ,
onprend ,
tour à tour, la sommede leurs
produits respectifs
DE L’ELIMINATION.
63en divisant la seconde des
équations
résultantesp1r X
et la troi-sième
parx2,
ellesprendront
aussitôt la formeen
opérant
de la même manière surcelles-ci ,
on en déduira troisautres du
(m-4)ieme degré
en x , et ainsi desuite ;
de sorteque , si les
proposées
sont dedegré impair,
on tombera finalementsur trois
équations
dupremier degré , desquelles
on déduira lavaleur de x sous trois formes différentes
qui , égalées
entreelles,
donneront en outre la double
équation
demandée en y et z.Si les
proposées
sont dedegrés pairs ,
le même calcul conduira à troiséquations
où x n’entreraplus qu au
seconddegré
seu-lement. Soient ces trois
équations
d abord ,
enprenant
la somme de leursproduits respectifs
paron obtiendra cette
première équation ,
en y et zseulement,
Prenant