FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1897-1898 [%,» 14
DE
Ses Indications, son Abus, ses Dangers
PAR
Michel-Henri-Joseph BOURDETTE
Né à Bagnères(Hautes-Pyrénées), le 6 Mai 1872.
MM. MASSE professeur.... Président.
PIÉCHAUD professeur....i BRAQUEHAYE agrégé ; Juges.
MOURE chargédecours'
Examinateurs de la Thèse :
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront
faites
surles
diverses parties de l'Enseignement
médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL
CASSIGNOL
91 — RIJK f'ORTIC-DIJKAIJX — 91 î 8 D s
Facilité de Médecine e^ de l'Iiarmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
i» ieo raos s 14t n s
MM. MIGÉ \
~
(
Professeurs honoraires.DUPUY.
MOUSSOUS.
Clinique inlerne
MM.
\ PICOT.
I PITRES.
DEMONS.
LAN El .ON GUE.
Clinique externe....
Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouclie-
menls N...
Anatomie pathologi¬
que GOYNE.
Anatomie *.... BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
AGil 14 fi 14S 14A
SECTION DU MÉDECINE(Pflt/iolofj
MM. MESNARD.
CASSA ET.
AUCHn.
SECTIONDE CUIUUUUlk ET ACCOUCHEMENTS (MM.V1LLAR.
PaIhologie
exlernej
BINAUD./ BRAQUEHAYE
MM.
MORACHE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GU1LLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmapie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Cliniquedes maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicaledes maladies ds enfants Chimiebiologique...
14XI4IICSCS4
ie interne etMédecine légale.) MM. SABRAZÈS.
LE DANTEC.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DEN1GÈS.
.
, . \MM. RIVIERE.
Accouchements....
CHAMBRELENT
Analuiuii
SECTION DESSCIENCESANATOMIQDES ETPHYSIOI.OGIQUKS
JMM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON,
'■'( CANNIEU.
j
Histoire naturelle BEILLE.SECTION DESSCIENCES PHYSIQUES
Physique MM. SIGALAS. [ Pharmacie M. BARTHE.
Chimie etToxicologie N...
C Oti; 81S €0.13 EP li 14 SB 14 A T A 1 II 14$ :
Clinique des maladiescutanées etsyphilitiques MM. DUBREUILH.
Clinique des maladies desvoies urinaires.
Maladies du larynx, des oreilleseLdu nez.
Maladiesmentales
Pathologieinterne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire HydrologieetMinéralogie
Le Secrétairecle la Faculté:
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
N...
LEMA1RE.
Par délibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dansles Thèsesqu'elle qui luin'entendsontleurprésentéesdonner nidoivent être considéréesapprobation niimprobation.commepropresà leursauteurs, et
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Témoignage demaprofonde affection.
A MONSIEUR LE DOCTEUR LICHTWITZ
PROFESSEUR LIBRE 1)E LARYNGOLOGUE, D'OTOLOGIE ET DE ETHNOLOGIE
A mon Président do Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEUR DE MÉDECINE OPÉRATOIRE A LA FACULTÉ DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Cetravail n'a que
les prétentions modestes d'une mise au
point.
D'autres voix plus autorisées que la nôtre ont tour à
tour fait le
procès
oula défense de l'irrigation naso-pharyn-
gienno.
De
cesjoutes éloquentes celte thérapeutique a
conquis
droit de cité dans l'art de guérir, car ses bienfaits
ne sont pas
à nier dans la cure de certaines affections
nasales.
Maiscesaffections, on ne
les saurait trop connaître : leur
nombre n'est pas
déjà si grand qu'il légitime l'abus fait de
cette
thérapeutique. L'examen méthodique des maladies les
plus communes
quhont partagé les honneurs de la douche
nasale nous
permettra d'établir trois catégories :
1° Lesaffections
qui bénéficient de ce traitement ;
2°Celles oùil
reste insuffisant.
.3' Cellesoù il
devient
undanger.
Heureux si, dans
cette tâche difficile où notre jeune expé¬
rienceva se buter aux
opinions les plus réputées, nous réus¬
sissons à
spécifier les indications délicates, restreintes, et
partant les avantages d'une thérapeutique qui menace de
sombrer sous les
méfaits qu'on lui fait commettre.
Nous sommes heureux
qu'un usage traditionnel nous per¬
mette de consacrer lès
premiers mots de cette thèse à remer¬
cier tous ceux quipar
leur bienveillance ont su nous rendre
faciles et courtesles
études médicales.
Nousadressons
ici
unhommage public à tous nos Maîtres
— 8 —
de la Faculté et des
Hôpitaux
pourl'intérêt qu'ils nousont si souventtémoigné.
Que M. le Dr Lichtwitz reçoive
l'expression
de notre vive reconnaissance. Il fut. pour nous, un maître plein de bonté.Son
indulgence
fut extrême à diriger nos premierspas dans la spécialité qu'il professe.Merci, et de tout cœur, à M. le D'1
Fromaget
pour son aimable et docte enseignement. Il sut, enquelques
mois,nous donner les notions
d'ophtalmologie indispensables
à l'étude approfondie des maladies de l'oreilleet du nez.
A M. leprofesseur Masse qui nous fait le très grand hon¬
neurde présider notre thèse, nous offrons le
témoignage
de notre respectueuse gratitude.PREMIÈRE
PARTIEI.
Historique
Dès 1718, Littre,dans une
communication à l'Académiedes
Sciences intitulée « S'il y a du
danger à donner
parle
nezde
la boisson », s'étonne que l'eau
versée dans
son nez « nesoit point
descendue dans le gosier, mais soit sortie quelques
temps après par ses
deux narines... Apparemment, ajoute-
t-il, que la cloison
de la bouche était relevée
enhaut et
qu'elle fermait
les ouvertures postérieures du
nez;par consé-
quent
elle devait empêcher cette
eaude descendre du nez dans
le gosier, et la
même
eauentrée dans le
nez par unenarine
a pu en ressortir
pa'r les deux, d'autant
quela cavité où l'eau
était arrêtéecommunique égalementavec
les deux narines
».Un demi-siècle plus tard, vers
1792, Arneman créait la
douche rétro-nasale et faisait laver le pharynx
nasal à
ses malades par la
bouche à l'aide d'un instrument appro¬
prié.
Ces faits
passèrent inaperçus. Vers le milieu de notre
siècle,en 1847, E.-H.
Weber (de Leipsik), pendant
sesexpé¬
riences sur la conductibilité nerveuse, découvre
la douche
nasale. Si l'on introduit, sous une
pression hydrostatique
déterminée des liquides
dans
unefosse nasale pendant que
lesujet respire
largement
parla bouche, ils passent et sor¬
tent par l'autre narine sans
tomber dans la cavité pharyn¬
gienne. .
Le bain nasal naissait des mêmes
recherches,
carWeber
mentionne aussi la
possibilité chez
unsujet placé sur le dos,
la tête étendue sur le lit, de remplir
complètement
les cavités nasalesavecde l'eau «sansqu'elle gênela respirationbuccale. «
Il y a donc occlusion complète, dit l'auteur, du pharynx
nasal parle voile du palais tant qu'on ne le dérange pas par des mouvements spontanés.
Enfin,commequatrième et dernière conclusion à ses expé¬
riences, Weber ajoute «qu'on peut facilement parler pendant
que ces cavités sontremplies d'eau. »
L'irrigation nasale était trouvée ; mais elle resta long¬
temps considérée comme un phénomène curieuxsans portée pratique.
Ses destinées cliniques ne sont entrevues que quelques années plus tard,parunHollandais,ThomasWeber,de Halle.
Il construit lesiphon qui porte son nom et la douche est prô¬
née comme un moyen
fidèle
de débarrasser mécaniquementles fosses nasales des sécrétions fétides qui les encombrent.
Mais nul souci ne se révèle chez cet auteur de faire de l'irri¬
gation un moyen detransport pour les topiques locaux. Ce rôle, elle le jouera dès 1854 entre les mains d'un praticien
français,
Maisonneuve. Thudicum, dix ans plus tard, dansun article du Lâncet,se félicite de l'emploi qu'il fait de la méthode nouvelle. Le siphon résume à cette époque tout l'arsenal du rhinologiste. La douche devient la panacéedes
affectionsnasales, et se succèdent alors plus
admira
tifs, plus laudatifs à l'envi, les mémoires de Von Trœltsch, Gailleton, Alvin, Constantin Paul, Tripier, Fiaux,Dubief et Marcondes- Résende.L'année 1884 marque pour la douche de Weber le début d'une périodenouvelle. A l'enthousiasmequi en acréé l'abus, succède une critique d'abord timide, puis de plus en plus
violente. Un otologiste américain, Von Roosa, signale plu¬
sieurs cas d'otite moyenne aiguë consécutive à l'irrigation nasale. Sa polémique avec
Elsberg
fait époque : deux campss'organisent; l'un pourla
critique
et l'autrepour la défense.Weber-Liel, Bresgen, Gottstein, Michel, Thomas Barr, etc.,
— 11 —
signalent
les dangers de la méthode et protestent contre
l'excès de son usage.
Sikkel, Broksmith, etc., prétendent,
au contraire, avoir obtenu
d'excellents résultats
avecla
douche et cela
pendant des vingt
ansde pratique. En vain,
Raugé
(de Chales) essaie-t-il dans
unesavante monographie
d'assagirles
esprits tout
enmontrant, à côté de grands avan¬
tages,
les dangers de la méthode employée à tout propos.
Mais ce travail
appartient
encoreà la période où Ton con¬
sidèrela douche comme un
excellent porte-topique. Ces der¬
nières années, avec les
progrès constants de la rhinologie,
l'insuffisance de ce
traitement
nousdevient tous les jours
plus
évidente. Nous n'en voulons pour preuve que le travail
deTissier, la discussion
soulevée à la Société de laryngologie
de Paris par
Percipied et
unarticle tout récent de notre
maître Lichtwitz « Sur les
abus et dangers de la douche
nasale ». Il s'estattiré, du
reste,
unehumoristique réplique
de Raugé, qui avoue « son
faible pour l'irrigation nasale » et
neperd
jamais l'occasion
«de rompre une lance » pour une
aussi bonne cause.
Comme touteœuvre
qui reste, la douche de Weber possède
son histoire :
Une
première période prérhinologique, si l'on peut dire,
sans intérêt pour nous, va
de Littre à Henry Weber.
Une période
de splendeur où la nouveauté et la simplicité
de cette
thérapeutique séduit les esprits et les dévoie, de
1847 à 1884.
Unetroisième, où l'abus
engendre la critique, où l'enthou¬
siasme fait place au
désenchantement.
Enfin une
opinion intermédiaire tend à s'imposer de nos
jours, qui
laisse à la douche
sesvéritables indications, mais
protestecontre
l'excès parfois téméraire que le praticien fait
encore de cette
thérapeutique.
II. Notions
préliminaires.
Sans détourner cette étude du sens
clinique
que nous dési¬rons lui conserver, nous croyons utile, non point de décrire la douche dans ses actes intimes, mais d'insister sur quel¬
ques particularités anatomo -
physiologiques
, préambule nécessaire à notreargumentation.Les fosses nasales, l'a démontré Weber, se comportent
comme les deux branches d'un siphon : le liquide injecté dans une narine ressort immédiatement parl'autre.Pas une goutte ne retombe dans la gorge et la respiration buccale s'effectue aisément pendant tout cet acte, grâce à un soulè¬
vement réflexe du voile palatin qui isole
hermétiquement
lecavum du
pharynx
buccal.De parti pris, nous évitons l'histoire des théories
multiples qu'inspira
unphénomène aussi curieux àl'esprit
des savants.M.
Marcondes-Résende,
dans sa thèse inaugurale, a longue¬ment
développé
cette question. Nous y renvoyons le lecteur.Il comprendra qu'à cette heure, l'intérêt primordial ne se localise pas à cepoint du sujet.
Le réflexe est provoqué par le contact du liquide avec la muqueuse naso-pharyngienne soit seulement à la face supé¬
rieure du voile, soit sur toute l'étendue des fosses nasales.
Leganglion de Meckel semble l'aboutissantdes filetsnerveux
scnsitifs dont l'excitation provoquel'élévationdu voile. Ilest, d'autrepart, l'origine du nerf palatin postérieur qui anime le péristaphylin interne et le
palato-staphylin,
muscles actifs dans cesmouvements ascensionnels. « Le ganglion spliéno- palatin, dit Rangé, est donc le centre d'un petit sys¬tème périphérique qui paraît présider aux mouvements ascensionnels du voile et au cloisonnement transversal du
pharynx,
enconcentrant les impressions centripètes qui
sollicitent lemouvement etles incitations centrifuges
qui le
réalisent. »
L'élévationdu voile n'est pas le
seul résultat du réflexe;
il existe concurremmentune contractiondes
parois pharyn¬
giennes que
l'on peut analyser
commesuit
:le pilier posté¬
rieur
(muscle pharyngo-staphylin)
secontracte et
seporte
contre lebord libre du voile relevé pour assurer
l'occlusion
du rliino-pharynx.
Cette occlusion est d'autant plus hermé¬
tique
qu'au-dessus de leur union chemine
pourles renforcer
une saillie musculaire
(salpingo-pharyngien) qui
vadu carti¬
lage tubaire à la zone
postérieure du pharyngo-staphylin
dont il n'est qu'une
dépendance. Le constricteur -supérieur
du pharynx,
d'autre part, prenant point d'appui sur ses
insertions antérieures
(apophyses ptérygoïdes, aponévrose
buccinato-pharyngienne, ligne myloïdicnne) fait une trans¬
lation en masse vers le naso-pharynx
et le comble
enpartie
dans son diamètre transversal
(Bourrelet de Passavant). Le
pavillon tubaire et sesbourrelets augmentent encore l'étroi-
tesse du cavum pendant
la douche.
Le rôle des trompes dans
les complications auriculaires de
la douche nousforce à insister sur la structure
et la situa¬
tion de leurs orifices dans le rhino-pharynx.
Placés derrière
le cornet inférieur, ilsoffrent l'aspect
triangulaire d'un tri¬
cornevu par sa
base. Trois bourrelets les limitent : le pli
salpingo-palatin
formé
parle crochet cartilagineux de la
trompe et le
ligament qui l'unit
auvoile du palais; en arrière
le bourrelet de la trompe,
mobile, saillant, c'est la terminai¬
son inférieure du cartilage tubaire,
il
seprolonge
surla
paroi latérale, enbas et en
arrière,
parle pli salpingo-pha¬
ryngien; enfin, en
bas, c'est
unpli qui révèle sous la mu¬
queuse la
présence du muscle péristaphylin interne.
Au repos, le
pavillon reste fermé; cette obturation est
spontanée par la
seule élasticité de
soncartilage et de la
membrane fibreuse qui
sert de corde à l'arc formé par sa
courbe. Mais la fermeture de cet organe
possède
unagent
- 14 —
plus actif, le muscle
péristaphylin
interne. Le muscle péri¬staphylin
interne oupétro-staphylin
prendson insertion fixeen haut surle rocher sous la courbe carotidienne, il descend de là
obliquement
vers le voile dont il est releveur. Mais, point essentiel,cemuscle, dans sonparcours vertical,s'accole à la portion membraneuse de la trompe que par sa contrac¬tion il
déprime.
Sa turgescence peut allerjusqu'à
supprimerla lumière du conduit tubaire. En bas, au moment où il se
réfléchit vers le voile, ses contractions brident laportion dé- pressible du pavillon. « Le résultat total est un rétrécisse¬
ment du conduit tubaire et de son orifice: le
pérystaphylin
interne ferme la trompe
à
peuprès
comme le veru-monta- num obture par sa turgescence l'orifice vésical del'urètre;
il n'y a que la différence entre un phénomène d'érection et
un acte musculaire »
(Raugé).
Le
péristaphylin
interne a ses antagonistes :l'un qui dilate le pavillon, l'autre, plus profond, qui agit sur le conduit tubaire. Nous avons déjà signalé, tout à l'heure, la conti¬nuité qui existe entre le bourrelet tubaire et le pli salpingo-
pharyngien.
Le scalpel nous révèle sous ce pli un faisceau musculaire qui va se perdre latéralement et en bas dans lepharyngo-staphylin
dont il n'est qu'une dépendance. Comme lui, il prend ses insertions inférieures sur la paroi du pha¬rynx; son implantation sur la portion
fibro-cartilagineuse
du pavillon nous explique son rôle : le muscle salpingo- pharyngien ouvre directement le pavillon en abaissant sa
portion fibreuse qu'il écarte ainsi du cartilage.
Le dilatateur profond ou pérystaphylip externe a, en haut,
une insertion fixe dans la fossette scaphoïde etsur la grande aile du sphénoïde en avant du trou ovale. Une troisième in¬
sertion, mobile celle-ci, part de la lame fibreuse et du rebord supérieur du cartilage tubaire. Les fibres qui descendent de
ce dernier point vont prendre, en bas, une insertion fixe sur
l'apophyse ptérygoïde : leur action serait par une traction de haut en lias de dilater cette région externe de la trompe, en abaissant saportion fibreuse. Les autres fibres à insertion
supérieure
fixe vont après avoir contourné le crochet ptéry-
goïdien,
qui fait poulie, s'étaler
surle palatin. Elles lui
ser¬vent de tenseur.
En résumé,
l'appareil moteur de la trompe
se composede
trois muscles: l'un, le
péristapliylin interne pourvoit à l'ob¬
turation
profonde et superficielle de la trompe. Les deux
autres, le
péristaphylin externe, le salpingo-pharyngien lui
font antagonisme,
le premier dans les régions externe et
profonde duconduit tubaire, le second
auniveau du
pa¬villon. Un détail nous semble capital
ici, c'est la superficia-
1ité des muscles agissant sur
l'orifice tubaire
:salpingo-
pharyngien et portioninférieure du péristaphylin interne.
Leur contiguïtéavecla muqueuse nous
permettra, à maintes
reprises, d'établirla genèse d'accidents auriculaires
surve¬nus à la faveur d'une douchenasale intempestive.
Nous nous sommesborné ici aux
préliminaires indispen¬
sables. Si quelques notions
complémentaires
ouplus minu¬
tieusesnous devenaient nécessaires dans le cours de cette étude, nous nous réservons la liberté
de leur assigner la
place et le développement que nous
croirons leur convenir.
DEUXIÈME
PARTIEIndications.
La douche de Weber, employée en
clinique, comprend trois
indications :
Débarrasser la cavité
naso-pliaryngienne d'un contenu qui
Tincommode ;
Modifier la muqueuse malade par
les topiques qu'elle
y charrie;Réaliserl'asepsie et
l'antisepsie pré
oupost-opératoires.
La douche a-t-elle à ces divers points de vue
toujours
satisfait notre attente? Etsi l'on retire quelque
bénéfice de
sonemploi, n'est-ce pas
souvent
auprix de dangers? Un
examen rapide des maladie
aiguës et chroniques où l'irriga¬
tion futappelée à
produire
sesbienfaits peut seul
nousper¬
mettre de donner à cesquestionsune
réponse scientifique, et
partantéquitable.
A) Maladies aiguës.
Coryza aigu. — Et c'est d'abord le coryza
aigu qui,
parsa
fréquence, bénéficia de lanouvelle méthode. C. Paul et bien
d'autres après lui
prônèrent les lavages dans la rhinite
aiguë. Or, que se
passe-t-il dans l'inflammation de làpitui-
taire ?Comme dans toutprocessus
analogue, plusieurs pério¬
des se succèdent.
Une première,
prodromique, où l'organisme mis en état
d'inférioritéà l'égard des agents
infectieux couve son mal :
Bou.
— 18 —
frissons, courbature,
céphalalgie.
Sécheresse et picotementde la muqueusenasale.
Quelques
heuresplus
tard,la pituitaire, prise plus particu¬lièrement à partie, devient le siège d'une défense acharnée contre les germesmorbides, d'où hypersécrétion de mucus
protecteur, éternûment avec injection cônjonctivale, épi-
phora,
etc.La pituitaire devient bientôt turgescente et détermine l'obstruction nasale. La tuméfaction s'étend à la muqueuse des sinus, obture leurs orifices et y provoque une rétention douloureuse des produits inflammatoires. Le coryza se com¬
plique toujours, à ce moment, de
pharyngite
et produit la turgescence des végétations adénoïdes chez les sujets qui en sont porteurs.Enfin, si le rhume de cerveau n'avorte pasici, la pituitaire
fait appel
à
tous les secours de l'organisme : les réactionsphagocytaires
commencent et pendant huit à dix jours la sécrétion nasale offre un aspect inuco-purulent. Puis tout rentre dans l'ordre ou bien il y a passage à la chronicité.Trop longue
description
d'une affection trop connue,dira-t-on, pourn'être pasfastidieuse. Nous avons cru néces¬
saire d'en esquisser à grands traitsles diverses périodes,
afin de mieux y envisager et discuter les effets de la douche nasale.
La
période
des prodromes est-elle le moment d'user dusiphon de Weber? Peut-il par la nature, la
température
ou l'action mécanique du liquide injecté,prévenir
Péelosion du coryza?
Le lavage abortif n'a pasdans la rhiniteplus de suc¬cès que dans l'urétrite. Il aura souvent pour action d'exas¬
pérer les réactions inflammatoires dont le nez est le
siège.
Et nous n'en voulons pour
témoignage
que les picotements intolérables qu'ont éprouvés les malades qui se sont, arbi¬trairement ou sur le conseil d'un médecin, administré la doucheù cette période.
Quelques heures plus tard,
lorsque
par unehypersécrétion
demucus protecteur la pituitaire essaie de
réagir,
l'irriga-- 19 -
tion devient un non sens
thérapeutique.
Si peu actifquesoit le liquide injecté, il traumatise inévitablement la muqueusedéjà malade et l'on connaît la susceptibilité de cette muqueuse pour laquelle, à l'étatnormal, l'eaupureconstitue déjà unagent desplus
délétères.
Ajoutez à ce traumatisme le balayage du mucus protecteur par l'irrigation et vous voyez, dès lors, augmenter les tendances de la pituitaire,ainsi privée de ses moyens de défense, à succombersous les attaques microbiennes.
C'est à la période de turgescence inflammatoireque sem¬
ble triompher l'irrigation naso-pharyngienne. Les liquides portésà une température voisinede 45f C ayantdes propriétés de vaso-constricteurs énergiques, des solutions salinessontà cette température injectées dans l'interstice des cornets en érection. Ce procédé fait merveille sur l'heure: le tissu
caverneux des cornets et de la cloison se dégorge et la respi¬
ration nasale se rétablit au grand bien-être du malade. Mais cette décongestion va-t-elle jusqu'aux orifices sinusiens?
Le fait est peu probable, car, aux dires des personnes dont le coryza fut soumis à pareil traitement, les
céphalalgies
persistèrentaprès
la douche et nul écoulement subit de sérosité ne vint témoigner de la déplétion de ces cavités.Le
rhinologiste,
en dehors des liquidesà
cette tempéra¬ture, possède d'autres moyens plus efficaces, plus radi¬
caux dedécongestionneret les cornets et l'orifice des sinus.
Et si l'on considère quel'insuffisance de la douche se double ici de dangers véritables, l'on abandonnera sans regret cette
thérapeutique,
dont la simplicité nous avait tout d'abord séduits.Nous avons, dans nospréliminaires, insisté sur la superfi- cialité des muscles
péristaphylin
interne(portion inférieure)
et
salpingo-pharyngien,
ainsi que sur leurantagonisme
: l'un ferme le pavillon tubaire pendantl'élévation du voile
palatin à l'encontre de l'autre qui tendà l'ouvrir.
Dansla
rhino-pharyngite
se produira le mêmefait qu'en tout autre
point del'économie,
tout muscle placé au voisinage d'un— 20 —
foyer
inflammatoire se parésie et, s'ilpossède
un antago¬niste, ce dernier prend une action
prédominante.
Vienne pendant la douche nasale à se produire une défaillance du muscleobturateur,-lesalpingo-pharyngien
par une rétrac¬tion impérieuse dilate l'orifice tubaire. Le liquide ne trouve plus de
barrière à
ce niveau pour lui interdire l'accès de la trompe. Il peut gagner l'oreille moyenne et y produire lesdésordres que l'on sait.
Uneobjection nous semble
s'imposer
ici. Y a-t-il dans larliino-pharyngite,étant donnée
l'égale superficielité desmus¬cles antagonistes,plus
de
raison pour quel'action parésiante porte plus particulièrementsur lepéristaphylin
interne ?Le muscle dilatateur est, en effet, tout aussi exposé à voir son action annihiléeau profit de son antagoniste. Mais comme le praticien ne saurait en pareille occurence prévoir la résistance du pavillon, la douche est ici une audace thérapeutique, dont les avantages ne compensent pas la témérité.Reprenons le coryza lorsque s'effectue la
phagocytose.
Les fosses nasales sont pleines de pus. Le siphon de Weber va-t-il en tarir la sécrétion ? Non ; son rôle se limite à l'ex¬pulser. Il
rétablit
pour un instant la respiration nasale et préparel'application
de topiques, qui ont eux pourobjet de modifier la muqueuse. Telle est encore l'action effacée, accessoire, de cet « antique mode de traitement ».Coryza aigu des nouveau-nés: — A considérer la largeur etla brièveté de la trompechez l'enfant,la résistanceminime de son orifice et surtout ce fait signalépar Netter que dans la caisse,à cet âge, pullulent les microbes pathogènes (prêts à
agir),
le médecin pourra-t-il, sans remords, avoir recours ici au siphon de Weber ?« Que prudemment il le renferme à triple tour declé,
dit Lermoyez, pour n'avoir pas la tenta¬tion d'en user ». Car ici, l'intolérance du nourrisson, ses crises, ses contractions multiples feront qu'inévitablement
selon la formule « Coryza aigu X douche de Weberégalera
otite moyenne aiguë ».
Et le lieu n'est point
icid'insister
sur— 21 —
la gravité de tel accident
à
unâge où l'absence des sutures
pétro-squameuses ouvre unelarge voie
auxcomplications
vers les méninges et le cerveau.
Rhinite purulente aiguë. — Cette affection, quelle qu'en
soit l'origine :
blennorragie, dentition, fièvre infectieuse
ou éruptive, etc.,offre
pourcaractère constant
unesécrétion
purulente d'emblée,
quelquefois même sanguinolente, et
d'odeur fétide. Les sinus, s'ils existent, participent souvent
à la suppuration.
Que pourra la
douche nasale contre pareille affection? Les
conditions pathologiques variant avec
l'âge du sujet, envi¬
sageons-les aux diverses périodes
de la vie.
Chez le nouveau-né et l'enfant enbasâge, pourdes
raisons
déjà émises et que nousreprendrons dans
unchapitre ulté¬
rieur, les irrigations nasales sont
à rejeter
commedange¬
reuses.
A l'âge adulte, hormis quelques
particularités anatomo-
physiologiquesd.u pavillontubaire et de
sonappareil protec¬
teur, les chances d'infection otitiques par
la douche sont
réduites àleur minimum. Aussiadmettrons-nous,uninstant, que le coryza aigu purulent a pu se
localiser à la membrane
de Schneidersans gagnerle
rhino-pharynx,
pourmieux
ne considérer quel'action des lavages surles fosses nasales et
leurs cavités accessoires.
Pour être efficace, le siphon
doit remplir ici deux indi¬
cations: balayer les
sécrétions, modifier la
muqueuse.Certes, son actionn'est pasà
dédaigner s'il s'agit de déblayer
une narine malade d'un contenu qui
l'incommode; mais
ses effetssur les lésions semblent pluscontestables. Qu'on s'en
remette, en effet, à
l'expérience
desauteurs qui emploient la
douchedans le coryza aigu
purulent, tous partagent le même
souci : n'user quede solutions
alcalines, bien titrées, aussi
peu irritantesque possible pour
délayer le muco-pus et en
faciliter
l'expulsion. Après quoi,
cesont les pulvérisations, insufflations,
badlgeonnagesastringents
ouantiseptiques
qui font les frais de la médication.
l'irrigation
seborne
donc ici à une action mécanique.
22
Etencore cette action mécanique est-elle
incomplète;
les sinus, que la purulence peut avoir atteints et où les agents microbiens ont établi leurs quartiersgénéraux, échappent
auxmaigres bienfaits de la douche. Sonpouvoirne va môme pas
jusqu'à décongestionner
leurs orifices et favoriser leurdéplétion.
Et la tuméfaction des tissus est telle à cetteheure que l'on
ne saurait envisager sagement la possibilité de la
pénétra¬
tion du liquidedans ces cavités malades.
Malgré leur brièveté, ces considérations établissentici l'in¬
suffisance de l'irrigation même dans son action détersive.
Suivons, à
présent,
le liquidelaveurverslerhino-pharynx.
Quelles lésions y rencontre-t-il ? Quels maux va-t-il
alléger?
Cette région est le siège d'une rougeur
phlegmoneuse
; ses folliculeshypertrophiés, l'amygdale
de Luschka turgescente obstruent leschoanes, ou enpartie;
leurs cryptes regorgent de pus. — La douche aborde une tâcheplus délicate. Ils'agitpour elle de passer, avec les mucosités recueillies dans la narined'entrée, à travers le détroit laisséenhautpar
l'amyg¬
dale
pharyngée enflammée,
en bas par la voûte du voilepalatin, la procidence des muscles constricteurs en arrière et latéralement par le bourrelet des
trompes.
Bien petit es¬pace, si l'on songe à l'étroitesse
déjà
grande du cavum pen¬dant la douche, en dehors de tout processus
pathologique.
Il faut, en outre, à l'irrigation, pour conserver son titre d'agent
mécanique inoffensif,
franchir ce point rétréci sans entraîner le moindre danger pour l'orifice tubaire situé en amont. Ceci revient à dire: leliquide
injecté sous une force et unjet constants dans la narine d'entrée qu'ilremplit, doit aborder sans augmentationdépression
un point rétréci qui le sépare de la narine de sortie. Or, le fait est contraire à toute loi del'hydraulique.
Un excès de pression est inévita¬ble et se produit précisément à la porte de la première trompe rencontrée par le
liquide.
Si peu que par un méca¬nisme
invoqué
déjà le processus inflammatoire cause quel¬que faiblesse dans la défense de cet orificetubaire, ilselaisse
forcerpar
la tension et bientôt
unedouleur vive chez notre
malade nous avertitque sa
caisse vient d'être envahie
parle liquide. Source indéniable de dangers que ce transport direct
vers l'oreille des agents
infectieux
quel'on combat dans le
nez.Politzer, Lermoyez
éveillent notre prudence
surcesappli¬
cations
intempestives du siphon de Weber. Aussi notre sur¬
prise se
mêle-t-elle d'inquiétude lorsque nous lisons la thèse
inaugurale de M.
le
DrPissot. Après
unpanégyrique de
la douche nasale, l'auteur
déplore
sonemploi trop
peuré¬
pandu
dans les maladies éruptives et infectieuses avec ou
sans manifestations
naso-pliaryngées.
«Tout malade, dit-il,
atteint :
» D'angine,
de
coryza,d'amygdalite, de scarlatine, d'oreil¬
lons, de
rougeole, de variole, et même de pneumonie, de
tuberculose, de
bronchite, de fièvre typhoïde, de diphtérie,
« Devra user
largement du siphon de Weber. C'est par la
régularité
etla rigueur de cette pratique, jointes à une pro¬
preté
absolue de la bouche et du pharynx, que le praticien
verra
disparaître
cesaffections et leurs complications ». Et
en tête des
complications
quedoit empêcher ou guérir l'irri¬
gation
figure l'olite
moyenne/«Les lavages qui vont balayer
l'orifice de la trompe,
dit-il ailleurs,
enpréviendront l'enva¬
hissement ». Conclusions un peu
prématurées, nous sern-
ble-t-il, dont estfait le procès
parl'enthousiasme même qui
les a fait émettre.
Coryzas fibrineuxetdiphtéritique. —
Il
nousreste, pour
enfiniravecles maladiesaiguës,
à envisager les effets de la
douche dons les coryzas
fibrineux et diphtéritique. Repren¬
dre, à cepropos,
et l'éloge des lavages dans leur action mé¬
canique et leur
inanité dans
unbut modificateur nous paraî¬
trait fastidieux. Ils ont,ici, les
mêmes avantages, les mêmes
dangers. Mais c'est
surtout
sur cesdangers que la prudence
nousengage à insister.
On est,
eneffet, exposé à trouver
souvent réunis dans ces affections
les facteurs principaux
des complications
auriculaires
:une gêne mécanique à la
circulation des liquides par
amoncellement des fausses
— 24. -
membranes; une parésie des agents protecteurs de la
trompe
par inflammation de voisinage.
Et pourtant, quelles espérances ne furent pas fondées sur cette
thérapeutique
pour la guérison ducoryzadiphtéri tique.Se
localisait-il,
chose rare, sur la seule piluitaire ? Les lava¬ges allaient
déloger
et tuer le bacille de Lœffler cantonné dans sa fausse membrane. Le coryza n'était-il que la propa¬gation d'une angine de môme nature? Il devenait
logique d'accomplir
parla douche dans le nez l'action bienfaisante du gargarisme dans la gorge. L'on fit, dès lors, circulerdans les narines du malade telle ou telle solution dont la causti¬cité et lapuissance furenttour à tour prônéescontrelegerme du croup et ses associations microbiennes. Souffrances gra¬
tuitement
imposées
au patient, car, comme le dit Garel, le traitement local est aussi peu efficace dans cette région que dans les autres.L'irrigation
reste sans influence sur la marche du mal. Son action seborne à une désinfection ru-dimentaire des fausses
membranes,
mais leur évolution vers la chute ne subit de ces lavagesaucune accélération.Nous ne faisons que signaler enpassant les
désavantages
du siphon deWeber employé dans la convalescence de la
diphtérie bucco-pharyngée.
Nous verrons plus loin quelle fâcheuse influence lesparalysies
du voile palatin peuvent exercer, à cette période, sur les effets de la douchenasale.B) Maladies chroniques.
Toute maladie
chronique
des fosses nasales est, dans lapratique usuelle, traitée par le siphon de Weber. « Un sujet
seplaint-il, écrit
Licl-itwitz,
de moucherabondamment,
dou¬che nasale; d'une sensation
d'enchifrènement,
douche na¬sale; d'une obstruction du nez, douche nasale. C'est ainsi que la
douche
de Weber est devenue la panacée de toutes les affections du nez. »Et cette coutume
thérapeutique
est loin d'être toujourslégitimée, mêmeaux yeux du publie, par un examen de la région malade. A peine a-t-on la curiosité d'explorer les mouchoirs souillés, de constater l'obstruction nasale en fai¬
sant alternativement souffler d'une narinepuis de l'autre...
Etc'est tout : les indications de la douche .sont ainsi posées
au mépris de tout spéculum nasalet miroir pharyngien.
De la légèreté du médecin à prescrire la douche, lemalade
ne tarde pas à conclure à l'innocuitéde cette pratique. Aussi, tout parent, tout ami atteint de gêne nasale, « de rhume de
cerveau
négligé
», est-il sur l'heure initié à laprécieuse mé¬
thode; le siphon de Weber, triste
déchéance,
trouve dès lorssa place sur la toilette de toute personne soucieuse de son bien-être. « Une méthode, dit Bresgen, qui est employée par les gens du monde plus souvent qu'elle n'est prescritepar le médecin, cesse d'être une méthode scientifique; elle ne mé¬
rite ce titre que si ses indications sont
établies
surl'examen
complet de chaquecas. Sous aucun prétexte,il
nefaut
lais¬ser les malades décider eux-mêmes l'opportunité et diriger l'application d'une douche nasale. »
« Faites ces lavages, dit-on, ils sont toujours utiles,
jamais
nuisibles ». C'estune double erreur, qu'il importe de
réfuter.
Lahlennorrhée et 1'ohs.fcruction nasales sontles deuxsymp- tômescontre lesquels se fait un usagecourant
de la douche.
L'exposé rapide des affections chroniques qui
donnent lieu à
cette sôméiologiè « quelque peu
simpliste
» va nousrévéler à
côté des bienfaits de la douche et son insuffisance et ses
dangers.
Rhinite chronique simple. — Cette affection consiste, chez
l'adulte,
en une inflammation persistantede la
muqueusea la suite decoryzas
répétés.
Les symptômesprincipaux sont
un enchifrènement, persistantou temporaire,
et
une•modi¬
fication tantôt quantitative, plus souvent
qualitative des
sécrétions nasales.
A
l'examen,
la muqueuse estsoitenflammée,
rosevif, soit
pâle et macérée; il n'y a jamais
d'ulcérations; du
muco-pusrarement fétide s'étire en filaments des cornets à la cloison,
ous'accumule et sèche au niveau du
plancher.
- 20 —
Ce catarrhese complique plus tard de lésions,
hypertrô-
pliiques ouatrophiques.
Quelquefois, spontanément, il dis¬paraîtsans laisser de traces.
Deuxpériodes pourront êtreenvisagéesdansceprocessus: dans la première il y a
simplement
blennorrliée sans autre lésion quel'inflammation subaiguë de la muqueuse. Ulté¬rieurement, le coryza
chronique
aboutit soit à la rhinite hy-pertrophique
parhyperplasie
de l'élément conjonctivo-vos-culaire des cornets, soit à la rhiniteatrophique par un pro¬
cessus inverse. Considérons les effets de la douche nasale dans chacunede ces phases.
Un médecin consulté pour un coryza
chronique
peut-il môme si une étudeminutieuse du passé, des organes et de l'étatgénéral deson client l'amèneparinduction pure à affir¬mer l'origine localede la blennorrliée, peut-il sons danger
institueraveuglément le traitement par l'irrigation nasale?
Son diagnostic quelque peu hâtifrisquerait d'entraîner une
thérapeutique
peu rationnelle. Ce sontle spéculum et le mi¬roir rétro-nasalquidoivent, sinoncommencer,toutou moins compléterson examen. Il trouvera souvent « dans les fosses nasales ou dans leur voisinage une lésion mère du coryza
chronique,
ditLermoyez,
tantôt c'est une grappe depolypes
muqueux ou un
empyème
sinusol dont le traitement préala¬ble s'impose clairement, tantôt cesont des lésions dont on
risque plus facilement de méconnaître le rôle : végétations adénoïdes peu encombrantes mais capables d'entretenir une
hvperémie
passive de la pituitaire, etc., etc. »Mais supposonsque dons le cas actuel le nez du malade
se montre exempt de lésions,que malgré la rareté du fait le médecin ait à traiter un coryza chronique, essentiel si l'on peut dire, où la pituitaire se trouve le seul
foyer
desuppura¬tion incriminable. Y a-t-il enfin ici matièreà douche nasale?
Oui, si la perméabilité des cavités malades estsuffisante, s'il n'existeni
hypertrophie
vraie, ni tuméfaction vaso-mo¬trice de la muqueuse. Encore l'examen ne saurait-il nous donner
pareille
certitude. La turgescence vaso-motrice op-- 27 —
parait et disparaît
avec uneextrême facilité; la moindre
excitation la provoque,
le seul
examendu
nezla peut dissi¬
per,
et
«tel malade
auramontré, la veille, des fosses nasales irréprochables et des cornets de volume normal, qui sentira
tout-à-coupsurvenir
uneobstruction complète d'un seul
oudes deux côtés. Si on introduit, à ce moment, le
spéculum
nasal ou le miroir
pharyngien,
ontrouve des cornets gorgés
etsaillants dans le pharynx, sous
forme de tumeurs mol¬
lasses, framboisées,
violettes
oublanc pâle et d'une transpa¬
rence œdémateuse. Ces congestions
passagères qui
se mon¬trent parfois sans cause
appréciable surviennent plus
aisémentencore sous l'action du courant
tiède,
et cetétat apparaissant à chaque tentative d'irrigation suffit pour
rendre
impossible
ouimprudente la continuation de
cetrai¬
tement »
(Raugé).
Cette obstruction, en effet, que
rien
nefait prévoir, devient
un danger véritable si
le médecin, ainsi superficiellement
renseigné sur la
perméabilité nasale,
aconseillé l'irrigation
àses malades sans scruterlarésistanceque
peuvent
opposer à l'entrée des liquidesles orifices de leurs trompes. Nous
n'insistons pas sur
les suites possibles d'une telle omission :
elles sont de natureà tenir en éveil la
prudence du praticien.
Et le fonctionnement des
pavillons tubaires.
serale dernier
point, mais non le
moins important, dont il
aurasouci avant
depermettre la
douche de Weber.
Le malade se trouve-t-il dansdes conditions
idéales
pour l'irrigation? Notre devoirn'est
pasencorede lui livrer son siphon
deWeber etde lui dire
« usez-enlargement et sans
aucune crainte».«Alors mêmequ'un examen
préalable
auramontré réunies toutesles conditions
anatomiques et fonc¬
tionnelles nécessaires à la réussite de
l'opération, il est
toujours prudent d'assister aumoins à la première séance
et de n'abandonner le sujet à
lui-même qu'après s'être assuré
qu'il comprend et
exécute d'une manière irréprochable tous
les détails de la manœuvre». Ainsi
s'exprime Raugé. Mais,
selons-nous, la surveillancedu malade
nesaurait prudem-
- 28 —
ment se borner à ces
quelques
minutes d'initiation. Pour que les bénéfices de l'irrigation dans ses effets mécaniqueslui restent assurés et cela sans danger, notre malade devra pendant la durée du traitement être soumis à des examens
complets et réguliers. Soignant un coryza
chronique,
lemédecin nedoit jamais oublier l'évolution fréquente de cette affection versla rhinite hypertrophique. Par sesapplications
journalières, répétées,
la douche peut augmenter les tendan¬ces
pathologiques
de la pituitaire,et l'action dusiphon est ici analogue à ces influenceshygiéniques
ou professionnelles qui créent de toute pièce le coryzahypertrophique
chez les fumeurs, les cimentiers, les meuniers, etc. Lermoyez nousdicte, du reste, notre conduite en pareille occurrence. « Le lavagedu nez, dit-il,nedoitpasêtre troplongtemps prolongé,
car il favorise la transformation du coryza chronique en rhinite
hypertrophique.
11 faut interrompre,ou toutau moins espacer les irrigations, quand la muqueuse du cornet infé¬rieur tend à
s'épaissir
ou encore quand se manifeste un affaiblissement de l'odorat. »Et disons en passant que cette anosmie provoquée par la douchen'est pas un des moindres reproches que tous les jourson adresseà cette thérapeutique. Notre intention est
d'y
revenirultérieurement.Coryza chronique
avecdégénérescence hypertrophique.
— Occupons-nousmaintenant, puisque la douche elle-même l'a fait naître sous nos yeux, de la secondephase
du coryzachronique, celle où l'obstruction nasale est le fait, non plus
seulement de l'accumulation de
mucosités,
mais d'une hyper¬trophie vraie par hyperplasiedu tissu
conjonctivo-vasculaire
sous-muqueux. A l'exemple de Thomas Bar, nous n'envisa¬
geons pas l'efficacité de la douchecontreun processusqu'elle peut, non seulementaccentuer, maisproduirede toute
pièce:
aussi sage serait, en vérité, de vanter l'atropine dans le glaucome! Et nous rejetons comme dangereuse la pratique qui consiste, pour utiliser encore ici l'action détersive des liquides,