Université Claude Bernard Lyon 1 Mathématiques pour l’enseignement Licence de mathématiques 3
eannée UE Approfondissement en analyse
Complément #1 – 28 janvier 2020 –
Première partie. Espaces normés Chapitre #2. Topologie
Le cadre est le suivant
1. (E, k k) est un espace normé sur K . d est la distance associée à k k.
2. (G, ||| |||) est un espace normé sur K . δ est la distance associée à ||| |||.
Cas particulier : (G, ||| |||) = ( K , | |). Dans ce cas, δ(x, y) = |x − y|, ∀ x, y ∈ K .
Proposition 1. Soient (x
j), (y
j) ⊂ G, x, y ∈ G, λ ∈ K . Si x
j→ x et y
j→ y, alors 1. x
j+ y
j→ x + y.
2. λx
j→ λx.
Démonstration. 1. Nous avons δ(x
j+ y
j, x + y) =
(x
j+ y
j) − (x + y) =
(x
j− x) + (y
j− y)
(a)
≤
x
j− x +
y
j− y
= δ(x
j, x) + δ(y
j, y) →
(b)0, d’où x
j+ y
j→ x + y. Ici, (a) suit de l’inégalité triangulaire, (b) des hypothèses x
j→ x et y
j→ y.
2. Nous avons δ(λx
j, λx) =
λx
j− λx =
λ(x
j− x)
(a)
= |λ|
x
j− x
→
(b)0,
d’où λx
j→ λx. Ici, (a) suit de l’axiome (i) de la norme, (b) de x
j→ x.
Proposition 2. Soient (λ
j) ⊂ K , (x
j) ⊂ G, λ ∈ K, x ∈ G. Si λ
j→ λ et x
j→ x, alors λ
jx
j→ λx.
Démonstration. Nous devons montrer que δ(λ
jx
j, λx) → 0.
La suite (λ
j) étant convergente, elle est bornée. Soit M ∈ [0, ∞[ tel que |λ
j| ≤ M , ∀ j.
Nous avons δ(λ
jx
j, λx) =
λ
jx
j− λx =
λ
jx
j− λ
jx + λ
jx − λx
(a)
≤
λ
jx
j− λ
jx +
λ
jx − λx
=
λ
j(x
j− x) +
(λ
j− λ)x
(b)
= |λ
j|
x
j− x
+ |λ
j− λ| |||x|||
≤ M
x
j− x
| {z }
(c)→0
+|||x||| |λ
j− λ|
| {z }
(d)→0
→ 0.
Nous avons respectivement utilisé : l’inégalité triangulaire pour (a), l’axiome (i) pour (b), l’hypothèse x
j→ x pour (c) et l’hypothèse λ
j→ λ pour (d).
Proposition 3. Soient (x
j), (y
j) ⊂ K , x, y ∈ K. Si x
j→ x et y
j→ y, alors x
jy
j→ xy.
Démonstration. C’est un cas particulier de la Proposition 2 : (G, ||| |||) := ( K , | |), y
j:= λ
j, y := λ.
Proposition 4. Soit A ⊂ E. Soient f, g : A → G, λ ∈ K . Si f, g sont continues, alors f + g et λf sont continues.
Démonstration. Soient (x
j) ⊂ A, x ∈ A tels que x
j→ x. Pour la continuité de f + g, nous devons montrer que (f + g)(x
j) → (f + g)(x). Pour la continuité de λf , nous devons montrer que (λf )(x
j) → (λf )(x).
D’une part, nous avons
(f + g)(x
j) = f(x
j) + g(x
j) →
(c)f (x) + g(x) = (f + g)(x) ;
ici, (a) (respectivement (b)) découle de la continuité de f (respectivement g), et (c) de la Proposition 1, item 1.
D’autre part, nous avons (λf )(x
j) = λ f (x
j)
| {z }
(a)→f(x)
→
(c)λf (x) = (λf )(x),
où nous avons utilisé la continuité de f pour (a) et la Proposition 1, item 2, pour (b).
Proposition 5. Soit A ⊂ E. Soient f, g : A → K continues. Alors f g est continue.
Démonstration. Soient (x
j) ⊂ A, x ∈ A tels que x
j→ x. Nous devons montrer que (f g)(x
j) → (f g)(x), ce qui suit de :
(f g)(x
j) = f (x
j)
| {z }
(a)→f(x)
g(x
j)
| {z }
(b)→g(x)
→
(c)f (x) g(x) = (f g)(x);
ici, (a) (respectivement (b)) découle de la continuité de f (respectivement g), et (c) de la Proposition 3.
Proposition 6. Soit (H, i h) un espace normé sur K . Soient A ⊂ E, B ⊂ G.
Soient f : A → G telle que f(A) ⊂ B. Soit g : B → H. Si f et g sont continues, alors g ◦ f : A → H est continue.
Démonstration. Soient (x
j) ⊂ A et x ∈ A tels que x
j→ x. Nous devons montrer que (g ◦ f)(x
j) → (g ◦ f )(x).
Soient y
j:= f (x
j) ∈ B, y := f(x) ∈ B. f étant continue, nous avons y
j→ y. La continuité de g implique alors g(y
j) → g(y), d’où
(g ◦ f )(x
j) = g(f (x
j)) = g(y
j) → g(y) = g(f (x)) = (g ◦ f)(x).
Proposition 7. Soit f : E → G continue. Soit F ⊂ G un fermé. Alors f
−1(F ) est
un fermé.
Démonstration. Soient (x
j) ⊂ f
−1(F ), x ∈ E tels que x
j→ x. Nous devons montrer que x ∈ f
−1(F ), c’est-à-dire que f (x) ∈ F . Nous avons f (x
j) ∈ F , ∀ j (car x
j∈ f
−1(F ), ∀ j), f (x
j) → f (x) (car f est continue), d’où
f (x) = lim
j
f (x
j)
| {z }
∈F
(a)
∈ F,
(a) suivant du fait que F est fermé.
Proposition 8. Soit f : E → G continue. Soit U ⊂ G un ouvert. Alors f
−1(U ) est un ouvert.
Démonstration. Soit F := U
c, qui est fermé. Nous avons f
−1(U) = f
−1(F
c) = [f
−1(F )]
| {z }
fermé c
,
d’où f
−1(U) est un ouvert. Ici, f
−1(F ) fermé suit de la Proposition 7.
Proposition 9. Soient f
1, . . . , f
k: E → R continues et a
1, . . . , a
k∈ R . Soient F := {x ∈ E ; f
1(x) ≥ a
1, . . . , f
k(x) ≥ a
k},
U := {x ∈ E ; f
1(x) > a
1, . . . , f
k(x) > a
k}.
Alors F est fermé et U est ouvert.
Démonstration. Posons
F
j:= {x ∈ E ; f
j(x) ≥ a
j}, j = 1, . . . , k, U
j:= {x ∈ E ; f
j(x) > a
j, . . .}, j = 1, . . . , k.
Nous avons F = F
1∩ F
2∩ · · · ∩ F
ket U = U
1∩ U
2∩ · · · ∩ U
k. Il suffit donc de montrer que chaque F
jest fermé (respectivement que chaque U
jest ou- vert), car une intersection finie de fermés (respectivement d’ouverts) est fermée (respectivement ouverte).
Nous avons F
j= (f
j)
−1([a
j, ∞[) et [a
j, ∞[ est un fermé de R . De la Proposi- tion 7, F
jest fermé.
−1
Définition. Soient A ⊂ E et f : A → G. f est lipschitzienne s’il existe une constante k ∈ [0, ∞[ telle que
|||f (x) − f (y)||| ≤ k kx − yk, ∀ x, y ∈ A. (1) De manière équivalente,
δ(f (x), f(y)) ≤ k d(x, y), ∀ x, y ∈ A. (2)
Si k vérifie (1) (ou (2)), alors f est k-lipschitzienne.
Proposition 10. Soient A ⊂ E et f : A → G lipschitzienne. Alors f est continue.
Démonstration. Soient (x
j) ⊂ A, x ∈ A tels que x
j→ x. Avec k satisfaisant (2), nous avons
δ(f (x
j), f (x)) ≤ k d(x
j, x)
| {z }
(a)→0