FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE
ide boe.eea.xjx
ANNÉE 1894-95 N° 86
CONSIDÉRATIONS
L'HÉLÉNINE
Dans son emploi comme
médicament.
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 12 juillet 1895
Scipion
AUDIGNON
licencié ès sciences physiques pharmacien de ire classe,
préparateur a la faculté demédecine et de pharmacie de bo
Né àSt-Vivien-de-Monségur (Gironde), le 9 mai1869.
EXAMINATEURS 3DB J-tA. THESE MM. de NABIAS, professeur, président
VERGELY, professeur,
j
POUSSON, agrégé, • jugt>fi
AUCHÉ, agrégé,
j
Le Candidat répondra aux questions quilui serontfaites surles diverses parties de l'enseignement médical.
-vp
BORDEAUX
Imprimerie Vve Cadoret
17 — rue montméjan — 17
1895
MIT! II IIHICIH IT M HHIICIIIII fOMIlUÏ
MM. MICE..
AZAM.
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS :
Professeurs honoraires.
Clinique médicale Cliniquechirurgicale Pathologie interne
Pathologie et thérapeutique générales Thérapeutique
Médecine*opératoire Clinique obstétricale
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Anatomie
Histologie et Anatomie générale Physiologie
Hygiène
Médecinelégale -
Physique
Chimie
Histoire naturelle Pharmacie Matière médicale Médecine expérimentale Clinique ophtalmologique
Clinique des maladies chirurgicales des enfants.
Clinique gynécologique
AGREGES EN EXERCICE SECTION DE MÉDECINE
Pathologie interne et Médecine légale
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LeSecrétaire de laFaculté, LEMAIRE.
« Par délibération du5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans les
» Thèsesqui lui sontprésentées doivent être considéréescomme propres à leursauteurs
» et qu'elle n'entend leur donnerni approbation ni improbation. »
A LA MÉMOIRE DE MON PÈRE
A MA MÈRE ET A MA GRAND-MÈRE
A MES AMIS
A MES MAITRES
DE LA FACULTÉ DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
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CON SIDÉRATIONS
SUR
L'HÉLÉNINE
DANS SON EMPLOI GOMME MÉDICAMENT
AVANT PROPOS
Un certain nombre d'auteurs ont prétendu que l'Hélénine jouissait de propriétés antiseptiques remarquables et consti¬
tuait un médicament très propre à enrayer la tubercu¬
lose à sa première période. Mais si de pareilles propriétés
semblaient dignes d'attirer l'attention des thérapeutes et des expérimentateurs, elles demandaient à n'être acceptées qu'avec
la plus grande réserve et après contrôle. Or, ce contrôle
nécessaire ne pouvait s'exercer avec fruit qu'en utilisant des
Hélénines identiques à celles dont s'étaient servis les premiers expérimentateurs.
A cette seule condition, les résultats des expériences de
contrôle auraient présenté quelque valeur. Malheureusement,
l'Hélénine n'est pas toujours
semblable
àelle-même; c'est
un médicament complexeoù les constituants sont toujoursréunis
en proportion variable.
11
eûtdonc
étéabsurde de
songerà
contrôler des résultats trouvés à l'aide d'une Hélénine déter¬
minée par des résultats obtenus à
l'aide d'une Hélénine
nota¬blement différente. Une ressource cependant permettait d'as¬
surer le contrôle désiré. Puisque l'Hélénine brute est un médi¬
cament complexe dont les constituants sont très
bien
connus, il devenait possible de synthétiser les propriétésgénérales du
médicament, en étudiant séparément chacun de ses consti¬
tuants.
Nous devons avouer qu'à l'étude de la question ainsi posée,
nous n'avons apporté qu'une modeste contribution, nous étant
borné simplement à étudier le rôle que joue
l'anhydride alan-
tique dans l'Héléninebrute.
Nous avons essayéégalement, à
l'aide de quelques données tirées
de
nosrecherches, de
classer les Hélénines et de les caractériser suffisamment pour qu'il fût possible de ne plus
les confondre
entreelles.
Nous avons divisé notre travail en quatre chapitres :
Le premier résume l'historique
de l'Hélénine,
au pointde
vue chimique et au point de vue clinique.
Dans le second, nous étudions la valeur du traitement à l'aide de l'Hélénine et principalement de l'anhydride alan- tique.
Dans le troisième, nous recherchons quel rôle joue l'anhy¬
dride alantique dans l'Hélénine brute.
Dans le quatrième, enfin, nous
étudions le
pouvoir antisep¬tique de
l'anhydride alantique,
et nous endéduisons quelques
conséquences
utiles.
Avant d'entrer en matière, nous tenons à remercier notre
collègue et ami, M.
Favrel, qui
nous aprêté dans
nos recherches un concours précieux. Nous adressons également— 13 -
nos remerciements à M. Kivière, préparateur au laboratoire
des cliniques, pour tous les services qu'il nous a rendus dans
nos expériences bactériologiques.
A M. de Nabias, nous offrons l'expression de notre profonde gratitude, pour l'honneur qu'il nous lait en voulant bien pré¬
sider notre thèse inaugurale.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
En 1804, Valentin extrayait de la racine
d'aunée
unesubs¬
tance d'aspect
cristallin qu'il
supposaêtre le principe actif de
cette racine, et qu'il désigna sous
le
nomd'Hélénine brute.
Plus tard, un chimiste allemand,
Gerhardt, reprit l'étude de
l'Hélénine brute, et constata que ce
produit n'offrait
aucune homogénéité etcontenait plusieurs éléments différents les
unsdes autres. Ses travaux furent repris en 1873 par
Kallen, qui
désigna,ainsiqu'il suit, les éléments constitutifs de l'Hélénine
brute :
1° Ilélénine proprement dite;
2° Camphre d'aunée;
3° Anhydride
alantique
; 4° Alantol.Kallen, dans deux articles importants
du Beritche Deutsche
Chem., passe tour à tour en revue
les propriétés chimiques et
physiquesde chacun de
ces corps.11 assigne à l'Hélénine
pro¬prement dite
la formule C°H80,
etlui reconnaît les propriétés
suivantes : corps indifférent, sans
odeur, à
.saveurfade,
presque
insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool où il cris¬
tallise en longues
aiguilles, fusible
à109°. Ses tentatives
pouren obtenir des dérivés chlorés et bromés ne l'ont
conduit
qu'à laproduction de
corpsrésinoïdes.
Quant au
camphre d'aunée, Kallen le décrit ainsi
:substance
se présentant en
fines aiguilles, à odeur de menthe et à saveur
I
— 15 —
brûlante; point de fusion 64°. Ce corps se dissout facilement
dans 1 alcool et l'éther, mais très peu dans l'eau. Distillé avee du pentasulfure de phosphore, le camphre d'aunée donne un carbure d'hydrogène qui n'est autre chose que le cymène.
Passant ensuite à l'anhydride alantique Ivallen lui assignela
formule C15H,0O2, il reconnaît que ce produit est soluble dans
l'alcool faible où il cristallise en aiguilles prismatiques inco¬
lores douées d'une odeur et d'une saveur faibles. Point de
fusion, 60°; il constate également que l'anhydride alantique
bout à 275° en se décomposant partiellement. De l'anhydride alantique à l'acide alantique il n'y avait qu'un pas; Kallen
passe donc à l'étude de cet acide et reconnaît qu'il offre les
caractères d'un acide alcool à la façon de l'acide lactique. 11 dit
aussi que cet acide est soluble dans l'eau bouillante, l'alcool, l'éther, qu'il cristallise en fines aiguilles fusibles à 90°, et qu'il
donne des sels stables avec les alcalis, l'argent et le baryum.
Quant à l'alantol, quatrième substante constituante de l'Hé-
lénine brute, Kallen le décrit ainsi : liquide jaunâtre, d'une
odeuraromatique, d'une saveur de menthe, bouillant vers 200°
et dont la formule semble être C10H16O. Distillé avec le penta¬
sulfure dephosphore, l'alantol donne un hydrocarbure, proba¬
blement du cymène.
Depuis 1873 les travaux de Kallen n'ont pas été repris.
Cependant en 1892, Posth s'est livré à des recherches particu¬
lières sur l'Ilélénine proprement dite et dans sa dissertation inaugurale (Bonn 1892) il démontreque cecomposé présente les
caractères d'une lactone. Mais depuis 1892 rien de plus n'a été produit sur la question et l'étude chimique des éléments cons¬
titutifs de l'Hélénine brute reste encore à compléter.
En raison de sa complexité et des variations que présentent
ses constituants dans leurs rapports mutuels, il semblait diffi¬
cile de faire entrer l'Hélénine dans le cadre thérapeutique.
:
lit!®
M
- 16 —
La raison indiquait en
eflet, qu'utiliser ce médicament de
constitution extrêmement
variable c'était
sepréparer à recueil¬
lir des résultatscliniques
pleins d'incertitude. Mais sans entrer^
dans depareilles
considérations,
en1883 un médecin espagnol,
Yalenzuela, déclara dans
El siglo medico du 28 octobre, qu'il
avait employé
l'IIélénine
avecsuccès dans des cas de tubercu¬
lose à la première
période. 11 donnait à cette substance une
couleurjaune, un
point de fusion de 72°.
En 1885, Baëza, dans la Cronica
medica du 5 février, écrivit
que
l'IIélénine diminuait toutes les sécrétions mais plus parti¬
culièrement celles de la
trachée
etdu larynx. Suivant cet
auteur, à petite
dose
cettesubstance empêche les effets siala-
gogues et
diapliorétiques du jaborandi. Baëza constata égale¬
ment que 1
centigramme d'Hélénine brute ajouté à un litre
d'urine en empêchait
la putréfaction. Dans le courant de l'an¬
née 1882 Korab avait établi que
les bacilles tuberculeux
sus¬pendus
dans du sérum stérile additionné d'une petite quantité
d'Hélénine refusaient de se
développer
et quele sérum deve¬
nait incapable de
donner la tuberculose chez les animaux aux¬
quels on
l'injectait. Il prétendait également que donnée dans
les aliments l'Hélénine agit comme un
préventif à l'infection
par
inoculation
etmodifie favorablement la maladie déjà exis¬
tante; la formule du corps
qu'il utilisait était de C6H8().
En Allemagne, dans
le
courantde l'année 1887, Marpmann
écrivit deux articles importants
traitant de l'action thérapeuti¬
que et
de la chimie de l'IIélénine. 11 déclara que l'IIélénine est
constituée par deux corps :
l'alàntine et l'acide alantique, qui
tous les deux sont employés en
médecine. La substance, après
avoir été longtemps
administrée
auxtuberculeux, occasionnait
la disparition
des bacilles dans leurs crachats.
En 1889, M.Yersin,
étudiant les propriétés antiseptiques de
l'Hélénine brute, signale que cette
substance possède
un pou-— 17 -
voir antiseptique tel que dans la proportion de 4 0/0 elle tue
tous les microbes dans l'espace de deux heures.
En somme nous ne voyons guère les expérimentateurs s'oc¬
cuper de savoir si l'IIélénine agit comme antiseptique par cha¬
cun de ses éléments ou si l'un d'eux contribue seul à donner
au médicament ses qualités antiseptiques; tous utilisent l'IIé¬
lénine du commerce sans la caractériser autrement que par un
point de fusion plus ou moins bien déterminé.
11 faut arriver en 1891 pour voir expérimenter l'IIélénine
d'une laçon rationnelle ou du moins plus conforme à la rigueur
désirable.
Dans une recherche faite au laboratoire de Lander Brunton
et publiée dans le British médical journal, M. Bokenham,
assistant démonstrateur à l'hôpital Saint-Bartholomew de Lon¬
dres, dit qu'il a essayé d'analyser l'action antiseptique de
l'IIélénine brute en expérimentanttour à tour avec chacun des produits qui entrent dans sa constitution. Sur l'avis du Dr Brunton il s'adresse à l'importante maison Schuchardt de Gorlitz qui lui promet ainsi qu'il suit les éléments de l'IIélé¬
nine brute.
1° Hélénine proprement dite, point de fusion 109 à 110°, en
aiguilles blanches et cristallines C6H80.
2° Camphre d'année. — Point de fusion 64°, se présentant
en masse cristalline C10H16O.
3° Anhydride alantique. — Aiguilles cristallines, fusibles à 66°, C15H2102.
4° Alantol. — Liquide jaune.
Mais des difficultés apparurent cependant quand il fallut
isoler ces substances en notable quantité en sorte que Boken¬
ham n'obtint de la maison Schuchardt que la fourniture d'anhydride alantique pur. Bokenham fut donc obligé de pré¬
parer lui-même les produits sur lesquels il se promettait d'ex-
3 A.
— 18 —
périmènter et
il
nous estpermis de douter du succès de
satentative après l'insuccès
de la
maisonSchuchardt. Quoi qu'il
en soit, Bokenham étudia séparément l'influence
qu'exercent
l'Hélénine lactone, le camphre d'aunée,
l'anhydride alantique
et l'alantol sur la croissance du bacille tuberculeux etde quel¬
ques autres micro-organismes.
Il
constata quel'une quelcon¬
que des substances énumérées
plus haut prévenait le dévelop¬
pement du bacille
tuberculeux dans des proportions même
réduites à 1 de substance pour 10,000 de milieu
nutritif.
Lesmilieux nutritifs utilisés furent tour à tour le sérum du sang solidifié, l'agar glycériné, le
bouillon glycériné
etle bouillon
avec l'albumine d'œuf solide. Il est utile de faire observer que
tous les milieux de culture ci-dessusénumérés, sans l'addition
des dérivés de l'aunée, sont d'excellents milieux nutritifs du
bacille tuberculeux. De plus, Bokenham constate que les
milieux liquides additionnés d'Hélénine et tenant en suspen¬
sion de grandes quantités de bacilles sont
incapables de
pro¬duire la tuberculose ou un gonflement des ganglions lympha¬
tiques les plus voisins
quand
onles
injecte àdes cobayes
sains.
L'expérimentateur
conclut
quela substance,
mêmedans la
proportion de I pour10,000,
estfatale
aubacille tuberculeux.
Ces résultats semblent concorder avec ceux de M. Ivorab.
Bokenham essaie incidemment de cultiver d'autres micro¬
organismes sur des milieux également
additionnés d'Hélénine
et il n'est pas inutile de rapporter ici les
résultats qu'il
obtint.Il constata que les micro-organismes les
plus
vigoureux etde
croissance rapide n'étaient pas sensiblement éprouvés par la présence de 1
de substance
pour1,000 de milieu nutritif.
D'autrepart, les streptocoques (pyogène,
eresypelatus)
et quel¬ques bacilles
(bacille typhique, bacille de la morve)
necrois¬
sent pas dans ces
milieux ainsi
préparés.— 19 -
Si dans cet historique nous avons parlé longuement des
travaux de Bokenham, c'est qu'il résument en quelque sorte
tout ce qui a été produit de sérieux sur l'Hélénine. Bokenham,
en effet, spécifie qu'il a expérimenté non plus avec un produit vaguement désigné sous le nom d'Hélénine mais bien avec
l'anhydride alantique, l'Hélénine lactone et l'alantol.
CHAPITRE II
Dans ce chapitre nous nous sommes proposé de réunir les principales relations expérimentales qui traitent de l'action thérapeutique de l'Hélénine ou de ses constituants dans le
processus tuberculeux chez les animaux. Malgré les recherches
les plus actives, nous n'avons pu trouver qu'un nombre très
restreint de relations de ce genre. Nous avons donné égale¬
ment, dans ce chapitre, deux observations personnelles, prises
chez des tuberculeux humains, que nous avons traités par
l'anhydride alantique.
Expériences de M. de Korab.
lr0 Expérience. — M. de Korab prend dix cobayes, et leur injecte directement dans la cavité péritonéale du sérum tenant
en suspension des bacilles tuberculeux. Toutes les précautions antiseptiques sont observées dans cette opération. A l'au¬
topsie, on constate un épaississement de l'épiploon avec infil¬
tration de massesjaunâtres remplies de bacilles.
Aucune de ces lésions expérimentales ne s'est produite chez
les cinq autres cobayes à la boisson desquels il avaitété ajouté
une petite quantité d'Hélénine : 3 centigrammes par jour et
par malade.
2e Expérience. — M. de Korab injecte des bacilles à quatre lapins dans la chambre antérieure de l'œil, et constate chez
eux la tuberculose de l'iris avec panophtalmie.
— 21 —
J1 laisse la maladie suivre son cours chez deux de ces ani¬
maux. Quant aux deux autres, il les soumet, à partir du
dixièmejour, à des injections régulières de0 gr. 02 d'Hélénine
par jour. Ces deux derniers lapins ne sont pas morts, et même
la tuberculose de l'iris s'est modifiée avec tendance à la oué-
O
rison
En rapportant ces expériences de M. de Korab, nousdevons faire observer que cet expérimentateur n'indique pas la nature de l'Hélénine qu'il utilisait, et que c'est grand dommage car celte ind ication eûtpermisd'interpréter, à leur juste valeur, les
résultats remarquables indiqués ci-dessus.
Expériences de M. Bokenham.
Dans toutes ses expériences, Bokenham utilisait une Hélé-
nine constituée en majorité par de l'anhydride alantique.
Cependant, la substance contenait aussi une faible propor¬
tion d'Hélénine lactone.
Dans une première série d'expériences, trois animaux seule¬
ment furent nourris à l'Hélénine. L'animal contrôle mourut de tuberculose aiguë dans l'espace de 57 jours. Les deux autres
moururent, l'un 67 jours après l'inoculation, l'autre après
93 jours. Ce dernier présentait du tissu cicatriciel, et aussi de
la caséification abondante. Les animaux de la deuxième série furent inoculés avec le foie de l'animal contrôle de la série
précédente.
Dans la deuxième série d'expériences cinq cobayes furent
utilisés, deux servirent de contrôle et les trois autres furent
nourris à l'Hélénine. Les dates de leur mort arrivèrent ainsi
qu'il suit :
Cobaye n. 1 (contrôle), mort au 109e jour.
» n. 2 (contrôle) » 161e »
» n. 3 (nourri) » 157e »
» n. 4 (nourri) » 130e »
» n. 5 (nourri) » 179e »
Les deux derniers animaux ne présentaient rien que des
lésions tout à fait chroniques. Les nodules
tuberculeux
étaientnotablement cicatrisés et les ganglions lymphatiques
volumi¬
neux et fibreux. Très peu de bacilles furent trouvés
dans les
tissus de l'un quelconque des animaux nourris.
Dans la troisième série, Bokenham prend dix animaux, dont
trois servent à titre de contrôle, et dont les sept autres sont soumis au régime de l'Hélénine,
longtemps
avantd'être
ino¬culés. Les dates de leur mort sont indiquées ainsi qu'il suit :
Cobaye n. 1 (contrôle), mort au 48e jour.
» n. 2 (contrôle) » 54e »
» n. 3 (contrôle) » 43e »
m 11• 4 (nourri) » 62e »
» n. 5 (nourri) » 81e »
» il. 6 (nourri) » 29e »
» il. 7 (nourri) » 89e »
» n. 8 (nourri) )) 70e »
» n. 9 (nourri) » 121e )>
» n. 10 (nourri) » 135e )>
Cette série semble montrer que les animaux furent protégés
dans une certaine mesure par la nourriturehélénique et Boken¬
ham attribue la mort du n. 6 à une infection accidentelle provenant, peut-être,
de l'emploi de crachats humains
commeagniit d'inoculation.
Dans la quatrième série
d'expériences, les animaux furent
soumis au régime de
l'Hélénine
avantleur inoculation
et ce— 23 —
régime leur fut continué après inoculation. Ils reçurent des
doses quotidiennes de la substance en même temps qu'une légère quantité de racine d'année pulvérisée. Les dates de
mort sontindiquées dans le tableau suivant :
Cobaye: n. 1 (contrôle) mort le 48ejour.
» n. 2 (contrôle) » 59e »
» n. 3 (nourri) » 44e »
)> n. 4 (nourri) » 89° »
» n. 5 (nourri) » 106e »
» n. 6 (nourri) » 99° »
» n. 7 (nourri) » 135e »
» n. 8 (nourri) » 120e »
Les résultats obtenus ne sont donc pas sensiblement meil¬
leurs que dans les séries précédentes.
Dans la cinquième série, les animaux n'étaientpas préalable¬
ment nourris à l'Hélénine avant d'être inoculés. Bokenham se
contentait, après inoculation, de leur injecter de l'Hélénine dis¬
soute dans l'huile d'oliveau niveau de la fosse sous-scapulaire.
Les résultats lurent les suivants :
Cobaye n. i (contrôle) mort le 54ejour.
» n. 2 (contrôle) » 36e
» n. 3 (contrôle) » 70e
» n. 4 (injecté) » 76e
» n. 5 (injecté) » 42e
» n. 6 (injecté) » 99e
Ces résultats n'étant pas très satisfaisants, l'expérimenta¬
teur songe à employer, au lieu d'un bacille très
virulent,
un bacille atténuépar la culture sur l'agar glycériné,pensant avec-raison que l'infection déterminée par ces bacilles atténués représente bien mieux que l'infection due aux
bacilles
trèsvirulents (toujours susceptibles de provoquer unetuberculose
miliaire aiguë), le genre d'infection qui s'opère chez l'homme.
Avec le même tube de bacilles atténués huit cobayes furent
inoculés et Bokenham obtint les résultats suivants :
Cobayen. 1 (contrôle) mort le 92e jour,
n. 2 (contrôle) » 108e » n. 3 (contrôle) » 130e » n. 4 (contrôle) encore en vie.
n. 5 (injecté) encore en vie.
n. 6 (injecté) encore en vie.
n. 7 (injecté) mort le 142e jour,
n. 8 (injecté) encore en vie.
L'expérimentateur signale qu'au moment de la publication
de son travail, c'est-à-dire six mois après ses expériences, les
animaux vivaient encore et se portaient bien.
En somme quelles conclusions faut-il tirer des travaux de Bokenham?A notre avis il est difficile d'admettre les résultats de la cinquième série. Ne voyons-nous pas, en effet, lecobaye
contrôle n° 4 rester en vie alors que le cobaye n° 7 meurt en 142 jours après avoir reçu cependant des injections régulières
d'Hélénine? Ces contradictions sont assez choquantes pour
nous permettre de penser que si l'action de l'anhydride alan- tique dans le processus tuberculeuxn'estpas absolumentnulle elle n'est du moins pas très puissante. Du reste les séries antérieures montrent bien que pas un seul animal n'a été pro¬
tégé par la nourriture ou les injections héléniques, et il nous
paraît bien extraordinaire d'admettre que si l'anhydride alan- tique agit radicalement sur le bacille atténué elle soit sans
effet sur le bacille virulent.
Nous devons avouer que malgré nos recherches il nous a
été impossible de trouver dans la littérature médicale une
seule observation signalant l'emploi de l'Héléninedans letrai-
tement de la tuberculose humaine. Nous donnons ici deux
observations, que nous avons prises à la suite d'un traitement
institué chez des tuberculeux à la première période. La subs¬
tance utilisée était l'anhydride alantique.
OBSERVATION I
Joseph M.... 22 ans, boulanger, a eu une forte hémoptysie il y a deux ans. Le malade est resté dix-huit mois sans cracher le sang; il a
eu de nouveau des hémoptysies abondantes venant tous les cpiatre ou
cinq mois. Le malade accuse des sueurs nocturnes et un léger état fé¬
brile. L'auscultation et lapercussion dénotentun tuberculeux à la pre¬
mière période. Les craquements secs sont d'une nettetéremarquableet s'entendent au sommet gauche. A droite, rudesse dela respiration.
Nous commençons le traitement à lTIélénine le 3 mai, endonnant au malade la dose de 0 gr. 06 d'anhydride alantique. Ce traitement est continué les jours suivants sans qu'on puisse trouver chez le malade
une amélioration quelconque. Les sueursnocturnes persistent, les cra¬
quements secs sont toujours d'une grande intensité.
Le II mai, nous administrons au malade une dose double de médica¬
ment, soit 0 gr. 60 à prendre dans la journée en trois cachets. Ce trai¬
tement est continué lesjours suivants et l'examen quotidien du malade n'indique aucune amélioration. L'état général estassez satisfaisant mais
les craquements secs et les sueurs nocturnes ne sont en rien modifiés.
Le 20 mai, nousadministrons au malade 0gr. 80 d'anhydride alantique
et cette dose de médicament continue à être prescrite tous les jouis jusqu'au 30 mai, A celte date, le malade n'est pas mieux et tous les symptômes constatés au début du traitement persistent avec la même
intensité.
OBSERVATION II
Pierre M , 52 ans, menuisier, a eu une forte hémoptysie il y a
quinze mois. Depuis cette époque, il a eu de nombreux crachements de
4 A.
— 26 —
sang. A Ici percussion on constate une obscurité du son du côté gauche
età l'auscultation dans la fosse sous-épineuse on entend des râles sibi¬
lants très accentués. Nous laissons le malade plusieurs jours dans cet état et nous l'auscultons de nouveau le jour où doit débuter le traite¬
ment à l'anhydride alantique. Nous constatons encore desrâles sibilants
au niveau de la losse sous-épineuse.
Nous donnons alorsau malade l'anhydride alantique à la dose de
0 gf. GO par jour et nous continuons le traitement les jours suivants
avec la même dose d'anhydride alantique. Deux jours après l'adminis¬
tration de la substance l'auscultation nous permet de constater que la
sibilance a disparu faisant place à unerespiration rudeet à une expira¬
tionlongueetsaccadée. Quelquesjours plus tard nous portons à 0 gr. 80
la dose d'anhydride que nous administronsà notre malade; maisaucune amélioration ne semble se produire, la respiration continueà être rude, l'expiration est longue et saccadée. Après un mois de ce traitement rien ne semble modifié dans l'état denotre malade,et les lésionstuber¬
culeuses toujours aussi intenses se manifestent à l'auscultation par la
rudesse de la respiration et la longueur de l'expiration.
Les faits que nous venons de réunir touchant l'action de l'Hélénine dans le processus tuberculeux chez l'homme et les animaux tendent à démontrer qus si véritablement l'Hélénine brute possède des propriétés bienfaisantes chez les tuberculeux
à la première période, ces effets ne semblent pas devoir être attribués à la présence de l'anhydride alantique dans le médi¬
cament. Or nous verrons, dans le chapitre suivant, quel rôle important joue l'anhydride dans cette association d'éléments
qui constitue l'Hélénine, nous verrons nettement que ce pro¬
duit tient une place prépondérante dans tous les échantillons d'IIélénine et ce fait nous conduira à discuter la valeur théra¬
peutique de l'Hélénine et à établir surdes bases nouvelles son
emploi comme médicament.
CHAPITRE III
L'historique que nous avons tracé, au début de ce travail,
nous montre la plupart des expérimentateurs utilisant l'Hélé-
nine sans connaître aucunement les proportions des éléments qui la composent. Pas un d'eux ne semble ignorer que cette substance esttrès complexe, mais tous semblent la considérer
comme toujours identique à elle-même. Il était donc intéres¬
sant de connaître dans quelle proportion s'associent les élé¬
ments constitutifs de l'Hélénine, de constater si cette associa¬
tion était proportionnellement toujours la même et de voir si
dans un poids déterminé d'Hélénine, d'origine quelconque, un des éléments associés ne rentre pas toujours pour une grosse
part dans le mélange. Il était désirable de résoudre un pareil problème autant pour expliquer les contradictions auxquelles
a donné lieu l'emploi de l'Hélénine que pour mettre en garde
les futurs expérimentateurs contre de graves causes d'erreurs.
Nous n'avons pas la prétention d'avoir élucidé, d'une façon absolue, une question aussi obscure mais nous avons tentédu
moins de l'éclaircir en partie.
Pour étudier d'une façon générale le mode d'association des
éléments constitutifs de l'Hélénine, il était nécessaire de ne pas se borner à l'étude d'un seul échantillon de cette subs¬
tance. Naturellement, cette idée nousconduisit ànousprocurer à différentes sources cinq spécimens d'Héléninedu commerce.
Trois des échantillons nous furent fournis respectivement par les maisons Merck de Darmstadt, pharmacie centrale de
France etAdrian de Paris. Quant aux deux derniers l'un pro-
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venait d'une des collections de l'Ecole de pharmacie de Paris,
l'autre de la collection de notreFaculté de médecine.
Nous devons dire, cpie les points de fusion des cinq échan¬
tillons qui nous ont passé par les mains offraient entre eux de
notables différences, c'est ainsi que :
Le produit venant de chez Merck fondait à 66°
Le produit venant de la pharmacie centrale. ... 66°
Le produit venant de chez Andrian fondait à 68°
Le produitvenant de la collection de Bordeaux 75°
Le produit venant de la collection de Paris 78°
Ainsi donc, il ressort de ces premières indications que les
Hélénines du commerce varient entre elles d'une façon nota¬
ble dans le degréde leur point de fusion et naturellement dans
leur constitution. Nous devons ajouter à cette constatation
que les Hélénines utilisées par les nombreux expérimentateurs
dont nous avons donné les noms dans notre historique, diffé¬
raient aussi notablement entre elles par leur point de fusion.
C'est ainsi que l'Hélénine de Valenzuela fondait à 72°, celle de
M. de Korab fondait également à 72°, celle de Bokenham fon¬
dait à 67°.
Dans l'ignorance où nous étions du genre de composition
de l'Hélénine, nous eûmes l'idée de soumettre à l'analyse élé¬
mentaire trois des échantillons qui nous paraissaient le plus homogènes, produit Merck, produit Pharmacie centrale, pro¬
duit Adrian.
Nous étions en droit de penser, que du poids de carbone
trouvé dans chacune de ces analyses, nous pourrions à coup sûr tirer des indicationsprécieuses concernant la constancede composition de l'Hélénine. Il nous était en outre permis de
supposer que les chiffres trouvés auraientpeut-être l'avantage
de nous conduire à certains rapprochements importants.
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Avant d'entreprendre les analyses élémentaires des princi¬
pales Hélénines que nous avions entre les mains, nous essayâ¬
mes de les dessécher dans le vide en présence de l'acide sul¬
furique. Mais au bout de quelques heures les produits s'étaient
totalement transformés en un liquide brunâtre, homogène, à odeur légèrement aromatique. Quelle était la nature de cepro¬
duit? Nous devons avouer notre ignorance à ce sujet. Quoi qu'il en soit, devant un pareil inconvénient force nous fut de
livrer nos Hélénines à la combustionsans dessiccation préala¬
ble. Bien entendu, les conséquences de cet empêchement à la
dessiccation se retrouveront dans les chiffres exprimant lepour
cent d'H, qui seront nécessairement majorés.
Nous donnons ainsi qu'il suit, pour les trois échantillons
soumisà l'analyse, les résultats détaillésquenousavonsobtenus.
Combustion du produit de la Pharmacie Centrale.
Poids de la nacelle pleine 1,6432
Poids de la nacelle vide 1,3007
Poids de la substance 0,3415
Poids des tubes à ponce sulfurique après combustion . . 2,0938
Poids des tubes à ponce sulfurique avant combustion . . 1,8192
Poids de l'eau obtenue dans la combustion 0,2746
Poids des tubes à boules après combustion 3,4745
Poids des boules avant combustion 2,5422
Poids d'acide carbonique obtenu 0,9323
Poids du tube à potasse supplémentaire après combust. . 0,6388
Poids du tube à potasse supplémentaire avant combust. . 0,6045
Poids d'acide carbonique obtenu 0,0333
Poids total d'acide carbonique 0,9656
T ,,TT . , TT 0,2746x0,11111x100 0 0
Le pour cent cl 11 est exprime par 11= (T34Ï5 = '
T . „ ~ 0,9656x0,27273X 100
LepourcentdeL est exprime parL= ô~34Ï5 =77,1