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Les lois de l’aimantation et de la subdivision en domaines élémentaires d’un monocristal de fer
Louis Néel
To cite this version:
Louis Néel. Les lois de l’aimantation et de la subdivision en domaines élémentaires d’un monocristal
de fer. J. Phys. Radium, 1944, 5 (11), pp.241-251. �10.1051/jphysrad:01944005011024100�. �jpa-
00233889�
LE JOURNAL DE PHYSIQUE
ET
LE RADIUM
LES LOIS DE L’AIMANTATION ET DE LA SUBDIVISION EN DOMAINES
ÉLÉMENTAIRES
D’UN MONOCRISTAL DE FERPar M. LOUIS NÉEL.
Sommaire. - 1re PARTIE. - Elle est consacrée à l’étude des lois d’aimantation d’un monocristal de fer, pur et non déformé, en supposant, à titre d’hypothèse fondamentale, qu’il n’y a pas de charges magnétiques intérieures. Après avoir partagé les domaines élémentaires, au sens de Weiss, en phases correspondant chacune à une direction bien déterminée de l’aimantation spontanée, on montré, qu’en général, la courbe d’aimantation d’un monocristal de fer se compose de quatre parties successives correspondant chacune à un mode d’aimantation différent. Ces quatre modes, I, II, III et IV, corres- pondent respectivement à 6, 3, 2 et 1 phases en équilibre.
Dans le mode I, la substance est magnétiquement isotrope, le champ intérieur est nul et l’aiman- tation ne dépend que de la forme géométrique. Dans le mode II, le champ intérieur est toujours orienté suivant un axe ternaire et les aimantations spontanées des trois phases sont également inclinées
sur lui. On trouve, de même, des conditions simples auxquelles satisfont les directions du champ intérieur et des aimantations spontanées des deux phases du mode III.
On étudie ensuite, en détail, les exemples les plus importants au point de vue expérimental. On établit, pour la première fois et l’on compare aux résultats expérimentaux de Kaya et de Sizoo, les lois d’aiman- tation, selon le mode II, de barreaux minces, orientés d’une manière quelconque, et, selon le mode III, de barreaux dont le grand axe est à peu près perpendiculaire à un axe quaternaire du cristal. On établit
également, pour la première fois, les lois d’aimantation selon les modes I, III et IV de disques taillés
dans l’un des plans de base du cube et on les compare aux résultats de Webster et de Honda.
Les deux dernières parties sont consacrées à l’étude de la forme et des dimensions des domaines élémentaires qui ont pu être précisées ici pour la première fois.
2e PARTIE. 2014 On y montre que les domaines élémentaires ont la forme de feuillets plans, empilés
les uns sur les autres, dont le plan est perpendiculaire à un axe ternaire dans le mode II et à un axe
binaire dans le mode III. On interprète ainsi les résultats expérimentaux de Sixtus et de Kaya, relatifs à l’orientation des lignes de poudres (diagrammes de Bitter).
3e PARTIE. - On y établit la théorie de la structure secondaire superficielle (notion des domaines de fermeture) des domaines élémentaires et on l’utilise pour calculer l’épaisseur des domaines en
feuillets qui constituent la structure principale. On étudie, dans un cas simple, les variations de l’équi-
distance des lignes de poudres en fonction du champ appliqué et l’on donne ainsi l’interprétation quanti-
tative des résultats expérimentaux de Sixtus et de Kaya.
SÉRIE VIlI. - TOME V. ~° 11. NOVEMBRE 19~f4.
Introduction
1. Domaines élémentaires et lois d’aiman- tation. -
Après
avoir édifié la théorie du ferro-magnétisme qui
subsiste encoreaujourd’hui
dans sesgrandes lignes,
P. Weiss futobligé
de concilier lafacilité
apparente
de la désaimantation et la gran- deur duchamp
moléculaire : il supposa doncqu’un ferromagnétique apparemment
désaimanté est, en réalité, subdivisé en domaines élémentaires aimantés individuellement àsaturation,
mais dans des direc- tions différentes. Cettehypothèse,
universellementadmise
aujourd’hui,
fut accueillie au début avecbeaucoup
deréticences,
mais lesexpériences
deBarkhausen, qui
mettent en évidence des discon- tinuités d’aimantation au cours de ladescription
d’un
cycle d’hystérésis,
furent considérées commedes preuves directes de l’existence des domaines.
En
réalité,
cesdiscontinuités,
tout au moins dans le domaine des aimantations et deschamps faibles,
ne se
rapportent qu’à
desdéplacements
irréversibles desparois
deséparation
entre domainescontigus qui
n’affectentqu’une
fraction relativement faible des domaines en cause. Maisbeaucoup
d’autresArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01944005011024100
preuves, moins directes mais
plus
convaincantes, donnentaujourd’hui
aux domaines élémentairesune existence tout à fait certaine.
Un certain nombre de
points
sont maintenantprécisés :
on sait notamment que, dans leschamps faibles,
l’aimantationspontanée
nepeut
s’orienter que suivant un nombre fini dedirections,
ditesdirections
privilégiées
ou defacile
aimantationqui,
pour le
fer,
sont les trois axesquaternaires
ducristal,
et l’on connaîtl’expression
del’énergie,
dite
énergie magnétocristalline,
àdépenser,
pouramener l’aimantation
spontanée, depuis
une direc-tion
privilégiée, ~~asqu’à
une directionquelconque :
c’est ainsi que, pour l’amener suivant un axe ter-
naire,
il fautdépenser
environ1,!~ . ~ 05 ergs;‘cm3,
On sait
également, depuis
les travaux de Bloch[ i
que la
paroi
deséparation
entre deux domainesélémentaires est caractérisée par une certaine
énergie superficielle
etqu’elle possède
uneépaisseur
finie résultant de
l’équilibre
entre les forcesd’échange
de
Heisenberg qui
tendent d’unepart
à la rendreaussi
épaisse
quepossible
etl’énergie magnéto-
cristalline
qui tend,
d’autrepart,
à l’amincir. Pour le fer(1), l’épaisseur
deparoi
varie entre =50o et 2 000 ~ etl’énergie superficielle correspondante
entre 0,7 et1,4 ergs/cm.2.
On sait
aussi,
d’autrepart,
que leschangements
d’aimantation d’une substance
proviennent
de deuxmécanismes différents : i a. une
votation, généra-
lement
réversible,
de l’aimantationspontanée
àl’intérieur de
chaque domaine,
les frontières de celui-ci restantfixes;
9 b. undéplacement,
réversibleou
irréversible,
desparois
deséparatian
entre deuxdomaines
contigus
dont les directions d’aimantation restent fixes(2).
Dans le cas
général
où l’aimantation estquel-
conque, on est, par contre, bien peu
renseigné
sur lesdirections de l’aimantation
spontanée
à l’intérieur desdomaines,
sur les différentesespèces possibles
de
domaines,
leursproportions respectives,
leursformes,
leurs dimensions et leursdispositions
rela-tives dans
l’espace.
Au seul
point
de vuemacroscopique
des loisd’aimantation,
deux cas seulement ont été traitésavec succès : celui d’un monocristal soumis à un
champ dirigé
suivant un axe desymétrie (axe quaternaire,
ternaire oubinaire)
et celui d’un cristal soumis à unchamp
intense. Dans ces deux cas,on ne
vérifie,
en somme, que la validité del’expres-
sion
mathématique
del’énergie magnétocristalline
en fonction des cosinus directeurs de l’aimantation (1) Se reporter à ce sujet à un mémoire de l’auteur consacré à une étude détaillée des parois du fer (Cahiers de Physique, à paraître en ~g/~5). Ce mémoire, auquel il sera plusieurs fois
fait allusion dans la suite, sera désigné par la lettre A.
(1) Voir les expériences d’ELMORE (Phys. Rev., 1938, 53, p. 757) qui a directement observé au microscope les dépla-
cements discontinus de parois et à la théorie détaillée des mouvements des parois dans les champs faibles établie par NÉEL (Cahiers de Physique, 1942, nO 1 ~, p. i et 1943, nO i3, p. 18).
et l’on
néglige complètement
lesphénomènes
desubdivision en domaines élémentaires. Dans le
premier
cas, cette omission n’a pas derépercussîons
graves
puisque,
parsymétrie,
les différentes caté-gories
de domainespossédant
les mêmespropriétés,
tout se passe donc comme s’il
n’y
avaitqu’une
seulecatégorie
de domaines. Il en est de même dans le second cas, car iln’y
aalors, réellement, qu’une
seule
catégorie
de domaines par suite de l’intensité duchamp appliqué.
Il ressort ainsi de ce bref résumé
qu’il
n’existeaucune théorie de l’aimantation d’un
ferromagné- tique qui
tienne effectivementcompte
de la subdi-vision en domaines élémentaires en en
expliquant
les différentes modalités.
Nous allons. dans ce
mémoire,
essayer dejeter
les
premières
bases d’une telle théorie sur des consi- dérationspurement énergétiques,
enremorquant
que, dans cette subdivision en domaines élémen-
taires,
lechamp démagnétisant joue
un rôle fonda-mental dont seuls
quelques
auteurs, de Waard[2],
Landau et Ijfshitz
[3],
Gorterr 4],
entre autres,ont reconnu
l’importance.
Comme cette subdivision n’est pas enrapport
direct avec lesphénomènes d’hystérésis,
il est toutindiqué
de l’étudier sur unmonocristal de fer idéalement pur et non déformé.
Il se trouve heureusement que les cristaux réels étudiés
jusqu’ici
par différentsexpérimentateurs
serapprochent
suffisamment de cet état idéal pourse
prêter
à des vérifications fructueuses de la théorie. Le ferconstitue,
à cetégard,
une substancede choix bien
plus
intéressante que le nickel danslequel
les tensions internes accidentellesprovoquent
de graves
perturbations
par suite de lagrandeur
de la
magnétostriction.
Nous consacrerons la
première partie
de ce travailà une étude
purement
formelle de ladécomposition
en domaines au cours de
laquelle
nous déterminerons le nombre descatégories
distinctes de domaines élémen-taires,
leursproportions
retatives ainsi que les direc- tionscorrespondantes
de I’aimantationspontanée.
Dans une deuxième
partie,
nous étudierons laforme
et l’orientation des domaines.Enfin,
dans la troisièmepartie,
nous déterminerons leurs dimen- ’ sions absolues en liaison avec certainsphénomènes compliqués
de surface danslesquels
interviennent des domainesspéciaux
dits de fermeture.PREMIÈRE
PARTIE.Différents modes d’aimantation d’un monocristal.
2.
L’énergie magnétique
et lescharges
inté-rieures. - Soit une substance
ferromagnétique quelconque
subdivisée en domaines élémentaires àune échelle suffisamment
petite
pourqu’on puisse
la
décomposer
en éléments de volume drqui,
touten étant
grands
vis-à-vis des domainesélémentaires,
soient encore assezpetits
vis-à-vis des dimensions i2013 j
du cristal. Le
champ
intérieur moyen Hi et l’aiman- C. -
.
v ]
tation moyenne îi en un
point
sont alors définis : comme lechamp
moyen et l’aimantation moyenne «d’un élément de volume dz entourant ce
point.
-
Le
champ
moyen Iii est la somme duchamp
, - -
imposé
et d’unchamp démagnétisant
moyen Htqui
est créé par unerépartition
fictive decharges
+
définie par la densité moyenne en volume p = - div J
-
et la densité
superficielle
moyenne JN.En un
point pris
à l’intérieur de l’élémentdz,
+ +
l’aimantation locale est
égale
à ’1 -1-- et lechamp
+ - +
local est
égal
à H + Rdt :
lechamp
in est créé par lescharges réparties
sur les surfaces desépa-
ration des domaines élémentaires.
Les
valeurs+ +
moyennes de h et
de i,
dans l’élémentdz,
sont nulles par définitionL’énergie magnétique W1~[
dusystème
est donnéepar
l’intégrale
étendue à tout
l’espace.
En
décomposant l’espace d’intégration
en élémentsde volume dz pour
lesquels
onpeut
écrire :et
on aboutit finalement à
l’expression
La
présence
decharges superficielles
sur lesparois
des domaines introduit
donc,
dansl’énergie,
unterme
supplémentaire toujours positif : j2 qui peut
atteindre des valeurs considérables : h
peut,
en effet,prendre
la valeur4 TI c1
s cequi
donne, pour lefer, 1,8. io7ergs/CM3.
Pour bienapprécier
cettevaleur,
il convient de
préciser
quel’énergie
totale de certainessubdivisions que nous aurons l’occasion d’étudier
plus
loin nedépasse guère
100ergs,~cm3.
Une subdivision en domaines élémentaires. ne
eomportant
pas decharges
intérieures librespossède
donc une
énergie potentielle particulièrement faible, puisque,
h étant nul en toutpoint,
le termesupplé-
mentaire de
l’énergie
estégalement
nul.En outre, si l’aimantation
spontanée
des domaines-lui
constituent une subdivision sanscharges
inté-rieures est en
équilibre
sous l’action duchamp appliqué,
duchamp démagnétisant
et des forcesmagnétocristallines
et si les différents domaines sont enéquilibre
les uns vis-à-vis des autres, lasubdivision en
question
sera stable vis-à-vis de fous lesparamètres qui
la caractérisent :proportions
relatives des
domaines,
direction des aimantationsspontanées
et orientation desparois.
Nous suppo-serons
qu’ell.e correspond
à l’état ieplus
stable ducristal sous l’action du
champ
considéré.3.
Objet
de cette étude ethypothèses
fonda-mentales. - Nous nous proposons d’établir les lois d’aimantation d’un monocristal de
fer,
idéal etparfait,
limite par unesurface
du seconddegré (3)
, ,
+
et
placé
dans unchamp magnétique uniforme
H.Sous le nom de cristal idéal et
parfait,
nous entendonsun cristal dont le réseau est
identique
au réseauthéorique,
sanslacunes,
inclusions ni déformations.A. Conformément aux conclusions du
paragraphe précédent,
nous admettrons que la structure des domainesélémentaires,
suivantlesquels
le cristalest
décomposé,
est telle que lescharges
intérieures soient nullespartout.
Nous montrerons, dans la deuxièmepartie
de ce mémoirequ’il
esttoujours possible
de trouver de telles structuresquand
ils’agit
d’un monocristal(ce
ne serait paspossible
dans le cas d’un
polycristal)
et nous en ferons alorsune étude détaillée. Pour
l’instant,
il nous suffira d’admettre leur existence.B.
Puisqu’il n’y
a pas decharges intérieures,
-
le
champ
intérieur Hi est uniforme etpartout égal
+
à la somme vectorielle du
champ appliqué
H et, . .
-
d’un
champ démagnétisant
uniforme Hdidentique
à celui
qui régnerait
dans le cristal si l’aimantation était uniforme etégale
à l’aimantation moyenne.C. En outre, nous admettrons
qu’il
estpossible
dedécomposer
le cristal en un nombrefini
dephases possédant
chacune une aimantation uniforme. Unephase
icomprend
ainsi tous les domaines dont l’ai-. +
mantation
spontanée
estparallèle
à une certainedirection. En
module,
cette aimantationspontanée
est naturellement
égale
à l’aimantation à saturation, -
à la
température considérée,
soit 1 710 cgs,à la
température
ordinaire. Si nousdésignons
par x, (3) On sait qu’un corps, uniformément aimanté et limité par une surface du second degré, possède un champ déma- gnétisant uniforme : placé dans un champ uniforme, il prenddonc une aimantation uniforme; il en est de même lorsque
le champ démagnétisant est négligeable, c’est-à-dire lorsque
la substance, isotrope, est taillée en forme de cylindre très allongé de section quelconque et est aimanté suivant la direc- tion des génératrices.
la fraction du volume total
occupée
par laphase i,
on aura, par définition :
D. Enfin, nous admettrons
qu’il
existe un méca-nisme
réversible,
en fait ledéplacement
desparois, permettant
d’accroître unephase quelconque
auxdépens
d’une autrephase quelconque
et nous étu-dierons ainsi les
équilibres
entre lesphases.
Nousne tiendrons
compte,
dans cettepremière partie,
que de
l’énergie magnétique
et del’énergie magnéto-
cristalline : nous
négligerons l’énergie superficielle
des
parois
deséparation
entre les domaines.4. Les
positions d1équilibre
de l’aimantationspontanée
dans unchamp
donné. - Unpremier.
problème
se pose : dénombrer lesphases possibles
La remarque suivante en facilite la solution : dans
-
l’état
d’équilibre,
l’aimantationspontanée
Ji dechacune des
phases
est enéquilibre
sous l’action-
combinée du
champ
intérieur Hi et des forcesmagnétocristallines
decouplage
avec le réseaucristallin. Il
importe donc,
enpremier lieu,
d’étudiercet
équilibre.
Dans les cristaux
ferromagnétiques
dusystème cubique,
on met sous la formesuivante,
avec uneapproximation
suffisante dans laplupart
des cas,le terme
d’énergie potentielle qui correspond
auxforces
magnétocristallines :
où
oc, 5 et , désignent
les cosinus directeurs de l’aimantationspontanée, rapportée
aux axesquater-
naires du cristal comme axes de coordonnées. Dans le cas du
fer,
K estpositif
etégal
à, 3 . I G ergsj cm3.
-
9 1.
Lorsque
lechamp Hi
estnul,
il y a sixpositions d’équilibre
distinctes :Ces six
positions correspondent
à une mêmeénergie
totale
égale
à zéro : elles sont doncrigoureusement équivalentes. Ainsi, lorsque
lechamp
intérieur estnul,
sixphases différentes peuvent
subsister enéquilibre
dans le
cristal,
enprésence
les unes des autres.Appliquons
maintenant unchamp Hi,
de direc- tion définie par les cosinus directeurs p, q, rrapportés
aux axes
quaternaires OX, OY, OZ,
du cristalSi Hi esL sufflsamment
faible,
les aimantationsspontanées
sont peu déviées de leurspositions
initialesd’équilibre
et lesénergies potentielles
correspon- dantes,prennent
les valeurssuivantes,
au secondordre
près :
Les six
positions
ainsi obtenues ne sontgénéra-
lement
plus équivalentes :
laposition
laplus
stablecorrespond
àl’énergie
laplus
basse, dérivant de laposition
initiale OX.En résumé,
lorsque
p estplus grand
que q, l’une desphases
esténergétiquement plus
favorisée que les autres : cellequi correspond
à laposition
initiale OX, la
plus rapprochée
de la directionposi-
tive du
champ.
Nous admettrons que l’exactitude de cetteproposition,
d’ailleurs assezévidente,
seconserve pour une valeur
quelconque
duchamp
Hi.De la
proposition précédente,
nous déduisonsimmédiatement que, si le
charnp
intérieur n’est pas nul et si sa direction est teale que p soitplus grand que q et
que r, leséquilibres
entrephases
sontimpos-
sibles : le crislal ne
renfernle qu’une
seulephase.
Par contre,
lorsque
les cosinus directeurs sont tels que p = q > r. il existe deuxpositions équi-
valentes
d’équilibre, symétriques
parrapport
auplan x -f- y
= o et,enfin, lorsque
p = q = r,il existe trois
positions d’équilibre équivalentes, symétriques
parrapport
à l’axe ternaire.Ainsi,
poLir
qu’il
y aitéquilibre
entre troisphases,
ilf aut
que le
champ
intérieur soitparallèles
à un axelernaire;
pour
qu’il
y aitéquilibre
entre deuxphases,
sa directiondoit être teille que deux côsinus directeurs soient le troisième étant
plus petit
en module que les deux autres.Ces
simples
remarquespermettent
dedistinguer quatre
modespossibles d’aimantation,
suivant le nombre desphases
enprésence
et la nature duchamp
intérieur. Le Tableau 1 en résume les carac-téristiques.
Nous montrerons dans lasuite, qu’en général,
la courbe d’aimantation d’un monocristalse subdivise en
quatre régions,
se raccordant à despoints anguleux, correspondant
chacune à un moded’aimantation différent.
TABLEAU 1. -- Les
difféi-eizts
nodes cl’aimantation d’iiii monocristal idéal defer.
5.
Représentation géométrique
de l’aiman-tation moyenne. -
Plaçons-nous
dans le cas où ily a six
phases
enprésence (mode 1)
etdésignons
par x et -X les fractions du volume total
occupées
par les
phases respectivement
aimantées suivant OXet la direction inverse OX’.
Désignons
de même,par
y; y
les fractionsoccupées
par lesphases
aimantées suivant
OY,
OY’ etOZ,
OZ’. Par défi-nition,
tandis que l’aimantation
moyenne J
s’écrit en~ -~ ~ -~
fonction des vecteurs unitaires 1,
1,
kportés
par les axesquaternaires :
Menons,
par unpoint 0,
trois axesrectangulaires OX, OY, OZ, parallèles
aux axesquaternaires
du cristalet un vecteur OM
égal
à l’aimantation moyenne.Il est visible que le
point
M seratoujours
à l’inté-rieur de l’octaèdre
régulier
AA’BB’CC’ limité par les huitplans
+ x’ -!- ::,1± y’
= ,1 ,I ).
Cetoctaèdre
est inscrit à l’intérieur de lasphère
decentre 0 et de rayon
Réciproquement,
toutpoint
Mpris
à l’intérieur de cet octaèdrereprésente
un état
possible
d’aimantation selon le mode 1.Fig, i.
De
même,
une étudegéométrique
élémentaire montre que tous lespoints représentatifs
des étatsd’aimantation
appartenant
aux modes II et III sont situés dans le volumequi
estcompris
entrel’octaèdre et la
sphère
circonscrite. Lespoints représentatifs
du mode IV sont situés à la surface de cettesphère.
Lepoint représentatif
de l’aiman- tation d’un corps désaimanté est en 0.Lorsqu’on
aimantera ce corps à
saturation,
lepoint repré-
sentatif M passera donc du
point
0jusqu’à
lasurface de la
sphère
de rayon ~5. Il traversera l’octaèdre : laphase
initiale de l’aimantation se fera donc suivant le mode 1.6. La
phase
initiale de l’aimantation(mode I).
- Comme dans ce mode
d’aimantation,
lechamp
intérieur est
nul,
l’aimantationprise
par lecristal,
+
placé
dans unchamp imposé H,
se déterminera en -écrivant que le
champ démagnétisant
de forme H,i2013
est
égal
etopposé
auchamp imposé
H. Pour ne pascompliquer l’écriture,
nous supposeronsdésormais,
dans tout cequi va suivre,
lechamp imposé toujours parallèle
à l’un des trois axesprincipam
del’ellipsoïde qui
Iimite le cristal.Malgré
cette restriction, nousengloberons
néanmoins ainsi toutes lesexpériences
relatives aux
monocristaux,
tandis que le casgénéral,
par contre, ne nous
apporterait
rien d’essentiellementnouveau. Dans ces
conditions, puisque
l’aimantation estdirigée
suivant un axeprincipal,
lechamp démagnétisant
estégalement dirigé
suivant cet axeet
égal
à - endésignant par -N
le coefficient dechamp démagnétisant
relatif à l’axeprincipal correspondant.
L’aimantation moyenne est doncparallèle
etproportionnelle
auchamp imposé :
Elle est
indépendante
de l’orientation des axes du cristal parrapport
aux axes del’ellipsoïde. L’expé-
rience montre d’ailleurs
[5]
que les cristauxcubiques
sont
magnétiquement isotropes
dans leschamps
faibles.
La
proportionnalité
de l’aimantation auchamp,
définie par la loi
(5),
sepoursuit
aussilongtemps
que l’extrémité M du vecteur reste à l’intérieur de l’octaèdre. La traversée de la surface de l’octaèdre estaccompagnée
d’unchangement
dans le moded’aimantation dû à ce que le
champ
intérieurdevient différent de zéro. Nous donnerons le nom
d’aimantation rémanente idéale à l’aimantation J,
correspondant
à cette transition. Nous en obtien- drons la valeur enprenant
l’intersection de la face x’+ y’
+ z’ = jç de l’octaèdre avec unedroite
passant
par0, parallèle
auchamp appliqué.
Soient
1,
m, n les cosinus directeurs duchamp
; les coordonnées du
point d’intersection,
on auraL’aimantation rémanente idéale est donc liée aux
cosinus directeurs du
champ appliqué
par larelation
Kaya [6],
à titrepurement empirique,
aproposé,
le
premier,
cette formule pourreprésenter
le résultatde ses
expériences
sur les barreaux monocristallins defer,
mais lasignification théorique
n’en futdégagée
queplus
tard par Gorter171.
L’aimantation donnée par la formule
(5)
est biendéterminée;
néanmoins,
lesproportions
relativesdes six
phases
enprésence
ne sont pas déterminéespuisque
les sixquantités
~,X, y, ~, z, z
ne sontdonnées que par
quatre
relations : la relation(3)
et les trois relations déduites de
l’équation
vecto-rielle
(4).
Mais la situationchange lorsqu’on
atteintl’aimantation rémanente : à ce moment, les propor- tions x,
~, ~
desphases
aimantées suivantOX’,
OY’,
OZ’ se réduisent à zéro et il ne resteplus
quetrois
phases
aimantées suivantOX, OY, OZ,
dont lesproportions
sontrespectivement égales, d’après (4)
et
(6)
àSi aucun des cosinus directeurs n’est
nul,
troisphases
coexistent alors dans lasubstance,
de sorte que, parcontinuité,
uneaugmentation subséquente
du
champ imposé,
doit faire croître l’aimantation selon le mode II.,
.,
7.
Étude
de l’ aimantation selon lemode
IIdans le cas des barreanx. - Nous venons de montrer que, dans le cas
général,
lapremière région
de la courbe
d’aimantation,
danslaquelle
l’aiman-tation se fait suivant le mode 1 avec 6
phases,
estsuivie
d’unerégion
danslaquelle
l’aimantation doitse faire suivant le mode II avec 3
phases. Étudions
maintenant cette deuxième
région
surl’exemple particulièrement important
aupoint
de vueexpéri-
mental de barreaux monocristallins. Ces barreaux sont
toujours
suffisammentallongés
pour que le coefficient dechamp démagnétisant
transversal soit très voisin de Nous supposerons, en outre, poursimplifier l’exposé,
que le coefficient dechamp
déma-gnétisant longitudinal
est nul :pratiquement,
il n’enest
jamais ainsi,
mais il est facile de se ramener àce cas par une
simple correction,
en retranchant des valeurs duchamp imposé
lechamp démagnétisant longitudinal toujours
faible d’ailleurs.Fig.2.
Nous
désignerons par 1,
m, n(l
> m > n >o),
les cosinus directeurs du
grand
axe du barreau parrapport
aux axesquaternaires
ducristal,
choisisavec des sens
positifs
convenables. Lechamp
exté-rieur sera
également parallèle
à cegrand
axe. L’ai-mantation rémanente :il’ = Vs :
(1
-+- m -~-n)
estatteinte pour un
champ
infiniment faible au delàduquel
l’aimantation sepoursuit
selon le mode II : lechamp
intérieur Hi doit donc êtredirigé
suivantl’axe ternaire du cristal le
plus rapproché
duchamp imposé,
celui dont les trois cosinus directeurs sontégaux
à I :V3.
Comme lechamp démagnétisant
-
longitudinal
estnul,
lechamp
intérieur Hi se+
réduit à la somme
géométrique
duchamp
extérieurH, parallèle
à l’axe dubarreau,
et d’unchamp démagné-
.
-+
tisant transversal Hd,
perpendiculaire
à l’axe du+
barreau
(fig. 2). Désignons
par 0l’angle
de H- avec
Hi;
on ad’où
-
Sous l’action de ce
champ
intérieurHi,
les aiman- tationsspontanées OA, OB,
OC des troisphases, primitivement dirigées
suivantOX, OY, OZ,
tournentet se
rapprochent symétriquement
de l’axeternaire,
en
OA’, OB’,
OC’(fig. 3).
Leplan
normal àFig, 3.
l’axe ternaire, coupe cet axe en D et la
longueur
ODest une fonction de
D’autre
part,
si nousdésignons par ~,
r~, ~, lesproportions
desphases
aimantées suivantOA’,
OB’-+
et OC’
(( + n
+ =i)
et par,
et k’ 1 lesvecteurs unitaires
correspondants,
l’aimantation moyenne dusystème
est alors donnée parLe
point
M est donc situé dans leplan
A’B’C’ et àl’intérieur de ce
triangle.
Mais nous savons aussi que cette aimantation doit être presque exactementparallèle
à l’axe dubarreau, puisqu’à
cause de lagrande
valeur du coefficient dechamp démagnétisant transversal,
il suffit d’une inclinaison extrêmement faible de l’aimantation sur legrand
axe pourproduire
lechamp démagnétisant
transversal néces-- + --+
saire Hd. Il en résulte que l’aimantation J = CM s’obtiendra avec une
approximation
suffisante enprenant
l’intersection duplan
A’B’C’ avec uneparallèle
à l’axe du barreau menée par 0. On aurad’où finalement,
Ainsi,
la courbe obtenue enreprésentant ,7) (1
+ m ~--n)
en
f onction
de H :(1
+ m -~-n)
estidentique
pour tous les barreauxquelle
que soit leur orientation.Fig. l~. - Courbes d’aimantation, selon le mode II, de bar-
reaux monocristallins de fer diversement orientés. La courbe
en trait plein est la courbe théorique tandis que les courbes
expérimentales sont ponctuées. Les numéros suivis d’un K
se rapportent à des barreaux de Kaya; ceux qui sont suivis d’un S à des barreaux de Sizoo.
Cette courbe est d’ailleurs facile à calculer
puisque
OD est laprojection
sur un axe ternairedut vecteur OA’ : c’est une des
positions d’équilibre
de l’aimantation
spontanée
sous l’action combinée des forcesmagnétocristallines
et d’unchamp Hi parallèle
à l’axe ternaire. Notre courbe est donc la courbeclassique
d’aimantation suivant l’axe ter-naire,
calculée par Akulov[8].
Enposant
-q = OD : 5,,
on trouve
d’où,
parinversion,
la fonction(9).
Nous avons
reporté
sur lafigure th
dans larepré-
sentation
indiquée plus
haut, de nombreuses mesuresde
Kaya [9]
et de Sizoo[ 10]
relatives à des barreauxdiversement orientés ainsi que la courbe
théorique
déduite de la relation
(12).
Les écarts avec la courbethéorique atteignent exceptionnellement 2
pour 100 etparaissent imputables
enmajeure partie
à defaibles erreurs, de l’ordre du
degré,
sur l’orientation des axes. L’accordgénéral
du calcul avecl’expérience
est donc très satisfaisant et ne laisse pas de doute
sur l’exactitude du mécanisme que nous venons
de décrire.
La loi
(11)
est valable aussilongtemps qu’il
reste effectivement trois
phases
enprésence. Or, d’après
la relation(10),
l’une desphases disparaît lorsque,
dans ladécomposition
du vecteur OM suivant les trois directionsOA’, OB’, OC’,
l’une descomposantes
s’annule : c’estprécisément
cequi
se passe,
lorsque,
letriangle
A’B’C’ se rétrécissantsous l’influence du
champ
Hicroissant,
la direc-tion OM se trouve dans le
plan
A’OB’. Apartir
dece
moment,
iln’y
aplus
que deuxphases
enprésence
et le processus d’aimantation se
poursuit
forcémentsuivant le mode III. Un calcul élémentaire de
trigo-
nométrie
sphérique
montre que l’aimantation Jecorrespondant
à cettetransition,
est donnée par les formulesavec
Cette aimantation :le, au delà de
laquelle
la loi(11)
n’est
plus valable,
est variable selon l’orientation du barreau considéré. On a utilisé les relations(13)
pour arrêter aux
points
convenables les courbes de lafigure 4.
8. Aimantation d’un barreau selon le mode III.
-
Lorsque
l’aimantation :.1 (’ estdépassée,
il nesubsiste
plus
que deuxphases
aimantées suivant les directions OA’ et OB’qui correspondent
aux deuxaxes
quaternaires
OX et OY lesplus rapprochés
dugrand
axe du barreau. Le calcul de l’aimantation est alors assezpénible
sauf dans le cas où n = oc’est-à-dire
lorsque
legrand
axe du barreau estsitué dans l’un des
plans
de base du cube : d’ailleurs.dans ce cas, le mode II n’existe pas, on passe direc- tement du mode I au mode III.
Lorsqu’il
en estainsi,
un desplans
desymétrie géométrique
dubarreau est aussi un
plan
desymétrie magnétique.
Le
champ appliqué
étant dans ceplan,
il en est. de même de l’aimantation moyenne et du
champ
intérieur : celui-ci est donc
parallèle
à l’axe binairequi
bissecte intérieurement les deux axes OX et OY.On a affaire à un
problème plan
et encalquant
exactement les raisonnements sur ceux du
problème
à trois dimensions étudié dans le
paragraphe pré-
)
cédent,
on montre que, dans le modeIII,
si n estnul,
l’aimantation est reliée auchamp
par la formulea Cette
fois-ci,
lareprésente
248
la courbe
classique
d’aimantation suivant l’axe binaire. Elle s’ohtient[ii]
par inversion de la fonctionavec
Quand
H estpetit,
le commencement dudévelop- pement
en série de la relation(14)
s’écritLa
tangente
initiale a donc pourpente
Comme nous le verrons
plus loin,
la relation(11)
est bien vérifiée par
l’expérience,
mais comme il estextrêmement diffrcil_e d’obtenir des barreaux exac-
tement orientés suivant l’un des
plans
de base du cube, n n’estjamais
exactement nul et il est utile d’examiner cequi
se passe dans ce cas.Fig. 5. - AD représente la courbe d’aimantation d’un bar-
. reau exactement orienté suivant l’un des plans de base du cube, tandis que si l’orientation est un peu différente, on obtient 1 a courbe BCD’ (schématique).
Nous allons donc donner à n une valeur très
petite
en conservant aux cosinus directeurs 1 et mla même
valeur,
au second ordreprès
en n, que dans le cas où n est nul. Dans cetteopération,
l’aiman-tation rémanente
5)
baisse de la valeurà la valeur
Par contre, comme à
partir
dupoint B,
l’aimantationse fait suivant le mode
II,
il faut utiliser la for- mule(11)
dont ledéveloppement
en série au voisi-nage de
la
rémanente s’écritLa
pente
initiale est alorségale (1
+ m +n)2;
sa valeur est sensiblement double de la valeur corres-
pondant
à n = o. Lapente
de BC(fig. 5)
est doncdouble de la
pente
de AD. D’autrepart,
comme nest
petit,
laportion
de courbecorrespondant
aumode II est aussi très
petite :
il doit donc seproduire
en C un coude au delà
duquel
l’aimantation augmen- tera suivant le mode III. Nous avonsreprésenté,
sur la
figure,
l’elément CD’ / très voisin de l’élé- ment AD : le calcul montre, eneffet,
que la diffé-rence est du second ordre en n. On
obtient,
commeéquation
de la droiteCD’,
tandis que
l’équation
de la droite AD est donnée par(16).
Cette remarque estimportante
car nousvoyons ainsi que la loi
(14), qui
n’est strictement valable que pour n = o,représente cependant,
avec une
précision
relativequi
est de l’ordreFig. 6. - Courbes d’aimantation, selon le mode III, de bar-
reaux approximativement orientés suivant l’un des plans
de base du cube. La courbe en trait plein est la courbe
théorique. Les courbes ponctuées se rapportent à des bar- reaux étudiés par Kaya et les numéros correspondants à
ceux de son mémoire.
de ~2 :
(1
+m)~,
lesparties
de la courbed’aimantation, correspondant
au modeIII,
relatives à des barreauxqui
ne sont pas exactement orientés suivant l’une des faces du cube. L’erreur commise de ce chef est inférieure ào,5
pour Ioolorsque
n est inférieurou
égal
à o,1.Nous avons mis à
profit
cette remarque pour tracer lafigure
6qui représente
les valeurs théo-riques
due 7(1
+m)
en fonction de H :(1
+m), comparées
aux valeursexpérimentales
de Sizoo etde