SUR L’ÉTIOLOGIE
DE L’ECZÉMA
THÈSE
PrseiitÉe et publiquement soutenue devant la Faculté de Médecine de Montpellier
Le 31 Juillet 1903
PAR
Mlle R OCDE N K O
N.îe à Loekvitza (Russie), le 15 novembre 1873
Pour obtenir
legrade de Docteur en Médecine
MONTPELLIER
IMPRIMERIE G. FIRMIN,
MONTANE
et SICARDIKue Ferdinand-Fabreet quaidu Verdanson
J903
PERSONNEL DE LA FACULTÉ
MM.
MAIKET
(#) DoyenFORGUE
Assesseuri*rof
esse
ursClinique médicale
MM. GRASSET
(#).Clinique chirurgicale TEDENAT.
Cliniqueobstélric.etgynécol GRYNFELTT.
— —
ch. du cours, M. Puecu .Thérapeutique et matière médicale. . . .
HAMELIN
(jfc)Clinique médicale CARR1ELL
Clinique des maladies mentales et nerv. MAIRET(^).
Physique médicale IMBERT
Botanique et hist. nat.
méd
GRANEL.Cliniquechirurgicale FORGUE.•
Clinique ophtalmologique TRUC.
Chimie médicaleet Pharmacie VILLE.
Physiologie \ REDON.
Histologie VIALLETON.
Pathologie interne DUCAMP.
Anatomie G1LIS.
Opérations et appareils ESTOR.
Microbiologie RODET.
Médecine légale et toxicologie SARDA.
Cliniquedes maladiesdes enfants
....
BAUMEL.Anatomie pathologique BOSC
Hygiène BERTIN-SANS.
Doyen honoraire: M. VIALLETON.
/'»o/esseurs honoraires :
MM. J
AU
MES,PAULET
(O.#
, E. BERTIN-SANS (#1 (dianjésde Cours complémentaires
Accouchements MM. PUECH, agrégé.
Clinique ann.des mal. syphil. etcutanées BROUSSE, agrégé.
Clinique annexe des mal. des vieillards. . VEDEL, agrégé.
Pathologie externe. IMBERT L., agrégé
Pathologie générale
RAYMOND,
agrégéAijrétjés
en
exerciceMM. BROUSSE
MM. VALLOIS MM. IMBERTKAU/.1EK
MOURET VEDEL
MOITESSIEB
GALAV1ELLE JEANBRAU
de
ROUVILLE RAYMOND POUJOL
PUECII VIRES
M. H. GOT, secrétaire.
examinateurs de
laThèse
MM. BAUMEL, président. MM. BROUSSE, agrégé.
RODET, professeur.
j
VEDEL, agrégé.
LaFaculté deMédecine de Montpellier déclarequeles opinions émisesdans
les Dissertations qui lui sont présentées doivent être considérées comme
propresilIpui auteur; quellen’entendIpurdonnerni approbation, ni impro- oation
A MOX PÈRE
KOUDENIvO.
Arrivée à la fin de nos éludes médicales,
nous
tenons àexprimer
noire reconnaissanceprofonde
et sincère à laFaculté de médecine de Montpellier qui
nous
a ouvert sihospitalièrement les portes de ses amphithéâtres, de ses laboratoires et de ses cliniques.
Nous
remercions vivement les Maîtres de celleEcole pour
leur enseignement large et scientifique, etnous
quittons la
France
engardant
l'espoirque dans
les cir- constances difficiles où se trouvefréquemment un méde-
cin, aganl besoin d'un conseil éclairé,
nous pourrions
toujours ledemander
el l’obtenir auprès de nos Maîtres.INTRODUCTION
Un
intérêt personnel nous a porté à choisir,comme
sujetde thèse, l'étiologie de l’eczéma.
En choisissant cette question, nous avions présentes à l'esprit sa difficulté et son étendue. Mais sa connaissance un peu plus approfondie nous a déconcertée encore davantage : une littérature colossale, une quantité dethéories concernant l’origine de l'eczéma ; les preuves cliniques et logiques en faveur de chacune de ces théories sont en
nombre
considéra- ble, mais ce quimanque —
ce sont les données d’analyse, d’expérimentation pour pouvoir prouver d’une façon précise et bien fondée celle de ces théories que nous considéronscomme
la plus proche de la vérité—
théorie de l’eczéma par auto-intoxication.De
sorte qu’il fallait faire beaucoup de recherches diverses pour pouvoir tirer quelques conclusions incontestables.Mais tout ce que nous avons pu faire, durant le temps dont nous disposions.
—
c’était d’acquérir quelques notions sur ce côté de notre sujet et de dresser un plan général des ana- lyses chimiques nécessaires pour jeter quelque lumière dans cette question de l’étiologie de l'eczéma, si obscure et siembrouillée.
QUELQUES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
SUR L’ÉTIOLOGIE
DE L'ECZÉMA
CHAPITRE PREMIER
Nous
passons le côté historique de la question sans y toucher;on
trouvera ces notions historiques exposées endétail par
Brocq
(Ann. de Dermat., 1900.La
question des eczémas), par Kuzol (thèse deMoscou,
1902. Etiologieet pathogénie de l’eczéma), par Besnier (Pratique
derma-
tologique, Brocq, Besnier et Jacquet).Nous
tâcherons d’analyser les opinions qui ont été émises autrefois et cellesqui ont cours à l'heure actuelle et qui concernent les causes probables de l’eczéma.Il est nécessaire d’établir d’abord ce
que nous compren-
drons sous lenom
d’eczéma.Les
auteurs ne sont pas tous d accord sur ce point: les unscomprennent dans
legroupe
d’eczémas des affections dont les autres font desgroupes
à part
ou
qu’ils considèrentcomme
se rattachantaux
autres espèces de maladies cutanées (par exemple, dishy- drose, impétigo simplex et contagiosa, lichen simple—
8—
chronique, ecthyma, dermatites artificielles, psoriasis).
Mais
il existe quelques formes d’eczémassur lesquellesil n’y a pas de divergence
dans
les opinions.Brocq
carac- térise celle forme, à laquelle ildonne
lenom
d’ «eczéma
vrai » de la façon suivante:
<•
Dermatose
caractérisée par de larougeur
duderme
;par des vésicules d’aspect assez particulier,
groupées
sur cette base, parfois pardu
suintement séreux, cilrin, pois- sant les doigts etempesant
le linge; par des eroûtelles et desdesquamations
assez spéciales : c’est le vieux type de Willan, deRayer
et de Bazin: c’est l’eczématisation de Besnier; c’est notreeczéma
vrai.Tout
lemonde
s’accordepour
luidonner
lenom
d’eczéma, quellesque
soient d'ailleurs ses variations de degré, d’intensité, d’extension, degroupement,
de figuration, de diffusion; quellesque
soient les modifications
que
cettedermatose
subisse sui- vant ses localisations, sescomplications, ses associations morbides, etc. [Ann. de Dermal., 1900) ».C’estprincipalement cegenre d’eczéma
que nous
aurons en vue en parlant d’eczémas engénéral.Nous
trouvons d’ailleurs utile qu’on fasse toutes lesrecherches possibleset dans tous les cas d éruptions eczé- mateuses, que ce soit de l’eczéma vrai, typique
ou une
de ces dermatitesque quelques uns decesauteurs auraient placéedans
legroupe
d’eczémas. Il est nécessaire seule-ment
de décrireminutieusement
les lésions trouvées danschaque
cas particulier et de faire l’examen histologique des parcelles de lapeau
exciséespendant
lesdivers stades de la maladie (biopsie).Peut-être les résultatsobtenus de cette façon permet-
tront-ils de direplus
sûrement
s’il existeune
cause géné- rale des eczémas, el si quelques dermatites dugroupe
non
typiquepeuventrentrerdans
legroupe
d’eczémasvrais.CHAPITRE
IILes
théories concernant l’étiologie et la pathogénie de l’eczéma sont aunombre
de cinq : 1°Ancienne
théo-riediathésique
ou
constitutionnelle ; 2° I héorie nerveuse;3" Théorie parasitaire : 1° Théorie des causes externes, et 5° Nouvelle théorie des causes internes.
I.
— La
plus ancienne de ces théories, celle de lavieille Ecole française , envisageait la production des éruptions eczémateuses en rapport avec la diathèse et la
constitution individuelle. C’était la diathèse herpétique
pour
les uns, scrofuleusepour
les autres, arthritique poul- ies troisièmes, etc.À
la base de celle théorie étaitémise
l’idée
que
la cause de l’eczéma est interne.On
supposaitqu’il se faisait chez les diathésiques
une
production de liquidesanormaux,
«humeurs,
matières peccantes », qui, s’éliminant par la peau, l'irritaient et produisaient ainsi des éruptions.La
suppression de ces éruptions et partant de l’élimination des liquidesanormaux,
pourrait produireune
affection des organes internes (métastases).* *
IL
— La
théorie nerveuse était en faveur surtout au- près des auteurs anglais, etdans
ces derniers temps, plu- sieurs parmi les dermatologistes français cherchent àtrouver l’origine de certains
eczémas dans
le système nerveux. Les partisans de cette théorie voient « la causeimmédiate
et primitive de l’eczéma dans les modifications pathologiquesdu
système nerveux ,dans
son équilibrerompu
, dans les désordres de l’innervation cutanée » L’eczéma des nourrissons avec sa localisation presque spéeialcà la lacecl au cuirchevelu a trouvéson explicationdans
l’action réflexedu
système nerveux, excité par lapremière dentition ; l’arc réflexe étant constitué par les
terminaisons alvéolaires
du
trijumeau, les centres céré- braux et les tilets vaso-moteurs et sécrétoires de l’auri- eulo-lemporal, tilets correspondants à la région envahie ordinairement par l'eczéma llaumel). D’gprès cetauteur,l
eczéma
de la nuque, «pii se rencontre plus souvent chez l’enfant après (>ou
7 ans, serait sous ladépendance
del’évolution des grosses molaires.
Mais M.
h* professeurBaumel admet
aussi le rôledu
terrain : « L’eczéma
semble
frapper avecune
certaine prédilection les enfants les plus pléthoriques, les plus bouffis, passez-moi le mot, en d’autres termes les plus lymphatiques », el il conseille «une
extrême surveillance sur l’alimentation de l’enfant atteint d’eczéma. » (Leçons cliniques sur les maladies des enfants)Quelques
auteurs Moracci , Coloinialti, Verneuil et d'autres) ont fait l’examen histologique des libres et des ganglions nerveuxdans
les parties atteintes deczéma
etont trouvé des altérations pathologiques.
Mais
ces don- nées n’ont pas été confirmées par d autres , et d ailleurs,comme
ledit Neisser, les altérations nerveuses dans les dillérentes maladies de la peau ont été trouvées trop ana- logues entre ellespour
pouvoir servir de base àune
théorie étiologique. Il faut
remarquer
encore «pic ceslésions nerveuses peuvent être secondaires.
En
ce qui concerne les Faits cliniques, ils militent sou- vent en Faveur de l’origine nerveuse des eczémas.Mais
les auteurs ne conçoivent pas tous de lamême manière
la l»art qui revient ausystème
nerveuxdans
la pathogénie deseczémas
; les uns,comme
Barnluim, Lesser, considè-rent l’eczéma
comme une
angionévrose de la peau, c est- à-dire qu’ils attribuentle rôle principalaux vaso-moteurs;
les autres, avec
Schwimmer,
Kroell, Nikolsky, le regar- dentcomme une
trophonévrose de lapeau
, c est-à-direcomme une
affection des éléments nerveux trophiques.Kroell attribue l’irritation des centres
nerveux
à un principe toxiqueinconnu
circulantdans
le sang.La mo-
dification des vaisseaux et l'apparition de l’eczéma
dans
les territoires innervés parces centres sontla
conséquence
de cette irritation.Dans
biendes cas,on
a attribué l’apparition de l’eczéma ausurmenage du système
nerveuxou
àun choc nerveux
;cet
eczéma
disparaitquand
lecalme du système
nerveuxest rétabli (Baruch, Leloir, Bulkley).
Le
prurit qu’on observe souventdans
l’eczéma, et qui est très intense , est rangé aussiparmi
lesphénomènes
nerveux—
névrose sensitive de la peau.L’existence des troubles nerveux
dans
l'eczéma est prouvée par l’anesthésie (Nikolsky),ou
par l’hyperesthé- sie de lapeau (Pawlow)
qu’on rencontre souvent d'après cesdeux
auteurs.Lu
considérant les Faits cliniques, on est obligé, par conséquent, d’admettreque
lesystème nerveux
jouedans
quelques casun
rôle incontestable ;mais
est-ceune
action localisée à lapeau
et aux nerls correspondants , ouune
action générale sur tout l’organisme, c’est-à-dire sur tous
les processus intenses, s’accomplissant
dans
l'intimité des tissus et retentissant localement, la peau étantdans
12
—
ce cas un lieu de
moindre
résistance'?Nous
ne crovons pasqu
on puisse résoudre facilement cette question.Les
eczémas
d ordre réflexe, provoqués et surtout en- tretenus par des lésions des organes divers (lésions gastro-intestinales . génito-urinaires , etc.) sont rangésdans
cegroupe
d’eczémas nerveux.III.
—
Théorie parasitaire.— En
1888,De
Maleis essaya,mais
sans succès, d’isoler les cocci spécifiquespour
quelques formes d’eczéma. Schitï «mi 1889 et Leloir eu 1890
ont émisune
hypothèse sur l'origine parasitaire de l’eczéma.Mais
ce n’est qu'en 1892que
cette théorie attire l’attention particulière des dermalologislcs : l ima déclare un cocrus deforme
spéciale, qu’il appellemoro-
coque, être l’agent spécifique de l’eczéma séborrhéique.De nombreuses
recherches bactériologiques ont été laitesdans
divers pays et pardifférents auteurs à la suite de cettecommunication
de l ima.Ravogli en 1894, Caruecio en 1898,
Sabouraud
en 1899.firent des recherches .pour contrôler la découverte de
I nna : mais, bien qu’ayant constaté la présence des sta-
phylocoques doré et blanc et du streptocoque, ils n’ont trouvé
aucun microbe
spécifique.Merill a découvert eu 1895 un cpccus qu'il croyait être spécifique, mais le fait n’a pas été confirmé par des re-
cherches ultérieures.
En
1900, l imalui-même
achangé
sapremière opinion;il a trouvé
deux nouveaux
cocci, différents de sonmo-
rocoquc, auxquels il attribuait le rôle principal
dans
la production de l'eczéma. Il leurdonne
lesnoms
de dicli- maetericus eczemalis albus flaveus et de monoelimacte-riens
eczema
lis virescens.Dans
quelquesformes
d’eczéma sec il trouvait toujours son ancien inorocoque, qu’il appe-lait maintenant trielimactericus eczematis tennis.
Au
congrès de 1900 fut posée la question de l’origine parasitaire île l’eczéma, elles résultats des travaux bacté- riologiques ont été publiés, travaux faits parTœrœk
etRoth (Budapest), Sclioltz et
Raab
(Breslau), Kreibich(Vienne),
James
Galloway,Jodassohn
et Frédéric,James Galloway
etEyre
(Angleterre),Brocq
et Veillon,Morgan
Dockrell,
Gastou
(Paris),Juan
deAzua
etAntonio Men-
doza;
Eddowes
(en Angleterre), Kuzel(Moscou,
1902).Tous
les auteurs cités déclarent n’avoir trouvéaucun microbe
spécilique de l’eczéma.Les
vésiculesjeunes,non
ouvertes, ont été trouvées amicrobiennes, et l'ensemen-cement
de leurcontenu
est resté stérile.Dans
les vési- cules anciennes,dans
les croûtes et sur dessurfaces eczé-mateuses
suintantes pullulaient denombreux
microbes, en particulier, staphylocoque doré, staphylocoque blancet streptocoque. Suivant les uns, ces
microbes pyogènes
existent toujours
dans
les lésionseczémateuses quelque
peu anciennes;pour
les autres ils n’existentque dans
lamajorité des cas. Il
y en a qui
donnent
lapremière
place, quant à la lréquence,au
staphylocoque doré, d’autres au staphylocoque blanc. Plusieurs auteurs ont rencontré lemorocoque
deUnna, mais
n’en faisaient pasune
espèceà part et l’identifiaient
aux
staphylocoques doréou
blanc.L’insuccès des recherchesbactériologiques
ne démontre
pas d’une façon certaine la- non-existence d’un
microbe
spécifiquede I eczéma.
Mais
étantdonné que leczéma
estconnu
depuis des siècles entiers etque
sa fréquence est très grande, les cas de contagion auraientdû
êtreinnom-
brables. Lt en réalité il n’en est rien.
Nous
navons
pu trouverqu
un seul cas, celui de Perrin, cité d ailleurs parI i
tous les auteurs,
où
la contagion peut être reconnue.En
parlant du parasitisme de l’eczéma (Pratique derma- tologique—
Broeq, Besnier, Jacquet) Besnierditque
c’est« une question très complexe; elle comporte, d'emblée, trois termes essentiels : a) origine parasitaire
proprement
dite;
—
b) infection microbiennedu champ
d’eczématisa- tion, consécutive à sondéveloppement
;—
c) eczématisa- tion secondaire d’épidcrmodermites microbiennes di- verses.«
Sur
le premier point, l’origine parasitaire de l’eczéma vésieuleux vulgaire typique, de la lésion propre de lama-
ladie d’eczéma, l’observation clinique pure, et son inter- prétation logique, avaient suffi pour conclure à la néga-
tive, en établissant la part
dominante
des conditions in- dividuellesdans
son développement.«
Sur
le second terme, dès les premières notions acqui- ses sur les infections secondaires des lésionsnon
micro- biennes dela peau, desplaieset des brûlures en particulier,il avait été facile de pressentir
que
l'eczématisation étaitau premier rang des conditions pathologiques qui amélio- rent la qualité culturale
du tégument
externe, et favorisentla mise en activité vitale des
microcoques
qui résident sur lapeau normale
à l’état latent.«
Sur
le troisième point,nous
avions directement pré- paré la voie en isolantschématiquement
lephénomène
de l’eczématisation, et en établissant la fréquence avec la- quelle. chez les sujets prédisposés, les traumatismes de tout ordre, les irritants de toute nature,—
y compris leséléments toxiniens,
—
pouvaient entrer en actioneczéma,
lisante et créer dos
complexes
inextricablescomposant
la série des eczématisations secondaires, et des affections
compliquées
d’eczéma, ou eczématisées ».IV.
— La
théorie des causes externes de l’eczémaémane
de l’école deVienne
et a été créée parHebra.
Actuellement Kaposi et Neisser sont les défenseurs de cette théorie.
Des
agents physiques,chimiques
etmécaniques,
en agissant sur la peau, l’irritent et produisent ainsi des lé-sions
que
les partisansde cette théorie considèrentcomme
maladie-eczéma. Ils attribuent un rôle particulièrement important au grattage, qui serait souvent le point de dé- part de celle affection.
La
majorité des défenseurs de cette théorieadmet-
tent, cependant,
une
certaine influence de la prédisposi- tion héréditaireou une
action auxiliaire de la part de diverses causes internes, nutritionmauvaise
et insuffi- sante, troubles de la circulation, troubles nerveux, etc.Quant
à l’école française, elle ne voitdans
lesderma-
tites produites par l’action des causes externes,
que
des lésions eczémateuses, etnon
la maladie-eczéma.Si l’on
admet même
la possibilité d’apparition de l’eczéma-maladie sous l’influenceunique
des irritations extérieures, les casdans
lesquels l’existence de telsagents serait constatée, ne formeront qu’un
groupe peu
considérable.Kl à (
|
lu;1 1e cause attribuer cette quantité
innombrable
de faitsdans
lesquels on ne constateaucune
irritation,ou encore les cas
dans
lesquels lapeau
d’un sujet résistant d’ordinaire àune
irritation professionnelle habituelle subit tout-à-coup l’effetmorbide
de cette irrita-h;
lion lorsque létal général (Je l’organisme devient
mauvais? El
puis,comment
expliquer ce lait que ceseczémas
artificiels sont faciles à guérir, tandis que lavraie affection
eczéma
est très tenace?Sans
entrerdavantagedans
les détails de cette théorie,nous
allons exposer maintenant la théorie des causes interneset de lauto-intoxication.V.
— De même que
l'ancienne théorie dialhésique, ellereprésente principalement l’opinion de l’école française.
Les causes internes susceptibles de provoquer l’eczéma peuvent être
groupées
selonBrocq
(Ann. de Dermat.1900.
Lu
question des eczémas), de la façon suivante :« 1° Intoxications diverses provenant de corps étran- gers toxiques qui pénètrent dans l’organisme, et dont les
plus importants sont les aliments et les médicaments.
« 2U Auto-intoxication, c’est-à-dire
empoisonnement
graduel de l'organisme par une élimination imparfaite de produits toxiques qui y sont élaborés, qu’il y ait excès d'apports, apports de qualité inférieure, insuffisance de combustion, troubles des fonctions d’excrétion, etc.« d° Prédispositions spéciales héréditaires ou person- nelles qu’il est impossible de préciser.
« 1° Troubles
du système
nerveux.« 5°
L’eczéma
estun mode
spécial de réaction de lapeau, sous 1 intluence de causes internes ou externes des plus diverses, el ce
mode
de réactiondépend
de l’idiosyncrasiedu
sujet. »L’est un peu à dessein
que nous
nenous sommes
pasarrêtée plus
longuement
sur l’ancienne théorie diathé- sique. Ilnous semble
possible de l'identifiera la nouvelle17
—
théorie d’anto-intoxication, à celle différence près
que chacune
de ces théories correspond à l'ensemble des connaissances scienliliques de son temps.Les
anciens désignaient par lemot
de diathèseun
étatmorbide
de l’organisme de causeinconnue
et se manifes- tant par des accès de goulte, par des douleursrhuma-
tismales, par des éruptions eczémateuses, etc.
On
était satisfait de cette définition eton
ne cherchait pas trop à expliquer ce qui se passaitdans
les tissus et lesorganes
des diathésiques.Actuellement
on
tend à pénétrerdans
la nature intime de cetensemble
de processusanormaux
qui constituent ceque
l’on désigne sous lenom
de diathèses, d’états constitutionnels, etc.On
dispose de largesmoyens pour
faire toutes sortes de recherches scientifiques, expéri- mentales, chimiques, physiologiques.
11 est à peine nécessaire de dire
que
c’est àM.
le professeurBouchard que
revient l’honneur d’avoir silargement et si scientifiquement éclairé cettequestion des diathèses.
Voyons
ceque
disent certains dermatologistes appar- tenant à cette dernière école (théorie des causes internes de l’eczéma).O
aucher,dans
ses «Leçons
sur lesmaladies de lapeau
» s’exprime en termes suivants :«
L eczema
vrai estune
éruption diathésique, quelque
soit le
nom que vous
donniez à la disposition générale, à la diathèse qui la produit,que vous
l’appeliez arthritisme*herpétisme ou ralentissement de nutrition. C’est
une
sorte de toxidermie autogène, résultant de l’élimination par lapeau des principes de la nutrition viciée.
Ces
principes sont des matières azotéesincomplètement comburées,
depuis l’acide urique jusqu'aux matières extractives :leucine, tyrosine, eréatine, xanthine, rtc. Los causes externes de l’eczéma ne sont
donc
<|iie des causes occa- sionnelles et adjuvantes. »Pour
Bulkley, l’eczéma esl toujoursune
maladie consti- tutionnelle aumême
titreque
la goutte, lerhumatisme,
le scorbut, etc. Les causes externes sont, selon lui, tout à fait insuffisantes,
pour
produirel’eczéma,mais
ellessont importantes, en le déterminant.Suivant Thibierge,
«des
causes externes multiples et variées peuvent être l’origine d'éruptions eczémateuses ;mais
ce sont là des conditions «h* localisation plutôtque
des causes véritables d’eczéma.Des
causes internes interviennent d’une façon plus oumoins
apparente dansle
développement
d’ungrand nombre
d’eczémas.«
Parmi
leseczémateux
on voit des lymphatiques, des strumeux, surtout des neuro-aithritiques et des arthri- tiques.»
Des
lésions et des troubles viscéraux sont souventl'origine d’eczéma surtout les troubles des voies diges- tives) ».
Brocq, Besnier, Vidal ne sont pas si affirmatifs que Gaucher,
mais
eux aussi, penchent plutôt vers I origine interne de l’eczéma.Besnierdit: «
Quelque
importance qu’acquièrent dans certaines conditions individuelles les causes externes relativement à l’apparition, à l’accroissement, à la prolon- gation etaux
récidives des manifestations eczématiques ;quelque considérable
que
puisse être leur suppression au point de vue de la prophylaxie et de la thérapeutique générale de l'eczéma, ces causes n’occupent en réalitéque
le second rang dans la genèse véritable de la maladie eczéma. » Il place au premier rang les causes internes:
prédisposition, diathèse arthritique, troubles organiques, fonctionnels et matériels.
L'opinion de Vidal est
exprimée dans
lesmots
quisuivent : «
De
quelque façon qu’on interprète l'influence de l’hérédité, ellenous
paraît incontestable, et l’eczéma est très fréquent chez les héritiers d ascendantseczéma-
teux ». Ilindiquecomme
causesoccasionnellesdel’eczéma : travail de dentition chez l’enfant,ménopause
chez lafemme,
tous les étals débilitants, anémie, chlorose,lym-
phatisme, troublesdu système
nerveux, altérations et insuffisance des reins etdu
foie.Nous
lisons encoredans
l’article deBrocq
:Sur
l’étiolo-gie des
eczémas [Semaine
médicale, 1891) :« D’après l'analyse des faits cliniques, il
semble
qu’il yail des cas rangés jusqu’ici
dans
legroupe
eczéma, quidépendent
surtout de ceque nous
appelons enFrance
unétal diathésique héréditaire
ou
acquis, de troubles vaso- moteurs, d’influences s’exerçant par l’intermédiairedu système
nerveux, d’intoxications de l’économie venantdu
dehors soit par ingesta, soit pargerme morbide
; qu’ilyen
ait d'autres, au contraire,dans
lesquels laphysiono-
miede l’affection est celle d’une lésion locale. 11 est pro- bableque
le plus souvent la pathogénie de cesderma-
toses est complexe. »
En
un mot, tous ces auteurs reconnaissent l’importance des causes internes, sinonpour
tous les cas d’eczémas, dumoins pour
leur majorité.Les preuves à l’appui de celle théorie
manquent
pres- quecomplètement
; il n v aque
des observations clini- ques, trèsnombreuses,
il est vrai, etdémontrant
d’une laçon évidente celledépendance
des causes internes avecI eczéma. Il
ya aussi quelques considérations et quelques
—
20—
conclusions logiques paraissant militer en faveur de cette théorie. Voici les principaux de ces
arguments
:a)
Fréquence
de l'eczéma chez les arthritiques, scrofu- leux, diabétiques, goutteux, asthmatiques, etc.—
chez tous ceux, enun
mot, dont les processus nutritifs sefontassurément
d’une façon irrégulière etanormale
;b) Guérison de quelques
eczémas
par le seul traitement interne et par lerégime
;c) Coïncidence fréquente des troubles gastriques chro- niques, quelquefois de l’insuflisance hépatique et rénale,
ou
des lésions de cesdeux
organes avec l’apparition d’uneczéma
;
(l) Alternance
dans
l’apparition des manifestations eczémateuses et des troubles viscéraux ;e)
Cas
d’eczéma héréditaire :z) Apparition
brusque
d’eczéma sous l'influence d’un choc nerveux ;(/) ‘Apparition, quelquefois régulière, de l’eczéma chez certaines
femmes
pendant la grossesse, la menstruation ou aumoment
de laménopause;
h) Parallélisme existant entre les éruptions médica-
menteuses
et l’eczéma;/) Les
eczémas
professionnels n’apparaissent pas indis- tinctement chez tous les ouvriers exerçant lamême
pro-fession, mais seulement chez quelques-uns d’entre eux ; il faut admettre nécessairement
que
ces derniers présen- tentun
terrain spécial.Les défenseurs
mêmes
de l’origine interne de l’eczéma ne se dissimulent pas quelques-uns des côtés faibles de leur théorie.Dans
son article « La question deseczémas»
Bî’ocq indique les points faibles suivants:« I .
On
n’a pas encore suffisamment précisé d’unema-
21
nière rigoureuse et scientifique, par l’analyse chimique, dans la
mesure du
possible, la nature, la gra\ité, etmême
la réalité des intoxications de l’organisme
que
l'onadmet,
en s’appuyant sur les seuls faitscliniques.» 2.
En
admettantque
la réalité de ces intoxications soit démontrée, il n’est pasprouvé
qu’elles puissentdonner
naissance à la lésion cutanée spécialeque nous avons
désignée sous lenom
d’eczéma. Entre ces intoxicationset la lésion vésiculeuse spéciale de l’eczéma typique, l’es- prit cherche invinciblement
un
agent qui fasse la lésion.« 3. Enfin, il est nécessaire, quelle
que
soit la théorieque
l’on soutienne, d’admettre cette choseinconnue
et qui défiera sans doutelongtemps
encore, sinon toujours,la patience et l’ingéniosité des expérimentateurs, car elle se relie à la vie :
nous
voulons parler de la prédisposition individuelle du sujet, de ceque
l’on a appelé l’idiosyn- crasie »._
22CHAPITRE
IIINous comprenons
cetlc théorie de l’eczéma par causes internes de la façon suivante : Il se produit dans l’orga-nisme
deseczémateux une
formation lente des toxines qui s’accumulentdans
h*sang
etdans
la lymphe.Ces
toxines sont fabriquées :1“
Dans
le tube digestif, sous l’inlluence des diverses conditions pathologiquesou anormales
:hypo
ou hypersé- crétion de l’acide chlorhydrique et de la pepsine, motilité anormale, stase des aliments et dilatation de l’estomac, fermentationsanormales
dans l’estomacetdans l'intestin,constipation provenant de causes diverses, et résorption des principes toxiques des matières fécales.
*2°
Les
toxines se formantnormalement
dans tous les tissus de l’organisme et s’éliminant à l’étatnormal
parles émoneloires, ne sont plus éliminées par suite des lésions
ou
de l’insuffisance fonctionnelle de ces énionc-toires (foie, reins,
poumons,
peau) et s’accumulent dans l’organisme.Dans
cette catégorie de faits on peut faire entrer leseczémas
de la menstruation (normale ou dys- ménorrhée), de lagrossesse et de laménopause normale ou
précoce.3° Ces toxines sont fabriquées dans quelques orga-
nismes
tantôtconstamment
cl habituellement, sous I in--
23fluence de causes inconnues (diathèse, constitution, tempérament), tantôt accidentellement par suite d’un affaiblissement
ou
d’une viciationmomentanés
des pro- cessus chimiquesnormaux
des éléments vivants.A
proposdu tempérament
ilnous semble
bien àtemps
de rappeler sa définition actuelledonnée
parBouchard
:«
Le tempérament,
c’est tout ce quiconcerne
les varia- tions individuelles de l’activité nutritive et fonctionnelle.El
comme, pour un même organisme ou pour
unmême
élément, l’intensité de la vie et l’intensité
du
fonctionne-ment
se lient à l’intensité des transformations de lamatière, le
tempérament,
c’est tout ce quiconcerne
les variations individuellesdans
l'intensité desmétamor-
phoses de la matière vivante.Le tempérament
adonc
traità l'activité de l’organisme ; il est
une
caractéristiquedynamique
».De
tout ceque nous avons
dit surl’étiologie de l’eczéma dérive la nécessité évidente de faire touteune
série d’analyses diverses.Quelques-unes
de ces analyses sont indiquées parSabouraud
: «Nous
attendons, dit-il. de voir préciser les troubles de la réaction sudorale, les troubles urinaires qui doivent préexistera l’eczéma.Nous
attendons
que
l’on établisseune
parentéchimique
quel-conque
entre les excreta d’individus eczémateux.Nous
attendons qu’on
nous démontre expérimentalement
lapossibilité d’une lichénisation
ou
d’une eczématisation sansmicrobes
».
Bouchard,
en considérantl’eczémacomme
appartenantà la
même
familleque
l’obésité,* lerhumatisme,
la goutte, l’asthme, en unmot
à la famille des maladies par ralen- tissement de la nutrition, trace par celamême un
plan général de ces recherches.Mais cette question de recherches se
montre
très diffi-cile et très
compliquée
pratiquement. Les processus chi-miques
les plus intimes, s’accomplissant clans les tissus de l organisme, ne sont que peuconnus
;beaucoup
de procédésd’expérimentation sontencore tropcomplexes
et n’étant pas très précis, nedonnent
souventque
des résul- tats d’une valeur relative.En
outre, il faut être bien familiarisé avec la pratique de tous ces procédés chimiquespour
que les résultats obtenus aient quelque valeur.Nous
n’avons pas eu assez detemps
à notre disposi- tionpour
acquérir cette expérience pratique elpour
faire toutes les analyses nécessaires, ce que
nous
regret- tons vivement.CHAPITRE IV
Nous
passonsmaintenant
à l’examen directdu malade
et aux analyses
chimiques du
suc gastrique,du
sang, de l’urine et de la sueur.Dans
l’interrogatoire du malade, il laul insister surl’état de son appareil digestif, car bien souvent, la
dyspep-
sie et la dilatation de l’estomac restent latentes
ou ne
se révèlentque
par dessymptômes
siminimes
et si banalsqu’ils peuvent passer tout à l'ait inaperçus
pour
lemalade
(bouffées de chaleur au visage,somnolence
après les repas, renvoiset hoquet, sensationde pesanteurau
creux épigastrique après les repas,mauvaise
bouche, etc. .Dans
l’examen directdu
malade, il est important de noter l’aspect de la langue, l’état de la dentition ; de déli- miter l’estomac, de rechercher le signedu
clapotage sto- macal à jeun, lessymptômes
de la congestion hépatique.11 est nécessaire d’analyser la salive
( réaction, ptya-
line, présence
ou absence
des élémentsanormaux).
L’examen du
contenu stomacal est indispensable ; de plus, il doit être fait plusieurs fois,dans
les différentes phases de la maladie,pendant
la période aigüeou
poussée, au début de l’amélioration, etentin,quand
la guérison estcomplète,
ou
au cas d’eczéma chronique,dans
les inter- valles d’accalmie entre les poussées.Chaque
fois, on faitune série d’extractions
du
contenu stomacal et autantd’analyses, pour faire ressortir, d’une façon aussi claire
que
possible, 1rs processus de la digestion et l'étal de lamotilité stomacale.
On
doit soumettre tous les malades qui serontexaminés
aumême
régime (Ayrignac) : c’est pourquoi lemieux
est de pouvoir faire toutes ces expériences dansun
hôpital.Comme
les recherches doivent porter aussi sur la nu- trition généraledu
malade, il vautmieux
instituer d’em- blée l’alimentation d’épreuve, ainsique
le propose Leven (Société de biologie, 1900). alimentation consistant enlait,
œufs
et sucre; puis, au cours de ce régime alimen-taire, on fera le premier
sondage
stomacal dumalade
à jeun. Si lasonde ramène
des débris d’aliments, on en conciliera la dilatation de l’estomac et on pratiquera son lavage. Cela l'ail , on administre le repas d’épreuved’Kwald ou
celui deSée
et on fait dessondages
en série : 1 /2 heure, 1 heure, I heure 1/2,2
heures après le repas.L’analyse
chimique du
contenu stomacal doit portersur le?-' éléments
normaux
: acide chlorhydrique, pepsine,lab-ferment, cl surtout sur la présence des éléments
anormaux
: acide lactique, acide butyrique, acide acétique.La recherchedel’acidechlorhydrique
comprendra, comme
toujours :
A
Acidité totale enHCl
11 Ac. chlorhydr. libre
C
Ac. chlorhydr. faiblement combiné.H
H- C. . .F
Ac. chlorhydr. des chlorures lixes.A —
ila
c
T
Ac. chlorhydr. total. . .c*
T
189 44
1(58
212 109
0
,86 321L’examen
des matières fécalescomprendra
. la couleui,
1 odeur, la consistance, la toxicité, la quantité d indol, de
scatol.
Ces données
obtenues, on pourra setonner une
opinion sur l étal de la digestion intestinale, opinion qui sera complétée el confirmée par l’analyse simultanée des urines (voir chapitre VII,page
37).Beaucoup
d’auteursdonnent
des indications sur les relations entre l’eczéma et les diverses dyspepsies, la dilatation de l’estomac, les fermentations stomacales et intestinalesanormales
(Bouchard, Leredde, Hallopeau,Le
Gendre...) ; presque tous les dermatologistes, d’ail- leurs, admettent des liens particulièrement intimes entre les troubles digestifs et l’eczéma.L’eczéma
des nourrissons est attribué sans contesteaux
troubles gastro-intestinauxprovenant
le plus sou-vent, soit de la. suralimentation
ou
d'une alimentation insuffisante, de lamauvaise
qualitédu
lait de la nourrice, soit d’une nourriture neconvenant
pasau
nourrisson.Marfan,
dans
son article :Eczéma
des nourrissons [Semaine médicale, 189-1), dit :«
L’eczéma
séborrhéique s’observe surtout chez lesnourrissons élevés au sein, suralimentés, et sans trou- bles digestifs habituels; chez eux la suralimentation n’aboutit pas à la dyspepsie chronique,
mais
à lasurnu-
Irition. C’est
donc
à celle-cique nous sommes amenés
à faire la part la plus considérabledans
lagenèse
de l'af- fection. Faut-il aussi faire intervenirune
auto-intoxica- tion, résultant des fermentations digestives latentes?•le l’ignore; ce
que
je sais, c’estque
la surnutrition ne peut être contestée. »Et plus loin :
«
L eczéma
sec à placards disséminés s’observedonc
28
surtout chez des enfants atteints de dyspepsie gastro in-
testinale chronique
engendrée
par un allaitement artifi- ciel ma! dirigé; ici on peut, à bon droit, invoquerl’auto- intoxication prouvée d’ailleurs par l’indicanurie des petits malades. »Millon rapporte
dans
sa thèseun nombre
considérable d’observations de l'eczéma chez les dyspeptiques. Ayri-gnac
(thèse. Paris, 1901 en se basant sur 150 analyses chimiquesdu
suc gastrique faites chez 12 malades, arriveaux
conclusions suivantes :»> 1. I/élude des 12
malades
quenous
avons observéset sur lesquels
nous
avons effectué plus de 150 analysesdu
suc gastrique,nous
permet d’avancer, sinon de con- clure de façon définitive,que
l’estomac est toujours atteintdans les dermatoses.
Son
travail estaugmenté
ou diminuédans
des proportions considérables, il n’est jamais nor- mal.» 2.
Dans
l’état actuel, il est encore impossible de pré- ciser lechimisme
spécial àchaque
affection cutanée, sitoutefois,
comme
c’est notre conviction, on peut espérerle trouver. »
Saison
donne
dans sa thèse (Paris, 1901) plusieurs observations d’enfants où ladépendance
de l’eczéma et des troubles digestifs est évidente ; il rapporte aussi les résultats de l’analysedu chimisme
stomacaldans
quel-ques
maladies cutanées, chez quatre adultes eczémateux entre autres, et lire les conclusions suivantes :« 1.
Dans
certaines dermatoses, en particulier dansl'acné, l'urticaire, le prurigo, le lichen circonscrit, 1 ec- zéma. on trouve des altérations gastriques presque cons- tantes. Quelquefois les troubles gastriques sont évidents,
le
malade
en souffre et s’en plaint ; parfois unexamen
minutieux seulpermet
de déceler ces troubles, souventc’est l’examen «lu
chimisme
gastrique qui vientnous
révé- lerune
dyspepsiecomplètement
latente etméconnue.
» 2. Les altérations
du chimisme
gastrique sont varia- bles et il est impossible.de. mettreune
étiquette gastriqueà
chaque
dermatose,mais
ceque
l’on rencontre àpeu
prèsconstamment,
ce sont des fermentationsabondantes
dans lesquelles la fermentation butyrique tient la plusgrande
place ».Robin
etLeredde
[Bulletin de /’Académie
demédecine
, 1899) ont trouvé,parmi 422
dyspeptiques, 129 sujets porteurs de quelque affection cutanée,parmi
eux, 27 eczémateux.Les
27eczémateux
dyspeptiques présentaient des formes et des degrés différents de chlorhydrie,mais
tous avaient des fermentations stomacales anormales, lafermentation lactique le plus souvent.
Meynet
a écrit toutrécemment
(1901,Lyon une
thèse sur les troubles gastriquesdans
l’eczéma ; mais, à notregrand
regret,nous
n'avons punous
la procurer.—
30CHAPITRE V
Comme
c’est lesang
<|iii. en circulant, entraîne aveclui tout ce «j 1 1 ont élaboré les divers organes et éléments
de l’économie, il est tout naturel d’admettre que tous les
principes
anormaux
se retrouveront en naturedans
lesang
ou v produiront des modifications chimiques etmor-
phologiques. Il s'ensuit nettementque
l’analysedu sang
est indispensable
dans
tous les cas où l’on suppose l’existence d’une auto-intoxication.Robin
dit qu'il est « parfaitement possible de supposerque
la fermentation gastrique, oumieux
les principes irritantsou
•toxiques engendrés par ces fermentations agissent sur la peau par l’intermédiaire des lésions san- guines qu'ils provoqueraient.En
fait, les auteurs qui se sont occupés de la question ontfréquemment
trouvé des modifications multiplesdu
milieu sanguin dans lesdermatoses
*>.On
saitque
les éléments cellulaires dusang
se modi-fient,
dans
la majorité des cas, au cours des affections diverses généralesou
locales. Il est tout rationnel, par conséquent, de faire des recherches dans cette voie.C'est ainsi qu’il faut faire la