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Submitted on 1 Jan 1976
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Influence des dimensions de grains sur l’anomalie de la résistivité du nickel autour du point de Curie
Th. Rappeneau
To cite this version:
Th. Rappeneau. Influence des dimensions de grains sur l’anomalie de la résistivité du nickel au- tour du point de Curie. Journal de Physique Lettres, Edp sciences, 1976, 37 (9), pp.223-227.
�10.1051/jphyslet:01976003709022300�. �jpa-00231279�
INFLUENCE DES DIMENSIONS DE GRAINS
SUR L’ANOMALIE DE LA RÉSISTIVITÉ DU NICKEL
AUTOUR DU POINT
DECURIE
Th. RAPPENEAU Laboratoire
d’Optique
desSolides,
Université Pierre et Marie
Curie,
75230 Paris Cedex05,
France(Re _Cu
le 22 mars1976,
revise le 11juin 1976, accepte
le14 juin 1976)
Résumé. 2014 Les mesures de résistivité effectuées sur du nickel formé de cristaux très petits (15
Å,
25
Å)
ont permis de vérifier les résultats théoriques concernant l’abaissement de la température de Curie, l’arrondissement de la courbe 03B1(T) = d03C1/dT et de calculer l’exposant critique 03BD et la constante03BE0 liés
à lalongueur
de corrélation.Les valeurs du libre parcours moyen l des électrons et la variation de
03C1i(T)
(résistivité due aux imperfections du réseau et joints de grains) sont interprétéesqualitativement
en liaison avec lesfluctuations de
spins
et les tailles des cristaux.Abstract. 2014 A fractional shift in critical temperature and a rounding of the 03B1(T) =
d03C1/dT peak
are observed on very small grain-sized nickel (15
Å,
25Å).
The critical exponent 03BD and the constant 03BE0are computed. Results are compared with theoretical data.
The behaviour of the electron mean free path l and of 03C1i(T) (resistivity term due to defects and grain boundaries) is qualitatively related to spin fluctuations and grain size.
Classification
Physics Abstracts
7 . 480 - 8 . 212 - 8 . 534
1. Introduction. - Les etudes
theoriques
desphe-
nomènes
critiques [1, 2, 3]
sontgénéralement
effectueessur des modeles infinis et
homogenes.
Assez recem- ment, Fisher et Ferdinand[4, 5] prirent
en conside-ration le fait que les
systemes physiques
reels etaient finis etpossedaient
des limites(surfaces
etinterfaces, joints
degrains)
ainsi que des defauts(impuretes,
defauts
ponctuels, dislocations, tensions).
Aussi ont-ils
repris
leurs calculs sur la base de modelespresen-
tant des limites et
représentatifs
de 1’existence desjoints
degrains.
Leurs resultats fontapparaitre
que les dimensions des cristaux sontresponsables
d’undéplacement
dupoint critique
et d’un arrondissement despics caractéristiques
des anomalies auvoisinage
des
points critiques.
Cesphenomenes
sont difficile-ment decelables. Ils ont néanmoins ete observes au cours de mesures tres
precises
sur desferromagne- tiques [6, 7, 8, 9].
Leur etude seraitplus
aisée sur desmateriaux
presentant
des dimensions degrains
tresinferieures a celles que Fon rencontre normalement dans les echantillons
massifs,
maisqu’il
estpossible
d’obtenir sur des couches minces
preparees
par eva-poration
sous vide.L’objet
de cette lettre est depresenter
les resultats d’un travailexperimental
sur I’anomalie de la resis- tivite de couches minces de nickel a structure micro- cristalline danslesquelles l’ épaisseur
des couchesjoue
un role
negligeable
devant les dimensions des cristaux et de les comparer aux resultatsthéoriques
relatifsaux
phenomenes critiques.
2. Méthodes de mesures et resultats
experimentaux.
- Les couches ont etc
deposees
sur des supports en silice ou en verre parevaporation thermique,
sousultra-vide,
de nickel depurete 0,999
98 et stabilisees in situ par un recuit deplusieurs
heures entre 400 ~Cet 500 ~C. Les mesures de resistance furent ensuite effectuees
egalement in
situ. ’Les
renseignements
sur la structurecristallogra- phique
de ces couches ont ete fournis par etude aumicroscope électronique
derepliques
de carbonecffectuecs
apres
attaquechimique
desjoints
degrains.
Nous nous interesserons
plus particulierement
a deux types de structure :a) homogene :
cristaux de meme taille(environ
15
A)
pour une couched’epaisseur
95A ;
b) heterogene :
cristaux de tailles diverses(25 A,
30 a 50
A
otquelques
cristauxplus
gros de 100A
a 150
A)
pour une couched’epaisseur
510A evaporee
en trois
fois,
les recuits intermediaires ayantprovoque l’agglomération
despremiers depots.
Lesepaisseurs
ont été mesurees aux rayons X par la methode de
Kiessig [10].
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphyslet:01976003709022300
L-224 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES A
partir
des mesures de la resistance et des dimen-sions des
couches,
nous avons pu determiner leur resistivite et endeduire,
a I’aide de la theorie de Fuchs[11]
sur les effets de dimension dans les couchesminces,
la resistivite pqu’elles presenteraient
pourune
epaisseur
infinie. p est donccaracteristique
de lastructure
cristallographique
du nickel des couches.Les valeurs du libre parcours moyen des electrons de conduction I sont deduites de p sachant que le pro- duit
p .1 est
une constantecaracteristique
de metal[12].
La
figure
1 montre les courbesp(T)
relatives auxdeux types d’echantillons de nickel obtenus ainsi que
p(T)
pour un echantillon de nickel massif[13].
FIG. 1. - Variation de la resistivite en fonction de la temperature ; (a) p(T) pour l’echantillon a structure microcristalline homogene
a grains tres fins. (b) -p(T) pour l’echantillon a structure inhomogene.
La courbe p(T) pour le nickel massif a ete tracee d’apres les valeurs foumies par Potter [13].
Les
temperatures
de Curiecorrespondantes
ont eted6termmees a
partir
du maximum des courbesElles sont inferieures de
plusieurs
dizaines dedegres
au
point
de Curie du nickel massif et nous les note- ronsT~.
La resistivite
p(T)
peut etredecomposee
en deuxtermes :
Pe(T)
du aux interactions electrons deconduction/phonons
ainsiqu’aux
interactions d’ori-gine magnetique
pour lesferromagnétiques [14]
etpi(T)
du a la diffusion des electrons par lesimper-
fections du reseau
(joints
degrains
etdéfau ts). Pi
esttres
petit devant pe
dans le cas du nickelmassif,
maisici pi calculé a
partir
de la relation :pi(T)= p(T) - pe(T)
est du meme ordre de
grandeur
que p(environ p/5)
et augmente
lorsque
la taille des cristaux diminue.3. Loi de
divergence.
- La loi dedivergence
carac-téristique
des anomalies de la resistivite et de la chaleurspécifique
desferromagnetiques peut
s’écrire[15],
FIG. 2. - Variation de a = dp/dT en fonction de la temperature ; (a) echantillon a structure homogene tres fine : 7~ = 567 K;
(b) echantillon a structure inhomogene fine : 7~ = 582 K.
dans le cas d’un echantillon
inhomogene
et de dimen-sions finies
présentant
unpoint
de CurieT~
differentdu
point Tc caracteristique
du metal ideal(homogene
et
infini),
sous la forme :pour les
temperatures superieures
aT~
etpour les
temperatures
inferieures a7~
~4+
et A- sont des constantes et~+,
~_ caracte- risent ladivergence
de a. Nous avons effectivement verifie cette loi(Fig.
3 et4)
avec les valeurs suivantes des coefficients A :echantillon
a) :
echantillon
b) :
Ces valeurs sont en accord avec les resultats obte-
nus sur du nickel massif
[6, 7, 8, 16, 17] : :/).+=
0(divergence logarithmique);
~_ ~ 20130,3
etplus
rare-ment ~,_ = 0.
Theoriquement [2, 18],
~,_ est del’ordre de -
0,375.
FIG. 3. - Variation de da/dT en fonction de T - 7~ au-dessus du
point 7~; (a) echantillon a structure homogene tres fine : T,6 = 592 K;
(b) echantillon a structure
inhomogene
fine : 7"~ = 609 K.FIG. 4. - Variation de da/dT en fonction de T - 7 c ) I au-dessous du point 7"e; (a) echantillon a structure homogene tres fine ; (b)
echantillon a structure inhomogene fine.
4. Abaissement relatif de la
temperature
de Curie. -Expérimentalement,
nous avons trouvé que ledepla-
cement relatif du
point
duCurie,
était
proportionnel
au rapportpilp
calcule a la tem-perature 7~ :
7e
etantegal,
a une fraction dedegrc pres,
a la tem-perature
de Curie du nickel massif tres pur, nous1’avons
pris egal
a 630K,
valeur observée sur des echantillons de nickel degrande purete [13].
Lestemperatures
de CurieT~,
determinees apartir
descourbes
a(T),
sont 567 K et 582 Krespectivement
pour les echantillons
a)
etb).
5. Arrondissement de
~(~T);
exposantcritique;
lon-gueur de correlation. - On definit une
temperature
‘
7~
telle que, pour T >T~, da/dT
est exactementrepresente
par1’equation (1). 7~
est determine surles courbes de la
figure
3. Si l’on definit un arrondis- sement relatifon trouve que
L1 exp
est lie au rapport(pi/p)
calcule ala
temperature 7~
suivant la loi :Fisher et Ferdinand
[4, 5]
trouvent que 1’arrondisse- mentrelatif,
lie a la taillemoyenne na
des cristaux dusysteme suppose homogene (a
= constante duréseau),
a pour
expression c/nl~y
ou c est une constante carac-teristique
dusysteme
etv 1’exposant critique
lie ala
longueur
de correlation :v
apparait
ici car, a latemperature 7~,
lalongueur
fiacaracteristique
des dimensions dusystème
reel doitetre voisine de la
longueur
de correlation dusysteme
ideal. Ceci revient a ecrire que :
Or,1’exposant 0,68
trouveexpérimentalement
cor-respond
à la valeur de v laplus
courammentadmise,
_ 2^’ 3’
D’autre part,
(p/p;)Td.a
se trouveégal
à la dimen- sion moyenne na des cristaux(15 A
pour l’échantillon à structure microcristallinehomogene
tresfine,
snitL-226 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
la taille observee pour les
grains;
22 A pour 1’echan- tillon a structure microcristallineinhomogene,
valeurlegerement
inferieure a la taille laterale desplus petits grains (25 A)
maiscompatible
avec uneepaisseur
des cristaux
legerement
inferieure a leurs dimensions dans leplan
de lacouche).
11apparait
ainsi queAth’
=A exp et
quepï! p
caracterise essentiellement la resistivite due auxjoints
degrains. Enfin, (jo//9j.~
doit etre
egal
a~T~,
cequi d’apres
la formule(2)
donne Ço =2 Á.
C’est la valeurproposee
par Fisher[19]
pour
~o. ~
"6. Libre parcours moyen des electrons de conduction.
- Les resultats
precedents
concernent lesphenomenes critiques
engeneral, quelle qu’en
soit la nature. 11reste a etudier l’influence de la structure cristallo-,
graphique
sur lecomportement
des electrons deconduction,
caracterise par le libre parcours moyen l.Fisher et
Langer [18]
estiment que a - 10 K de7~
I est de l’ordre de
grandeur de ~
dans le cas du nickelmassif. La
figure
5represcnte
les courbes~(T)
etl(T)
deduites des resultats
precedents
ainsi que/(7")
obtenu sur un echantillon de nickel massif. Leurs intersections se situent a
Tc -
11 K(nickel massif);
FIG. 5. - Courbe
tracee avec les valeurs ~o = 2 A et v = 0,68 calculees a partir de
nos mesures. Les valeurs de [ et [massif sont deduites de p et Pmassif a partir de la relation :
(a) Echantillon a structure homogene tres fine ; (b) Echantillon a structure inhomogene fine.
f’e -
15 K(grains fins)
et7~ 2013
16 K(grains
tresfins).
L’ecart augmente
lorsque
les cristaux deviennentplus petits
par suite de la diminution du libre parcours moyen.Les memes auteurs
[18]
attribuent1’augmentation
monotone de la resistivite du nickel autour du
point
de Curie a un amortissement de la fonction de corre- lation
spin-spin F(R)
par un facteurp(R)
de la formeexp(- R/l)
ou R est la distance entrespins.
Or onconstate que I a sensiblement la meme valeur pour
nos deux echantillons que pour le nickel massif a leurs
temperatures
de Curierespectives (Fig. 5).
On peut donc admettre que 1’arrondissement des courbesp(T)
eta(T)
dans le cas d’echantillons agrains
tresfins,
de dimension n-a inferieure al, correspond
a unamortissement
plus important
de la fonctionT(R).
7. Diffusion
critique
des electrons auvoisinage
de
T;.
-L’augmentation importante
de pi au voisi- nage de latemperature T~
peut etre attribuee a la diffusion des electrons de conduction due aux fluc- tuations despins.
Les courbespi(T) (Fig. 6) rappellent
en effet
I’aspect
des courbesrepresentant
la trans-formee de Fourier
t(K, T)
de la fonction de corre- lation de densite despin
pour differentcs valeurs d’unvecteur d’onde effectif K lie au reseau
[18].
Le maxi-mum de
pi(T)
se situe a unetemperature T MAX supe-
rieure a
T~
et on constate que(TMAX - Te’)
augmentelorsque
les dimensions desgrains
diminuent(16
Kpour 1’echantillon
b)
et 26 K pour 1’echantillona)).
FIG. 6. - Courbes pi(T) : (a) Echantillon a structure homogene
tres fine ; (b) Echantillon a structure inhomogene fine.
En outre, la structure
joue
un roleimportant
dans1’allure des courbes. A une structure
cristallogra- phique homogene correspond
unecourbe
caracte-ristique
def(K, T)
avecT MAX
=Ta.
On retrouvebien le fait
qu’a TMAX, ç
estegal a
la dimension moyenne desgrains
n-a(l’inverse
de n-arepresentant K).
Parcontre, dans le cas de 1’echantillon
inhomogene, TMAX
est different de
7~ :
la courbe sepresente
comme1’enveloppe
de courbes relatives aux différentes tailles degrains
etT MAX
est inferieur a7~
en raison de la contribution de cristauxplus
gros que ceuxqui
inter-venaient pour fixer la valeur
7~.
8. Conclusions. - L’etude de la
resistivite,
dans le domainecritique,
d’echantillons de nickel a structure microcristalline apermis
de vérifier les resultatstheoriques
concemant un modele de dimensionsfinies et de calculer les coefficients et exposants cri-
tiques ~,,
v et~o.
La diffusioncritique
des electrons de conduction par les fluctuations despins
se manifestedans le terme de resistivite dQ aux
joints
degrains.
L’amortissement de la fonction de correlation
spin- spin parait
du a lalimitation
de la distance d’interac- tion entrespins
par lesjoints
degrains.
L’ensemble du travail dont cette lettre
presente
lesresultats fera
l’objet
d’unepublication plus complete
et
plus explicite.
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