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L'agriculture de Montagne dans la communauté de Communes de l'Oriente, en Corse

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(1)

Comité de Développement du Bassin de l’Oriente

L’agriculture de montagne

dans la communaute de commune de

l’Oriente, en Corse

Clarisse Brillouet

Mémoire

Stage de fin d’étude - Réalisé de mars à septembre 2015

Encadrement :

- Jean-Christophe PAOLI (INRA-LRDE de Corte)

- Eric PINELLI (CDCO) et les membres du CDCO

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Table des matières

Remerciements... 5

Introduction ... 6

Méthodologie du diagnostic agraire ... 7

1. Décrypter le paysage ... 7

2. Comprendre l’évolution du système agraire ... 7

3. Caractériser le fonctionnement technico-économique des systèmes de production actuels ... 8

3.1. La valeur ajoutée ... 8

3.2. Le revenu agricole ... 8

3.3. Comparaison des résultats économiques ... 8

Partie 1 : Présentation de la zone d’étude ... 10

1. Délimitation de la zone ... 10 2. Description de la zone ... 10 2.1 Généralités ... 10 2.1.1 Localisation ... 10 2.1.2 Population... 11 2.1.3 Données agricoles ... 11

2.1.4 Discussion autour des statistiques officielles ... 11

2.2 Géologie ... 11

2.3 Climat ... 12

2.4 Relief ... 12

2.5 Hydrographie ... 13

2.6 Zonage ... 13

2.6.1 Identification des sous-zones ... 13

2.6.2 Occupation des sols : description des différents espaces ... 13

Partie 2 : Evolution de l’agriculture de montagne de l’Oriente ... 16

1. À l’aube du XXe siècle : un système agropastoral arboré ... 16

1.1 L’explosion démographique du XIXe siècle ... 16

1.2 L’organisation du paysage ... 16

1.2.1 A l’échelle de la commune ... 16

1.2.2 A l’échelle de la montagne : la transhumance ... 17

1.2.3 Le parcours et le pâturage de la végétation spontanée ... 17

1.3 Les types d’acteurs participant à la production alimentaire ... 18

1.3.1 Les familles avec un grand cheptel ... 18

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3

1.3.3 Les journaliers et autres emprunteurs ... 21

1.3.4 Le boucher ... 21

1.4 La gestion communale du pacage ... 21

1.4.1 Le pâturage sur les communaux ... 21

1.4.2 La gestion collective des chèvres de maison ... 21

1.4.3 Le furestu ... 21

1.4.4 Le garde champêtre ... 22

2. Le XXe siècle, marqué par l’exode rural et l’ouverture du marché ... 22

2.1 Les montagnes se vident et la population ne se renouvelle pas ... 22

2.2 La fin des systèmes de poly-culture poly-élevage et l’abandon de l’espace cultivé ... 23

2.2.1 Les bras manquent ... 23

2.2.2 L’achat de farine de blé et d’huile d’arachide ... 23

2.2.3 Le déclin de la châtaigneraie ... 23

2.3 Le développement des systèmes d’élevage sur maquis ... 24

2.3.1 L’effacement de la propriété privée ... 24

2.3.2 Porcin : nouvelles races et soutien à la charcuterie corse ... 24

2.3.3 Bovin : opportunité de la PMTVA et précarité des débouchés ... 25

2.3.4 Caprin : une moindre gestion de pâturage ... 25

2.3.5 La disparition de la catégorie des journaliers et autres emprunteurs ... 25

2.3.6 Répartition du territoire entre les différentes productions ... 26

2.4 L’élevage ovin disparaît progressivement des montagnes ... 26

2.4.1 Ceux qui se fixent dans la vallée du Tavignano et en plaine... 26

2.4.2 Ceux qui ont essayé de rester autour des villages n’ont pas duré ... 26

2.5 Emergence de l’apiculture ... 27

3. Des néoruraux qui s’installent dans leur village d’origine ... 27

Partie 3 : Les systèmes de production actuels ... 29

1. Des élevages sur maquis qui tirent parti de l’espace abandonné ... 29

1.1 L’élevage caprin sur maquis avec atelier fromagerie : SP_caprin ... 30

1.2 L’élevage porcin de race croisée sur maquis avec atelier charcuterie : SP_porcin ... 31

1.3 D’autres systèmes d’élevage porcin très peu représentés ... 32

1.3.1 L’élevage de porcs Nustrale ... 32

1.3.2 L’élevage de porcs en agriculture biologique ... 32

1.4 L’élevage bovin allaitant sur maquis : SP_bovin ... 33

1.5 Le système combiné porcin-charcutier et bovin : SP_porcin_bovin ... 33

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4

2. La castanéiculture ... 34

2.1 Réhabilitation et reprise d’exploitation d’un verger ... 34

2.2 Castanéiculture et farine de châtaigne : SP_casta_farine ... 34

2.3 Castanéiculture et vente de châtaignes fraîches : SP_casta_fraîches ... 35

2.4 Une baisse de rendements multifactorielle dans les châtaigneraies ... 35

3. L’apiculture, un système de production sur de très petites surfaces ... 36

3.1 L’apiculture comme activité principale : SP_api_1... 36

3.2 L’apiculture à 2 récoltes par des double-actifs : SP_api_2 ... 36

3.3 La complémentarité calendaire de la castanéiculture et de l’apiculture : SP_api_casta ... 36

4. Comparaison des résultats ... 37

4.1 Comparaison des résultats économiques ... 37

4.1.1 Les valeurs ajoutées ... 37

4.1.2 Les revenus agricoles ... 37

4.2 Comparaisons avec d’autres régions de Corse ... 37

4.2.1 Le dualisme plaine-montagne ... 37

4.2.2 Une région proche de la Castagniccia et du Cortenais ... 38

4.3 Une gestion individuelle du territoire ... 38

4.3.1 Une gestion des parcours succincte et controversée ... 38

4.3.2 Le manque de sécurité foncière en question ... 39

Partie 4 : Perspectives et conclusion ... 41

1. Quid du tourisme ? ... 41

2. Scénario : davantage d’installations d’agriculteurs dans les montagnes de l’Oriente ... 42

2.1 Une course pour lever des freins à l’installation ... 42

2.2 De l’intensification de l’utilisation du territoire ... 42

2.2.1 Individuel ou collectif, choisir un mode de gestion de l’espace ... 42

2.2.2 Ouvrir la végétation pour une meilleure valorisation à l’hectare ? ... 43

2.2.3 Trouver un intérêt à cette intensification pour les éleveurs ... 43

3. Les limites de cette étude ... 44

4. Conclusion ... 44

Abréviation et acronymes ... 46

Table des annexes ... 47

Annexes ... 48

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Remerciements

Merci à toutes les personnes que j’ai rencontrées au fil de mes enquêtes.

Un très grand merci aux agriculteurs, pour leur gentillesse, leur patience et leur confiance ; ce travail est avant tout issu de ces échanges qui m’ont passionnée.

Merci aux villageois et de m’avoir confié leur vision de ce pays.

Merci à Pierre Jean Luccioni pour cette introduction dans le monde paysan et ses récits passionnés. Merci à Jean Christophe Demarco pour ces éclairages techniques avisés.

Merci à Oscar Maestrini et à Pierre Matthieu Santucci pour leur regard d’experts et de natifs de la région. Merci à Line-Marie Lafitte pour son diagnostic et ses conseils techniques.

Merci à Jean Christophe Paoli de m’avoir suivi de près dans mon avancée, d’y avoir porté de l’intérêt, de l’expérience du terrain et de la Corse, et des éléments de réflexions.

Merci à lui et aux membres du CDCO de m’avoir donné l’opportunité de conduire ce travail passionnant. Merci à Olivier Ducourtieux pour ses relectures et la liberté laissée dans mes choix de rédaction.

Merci à Thomas d’avoir été un soutien et un motivateur pendant ces 6 mois de vie commune et pour les riches échanges que nous avons eu sur nos diagnostics respectifs.

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Introduction

Cette étude est commanditée conjointement par l’INRA-LRDE1 de Corte et le Comité de Développement du Bassin de l’Oriente (CDCO). Ce dernier est un groupe de réflexion constitué d’acteurs de la communauté de communes (CC) de l’Oriente2. Leur objectif est de concevoir et éventuellement mettre en application des projets de développement pour le territoire de la CC. L’INRA collabore en la personne de Jean-Christophe PAOLI notamment comme appui scientifique à ces réflexions. Comme nous le verrons, la Corse présente une forte dualité entre les territoires de plaine et les territoires de montagne. Le CDCO se questionne entre autres sur les façons de limiter le dépeuplement des montagnes de l’Oriente, d’y maintenir voir d’y créer des activités générant de la valeur ajoutée. Dans le cadre de ces réflexions autour du développement territorial, ils m’ont proposé d’étudier de près l’agriculture des communes de montagne de la CC, un volet-clé de ce territoire : ce qui existait, ce qui a disparu, ce qui s’est maintenu, les raisons de ces évolutions, les systèmes de production actuels et leurs perspectives d’avenir. Nous nous attacherons donc à dépeindre l’évolution du système agraire de la zone afin de donner un aperçu éclairé de l’activité agricole dans cette microrégion. L’objectif de ce travail est de donner les éléments de compréhension du territoire nécessaires à l’élaboration de projets de développement, et dans une perspective de repeuplement et de création d’activités agricoles dans le territoire de montagne de l’Oriente.

L’intérieur de la Corse est dans une situation de fort dépeuplement depuis plus d’un siècle, ce qui engendre des difficultés à vivre aux villages pour ceux qui y restent. C’est aussi un abandon du paysage qui s’avère menaçant pour l’homme et l’environnement. En effet, la végétation dense qui a refermé l’espace peut rapidement prendre feu dans ce climat méditerranéen à déficit hydrique estival. Les projets de développement pour la Corse tel que le PADDUC3 voient la nécessité d’un rééquilibrage territorial entre l’intérieur et le littoral, qui lui s’est fortement développé depuis 40 ans. Un éclairage historique nous fait apercevoir les potentialités de ce territoire qui, il y a 60 ans encore, fourmillait de vie et d’activité humaine.

1

Laboratoire de Recherche sur le Développement de l’Elevage, basé à Corte.

2 Il est constitué du maire de Tallone, de son adjoint, d’un comptable, de deux entrepreneurs de l’immobilier et des

travaux publics, et d’un chercheur de l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA).

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7

Méthodologie du diagnostic agraire

Le diagnostic agraire est une étude basée sur un travail de terrain, de 5 mois dans mon cas, qui permet de comprendre finement la situation agraire d’un territoire. C’est un matériel qui peut dégager des tendances d’évolutions agricoles, environnementales, économiques ou sociales, servir de base à l’élaboration de projets sur le territoire d’étude, ou encore pour l’évaluation de projets. Le diagnostic se réalise en trois phases : une analyse paysagère, une compréhension de l’évolution historique du système agraire de la région, et une caractérisation du fonctionnement technico-économique des systèmes de production actuels. Le travail de terrain est accompagné d’une recherche bibliographique et doit être suivi d’une analyse des résultats. Quelques villageois m’ont prêté de précieux ouvrages sur l’histoire de leur village ; j’y fais référence dans la bibliographie bien qu’ils n’aient pas été édités.

En plus des enquêtes auprès d’agriculteurs, des enquêtes complémentaires peuvent être conduites auprès d’autres agents du territoire. Dans mon cas j’ai rencontré 18 autres personnes pour compléter mes données sur l’histoire, le contexte social ou des aspects techniques par exemple (8 villageois, 3 maires, 2 employés de la Chambre d’Agriculture, 1 de l’ODARC, 2 de l’INRA-LRDE, 1 de l’ONF et 1 journaliste). Ce travail étant largement basé sur des enquêtes, de nombreuses données s’appuient donc essentiellement sur du discours, avec les biais sociaux que cela inclus.

1. Décrypter le paysage

Les systèmes de production agricoles dépendent du territoire dans lequel ils s’inscrivent. Ils utilisent et façonnent les différentes parties d’écosystèmes auxquelles ils ont accès ; c’est pourquoi nous commençons par étudier le paysage de la région d’étude. Nous conduisons des observations de paysage en parallèle d’une lecture de cartes (IGN, géologique, etc.) et d’une bibliographie. Nous créons ainsi un tableau clair de l’environnement physique dans lequel les agriculteurs travaillent : les contraintes et atouts physico-chimiques, topographiques, climatiques. Cette phase aboutit à l’identification de sous-zones correspondant à des entités agro-environnementales distinctes, et à la formulation d’hypothèses concernant l’accès différentiel des agriculteurs aux éléments du paysage.

2. Comprendre l’évolution du système agraire

Partant de l’idée que la situation actuelle est le résultat d’évolutions passées, nous menons un travail de reconstruction historique de l’évolution du système agraire de la région d’étude. Il s’agit de comprendre les trajectoires et les différenciations des systèmes de production dans le temps. Pour appréhender l’évolution des dernières décennies, nous conduisons des entretiens semi-directifs auprès d’agriculteurs à la retraite ou en fin d’activité. Pour les évolutions plus anciennes, nous nous faisons un travail bibliographique. Nous identifions alors différents systèmes de production pour une même période historique, ainsi que les processus de différenciation. L’identification de ces trajectoires aboutit à une typologie actuelle. J’ai dans mon cas réalisé 14 enquêtes historiques auprès d’anciens agriculteurs sur la région d’étude.

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3. Caractériser le fonctionnement technico-économique des systèmes de

production actuels

L’étape précédente nous permet de comprendre les trajectoires dont viennent les systèmes de production actuels. Afin d’appréhender le système agraire actuel de la région d’étude, nous réalisons des entretiens semi-directifs auprès d’agriculteurs en activité, choisis par un échantillonnage raisonné selon la typologie établie. Nous y cherchons les détails du fonctionnement technique et économique de l’exploitation agricole pour en saisir les logiques et les choix de l’agriculteur. Lors d’un entretien, il faut faire l’inventaire des ressources disponibles sur l’exploitation (terre, travail, capital) et des éléments de conduite des cultures (variétés, dates de semis, opération d’entretien, etc.) et/ou d’élevage (races, période de reproduction, etc.) et/ou de transformation (rendements, intrants, etc.) et des éventuelles interactions entre ces ateliers. On demande également à l’agriculteur de nous donner tous les coûts et résultats engendrés par son activité de production, afin que nous puissions calculer ses résultats économiques.

Pour chaque système de production identifié on crée un modèle de fonctionnement technico-économique à partir des entretiens réalisés. Dans mon cas j’ai réalisé 27 enquêtes auprès d’agriculteurs en activité pour un total de 8 systèmes de production modélisés. Nous rediscuterons ces chiffres dans la partie 3 de l’étude.

3.1.

La valeur ajoutée

La valeur ajoutée est la différence entre la création et la destruction de richesse dans le processus de production. On calcule la valeur ajoutée nette (VAN) de la façon suivante :

𝐕𝐀𝐍 = 𝐏𝐁 – 𝐂𝐈 – 𝐃𝐞𝐩

PB : le produit brut. C’est la somme des richesses créées qui sortent de l’exploitation.

CI : les consommations intermédiaires. C’est l’ensemble biens et services détruits dans le processus de

production (les produits phytosanitaires, l’alimentation animale achetée, les frais vétérinaires, etc.).

Dep : les dépréciations de capital. Elles comptabilisent l’usure des équipements engendrée par le processus

de production, calculée sur la durée de vie réelle de l’équipement. Les prix sont calculés en euros 2014. Dep = (prix d’achat – prix en fin d’utilisation)/durée d’utilisation

3.2.

Le revenu agricole

Le revenu agricole familial brut (RAB) est ce qui revient à la famille de l’agriculteur après redistribution de la valeur ajoutée nette et perception d’éventuelles subventions. Après soustraction de la MSA (Mutualité Sociale Agricole), on obtient le revenu agricole familial net (RAN ou RA). On le calcule de la façon suivante :

𝐑𝐀 = 𝐑𝐀𝐁 – 𝐌𝐒𝐀

𝐑𝐀 = 𝐕𝐀𝐍 – 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 – 𝐢𝐧𝐭é𝐫ê𝐭𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐞𝐦𝐩𝐫𝐮𝐧𝐭𝐬 – 𝐭𝐚𝐱𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬 – 𝐥𝐨𝐲𝐞𝐫 + 𝐬𝐮𝐛𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 – 𝐌𝐒𝐀 Dans notre zone d’étude, les emprunts sont très rares et il n’y a pas de taxes foncières (BOFPI).

3.3.

Comparaison des résultats économiques

Afin de comparer les résultats économiques des différents modèles de systèmes de production établis, nous construisons un graphique permettant de les comparer selon un paramètre commun : la surface par actif. Tous les modèles sont construits avec des gammes d’existence, que nous représentons sur le graphique par les équations suivantes (figure 1) :

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9 La valeur ajoutée nette :

𝐕𝐀𝐍 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟= ( 𝐏𝐁 𝐡𝐚− 𝐂𝐈𝐩 𝐡𝐚 − 𝐃𝐞𝐩𝐩 𝐡𝐚 ) × 𝐬𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟 − (𝐂𝐈𝐧𝐩+ 𝐃𝐞𝐩𝒏𝒑) 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟⁄ Qui est une fonction affine de la forme :

𝐕𝐀𝐍

𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟= 𝐚 ×

𝐬𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟 − 𝐛

Le revenu agricole net : 𝐑𝐀 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟= ( 𝐏𝐁 𝐡𝐚− 𝐂𝐈𝐩 𝐡𝐚 − 𝐃𝐞𝐩𝐩 𝐡𝐚 − 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬𝐩 𝐡𝐚 − 𝐢𝐧𝐭é𝐫ê𝐭𝐬𝐩 𝐡𝐚 − 𝐭𝐚𝐱𝐞𝐬 𝐡𝐚 − 𝐥𝐨𝐲𝐞𝐫 𝐡𝐚 + 𝐬𝐮𝐛𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬𝐩 𝐡𝐚 ) × 𝐬𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟 − (𝐂𝐈𝐧𝐩+ 𝐃𝐞𝐩𝒏𝒑+ 𝐬𝐚𝐥𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬𝒏𝒑+ 𝐢𝐧𝐭é𝐫ê𝐭𝐬𝒏𝒑+ 𝐬𝐮𝐛𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬𝒏𝒑− 𝐌𝐒𝐀) 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟⁄

Qui est une fonction affine de la forme : 𝐑𝐀

𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟= 𝐜 ×

𝐬𝐮𝐫𝐟𝐚𝐜𝐞 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐟 − 𝐝

Les indices « p » et « np » signifient respectivement « proportionnel » et « non proportionnel » à la surface. Nous ajoutons au graphique un seuil de reproduction, définis comme étant le seuil de revenu minimum qui permet à l’exploitation agricole d’être reprise. Nous le fixons ici au SMIC ; nous considérons que si l’agriculteur obtient un revenu inférieur au SMIC, il préfèrera changer de profession. L’autoconsommation peut abaisser ce seuil de survie : on considère que ce que l’agriculteur consomme de sa propre production est équivalent à un moindre achat et qu’il a donc besoin d’un revenu moindre pour un même niveau de vie.

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Figure 2 : Localisation de la zone d'étude par rapport au relief corse et aux principaux centres urbains

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Partie 1 : Présentation de la zone

d’étude

En méditerranée occidentale, la Corse se situe à environ 200 km des côtes françaises, 100 km des côtes italiennes et 15 km de la Sardaigne. Elle s’étend sur 180 km du nord au sud et jusqu’à 85 km d’est en ouest. Les montagnes constituent la majeure partie de l’île, à l’exception de la plaine orientale. L’altitude moyenne est de 550 m et plus de 100 sommets dépassent les 2000 m (figure 2).

1. Délimitation de la zone

La Communauté de Communes (CC) de l’Oriente contient 22 communes : Aghione, Aleria, Altiani, Ampriani, Antisanti, Campi, Canale-di-Verde, Chiatra, Casevecchie, Giuncaggio Linguizzetta, Matra, Moïta, Pancheraccia, Pianello, Piedicorti-di-Gaggio, Pietra-di-Verde, Pietraserena, Tallone, Tox, Zanala et Zuani (figure 3).

Le diagnostic de Magali KRIEGK réalisé en 2011 portait sur les 9 communes ayant tout ou partie de leur territoire en plaine orientale (communes dites de balcon) : Linguizzetta, Tox, Tallone, Aléria, Pancheraccia, Giuncaggio, Antisanti, Casevecchie et Aghione. Nous étudierons, par complémentarité, les autres communes, dont le finage est exclusivement montagnard : Altiani, Ampriani, Campi, Matra, Moïta, Pianello, Piedicorti-di-Gaggio, Pietra-di-Verde, Pietraserena, Zanala et Zuani. Les communes de Canale-di-Verde et de Chiatra étant elles aussi à cheval sur plaine et montagne, nous les exclurons de notre étude, par soucis de cohérence, faisant l’hypothèse que leur situation est proche de celle étudiée par Magali KRIEGK.

Au-delà de l’ensemble administratif actuel, plaine et montagne sont historiquement liées par les modes d’exploitation du milieu. Cultivateurs et éleveurs descendaient en plaine l’hiver, là où les températures étaient propices à l’activité agricole, et remontaient en montagne l’été, quand les pluies se raréfiaient en plaine, que le paludisme s’y propageait, et que le climat de la montagne était plus clément. Ainsi, les communautés dont le village était en montagne pouvaient parfois traverser les villages de balcon pour rejoindre la plaine où elles s’établissaient pour l’hiver. C’est pourquoi nous ferons notamment référence entre autres aux travaux de Magali KRIEGK dans cette étude.

Les diagnostics agraires d’Emile Faye en 2010 et de Line-Marie Lafitte en 2012 portent respectivement sur le Cortenais et la Castagniccia, régions qui bordent également notre zone d’étude. Nous y ferons référence par la suite.

2. Description de la zone

2.1 Généralités

2.1.1 Localisation

Les communes qui font l’objet de cette étude sont situées dans les montagnes à l’ouest de la plaine d’Aleria (figure 2). La Communauté de Communes à laquelle elles appartiennent, l’Oriente, est traversée par deux grands axes routiers (figure 3) : la RN 198 qui relie Bastia à Bonifacio, et la RN 200 qui relie Corte à Aleria en moins d’une heure. Il faut un peu plus d’une heure pour rejoindre Bastia depuis Aleria et un quart d’heure

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Figure 4 : Part de la population communale de plus de 65 ans (INSEE 2012)

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11

pour rejoindre Ghisonaccia qui est une ville plus grande, hors de la CC de l’Oriente. Les zones à l’ouest et au nord ont été étudiées lors de précédents diagnostics agraires en 2010 et 2012.

2.1.2 Population

L’Oriente, entité administrative créée en 2008, s’étend sur 582 km² pour 6600 habitants enregistrés. Dans notre zone d’étude, ce sont 116 km² sur lesquels, en 2011, vivaient 800 personnes à l’année (INSEE), soit 12% de la population totale de l’Oriente, et plus de 35% dépassent les 65 ans (figure 4).

2.1.3 Données agricoles

Les villages de montagne comptent 33 agriculteurs selon le Recensement Général Agricole (RGA) de 2010, sur les 283 dénombrés sur l’Oriente. C’est, en montagne, 28% de moins qu’en 2000 et 52% de moins qu’en 1988. Leur orientation technico-économique principale est l’élevage, alors que les activités agricoles de plaine sont principalement en cultures pérennes (RGA 2010). Autrement-dit, il y a dans cette zone de montagne 12% des exploitations agricoles dénombrées dans l’Oriente sur 20% de sa surface.

2.1.4 Discussion autour des statistiques officielles

La méthode de recensement INSEE dans ces communes4 et l’intérêt de ces dernières5 conduisent à une différence non négligeable entre les chiffres annoncés par le recensement 2011 de l’INSEE et la population effective présente l’hiver dans les villages. D’après mes enquêtes auprès des gens des villages, j’estime qu’il y a une population effective d’environ 400 habitants durant l’hiver dans la zone d’étude, soit deux fois moins que les chiffres INSEE. Par exemple, le village de Matra compte aujourd’hui 23 habitants permanents alors que le recensement 2011 donne 46 habitants ; le village de Pianello compte aujourd’hui environ 35 habitants permanents alors que le recensement en donne 71.

Quant aux agriculteurs, le recensement général agricole (RGA) de 2010 recense 33 exploitations agricoles quand mon estimation est de 38. Cette différence peut porter sur différents paramètres. Il y a eu des installations et des départs dans la zone d’étude depuis 2010 ; les définitions que se donne le RGA d’une exploitation agricole diffèrent de ceux que j’ai considérés comme étant agriculteurs. En effet, j’y ai intégré toute personne ayant sur la zone une production notamment destinée à la vente.

Ces chiffres sont donc à analyser avec précaution.

2.2 Géologie

On distingue deux ensembles géologiques principaux : la Corse hercynienne (ou cristalline) à dominante granitique qui représente les deux tiers Sud-Ouest de l’île, et la Corse alpine qui représente le tiers Nord-Est. Toutes deux sont séparées par une dépression centrale orientée Nord-Ouest/Sud-Est. S’y ajoutent des terrains du Néogène et Quaternaire qui forment la plaine orientale (annexe 1).

A l’Oligocène supérieur, le bloc corso-sarde est rattaché à la côte provençale, dans le prolongement d’un arc montagneux hercynien qui se prolonge jusqu’en Espagne, et bordé par une mer peu profonde. Une nouvelle croûte océanique s’y forme, composée de laves sous-marines. C’est de là que proviennent les ophiolites des séries de Santo-Pietro-di-Tenda et de l’Inzecca. Ces ophiolites sont recouvertes par des sédiments siliceux et du calcaire qui deviendra du marbre.

4 C’est la commune qui recrute l’agent recenseur. (INSEE) 5

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Figure 6 : Diagrammes ombrothermiques (méthode Aurelhy, période 1971-2000, Météo France) et pousses de l'herbe en Corse (Boudeleau)

(23)

12

Le bloc corso-sarde se détache du continent au Miocène inférieur. Des compressions dues au rapprochement de la Corse et de l’Italie provoquent des plissements de roche et métamorphisent les nouveaux sédiments océaniques ; c’est la formation des schistes lustrés. Un effondrement tectonique permet à la mer de recouvrir à nouveau la partie orientale de la Corse. Dans ce qui est aujourd’hui la plaine orientale se déposent des sédiments marins du miocène, puis des marnes sableuses.

La Communauté de Commune de l’Oriente s’étale sur les montagnes de la Corse alpine et la plaine orientale. La frontière entre la plaine d’Aleria et les montagnes correspond à la limite schistes lustrés-miocène (du Néogène). Dans la plaine, les terres aujourd’hui à haut potentiel agronomique sont sur des roches marneuses et calcaires du Néogène et des alluvions du Quaternaire. Les schistes lustrés, qui couvrent la grande majorité de la zone d’étude (figure 5), confèrent à la Corse alpine un relief plus doux et moins abrupt que la Corse granitique. Ce sont des roches riches en silice et acides. Leur texture friable est favorable à la pénétration des racines. Des inclusions de « roches vertes », des ophiolites, principalement des métabasaltes et des serpentinites, sont présentes par taches en différents endroits de la zone. Ce sont des roches pauvres en silice et basiques. Les fonds des principales vallées de notre aire sont des alluvions du Quaternaire.

2.3 Climat

Il règne en Corse un climat méditerranéen : des étés chauds et secs, une forte insolation (2700 heures par an en moyenne). Les précipitations quant à elles restent importantes en montagne.

Ce climat présente d’importantes variations avec l’altitude. En effet, les précipitations annuelles augmentent avec l’altitude (700 mm à Aleria, 900 mm à Zalana et 1100 mm aux Caldane de Pianello) et les températures diminuent. Autrement-dit, le déficit hydrique estival diminue avec l’altitude.

Sur le plan agronomique, cela signifie un démarrage de pousse de l’herbe plus tardif et, à l’inverse, plus tôt à mesure qu’on descend vers la plaine (figure 6). Jusque récemment, les bergers transhumaient pour suivre cette pousse de l’herbe qui se décale en altitude avec les saisons.

Si le climat est notamment corrélé avec l’altitude, le relief et le régime des vents influencent également la pluviométrie.

2.4 Relief

Les fleuves Tavignano, Bravone et Alesani se jettent dans la mer Tyrrhénienne. En y ajoutant les affluents du Tavignano le Corsigliese et le Tagnone, apparaissent 4 interfluves principaux d’orientations parallèles Nord-Ouest/Sud-Est :

- l’interfluve de Moïta, entre l’Alesani et la Bravone - l’interfluve de Zalana, entre la Bravone et le Corsigliese

- l’interfluve de Pietraserena, entre le Corsigliese et le Tavignano - l’interfluve d’Antisanti, entre le Tavignano et le Tagnone

La zone comprend 7 sommets de plus de 1000 m d’altitude (figure 7). Les villages de montagne (des communes n’ayant pas de terres en plaine) sont à des altitudes comprises entre 480 m (Pietra-di-Verde) et 800 m (Pianello), avec une moyenne à 615 m.

Deux éléments topographiques sont remarquables : les estives des Caldane au-dessus du village de Pianello, qui culminent à 1725 m d’altitude, et la vallée du Tavignano dont le fond relativement plat offre une largeur de plusieurs centaines de mètres à la hauteur des villages d’Altiani et de Piedicorte. Les pentes rectilignes qui

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Figure 8 : Zonage des villages de montagne de l'Oriente

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13

forment le paysage (figure 9, transect A) correspondent à l’inclinaison dans ce même sens des feuillets qui composent les schistes.

2.5 Hydrographie

Un cours d’eau permanent coule dans chaque fond de vallée principale, ainsi que dans de nombreuses vallées secondaires. Des traces de moulins hydrauliques dans toutes les communes indiquent que les débits étaient suffisamment importants à l’époque pour moudre le grain et les châtaignes pour les villages. Le Tavignano est le deuxième fleuve de Corse au débit le plus important après le Golo, avec 11,7 m3/s à Antisanti. La Bravone a un débit de 0,82 m3/s à Tallone (DREAL Corse).

Les sources sont nombreuses, surtout dans les villages (jusqu’à 28 à Pianello). (Michel, Soldati, Bernardi, Roy,

2014)

2.6 Zonage

2.6.1 Identification des sous-zones

On distingue 3 types de villages dans la zone d’étude, représentées dans la figure 8 :

- [1] Pianello, le village dont le finage comprend les estives des Caldanes, étendue de pelouses supérieure à 1000 m d’altitude (annexe 10).

- [2] Les village intermédiaires qui n’ont ni estive ni zone mécanisable et accessible de basse altitude : Pietraserena, Zalana, Ampriani, Zuani, Mata, Moïta, Campi et Pietra-di-Verde

- [3] les deux villages qui descendent jusqu’au fond de la vallée du Tavignano en une section où il est particulièrement large (jusqu’à 400 m) (annexe 11) : Piedicorte-di-Gaggio et Altiani.

Hormis les espaces spécifiques aux zones 1 et 3, les territoires de communes sont tous structurés de la même façon, selon une séquence schématisée en figure 10 et décrite au paragraphe suivant.

Nous le verrons, ces accès à différentes parties du paysage furent déterminants pour une partie de l’évolution du système agraire de ces villages.

Nous ne mènerons pas d’enquêtes dans le fond de vallée du Tavignano car une étude précédente (Faye,

2010) y a déjà été réalisée. Nous l’incluons dans la zone d’étude par soucis de cohérence et nous la

mentionnerons pour la compréhension des évolutions du système agraire uniquement.

2.6.2 Occupation des sols : description des différents espaces

Afin de rendre compte des formes du relief et de la position des éléments du paysages, nous choisissons deux transects A et B localisés comme sur la figure 7 et schématisés dans la figure 9. Le transect A est perpendiculaire aux vallées principales et fait ainsi apparaître les principaux interfluves. Le transect B rend compte du décrochement altitudinal plaine-montagne avec un piémont intermédiaire entre 100 et 400 m d’altitude, occupé par du maquis, des cultures et des prairies.

Les auréoles villageoises

Une première auréole, la plus resserrée autour du village, est constituée de terrasses. Parmi ces terrasses, seules certaines des plus proches des maisons sont aujourd’hui cultivées comme potager pour le foyer. Dans un rayon de moins de 100 m autour du village, les autres terrasses, généralement non entretenues, sont fréquemment recouvertes d’une végétation spontanée à strate herbacée dominante.

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La châtaigneraie constitue une deuxième auréole, plus vaste. Les châtaigniers sont parfois sur des terrasses mais le plus souvent à même les pentes naturelles des versants. Aujourd’hui, le sol des châtaigneraies est généralement couvert de fougères et le maquis repousse par endroit, témoignant d’abandons plus ou moins anciens. Les châtaigneraies entretenues sont rares.

Au-delà, on peut trouver des oliviers, parfois également au cœur du village. On ne les trouve pas au-dessus des villages ; leur écologie ne leur permet pas de s’établir au-delà de 700 m d’altitude. Hors du village, les arbres sont toujours dans un maquis dense d’une hauteur comprise entre 2 et 5 m.

Il y a également des traces de terrasses en-dehors de ces auréoles, mais toujours à proximité d’un point d’eau. Ce sont d’anciens jardins aujourd’hui abandonnés.

Les fonds de vallée

Le fond de la vallée du Tavignano, d’une largeur de 100 m à 400 m, est par endroit cultivé ou en prairie. Il présente une surface beaucoup plane, bien qu’avec trois niveaux d’alluvions fluviaux et donc de terrasses (rubéfiées, brunes et grises, rouges). Dans ce fond de vallée, on trouve aujourd’hui des entreprises de matériaux, des hameaux et des ruines isolées.

L’adret du fond de la vallée de la Bravona est en pente douce à la hauteur de Matra et surtout de Moïta. Aucun des autres fonds de vallée ne présentent de pentes aussi douces et sur de larges surfaces. On y trouve toutefois des ruines de moulins, le long des cours d’eau.

La végétation spontanée

Là où la terre n’est pas cultivée ou jardinée, hors des châtaigneraies récemment abandonnées, la végétation spontanée occupe l’espace. Elle est plus ou moins dense, plus ou moins haute et de composition variable. Le maquis, comme est communément appelée cette végétation, est une formation secondaire, sur sol acide, de forêt de chêne dégradée par l’activité humaine mais qui en a conservé sa flore originale (Helai, 1968). En Corse, on y retrouve principalement des espèces telles que l’arbousier (Arbutus unedo), la bruyère (Erica

arborea), le chêne vert (Quercus ilex), le chêne pubescent (Quercus pubescens), le ciste de Montpellier

(Cistus monspeliensis). Le paysage de montagne actuel de la zone d’étude est couvert à plus de 90% par cette formation végétale composite. Elle présente toutefois des variations. En effet, la composition du maquis varie principalement selon 1°) l’usage qui était fait du terrain dans le passé et 2°) la progression des stades naturels de la succession végétale parfois interrompue puis renouvelée par le feu.

Le premier de ces paramètres, l’usage qui était fait du terrain dans le passé, répond donc à une logique paysagère : les châtaigneraies, en auréole autour des villages, sont aujourd’hui des forêts où poussent notamment des fougères, des frênes et des chênes, et avec une strate herbacée quasi-inexistante ; les chênaies, correspondant à l’ancienne sylva, ont parfois une strate herbacée ou bien à l’inverse un maquis tellement dense et haut qu’il ne permet pas de pousse de l’herbe.

Le feu, quant à lui, accidentel ou agricole, constitue des trouées dans la végétation à partir desquelles recommence une succession naturelle de la végétation du maquis, à un stade où la végétation est rase. On définit alors les espaces suivants, qui nous serviront plus loin pour comprendre le fonctionnement des élevages (Santucci, retraité de l’INRA LRDE, communication personnelle) :

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- Strate arborée dominante : oliviers (sauvages et domestiques), châtaigniers et maquis à dominance de chênes hauts.

- Maquis haut (de 50 cm de hauteur jusqu’à 3 m) : dominance de l’arbousier et de la bruyère, mais aussi chêne vert, filaire, lentisque, aubépine, prunelier, calicotome.

- Maquis bas (moins de 50 cm) : dominance du ciste, mais aussi genet, asphodèle, daphné. - Pelouses : exploitable par les bovins, caprins, porcins et ovins.

Le maquis est donc aujourd’hui présent dans ce que nous avons défini comme étant les auréoles villageoises. Jusqu’à une altitude d’environ 800 m, la taille du maquis (haut, bas ou à dominance de chêne) est surtout déterminée par le temps qui s’est écoulé depuis le dernier feu. Le maquis est également plus haut vers les talwegs.

Il existe aussi d’autres variations d’espèces végétales, qui sont mineures dans ces territoires mais plus abondantes à d’autres altitudes. Le chêne liège est très présent en-dessous de 450 m, puis se raréfie jusqu’à 700m, altitude à partir de laquelle on ne le trouve plus. Sa hauteur domine parfois très largement le reste du maquis. Les pins Laricio sont présents à partir d’environ 700 m d’altitude mais sans jamais dominer la végétation.

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Figure 11 : L'explosion démographique du XIXe siècle ; le cas de la zone d’étude (Defranceschi, 1986)

Note : A l’époque du Plan Terrier, en 1769, le village d’Altiani était regroupé avec celui de Foccichia. Or ils ont été scindés en deux communes distinctes avant le recensement de 1800 qui ne compte donc plus

que le village d’Altiani, d’où la chute démographique apparente pour ce village.

Figure 12 : Evolution1 de la répartition de l'espace entre les différents usages dans la zone (d'après Defranceschi)

Note : Dans la légende fournie par Defranceschi, « terres » correspond aux jardins et aux surfaces en céréales, « inculte » correspond aux espaces de friche. Toutefois, on ne sait pas si ces deux recensements prennent la même définition de ces deux catégories. « Terres » peut comprendre les terrains emblavés mais également les terrains en friche en rotation avec les céréales. C’est sur ce dernier paramètre que porte l’ambigüité : si la catégorie « terres » du Plan Terrier n’inclut pas les friches en rotation avec les céréales alors que la catégorie « terres » du Cadastre les inclut,

l’augmentation de surface réellement emblavée n’est pas aussi impressionnante qu’il n’y paraît.

Note 2 : Les surfaces ne sont pas tout à fait les mêmes car les finages ont quelque peu évolué entre ces deux périodes. Les chiffres ne sont donc pas à considérer avec exactitude. De plus, on n’a retenu pour les communes de montagne ayant des terrains dédiés en plaine (Pianello et Zuani) uniquement leur territoire montagnard, puisqu’elles ont perdu

leur territoire de plaine au cours du XIXe siècle. Ainsi on s’assure de comparer les mêmes territoires dans les deux périodes.

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Partie 2 : Evolution de l’agriculture de

montagne de l’Oriente

Au cours du XXe siècle, les villages de montagnes de l’actuelle communauté de commune de l’Oriente ont connu une évolution tout à fait différente des villages de plaine et de balcon. La Plaine orientale s’est développée à partir des années 70 mais l’intérieur a vu sa population vieillir et les activités économiques déserter le territoire. C’est ainsi que s’est effondré un système agraire qui, à la fin du XIXe siècle, était basé sur la famille, l’autoconsommation et la diversité des activités, abandonnant une immense part de l’espace à des élevages extensifs spécialisés. Cette partie retrace ces évolutions agraires.

1. À l’aube du XXe siècle : un système agropastoral arboré

1.1 L’explosion démographique du XIXe siècle

Après l’annexion de la Corse par la France, la paix revient et les politiques de mises en valeur reprennent dans le pays. La population de l’île double en un siècle, passant de 122 000 habitants en 1779 à plus de 270 000 en 1881. Cette importante augmentation démographique (figure 11) s’accompagne d’une intensification de l’utilisation de l’espace (figure 12 et nuances dans la note de figure). L’activité agricole est à son maximum de densité d’exploitation de l’espace à la fin du XIXe siècle – début XXe, puisqu’elle ne fera que décroître avec l’exode par la suite (nous le développerons dans un prochain paragraphe).

1.2 L’organisation du paysage

1.2.1 A l’échelle de la commune

Les villages sont situés sur des crêtes ou bien en haut de versant ou à mi-pente, à l’adret. La production s’organise sur les communes en 3 espaces concentriques (figure 13) définis par Defranceschi :

Circulu : C’est l’auréole des jardins, des vignes, des oliviers et des châtaigniers. Les jardins sont situés à

l’adret et près des points d’eau ou en contrebas, de sorte à pouvoir irriguer par gravitation via des canaux. L’eau courante arrive dans les villages dans les années 1960 et permet d’irriguer davantage les jardins autour du village, certains foyers abandonnant alors les jardins éloignés de leur maison. Les oliviers étaient généralement en contrebas des châtaigniers ou le long des routes, à des altitudes inférieures à 500m. Les châtaigniers sont autour du village, là où on ne pouvait pas cultiver de jardin. La part de la châtaigneraie dans l’espace du village est variable selon les villages de la zone (annexe 3). A titre d’exemple, Altiani ne compte au milieu du XIXe siècle que 2 % de son territoire en châtaigneraie alors que les châtaigneraies de Pietra-di-Verde et Ampriani représentent respectivement 54 % et 58 % de leur territoire à la même époque. Les villages des deux interfluves les plus au Nord ont plus de 10 % de leur surface en châtaigniers. Altiani et Piedicorte, villages de l’interfluve Corsigliese-Tavignano, sont les plus grands de la zone (respectivement 18 et 27 km²) et également ceux qui comptent la plus faible part du territoire en châtaignier.

Presa : Cette deuxième auréole est l’espace qui est potentiellement emblavé en céréales en rotation avec

des friches pâturées : généralement deux ans de céréales et deux ou trois ans de friche. Le pacage y est autorisé sitôt la moisson terminée. Ce territoire peut être composé de terrains communaux et de terrains privés, bien que la part de ces derniers se soit accrue depuis.

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Figure 13 : Organisation du paysage à l'échelle communale au début du XXe siècle

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Rughjone (ou furestu) : Cette dernière auréole est un espace en forêt ou en maquis de friche longue. Il sert

de pacage. Le rughjone représentait les terrains les plus éloignés du village ou bien les plus hauts. Nous n’utiliserons pas le terme furestu, qu’on retrouve parfois employé de cette façon dans la littérature et qui pourrait se confondre avec la période de récolte des châtaignes où l’on interdisait le parcours les animaux sous les châtaigniers (voir plus loin).

Dans les fonds de vallées étaient des jardins, des oliveraies et des vignes, le long des cours d’eau, ainsi que des parcours de presa.

1.2.2 A l’échelle de la montagne : la transhumance

Les troupeaux ovins effectuaient tous la double transhumance (figure 14). Le troupeau et le berger montaient aux estives en juin, où l’herbe est encore verte et les températures plus supportables, c’est la transhumance estivale, et descendaient en septembre en plaine ou dans le fond de la vallée du Tavignano, où les températures sont plus douces durant l’hiver et l’herbe y poussera plus tôt au printemps, c’est la transhumance hivernale. Or, début XXe siècle, les espaces qui n’étaient pas en maquis dans ces villages de montagnes étaient le plus souvent cultivés. Difficile donc d’y maintenir des brebis, « qui ne lèvent pas la tête » et ne s’alimentent donc pas du maquis, même pour une courte période de l’année. C’est pourquoi en cette période les élevages de brebis sont principalement l’apanage de quelques villages seulement. Pianello possède historiquement des terrains en plaine ainsi que les estives des Caldane (annexe 2) où se trouvent les sources nécessaires à l’abreuvement des animaux. Tout berger d’une autre commune voulant jouir des pâturages des Caldanes n’était pas prioritaire et devait demander une autorisation qui n’était cédée que si l’on jugeait qu’il y avait la place pour tout le monde. Des bergers de Piedicorte-di-Gaggio faisaient au moins la transhumance hivernale vers le fond de la vallée du Tavignano.

Les troupeaux bovins et caprins ne transhument généralement que l’été, jusqu’aux estives de Pianello, voire restent aux alentours du village avec un parcours qui varie légèrement d’altitude avec les saisons, mais dans une moindre mesure que les parcours transhumants. En effet, bovins et caprins peuvent se satisfaire d’une terre emmaquisée, tandis que les ovins n’exploitent que les strates herbacées.

1.2.3 Le parcours et le pâturage de la végétation spontanée

La taille de la surface parcourue dépend de critères, critères variables selon l’espèce animale considérée : - du type de maquis : espèces végétales en présence, leur stade physiologique (comestibilité,

appétence) et leur taille (accessibilité de la ressource) ; - de la saison (pousse, fructification,…) ;

- du relief du terrain : fonds de vallée, crêtes, versants ;

- de la complémentation apportée par l’éleveur : quantité et nature ;

- de la conduite du troupeau : apprentissage d’un parcours ou non, changement de secteur, gardiennage.

Cette surface parcourue par un troupeau est deux à trois fois plus étendue que la surface pâturée. Celle-ci est composée de secteurs-ressources, où se fait l’essentiel des prélèvements de l’animal. Certains espaces non pâturés peuvent avoir des fonctions d’ombrage ou d’abris pour l’animal.

Le couvert végétal est changeant, tendanciellement et accidentellement. La sécheresse et les maladies font chuter la production de châtaignes ; le maquis grandit d’année en année malgré l’activité pastorale, rendant

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la ressource parfois inaccessible (végétation trop haute ou trop dense) ; les quelques feux créent des trouées où le maquis repousse depuis un stade pionnier.

La ressource est saisonnée. Les châtaignes tombent d’octobre à novembre. Les glands, qui tombent un an sur deux, sont présents au sol de septembre à janvier pour le chêne blanc et de novembre à février pour le chêne vert. L’hiver, il reste principalement le feuillage persistant du maquis et des chênes. A la hauteur des villages et de leurs contrebas (de 400 à 800 m), l’herbe commence à pousser entre mi-mars et mi-avril, selon l’altitude et l’exposition, et avec elle les jeunes pousses du maquis dont sont friands les bovins et les caprins.

1.3 Les types d’acteurs participant à la production alimentaire

1.3.1 Les familles avec un grand cheptel

Les familles ayant un grand cheptel sont d’une catégorie sociale moyenne. Ils sont moins aisés que les grands propriétaires terriens, mais ont plus de capital et sont moins dépendants que les journaliers (cf. paragraphes suivants). Comme tous les paysans, ils ont un micro-élevage : au moins un ou deux cochons, des poules et des lapins, et parfois quelques chèvres ou vaches. Elles

peuvent également avoir des animaux de trait et de bât, bœufs et ânes ou mulet. Ils sont propriétaires d’au moins une partie de leurs jardins, de 100 à 200 châtaigniers et de 50 à 500 pieds de vignes (excepté à Pianello qui est trop en altitude) ; une part minoritaire est empruntée. Comme en témoigne la figure 12, l’espace de production arboré représente en moyenne un tiers de l’espace villageois.

Certaines familles ont la spécificité d’avoir développé un cheptel caprin, ovin, porcin ou bovin, duquel elles tirent une production marchande. On vend ou échange les veaux, les cabris et les agneaux, les porcs sur pieds ou la charcuterie, le fromage et le lait de chèvre ou de brebis. Ces produits sont très majoritairement en circulation à l’intérieur du village, vendus ou échangés contre des terrains ou d’autres produits. Il est rare que ces paysans aient besoin de vendre leur force de travail. La diversité de ces productions au sein d’un même

système agraire nous permet de le qualifier de système agropastoral arboré.

Pour assurer l’ensemble des productions, les tâches agricoles sont réparties entre les différents membres de la famille. L’entretien des cultures et les récoltes représentent un pic de travail et mobilisent presque toute la famille, alors que les ateliers liés à l’élevage ne mobilisent qu’une personne à la fois. A cette époque, les foyers avoisinent la dizaine de personnes et tous, depuis l’âge auquel les enfants peuvent surveiller les bêtes (entre 7 et 10 ans), contribuent au système de production de la famille. C’est la famille qui, par cette organisation, assure l’essentiel de sa propre subsistance. Elle est donc l’unité de base de ce système agropastoral arboré.

Le châtaignier

Les paysans (propriétaires ou sous bail oral) débroussaillent manuellement la châtaigneraie en été, avec hache et faucille, afin que le sol soit propre lors du ramassage des châtaignes. Ils émondent les branches du porte-greffe en septembre, après les pluies d’août, qui donneraient de moins bons fruits, et les donnent en

Des échanges entre les villages malgré une quasi- autarcie

Même s’il y avait une très forte part d’autoconsommation dans les familles et des échanges entre les habitants d’un même village, il existait également des échanges avec l’extérieur du village. Muletiers ou paysans traversaient les montagnes avec leur âne ou leur mule chargé(e) de marchandises pour commercer avec d’autres villages ou villes. C’était par exemple le cas de Pietraserena qui vendait du vin à Corte et en rapportait des biens non produits au village.

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fourrage aux animaux. En octobre-novembre, toute la famille réunie, parfois avec l’aide de journaliers, ramasse les châtaignes tombées au sol. Ils se disposent en ligne en bas de la parcelle et remontent progressivement tous ensemble, munis d’une ruspaghljola (petite fourche à trois dents avec laquelle on écarte des châtaignes les feuilles et les bogues) et d’un spurtellu (paniers) (figure 15), au rythme de la récolte. Chargées sur le dos d’un âne ou d’une mule, les châtaignes sont ramenées à la maison où, sous le toit, on les fait sécher sur des claies au-dessus d’un feu entretenu en permanence. On consomme la châtaigne sous de nombreuses formes, à partir des fruits entiers ou en farine. Une petite partie était gardée fraîche pour les animaux de bâts. A cette époque, un arbre donne environ 150 kg de châtaignes fraîches et il faut environ 4 t de châtaignes fraîches pour faire 1 t de farine.

Il arrive que l’on exploite le bois de châtaignier, pour la menuiserie ou la charpenterie.

Il y a quelques cas de châtaigneraies sous lesquelles on récolte des céréales ou du foin. Je n’ai pas l’explication de cette particularité.

Les jardins et les autres plantes pérennes

Ces familles ont des jardins, majoritairement en propre et parfois aussi en bail oral. Elles les cultivent avec des outils manuels sur des terrasses bordées d’arbres fruitiers (notamment des pommiers, des pruniers, des néfliers, des noyers). Les paysans fument leurs jardins avec les déjections de leurs propres animaux, ramassées dans la bergerie ou dans l’abri des animaux de bâts et des animaux du micro-élevage. S’y ajoute un transfert vertical de fertilité dû à la chute des feuilles des arbres fruitiers sur le sol.

Tous les villages ont des vignes et des oliviers auxquels a accès la grande majorité des familles. Celles-ci font du vin et de l’eau de vie avec le maigre équipement dont elles disposent dans des maisonnettes près des vignes et dans les caves de leur maison. Ces mêmes familles font leur huile soit dans des moulins familiaux, soit à façon dans des moulins appartenant à de grands propriétaires.

Les céréales

Parmi les céréales cultivées on trouve l’orge, le seigle, l’avoine, et surtout le blé. Elles sont cultivés sur la

presa, généralement en rotation avec des friches pâturés selon le schéma suivant :

Céréale/Céréale/Friche/Friche(/Friche)6. Il semble que la reproduction de la fertilité soit assurée

exclusivement par les années de friche. Le blé est moissonné en été à la faucille puis étalé sur des aires de battage situées dans des endroits ventés. Le battage était réalisé par les bœufs lors d’une opération appelée

tribbiera. Les rendements sont de 5 à 8 qx/ha. Les paysans amènent le grain au moulin où un meunier le

transforme en farine. Le micro-élevage

On distingue deux types d’élevage : un micro-élevage, destiné à l’autoconsommation avec des animaux gardés près de la maison, et un élevage avec plus d’animaux, dont les produits sont vendus ou échangés. Toutes les familles possèdent quelques poules et lapins. De rares familles ont quelques ruches.

Les paysans qui n’ont pas de bande de cochons ont un ou deux porcs gardés près de la maison et engraissés « à l’auge », ce sont les porcs dits mannarini. Ce dernier atteint les 90 à 150 kg au bout d’un an. Chaque foyer abat et charcute son porc mannarini. Traditionnellement, la charcuterie se fait après la saison des châtaignes, durant l’hiver, de sorte que les porcs soient « finis à la châtaigne », ce qui leur donne un goût

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particulier. De plus, le climat hivernal, plus frais et plus sec, présente de meilleures conditions pour le séchage de la charcuterie.

De même, les familles qui n’ont pas de troupeau de chèvres en ont une ou deux pour l’approvisionnement de la famille en lait ; ce sont les chèvres dites capre casareccie. Le lait est transformé en fromage et le petit lait est soit transformé en brocciu (fromage frais) soit donné aux cochons.

Le grand cheptel

Les porcs sont en bande de 30 à 200 têtes (il semble toutefois que ce soit plus fréquemment en dessous de la centaine) et atteignent 70 kg en un an du fait de leur alimentation et de leurs importants déplacements dans les chênaies et châtaigneraies à l’automne et en hiver. Ces porcs di banda, rendent une charcuterie plus maigre que les porcs mannarini. Ces porcs ne sont sous les châtaigniers qu’à l’automne, pour glaner après les récoltes ou bien dès le début de la saison sur des terrains dont l’éleveur est propriétaire ou sous bail oral. Le reste de l’année, ils sont maintenus à l’écart des cultures et des pacages.

Les troupeaux de chèvres sont de 150 à 250 têtes. Elles sont traites à la main le matin puis surveillées sur les pacages par le berger de la famille (ou parfois un enfant) qui

part pour la journée. Au printemps, elles sont traites également le soir. Les mises-bas ont lieu en mars et surtout en novembre, afin de vendre les cabris à Noël où la coutume corse est d’en consommer.

Les brebis ne sont conduites qu’en troupeau d’environ 250 têtes et avec un parcours de transhumance. La traite est également manuelle. Roquefort s’implantant en Corse dans les années 1890-1900, cette laiterie absorbe une part croissante des volumes de lait de brebis produits.

L’élevage bovin a toujours existé dans le paysage Corse. Tant que le blé était cultivé dans les montagnes, c’était un élevage surtout lié à la production de bœufs de trait, indispensables au travail des céréales et au battage (a

tribbiera). Mais c’est aussi l’occasion de vendre des veaux

au boucher du village. L’élevage bovin est alors fait de troupeaux de 5 à 20 têtes. Les paysans laissent leurs vaches sur des pacages toute l’année, sans surveillance. Dehors en permanence, le paysan leur donne seulement une alimentation d’appoint en hiver. La race Corse ne produit pas d’importants volumes de lait et n’a pas de qualité bouchère particulière. Toutefois, elle est d’une grande rusticité, qui lui permet de survivre dehors toute l’année et par toute les intempéries, et de continuer à mettre bas pratiquement tous les ans. Il y a une production de foin sur la presa mais elle est surtout destinée aux animaux de de trait et de bât (les bœufs et les ânes).

1.3.2 Les grands propriétaires terriens

Dans les villages, les grands propriétaires terriens vivent de la rente de leurs terres qu’ils louent le plus souvent en contrat à part de fruit à des familles plus pauvres. Celles-ci prennent alors à leur charge la totalité de l’itinéraire technique et rendent au propriétaire la moitié de la production issue du capital prêté (la moitié des porcelets, la moitié de la farine, etc.). Des terrains peuvent aussi être loués comme terres de

La propriété arboraire (Lamotte, 1956)

Jusqu’à récemment, un particulier pouvait posséder un arbre sur un terrain qui ne lui appartenait pas, suite à un accord ou à un héritage. Cela pouvait être le résultat d’un accord ou bien d’un héritage. Jusqu’au XIXe siècle, le

propriétaire des arbres ne devaient rien au propriétaire de la terre. Celui-ci devait veiller à ce qu’aucun animal ne vienne sur les terrains en période de récolte des fruits. Si l’arbre mourrait, le propriétaire pouvait en replanter un, ce qui rendait le droit arboraire particulièrement pérenne.

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parcours pour les troupeaux, à payer en nature ou en espèces, toujours plus cher que les communaux mais souvent de meilleurs terrains. Les propriétaires ne participant pas au processus de production, cela ne s’apparente donc pas à du métayage.

Les dernières familles de grands propriétaires ne vivant que de la rente de leur capital foncier, arboraire et animal disparaissent au début du XXe siècle, avec l’exode. Les descendants qui bénéficient encore de cette rente ont également une activité économique en parallèle, agricole ou non.

1.3.3 Les journaliers et autres emprunteurs

Pour subsister, certaines familles sont contraintes de vendre leur force de travail comme journaliers en allant participer aux différentes récoltes des cultures pérennes selon les saisons : fruitiers de jardins, oliviers, vignes et surtout châtaignes. Ils peuvent également se tourner vers les grands propriétaires terriens à qui ils empruntent des terres ou du capital en contrat à part de fruit. Dans des villages comme Ampriani, où les gens sont très majoritairement propriétaires des terres qu’ils travaillent, de nombreux journaliers viennent des villages alentours, et même du Fium’Orbo (une micro-région voisine, plus au sud). A la différence des familles avec de grands cheptels, ceux-ci n’ont généralement pas de grands cheptels.

1.3.4 Le boucher

Il y en a un voire deux par village. En plus de posséder quelques bovins, il en assure la transformation. Avec les pièces de viande découpées, il fait des paquets qu’il apporte aux familles. Nous notons ce métier car il a engendré des systèmes spécialisés bovins avec transformation bouchère, comme nous le verrons par la suite. Il a également été un débouché important pour les autres producteurs de veaux des villages.

1.4 La gestion communale du pacage

1.4.1 Le pâturage sur les communaux

Le parcours des animaux est constitué de terrains privés et de terrains communaux. Les terrains privés sont souvent meilleurs pour les animaux (prairies, résidus de cultures,…) mais les terrains communaux présentent alors l’avantage d’être à des coûts bien plus faibles, voire gratuits. Ainsi la commune gère-t-elle à cette époque une partie des parcours. C’est elle qui décide des prix alloués aux terres et des troupeaux qu’elle autorise à paître. Ainsi la ressource fourragère peut être préservée et des éleveurs n’ayant pas les moyens de payer des pacages privés ont souvent la possibilité d’accéder quand même à des communaux. Notons toutefois que la part de terrains communaux dans cette zone, au milieu du XIXe siècle, n’est en moyenne dans ces villages que de 4% du territoire de la commune (2% en excluant Pianello donc les communaux s’élèvent à 21% du fait de la présence des Caldanes sur son territoire).

1.4.2 La gestion collective des chèvres de maison

Le matin, un berger communal passe dans le village et récupère les capre casareccie. Il part les surveiller à la journée sur des pacages de la commune. Le soir, les chèvres retournent chacune vers la maison à laquelle elles appartiennent. Il y a des cas où des propriétaires de capre casareccie exercent cette fonction à tour de rôle, d’autres où ces chèvres sont toutes parquées au même endroit la journée, sans surveillance mais dans un enclos, et rentrent le soir pour la traite.

1.4.3 Le furestu

Chaque année, par arrêté communal, on déclarait une période à laquelle les animaux devaient sortir des châtaigneraies. Ainsi, début octobre, quelques jours avant le début de la récolte des châtaignes, chaque

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village sonnait le furestu, ce qui marquait le début de cette période. Dès lors, les animaux qui étaient sous les châtaigniers devaient rejoindre d’autres pacages, et ce jusqu’à la fin de la récolte, fin novembre.

1.4.4 Le garde champêtre

Le garde champêtre a avant tout un rôle de régulation ; les paysans l’appellent dans le cas où les animaux des uns vont sur les parcelles cultivées des autres. Il règle alors le litige entre le propriétaire de la bête aventureuse et ceux qui travaillent le champ, la châtaigneraie ou le jardin visité. En effet, ce genre d’accident compromet l’alimentation des familles, dans une période où la densité démographique est à son maximum. Au XVIIIe siècle, le garde champêtre est élu par l’assemblée des chefs de famille du village. Au XIXe siècle, il est souvent désigné par le maire. Il peut alors par dérive en subir l’influence et ainsi perdre une partie de son intégrité dans le règlement des conflits.

2. Le XXe siècle, marqué par l’exode rural et l’ouverture du marché

La figure 17 illustre les processus décrits dans cette partie.

2.1 Les montagnes se vident et la population ne se renouvelle pas

Les premiers exodes significatifs commencent dès les années 1870, lorsque de nombreux Corses partent faire carrière dans l’armée ou l’administration, encouragés par Napoléon III, sur le continent ou dans les colonies. Cette première vague n’est pas visible sur le recensement global car la population continue globalement de croître. Dans les villages de l’intérieur, les familles encouragent leurs enfants à saisir ces opportunités et ne pas poursuivre la dure vie de labeur qui a été la leur.

Beaucoup de jeunes adultes Corses partent sur le front lors de la Première Guerre mondiale et ne reviennent pas, morts à la Guerre ou restés sur le continent. La Deuxième Guerre mondiale prolonge l’hémorragie. Après la Guerre, on estime que les villages de l’intérieur de la Corse ont perdu environ 50% de leur population de la fin du XIXe siècle (Santoni, Martinetti, 1998). Les villages de la zone d’étude enregistrent par rapport à 1901 une baisse de 35% de la population en 1946. C’est surtout dans cette première moitié de siècle que la chute est la plus brutale, la population étant divisée par plus de trois entre 1901 et 1962 (figure 16).

En toile de fond se poursuit l’émigration de ménages corses vers le continent (principalement pour Marseille, Nice et Paris), les colonies, ou Bastia et Ajaccio, attirés par une vie qui, leur semble-t-il, serait meilleure qu’au village.

La plaine orientale est par endroit marécageuse et les anophèles propagent la malaria en été. Ce territoire est donc peu habité à l’année. Quelques familles, ainsi que de grands domaines céréaliers y cultivent les céréales, et certains bergers y transhument en hiver. Entre 1955 et 1975, la Société de Mise en Valeur Agricole de la Corse (SOMIVAC) réalise des aménagements agricoles dans la plaine orientale (démaquisage, travaux hydrauliques) afin de faciliter l’implantation d’agriculteurs sur cet espace. Dès lors, la plaine s’urbanise. Durant ce siècle, on assiste à un inversement démographique entre l’intérieur et le littoral7.

7 Il ne s’agit pas d’un transfert ; les habitants de l’intérieur ne migrent pas tous vers le littoral corse, du moins pas

directement. Le regain démographique des années 1960 est lié à la décolonisation : de nombreuses personnes rentrent en France et s’installent notamment dans la plaine orientale.

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