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Les médecins généralistes et leur santé,

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Université de Poitiers

Faculté de médecine et de pharmacie

ANNÉE 2004 Thèse n°

THÈSE

POUR LE DIPLÔME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE

(décret du 7 avril 1988)

présentée et soutenue publiquement le 1er juillet 2004 Poitiers par Monsieur

Frédéric Nouger

Les médecins généralistes et leur santé,

ou «Docteur, comment prenez-vous en charge votre santé ?»

Enquête sur les médecins généralistes libéraux installés dans le département de la Vienne.

Composition du Jury :

Président : - Monsieur le Professeur Pascal Roblot Membres : - Monsieur le Professeur Alain Daban

- Monsieur le Professeur Daniel Herpin - Monsieur le Professeur Pierre Ingrand - Monsieur le Docteur Bernard Gavid

Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Bernard Gavid

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SOMMAIRE

I- INTRODUCTION...p 11 II- REVUE DE LA LITTERATURE MEDICALE...p 13 III- L’ENQUÊTE...p 30 1- Matériel et méthode. ...p 30 1.1- Objectif. ...p 30 1.2- Méthode et moyens. ...p 30 1.2.1- Type d’étude. ... p 30 1.2.2- Population étudiée ...p 30 1.2.3- Outils de recueil des données ...p 30 1.2.4- Période de recueil ... p 32 1.2.5- Outils statistiques ...p 32 1.2.6- Stratégie d’analyse. ...p 32 2- Les résultats :...p 34 2.1- Etude de la population :...p 34 2.1.1- selon le sexe ...p 34 2.1.2- selon l’âge et les classes d’âge ...p 34 2.1.3- selon des classes d’âge et le sexe...p 35 2.1.4- selon le mode d’exercice ...p 35 2.1.5- selon le milieu d’exercice ...p 36

2.1.6- selon le nombre d’heures hebdomadaire de travail en moyenne (hors gardes)...p 37

2.1.7- Selon le nombre d’actes quotidiens en moyenne ...p 39 2.1.8- selon le nombre de demi-journées de repos par semaine ...p 39

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2.1.9-nombre de demi-journées de gardes par trimestre...p 40 2.1.10-suivi d’une formation médicale continue (FMC) ...p 41 2.1.11-exercice médical particulier (MEP) exclusif ...p 41 2.1.12-situation familiale...p 42 2.1.13-nombre d’enfants...p 42 2.2-Les vaccinations...p 43 2.2.1-le tétanos ...p 43 2.2.2-la diphtérie ...p 43 2.2.3-la poliomyélite ...p 44 2.2.4-tuberculose – BCG ...p 45 2.2.4-hépatite B ...p 45 2.2.5-dépistage de l’hépatite C ...p 46 2.2.6-dépistage du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) ..p 46 2.3-Les habitudes de vie ...p 47 2.3.1-la consommation de tabac ...p 47 2.3.2-consommation de boissons alcoolisées ...p 48 2.3.3-activité physique régulière...p 50 2.3.4-surveillance de l’alimentation...p 51 2.4- Dépistage - Recherche des facteurs de risque cardio-vasculaire ..p 52 2.4.1- Indice de Masse Corporelle (IMC) ...p 52

2.4.2- antécédent familial de maladie coronaire ou autres artériopathies...p 53

2.4.3- antécédent personnel de maladie coronaire...p 54 2.4.4- antécédent personnel de dyslipidémie...p 54 2.4.5- glycémie à jeun à la recherche d’un diabète de type 2 ...p 54 2.4.6- recherche d’une dyslipidémie ...p 56

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2.4.7- surveillance de la pression artérielle ...p 58 2.4.8- calcul du risque cardio-vasculaire absolu ...p 60 2.4.8.1- risque coronarien ...p 60 2.4.8.2- risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ...p 62 2.5-Le stress des médecins ...p 63 2.5.1-le sentiment de stress...p 63 2.5.2-utilisation d’un moyen pour gérer le stress ...p 64 2.5.3- moyens utilisés pour gérer le stress ...p 65 2.6-Dépistage des cancers ...p 68 2.6.1-Dépistage du cancer colo-rectal...p 68 2.6.1.1- antécédent familial de cancer colo-rectal ...p 68

2.6.1.2- recherche de sang occulte dans les selles (test hemocult)...p 68

2.6.1.3- coloscopie de dépistage ...p 69 2.6.2- Dépistage du cancer de la prostate...p 71 2.6.2.1- antécédent familial de cancer de la prostate ...p 71 2.6.2.2- dosage des PSA (Antigène spécifique de prostate) ...p 71 2.6.2.3- date du dernier PSA...p 72 2.6.2.4- réalisation d’un toucher rectal...p 72 2.6.3- Suivi gynécologique des femmes médecins ...p 73

2.6.3.1-frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus ...p 74 2.6.3.2-dépistage cancer du sein ...p 75 2.6.3.2.1- antécédent familial de cancer du sein ...p 75 3.6.3.2.2-auto-palpation des seins ...p 75 2.6.3.2.3- mammographie de dépistage...p 76

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2.7- La santé en général ...p 78 2.7.1-médecin traitant...p 78 2.7.2-sentiment d’être en bonne santé...p 78 2.7.3-regard objectif ou non sur sa santé...p 79 2.7.4-bilan de santé par la caisse d’assurance maladie ...p 80 2.7.5-la relation de soins...p 80 2.7.6-prise en charge de leur santé...p 81 2.7.7-prise en charge médicale par rapport aux patients...p 82 2.7.8- Les médecins et la maladie ...p 84 2.7.8.1-maladie chronique ...p 84 2.7.8.2-type de maladie chronique ...p 85 2.7.8.3- traitement ...p 86 2.7.8.4-suivi de la maladie chronique ...p 87 2.7.8.5-arrêt de travail ...p 87

IV- DISCUSSION...p 89 1- L’HYGIENE DE VIE ...p 89 1.1 - Le tabagisme...p 89 1.2- La consommation d’alcool ...p 91 1.3- La nutrition ...p 94 1.4- L’indice de masse corporelle (IMC)...p 94 1.5- L’activité physique...p 95 1.6- La vaccination...p 96 2- BILAN DE SANTÉ PÉRIODIQUE / PATHOLOGIES

CARDIOVASCULAIRES ...p 98 2.1- Les facteurs de risque cardio-vasculaire ...p 98

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2.2- Les pathologies cardio-vasculaires ...p 102 3- DEPISTAGE DES CANCERS...p 103 3.1- Le cancer colo-rectal ...p 103 3.2- Le cancer de la prostate...p 105 3.3- Les cancers gynécologiques ...p 106 3.3.1- Le cancer du sein...p 106 3.3.2- Les cancers du col de l’utérus...p 107 4- LE STRESS ...p 108 5- LE REGARD DES MÉDECINS SUR LEUR SANTÉ ...p 112

V- CONCLUSION ...p 114 VI- BIBLIOGRAPHIE...p 117 VII- ANNEXES ...p 126 Annexe 1 : Lettre de présentation accompagnant le questionnaire ...p 126 Annexe 2 : Questionnaire. ...p 127 Annexe 3 : Recommandations des experts...p 130

3.1- Recommandations du Conseil supérieur d’hygiène publique de France en matière de vaccinations (17 janvier 2003). ...p 130

3.2- Recommandations de l’OMS pour une consommation d’alcool à moindre risque. ...p 131

3.3- Recommandations selon le Programme National Nutrition Santé (PNNS). ...p 131

3.3.1- Recommandations sur la consommation d’alcool ...p 131 3.3.2- Recommandations sur l’activité physique...p 131 3.3.3- Recommandations sur l’apport de fruits et légumes ...p 132

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3.3.4- Recommandations sur le surpoids et l’obésité ...p 132 3.4- Dépistage du diabète de type 2 selon l’ANAES...p 132

3.5- Recommandations de l’ANAES pour les modalités de dépistage et diagnostic biologique des dyslipidémies en prévention primaire ..p 134

3.6- Recommandations de l’ANAES sur la prévention et le dépistage du cancer colo-rectal (CCR). ...p 137

3.7- Recommandation de l’association Française d’urologie sur le dépistage et/ou le diagnostic précoce individuel du cancer de prostate. ...p 139

3.8- Recommandations de l’ANDEM sur le dépistage du cancer du col de l’utérus. ...p 142

3.9- Recommandations de l’ANAES sur le dépistage du cancer du sein ...p 143

VIII- RESUME...p 145

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SOMMAIRE DES TABLEAUX

I- REVUE DE LA LITTERRATURE MEDICALE

Tableau 1 : Tabagisme des médecins dans le mon...p 19 Tableau 2 : La consommation d’alcool chez les médecins

dans le monde ...p 20 Tableau 3 : Vaccination des médecins dans le monde ...p 23 Tableau 4 : Examens de dépistage chez les médecins dans le monde ....p 24 Tableau 5 : Recommandations de la BMA concernant les

responsabilités morales des médecins

envers eux-mêmes et leurs familles...p 29

II- L’ENQUETE

Tableau 6 : Distribution selon des classes d’âge

de la population étudiée. ...p 35 Tableau 7 : Distribution selon des classes d’âge et le sexe ...p 35 Tableau 8 : Distribution selon des classes d’âge et

le mode d’exercice. ...p 36 Tableau 9 : Distribution selon des classes d’âge

et le milieu d’exercice...p 37 Tableau 10 : Distribution du nombre d’heures hebdomadaire

de travail en moyenne par sexe. ...p 38 Tableau 11 : Distribution du nombre de demi-journées de repos hebdomadaire (hors week-end) selon le sexe. ...p 40 Tableau 12 : Distribution de la vaccination antitétanique

selon le sexe...p 43 Tableau 13 : Distribution de la vaccination antidiphtérique

selon le sexe ...p 44

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Tableau 14 : Distribution de la vaccination antipoliomyélite

selon le sexe...p 44 Tableau 15 : Distribution du BCG selon le sexe. ...p 45

Tableau 16 : Distribution de la vaccination anti-hépatite B

selon le sexe. ...p 46 Tableau 17 : Distribution selon des classes d’âge de

la consommation de tabac. ...p 47 Tableau 18 : Distribution de la consommation de boissons alcoolisées

selon le sexe...p 48 Tableau 19 : Distribution selon des classes d’âge de

la consommation d’alcool ...p 49

Tableau 20 : Distribution selon des classes d’âge de la pratique

ou non d’une activité physique régulière...p 50 Tableau 21 : Distribution selon des classes d’âge de la surveillance

ou non de l’alimentation. ...p 51 Tableau 22 : Distribution des IMC par fréquence. ...p 52 Tableau 23 : Distribution de l’IMC selon le sexe...p 53 Tableau 24 : Distribution de la réalisation ou non du dépistage

d’un diabète de type 2 selon le sexe. ...p 55 Tableau 25 : Distribution selon des classes d’âge de la réalisation

ou non du dépistage d’un diabète de type 2. ...p 55

Tableau 26 : Distribution de la recherche ou non d’une dyslipidémie

selon le sexe...p 56 Tableau 27 : Distribution selon des classes d’âge de la réalisation ou non du dépistage d’une dyslipidémie. ...p 57 Tableau 28 : Distribution de la surveillance ou non de

la pression artérielle selon le sexe. ...p 58

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Tableau 29 : Distribution selon des classes d’âge de la

surveillance ou non de la pression artérielle. ...p 59 Tableau 30 : Distribution du risque coronarien à 10 ans selon le sexe. ...p 60

Tableau 31 : Distribution selon des classes d’âge

du risque coronarien à 10 ans...p 61

Tableau 32 : Distribution du type de risque absolue coronarien à 10 ans selon le sexe, d’après les équations de Framingham...p 62 Tableau 33 : Distribution du risque d’AVC à 10 ans selon le sexe ...p 63 Tableau 34 : Distribution selon des classes d’âge

du sentiment de stress. ...p 64 Tableau 35 : Liste des moyens utilisés pour gérer le stress ...p 65 Tableau 36: Médicaments utilisés pour gérer le stress. ...p 65 Tableau 37 : Distribution des moyens utilisés pour la gestion du stress selon le sexe...p 66 Tableau 38 : Distribution selon des classes d’âge de la recherche ou non de sang occulte dans les selles. ...p 69 Tableau 39 : Distribution selon des classes d’âge de la réalisation ou non D’une coloscopie de dépistage. ...p 70 Tableau 40 : Distribution selon des classes d’âge du

dosage ou non des PSA...p 71 Tableau 41 : Distribution selon des classes d’âge de la réalisation

ou non d’un toucher rectal ...p 73 Tableau 42 : Distribution selon des classes d’âge de la réalisation

ou non d’un auto-examen des seins...p 75 Tableau 43 : Distribution selon des classes d’âge de la

réalisation ou non d’une mammographie de dépistage. ...p 76 Tableau 44 : Distribution selon des classes d’âge de la périodicité

des mammographies. ...p 77

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Tableau 45 : Distribution du sentiment d’être ou non en bonne santé

selon le sexe...p 79 Tableau 46 : Distribution des sentiments envers la relation de soins

selon le sexe...p 80 Tableau 47 : Distribution des sentiments envers la prise

en charge de leur santé...p 81 Tableau 48 : Distribution des sentiments envers la prise en charge de

leur santé comparé à celle de leurs patients selon le sexe...p 83 Tableau 49 : Distribution selon des classes d’âge de la présence ou non d’une maladie chronique...p 84 Tableau 50 : Prévalence des maladies chroniques chez les médecins. ....p 85 Tableau 51 : Date du dernier arrêt de travail...p 87

III- DISCUSSION

Tableau 52 : Prévalence de l’hypertension artérielle en fonction

des catégories professionnelles. ...p 99 Tableau 53 : prévalence des facteurs de risques cardio-vasculaires

selon les catégories socioprofessionnelles. ...p 99 Tableau 54 : prévalence des principaux facteurs de risques

cardio-vasculaires selon la Direction Générale de la Santé (enquête Monica 1994/98). ...p 100

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I- INTRODUCTION

On pouvait lire dans le British Medical Journal (BMJ) de janvier 2004, un article du Dr Moshe E.Gatt[56], intitulé My lousy doctor (Mon mauvais médecin), qui relate cette histoire : un de ses confrères médecin lui dit un jour : « un médecin qui se soigne lui-même est un mauvais médecin ». Ce dernier avait fait quelque temps auparavant une belle erreur d’autodiagnostic : ce qu’il prenait depuis deux jours pour un reflux gastro-œ sophagien sévère mal contrôlé était en fait un infarctus du myocarde. Peu de temps après cette réflexion, l’auteur devient à son tour son propre mauvais médecin lorsqu’un soir il ressent une violente douleur abdominale comme il n’en avait jamais connu de sa vie. Il se palpe le ventre (douleur provoquée, défense). Il se dit qu’il s’agit là de signes qui ne sont pas de très bon pronostic mais les ignore et se persuade que cela ira mieux demain. Le lendemain la douleur persiste et, au troisième jour, apparaît de la fièvre. Il va aux urgences, est perfusé, voit un confrère chirurgien mais le persuade que cela doit être une simple gastro-entérite aiguë et rentre chez lui avec des antibiotiques qu’il ne prend que trois jours, se disant que trois jours c’est bien suffisant. Il est même retourné travailler car cela allait un peu mieux.

Mais à l’arrêt des antibiotiques il s’est senti encore plus mal et est de nouveau allé consulter aux urgences sous l’insistance de sa femme. Aux urgences, une colite est évoquée mais le chirurgien préfère cette fois le garder en hospitalisation. Il s’est avéré par la suite qu’il s’agissait d’une diverticulite aiguë avec un petit abcès péri-colique et il a dû rester hospitalisé avec six jours d’antibiothérapie intraveineuse. L’auteur dit que c’était sûrement les deux plus mauvaises semaines qu’il a pu avoir dans sa vie et conclut en disant qu’un médecin qui s’auto-traite est un mauvais médecin pour lui-même.

Cette anecdote illustre quel peut être le comportement d’un médecin face à un problème de santé le touchant personnellement.

Il existe de nombreux exemples de médecins qui, à la quarantaine ou à la cinquantaine, se trouvent terrassés par un infarctus du myocarde ou qui meurent prématurément d’un cancer avant de pouvoir profiter de leur retraite. Ces quelques exemples sont-ils des cas isolés ou bien les médecins ont-ils davantage de risques que les autres à développer certaines pathologies ?

Nous nous sommes interrogés sur le fait de savoir si les médecins se soucient de leur propre santé et si toutes les connaissances médicales accumulées au cours de leur vie leur apportaient un bénéfice envers leur propre santé. Globalement nous nous sommes posé la question de savoir comment les médecins prenaient en charge leur santé. De toutes ces interrogations est née cette étude.

Pour essayer d’apporter des éléments de réponses à ces questions, nous allons dans un premier temps nous attacher à découvrir une revue de la littérature médicale sur ce sujet. Dans un second temps, pour étayer ce questionnement,

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une enquête portant sur la santé des médecins généralistes libéraux installés dans le département de la Vienne y est présentée. Cette dernière nous permettra de faire un état des lieux de la santé des médecins généralistes dans ce département.

La discussion qui découlera de ces deux parties sera l’occasion de comparer les résultats de l’enquête avec ceux de la population générale sur plusieurs items et parfois aussi de comparer avec les médecins d’autres régions de France et d’autres pays.

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II- REVUE DE LA LITTERATURE MEDICALE

Plusieurs études notamment anglo-saxonnes et scandinaves ont été réalisées afin d’évaluer si les médecins tirent un bénéfice personnel de leurs connaissances médicales et si leurs comportements en matière de santé influent sur leur mortalité. En France ce sujet reste assez peu abordé mais commence à se développer.

D’après Li [74], l’espérance de vie des médecins américains était jusqu’à deux ans plus longue que celle des hommes de la population générale en 1960.

En Suisse, Ackermann-Liebrich et al.[1] ont analysé la mortalité de toutes les femmes médecins diplômées des facultés de médecine suisses entre 1900 et 1945. Sur les 693 diplômées, 651 femmes médecins ont été retrouvées. Pour l’ensemble de la période 1900-1987, la mortalité des femmes médecins en Suisse a été considérablement plus faible que celle de la population féminine générale.

Selon Carpenter et al.[26], le tabagisme moindre des médecins britanniques a contribué de façon importante à réduire leur taux de mortalité par rapport aux taux nationaux pour les maladies cardio-vasculaires, le cancer du poumon ainsi que d’autres pathologies liées au tabac. Les auteurs ont examiné les causes de mortalité des divers médecins hospitaliers, par spécialité exercée, du National Health Service (NHS) en Angleterre et au Pays de Galles. Une cohorte de 18358 hommes et 2168 femmes a été suivie entre 1962 et 1979. 3798 décès ont été rapportés durant cette période pour une classe d’âge comprise entre 25 et 74 ans.

Une mortalité basse a été mise en évidence pour les maladies cardio-vasculaires et les pathologies en rapport avec le tabac ainsi que pour le diabète. Par contre le taux de suicide notamment chez les femmes et les anesthésistes s’est avéré nettement supérieur. Il y a eu des excès significatifs de cancer du colon chez les psychiatres, de cancers ORL chez les chirurgiens, de mélanomes et de cirrhoses chez les anesthésistes. Ces excès de cancers dans ces spécialités n’ont pas trouvé d’explications évidentes autres que le hasard d’après les auteurs.

En Finlande, une étude réalisée par l’organisme des statistiques officielles de population et de mortalité, rapportée par Rimpela et al.[94], montre que la mortalité globale des médecins hommes, entre 1971 et 1980, a été plus faible que l’ensemble des hommes économiquement actifs. Les médecins ont eu des taux de mortalité plus faibles pour les maladies cardio-vasculaires, les tumeurs, ainsi que d’autres maladies mais pas pour le suicide. En comparant avec celle des hommes d’autres professions de statut socio-économique élevé, à

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l’exception des tumeurs, la mortalité des médecins hommes a été du même niveau. La mortalité par maladies cardio-vasculaires pour les médecins hommes a été légèrement plus élevée que celle des groupes professionnels équivalents.

De même, le risque de suicide était deux fois plus fort pour les médecins hommes que pour d’autres professions.

Le nombre de médecins femmes était trop faible pour que des conclusions puissent être données au sujet de leur mortalité.

La conclusion de cette étude était que, soit les médecins n’emploient pas leurs connaissances médicales de manière à réduire leur propre risque de mortalité, soit ils sont soumis à des risques professionnels et ces derniers semblent être plus psychiques que physiques ou chimiques.

Rimpela et al.[94] ont réalisé une étude plus étendue sur la mortalité professionnelle en reprenant des enquêtes réalisées par l’office central de statistique de la Finlande et sur les statistiques des causes de décès dans la population finlandaise de 1971 à 1980. En conclusion, les auteurs disent qu’ils n’ont pas trouvé que les médecins avaient un taux de mortalité significativement moindre que d’autres professions. Ceci suggère que les médecins n’emploient pas leurs connaissances médicales de manière à abaisser leur propre taux de mortalité. Ils signalent que le surmenage constitue un facteur de risque important de suicide chez les médecins.

Forsythe et al.[51] relatent les données de mortalité en Grande Bretagne montrant que, comparés à la population générale masculine, les médecins ont un taux de mortalité sensiblement inférieur. Mais, en examinant de plus prés les résultats, des causes de décès plus spécifiques comme le suicide, les empoissonnements y sont plus élevées. Des données plus récentes montrent que les médecins hommes (âgés de 20 à 74 ans) ont un taux de mortalité significativement plus haut pour les hépatites virales, le cancer du foie et les cirrhoses et pour les femmes médecins (âgées de 20 à 74 ans) il s’agit du cancer du pancréas. Par ailleurs les médecins généralistes et les médecins seniors des hôpitaux ont un taux élevé de stress, d’anxiété et de dépression et ce genre de problème reste latent pendant de nombreuses années.

Dobson [39], relate d’après une étude basée sur les décès des médecins entre 1979 et 1995, que le taux de suicide des médecins femmes inscrit au National Health Service (NHS) au Royaume-Uni est deux fois plus élevé que celui de la population féminine générale. Les taux de suicide sont également différents par spécialité médicale. Les anesthésistes, les médecins du travail, les généralistes et les psychiatres, quel que soit le sexe, ont des taux significativement plus hauts que les médecins hospitaliers.

Aux Etats-Unis, Frank et al.[54] ont comparé l’hygiène de vie des femmes médecins et des autres femmes de statut socio-économique élevé. S’appuyant sur une enquête réalisée en 1994 comportant un échantillon de 4501 femmes

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médecins (taux de réponse de 59 %), les auteurs ont montré des habitudes de santé meilleures pour les femmes médecins comparées aux femmes de statut socio-économique élevé, en matière de tabagisme, de consommation d’alcool, de régime alimentaire.

Plusieurs études visant l’hygiène de vie des médecins ont été réalisées notamment sur le tabagisme et la consommation d’alcool.

En matière de tabagisme, les enquêtes dans la population médicale montrent une disparité entre le nord et le sud.

En 1951, après que deux grandes études anglo-saxonnes publiées en 19501 aient montré que le cancer du poumon avait un lien étroit avec la consommation de tabac, le professeur Doll et son équipe d’Oxford [40] lancent une étude prospective, qui s’étendra jusqu’en 1991, afin de déterminer si d’autres maladies sont liées à la consommation de tabac à long terme. Un questionnaire est envoyé en octobre 1951 à tous les médecins inscrits au registre médical de Grande Bretagne et résidant au Royaume-Uni. Des questions simples leur sont posées sur leurs habitudes de consommation de tabac. 34439 médecins hommes et 6194 femmes médecins ont répondu. Compte tenu du faible taux de fumeuses, seul les 34439 répondants masculins ont été retenus pour participer à l’étude. Ces répondants ont été suivis sur quarante ans et les décès survenus sur cette période ont été analysés. 10000 sont décédés les vingt premières années et 10000 autres les vingt années suivantes. La proportion de fumeurs parmi les survivants après 40 ans était passée de 62% à 18% ; la proportion de fumeurs uniquement de cigarettes était passée de 41% à 6%. Il semble y avoir une différence de 5 ans de médiane de survie entre fumeurs et non-fumeurs dans la période 1971-1991. La différence globale de survie a été de 7,5 ans. La mortalité excessive des fumeurs était principalement liée avec des maladies qui peuvent être provoquées par le tabac. Des associations positives avec le tabagisme ont été confirmées pour la mort par cancer de la bouche, de l’œ sophage, du pharynx, du larynx, du poumon, du pancréas, de la maladie pulmonaire obstructive, des maladies vasculaires. La conclusion de l’étude était que la moitié de tous les fumeurs réguliers sera tuée par leur habitude de consommation de tabac.

Cooper et al.[30] ont envoyé un questionnaire à 4000 médecins généralistes anglais. Un total de 1928 questionnaires a été retourné ( 48,2% de taux de réponse). Parmi les répondants, 81,1% étaient des hommes et 18,9% des femmes. 8,6% des médecins étaient des fumeurs. Il n’y avait pas de différence significative entre les hommes et les femmes fumeurs.

En matière de consommation d’alcool, 6,4% des médecins généralistes étaient abstinents, 32,5% des buveurs occasionnels, 36,7% buvaient plusieurs verres dans la semaine, 18,6% en buvaient 1 ou 2 par jour, 5,4% prenaient 3 à 6 verres par jour et 0,4% consommaient plus de 6 verres par jour. Les hommes

1 Doll R, Hill AB. Smoking and carcinoma of the lung. Preliminary report. BMJ 1950 ;Il :739-48.

Wynder El, Graham EA. Tabacco smoking as a possible etiologic factor in bronchogenic carcinoma. JAMA 1950 ;143 :1451-5.

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consommaient significativement plus d’alcool que les femmes. Selon les auteurs une sous-déclaration de la consommation d’alcool est possible du fait du tabou social que constitue l’alcoolisme. Cooper relate également que, d’après une étude de Murray, réalisée en Ecosse au début des années 70, le taux de première admission pour alcoolo-dépendance était 2 à 7 fois supérieur parmi les médecins que parmi la population de statut social identique.

Doll et al.[41], dans le cadre de son enquête prospective citée ci-dessus concernant la mortalité liée au tabagisme s’étendant sur 40 ans d’observation sur des médecins britanniques, avaient envoyé en 1978 un questionnaire concernant leur consommation d’alcool. 12 322 médecins ont répondu. Dans cette étude, la quantité moyenne bue en 1991 était à peu prés similaire qu’en 1978. En 1978, il y avait 10% d’abstinents contre 8% en 1991, 13% de buveurs occasionnels en 1978 et 1991, 38% buvaient 1 à 14 unités par semaine en 1978 contre 41% en 1991, 23% consommaient 15 à 28 unités par semaine en 1978 et 1991, 9%

prenaient 29 à 42 unités par semaine en 1978 et 1991 et 7% dépassaient les 43 unités par semaine en 1978 contre 6% en 1991.

Il ressort également de cette étude une relation entre la consommation d’alcool et le risque de mortalité précoce. Le risque de décès précoce augmente avec la dose d’alcool consommée du moins parmi les buveurs réguliers. Le taux était significativement haut pour les hommes buvant plus de 28 unités par semaine (plus de 4 verres par jour) et particulièrement bas pour ceux qui buvaient entre 8 et 14 unités par semaine (1 à 2 verres par jour), plus bas même que les non buveurs notamment pour les décès par maladies cardio-vasculaires.

Hughes et al.[62] ont envoyé un questionnaire a 9600 médecins américains tirés au sort dans le fichier de l’American Medical Association afin d’évaluer leur consommation de substances licites ou illicites et de le comparer à une enquête nationale effectuée aux Etats Unis sur l’abus de drogues parmi les ménages américains. Le taux de réponses après trois envois était de 59%. Il ressort de cette enquête que l’alcool est la substance la plus fréquemment utilisée. 10,4%

des médecins interrogés boivent quotidiennement de l’alcool. 0,6% en consomment 5 verres ou plus par jour.

Pour ce qui est du tabac, 6,3% sont des fumeurs quotidiens et parmi ceux-là 3,9% fument un demi paquet ou plus par jour.

Pour ce qui est des autres substances, un très faible pourcentage en utilise quotidiennement (0,2% pour les opiacés, 0,1% pour la marijuana, 0,5% pour les benzodiazépines).

Les auteurs de cette enquête commentent leurs résultats en signalant qu’en général, les médecins consomment davantage d’alcool ou des substances prescrites pour une automédication –comme des benzodiapénines, des opiacés mineurs, des amphétamines et des barbituriques- comparé à la population générale. Mais les auteurs pensent que cette utilisation plus forte d’alcool parmi les médecins tient plus d’une caractéristique de leur classe socio-économique

(18)

que de leur profession. Ils précisent également que 1,6% des répondants reconnaissent avoir eu une dépendance à l’alcool ou avoir abusé de l’alcool l’année précédant l’enquête et que 6% des répondants se définissent comme abusant de boissons alcoolisées.

Franck et al. montraient également dans leur étude un taux de tabagisme de 3,7% chez les femmes médecins, de 8% chez les femmes de statut socio- économique élevé et de 25% chez les femmes de statut socio-économique faible.

Sur la consommation d’alcool, 25% des femmes médecins rapportaient une abstinence complète le mois précédent. 72,4% avaient bu de l’alcool contre 63,3% pour les femmes de statut socio-économique élevé et 43,9% pour les femmes de statut socio-économique peu élevé. Mais les femmes médecins ont rapporté une consommation moindre par épisode que les autres femmes. Les auteurs commentent ces résultats sur cette consommation un peu plus élevée d’alcool des médecins par rapport à la population générale en suggérant que cela puisse refléter leur assentiment sur le fait qu’une consommation modérée d’alcool pourrait avoir une action bénéfique sur la santé, notamment cardio- vasculaire, d’après la littérature médicale contemporaine.

Nous avons déjà vu dans les enquêtes citées précédemment que les médecins anglo-saxons ont considérablement diminué leur consommation de tabac, ceci étant d’autant plus vrai pour les femmes médecins.

Selon Estryn-Behar [47], «de même les médecins norvégiens ont changé leurs habitudes tabagiques bien plus que la population générale. Selon des données norvégiennes (Norwegian Physician Survey), 8% des femmes et 14% des hommes médecins se caractérisent comme fumeurs quotidiens, et 9% et 13%, respectivement, comme fumeurs occasionnels. Le pourcentage le plus élevé de fumeurs quotidiens a été trouvé parmi les chirurgiens (21%).

Par ailleurs, une étude sur un échantillon représentatif de 1004 généralistes dans toute la Suède (taux de réponse 71,2 % ) a montré que 5% des généralistes de moins de 45 ans étaient des fumeurs quotidiens. »

Estryn-Behar relate également dans son ouvrage quelques enquêtes réalisées chez des médecins de culture latine. Elle cite notamment une enquête réalisée en 1999 en Espagne chez une population de femmes médecins et d’infirmières de l’agglomération de Madrid pour laquelle la prévalence du tabagisme était de 43%. Une consommation moindre de tabac était cependant constatée parmi les femmes médecins âgées de 20 à 30 ans (22,9%).

Elle cite également une enquête au Mexique dans laquelle, parmi 3568 médecins (66% d’hommes), 26,9% fumaient. Parmi ces derniers, 62% fumaient quotidiennement. Cette enquête mettait en évidence 20,6% d’ex-fumeurs et révélait une plus grande prévalence du tabagisme chez les femmes médecins que dans la population générale.

(19)

En France, le Comité Français d’Education pour la Santé (CFES) a mis en place depuis 1992 un dispositif d’enquêtes périodiques : les Baromètres Santé. Ceux- ci mesurent régulièrement l’état de l’opinion, des connaissances, des attitudes et des comportements concernant la santé des Français. La population étudiée par Arènes et al.[17] dans le Baromètre Santé 1998/99 a été celle des médecins généralistes exerçant une activité libérale. 2073 médecins ont répondu à un questionnaire téléphonique portant sur les thèmes suivant : signalétique du médecin généraliste ; comportements personnels ; prévention et éducation du patient ; vaccination ; cancer ; VIH (Virus de l’Immunodéficience humaine) et hépatite C ; traitement et prise en charge des problèmes d’addiction ; patient âgé de plus de 65 ans. Parmi cet échantillon de 2073 médecins, 1637 étaient des hommes (79,3%) et 436 des femmes (20,7%).

Dans cette enquête, 32,1% des médecins consommaient du tabac (33,9% pour les hommes et 25,4% pour les femmes). Parmi ces fumeurs, 27,9% fumaient quotidiennement (29,4% pour les hommes contre 22,6% pour les femmes). Ces chiffres sont meilleurs pour les hommes que dans la population générale : 29%

de fumeurs quotidiens dont 36,4% d’hommes et 22,2% de femmes.

Pour les femmes médecins, leur consommation de tabac est à peu près équivalente à la population générale, mais largement supérieure aux femmes de statut socio-économique élevé (cadres et professions intellectuelles). En effet seulement 13,6% de ces dernières sont des fumeuses régulières.

En ce qui concerne les hommes de statut socio-économique élevé, 33,1% sont des fumeurs réguliers.

Pour ce qui est de la consommation d’alcool, environ 30% des omnipraticiens boivent régulièrement de l’alcool. Parmi ceux-là 15,6% en consomment tous les jours et 14,3%, 3 à 5 fois par semaine. 41,4% en consomment occasionnellement et 28,8% exceptionnellement. Les hommes ont une consommation plus régulière puisqu’ils sont 33,8% à déclarer boire régulièrement de l’alcool (dont 18,4%

tous les jours) contre seulement 14,9% pour les femmes (dont 4,9% tous les jours). Un croisement avec l’âge montre que la consommation quotidienne de boissons alcoolisées augmente de façon linéaire avec les classes d’âges retenues.

Une étude réalisée en 1999 par le Dr Maulbecker[77], dans le cadre d’une thèse de médecine dirigée par le Dr Befort à la faculté de médecine de Strasbourg, portant sur la santé de 400 médecins généralistes du Bas-Rhin (67 % de répondants), montre un taux de 23% de fumeurs. Aucune différence significative n’était retrouvée entre les hommes et les femmes fumeurs.

Sur la consommation d’alcool, 16% des répondants étaient des buveurs journaliers (dont 73% consommant 1 verre par jour, 2% 2 à 3 verres par jour et 25% buvant plus de 4 verres par jour). Les hommes sont majoritaires dans ce dernier cas : 19% contre 2% pour les femmes). 18% des interrogées boivent de l’alcool 3 à 5 fois par semaine, 23% 1 à 2 fois par semaine, 24% le week-end uniquement et 19% jamais.

Une autre étude élaborée en 2002 par le Dr Roumane [95], là aussi pour une thèse de médecine dirigée par le Dr Levasseur de la faculté de Rennes évaluant

(20)

le comportement en matière de santé de 400 médecins bretons (taux de réponses : 62%), montrait un taux de 21,7% de fumeurs dont 23,3% d’hommes et 16,9% de femmes.

Sur la consommation d’alcool, 15,9% des médecins interrogés consommés tous les jours des boissons alcoolisées, 12,3% 4 à 5 fois par semaine, 19,8% 2 à 3 fois par semaine, 30% occasionnellement et 22% jamais ou exceptionnellement.

Tableau 1 : Tabagisme des médecins dans le monde Auteurs et

année

Pays Population % de fumeurs

% d’hommes

fumeurs

% de femmes fumeuses Doll et al.

1994

Grande- Bretagne en

1951

34439 médecins

hommes retenus

62 % dont 41 % uniquement des cigarettes

62 % dont 41 % uniquement des cigarettes

Taux de fumeuses non

significatif Doll et al.

1994

Grande- Bretagne en

1991

Même population

moins les décès

18 % dont 6 % uniquement des cigarettes

18 % dont 6 % uniquement des cigarettes

Non étudié

Cooper et al.

1989

Angleterre

1928 médecins généralistes

sur 4000

8,6 % Pas de différence significative

Hugues et al.

1992

Etats-Unis 9600 médecins

6,3 % Pas de précision Franck et al.

1998

Etats-Unis 4501 femmes médecins

3,7 % Estryn-Behar

2002

Norvège

1997

Médecins 14 % 8 %

Estryn-Behar 2002

Suède 1999

1004 généralistes

5 % des moins de 45

ans

Pas de précision Estryn-Behar

2002

Espagne Madrid

1999

Femmes médecins et

infirmières

43 % Estryn-Behar

2002

Mexique 1997

3568 médecins

26,9 % Arénes et al.

1998/99

France 2073

généralistes

32,1 % 33,9 % 25,4 %

Maulbecker 1999

France Bas-Rhin

400

généralistes 23 % Pas de différence significative Roumane

2002

France Bretagne

400 généralistes

21,7 % 23,3 % 16,9 %

(21)

Tableau 2 : La consommation d’alcool chez les médecins dans le monde

Auteurs et année

Pays Population %

d’abstinents

% de buveurs occasion -nels

% buvant

1 à 2 fois par semaine

% buvant

3 à 5 fois par semaine

% de buveurs quotidiens

% buvant

1 à 2 verres par

jour

% buvant

3 à 6 verres par jour

% buvant plus de 6 verres par jour Doll et al.

1994

Grande- Bretagne en

1978

12322 médecins

hommes retenus

10 % 13 % 38 %

- 23 % de 2 à 4

verres - 9 % de

4 à 6 verres

7 %

Doll et al.

1994

Grande- Bretagne en

1991

Même population

moins les décès

8 % 13 % 41 %

- 23 % de 2 à 4

verres - 9 % de

4 à 6 verres

6 %

Cooper et al.

1989

Angleterre

1928 médecins généralistes

sur 4000 interrogées

6,4 % 32,5 % 36,7 %

buvaient plusieurs verres par semaine

18,6 % 5,4 % 0,4 %

Hugues et al.

1992

Etats-Unis 9600

médecins 10,4 % 0,6 %

Franck et al.

1998

Etats-Unis 4501 femmes médecins

25 % Arénes et

al.

1998/99

France 2073

généralistes 41,4 % 14,3 % 15,6 %

Maulbecker 1999

France Bas-Rhin

400

généralistes 16 % 73 %

des buveurs quotidien

- 2 % de 2 à 3 verres - 25 % plus de 4 verres Roumane

2002

France Bretagne

400

généralistes 22 % 30 % 19,8 % 12,3 % 15,9 %

Quelques enquêtes ont également été effectuées concernant le comportement des médecins vis à vis des moyens de prévention et de dépistage pour eux-mêmes et la réalisation de bilans de santé personnels.

Schwartz et al.[98] ont réalisé en 1987 une enquête par courrier auprès de 2610 médecins membres de l’American College of Physicians (ACP) afin d’étudier l’utilisation des moyens de prévention et de dépistage dans la population, en la

(22)

comparant aux recommandations des experts. Dans ce questionnaire envoyé, un groupe de questions concernait la santé propre du médecin.

50% des répondants n’avaient pas de médecin personnel. 55% n’avaient pas eu d’examen clinique dans les trois ans précédant l’enquête. 64% des médecins ont caractérisé leur santé comme mieux que la moyenne.

92% ont rapporté une vaccination contre le tétanos, 41% contre l’hépatite B, 44% contre la grippe et 9% contre le pneumocoque.

74% des répondants ayant 50 ans ou plus avait déjà fait une recherche de sang occulte dans les selles et 58% avaient eu une sigmoidoscopie.

96% des femmes rapportaient pratiquer un auto examen des seins et 30% avaient réalisé une mammographie.

26% des femmes médecins avaient réalisé l’année précédente un frottis cervico- vaginal de dépistage et 84% l’avaient pratiquée dans les trois années précédentes.

Cette enquête montrait par ailleurs une relation forte entre la promotion de la santé dans la population par la prévention et le dépistage et la pratique de ces mêmes moyens de promotion de la santé par les médecins pour leur propre santé.

Franck et al. montraient, dans leur étude sur les femmes médecins américaines, les résultats des différents moyens de prévention et de dépistage utilisés, comparés aux femmes de statut socio-économique élevé.

Les résultats montraient que 37,5% des femmes médecins entre 50 ans et 70 ans avaient au moins pratiqué une fois dans l’année une recherche de sang occulte dans les selles contre 23,5% pour les femmes de statut socio-économique élevé.

De manière équivalente 29% des femmes médecins et de statut socio- économique élevé (entre 50 et 70 ans) avaient réalisé une sigmoidoscopie dans les cinq ans précédant l’enquête.

90,8% des femmes médecins avaient fait doser leur taux de cholestérol dans les cinq ans précédant l’étude contre 87,9% pour les femmes de statut socio- économique élevé.

90,6% des femmes médecins ont fait réaliser un frottis cervico-vaginal dans les trois années précédant l’enquête contre 96,5% pour les femmes de statut socio- économique élevé.

En matière de surveillance de la pression artérielle, 96,5% des femmes médecins avaient eu une prise tensionnelle dans les 2 ans précédant l’enquête contre 99,3% pour les femmes de statut socio-économique élevé.

Pour le dépistage du cancer du sein, 93% des femmes médecins âgées de 30 à 40 ans ont eu un examen des seins par un clinicien et 65% pour celles de plus de 40 ans contre respectivement 92% et 80% pour les femmes de statut socio- économique élevé. En matière de mammographie pour les femmes de 50 à 70 ans, 79,8% des femmes médecins ont en eu une dans les 2 ans précédant l’étude contre 85% pour les femmes de statut socio-économique élevé.

(23)

Dans le baromètre santé médecins généralistes 98/99, l’étude d’Arènes et al.

montre que 86,8% des généralistes sont vaccinés contre l’hépatite B. Ce pourcentage décroît avec l’âge car ils ne sont plus que 76,9% à partir de 51 ans et plus.

27% des omnipraticiens ont déjà fait un test de dépistage de l’hépatite C sans différence significative selon l’âge et le sexe. Ils sont plus nombreux à avoir fait un test de dépistage du VIH : 59,5%, les femmes davantage que les hommes (69,5% contre 56,9%). Les médecins plus jeunes pratiquent davantage ce test de dépistage du VIH : 77,2% chez les 40 ans et moins, 54,9% entre 41 et 50 ans et 46,1% chez les plus de 51 ans.

Une étude réalisée par le Dr Welker Mauguet [108], dans le cadre d’une thèse de médecine générale soutenue à la faculté de médecine de Lyon en 2000, dirigée par le Dr Dubois et portant sur l’état vaccinal des médecins généralistes du Rhône et de leurs proches (40% de répondants sur 300 médecins interrogés), montrait que 80% des médecins étaient à jour de leur vaccination antitétanique, les femmes plus que les hommes : 85% contre 76%.

Pour la vaccination antidiphtérique, 62% des omnipraticiens étaient couverts, les femmes, là aussi, mieux que les hommes : 71% contre 57%.

Pour la vaccination antipoliomyélite, 75% des médecins sont à jour de leur vaccin, les femmes mieux que les hommes : 83% contre 71%.

Pour ce qui est de l’hépatite B, 59% des médecins étaient à jour, les hommes mieux que les femmes : 62% contre 54%.

Dans cette étude, 55% des médecins généralistes se vaccinent contre la grippe tous les ans.

Dans l’étude Maulbecker, 84% des généralistes déclarent être vaccinés contre l’hépatite B, 98% le sont contre le tétanos, 94% contre la poliomyélite et 56%

contre la grippe. Par ailleurs, 67% des omnipraticiens avaient pratiqué un test de dépistage du VIH, les femmes plus que les hommes : 80,4% contre 64%.

En matière de bilan sanguin, 56% des médecins déclarent en réaliser un au moins une fois tous les deux ans, les femmes plus que les hommes : 65% contre 55%.

95% des médecins contrôlent leur pression artérielle dont 47% deux fois par an et 32% une fois tous les deux ans.

66% des répondants pratiquent une activité physique.

Pour ce qui est du dépistage du cancer du col de l’utérus, 57% des femmes médecins avaient eu un frottis datant de moins de deux ans.

Dans l’étude Roumane, 83,8% des médecins généralistes étaient vaccinés contre l’hépatite B sans différence significative entre les hommes et les femmes. 94%

étaient vaccinés contre le tétanos, 67,1% contre la grippe et 64% avaient déjà

(24)

réalisé une sérologie VIH (76,3% pour les femmes contre 60,6% pour les hommes).

En matière de bilan biologique, 65,5% des interrogés avaient réalisé moins d’un bilan tous les deux ans, 19% en faisaient un tous les deux ans et 11% tous les ans. Dans ces bilans sanguins, 89,8% des médecins avaient effectué une cholestérolémie.

Pour ce qui est de la surveillance de la pression artérielle, 36,2% la contrôlaient tous les 2 ans et 20,4% deux fois par an.

En matière de frottis, 53,4% des femmes médecins en avaient eu un depuis moins de deux ans, pour 35,6% des femmes, il datait entre deux et quatre ans et pour 10,2% des autres femmes, il datait de plus de 4 ans.

Tableau 3 : Vaccination des médecins dans le monde Etudes /

Vaccinations

tétanos diphtérie polio Hépatite B

grippe Sérologie hépatite C

Sérologie VIH Schwartz et

al. (1991) Médecins de

l’ACP Etat-Unis

92 % 41 % 44 %

Aréne et al.

(1998/99) Médecins généralistes

France

86,8 % 27 % 59,5 %

Maulbecker (1999) Médecins généralistes du Bas-Rhin

France

98 % 94 % 84 % 56 % 67 %

Welker Mauguet

(2000) Médecins généralistes

du Rhône France

80 % 62 % 75 % 59 % 55 %

Roumane (2002) Médecins généralistes

Bretons France

94 % 83,8 % 67,1 % 64 %

(25)

Tableau 4 : Examens de dépistage chez les médecins dans le monde

Etudes / Examens

Recherche de sang occulte dans

les selles (50-70 ans)

Sigmoido- scopie (50-70 ans)

Examen des seins

Mammo- graphie ( 50 –70

ans)

Frottis Bilan sanguin

Surveillance TA

Schwartz et al. (1991) Médecins de

l’ACP Etat-Unis

74 % 58 % 96 % 30 % 84 %

datant de 3 ans ou

moins Franck et al.

(1998) médecins

femmes Etats-Unis

37,5 % dans l’année

29 % dans les

5 ans

93 % pour les moins de 40 ans

65 % pour les plus de

40 ans

79,8 % dans les

2 ans

90,6 % datant de

3 ans ou moins

90,8 % dans les 5 ans pour cholestérol

99,3 % dans les 2 ans

Maulbecke r (1999) Médecins généralistes

du Bas- Rhin France

57 % datant moins de

2 ans

56 % une fois tous les 2 ans

47 % deux fois par

an

32 % une fois tous

les 2 ans Roumane

(2002) Médecins généralistes

Bretons France

53,4 % datant moins de

2 ans

65,5 % moins d’un

tous les 2 ans

20,4 % deux fois par

an

36,2 % tous les

2 ans

Quelques études ont été réalisées afin de déterminer s’il existe une relation entre les habitudes de santé personnelles des médecins et leurs pratiques médicales pour la prévention et le dépistage.

Well et al.[109] ont examiné la relation entre les habitudes personnelles de santé des médecins et leurs pratiques médicales sur des thèmes comme le tabagisme, le poids, l’activité physique et la consommation d’alcool. Les auteurs ont envoyé un questionnaire à des médecins généralistes, des gynécologues- obstétriciens, des internistes et des chirurgiens, tous membres de la société médicale de l’Etat de Californie en 1978.

(26)

Ce questionnaire comportait des items sur leurs habitudes personnelles de santé et sur leur pratique médicale sur divers thèmes. 151 questionnaires ont été retournés (76% de taux de réponse). Les répondants étaient composés de 44 internistes, 45 médecins généralistes, 49 chirurgiens et 11 gynécoloques- obstétriciens.

Les résultats dénombraient parmi les médecins, 15% de fumeurs réguliers, 24%

qui consommaient de l’alcool tous les jours, 59% qui pensaient avoir une surcharge pondérale et 73% qui avaient une activité physique une heure par semaine.

Dans cette étude, il était mis en évidence que les médecins qui avaient de bonnes habitudes personnelles de santé conseillaient, de façon significative, davantage leurs patients que ceux qui avaient de mauvaises habitudes au sujet du tabagisme, de la consommation d’alcool, et du poids.

Shwartz et al.[98] ont mis en évidence une relation forte entre les attitudes et pratiques préventives personnelles des médecins et leur manière de les proposer à leurs patients. Cette relation a été établie pour la vaccination, les tests de dépistage et les facteurs comportementaux comme le tabagisme, la consommation d’alcool, l’activité physique et l’usage de la ceinture de sécurité dans les véhicules.

Les auteurs citent également quelques études réalisées sur ce même thème aux Etats-Unis. Ces études rapportaient des résultats similaires et aboutissaient également à la même conclusion qui est que les médecins, particulièrement ceux qui s’occupent d’adultes, appliquent les conseils de prévention à leurs patients moins fréquemment que ne le recommandent les panels d’experts.

Josseran et al.[65], se basant sur le Baromètre santé médecins généralistes 1998/99 du CFES concernant le tabagisme des médecins (34% de fumeurs), disent que « les médecins français apparaissent parmi les plus mauvais élèves de la classe, mais pas seulement au niveau européen ou américain, au niveau mondial. La majorité des médecins fumeurs estime ne pas avoir le droit de conseiller à leurs patients un sevrage ou bien n’ose pas aborder le sujet du tabac. »

Les auteurs concluent l’article en disant que «conseiller à son patient un sevrage tabagique ou simplement l’informer brièvement des risques de son tabagisme relève du devoir professionnel du médecin. Son comportement personnel ne doit pas être un obstacle à son action professionnelle de prévention. »

Plusieurs études ont été réalisées afin d’évaluer la santé psychologique des médecins notamment en essayant d’identifier les sources de stress dans le travail et la conséquence dans la relation de soin.

Cooper et al.[30] avaient essayé de dégager les sources de stress en enquêtant parmi 4000 médecins généralistes en Angleterre (48,2% de taux de réponses).

(27)

Le résultat de cette étude montrait globalement un taux de satisfaction professionnel élevé avec tout de même une disparité entre les hommes et les femmes. Ces dernières avaient un fort taux de satisfaction professionnel et un niveau d’inquiétude plus bas que la normale.

Les médecins hommes avaient par contre un taux d’inquiétude plus haut que la normale et un degré moindre de satisfaction professionnel. Parmi les causes de stress et d’inquiétude, étaient retrouvés : l’exigence des patients, le travail qui interfère avec la vie familiale, les interruptions constantes au travail et au domicile et les problèmes administratifs.

D’après les auteurs, cette différence de satisfaction du travail entre les femmes et les hommes médecins pourrait s’expliquer par le fait que la plupart des femmes travaillent à mi-temps.

Le risque d’insatisfaction était par ailleurs plus grand quand on était un homme et âgé.

Les auteurs soulignent la nécessité d’un service de consultation pour les médecins généralistes et autres personnels de santé afin qu’ils puissent évoquer la pression psychologique de leur travail.

Leblanc [68] relate une étude réalisée sur la base d’un questionnaire envoyé à 932 médecins généralistes en régions parisienne et toulousaine en mai 2000 (595 répondants). Le but était d’établir des renseignements sur les sources et le niveau de stress, la satisfaction personnelle globale et les moyens de lutte contre le stress.

Les résultats montraient que 50% des médecins s’estimaient stressés. 79%

d’entre eux tiraient une satisfaction personnelle de leur travail, 14% déclaraient avoir souvent envisagé de changer de profession du fait d’un sentiment d’épuisement et de frustration. L’analyse dégageait comme sources de stress : l’interface vie professionnelle - vie privée, la demande de l’entourage des patients, les contraintes administratives.

Quant aux moyens de lutte contre le stress, près d’un tiers ont recours à l’automédication, en particuliers les femmes, sinon c’est le sport et les loisirs qui prévalent.

Didier Truchot [102,103], maître de conférences en psychologie sociale à l’université de Reims, a réalisé coup sur coup deux enquêtes, pour les URML (Union Régionale des Médecins Libéraux) d’abord de Bourgogne puis de Champagne Ardenne, sur le syndrome d’épuisement professionnel dénommé également burn-out. Le burn-out se définit comme «un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l’accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès d’autrui ».

La première enquête, publiée en 2002, était basée sur un questionnaire envoyé aux 2500 médecins libéraux de Bourgogne. 456 exemplaires ont été retournés avec dans cet échantillon 77% d’hommes et 23% de femmes. Prés des deux tiers sont des généralistes et plus de la moitié exercent en secteur urbain. Les résultats

(28)

de cette étude montraient un niveau d’épuisement professionnel des médecins bourguignons globalement supérieur à celui d’autres professions également exposées au stress (sapeurs pompiers, infirmières, aides soignantes, travailleurs sociaux, enseignants). Mais si les médecins libéraux ont un score d’épuisement élevé (47% d’après une échelle composée de 22 affirmations), leur accomplissement personnel reste important (41%). Autrement dit, ils se sentent usés mais conservent des satisfactions professionnelles. Par ailleurs le burn-out se manifeste davantage en début de carrière ce qui, d’après l’auteur, vient du fait que «les jeunes médecins n’ont pas encore développé les stratégies qui leurs permettent d’ajuster leurs attitudes, leurs comportements ou leurs ambitions ».

La deuxième enquête était réalisée auprès des médecins libéraux de Champagne- Ardenne en 2003. 460 questionnaires ont été retournés (taux de réponse de 20%). Les résultats montraient, là aussi, un épuisement émotionnel élevé (42%) et 44% des médecins avaient une dépersonnalisation importante, c’est à dire une attitude négative vis à vis des personnes prises en charge. En revanche l’accomplissement personnel demeure élevé chez un tiers d’entre eux.

Le burn-out touche par ailleurs plus les hommes que les femmes et augmente en milieu rural.

Pour l’auteur «le burn-out influence les prises de décisions des médecins car il engendre des symptômes affectifs et « motivationnels », une déprime, la perte d’envie d’aller au travail. Les conséquences sont importantes à plusieurs niveaux : individuel (la personne va mal), inter-individuel (prise en charge défectueuse, stigmatisation des patients, conflit avec les collègues) et de l’organisation du travail avec des phénomènes d’absentéisme et une moindre efficacité au travail ».

Dans cette étude les médecins identifient les sources de stress appelées

« stresseurs » comme étant en premier lieu la surcharge de travail, puis le manque de temps accordé au patient, le fait d’avoir à gérer des cas complexes, le manque de respect de la part des patients, les problèmes matériels, les patients non observants, les demandes excessives de la part des patients, et enfin le manque de communication, l’agressivité des patients, les conflits avec les collègues et les poursuites judiciaires.

Mais d’après l’auteur «les stesseurs perçus comme les plus fréquents (charge de travail) ont un poids relatif assez faible sur les dimensions du burn-out. En revanche les variables liées aux relations avec les patients ont beaucoup plus d’influence sur le burn-out (le manque de respect des patients, les non observants, le fait de gérer des cas complexes)».

Michel Delbrouck [35], psychothérapeute en Belgique ayant récemment écrit un livre sur le burn-out du soignant, constate que le bun-out est en plein essor. Il pense que «cela doit être lié à un changement de société. Nous sommes dans une société de consommation et la population s’est habituée à avoir des exigences de plus en plus pressantes vis-à-vis des médecins. En conséquences, le praticien est tenu de répondre à ces demandes de manière de plus en plus stressante. Cette

(29)

tendance est accentuée par les progrès de la technologie, qui donnent l’illusion d’une médecine toute puissante, qui n’est plus à l’échelle humaine ».

Forsythe et al.[51] relatent un rapport réalisé par Nuffield Trust en 1994. Ce rapport montre des imperfections dans la manière dont les médecins britanniques se traitent eux-mêmes et traitent leurs collègues.

Constatant cela, la British Medical Association (BMA) a publié en 1995 un ensemble de directives sur les responsabilités morales qu’avaient les médecins envers leur santé, celle de leur famille et d’autres médecins qu’ils ont comme patients (cf. Tableau 5).

Forsythe et al. ont étudié l’adhérence des médecins de la NHS aux recommandations de la BMA sur les responsabilités morales des médecins envers eux-mêmes et leur famille.

Les résultats montraient un bas niveau d’adhérence aux directives de la BMA.

La plupart des médecins (98% pour les généralistes et 94% pour les spécialistes) étaient inscrits chez un médecin généraliste mais le taux de consultation chez ce médecin était bas par rapport à la population générale.

11% des médecins généralistes s’occupaient de quelques membres de leur famille et plus le médecin généraliste est âgé plus il y a de chance pour qu’il soit le médecin traitant de sa famille (37% des répondants masculin au-dessus de l’âge de 60 ans). 71% des généralistes et 76% des spécialistes se font des auto- prescriptions. 10% des généralistes et 15% des spécialistes admettent se prescrire des opiacés, des anxiolytiques, des antidépresseurs ou des hypnotiques.

Pour ce qui est du service de santé des professionnels, seulement 11% des généralistes disent en avoir un de disponible pour eux comparé aux 95% pour les spécialistes. La plupart des spécialistes n’emploient le service de santé des professionnels que principalement pour le préventif et les procédures de surveillance.

Cette étude montre également que les spécialistes étaient peu disposés à discuter de leur santé avec le service de santé des professionnels et beaucoup ont préféré éviter leur médecin généraliste.

Les auteurs pensent que les médecins ne se sentent pas assez en confiance en matière de confidentialité envers leurs problèmes pour en discuter chez le médecin généraliste ou dans les locaux du service de santé des professionnels et cet aspect est particulièrement important du fait du niveau élevé des problèmes psychosociaux et d’abus de diverses substances chez les médecins. Par ailleurs, l’accès au service de santé des professionnels devrait être amélioré pour les médecins généralistes.

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Tableau 5 : Recommandations de la BMA concernant les responsabilités morales des médecins envers eux -mêmes et leurs familles : 1- Il n’est pas recommandé que les médecins assument la responsabilité du diagnostic et la gestion de leurs propres problèmes de santé ou de ceux de leur famille à moins que cela soit pour des circonstances des plus communes.

2- Tous les médecins devraient être inscrits chez un médecin généraliste.

Tous les hôpitaux devraient s’assurer que leur personnel soignant a accès aux services de soins primaires.

Le service de santé des professionnels des hôpitaux donnera des conseils sur les mesures ou les procédures préventives de surveillance qui devraient être fournies aux médecins à risque et sont le lien entre la santé du personnel soignant et le lieu de travail.

3- Comme pour les autres patients, la responsabilité totale des soins et la

continuité du traitement pour des médecins et leur famille devraient dépendre de leur médecin généraliste. Les références pour les conseils spécialisés ou les soins devraient dépendre de leur médecin généraliste.

4- Il est préférable que le médecin généraliste d’un médecin n’ait pas de lien de parenté avec ce dernier et si cela est réalisable ne soit pas un de ses associés.

5- Il n’est pas recommandé pour les médecins de s’auto-prescrire des médicaments.

6- Les médecins doivent se rendre compte qu’ils deviennent le patient dans la relation médecin-malade quand ils reçoivent des soins médicaux.

7- Les médecins ont un devoir d’éthique envers eux-mêmes et leur patient pour s’assurer que leurs propres problèmes de santé sont efficacement contrôlés, pour chercher les conseils professionnels compétents particulièrement sur leur

capacité de travail et pour suivre ces conseils.

8- Les médecins ne devraient pas tirer profit de l’accès qu’ils ont aux dossiers médicaux pour consulter ceux de leurs familles ou amis sans leurs

consentements.

9- les médecins ont une responsabilité afin de s’assurer qu’ils sont protégés contre les maladies infectieuses comme la tuberculose et l’hépatite B.

10- Les médecins ne devraient pas miner la confiance que leurs parents ont dans leur propre médecin généraliste en dépréciant le conseil et le traitement qu’ils ont reçu.

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III- L’ENQU Ê TE

1- Matériel et méthode.

1.1- Objectif.

L’objectif de cette enquête est d’effectuer un état des lieux sur le comportement des médecins généralistes libéraux de la Vienne envers leur propre santé.

- Comment prennent-ils en charge leur santé ?

- S’appliquent-ils les mêmes moyens de prévention et de dépistage que ceux qui sont recommandés pour leurs patients ?

1.2- Méthode et moyens.

1.2.1- Type d’étude.

Il s’agit d’une étude descriptive.

1.2.2- Population étudiée.

Il s’agit des médecins généralistes libéraux installés dans le département de la Vienne.

La liste nous a été fournie par le Conseil Départemental de l’ordre des médecins de la Vienne.

1.2.3- Outils de recueil des données.

Le recueil des données s’est effectué à l’aide d’un questionnaire adressé par courrier postal à tous les médecins généralistes libéraux installés de la Vienne.

L’élaboration de ce questionnaire s’est faite en plusieurs étapes.

Dans un premier temps, nous avons recherché les critères permettant de mesurer l’état de santé des médecins.

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