Licence de math´ematiques – UPMC – 2007-2008 LM383
Corrig´ e de l’examen du 27 mai 2008
Exercice 1. SoitE l’erreur de la m´ethode, E(f) = Z 1
0
f − 7 12f 2
7 − 7
36f 4 7
−2 9f(1).
1. On sait que la m´ethode est d’ordre au moins 0. Le calcul donne E(x→x) = 0 ; E(x→x2) = 0 ; E(x→x3) =1
4 − 120 9×72 = 1
4 − 40
3×72 6= 0.
La m´ethode est donc d’ordre exactement 2.
2. Le noyau de PeanoK2 est d´efini, pour t∈[0,1] par K2(t) = E(x→(x−t)2+)
= Z 1
t
(x−t)2dx− 7
12(x−t)2+|x=2
7
− 7
36(x−t)2+|x=4
7
−2
9(1−t)2.
avec la convention ar+ = (a+)r. D’apr`es le cours, on sait que le noyau de Peano K2 est continu, comme tout noyau de Peano d’ordre sup´erieur ou ´egal `a 1.
Pour t < 27, on remarque que (x−t) est positif aux points 27 , 47 et 1 et donc K2(t) =E(x→(x−t)2)−
Z t 0
(x−t)2dx=− Z t
0
(x−t)2dx=−1 3t3≤0.
Pour t∈[47,1] on a K2(t) =
Z 1 t
(x−t)2dx−2
9(1−t)2= 1
3(1−t)3−2
9(1−t)2= 1
9(1−t)2(1−3t)≤0.
Pour t∈[27,47] on a
K2(t) = 1
3(1−t)3− 7 36(4
7−t)2−2
9(1−t)2, et donc
K20(t) = 1
6(−2 + 7t−6t2) =−1
6(−1 + 2t)(−2 + 3t).
Cela montre que K2 est d´ecroissant sur [27,12] et croissant sur [12,47]. Comme on sait d´ej`a que
K2(2
7)≤0 et K2(4 7)≤0 on en d´eduit queK2 est n´egatif sur [27,47],
3. CommeK2 est de signe constant, on sait que pourf de classeC3 donn´ee, il existeξ∈[0,1]
tel que
E(f) = 1 2f(3)(ξ)
Z 1 0
K2
et que de plus Z 1
0
K2 = 1
3E(x→x3) =− 13 32×4×72.
Exercice 2. On consid`ere l’´equation diff´erentielle surR`a valeurs dansR (E) y0(t) = 1−y(t)2
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1. La fonction f(t, y) = 1−y2 est C1 sur R2 et donc localement lipschtzienne en la seconde variable surR2. (Notons au passage que la fonctionf n’est pas lipschtzienne en la seconde variable sur R2). Par cons´equent, pour t0 ∈ R et y0 ∈ R, on a existence et unicit´e locale pour le probl`eme de Cauchyy(t0) =y0.
Rappelons ce que veut dire ce r´esultat. On a, pourt0 ety0 donn´es, existence d’un intervalle I ⊂ R contenant t0 et d’une fonction y : I → R de classe C1 v´erifiant y0(t) = f(t,(y(t)) pourt∈I, ety(t0) =y0. C’est ce qu’on appelle une solution locale du probl`eme de Cauchy.
(C’est donc un intervalleI et une fonction d´efinie sur cet intervalle ; a priorion ne sait rien sur cet intervalleI). L’unicit´e locale dit que deux solutions locales d’un mˆeme probl`eme de Cauchy co¨ıncident l`a o`u elle sont d´efinies toutes les deux. Comme cons´equence, on a que deux solutions de l’´equation diff´erentielle sont, l`a o`u elles sont d´efinies toutes les deux, soit
´egales partout, soit ´egales nulle part. Ceci est utilis´e dans la question suivante.
2. On cherche les solutions constantes sur leur ensemble de d´efinition. Si y(t) ≡c l`a o`u elle est d´efinie, on ay0(t) = 0 et donc y(t)2 = 1. Par cons´equent, il faut quec = 1 ouc=−1.
Par ailleurs, on a v´erifie imm´ediatement que les fonctions y(t)≡1 et y(t)≡ −1
sont solutions sur R de (E). Par cons´equent, ces fonctions sont les (seules) solutions constantes (maximales) de (E).
3. Soit t0 ∈ Ret y0 ∈]−1,1[. Soit y(t) :I → R une solution (locale) sur un intervalle I de (E) avec t0 ∈ I et y(t0) =y0. Par unicit´e locale, comme y0 6=±1, cette solution ne peut pas couper les solutions constantes ci-dessus. On a donc, par continuit´e dey, que pour tout t∈I,y(t)∈]−1,1[. Cela implique quey0(t)≥0 surI et donc quey est croissante surI. 4. On consid`ere la fonction ϕ: ]− ∞,0[−→Rd´efinie par
∀t <0, ϕ(t) = 1 +e2t
−1 +e2t.
Cette fonction est de classe C1 sur ]− ∞,0[ et le calcul donne ϕ0(t) = 1−ϕ(t)2. Par cons´equent,ϕest bien une solution locale de (E) sur ]− ∞,0[ pour le probl`eme de Cauchy y(−18) =ϕ(−18).
Par ailleurs, on a lim
t→0ϕ(t) = −∞, et donc cette solution ne peut ˆetre ´etendue sur un intervalle plus grand (i.e. elle ne peut pas ˆetre la restriction d’une fonction continue d´efinie sur un intervalle strictement plus grandI ⊃]− ∞,0[). C’est donc une (et donc la) solution maximale.
Exercice 3. On consid`ere l’´equation diff´erentielle lin´eaire d’ordre 2 sur R`a valeurs dansR 1. L’´equation caract´eristique de (EH) est r2−1 = 0 qui admet deux racines distinctes, 1 et
−1. Par cons´equent la solution g´en´erale de (EH) s’´ecrit y(t) =λet+µe−t avec λ, µ∈R.
2. Les syst`emes diff´erentiels associ´es sont, pour t−→Y(t)∈R2, (E2) Y0(t) =AY(t) +B(t)
(EH2) Y0(t) =AY(t) avec A:=
0 1 1 0
et B(t) :=
0 et
On rappelle que Y(t) =
Y1(t) Y2(t)
est solution de (E2) (respectivement de (EH2)) si et seulement si Y1(t) est solution de de (E) (respectivement de (EH)), et que toute solution d’un des syst`emes diff´erentiels est tel que Y2(t) =Y10(t).
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3. Les fonctions y1(t) = cosh(t) et y2(t) = sinh(t) sont solutions de (EH) en tant que combi- naisons lin´eaires det→et ett→e−t. Elles v´erifient
y1(0) y10(0)
= 1
0
,
y2(0) y02(0)
= 0
1
,
qui sont deux vecteurs ind´ependants deR2. La th´eorie des ´equations diff´erentielles lin´eaires nous garanti que les applications Y(t) =
y1(t) y10(t)
et Z(t) =
y2(t) y20(t)
sont des solutions ind´ependantes de (EH2), et par cons´equent quey1 ety2 sont bien ind´ependantes.
4. [Erreur d’´enonc´e : il fallait lire R(t,0) en lieu et place de R(0, t). Il en sera tenu compte lors de la correction des copies]. Par d´efinition de la r´esolvante et la question pr´ec´edente,
R(t,0) 1
0
= y1(t)
y10(t)
et R(t,0) 0
1
= y2(t)
y02(t)
.
Par cons´equent, R(t,0) =
cosh(t) sinh(t) sinh(t) cosh(t)
.
On pouvait aussi utiliser la formule, valable puisque Aest constante, R(t,0) =etA=
∞
X
k=0
(tA)k k! =
∞
X
k=0
tk k!Ak en remarquant que pourn≥0, A2n=
1 0 0 1
et A2n+1= 0 1
1 0
.
5. On peut chercher une solution particuli`ere du syst`eme Y0 = AY + B sous la forme R(t,0)K(t) avec K(t) =
k1(t) k2(t)
. On peut aussi utiliser la base obtenue de (EH) ob- tenue `a la premi`ere question. Dans ce cas, on cherche donc une solution du syst`eme sous la forme
Y(t) =λ1(t) et
et
+λ2(t) e−t
−e−t
avecλ1, λ2 des fonctionsC1 surR. Ainsi,Y est solution deY0 =AY +B si et seulement si λ01(t)et+λ02(t)e−t= 0
λ01(t)et−λ02(t)e−t=et , ce qui est encore ´equivalent `a λ01(t) = 1
2 et λ02(t) =−1 2e2t. Par cons´equent, si on pose Y(t) := t
2 et
et
− e2t 4
e−t
−e−t
on obtient une solution par- ticuli`ere du syst`eme (E2). La premi`ere coordonn´ee nous donne la solution particuli`ere suivante de (E) surR:
y0(t) := 1 2 t−1
2 et, la solution g´en´erale de (E) ´etant donc
y(t) =y0(t) +λet+µe−t avec λ, µ∈R.
Exercice 4.
1. Les points utilis´es sontc1 = 0 etc2= 1. La quadrature (M2) est une quadrature `a un point, en 0, sur [0,1] : il s’agit donc de la m´ethode des rectanglesur [0,1]. La quadrature (M) est une quadrature aux points 0 et 1 avec les mˆeme coefficients : il s’agit de la m´ethode du trap`eze sur [0,1].
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2. L’algorithme s’´ecrit, `a partir de y0, pour tn=nh,ynet pn,1 =f(tn, yn) donn´es :
tn,2 = tn+h yn,2 = yn+hpn,1
pn,2 = f(tn,2, yn,2) tn+1 = tn+h
yn+1 = yn+h 12pn,1+12pn,2 On a donc bien
yn+1=yn+hF(nh, yn, h) o`u F(t, y, h) = 1
2f(t, y) +1 2f
t+h , y+hf(t, y)
pour (t, y, h)∈[0, T]×R×[0, T−h].
3. On a, pour t∈ [0, T] et y ∈ R :F(t, y,0) = 12f(t, y) + 12f
t+ 0, y+ 0
= f(t, y), ce qui assure la consistance du sch´ema.
4. On a, pour h ∈ [0, T] et t ∈ [0, T −h], en utilisant que f(s, y(s)) = y0(s) sur [0, T] pour notre solution y :
η(t, y(t), h) = y(t+h)−y(t)
h −1
2f(t, y(t))−1
2f t+h, y(t+h) +1
2f t+h, y(t+h)
−1 2f
t+h , y(t) +hf(t, y(t))
,
= y(t+h)−y(t)
h −1
2y0(t)− 1
2y0(t+h) +1
2f t+h, y(t+h)
−1 2f
t+h , y(t) +hy0(t) , et donc,
|η(t, y(t), h)| ≤
y(t+h)−y(t)
h −1
2y0(t)−1
2y0(t+h)
+L 2
y(t+h)−y(t)−hy0(t) . On rappelle que, d’apr`es un r´esultat du cours, la solutionyest de classeC3. Par le th´eor`eme de Taylor-Lagrange, il existet1, t2, t3 ∈[t, t+h]⊂[0, T] tels que
y(t+h)−y(t) = hy0(t) +h2
2 y00(t) +h3 6 y000(t1) y0(t+h) = y0(t) +hy00(t) +h2
2 y000(t2).
y(t+h)−y(t)−hy0(t) = h2 2 y00(t3) Par cons´equent :
|η(t, y(t), h)| ≤h2 1
6y000(t1)− 1 4y000(t2)
+h2L 2 1 2y00(t3)
ce qui donne bien, en majorant terme `a terme,
|η(t, y(t), h)| ≤h2 5 12 sup
s∈[0,T]
|y(3)(s)|+L 4 sup
s∈[0,T]
|y00(s)|
!
5. En prenant le sup surt∈[0, T −h] dans l’estimation pr´ec´edente (dont le terme de droite ne d´epend plus det), on obtient, par d´efinition de l’erreur de consistanceν(h) :
ν(h)≤h2 5 12 sup
s∈[0,T]
|y(3)(s)|+L 4 sup
s∈[0,T]
|y00(s)|
! .
Donc que ν(h) est unO(h2), ce qui signifie que la m´ethode est d’ordre au moins 2.