C OMPOSITIO M ATHEMATICA
B. M ALGRANGE
Réduction d’un système microdifférentiel aux points génériques. I
Compositio Mathematica, tome 44, n
o1-3 (1981), p. 133-143
<http://www.numdam.org/item?id=CM_1981__44_1-3_133_0>
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133
REDUCTION D’UN SYSTEME
MICRODIFFERENTIEL AUX POINTS
GENERIQUES.
I.B.
Malgrange
Cet article est dédié à la mémoire d’Aldo Andreotti; comme beaucoup d’autres mathématiciens, j’ai eu souvent l’occasion de profiter de son exceptionnelle ouverture d’esprit, de sa culture, et de son amitié. Je ne peux que dire ici l’émotion que j’éprouve à rappeler ces souvenirs.
© 1981 Sijthoff & Noordhoff International Publishers - Alphen aan den Rijn
Printed in the Netherlands
Introduction
(0.1)
Soit X une variétéanalytique complexe,
etT*X X
soncotangent; on notera ici
03B5,
au lieu de la notation usuellet,
le faisceaudes
opérateurs
microdifférentiels formels surT*X - {0} (voir [4],
oùce faisceau est noté
1);
on trouvera aussi un résumé despropriétés
fondamentales de 6 dans
[1]).
Rappelons,
pour fixer lesnotations,
comment 6 peut être défini encoordonnés
locales;
soit x =(xl, ..., xn)
unsystème
de coordonnées locales surX,
et(x, e), e = (03BE1,..., gn),
lesystème
de coordonnéesqui
lui est
canoniquement
associé surT*X;
prenons unpoint
w =(x°, 03BE0)
E T*X -{0};
alors 6w estisomorphe
à l’ensemble des séries formellesa(x, e) = 03A3q~q0 aq(x, e) (q
EZ),
où les ap sontholomorphes
sur un même
voisinage
de w, et aphomogène
dedegré
p par rapport à03BE;
il est usuel de notera(x, a)
l’élément de 6w ainsi défini etd’appeler
"symbole
total" ou"symbole" l’application u : a(x, 8) - a (x, e);
enfin 6w est muni de l’additionévidente,
et de lamultiplication
obtenue par la formulesuivante,
extension des relations de commutation usuelles[ai, xj] = 03B4ij:
0010-437X/81/07133-11$00.2010
Soit 6(p)
le sous-faisceau des éléments dedegré ~ p
de 6(c’est-à-
dire ceuxqui
vérifient aq = 0 pour q> p).
Cette filtrationpossède
lespropriétés
suivantesi)
Legradué
associé~03B5)(p)/03B5(p - 1)
estisomorphe,
par gru à~+O(p), C(p) désignant
le faisceau des fonctionsholomorphes
surT*X - {0}, homogènes
dedegré
p.ii) L’isomorphisme précédent
est invariant parchangement
decoordonnées,
contrairement à o, pourlequel
la formule dechange-
ment de variables est
plus compliquée (voir
loc.cit.);
on identifie donc6(p)16(p - 1) à 0(p);
pour a~ 03B5(p),
onappelle symbole principal (sous-entendu:
dedegré p)
de a et l’on note03C3(a)
sa classe dans6(p).
(0.2)
Je renvoie aux articles cités pour lespropriétés
fondamentales de 6(cohérence,
théorème depréparation,
extension à 6 des trans- formationscanoniques).
Soit U un ouvert deT*X - {0}, qu’on
peut supposerconique,
i.e. stable par l’action de C* dans lafibre,
et soit Mun 03B5|U - Module
cohérent.Désignons
par A le support ou("variété caractéristique")
deM, qui
est un sous-ensembleanalytique conique
de U. Notre but est de donner un théorème de structure de M "aux
points génériques
deA",
c’est-à-dire auxpoints
d’un ouvertconique
dense de
A,
pour latopologie usuelle;
enfait,
en modifiant con- venablement lesdémonstrations,
onpourrait
établir que ces pro-priétés
sont vraies sur un ouvertZariski-dense,
maisje
laisserai decôté ce
point qui
alourdirait sérieusement les démonstrations sansapporter d’idée nouvelle.
Le cas où codim A = 0 est évident:
génériquement
M est libre derang fini sur 03B5
(ceci
se voit en se ramenant, par le théorème depréparation,
au résultatanalogue
pour unC(O)-Module cohérent).
Dans cet
article, je
traiterai le cas où codim A = 1, cas danslequel
l’essentiel de la difficulté est
concentrée;
dans un articleultérieur, j’examinerai
les cas de codimensionsupérieure,
et aussi lesproblèmes qui
se posentlorsqu’on
travaille avec desopérateurs
microdifféren- tiels convergents et nonplus
formels.Si codim A = 1,
génériquement
A estlisse;
en unpoint
"nondégénéré"
deA,
i.e. en unpoint
où la forme fondamentale À = 1ei dxi
de T*X ne s’annule pas, on peut par une transformation
canonique,
se ramener au cas où A est défini
par )1 =
0. Nous ferons donc désormais cettehypothèse.
La démonstration est une variante d’une des démonstrationspossibles
du théorèmeclassique
de réduction formelle d’uneéquation
différentielle linéaire auvoisinage
d’unesingularité,
à savoir cellequi
est donnée dans[2]
et[3];
cette dernière démonstration n’est elle-mêmequ’une
variante de la méthode bienconnue pour trouver le
développement
de Puiseux d’une courbe àpartir
de sonpolygône
de Newton.Ici,
les ramifications que l’on doit faire intervenir serontexprimées
au moyend’opérateurs
microdifférentiels d’ordre
fractionnaire;
pour terminer cette intro-duction, je
vais direquelques
mots à cesujet, qui
serviront à fixer les notations.(0.3)
Soit p un entier ~ 1. Le faisceau desopérateurs
microdifféren- tiels(formels)
d’ordrep-fractionnaire, qui
sera noté03B5p,
est définicomme
e,
àpartir
desymboles a = aq(x, Ü,
avec ici qZ,
aqqo P
homogène
dedegré
q, les aq convergeant sur un mêmevoisinage
de(x°, 03BE0).
Lespropriétés
fondamentales de6p
sontanalogues
à celles de03B5,
et s’obtiennent en
recopiant
les démonstrations faites dans ce dernier cas;je
les utiliserai donclibrement,
même sije
n’ai pastoujours
deréférence
explicite
à en fournir. A noterqu’ici,
pour a E03B5p(q),
q ~1 pZ),
il y a lieu dedistinguer
entre deux notions desymbole principal
i)
le"symbole principal"
tout courtÕ’(a) ~ 03B5p(q)/03B5p (q-1 p)
=O(q).
ii)
le"symbole principal large" a(a) E 03B5p(q)/03B5p(q - 1);
aupoint
devue additif et
multiplicatif,
ce dernier espace s’identifie à(D O(q)/ 0 6(q) q ~1 p Z),
et ceci d’une manièreindépendante
duchoix des
coordonnées;
dupoint
de vueadditif,
on peut encorel’identifier,
si l’on veut, àCf) 6(q).
p-1q~p
1.
Polygone
de Newton(1.1)
Onprend
iciX = Cn,
et U un ouvertconique
connexe dansT*X -
101. Soit t
le sous-faisceau de 03B5 formé des éléments dont lesymbole
estindépendant
deel.
Soit a Ei[al](U);
on a donc a =ai~i1,
avecai ~ 03B5(U).
Soit d’autre part q le "troisième
quadrant"
de1R2,
i.e. l’ensemble des(u, v)
E1R2 qui
vérifient u ~0,
v ~0;
pour(uo, vo)
E1R2,
on noteq(uo, vo)
le translatéde q
par(uo, vo).
On considère alors l’ensembleM(a)
dans1R2
réunion desquadrants q(i, deg ai) (si
ai =0,
on convientque
deg
ai = -~);
pardéfinition,
lepolygone
de NewtonN(a)
estl’enveloppe
convexe deM(a).
Au lieu d’utiliser
N(a),
il sera commode(cf.
p. ex.[3])
de con-sidérer la "fonction de valuation"
v(a, t),
définie pour t ~ 0 par la formule suivante(1.1.1) v(a, t)
=sup(deg ai
+ti).
Il est immédiat de vérifier que, si
a ~ 0,
v est une fonction de tcontinue,
affine par morceaux, convexe, etcroissante,
etqu’elle
estdéterminée par
N(a);
les valeurs > 0 de t où la dérivée de v est discontinue sont les pentes des côtes dupolygone
de Newton, chan-gées
designe;
on lesappellera
"valeursexceptionnelles
de t". In- versement, legraphe
cp deN(a) (auquel
on donne la valeur -~ pouru >
m) s’exprime
àpartir
de v par laclassique
formule d’inversion deLegendre ~(u)
= inf(v(a, t) - tu).
Les
principales propriétés
de v sont les suivantes:(1.1.2)
soit b E03B5[~1](U);
alors on av(a
+b, t) :5 sup(v(a, t), v(b, t)),
avec
égalité
siv(a, t) ~ v(b, t) (Evident).
(1.1.3)
Soit c EÍ[Ol](U)
défini par leproduit
ordinaire dessymboles
de a et
b,
i.e.u(c) = 03C3(a)03C3(b);
on av(ab -
c,t):5 v(a, t)
+v(b, t) -
t.En
effet,
il suffit de démontrer la formulelorsque
a et b sont des monômes, disons a =aio L
b =bjô i ;
alors la formule de Leibniz donned’où immédiatement le résultat.
Cette formule nous montre en
particulier
ceci: pour t > 0fixé,
sil’on filtre
03B5[~1]
par la valuationv(a, t),
legradué
associé est com-mutatif. D’autre part, il est
classique
que, pour tout t 2:0,
on av ( c, t )
=v ( a, t) + v ( b, t ) (il suffit,
parcontinuité,
de traiter le cas d’une valeur de tqui
ne soitexceptionnelle
ni pour a, ni pourb ; alors,
il y aun seul monôme à considérer dans a et dans
b,
et le résultat estimmédiat).
Parconséquent,
on aura aussiv(ab, t)
=v(a, t)
+v(b, t) (pour t
> 0, donc pas continuité pour t =0);
il est facile de vérifier que cette dernièreégalité
s’écrit aussiN(ab)
=N(a)
+N(b).
m
(1.2) Reprenons
a= 2: aiaf
commeci-dessus,
et supposonsqu’on
aito
am = 1,
deg
ai m - i(i
~ m -1);
alors lesymbole principal
de a est1?,
donc la variétécaractéristique
A de616a
est U nle,
=oi;
onsuppose A non vide
(sinon
la situation esttriviale),
et connexe,quitte
à rétrécir U s’il le faut. On va montrer
qu’on
peutdécomposer génériquement
616a en des modulesanalogues
où lesopérateurs qui
interviennent ont un
polygone
de Newton à une seule pente. Ceci s’obtient par récurrence àpartir
de la construction suivante:Soient 0 ~ tl t2... tm les valeurs
exceptionnelles
de t; à remarquer que leshypothèses
faites sur aimpliquent qu’on
a tm 1.Choisissons un k E
{1,...,m - 1}
et un svérifiant tk
s tk+l; soit il’unique
entier pourlequel v (a, s )
=deg ai
+si ;
on a nécessairement 1 ~ i ~ m - 1(se
voit immédiatement sur undessin).
Soit encore A’l’ensemble des w ~ 039B où le
symbole principal
de ai ne s’annule pas;039B’ est Zariski-dense dans
A,
et l’on a laproposition
suivante.PROPOSITION
(1.2.1).
1)
Sur A’ il existe unedécomposition unique
a = cbpossédant
lespropriétés
suivantes :ii)
Les valeursexceptionnelles
de b(resp. c)
sont tl, ..., tk(resp.
tk+1,...,
tm).
2)
Sur039B’,
on a03B5/03B5a ~ 03B5/03B5b ~ 03B5/03B5c.
DÉMONSTRATION DE 1:
Filtrons 03B5[~1]
parv (., s );
alors leshypothèses
faites sur b et c
impliquent
les conditions suivantes:iii)
le terme dominant de b est~i1,
et celui de c est co. On établit alors l’existence et l’unicité de b et c vérifiant a =cb, i)
etiii)
par récurrence sur la filtrationprécédente;
etregardant
les termes depoids maximum,
on trouvequ’on
doit avoir03C3(c0) = 03C3(ai);
supposons maintenant ladécomposition
établie modulo lespoids -
v, et cher-chons à l’étendre modulo les
poids
v ; on devra trouver des03B2j(x, e’)
et des
03B3k(x,03BE’), 03BE’=(03BE2,...,03BEn)
avec0~j~i-1, 0~k~m-i,
homo-gènes respectivement
dedegrés
v -tj
-deg
co et v -t(i
+k) qui
vérifient
(03A303B2j03BE)03C3(c0
+(03A303B3k03BEkq)03BEi1
=(un polynôme
en03BE1
dedegré ~
m,connu).
Comme
à(co)
estinversible,
cetteéquation
a une solution et uneseule,
cequi
établit le résultatcherché;
enfinii)
résulte immédiate- ment despropriétés
vérifiées par b et c et de(1.1.3).
DÉMONSTRATION DE 2: On a sur 039B1’ une suite exacte
où la
première
flèche(resp.
laseconde)
est définie par passage auquotient
àpartir
de lamultiplication
à droite par b(resp.
àpartir
del’identité).
On va montrer que cette suite se scinde d’une manièreunique;
pourcela,
il suffit d’établirqu’on
a6xt%(616b, 61Zc)
= 0 pouri =
0, 1;
en considérant la résolution 0 ~ 03B5 ~ 03B5 ~61 6b - 0,
il revient aumême démontrer que, dans
03B5/03B5c,
lamultiplication
àgauche
par b estbijective; enfin,
comme le théorème depréparation
donne un isomor-phisme [~1]c03B5/03B5c,
il suffit démontrer la même assertionpour [~1]/[~1]c.
i) Surjectivité.
Soit d Et[ail;
ils’agit
d’établirqu’il
existe e etf ~[~1]
vérifiantd = be + f c ;
le théorème depréparation
montrequ’on
a d = qc + r, avecdeg,,
r :5 m - i -1;
on peut donc se limiteraux d de
degré :5 m -
i -1,
et a fortiori dedegré
~ m - 1. L’assertion résulte alors du lemmesuivant, qui
se démontre au moyen de la filtrationv(., s)
par le même calculqu’en 1):
LEMME
(1.2.2):
Soit d E[a1],
avecdegal
d :5 m -1;
alors il existe eet
f~[~1] vérifiant deg~1 e ~ m-i-1, deg~1 f~i-
1 et d =be + fc.
ii) Injectivité.
Soient e etf ~[~1],
vérifiant be =f c ;
ils’agit
dedémontrer
qu’il
existe g EW[al]
vérifiant e = gc ; par le théorème depréparation,
on se ramène au cas oùdeg,,
e m - i =dege,
c ; mon-trons
qu’on
a alors e = 0.Sinon, l’égalité v(b, t) + v(e, t) = v(f, t) + v (c, t), jointe
au fait que les valeursexceptionnelles
de b et celles de csont
distinctes,
montre que, aux valeursexceptionnelles
tk+i, ..., tm de c, la dérivéev’(e, t)
a un sautsupérieur
ouégal
à celui dev’(c, t);
or,en
tl(l
= k +1,..., m),
le saut dev’(c, t)
estégal
à lalongueur
de lapremière projection
du côté de pente - tl deN(c);
on en déduit queN(e)
contient un côté de pente - ti, delongueur supérieure
ouégale
au côte
correspondant
deN(c);
enparticulier,
on adeg~1 e ~ deg~1
c,contraitement à
l’hypothèse.
Ceci achève la démonstration.2. Reduction formelle en codimension 1
(2.1)
Soit w ET*Cn - {0},
avec03BE1(w)
=0,
et soit p un entier 2:1;
onnote
tp
le sous-faisceau de6p
formé des éléments dont lesymbole
estindépendant
deel.
Soit À
~ p,w
avecdeg À
::51 - 1 p;
on poseF03BB,w = p,w/p,w(~1 03BB),
eton note
FÀ
leillp-Module
cohérent défini parF,,,W
auvoisinage
de w.PROPOSITION
(2.1.1) 1) F03BB,w
estindécomposable.
2) FÀ,w
etF03BC,w
sontisomorphes
si et seulement sideg(A - 03BC) ~
0(ce qu’on
écrira 03BB ~03BC).
3)
Si 03BB ~ 03BC, on aHom03B5p,w (F03BB,w, F03BC,w)
= 0.4)
On aExt103B5p,w(F03BB,w, FÀ,w)
= 0.DÉMONSTRATION
1)
Le théorème depréparation
montre queFA,w
est libre de rang 1sur
Ùw
il suffit donc de voir queÙw
estindécomposable
en tant quemodule sur
lui-même;
or, si l’on aÍw
=G (1) H,
on a 1 = g +h,
g EG,
hE H,
d’où g =g2 + gh
etgh
EG;
comme on a aussigh E H,
on agh = 0, d’où g = 0 ou h = 0;
commeG = 03B5wg, H = 03B53h, on a G = 0 ou
H = 0.
3)
Soit el’image
dansF,,w
de 1G 6w ; e
vérifie(a, - 03BC)e
=0,
et c’est legénérateur
deF03BC,w
en tant module libre de rang 1 surÙw ;
un élément deHom03B5p,w(F03BB,w, F03BC,w)
est donc défini par un a EÍp,w
vérifiant(ai - À)ae
=0,
ou encore(ai - 03BB)a
=b(a1 - 03BC),
b E6p,w; posant
b = a + c, ceci s’écrit encore[~i,a]-03BBa+03BCa=c(~1-03BC);
comme lesymbole
dupremier
membre estindépendant
deel,
le théorème depréparation
montre
qu’on
a c =0,
donc[al, a] -
Àa + lia =0;
sideg(03BB-03BC)
>0,
en prenant lessymboles principaux
dedegré
=deg(À - IL)
+deg
a dansl’expression précédent,
on trouve03C3(03BB - 03BC)03C3(a)
=0,
d’oùà(a)
= 0 et donc a = 0.2)
Il résulte de la démonstrationprécédente
que, pour 03BB ~ IL,Fx,w
etFIJ-,w
ne sont pasisomorphes.
Montronsréciproquement
que, si l’on aIL = À + v,
deg v :5 0,
alorsFx,w
etF03BC,w
sontisomorphes.
En raisonnantcomme
ci-dessus,
il suffit de trouver a Ep,0,
dedegré 0,
avecà(a) inversible,
et vérifiantaa -
Àa +ali
= 0,
ou encore~a ~x1
=[03BB, a]
+ av ; par récurrence sur ledegré
des termes dusymbole
de a, on trouveune solution et une seule de cette
équation
vérifiantao(x’,
x2, ..., xn,03BE2,..., en)
= 1(x?
=x1(w));
d’où le résultat.4)
En considérant la résolution 0 ~03B5p,w
-03B5p,w
~F03BC,W ~ 0,
on se ramène comme en(1.2.1)
à démontrer ceci: soit a E03B5p,w;
alors ilexiste b et c E
Zp,w
telsqu’on
ait a =(81 - À)b
+c(~1 - 03BB);
le théorème depréparation
montrequ’il
suffit de traiter le cas où l’on a a E03B5p,w.
Ilsuffit donc de voir
qu’on
a a =[~1 - 03BB, b],
avec b Eep,w,
ou encorea
= ~b ~x1-[03BB,b];
or, lapartie principale
del’opérateur ~ ~x1-[03BB,.]
est~ ~x1
on résoud alors cetteéquation
différentielle par récurrence sur ledegré
dessymboles.
PROPOSITION
(2.1.2):
Avec les notationsprécédentes,
supposons À -;4 1£; en unpoint
w’ voisin de w où lesymbole principal
de À - IL ne s’annule pas, on aExt1p,w(F03BB,w’, F03BC,w’)
= 0.En raisonnant comme
ci-dessus,
il suffit de voir que tout a E03B5p,w’
s’écrit a =
(~1 - 03BB)b - b(~1 - 03BC),
ou encore a =ab .
03BBb +b03BC;
lapartie
s’écrit a =(~1 - 03BB)b - b(~1-03BC),
ou encore a =ax,
Àb +b03BC; la p
principale
del’opérateur qui figure
au second membre est ici03C3(03BB - 03BC):
et par récurrence sur ledegré
dessymboles,
on trouve que cetteéquation
a une solutionunique.
(2.2)
Soit U un ouvertconique
deT*XB{0},
et soit A =U n
le,
=01; quitte
à rétrécirU,
on peut supposer A connexe, et contenu, parexample
dans{03BEn ~ 01.
THÉORÈME
(2.2.1):
Soit Mun 6 ) |U-Module cohérent,
de supportégal
àA ;
alors il existe un entier p ~ 1 et un ouvert dense A’ c A tel que, en toutpoint wEA’, Mp,w
=(03B5p~ M)w
soit somme directe de modules de typeFÀ, w.
REMARQUE
(2.2.2):
Ladécomposition précédente
estunique
ausens suivant:
i)
Pour Àfixé,
la somme directeM",W
des composantes de typeF03BB,w
dansMp,w
estindépendante
de ladécomposition choisie;
ceci résulte immédiatement de laproposition (2.1.1),
assertion3).
ii)
Lamultiplicité
deFa,W
dansM,,,W
estindépendante
de la décom-position choisie;
eneffet, F03BB,w
est libre de rang 1 surÎp,w;
donc cettemultiplicité
estégale
au rang deM",W
suri p,w.
DÉMONSTRATION DU THÉORÈME:
a) Quitte
à rétrécirU,
on peut supposer que M a un nombre fini degénérateurs sur 03B5;
par récurrence sur le nombre degénérateurs,
enutilisant
(2.1.1),
assertion4),
et(2.1.2),
on se ramène au cas d’un seulgénérateur,
soit e.Soit à
l’IdéalAnn(e),
et03C3(F)
CO(0)
sonsymbole principal;
comme le support de 03B5e estégal
àA, génériquement, 03C3(F)
est
engendré
par(03BE103BE-1n)m,
doncF(m)/F(m -1)
par03BEm1;
soit alorsa ~ F, avec a = ~m1 + b, deg b ~ m - 1, on a F(m) = 03B5(m)a+F(m-1),
donc par
Nakayama F(m) = 03B5(m)a
et finalement 03B5e =03B5/03B5a ; enfin,
le théorème depréparation
permet de supposer que l’on a a =ai
+ai~i,
ai Ei, deg
ai m -i,
c’est-à-dire que a est de la forme con-sidérée au
paragraphe
1. Enrésumé,
il suffit d’établir le théorème pour M =03B5/03B5a,
a ayant la formeprécédente.
b)
A cause des récurrencesqui
vont intervenir dans la démon-stration,
on aura besoin de considérer une situation un peuplus générale.
Soit U un ouvert connexe deT*X - {0},
et posons encore A = U fl{03BE1= oi;
soit encore p un entier a1,
et soit a E6p(U),
de laforme suivante
a = ~m1+ ai~i,
avecai E ip(U), deg
ai m - i.Pour
abréger,
on diraqu’un
tel a est"p-distingué". [A
noterqu’ici,
onne peut pas travailler dans un
voisinage conique;
en supposant parexemple
U contenu dans lacarte 03BEn ~ 0,
onpourrait
aussi travaillerplutôt
que surU,
sur le revêtement d’ordre p du saturé de U par C*défini par les coordonnées
(x, 03BE1,..., 03BEn-1, 03B6) avec CP
=03BEn,
mais peuimporte ici].
Soit encore03BB ~03B5p(U), 03BB
dedegré ~1-1 p,
et posonsa,
= a, - À ; on réécrit a sous la forme~m1
+03A3ai~i1
et on lui associe lenouveau
symbole 03BEm1
+03A303C3(ai)03BEi1;
il estpossible
alors de considérer lepolygone
NewtonN03BB(a)
et la fonction de valuation modifiés définis par cette nouvelleexpression
de a ; parexemple
on poseVÀ (a, t) =
sup
(deg
âi +ti),
avec ao = 1; on vérifie immédiatement que les pro-priétés (1.1.2)
et(1.1.3)
de v sont encore vraies pour v,, et l’on peutrecopier
laproposition (1.2.1)
dans cette nouvelle situation. On dira d’autre part, que "a estÀ-régulier"
si sonpolygone
de Newton, modifié comme il vient d’êtredit,
n’admet que 0 comme valeurexceptionnelle,
autrementdit,
siv’03BB(a, t)
n’a aucune discontinuité pourt >
0,
ou encore("condition
de Levimodifiée")
sideg
50, i = 1, ..., m - 1. On va alors démontrer les deux lemmessuivants, qui, d’après a)
entraineront le théorème(et
même sagénéralisation
aux03B5p-Modules).
LEMME
(2.2.3):
Il existe un entierp’ multiple
de p et un ouvert dense A’ C 039B tels que, en toutpoint wGA’,
onpuisse
trouver des a,p’-distingués et
des03BBj
E03B5p’,w, deg Àj
1possédant
lespropriétés
suivantes :
1)
a; est03BBj-régulier.
2)
On a unisomorphisme (03B5p’/03B5p’a)w
=~(03B5p’/03B5p’aj)w.
LEMME
(2.2.4):
Si aest À-régulier, alors,
pour tout w EA, (03B5p/03B5pa)w
est somme directe d’un nombre
fini
decopies
deFx,w.
c)
DÉMONSTRATION DU LEMME(2.2.3):
Cette démonstration con-siste essentiellement à
recopier [2]
ou[3]. D’après
laproposition (2.2.1), généralisée
comme il vient d’êtredit,
on peut supposer que lepolygone
de Newton de a, éventuellement modifié par un À con-venable
(ceci
servira au cours desrécurrences)
n’aqu’une
seule penteexceptionelle,
disons t. Si t =0,
le résultat estétabli; sinon,
on va seramener à ce cas, ou au cas trivial
deg,,
a =1,
par une doublerécurrence sur
(dega,
a,t),
ordonnés dans l’ordrelexicographique.
Posons p t
= s,
avec(s, r)
= 1, et posons q = rp. Considérons le sym- boleprincipal
de a pour la valuationva(., t): 03C303BB(a, t) = 1
+03A303B1i03BEm-i1,
avec ai = le
symbole principal
dedegré t(m - i )
de âl ; parhypothèse,
ao n’est pas
identiquement nul,
donc ptm estentier;
enparticulier,
rdivise m.
c1) Supposons
d’abord r =1;
sur un ouvert dense A’ deA,
lamultiplicité
des racines del’équation 03BEm1 + 03A303B1i03BEm-i1
= 0 est constante, et chacunes des racines esthomogène
en(03BE2,
...,)n) = 1’
dedegré
t= s p;
au
voisinage
d’unpoint w ~ 039B’,
prenons une de cesracines,
disonsIL(a, 03BE’), soit 03BC
=03BC(x, a )
l’élément deÉP
dont elle est lesymbole total,
et
remplaçons
À par03BB’= 03BB + 03BC;
on vérifie que lesymbole principal 03C303BB’(a, t)
est maintenantégal
à(el
+03BC(x, 03BE’))m + 03A303B1i(03BE1
+03BC(x, 03BE’))i;
ils’annule donc
génériquement
avec unemultiplicité égale
à cellede 03BC;
deux cas peuvent alors se
produire:
oubien 03BC
estl’unique
racine denotre
équation;
et dans ce cas, les valeursexceptionnelles
deN03BB’(a)
sont toutes t, et en fait ::5 t
-1 m!p (car
les valeursexceptionnelles
d’un
polynôme distingué
dedegré
m sure,
sont visiblement desmultiples de 1 m!p).
Ou bien 1£ n’est pasl’unique
racine de notreéquation:
alors unepartie
deN03BB’(a)
a des pentes t, et une autregarde
la pente t ; onapplique
alors laproposition (1.2.1)
pour réduire ledegré
de a.oc2) Supposons
maintenant r > 1, et considérons la mêmeéquation Õ"À (a, t)
= 0. Ses racines03BC(x, 03BE)
sont maintenanthomogènes
en03BE’
dedegré
t= s q,
donc elles vont définir des03BC(x, a )
E03B5q;
onprocède
alorscomme
précédemment,
en travaillant aveceq
au lieu deep.
Ilimporte
de noter ici que
génériquement,
notreéquation
aplusieurs
racinesdistinctes;
eneffet,
on ne peut avoirai 0 0
que sit(m - i)
est unmultiple de 1
ou(m - i)
unmultiple
de r ou encore(puisque
r divisem)
i unmultiple
de r ; il en résulte que si03BC(x, e)
est unesolution,
et 0une racine r-ième de
l’unité, 0 1, O¡..t(x, e’)
sera encore unesolution;
et elle sera distinctegénériquement
de laprécédente puisque
en unpoint
où
ao(x, 03BE’) ~ 0,
on a03BC(x, e’) 76
0. Donc dans ce cas, on pourradécomposer eqleqa
et se ramener à deséquations
dedegré
moindre.Le lemme résulte alors par récurrence des considérations
précéd-
entes
(la
remarque faite enc2)
élimine le cas où t décroitrait indéfiniment sans atteindre la valeur0,
et sans quedegal a diminue).
d)
DÉMONSTRATION DU LEMME(2.2.4):
C’est unesimple
varianted’un résultat
classique
sur lespolynômes distingués
vérifiant la con-dition de
Levi;
un casparticulier
en a d’ailleursdéjà
été donné en(2.1.1),
assertion2).
Dans le casgénéral,
en unpoint
w EA, 6p16pa
estlibre de rang m sur
Î,,
et admet une base el,..., emvérifiant,
avec les notations deb),: alei
=ei+1, ~1em =-
aiei+1; c’est un casparti-
culier d’un
système
de laforme ale = Ae
oùe e,
et A unematrice à coefficients dans
p(0);
on cherche S matrice à coefficients dansp(0),
avecS(x1(w),
x2, ..., xn, a2, ...,~n)
= id telle que lechangement
de base e =Sf
nous ramène àl’équation ~1f
=0; l’équa-
tion que doit satisfaire S est la suivante:
[~1,S]2013AS = 0,
ou encore~S ~x1-[03BB,S]-AS=0;
lapartie principale
del’opérateur figurant
ausecond membre est 1 -
~03A3 ~x1-03C3(A)03A3;
on résoud alors cetteéquation
parrécurrence sur le
degré
dessymboles.
Ceci termine la démonstration du lemme et du théorème.BIBLIOGRAPHIE
[1] B. MALGRANGE: L’involutivité des caractéristiques des systèmes différentiels et
microdifférentiels, Séminaire Bourbaki 1977/78, n° 522.
[2] B. MALGRANGE: Sur la réduction formelle des équations différentielles à singularités irrégulières, Notes Multigraphiées, Grenoble, (1979).
[3] P. ROBBA: Lemmes de Hensel Pour des opérateurs différentiels, L’Enseignement mathématique, + .26 fasc. 3-4 (1980), p. 279-311.
[4] M. SATO, T. KAWAI et M. KASHIWARA: Microfunctions and pseudo differential
equations, Lecture Notes in Math., n° 287 (1973), pp. 264-529, Springer.
(avril 1981) Laboratoire de Mathématiques Pures - Institut Fourier (Oblatum 29-IV-1981 dépendant de l’Université Scientifique et Médicale de
& 21-V-1981 & 29-VI-1981) Grenoble associé au C.N.R.S.
B.P. 116
38402 ST MARTIN D’HERES (France)