LA FEDERATION HORLOGÈRE SUISSE Importation horlogère en Autriche

Dix-septième Année. — N° 72 P r i x d u n u m é r o : 10 centimes

Jeudi 11 Septembre 1902.

Bureaux: B u e de la S e r r e , 58

MlTOOTMOfiLOGm

S U I S S E

ABONNEMENTS

Un an Sii mois :

Suisse . . . . Fr.6»— Fr.3»—

Union postale » 12»— » 6»—

On s'abonne a tous les bureaux de poste.

Paraissant le Jeudi et le Dimanche a ia Ghaax-de-Fonds

ANNONGES

suisses 20 ct., étrangères 25 et. la ligne Offres et demandes de place

10 centimes la ligne.

Les annonces se paient d'avance.

Organe de la Chambre suisse de l'Horlogerie, des Chambres de commerce, des Bureaux de contrôle et des Syndicats professionnels.

Les Consulats suisses à l'étranger reçoivent le j o u r n a l .

Bureau des Annonces: HAASENSTEIN & VOGLER, 32, rue Leopold Robert, CHAUX-DE-FONDS et succursales en Suisse et à l'étranger.

Le projet de tarif douanier allemand et l'horlogerie

La commission du tarif douanier du Reichstag a terminé son travail plus vite qu'on ne le supposait. En ce qui concerne l'horlogerie la proposition du libre-échange de Bernstein et consorts a été écartée et les positions suivantes ont été admises : N° 929. Montres or . . . la pièce Mk. 3.—

» argent, dorées

ou galonnées, » » 1.50

» en métaux communs, dorées ou ar-

gentées » » 1,—

N° 930. Boites or » » 1.50

» argent ou mé-

taux communs dorés . . » » 0.75 N°931. Mouvements de mon-

tres, ébauchés et ébauches » » 1.50 N°932. Pignons et balanciers, en

acier, le double-quintal » G0.—

N° 933. Parties de montres en mé- taux communs, non dési- gnées ci-dessus, le double-

quintal »200.—

Les boites démontées, prêtes pour le montage, paient la moitié du droit d'entrée de la pièce pour les fonds et le quart pour les bords et les lunettes; les cuvettes, etc., paient les droits d'entrée suivant la ma- tière.

Les montres et boites plaquées argent ou or sont soumises aux droits comme celles dorées ou argentées.

Dans la discussion, le secrétaire d'Etat comte de Posadowsky a fait remarquer entre autres :

«Les droits de protection sont bien jus- tifiés du moment qu'il s'agit de protéger la fabrication horlogère de Thuringe et de la Forêt-Noire, qui est une industrie de contrées pauvres. Leur production est ca- pable de s'étendre et l'exportation aug- mente. Ce dont un droit de protection est capable, les Etats-Unis le démontrent, puisque son industrie horlogère s'est dé- veloppée depuis dans une telle mesure, que l'exportation allemande est devenue presque nulle.»

Information

Les intéressés peuvent demander des renseignements sur la maison

Gold Watches Supply Co

298, Bedford Ave, B r o o k l y n - N e w - Y o r k au Secrétariat général de la Chambre can- tonale du Commerce, à la Chaux-de-Fonds.

Les montres dites « extra-plates » Votre article de dimanche est très judi- cieusement pensé et écrit : on ne saurait mieux dire.

Vous pourriez y ajouter au point de vue juridique, ces quelques considérations, qui ne retranchent rien, du reste, à votre ar- gumentation :

D'après leur lettre môme, ce n'est pas proprement uu « brevet » que Messieurs A. Lange & Söhne ont obtenu du Patentamt de Berlin, le 28 février 1898, pour leur montre extra-plate, mais un simple certifi- cat de dépôt de celle-ci comme « modèle d'utilité » (Gebrauchsmuster).

Il ne s'agit donc pas d'une invention, ni d'un brevet d'invention, et la protection est toute différente.

Tandis que la durée d'un brevet est de 15 années, la protection d'un modèle d'uli- lité n'est accordée que pour 3 années, d'abord, et ne peut être prolongée, ensuite, que pour 3 autres années.

En outre, — et ceci est essentiel pour apprécier la portée des réserves que font Messieurs A. Lange & Söhne — l'enregis- trement d'un modèle d'utilité est accordé sans examen préalable, spécialement sans examen de la nouveauté; les modèles d'u- tilité sont donc, en Allemagne, privés de la garantie de nouveauté qui existe, théo- riquement du moins, en matière de brevets.

Ainsi, tandis qu'un brevet allemand n'est délivré qu'après un examen minutieux et approfondi de l'exposé d'invention, portant sur la brevetabilité de l'invention (réalité, originalité, nouveauté, etc.) et après publi- cation de la demande avec appel aux oppo-

sitions, l'enregistrement d'un modèle d'uti- lité a lieu sans autre, sans garantie aucune ; en sorte que tant qu'un tribunal n'a pas été appelé à se prononcer sur la validité d'un pareil dépôt, la question demeure intacte, nullement préjugée par la délivrance du certificat d'enregistrement :

« Le modèle déposé se rapporle-t-il à

« un « instrument de travail » ou à un « ob-

« jet destiné à un usage pratique» dans le

« sens de la loi allemande du 1er juin 1901?»

« Le modèle déposé a-t-il un nouvelle

« configuration, une nouvelle disposition,

« ou un nouveau mécanisme ? »

« Cette configuration, cette disposition,

« ou ce mécanisme nouveau, sert-il à un

« travail ou à un usage pratique ? »

«Celte configuration, cette disposition,

« ou ce mécanisme, était-il nouveau au mo-

«ment de la demande de dépôt du modèle

« d'utilité ?»

Telles sont les questions qui demandent encore à être résolues affirmativement, pour que la protection légale soit acquise, en Allemagne même, au dépôt effectué par Messieurs A. Lange & Söhne, à leurs ris- ques et périls, à Berlin, en février 1898.

Et, à ce propos, il est intéressant de placer en regard de la revendication et des réserves de Messieurs A. Lange & Söhne, cet arrêt du tribunal de l'Empire, du 6 avril avril 1898, qui proclame : «il ne faut

«comprendre sous le terme «d'instru-

« ments de travail » et d' « objets destinés

«à un usage pratique», (seuls susceptibles

« d'être protégés comme modèles d'utilité),

«dans le sens de la loi du 1er juin 1891,

« que des outils et des mécanismes relati-

« vement simples, et non pas des machines

« compliquées, composées de beaucoup

« d'organes combinés entre eux et destinés

«a être mis en mouvement par l'ensemble

« d'une série de mécanismes indépendants,

« combinés en vue d'un fonctionnement

« basé sur une pluralité d'opérations. » Il est aisé de voir par là, et par ce que vous avez déjà dit, que le bien fondé de la revendication de Messieurs A. Lange &

Söhne, est pour le moins fort douteux.

440

LA FEDERATION HORLOGÈRE SUISSE Importation horlogère en Autriche

Le rapport de la commission permanente des voleurs commerciales du ministère du commerce autrichien, pour l'année 1901, vient de paraître.

Il contient sous la rubrique « Montres» les ren- seignements suivants :

Pour la production de montres, la Suisse con- serve avec une énergique persistance sa supério- rité et aucun pays ne peut concourir en aucune façon, surtout pour le genre bon courant et celui de première qualité. Seule la France fournit à l'importation un contingent de montres métal assez respectable et l'Allemagne participe avec des montres de qualité, pour une petite quantité, il est vrai, à l'importation, avec les produits de la fabrique de Glashütte en Saxe.

En général, la vente de montres bon marché est la plus importante. Le perfectionnement con- tinu dans lu fabrication, ainsi que la surproduc- tion qui règne en Suisse sont la cause de ce que les prix sont excessivement bas aujourd'hui. Les fabricants cherchent à établir les boites de mon- tres en or et en argent le plus légèrement possible et, en effet, les monteurs de boites suisses réussis- sent à faire des boites avec des quantités de ma- tières précieuses incroyablement minimes, qui fonctionnent néanmoins un certain temps.

Le remontage de montres qui se fait à Vienne, lesquelles sont livrées démontées par la Suisse, ne constitue pas une industrie dans le vrai sens du mot et se restreint à des montres argent très bon marché.

Il esl réjouissant, dit le rapport, que l'importa- tion de la Suisse, de montres or et argent, par le système dit «boule de neige», qui risquait fort de devenir une véritable calamité pour le com- merce de détail sérieux, ait considérablement di- minué en 1901 (1070 pièces contre 5,054 pièces en 1900) et il est à prévoir que la vente par ce système cessera bientôt totalement.

L'importation de montres avec boites or pour l'année 1901 se chiffrait à 8445 pièces de plus que l'année précédente. Des recherches minu- tieuses ont fait constater que de grandes quantités de montres pour dames, légères et bon marché ont été importées, fabriquées à 15 fr. pièce et même au-dessous.

Il était donc nécessaire de réduire la valeur moyenne. Une autre cause provenait aussi de ce que par suite des mauvaises affaires en Allema- gne et en Angleterre, les fabricants suisses, qui fournissaient exclusivement pour ces deux pays, forcèrent la vente en Autriche par des offres bon marché.

Les fabricants suisses sont infatigables par la création de nouveautés (façons, décorations, etc.) et ainsi les grossistes de cette brandie sont obli- gés d'acheter une certaine quantité de genres nouveaux et meilleur marché et leur stock aug- mente chaque année.

L'importation de montres argent est en dimi- nution de 12,408 pièces sur l'année précédente.

La majeure partie des montres argent importées sont des montres de dames très bon marché à 7 fr. pièce et au-dessous. Gomme d'autres genres bon marché étaient également importés, il devint nécessaire de fixer la valeur moyenne seu- lement à 9 couronnes 50 au lieu de 11 couronnes, comme pour l'année 1900.

L'importation de montres à boites en matière non précieuse, dans laquelle les montres à boites métal et acier sont comprises, accuse une plus- value de22,793 pièces sur l'année précédente. Gelle augmentation provient essentiellement de ce que le public ainsi que les détaillants commencent à comprendre qu'une montre à boite métal ou acier, pour le môme prix et souvent meilleur marché est préférable à une montre argent, dont la boîte est légère et le mouvement défectueux.

La bonne montre métal et acier, comme mon- tre pratique et sûre, gagne toujours davantage la préférence du public. Font cependant excep- tion les montres connues sous la désignation

«electroplated», dont les boîtes imitent l'or et sont fabriquées pour l'apparence et expédiées en grande quantité depuis les Etats-Unis en Suisse, d'où elles sont mises dans le commerce, munies de mouvements bon marché, avec des titres, mar- ques et étiquettes américaines. Ce n'est qu'un article de bazar et de réclame bon marché, mais qui tend à disparoitre. Gomme, à côté des montres métal et acier bon marché, de grandes quantités de bonnes montres Roslcopf sont im- portées, il convient de porter la valeur moyenne à 7 couronnes la pièce au lieu de G couronnes comme précédemment.

Des montres exportées en Suisse la plupart

sont des envois de retour ou pour la réparation ; ce qui est le cas pour 1212 pièces or (sur un total de 1879) et de 1371 pièces argent (sur un total de 3000). Les fabricants suisses font souvent des envois de montres sans commandes fixes et les laissent un certain temps en commission, puis ils reprennent le solde.

Environ 10,000 boites argent ont été impor- tées en plus du chiffre de l'année précédente, et ont été employées pour des montres bon marché, dont les mouvements sont importés démontés comme fournitures d'horlogerie.

L'insignifiante exportation consiste également en marchandise en retour.

Pour la position fournitures d'horlogerie une augmentation est aussi à constater soit de 70 q.

à 91 q. Gomme ce sont les articles bon marché et aussi plus lourds qui forment la majeure par- tie de l'importation il convient d'évaluer la valeur à 0000 couronnes par quintal.

L'exportation de ces fournitures est très mi- nime.

L'importation d'autres fournitures, pendules, horloges de la Forèt-Noire et d'autres horloges et mouvements non spécifiés et horloges pour édifices publics et leurs parties est restée dans les mêmes limites qu'en 1900 ainsi que la valeur moyenne.

L'exportation de ces articles, à l'exception des horloges pour édifices publics qui est restée à 19 q., constitue une importante diminution, qui provient de la sérieuse concurrence allemande.

Le commerce de l'horlogerie en Chine

(Extrait du rapport de M. le Dr P. Ritter, consul général suisse, à Yokohama, sur le commerce de la Chine en 1901.)

Il est très difficile d'obtenir des données exactes sur l'importation des montres. La statistique dressée par la douane maritime de la ville de Shanghai fixe, pour 1901, les chiffres suivants :

Montres de poche Pendules

Pièces Valeur Hk-T." Pièces Valeur Hk-T.

33.777 76,644 20,980 33,175 14,277 50,279 3,323 7,304

3,591 9,328 3,388 8,197 262 1,273 420 957 347 1,606 30,905 61,236 52,254 139,130 59,022 110,869 Les données concernant Tientsin et Can- ton sont indiquées ci-dessous.

La statistique douanière ne spécifie pas l'origine exacte des montres provenant du continent européen. Un expert estime tou- tefois la quote-part de la Suisse aux 5/G des montres importées d'Europe, via Hongkong à Shanghai.

Les chiffres de la labelle ci-dessus ne correspondent nullement à la réalité, at- tendu que le contrôle douanier, des plus superficiels, ouvre portes et fenêtres à la contrebande. O n peut admettre que le 30 — 40 °/o des montres d'argent et le 70—80°/o de celles en or entrent en Chine en contrebande.

Lorsque les lignes de chemins de fer actuellement en construction p o u r r o n t en-

trer en exploitation — ce qui sera le cas dans 2—3 ans — on peut s'attendre à une augmentation très considérable de l'im- portation totale des montres.

De même qu'au Japon l'industrie hor- logère américaine p r e n d également pied en Chine. Elle y écoule surtout des mon- tres en métal et montres plaquées, alors que la demande en montres d'argent est plutôt rare.

Les montres anglaises, autrefois de débit facile, ont du céder le pas aux montres Waltham et Elgin.

La tabelle suivante indique l'importation directe des montres dans les ports de

Europe contin.

Hong-Kong Etals-Unis Angleterre Japon

Total

*) L'administration douanière a adopté le Haikwan-Tael comme unité de valeur. Do même que pour différentes autres espèces île laels chinois, le Haikwan-Taels n'est pas une monnaie existante mais simplement supposée, don' la valeur comportait en 1901 3 shillings environ.

Shanghai, Canton et Tientsin, en tant que cet article a été déclaré aux douanes, durant les années 1896—1900.

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Tous les autres ports non d é n o m m é s , même les plus importants, tels que : Han- k o w , Newchwang, etc., reçoivent sans con- teste toutes leurs montres de Shanghai.

Une autre preuve de la contrebande in- terne à laquelle donne lieu l'importation des montres en Chine est le fait que la consommation de cette article dans la ville de Canton (2 millions d'habitants environ) atteint,suivant des renseignements de source bien informée, 15—20,000 pièces annuelle- ment, au minimum, et qu'un chiffre d'im- portation y relatif ne figure pas dans la statistique de celte ville durant ces trois dernières années.

Le congrès des Trades-Unions

Lundi s'est ouvert, à Londres, le congrès an- nuel des Trades-Unions. Dimanche, les délégués se sont rendus à Saint-Paul pour entendre un sermon qui leur était spécialement destiné. Dans l'après-midi, ils ont pris part à une grande ma- nifestation dans Hyde-Park. Douze plateformes avaient été établies pour les orateurs. Parmi les orateurs connus, il faut citer MM. Johns Burns, Steadman, Keir, Hardie, etc. etc. Tous ont pro- testé contre la Taff vale decision, c'est-à-dire contre un arrêt rendu l'an dernier, à propos de la grève des employés du chemin de fer de Taff- vale, en vertu duquel les corporations sont tenues responsables des actes de leurs représentants officiels, et leur responsabilité en matière de grèves, notamment, se trouve engagée si forte- ment que les grèves sont rendues presque im- possibles.

Cette décision judiciaire fera, d'ailleurs, un des principaux sujets de discussion au Congrès.

L'ordre du jour du Congrès contient, entre autres, la discussion de l'Education Bill, actuel- lement devant le Parlement; la question des huit heures, des pensions à la vieillesse, des lo- gements.

Pour combattre le danger des trust, il sera dé- posé un projet de résolution demandant au Parle- ment de créer, par une loi, une cour suprême d'arbitrage, composée, sous la présidence d'un

LA FÉDÉRATION HORLOGÈRE SUISSE 441

juge de la cour suprême, d'un nombre égal d'ou- vriers et de représentants des patrons, devant la- quelle devront être portés tous les différends entre ouvriers et patrons.

A propos d'une nouvelle fabrique La fabrique d'horlogerie de Péry est sous toit et sera probablement ouverte dès le mois pro- chain. Elle pourra contenir de cent à cent vingt ouvriers.

Seulement, il y a encore des difficultés, paraît- il. La commune bourgeoise a voté, pour cette entreprise, une somme de trente mille francs, croyons-nous, et à fonds perdus; mais jusqu'à ce jour, cette décision n'a pas encore été ratifiée par le Conseil exécutif. On assurait même que cette autorité refusait de donner la sanction que la loi prévoit.

La question est évidemment intéressante et peut être envisagée sous deux points de vue.

Pourtant, nous pensons, et un grand nombre de citoyens sont de cet avis, qu'une corporation fait preuve d'intelligence et de prévoyance en cher- chant à introduire une industrie chez elle. Or, pour arriver à ce but, tout comme pour faire une omelette il faut casser des œufs, il y a des sacri- fices qui s'imposent. Qui veut le résultat doit vouloir appliquer les moyens.

La difficulté, sans doute, s'aplanira. Cepen- dant, nous devons reconnaître que cette multi plication à l'infini des fabriques d'horlogerie pourrait bien avoir tôt ou tard, dans nos vallées, un contre-coup désagréable. Démocrate.

Correspondance particulière Le Locle, 6 septembre 1902 A la Fédération horlogère suisse.

Monsieur le Rédacteur,

Il était bien facile à prévoir que ma lettre du 14 août dernier, n° 04 de votre estimable journal, provoquerait une réplique qui n'est point une surprise pour moi.

J'ai tenu à revendiquer tout simplement que M^r Jules Jürgensen père a construit et exposé en 1867 à Paris, un chronomètre à heures décimales.

Il importe peu en l'espèce, que la division du jour ait été calculée en 10, 20 ou 24 heures ; ça n'empêchera pas la terre de rouler et de tourner dans son impassibilité majestueuse.

Fort heureusement il est des sages qui consolen t des inutiles polémiques, et avec l'honorable M^r H. de Sarrauton, vous êtes un de ceux-là, Mr le Rédacteur.

Votre réponse est correcte, votre argumenta- tion solide; vous établissez avec autant de com- pétence que d'esprit, que : «si l'on divise le jour en 10 heures, ces heures nouvelles pour être de 40 minutes plus longues que celles d'aujourd'hui, n'en seront pas moins des heures, des minutes et des secondes », etc.

Nous n'avons rien à ajouter à ce raisonnement très juste, et nous sommes heureux de reconnaître que l'illustre M^r de Sarrauton, a apporté avec sa courtoisie toute française, ses lumières et sa science en cette question, etpourtant les minutes de liberté sont rares dans notre vie moderne, à qui travaille !

Nous savons très bien qu'une tentative fut faite en France, déjà en 1793 pour diviser le jour en 10 heures de cent minutes chacune et que des horloges publiques reçurent des cadrans ainsi divisés ; mais bien vite on revint au système de la plus haute antiquité, encore que le fraction- nement de l'heure en minutes, secondes et tierces, est relativement de pratique moderne.

Il nous paraît qu'à la longue, la division déci- male du jour remplacera l'heure actuelle, qui contraste absolument avec les divisions des autres mesures basées sur le système métrique. Mais la réalisation de ce progrès ne 'pourra être mis en usage que d'après un calcul fondamental mathé- matique, comme celui du système métrique des poids et mesures, adopté dans divers pays, basé sur le quart du méridien, divisé en dix millions de parties égales, ce qui a fourni le mètre.

Comme chacun le sait, le i système monétaire français est décimal, avec un poids légal divisa- ble par dix ; d'autres Etats' ont adopté l'unité monétaire, mais avec un poids qui ne l'est pas.

Ces exemples me sont suggérés avec l'idée de faire mieux comprendre l'utilité de pouvoir me- surer le temps décimalement ; c'est là une unifi- cation désirable.

De nombreux savants qui se sont occupés et s'occupent de la question, estiment qu'il faut opérer la décimalisation du jour entier de 24 heures ; tels MM. Gœdsells, D^r Florenzo-Jaja, de Rey-Pailhade, qui ont présenté de savantes études au Congrès international de Chronometrie à Paris en 1900.

Loin de nous donc, la pensée de jalousie ex- clusive ; nulle étroitesse de patriotisme non plus ne nous à poussé à revendiquer en toute propriété l'honneur pour l'artiste, d'avoir pu présenter au Jury de 1867, à Paris, la montre décimale de son invention, et pour terminer cette trop longue missive, qu'il nous soit permis, Mr le Rédacteur, de vous conter une anecdote de Victor Hugo et le système métrique :

« C'est ce pied de roi, s'écria-t-il dans un mo- ment d'indignation, — le pied de Charlemagne que nous venons de remplacer platement par le mètre, sacrifiant ainsi d'un seul coup, l'histoire, la poésie et la langue à je ne sais quelle invention dont le genre humain s'est passé six mille ans!»

Cette boutade ne rappelle-t-elle pas Thiers, prédisant solennellement sous Louis Philippe à la Chambre des députés, le fiasco assuré des chemins de fer qui faisaient alors leur apparition en France.

Et disons avec Corneille : Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.

J . A L F R K D J Ü R G E N S E N .

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