G ERGONNE
Questions résolues. Démonstration des deux théorèmes de géométrie énoncés à la page 289 du IX.e volume de ce recueil
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 11 (1820-1821), p. 326-336
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QUESTIONS RÉSOLUES.
Démonstration des deux théorèmes de géométrie énoncés
à la page 289 du IX.e volume de
cerecueil;
Par M. G E R G O N N E.
QUESTIONS
LE
modeste auteur d-esdeux beaux
théorèmes que nous allons démontrer y avait attachéjusqu’ici trop peu d’importance pour
songer à nous en fournir lui-même la démonstration que d’ailleurs
Bous avions vainement cherchée de notre côté. Nous
désespérions donc
depouvoir suppléer à
sonsilence , lorsque
M. lecapitaine
Poncelet,
lié d’amitié aveclui,
a bien -voulu nousapprendre
queces
théorèmes
étaient fondés surdes principes
destatique analogues
à ceux
qtie
nousavions
nous-mêmesappliqués, quelques
pagesauparavant (
tom.IX,
page28r),
à d’autres -recherchesgéomé- triques. Ce-
trait delumière
nous a suffi pourparvenir
au butque nous nous étions
proposé,
etqui paraîtrait
assez difficile àatteindre
par toute autrevoie;
cequi
offre une nouvellepreuve de
l’utilité. de lastatique
dans lagéométrie.
THÉORÈMË
1. Soientpris arbitrairement ,
sur unplan n
points
que l’on numérotera etdésignera,
àvolonté,
par(1), (2),
(3),...(n).
Soient
joints
chacun de ces npoints, à partir
dupoint (I),
11 celui
qui porte
le numéro immédiatementsupérieur , jusqu’au
dernier
(n)
par des droitesqui
serontévidemment
aunombre
de327 n2013I; et soient respectivement designées
cesdroites par les
deuxpoints qui
les déterminent en cette manièreSur
la direction
de chacune de cesdroites, soit pris arbitraire-
ment un
point ;
et soitdesigné
chacun des n-i pointsainsi’
par les deux numéros
qui désignent
la droite surlaquelle
il setrouve
situé,
ainsiqu’il suit :
Soient
joints,
deux àdeux, par de nouvelles droites, ceux de
ces
points
et despremiers
dont lés indices renferment en tout trois nombres consécutifs -de la suitenaturelle,
sansrépétition ni la cunes ;
et soientdésignées
les droites de cettenouvelle série, au
nombre de
2(n-2),
par l’ensembledes indices
des deuxpoints qui
lesdéterminent,
en cette manièreles droites
qui,
deux àdeux,
auront lesmêmes nombres
àleurs
indices se
couperont
engénéral,
etdonneront
ainsin20132 points
d’intersection,
que nousdésignerons respectivement par l’ensemble
des nombres
qui
forment les indices de cesdroites, en cette
manière
Soient de même
joints,
deux àdeux ,
par de nouvellesdroites,
ceux des
points
des trois séries dont les indicésrenferment,
entout, quatre nombres
consécutifs de la suitenaturelle, sans répé-
tition ni
lacune;
etsoient désignées
les droites djecetie série ,
au nombre de3(n-3),
par l’ensemble des indicesdes deux points qui
tesdéterminent,
encette
manièreil
arrivera que les droites qui, trois à trois,
auront les mêmesnombres
àleurs indices (et
ce sontici,
comme on levoit,
cellesqui appartiennent à une
mêmecolonne verticale)
secouperont
aumême point, de sorte qu’elles
nefourniront
quen20133 points
d’in-tersection, que nous désignerons respectivement
par lesnombres
qui forment
les Indices de cesdroites,
en cette maniéréEn
poursuivant le --znéfne procédé,
avec- les mêmesattentions
nous
obtiendrons une quatrième série de d’roites,
au nombre de4(n-4), concourant, quatre à , quatre,
en un mêmepoint,
etn’ayant ainsi que n20134 Intersections , puis
une-cinquième
sériede droite an nombre
de5(n20135), concourant, cinq
acinq,
enun
même point, et n’ayant
ainsique
n20135intersections;
de sorteque
nous arriverons finalement a n2013I
droitesconcourant
toutes en uapoint unique, désigné par (I23 ...n).
Démonstration.
Comme unplus grand
nombre depoints
nepeut qu’alonger
la démonstration duthéorème,
sans la rendreplus difficile;
afin de fixer lesidées,
et pourêtre
en mêmetemps plus
clairs
etplus briefs,
nous supposerons que lespoints dont il s’agit
329
ne sont
qu’au nombre
decinq
selement,
situés d’ailleurs d’unemanière quelconque
sur unplan ,
etrespectivement désignés
parde sorte que les
quatre
droitesqui
lesjoindront consécutivement,
deux à deux,
serentSupposons
que cespoints
soient des massesquelconques, positives
ou
négatives,
dont ils’agit
de trouver le centre commun de gra-vité, à
cause de l’indetermination de ces masses, on pourra tou-jours
supposer que lesquatre points
pris
arbitrairement etrespectivement
sur nosquatre droites,
sonttes
centres communs degravité l’espectifs
des massesIl est
clair,
en- secondlieu,
que les droitesainsi
que
les droitescontiendront respectivement
les centres communs degravité des
troissystèmes
de trois masses(I), (2), (3);
(2), (3), (4);(3), (4), (5) ;
d’où
il suit que lespoints
d’intersectionQUESTIONS
seront
les
centres degravité respectifs
de cestrois mêmes systèmes
Concluons de
là que les droitesque les droites
et les
droites
contiendront égaIement
les centres degravité respectifs
des deux’systèmes de quatre
masses-
dé
sorte que les troispremières droites concourront
en unpremier point,
et les troisdernières
en unsecond point
que l’onpourra
respectivement désigner
paret
qui
seront les centres degravité respectifs
de ces mêmessystèmes.
Or,
de tout cequi précède ,
il suit que lesquatre
droitescontiennent
également
le cèntre communde gravité des cinq masses
proposées ; puis donc que
ce centre degravité
estunique, il s’ensuit
que cesquatre
droites secoupent
en un seul et mêmepoint, que
roupeut désiguer par
et
qui
estlui-même
ce centre degravité.
THÉORÈME
II. Soient n droites arbitraires etindéfinies,
fracéessur un
même plan,
que l’on numérotera etdésignera,
àvolonté,
par
I, 2, 3, ... n.
Désignons
l’intersection dechaque
droite avec cellequi porte
lenuméro
immédiatementsupérieur,
de lapremière
à ladernière,
par
l’ensemble de leursindices,
en cette manièrePar chacun de ces
points ,
soit menée une droite arbitraire et -désignons
les n2013I droites ainsi menées par les numéros des deux droitesprimitives
par l’intersectiondesquelles
ellespassent respec-
tivement,
ainsiqu’il
suit :Considérons ,
deux adeux,
les intersections des droitesdes deux
séries dont les indicesrenferment ,
en tout, trois nombres consécutifs de la suitenaturelle ,
sansrépétition
nilacune;
et soientdésignés
les
points
de cette nouvellesérie,
au nombre de2(n20132),
par l’ensemble des indices des deux droitesqui
lesdéterminent,
encette manière
les
points qui, deux
àdeux, porteront
les mêmes nnmbresà leurs
indices détermineront une nouvelle série de n2013Idroites ,
que nousdésignerons respectivement
par l’ensemble des nonlbresqui
formentles
indices de cespoints ,
en cette manièreSoient de même
considérées ,
deux àdeux,
les intersections des droites des trois séries dont les indicesrenferment, en
tout , quatrenombres consécutifs de la suite
naturelle,
sansrépétition ni lacune ;
, et-soient
désignés
lespoints de
cette troisièmesérie,
au nombre de3(n-3),
par l’ensemble des indices des droitesqui
lesdéterminent,
en cette manière
il arrivera que les
points ’qui ,
trois àtrois,
auront les mêmesnombres à leurs
indices (
et ce sontici,
comme on levoit,
ceuxqui appartiennent à
une même colonneverticale )
serontsitues
surune même
ligne droite ,
et ne détermineront ainsi que n20133 nou- vellesdroites,
que nousdésignerons respectivement
par les nombresqui
forment les indices de cespoints,
en cette manièreEn
poursuivant
le mêmeprocédé,
avec les mêmesattentions,
nous obtiendrons une
quatrième
série depoints ,
au nombre de4(n-4), situés, quatre
àquatre,
sur une mêmedroite,
et nedéterminant ainsi que
n-4
nouvellesdroites , puis
unecinquième
série de
points,
au nombre de5(n-5), situés , cinq a cinq,
surune
333
une
mêmedroite,
et ne déterminant ainsi que n-5 nouvellesdroites;
de sorte que nous arriverons finalempnt à n2013I
points
situés surune droite
unique , désignée
par iz3...,...n .Démonstration.
Pour les mêmes raisonsdéjà
déduitesci-dessus,
nous ne
supposerons
seulement quecinq
droitesdonnées,
et res-pectivement désignées
parde
sorte que leursquatre points
d’intersectionsconsécutives
serontSupposons
que ces droites soient les directionsde cinq
forcesd’un même
système
dont ils’agit
de trouver larésultante ;
à causede la
coniplète
indétermination du sens et de l’intensité de cesforces ,
on pourratoujours
supposer que lesquatre
droites arbitrairessont les directions
respectives
des résultantes descouples de
forcesIl est
clair ,
en secondlieu,
que lespoints
ainsi que les
points
seront
respectivement
sur la direction des résultantes dessystèmes
de
trois
forcesd’où il suit que les droites
Tom. XI. 44
déterminées par les
points correspondans ,
serônt lesdirections même
des résultantes de cessystèmes
de forces.Concluons de là que les
points
que les
points
et les
points
seront
également
situés sur lesrésultantes respectives des 1 deux systèmes
dequatre
forcesde sorte que
les troispremiers sont sur une
mêmedroite,
et lestrois derniers sur une autre
droite, lesquelles peuvent
être res-pectivement désignées par
et sont les directions
respectives’des résultantes de ces deux systèmes.
Or,
de tout cequi précède,
il suit que lesquatre points
sont
également
situés sur la résultante commune descinq forces proposées ; puis
donc que cette résultante estunique,
il s’ensuit que cesquatre points
sont sur une mêmedroite,
que l’onpeut
désigner
paret
qui
est elle-méme la direction de la résultantegénérale
dusystème.
On voit que ces deux théorèmes ont entre eux une
correspon-
dance
parfaite.
Cettecorrespondance
estmême
telle que chacun d’euxpeut
facilement être déduit commeconséquence
de l’autre. Conce- vons, eneffet , qu’ayant
tracé sur unplan
une sectionconique quelconque ,
etqu’ayant aussi
tracé sur ce mêmeplan
lafigure.
relative à l’un
quelconque
de ces deuxthéorèmes ,
on détermineensuite les
pôles
des droites et lespolaires
despoints
de cettefigure , par- rapport
a. la sectionconique
dont ils’agit ;
en serappelant
que lespôles
des droitesqui
concourent en un mêmepoint appartiennent
à une même
droite ,
etqu’à
l’inverse lespolaires
despoints qui appartiennent
à une même droite concourent en un mêmepoint,
on verra clairement que les
pôles
etpolaires
ainsi tracés formerontla
figure
relative à l’autrethéorème , qui
se trouvera ainsi démontré àl’aide
de celui-là.Si l’on considère la
figure
relative à l’unquelconque
de ces deuxthéorèmes comme la base d’une
pyramide ayant
son sommet enun
point quelconque,
et que, par ce sommet. onconçoive
desdroites menées à tous les
points
et desplans
menés à toutes lesdroites de la
figure ,
on apercevrasur-le-champ
que nos théorèmesont leurs
analogues
relativement à dessystèmes
de droites et deplans indéfinis,
concourant en un mêmepoint.
Si l’on suppose enfin que ce
point
de concours des droites oudes
plans
est le centre d’unesphère ,
on verra que nos deux théorèmes doivent encore avoir lieu sur la surfacesphérique ;
pourvuqu’on
yremplace
les droites par des arcs degrands
cercles.Si l’on
suppose ;
dans lepremier
des deuxthéorèmes,
que cer- taines masses sontégales
et designes contraires ,
ou dans lesecond,
que
certaines
forces forment descouples ,
cequ! éloignera
soit lecentre commun de
gravité,
soit la résultante àl’infini;
ces circons-tances
introduiront,
dans renonce des deuxthéorèmes
des modi-fications
plus longues à expliquer,
à raison de l’infinie variété dont elles sontsusceptibles, qu’elles
ne sont difficiles à concevoir.On
peut
ensuiteappliquer
àchaque polygone,
enparticulier
à
partir
duquadrilatère,
soit les théorèmesgenéraux,
soit ces théorèmes modifiés de lamanière qu’il
vient d’êtredit ;
de sorte que nos deux théorèmespeuvent
êtreenvisagés,
enquelque
sorte,comme des
magasins
depropriétés
despolygones , desquelles
onpeut
ensuite facileinent déduire la solution d’une multitude deproblèmes
du genre de ceuxqui
ont étérécemment
traités par M. leprofesseur BRIANCHON,
dans sonApplication
de la théoriedes transversales.
Ainsi ,
nos deux theorèmes ne se recommandent pas moins par l’utilitépratique qu’on
enpeut
tirer que par leurélégante généralité.
Nous ne devons pas
quitter
cesujet
sans faire observer quesi ,
pour
plus
desymétrie
entre tes deuxthéorèmes,
nous avons sup-posé,
dans lepremier,
que lespoints donnés
étaient situés surun
mêmeplan ;
le théorème n’en pst pas moinsvrai, lorsque
ces
points
sont distribués d’une manièrequelconque
dansl’espace;
il
n’y
a même pas alors un seul mot achanger
à sa démons-tration.
Mais,
on nesaurait,
aucontraire,
donner une extensionanalogue
à l’atttrethéorème;
attendu que, tandis que deuxpoints
sont
toujours
sur une mêmedroite,
deux droites ne concourentpas