R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
A. V ESSEREAU
Plans d’échantillonnage progressifs par attributs. Application aux plans normalisés MIL-STD 105 D
Revue de statistique appliquée, tome 30, n
o2 (1982), p. 5-20
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1982__30_2_5_0>
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PLANS D’ECHANTILLONNAGE PROGRESSIFS PAR ATTRIBUTS APPLICATION AUX PLANS NORMALISES MIL-STD 105 D
A. VESSEREAU
L’expression
"contrôle par attributs" recouvre deuxaspects
différents du contrôlequalitatif:
- le contrôle de la
"proportion
p de défectueux"(0 p 1); chaque
individuprélevé
est classé "bon" ou "défectueux" suivantqu’il
satisfait ou non à unenorme de
qualité
définie.- le contrôle du "nombre moyen de défauts par
unité" ;
les unités contrôléespeuvent
être des matérielscomplexes,
deslongueurs
ou surfaces d’une matière continue(fil, ruban, papier, ...) susceptibles
decomporter plusieurs défauts,
etc... ; en conservant la notation p, on a ici 0P ~ ~.
Un
plan d’échantillonnage
par attributspeut
être"simple".
Un échantillon d’effectif n estprélevé
dans le lot àcontrôler,
et le nombre de défectueux ou de défauts estcomparé
à un "critèred’acceptation"
A. S’il est auplus égal
à A le lotest
accepté,
s’ildépasse
A le lot estrejeté ("critère
derejet"
R = A +1).
On sait
qu’il
estpossible
de construire desplans
"doubles" ou"multiples"
dont l’efficacité est très voisine de celle d’un
plan simple
donné. Le contrôle s’effec- tue alors parétapes: après
examen de chacun des échantillons successivementpré-
levés
(d’effectifs généralement égaux)
le nombre cumulé de défectueux ou de défauts estcomparé
à des critèresd’acceptation Ai
et derejet Ri (i
=1,
2... k dansun
plan multiple
à kétapes).
S’il est auplus égal
àAi
le lot estaccepté,
s’il est aumoins
égal
àR.
>A.,
il estrejeté,
s’il estcompris
entreA.
+ 1 etR. -
1 on passe àl’étape suivante.
A ladernière étape (i
=k), Rk = Ak
+1.
1L’intérêt des
plans doubles,
et surtoutmultiples,
estqu’ils
sont en moyenneplus économiques (en
nombre d’individus àcontrôler)
que leplan simple
correspon- dant -encontre-partie
ils sont d’exécutionplus
délicate.La
généralisation
duplan multiple
est le"plan progressif ’ (en anglais
"sequential").
La décision"acceptation", "rejet",
ou "contrôle d’un individusupplémentaire"
estprise
àpartir
du nombre cumulé de défectueux ou de défauts constatédepuis
le début du contrôle. Lesplans progressifs
sont,très’généralement,
les
plus économiques ;
leurs difficultésd’application, qui
résultent notamment ducaractère aléatoire de l’effectif total contrôlé
jusqu’à
décisiond’acceptation
ou derejet,ne
doiventcependant
pas êtreignorées.
Un
plan progressif
satisfaisant à des conditions d’efficacité données s’ob- tient facilement àpartir
de la méthodegénérale
due à A. WALD[ 1 ] (voir
aussiWETHERHILL
[2] ; l’application
de cette méthode au contrôle de laproportion
de défectueux
figure
d’ailleursexplicitement
dansl’ouvrage
de WALD.L’applica-
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
6
tion au contrôle du nombre moyen de défauts par unité est moins connue ; bien que, fort
vraisemblablement,
ellefigure
dans des ouvrages ou articlesdéjà publiés,
nous n’en avons
personnellement
trouvé trace(partiellement)
que dans une norme indienne[3].
. Dans cette note nous
rappelerons
brièvement les résultatsgénéraux
de laméthode de WALD et leur
application
au contrôle de laproportion
de défectueux.Nous exposerons ensuite
l’application
au contrôle du nombre moyen de défauts par unité. Dans une dernièrepartie,
nous donnerons lescaractéristiques
essentielles desplans progressifs correspondant
auxplans (simples, doubles, multiples) qui figurent
dans la norme américaine MIL-STD 105
D,
normalisée au niveaufrançais
sous laréférence NF.X06-022 et au niveau international ISO 2 859.
1. RAPPEL DE LA METHODE DE WALD
1.1.
Principe
Le choix entre deux valeurs
fixées 0,
1 et 9 duparamètre
0 dontdépend
laloi de
probabilité
d’une variable aléatoire X(choix qui correspond
au test del’hypothèse 0 0
1 contrel’hypothèse alternative 0 > 0 ; )
est basé sur la valeurdu
rapport
desvraisemblances
d’un échantillond’effectif
n sous leshypothèses
°2 et 9 1,
soitLn (°2) (L
= initiale de"Likelihood").
Ln (03B81)
Tant que pour n =
1, 2, ...
cerapport
restecompris
entre deux nombres B et A(B A) l’échantillonnage
estpoursuivi.
Il cesse :- avec
acceptation
del’hypothèse
- avec
acceptation
del’hypothèse
0 =
En
fonction desrisques
a derejeter l’hypothèse 0 = 0,
1(donc d’accepter
(J =
2) quand 91
estvrai,
etj3
derejeter (J = (J2 (donc d’accepter 8 = 91 ) quand (J 2
estvrai,
on a :L’erreur est
pratiquement négligeable lorsqu’on prend:
1.2. Courbe d’efficacité
L’équation
de lacourbe,
dite "courbed’efficacité", qui donne,
pour toute valeur03B8,
laprobabilité P(8)
de conclure en faveur de6 , s’exprime
defaçon
para-métrique
par:Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
où À est la fonction de 0 définie de la
façon
suivante :f(x,0)
étant laprobabilité
attachée à la valeur x de la variable discrèteX, À(8)
est tel que:(si
la variable X estcontinue,
la sommation estremplacée
parl’intégrale
dans ledomaine de
X).
1.3. Effectif moyen
jusqu’à
décisionIl
dépend
de la valeur de 0. Enposant E (n) = ne (espérance
mathéma-tique
de n, enanglais "average sample number, ASN ")
on a:expression
danslaquelle :
P(0)
etf(X , 8 )
ont été définis en 1. 2.2. APPLICATION AU CONTROLE DE LA PROPORTION DE DEFECTUEUX
Sous les réserves habituelles
(prélèvements indépendants,
non exhaustifs oupratiquement
nonexhaustifs)
la "variable dedépart"
X est la variable d’alternative deparamètre 8
= p.A 0 1 et é2 correspondent respectivement pl
etp2 ;
lesrisques
associés étant a
et {3, pl
et p2 définissent lesqualités
que l’on souhaiteaccepter
(probabilité
derejet a)
etrejeter (probabilité d’acceptation j3).
2.1. Exécution du contrôle
(Voir [ 1 ] pour
l’établissement des formulesci-après).
8
Le contrôle se
poursuit
tant que le nombre cumulé de défectueuxDn
restecompris
entre les limitesAn
etRn fonctions
de n définies par :Il se termine par
l’acceptation
du lot dès queDn ~ An
ou par lerejet
dès queD ~ R. n n
n n
-
h,
1 eth2
sont les ordonnées àl’origine
des "droitesd’acceptation
et derejet",
s est la
pente
commune de ces droites.h, et h2 sont
fonctions dePl, p2,
a et03B2:
(lorsque
a= (3, h h 2)’
s n’est fonction que de
pl
etP2:
2.2. Courbe d’efficacité
Elle a pour
équation paramétrique (- 00
Àoo) :
et passe par les
points particuliers
suivants :Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n" 2
lorsque
a =j3,
à p = scorrespond
P =0,50 (point
d’indifférence de la courbed’efficacité).
Dans ce casparticulier,
leparamètre X peut
êtreéliminé,
ps’expri-
mant alors directement en fonction de P.
2.3. Effectif moyen contrôlé Il a pour
expression générale :
où P
s’exprime
en fonction de p comme il a été dit en 2.2.(formules (8)).
, Les valeurs
particulières ci-après, exprimées
en fonction desparamètres h t,
.
h 2
et s définis en 2.1.(formules (6)
et(7)) permettent
de tracer avec une approxi-mation
suffisante la courbereprésentant
n en fonction de p.pour p = 0
pour p =
pl
pour p = s
pour p -
P2
pour p = 1
(100%)
nombre entier immédiatement
supérieur
nombre entier immédiatement
supérieur
Le maximum de
np se
trouve auvoisinage
de la valeurns.
3. APPLICATION AU CONTROLE DU NOMBRE MOYEN DE DEFAUTS PAR UNITE
La variable de
départ
X est ici la variable de Poisson deparamètre
C = p(0p oo):
La vraisemblance attachée à un échantillon d’effectif n est, sous les
hypo-
thèses p =
Pl
et p =p2 :
10 3.1. Exécution du contrôle
En
posant (nombre
de défauts dansl’échantillon)
lerapport
des vraisemblances est :L’échantillonnage
continue tant que cerapport
restecompris
entreB = 0 -
et A
1 - 03B2
Il cesse dès
qu’il devient au moins égal à
A(acceptation
de1 - a
et A = 201320132013. Il cesse dès
qu’il
devient au moinségal
à A(acceptation
del’hypo-
thèse p =
p2 : rejet
dulot)
ou auplus égal
à B(acceptation
dulot).
En
passant
auxlogarithmes népériens
dansl’expression (10),
on voitqu’il
y a
acceptation
siy An,
etrejet
siy ~ Rn, An et Rn
étant les critèresd’accep-
tation et de
rejet,
fonctions de n, définis par :Ces
équations peuvent
s’écrire :en
posant :
(formules
à comparer aux formules(6)
et(7)
duparagraphe 2.1.).
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
Comme dans le contrôle de la
proposition
de défectueux -hl
eth2
sont lesordonnées à
l’origine
des "droitesd’acceptation
et derejet"
ets leur pente
com-mune, mais leurs
expressions
en fonction depl, p2 ,
aet 03B2
sont différentes.3.2. Courbe d’efficacité
Les
expressions générales
données par les formules(1)
et(2)
duparagraphe
1.2. deviennent
ici,
avecf(x, 0
=p)
=e-p px
x!
A(p)
défini par:Cette dernière
expression
s’écrit :soit,
enprenant
leslogarithmes népériens :
d’où l’on tire :
L’équation paramétrique (- 00
X +oo)
de la courbe d’efficacité est finale- ment :(à
comparer aux formules(8)
duparagraphe 2.2.)
12
On vérifie aisément que cette courbe passe par les
points
suivants :Pour À =
0,
p et Pprennent
la forme0/0.
On lève facilement l’indétermination enprenant
les dérivées parrapport
à À du numérateur et dudénominateur ;
on trouveainsi:
Lorsque
a =(3,
à p = scorrespond P a
=0,50 (point
d’indifférence de la courbed’efficacité).
Dans ce casparticulier, on
voit facilement que leparamètre
Xpeut
êtreéliminé ;
ps’exprime
alors directement en fonction de P.3.3. Effectif moyen contrôlé
On
applique
les formulesgénérales (3)
et(4)
duparagraphe 1.3.,
avec:Il vient :
où P
s’exprime
en fonction de p comme il a été dit en 3.2.(formule
à comparer à la formule(9)
duparagraphe 2.3).
On obtient aisément les valeurs
particulières
suivantes denp, exprimées
enfonction des
paramètres hi, h2
et s définis en 3.1.(formules (12)):
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
pour
p = 0 (P = 1) no -
nombre entier immédiatementsupérieur
pour p =
pi
pour p =
p2
pour p = 00
(nombre
entier immédiatementsupé-
rieur à la valeur 0 donnée par la for-
mule ( 16))
Pour p = s, dans la formule
(16)
nprend
la forme0/0;
Wald donne pour valeurapprochée
de n :(Z
donné par la formule(15)).
(formule (14))
on trouve, toutes réductions faites :Le maximum de
n
se trouve auvoisinage
de la valeurns.
4. PLANS PROGRESSIFS CORRESPONDANT AUX PLANS MIL-STD 105 D
Utilisant les Tables X des MIL STD 105 D
qui donnent,
pour chacun desplans
contenus dans ce document les valeurs depl %
etp % correspondant
auxprobabilités d’acceptation
P = 90% (a
= 10%)
et P =10 % (03B2
= 10%)
on acalculé les
plans progressifs
définis par les valeurs(pi , a)
etp2 , (3);
les courbesd’efficacité des
plans
MIL-STD 105 D et desplans progressifs correspondants
pas-14
sent aussi
près
quepossible
par les deuxpoints
ainsi définis etpeuvent
être consi- dérés commepratiquement identiques.
Les calculs ont été
faits,
d’unepart
pour le contrôle de laproportion
de défectueux(Table 1),
d’autrepart
pour le contrôle du nombre moyen de défauts par unité(Table 2),
pour tous lesplans
àpartir
de la lettre-code D(n ~ 8),
encontrôle
normal ;
on aajouté
lesplans
en contrôle renforcéqui
necorrespondent
à aucun
plan
en contrôlenormal ( 1 ).
Dans la
partie gauche
des Tables on trouve l’identification duplan
MIL-STD105
D,
oùNQA désigne
le "niveau dequalité acceptable" ("acceptable quality
level =
AQL"), qui correspond
à uneprobabilité
élevéed’acceptation (de
88%
à 98
%
suivant lesplans) :
L. C. = lettre code
(de
D àR)
n = effectif d’échantillon du
plan simple
A = critère
d’acceptation
NQA
= valeur duNQA
en contrôlenormal,
sauflorsque
celle-ci estaccompagnée
des mentions CN
(contrôle normal)
ou CR(contrôle renforcé)
pl % - et
p2
- % =proportion
d’individus(Table 1)
ou de caractères(Table 2)
défec-tueux
correspondant
auxprobabilités d’acceptation 0,90
et0,10.
Dans la
partie
droite des Tables on trouve lescaractéristiques
essentielles desplans progressifs correspondants :
h
(+
h et - h sont les ordonnées àl’origine
des droites derejet
etd’accepta- tion)
s
= pente
commune des droites derejet
etd’acceptation n =
effectif moyen contrôlélorsque
p = 0n = " "
P = Pl
n s ="
" p = sii P2
= " "p P2
n 2 (Table 1)
"p 100%
n~
(Table 2)
"p = 00 (noo = 1)
Compte-tenu
des valeurs choisies a== j3,
les courbes d’efficacité de tous lesplans
ont pour ordonnées P = 50 % pour p = s
(point d’indifférence).
L’économie moyenne
(par rapport
auplan simple)
estgénéralement
trèsimpor-
tante pour les lots de très bonne
qualité (p pl ) ;
elle est de l’ordre de 25 à 30%au
voisinage
du"point
d’indifférence".On notera
toutefois,
comme il est aisé de lecomprendre,
que l’économie est nulle pour lesplans
où le critèred’acceptation
A = 0(plans
peu recommandésen raison de leur très faible
sélectivité).
(1) Nous adressons ici nos remerciements à Mademoiselle CONFAIS qui a bien voulu
se charger de la programmation et du passage sur ordinateur.
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
TABLE 1
Contrôle de la proportion d’individus défectueux
16 TABLE 1
Contrôle de la proportion d’individus défectueux (suite)
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
TABLEAU 2
Contrôle du nombre moyen de défauts par unité
18 TABLEAU 2
Contrôle du nombre moyen de défauts par unité (suite)
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2
TABLEAU 2
Contrôle du nombre moyen de défauts par unité (suite)
20 REFERENCES
[1] WALD
A. -Sequential analysis.
JohnWiley
&Sons,
London &New-York, (1947).
[2]
WETHERILL -Sequential
methods in statistics. Traductionfrançaise
par P.Gabe "Méthodes
séquentielles
enstatistique" Dunod,
Paris(1969).
[3]
INDIAN STANDARD - IS.2500(Part I). Inspection by
attributes andby
count of defects
(1973).
Revue de Statistique Appliquée, 1982, vol. XXX, n° 2