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Plasmas créés par un laser

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HAL Id: jpa-00206007

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00206007

Submitted on 1 Jan 1965

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Plasmas créés par un laser

P. Nelson

To cite this version:

P. Nelson. Plasmas créés par un laser. Journal de Physique, 1965, 26 (8-9), pp.476-482.

�10.1051/jphys:01965002608-9047601�. �jpa-00206007�

(2)

ou P = p /ne e (grand rh6) est une charge volu- mique r6dulte Ai = uf/fL = A (1 + P)/(1 + P + E).

Cette loi diff6re de (6), d’une part, par 1’expression

des coefficients eta : les H (grand Ata) sont ici des

fonctions non seulement de Vei7 ven, vi., A, mais

aussi de P (il en est de meme pour r et A),

d’autre part, par la substitution du courant de conduction 3 = J + pv, au courant total J (dans

un plasma), pv courant de convection, est nul,

et 3 = J.

BIBLIOGRAPHIE [1] COWLING (T. G.), Magnetohydrodynamics, Interscience

publ. Inc. New York, 1957 ; cf. également Proc.

Roy. Soc., 1945, A 173, 453.

[2] DEMETRIADES (S.T.) et al., A. R. S. Electric Propulsion Conference, Berkeley (Californie), 1962.

[3] DUANE ROEHLING, Advanced Energy Conversion, 1963, 3, 69.

[4] DOLIQUE (J. M.), Ann. Radio, 1963, 18, 167.

[5] DELCROIX (J. L.), Introduction à la théorie des gaz ionisés, Dunod, Paris, 1959.

[6] DOLIQUE (J. M.), Ann. Radio, 1963, 18, 204.

[7] DOLIQUE (J. M.), C. R. Acad. Sc., 1965, 260, 4681.

[8] DOLIQUE (J. M.), C. R. Acad. Sc., 1965, 261, 1223.

PLASMAS CRÉÉS PAR UN LASER Par P. NELSON,

C. E. A.

Résumé. - Grâce à une métrologie minutieuse, l’expérience fournit des résultats quantitatifs, permettant une interprétation théorique.

Le faisceau d’un laser déclenché, focalisé sur une cible métallique, creuse un cratère et provoque

une émission intense d’ions, d’électrons et de rayons X de quelques keV. Ces phénomènes sont attribués à l’absorption de la lumière par effet de peau.

Le faisceau d’un laser déclenché, focalisé dans un gaz, provoque la formation d’une boule de gaz

ionisé, très opaque. L’ionisation et l’absorption sont attribuées à des phénomènes multiphoto- niques. L’hydrodynamique de la boule est étudiée.

Abstract. - A careful metrology of the experiment of production of a plasma by a laser gives good quantitative results which lead to a theoretical interpretation.

The beam of a pulsed laser, focalized on a metallic target, makes a crater and produces an intense

emission of ions, electrons and X rays of a f ew keV. These phenomena are produced by the absorp-

tion of light by skin effect.

The beam of a pulsed laser focalized in a gas produces the formation of a ball of ionized gas, wich is very opaque. Ionization and absorption are due to multiphoton ionizations. The hydrodynamic of

the ball is studied.

LE JOURNAL DE PHYSIQUE TOME 26, AOUT-SEPTEMBRE 1965,

Introduction.

-

Le faisceau focaIisé d’un laser d6clench6 transporte une densite de puissance

énorme. Avec des lasers actuellement commercia-

lisés, on d6passe facilement 1011 watts par centi- metre carr6. Basov et Krokhin ont propose en

1963 d’utiliser cette accumulation d’energie pour

produire un plasma. Cette idee conduit plus g6n6ra-

lement a 6tudier Inaction d’un faisceau laser sur

la mati6re.

Un certain nombre d’effets sont apparus : 10 Un faisceau laser, tombant sur un milieu di6lectrique, provoque l’apparition de raies Raman

intenses, 6galement espac6es. M. Mayer a montre

que ces raies pouvaient etre attribuées a la reac- tion :

photon + molecule photon + molecule + phonons 20 Un faisceau laser, tombant sur une solution,

provoque la formation de radicaux libres, métas..

tables, qui peuvent se recombiner en formant de

nouveaux produits. Ainsi Ie Dr Paquellier, tra-

vaillant avec notre assistance technique, a pu mettre en evidence 1’hydroxylation de Pacide benzoique. D’autre part, aux laboratoires Bell,

M. Pao et Mr. Rentzepis ont effectu6 la polym6ri-

sation du styrene.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01965002608-9047601

(3)

30 Un faisceau laser intense tombant sur un cristal ou sur un verre provoque l’apparition de def auts, dont la structure semble singuli6re.

40 Un faisceau laser, tombant sur une cible métallique, provoque une emission intense de par- ticules diverses.

5° Un faisceau laser f ocalise dans un gaz pro- voque le « claquage )) c’est-h-dire la formation d’une petite boule ionis6e.

Ces deux derniers effets peuvent seuls amener a la production de plasma; notre expose sera consaer6

a leur etude.

Nous avons eu la chance, au sein du Service de

Physique G6n6rale dirige par M. Brin, de pouvoir

etablirune etroite liaison entre mon groupe th6o-

rique et le groupe experimental dirige par MM. Delobeau et Veyrie. Les resultats que nous

présentons proviennent pour une part de cette collaboration, d’autre part de diverses publica-

tions dont nous donnons les references.

Caractéristiques d’un laser de puissance.

-

Quel

est le param6tre earact6risant de la mani6re la

plus precise les propri6t6s sp6cifiques du laser ?

Une s6rie d’exp6rience montre que les effets les

plus int6ressants sont lies a 1’eclairement, mesure

au point d’utilisation, et exprim6 en watts par centimetre carr6. L’influence d’une lentille de foca-

lisation, la comparaison entre un laser relax6 (don-

nant 30 Joules en une milliseconde) et un laser

déclenché (fournissant 1 Joule en 30 nanosecondes) permettent de s’en assurer. Toute experience cor-

rectement men6e devra etre accompagn6e d’une

mesure de cette intensite.

Ce difficile probleme de m6trologie s’est pose

des le d6but a notre 6quipe experimentale. Les

travaux minutieux de Maiman aux U. S. A., prece-

dant quelque peu les notres, ont permis dans une premiere phase d’atteindre la mesure de la puis-

sance du laser. La duree de l’impulsion est mesuree

assez facilement en utilisant un photomultiplica-

teur. L’energie du laser est mesur6e en comparant

les indications de diff6rents appareils pr6alable-

ment etalonnes : cellule photoelectrique, photo- multiplicateur, bolom6tre. 11 reste a s’assurer que le cristal 6met de mani6re homog6ne sur toute sa

surface. C’est le cas lorsque le syst6me optique

constitue par le cristal et les miroirs ne presente

pas de distorsions. Dans un cas contraire, M. Ter-

neaud a montre qu’en corrigeant un laser astig-

mate par une lentille cylindrique, on obtenait une

emission homog6ne.

Nous devons ensuite relier 1’6clairement sur la face de sortie du laser a 1’eclairement au point de

focalisation. Cette relation fait intervenir les pro-

priétés de l’optique de concentration et la structure du faisceau sortant du laser. Apr6s une longue s6rie

de ;mesures, M. Terneaud a montre que cette struc- ture, assez compliqu6e, peut-6tre définie de la

manière suivante : chaque point de la surface de sortie émet des rayons dans un c6ne de demi-

angle a, appele divergence du faisceau. L’axe de

ces c6nes n’est pas perpendiculaire a la face de sortie, mais passe par un foyer propre du laser distant de quelques mètres, (II existe quelquefois plusieurs foyers propres),

Si l’on interpose un système optique, le faisceau

va 6tre focalise au conjugue du foyer propre. Si la lentille est bien corrig6e, de mani6re a ce que les aberrations g6om6triques soient n6gligeables, la

dimension de l’image d6pendra de la divergence.

Grossierement, le rayon de la tache, derrière une

lentille de distance focale f, sera f a. Plus pr6cis6- ment, M. Raflegeau a montre que l’intensit6 I était li6e a l’intensit6 .Io sur la face de sortie du laser (de rayon R) par la relation :

ou tg 0

=

R /f et ou 7) est un rendement traduisant les pertes par r6flexions secondaires.

Les lasers déclenchés utilis6s par tous les labo- ratoires en 1964 ont a peu pres les caractéristíques

suivantes : Longueur d’onde: 0,69 ut (rubis) ou 1,06 l1- (verre au n6odyme). l3nergie : I Joule.-

Dur6e de l’impulsion : 30 ns.

-

Divergence :

10-3 rad,

-

Diamètre du barreau : 1 cm. Em-

ploy6s avec des lentilles commerciales, ils per- mettent d’atteindre quelques 1011 watt/cm2.

Action d’un laser sur une eible m6tallique.

EMISSION ÉLECTRONIQUE DOUCE.

-

Un faisceau laser non focalis6, ou provenant d’un laser relax6

(c’est-A-dire de faible intensite) provoque deja

une emission 6lectronique importante, emission

assez importante en fait pour amorcer des arcs

dans un vide primaire, ce qui rendit les premi6res experiences ininterpretables.

En opérant avec de grandes precautions,

M. Ready a pu mesurer Ie spectre des electrons et la valeur du flux. Les résultats numériques sont

bien interprétés de la mani6re suivante : la frac- tion absorb6e du flux lumineux chauffe la cible

sur l’épaisseur de peau. La temperature est cal-

cul6e a partir de 1’6quation de diffusion de la cha- leur. Les électrons sont emis par effet thermo 6lee-

tronique, suivant la loi de Richardson.

Une autre interpretation propos6e par les th6o-

riciens, doit etre rejet6e. On peut concevoir l’exis- tence d’un effet photoélectrique double de surface :

un éIectron de conduction absorbe deux photons,

ce qui lui fournit l’énergie n6cessaire pour franchir la barri6re de potentiel. Le calcul de 1’effet, photo- électrique double de surface a 6t6 effectue par

Smith, puis Adawi. lIs predisent une forte emission

electronique pendant la dur6e de l’impulsion ]umi-

neuse. L’expérience contredit ces prévísions.

(4)

EFFETS DURS.

-

Les ph6nom6nes, deja impor-

tants lorsqu’on ne focalise pas la lumi6re, de-

viennent impressionnants lorsqu’on focalise sur

la surface du metal. Une experience tres d6mons- trative consiste a faire un trou dans une piece de

monnaie. L’intérêt des physiciens se porte sur les

m6canismes permettant un tel forage.

Les ph6nom6nes ont d’abord ete etudies en cin6- matographie ultra-rapide. Pour r6soudre les pro- blèmes de synchronisation, M. Ready a rendu

solidaires le miroir tournant de la camera et celui

permettant le d6clenchement du laser. 11 a observe des phenomenes lumineux en forme de « plume )) ; c’est-à-dire que la mati6re volatilis6e part vers la lentille presque parall6lement a 1’axe du montage.

En modifiant 16g6rernent le montage, MM. Arch- bold et Hughes ont pu enreglstrer des spectro-

grammes resolus dans le temps. Ils ont observe

un fond continu intense ne persistant pas apr6s la

fin de l’impulsion laser, et des raies d’atomes neutres, une fois ionises, quelquefois plusieurs fois

ionis6s (Al III, Ge IV), et qui persistent plusieurs

microsecondes. Aucun effet n’est observable a la

f requence double de la f requence laser. Appli- quant la loi de Saha, on trouve une temperature ionique interne de l’ordre de 1 a 10 electrons-volt.

Cette temperature est tres inferieure a celle d6ter- minee par d’autres methodes ; elle caractérise 1’6tat du crat6re lorsqu’il est deja refroidi, car le pouvoir

de resolution dans le temps du montage est trop

faible.

L’emission ionique a ete 6tudi6e chez nous, par M. Tonon en mesurant l’intensit6 du courant

ionique et Ie temps de vol des particules. Une grande attention a 6t6 port6e a l’élimination de 1’emission electronique secondaire. Environ 1 %

des particules arrach6es a la cible sont transfor- m6es en ions rapides. Le spectre des energies a une

allure gaussienne, avec un maximum pour une

energie de l’ordre du keV. L’influence de la nature de la cible, celle de la longueur d’onde excitatrice,

ont ete 6tudi6es.

Les electrons allant pratiquement a la vitesse de

la lumi6re, une telle m6thode n’a pu d’abord leur etre appliqu6e. Une m6thode peu precise consiste

a interposer une anticathode en tungst6ne sur le trajet des electrons, qui produisent des rayons X.

Le spectre de ces derniers peut etre grossi6rement

étudié par une m6thode d’absorption. Nous trou-

vons une energie un peu supérieure à celle des

ions.

Tout r6cemment, nous avons pu effectuer des

mesures de temps de vol des electrons. Nous obser-

vons des energies moyennes de 20 keV.

Enfin, nous avons pu mettre en evidence 1’exis-

tence des rayons X primaires ayant eux aussi une energie de 10 keV. Pour cela, nous interposons

entre la cible et le scintillateur un écran de Mylar qui arrgte les electrons sans absorber les rayons X.

Ces deux derni6res experiences furent faites par M. Floux.

INTERPRETATION.

-

Une interpretation glo-

bale de ces ph6nom6nes a ete donn6e par Dawson,

a partir d’une idee de Basov. II assimile le metal a un plasma parfait. La frequence de la lumiere

6tant inf6rieure a la frequence de plasma, ll’absor-

tion est li6e aux collisions et évaluée a partir des

formules de Spitzer. On montre que les pertes par radiation d e freinage, le dephasage de temperature 6lectron-ion, peuvent etre négligés. La grande

conductivité conduit a considerer une temperature

uniforme. L’hydrodynamique est traitée suivant

une approximation due a Basov.

Ce modele presente deux d6fauts

a) il utilise une hydrodynamique sph6rique,

alors que les résultats cinématographiques

montrent une expansion quasi lin6aire.

b) 11 utilise la notion de plasma parfait, alors

que les propri6t6s optiques d’un métal different

fort de celles d’un plasma.

Nous batissons donc le modele am6lior6 suivant : Si I est la profondeur de penetration de la lu-

mi6re dans le metal et R I e coefficient de reflexion, 1’energie absorb6e par une unite de surface sera

(I

=

intensité) :

Nous admettons d’autre part (ce qui est pra-

tiquement equivalent au modele de Basov) que le

plasma se detend a la vitesse moyenne

Nous admettons enfin que Ie plasma chauffe tant

que sa densite est sup6rieure a sa densite critique.

Nous obtenons une expression de la temperature dependant de la puissance 2/3 de l’intensit6, de la

nature de la cible, de la longueur d’onde du laser.

L’energie des ions correspond a cette temp6ra-

ture. La dependance en intensity en longueur d’onde, en nature du metal est bien v6rifi6e. Le coefficient num6rique n’est vérifié qu’h un coeffi-

cient deux pres, qu’il faut certainement rapporter

a la grossi6ret6 du modele.

Le succes relatif d’un tel modele montre que

I’absorption a lieu par effet de peau. II montre d’autre part que les coefficients I et R, mesures à froid, gardent leur sens a chaud, donc que la struc- ture electronique profonde des atomes n’est pas

trop perturbée.

Le modele de Dawson, aussi bien que le n6tre,

est global, en ce sens qu’il calcule une temperature.

M,ais les ph6nom6nes électrostatiques, permettant

la separation des ions et des electrons, ne sont pas calcul6s. L’etude toute r6cente de l’instant d’emis- sion des electrons laisse entrevoir des mécanismes

plus compliqu6s.

(5)

Action d’un laser sur une cible gazeuse. - INTRODUCTION.

-

Nous avons consacr6 une tr6s

importante part de notre activite a 1’etude de

l’actiond’un laser sur un gaz. En effet, l’interaction

avec un gaz nous parait plus int6ressante que celle

avec un metal, et cela pour deux raisons.

Du point de vue production de plasma ; nous

obtenons un plasma a peu pres thermaIisé, assez

chaud et dense, que l’on peut esp6rer utiliser sur place tandis qu’une cible m6tallique fournit une

bouff6e (1014) d’ions rapides (1 keV) que l’on

peut esp6rer injecter dans une machine miroir.

Du point de vue physique du rayonnement : le claquage de 1’air fait intervenir des ph6nom6nes

fondamentalement nouveaux, alors que l’action

sur une cible m6tallique peut etre expliqu6e clas- siquement avec les lasers actuels.

Nous avons done étudié le claquage de l’air et

de I’h6lium. M,. Tomlinson, travaillant a l’universit6

d’Ohio, a trouve des resultats experimentaux tres

semblables aux n6tres. 11 a poursuivi son 6tude en

6tudiant systématiquement l’influence de la nature du gaz et de sa pression. Quelques mesures en fonc- tion de la pression ont ete également effectu6s a Fontenay par M. Papoular. Nous avons pu inter-

pr6ter ces resultats et les n6tres en introduisant la notion de processus multiphotonique. La ques- tion a ete abord6e par de nombreux auteurs

(Brown et Kibble, Von Roos, Goldman, etc...). Mais

il semble que nous soyons les seuls a avoir obtenu des valeurs num6riques compatibles avec Inexpe-

rience. La th6orie a ete r6cemment améliorée pour 61irniner les param6tres arbitraires et les diver- gences infra-rouges qui, dans une premiere version,

la rendait criticanble.

Apr6s avoir étudié l’absorption du rayonnement

nous avons étudié 1’evolution du plasma par ein6-

matographie ultra rapide et par spectroscopie

r6solue dans le temps. Nos resultats expliquent

les spectres int6gr6s dans le temps, publies par M. Prokhorov. Cette evolution est bien interpr6-

tée par un modele hydrodynamique, expll’quant les premi6res nanosecondes (plasma tres chaud carac-

t6ris6 par des ondes de d6tonnation).

FORMATION DE LA BOULE DE CLAQUAGE.

-

Cha-

cun sait que la lumi6re rouge n’est pratiquement

pas absorb6e par 1’air. Pourtant, la lumiere rouge d’un laser declenche a rubis, lorsqu’elle est foca- lisee, provoque la formation d’une boule brillante bleut6e au foyer de la lentille. Ce phenomene s’accompagne d’un bruit d’explosion. Une 6tude spectrographique simple montre que Fair est ionise. Par analogie avec les ph6nom6nes 6lee- trostatiques, nous disons qu’il s’est produit un

« claquage » (breakdown) de 1’air.

Le claquage n’apparalt que dans certaines condi- tions. Un laser relax6 de 30 J ne le provoque pas, alors qu’un laser déclenché de 1 J Ie provoque : le

claquage depend de la puissance et non de 1’ener- gie. Sans changer la puissance, nous pouvons faire varier la surface de la tache de focalisation, par

exemple en changeant l’optique de concentration.

Le claquage n’apparait que si cette tache est assez

petite. Par contre, si la puissance et la surface de tache restent inchangees, il ne depend pas de l’ouverture du faisceau ou de sa polarisation. Le claquage depend donc d’une manière critique de

l’intensit6 au point de focalisation. Le seuil se

situe a 5 X 101° ’W /cm 2.

Comment 1’air peut-il etre ionise par de la lu- mi6re rouge ? L’explication la plus simple serait

l’ionisation par haute frequence. Cette th6orie

fait intervenir un petit nombre d’electrons libres initiaux qui donnent naissance a des avalanches.

Les electrons libres sont acc6l6r6s par le champ.

Leur energie dirig6e est thermalis6e par 1’effet des collisions. Une telle explication se heurte aux deux objections suivantes :

a) Le processus acceleration-collision n’est effi-

cace que si la frequence de collision est de l’ordre de la frequence optique : ceci ne serait vérifié que pour des pressions de 1’ordre de 104 atmospheres.

Cette objection élimine tout processus dependant trop 6troitement des collisions.

b) Le taux d’ionisation spontan6e de 1’air est

de 20 electrons libres par centimetre cube et par seconde (Handbuch für Physik, vol. 22). Or le

volume d’espace-temps int6ress6 par la boule de

claquage est au plus de 10-10 ? 11 existe donc une

chance sur un milliard pour qu’un electron libre soit present au bon endroit. Cette remarque 611mine tous les processus d’avalanche créés a partir d’un

electron libre. Une contre-experience a ete r6alis6e

par M. Tomlinson : une source de 50 millicuries de polonium 210 cree une population d’61ectrons libres : 1’action d’un laser n’en est pas perturbee.

Remarquons enfin qu’un processus photo6lee- trique, simple ou par 6tapes successives ne peul

etre envisage : 1’6nergie des photons (1,79 eV) est

insuffisante pour ioniser Fair (13 eV) ou meme,

pour la plupart des gaz, pour porter 1’atome a

son premier 6tat excite.

PROCESSUS MULTIPHOTONIQUES. - Pour expli-

quer l’ionisation de 1’air, nous devons trouver un

processus :

a) ne faisant pas intervenir les collisions, donc

n’interessant qu’un atome a la fois.

b) ne faisant pas intervenir d’electron libre

initial ;

c) dependant d’une mani6re critique de l’in-

tensite.

Les ph6nom6nes repr6sent6s par des diagrammes

de Feynman d’ordre élevé répondent a ces condi-

tions. Leur existence était admise depuis long- temps, mais la difficulté du calcul et la petitesse des

effets les avaient fait oublier; Les coefficients num6-

(6)

riques sont effectivement tres petits, mais 1’appa-

rition d’une puissance élevée de l’intensit6 fait que, dans le cas du laser, 1’eff et peut etre grand.

Une s6rie d’approximations audacieuses permet d’aboutir aux resultats suivants : il existe une

intensité critique donn6e par:

(pour la longueur d’onde du rubis).

L’ionisation est produite par les reactions : atome + s photons - ion. 11 existe 6videmment

un seuil inférieur S tel que Shv

=

.Eo = energie

d’ionisation.

Le nombre d’atomes non ionises ob6it a la loi :

Enfin, la section extrapol6e 6s se d6duit de la section photoélectrique ordinaire 6, par la loi :

avec

Dans le cas de 1’air et du laser a rubis, S

=

8.

On voit imm6diatement que le seuil de claquage

doit se trouver aux environs de I

=

SI o. Nous

retrouvons l’ordre de grandeur de la valeur exp6-

rimentale.

COEFFICIENT DE TRANSMISSION.

-

S’il existe de 1’effect photoélectrique multiphonique, il doit également exister du bremmstrahlung multipho- tonique. L’absorption de la lumiere par un gaz ionise doit etre de la forme

ou .K est le coefficient ordinaire de bremmstrah-

lung (corrig6 d’6mission induite) :

Dans nos experiences, le terme en exp (7//o)

devrait donner un facteur 104 qui devrait provo- quer une absorption intense.

Des mesures du coefficient de transmission ont donc ete entreprises par MM. Veyrie et Durand.

Tls ont effectivement trouve que le claquage de

l’air est accompagne d’une absorption intense

’SO %). Comme l’intensit6 critique n’est d6pass6e

sur sur un tres court parcours (5 X 10-2, cm),

nous pouvons en d8duire que 80 % de l’inten-sit6

est absorb6e par moins d’un millimetre d’air, Ce r6sultat east extraordinaire. Pour obtenir une

telle absorption par radiation de freinage avec un plasma ayant la densit6 de l’ait, it faudrait que lê

temperature soit inf6rieure a 1 000 degr6s absolus.

Mais alors, 1’air ne serait plus ionise, et n’absor-

berait pas.

D’autre part, la courbe de 1’energie transmise

en fonction de 1’energie incidente n’est pas mono- tone. Cette anomalie prouve que le plasma change

d’6tat pendant la durée de l’impulsion lumineuse.

M. Floux a tent6 une verification experimentale :

un miroir semi transparent renvoit une partie

du faisceau incident sur un photomultiplicateur.

Un second P. M. mesure l’intensit6 transmise. Les deux signaux sont compares sur un oscillographe

double trace. On trouve effectivement que le ph6-

nom6ne se decompose en trois phases : dans une premiere phase (intensit6 sous critique), le coeffi- cient de transmission est 1. Au cours de la seconde

phase (photo-ionisation), la transmission d6crolt

brusquement. Dans la troisième phase, le gaz est totalement ionise, et absorbe par radiation de

freinage multiple.

Ces resultats experimentaux sont en parfaite

concordance avec ceux de M. Tomlinson.

Cette analyse du phénomène permet sa mise

en equation. Nous consid6rons as et K comme deux

paramètres arbitraires que nous ajusterons. La

courbe exp6rimentale T(I) est tres bien representee.

D’autre part, la valeur « experimentale » de as

conduit a 61

==

10-19 cm2, ce qui est tres accep-

table, et celle de K conduit a une temperature de

l’ordre de 106 do, qui est compatible avec les r6sul-

tats fournis par d’autres methodes.

Dans le cas of Ie milieu est tres absorbant, les photons p6n6trent sur une profondeur de peau I.

La th6orie multiphonique s’extrap6le alors en remplagant la frequence par l’expression complexe

w + icll. Cette correction permet d’expliquer pourquoi les processus multiples n’interviennent pas dans le cas d’une cible m6tallique.

AUTRES EXPERIENCES METTANT EN EVIDENCE L’EXISTENCE D’EFFETS MULTIPHOTONIQUES. - Nous venons de montrer que les processus multi-

photoniques expliquent :

a) L’initiation de l’ionisation de I’air

b) I’absorption anormalement 6lev6e de la boule de claquage.

La poursuite de la th6orle montre que dans un milieu di6lectrique transparent, l’intensit6 cri-

tique varie comme n--4, ofi n est 1’indice de r6frac- tion. Cette loi, liant le seuil de claquage a 1’indice,

a 6t6 vérifiée pour I’air, 1’eau, le verre, le rubis, le saphir.

Enfin, 1’intervention d’excitation multiphonique

est nécessaire pour expliquer les syntheses chi- miques observ6es. La polymerisation du styrène

fait intervenir un processus a deux photons.

HYDRODYNAMIQUE. - Nous avons voulu 6tu-

dier le plasma constituant la boule de claquage,

(7)

M. Floux a proc6d6 a 1’6tude cinematographique.

11 a employe une camera electronique construite

au C. E. A. Pour compenser les retards au déclen- chement (qui autrement empecheraient l’observa-

vation des les premi6res nanosecondes), il utilise

une ligne A retard optique de 70 ns. 11 constate que la boule d’abord sphérique se d6place vers l’avant (a contre courant de la lumiere) retrouvant ainsi

un r6sultat de MM. Ramsden et Davies. Puis la boule se dilate pour se stabiliser pendant quelques

ys, sous la forme d’un ellipsoide de revolution.

Un modelehydrodynamiquerendant approxima-

tivement compte de ces phénomènes a ete propose

par MM. Ramsden et P. Savic et repris par M. Champetier qui en a simplifié les hypotheses et

6tendu l’emploi.

Prenons un modele unidimensionnel. L’idee fondamentale est celle de la propagation d’une

onde de detonation, c’est-a-dire la propagation

d’une onde de choc entretenue par le d6gagement d’energie calorifique due ici a I’absorption de 1’ener- gie lumineuse (qui remplace 1’6nergie chimique des explosifs). On suppose que 1’energie lumineuse est

absorb6e sur une epaisseur h derri6re l’onde de

choc (absorption lin6aire I

=

Io t1- xlh)) ce qui entraine que l’onde de choc se dirige vers sa

source d’energie c’est-a-dire vers le laser.

Les equations a utiliser sont celles de la conser-

vation de la masse, du moment, de 1’energie et

la condition de Chapman-Jouguet.

On trouve alors les resultats suivants : l’onde de choc ee propage a la vitesse

ou y est le coefficient adiabatique du gaz (qui est

ici 6gal a 5/3 le gaz 6tant dissocl6 et ionise).

io l’intensit6 en erg/CM2 s, pi la densité en g/CM3

du milieu ambiant.

Les conditions du gaz sur la face arriere de l’onde de detonation sont les suivantes :

oii ..At est la masse mol6culaire du gaz, K la cons-

tante de Botzmann, N le nombre d’Avogadro et x2 le nombre de particules que donne une molecule de gaz dans les conditions ambiantes.

D’autre part on trouve que le gaz est entraine à la vitesse V2 = Vl’/(Y + 1)

La temperature reste pratiquement constante

dans toute 1’epaisseur de l’onde de detonation

(elle passe de 5/4 T2 a T 2).

Si on applique ces formules au laser utilise exp6-

rimentalement par M. Floux on trouve les r6sul- tats suivants : 50 % de 1’energie d6livr6e par le laser sont absorbés en 0 ~ 20 ns ce qui donne pour

une energie d6livr6e de 0,8 J : io

=

4,4 X 1017 ergjcm2 s.

Opérant a la pression atmosphérique et dans de

l’air p3L = 1,29 X 10-3 g/cm3 d’ou theoriquement V, = 1,25 X 107 cmjs. L’exp6rience donne 1,5 X 107 cm js :t: 0,4 X 107. On constate Ie par- fait accord theorie-experience.

On déduit theoriquement qu’il existe une zone

flu la temperature est de l’ordre de T2 ~ 106 OK (on trouve T 2 = 1,1 X 106 OK si on admet que les atomes sont deux fois ionis£s ce qui l’ionisation minimale puisque l’on a observe les raies Nu, et

0111, et T ’ 2 == 8,7 X 105 OK si on admet que les atomes sont trois fois ionises, ce qui est sfrement

le cas). Quelle est 1’etendue de cette zone ? Si on

.admet que son volume est 6gal au volume de foca- lisation on a :

v ~ 10-2 I11IT13 .

L’influence de la tridimensionalite sur les r6sul- tats precedents est faible, on sait en effet que les vitesses d’onde de detonation ne sont pas pertur-

b6es par leur géométrie. D’autre part dans le cas

du laser utilise la conicit6 du faisceau lumineux

(qui donnerait une evolution de la face avant de la boule en t3/5) n’est pas assez bien definie pour

qu’elle ait de l’influence (marche lin6aire de la

face avant).

On constate également que la face arriere de la boule se dirige vers Ie laser avec une vitesse de

0,5 X 107 cmjs. On peut expliquer cela dans un

modele unidimensionnel. En effet si on r6soud

completement le probl6me hydrodynamique, on

constate que l’onde de detonation est suivie d’une onde de detente, puis d’une discontinuite de contact et enfin d’un choc arri6re. Si on tient

compte du fait que 1’6mission de lumiere est pro-

portionnelle a p 2 v’r on constate que l’émission

est 15 fois plus faible qu’au pied de l’onde de detente que dans la partie avant de la boule. Or

le pied de l’onde de detente se propage th6orique-

ment a la vitesse de 0,51 X 107 cmjs en direction

du laser. Bvidemment les caractéristiques du gaz sont, dans ces regions, fortement perturb6es par 1’expansion lat6rale, mais la grande anisotropie

du mouvement permet de penser que la partie

(8)

de la boule « vue » par le polaroide est bien celle qui s’6tend du front de choc avant au pied de

l’onde de detente arriere.

Le seuil brutal du polaroide avec lequel on prend

les photos fait que ce polaroide ne permet d’obser-

ver que les parties de la boule qui 6mettent le plus.

Aussi une explication satisfaisante de la phase

suce6dant a la phase ou 1’energie lumineuse est absorb6e, n’est elle pas encore au point. Une chose

est sure, c’est la longue duree de vie de la boule dont

on observe 1’emission pendant une dizaine de microsecoudes.

INFLUENCE DE LA PRESSION.

-

L’influence de la pression a ete 6tudi6e essentiellement par M. Tomlinson. L’absorption est d’autant plus

grande et le seuil d’autant plus bas que la pression

est 6lev6e.

La mesure de l’intensit6 transmise en fonction du

temps et de la pression montre que l’instant ou

commence I’absorption est d’autant plus tardif

que la pression est basse. Ce fait est incompatible

avec une ionisation par simple processus photo- electrique, fut-il multiphotonique. Nous devons

admettre la succession de trois ph6nom6nes :

10 L’effet photoélectrique multiple produit un

certain nombre d’electrons libres.

20 Ces electronslibres sont acc6l6r6s paraccelera-

tion de freinage inverse multiphotonique, ralentis

par collisions. II se produit une avalanche.

30 Le plasma 6tant devenu tres absorbant, l’io-

nisation se propage par onde de detonation.

Une fois traduites en equations, ces id6es con-

duisent a des courbes th6oriques proches des

courbes expérimentales.

Conclusion.

-

Au cours de cet expose, nous

avons rencontre deux types de plasmas corres- pondant a des conditions expérimentales diffé-

rentes. Les m6canismes permettant la formation de ces plasmas sont maintenant assez bien compris, grace, en particulier, aux travaux experimentaux

et th6oriques qui ont ete men6s chez nous en

etroite liaison.

II me semble que ces plasmas int6resseront les

sp6cialistes du confinement et que leur utilisation donnera lieu a bien des experiences nouvelles.

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