TRAVAUX DE LA
STATION
DERECHERCHES APICOLES
DEBURES
SUR YVETTE EN 1958Rémy CHAUVIN
l’ulleu e)
yeli·n roy:!ln.
Les
Phénomènes
de 7)leillisseiiieiiiqui
conduisent à une lentedégra-
dation des
propriétés hyperglycémiantes
de lagelée royale
se rencontrent aussi dans le cas dupollen,
comme lesignale
une note de CHAUVIN et1, AVIF
.
Ici,
les auteurs ne s’adressentplus
auxpropriétés hyperglycémiantes
des
produits,
mais à leur activitéantibiotique (voir
CHAUVIN et J,AVIE, Ann. Inst. Pasteur, go,195 6, 5 23 ). Cette activité est faible dans le pollen
fraîchement récolté sur la
plante
ouqui
vient de tomber dans le tiroirde la trappe à
pollen ;
mais si le mêmepollen
est stocképendant
huitjours
par les abeilles dans leursalvéoles,
il contient trois foisplus
d’unitésantibiotiques ; l’augmentation continue,
en se ralentissanttoutefois,
au cours du
stockage (ajoutons
que lepouvoir hyperglycémiant
dupollen apparaît, puis
sedéveloppe
d’une manièreanalogue pendant
lestockage).
I,’action antibiotique
de lagelée
varie aussibeaucoup
et sedégrade rapi-
dement à la
température ordinaire, plus
lentement à laglacière.
Déterminisme <)<’ la n·onctrucl.ion des cUlules
rovales.
Continuant ses travaux sur la construction des cellules
royales,
Vun j v A UM
E
distingue
les limitesd’application
des théories de BUTI,ERsur l’ectohormone des reines
d’abeille, qui
arrête dans les ruches la cons-truction des cellules
royales.
Elle n’inhibe en réalité que lesphases
i-ni-i l
i’ales de la construction
spontanée
descellules, quand
on se borne à enle-ver la reine dans la
ruche ; alors,
si on réintroduit la reine au bout de peu de temps, ou bien la construction n’est pasentreprise,
ou bien les ébauchesde cellules
royales
sont détruites. Maislorsque l’expérimentateur
intro-duit dans une
colonie,
même nonorpheline,
descupules
contenantdéjà
une
jeune
larve,l’élevage
estentrepris
sansdiflicultés,
mêmeparfois
sila reine est
libre ;
il suffit en tout cas del’empêcher
de venir àproximité
immédiate des cellules
(par
unegrille
àreine)
pour quel’expérience
réus-sisse.
Ces
possibilités d’adaptation
dcs abeilles montrentnéanmoins,
comme il fallait
s’y
attendre, certaines limites ; parexemple,
&dquo;1 >ii,T,.ii .?ii.;a tenté de faire élever
plusieurs
larves dans une seule celluleroyale
degrandes
dimensions, cloisonnée ou non ; mais les ouvrièresrejettent
aussitôt les larves ainsi introduites. La. raison en est sans doute que des cellules
royales
même soudées à la base comme il arrivefréquemment,
ont
toujours
des bordslibres ;
alors que dans lagrande cupule employée
dans les
expériences
de B’nrr,r,mrntt.&dquo; les bords sont confondus. Par contre, legroupement
des larves par deux dans lescupules
ordinaires rencontreparfois
un certain succès et aboutit à des cellulesoperculées
à doubletête ;
toutefois,
ces cellules ne renferment à la ftnqu’une
seule larveen voie de
nymphose,
et l’autrepartie
de la cellule est vide.Dans un autre
travail,
Vrii.LAUMK examine le rôle de lapropolis
dans l’inhibition de la construction des cellules
royales.
Il avaitdéjà signalé
le fait que lesimple badigeonnage
descupules
de cire avec de lapropolis empêche
les abeilles de les transformer en cellulesroyales.
Ilnote maintenant que la substance inhibitrice
peut
être entraînée par la vapeur d’eauaprès saponification
duproduit ;
etqu’elle
se rencontreéga-
lement dans le
bourgeon
depeuplier
et dans son essence ;rappelloils
qued’après beaucoup
d’auteurs lapropolis
est récoltée sur lesbourgeons
depeuplier.
1/essence depropolis
ou debourgeons
depeuplier
inhibeéga-
lement
l’étirage
des ciresgaufrées ;
ils’agit
donc de substances inlaibi- trices de la cnnstruction engénéral. Cependant,
l’ectohormone des’reines, appliquée
enbadigeonnage,
n’arrête que le remaniement et la transfor- mation en cellulesroyales ;
mais non pasl’étirage
des cellules d’ouvrières.Sa
spécificité
est dontPlus grande
que celle de lapropolis.
La con,trucLion des rayons.
Elle a fait
l’objet
d’une communicationspéciale
auCongrès
Interna-tional
d’H;ntomologie
deMontréal,
où DARCHEN montre l’influence de la grappe cirière sur ledéveloppement
du rayon ; enpratiquant
l’abla-tion de diverses
portions
du bord du rayon, il constate que les abeilles leréparent
en rétablissant la forme normale. Des obstacles insérés à dif- férents niveauxprovoquent
desperturbations
différentes :près
de la zone d’insertion du rayon sur lecadre,
elles sont peumarquées ;
maisauprès
du sommet, elles ont pourconséquence
une hernie de la cire depart
et d’autre de l’obstacle. Une toilemétallique
recouvrant une faceinterrompt
complètement
la, construction dans la zoneintéressée, spécialement
si la toile se trouve dans la zone sensible du sommet du rayon. L’inser- tion de feuilles
métalliques
sur la tranche du rayon arrêtecomplètement
la
construction,
si leurlargeur dépasse
IO mm, Au-dessus de cechiffre,
il est
nécessaire,
pour rétablir laconstruction,
de percer dans le métal des fenêtres d’unelargeur
déterminée. Toutes cesexpériences
mani-festent l’existence d’une « information » circulant par des voies encore
inconnues à
travers
les abeilles réuniesen
chaîne cirière. Dans une noteplus
récente(r 95 8)
DARCHENsignale
que les abeillespeuvent
tordre de manière à la rendreparallèle,
une lame de ciregaufrée
insérée entre deuxrayons
perpendiculairement
à leurplan.
Le comportementd’étirage peut
être dissocié du
comportement
de torsiongrâce
àl’emploi
de lapropolis, qui
permet latorsion,
mais inhibe la construction.laa cOl1stl’UctioJB des <’cHuh’s timaâlus.
A été étudiée de nouveau par DARCHEN et VLTm,t,.!tT!!. Dans les abeilles formées en
essaim,
la reine inhibe la formation des cellules demâles ;
mais laprésence
de couvain sous forme dejeunes
abeilles en trainde naître arrête la construction des cellules d’ouvrières. Dans le
premier
cas, l’ectohormone de la reine serait
peut-être responsable
duphénomène ;
dans le
second,
il conviendraitpeut-être
de penser à la fourniture par le couvain d’une substance inhibitrice de la construction des cellules d’ou- vrières.1.e
hutioage.
Il a été étudié par LECOMTE et Ù<>i-RT<>Is à l’aide de l’or radioactif
(lui
constitue unproduit
trèsacceptable
pour le marquage des buti- neuses ; il adéjà permis
de mettre en évidencel’hétérogénéité frappante
de la
dispersion
des aheiles : :deuxchamps
situés côte à côtepeuvent
être l’tut 1visité,
l’autre entièrementdélaissé,
bienqu’ils
contiennent l’un et l’autre desplantes
l1lellifères. Sans doute doit-on faire intervenir ici toute une série de facteurs d’orientationcomplexes,
les unssignalés
par 1,()I-VEAIT-’-, et les autres par I,ECOwT>~.La thèse de LouvEATX sur la récolte dit
pollen
constitue un ouvragetrop
considérable( 20 6 pages)
pourqu’on puisse
le résumer facilement.Hxtrayons-en
seulement deux conclusionsparticulièrement importantes
et
origiiiales :
l’auteur met d’abord en évidence, à l’aide d’uneingénieuse technique,
desphénomènes
« d’acclimatation))» déjà soupçonnés
dans lapratique apicole.
Des groupes de ruches, transférées dans un environne- mentétranger, gardent
dcsparticularités
debutinage qui
les différen-rient nettement d’antres groupes venus d’une autre zone,
puis
transférésdans ce même environnement. Dans un autre
chapitre,
1,<iui&dquo;1,.ii-x meten évidence les variations
progressives
du taux d’azote despollens
récol-tés dans la
ruche,
cequi
doit certainement influencer la marche du déve-loppement
à mesure que s’avance lasaison ; peut-être
est-ce là un desfacteurs
responsables
de l’acclimatation.Teehnohtijic
du miel.l,olTvt;.!uY et ÏRUBERT ont mesuré avec
précision
le processus d’échauffement d’un miel au cours de lafonte,
etindiquent
à cette occa-sion les
précautions
àprendre
pour éviter les «points
chauds» qui
par surchauffeslocales,
abîmentgravement
la masse du miel.Bop,N p
,cx, Inouïs, LOUVEAUX ont fait une
enquête
sur le marché dumiel à Paris
pendant
l’hiver1957-,!8.
Centpoints
de vente ont été choisisau hasard sur toute la
superficie
del’agglomération parisienne.
Lesenquê-
teurs ont attribués des notes à la
présentation,
augoût
à l’état de con-servation du miel. I,eurs conclusions sont assez
pessimistes :
untrop grand
nombre de miels sont malpréparés, parfois
enpleine
fermenta-tion.
L’origine indiquée
est souventfantaisiste,
et l’on trouvesans
peine
des miels de romarinqui
renferment une très forte pro-portion
de mield’acacia,
ou des mielstype Gâtinais, qui viennent du
Mexique,
etc. Un très gros effort reste à faire pour l’éducation des pra- ticiens en cequi
concerne latechnologie
du miel.TECHNIQUES
APICOLESL) ARC1
11-’N et l,amr., ont
présenté
aux abeilles divers échantillons de cireschimiques,
extraites desproduits pétroliers,
etqui
sontmélangés depuis
de nombreuses années à la cire d’abeille, leplus
souvent sans quel’apiculteur qui
achète des ciresgaufrées
en ait connaissance. Il sembled’a l
mès
les critèresadoptés
par DARCHKN et 1,AB,&dquo;IF, que larégularité
des constructions n’est pas très boone si une certaine
proportion
de cired’abeille n’est pas
mélangée
à la cirechimique ;
ntais dans l’ensemble laplupart
des cireschimiques
sont bienacceptées
et il ne semble pas que l’onpuisse
condamner leurmélange
avec la cire d’abeille.A propos de
l’élevage
desreines,
Vumt,AUME discute les différentestechniques d’orphelinage
et deprésentation
des cellulesroyales
arti-ficielles
employées
par lesapiculteurs.
I,’auteur les a d’abordperfection-
nées en
pratiquant
latechnique
dite du starterpe Y1 nanent,
où lepaquet
d’abeillesorphelin qui reçoit
lescupules
munies d’une larve est maintenusans cesse en état de fonctionner par l’introduction réitérée de cadres de
jeune
couvain. Mais l’onpeut supprimer
totalementl’emploi
du starteret introduire directement les
cupules
dans lefinisseur,
si l’on apris
soinde
greffer
lesjeunes
larves sur uneyccantz=té Plus importante de gelée royale (pure
oudiluée).
Il est vrai que cettetechnique
ne réussit bien due dansun « finisseur » de
grande
taille(à
t7cadres).
Mais il estpossible
desimplifier
beaucoup
lesopérations
en conservant la reine à l’intérieur de la ruche,emprisonnée
dans unecagette
pourexpédition
dereine,
comme en utilisent d’habitude les éleveurs. Pour amorcerl’élevage royal artificiel,
laprésence
de la reine n’est pas un obstacle insurntontable, pourvu que ses mouve- ments soient restreints par
l’emploi
d’unepetite cagette.
Uevuc
générâtes.
Deux revues ont été
publiées
dans les Annales del’Abeille,
l’une par CHAUVIN sur diverspoints
de labiologie
des abeilles, l’autre par I,E- COMTE, sur lecomportement
des faux-bourdons.En 1957, à l’occasion du IIIe
Congrès
de l’Union pour l’Etude des InsectesSociaux,
s’est tenu à la nouvelle Stationexpérimentale d’Api-
culture de
Montfavet,
annexe de Bures-sur-Yvette une réunion du groupe de travail «Analyse pollinique c<. Un fascicule spécial
des Annales de
l’Abeille y a été consacré. Ont pris
la parole
M. BARBIER (examen polli- nique
de quelques
mielsunifloraux),
le DT EVENIUS(Pollenanalyse
undBegutachtung
von sedimentreichenHonigen)
LOUVEAUX(Recherches
sur
l’origine
dans les miels dupollen
deplantes entomophiles dépourvues
de
nectaires)
le DT MAURIZIO(Beitrâge
zurquantitativen Pollen analyse
des
Honigs) .
I,A STATION
EXPERIMENTALE
D’APICULTURE DE MONTEAVETCette Station annexe fonctionne maintenant avec un
équipement qui
secomplète
peu à peu, sous la direction de Pierre 1,AVIF. Nous y avonsconstitué un
département
du ntiel avec une miellerie modèle(extracteur,
maturateurs
chauffés, pasteurisateur,
chambre chaude conditionnée pour enlever du miel l’eau en excès, chambre froide pour la recristallisa- tion du miel,etc.).
I,e rucher n’a pas encore atteint sonplein dévelop- pement ( j oo ruches)
à cause des retards dus à une mauvaise année et àune crue subite
qui
aemporté
50 ruches. Nous pensons y conduire des recherches sur le miel et sur les racesd’abeille,
la sélection et l’entretien durucher ;
alors que BURES se confinera dans des recherchesplus
théo-riques
sur labiologie
del’abeille,
soncomportement,
latechnologie
et labiochimie des
produits
de la ruche autres que le miel.REFERENCES
BIIII.I()OR.1I’IiI<>LJl!,!
( 1
)
CHAUVIN(R.). - Travaux
(te )a Station deRecherches Apicoles
de Buressur Yvette en 1057 Anrc. A13., i, 107-111I
( 2
)
CHAUVIN(R.). — Biologie
de l’abeille. Revue généralejusqu’en H ) 58 .
.4nn. Ab., i, Ir-ly.
CHAUVIN (R.)
et 1,.WIE(P.).
-- Le vieillissement dupollen emntagasiné
par les abeilles et de la
gelée
royale. C. R. Acad. Sc., 247, 2040-2.(.
1
) CouRTOis (G.)
et LËCOMTE(J.). --
Sur unprocédé
de marquage des abeilles butineuses au moyen d’unradioisotope.
C. R. Acad. SC., 247, 147-9.(5)
DARCHKx(R.).
- Les constructions sociales chezApis
mellifica. TyavauaCon
-
.
Int. Entom. ivfolltréal,5 20 - 3 8.
(6)
DARCHEN(R.).
-- I,es Abeillespeuvent
tordre une lame de cire pour la rendreparallèle
aux ravons. C. R..Acad. Sc., 247, 2208-Io.( 7
)
Darchen (R.) Lavie(P.). - - Etude préliminaire
dequelques qualités
descires
gaufrées présentées
aux abeilles Arc-n. AB. 1, 7-q,(S)
DARCHEX(R.)
et VuWr,auNtL(M.).
- I)éterminisme de la construction des celliilps de mâles et des cellules d’ouvrières chezApis mellifica.
Ann. Ab., 1, 7-g.
(o)
Ln:coM·rl’,(J.). - Que
savons-nous du comportement des faux-bourdonsfl Ann.Ab.,
1, 3i-g.( 10
)
I,OUVEAUX(J.).
- Recherches surl’origine
dans le miel dupollen
deplantes entomophiles dépourvues
de nectaires. Ar2ru. Ah., 1,8g-g 2 . (II)
LOUVEAUX(J.). —
Recherches sur la récolte dupollen
par les abeillesApis mellifica L. Ann. !4i)., i-m, 206 p.
(t2)
1,017VEAUX(J.),
TRUBERT(E.).
-Htude technique sur la fonte du miel cristallisé. Ann. Ab., i, rg-3o.
(i 3
)
BoRrrcm(R.),
I,OUI-I;(J.),
LOUVEAUX(J.). -- Enquête
sur le marchédu miel à Paris