A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
A NDRÉ A VEZ
Le ds2 de Schwarzschild parmi les ds2 stationnaires
Annales de l’I. H. P., section A, tome 1, n
o3 (1964), p. 291-300
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p. 291
Le ds2 de Schwarzschild parmi les ds2 stationnaires
André AVEZ Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. I, no
3, 1964,
Section A :
Physique théorique.
SOMMAIRE. - Sous des
hypotheses simples
le seul ds’statique orthogonal regulier
connu est celui de Schwarzschild. Parexemple,
les ds2statiques orthogonaux
àsymétrie cylmdrique presentent
tous dessingularités
surFaxe de
symetrie.
Il est donc naturel deconjecturer
avec Lichnerowicz que si un modèle d’univers estrégulier, complet,
àcomportement asympto- tique euclidien, stationnaire, porteur
d’un fluideparfait
dont leslignes
decourant coincident avec les
lignes
detemps,
c’est un modèle de Schwarz- schild. On se propose de demontrer cetteconjecture.
Cela réduit considera- blementl’axiomatique
du ds2 de Schwarzschild en lapurgeant
de seshypo-
theses de
symetrie sphérique.
SUMMARY. 2014 A Lichnerowicz’s
conjecture
isproved :
if acosmological
model is
regular, stationary, complete,
with euclideanasymptotic behaviour, carrying
aperfect
fluid whosetrajectories
coincide with timelines,
it is aSchwarzschild’s model.
The Schwarzschild’s dsz axiomatic is
considerably
reduced because the elimination of thespheric-symmetry hypothesis.
We observe thatWeyl’s ds2,
withcylindrical symmetry,
are not of thetype
studied :they
carrysingu-
larities on the
symmetry
axis.I
NOTATIONS ET
DEFINITIONS
1. Notations. - Ce sont celles de Lichnerowicz : Theories relativistes de la
gravitation
et de1’electromagnetisme.
Masson(Paris) ;
ouvrage note(L)
par la suite.
292 ANDRE AVEZ
2.
Espaces-temps produits
stationnaifes((L),
p.109).
- Soit Rla droite
numerique.
Nous dironsqu’un espace-temps V4
est unproduit
stationnaire s’il existe une variété a trois dimensions
V3
de classe C4 et unhomeomorphisme
h de classe C4 deV4
surV3
x R satisfaisant :a)
Les varietes h-l({ x ~
xR),
ou xe Vs,
sont orientees dans letemps.
On les
appellera lignes
detemps.
b)
Les varietes x{ t }),
ou t E R sont orientees dans1’espace.
On les
appellera
sectionsd’espace.
c~
Lametrique
deV4
est de classe C3. Leslignes
de temps sont lestrajec-
toires d’un groupe d’isometrie ne laissant invariant aucun
point
deV,~.
Si,
en outre, leslignes
de temps sont lestrajectoires orthogonales
des sec-tions
d’espace, V4
sera ditespace-temps produit statique orthogonal.
3.
Completude ((L),
p.135).
- SoitV4
unespace-temps produit
sta-tionnaire. Sa
metrique
induit sur une sectiond’espace Wa
unemetrique
dennienegative
gij. Nous dirons queV4
estcomplet
si lesWa
sontcomplets
dans lamétrique elliptique
- gij.4.
Comportement asymptotique
euclidien. - La définitionadoptée
est celle de
(L),
p. 139.5. Fluide
parfait ((L),
p.14).
- Un schema sera dit fluideparfait
sile tenseur
impulsion-energie
a la forme :T cxr3
=(p
+ pgap, oùp est
ladensité,
p lapression,
Ucx la vitesse unitaire du fluide. Desequations
d’Einstein,
on tire : .ou x est une constante ne
dependant
que du choix des unites.LEMME 1. - Si un
espace-temps produit statique orthogonal V4 porte
un fluide
parfait
dont leslignes
de courant coincident avec leslignes
detemps,
p
et p
nedependent,
sur une sectiond’espace,
que de lanorme E2
du vecteur deKilling
PREUVE : Les
equations
dinerentielles deslignes
de courant s’ecrivent((L),
p.37) :
Mais
293
LE dfl DE SCHWARZSCHILD
donc :
Rapportons V4
ausystème
de coordonnéesorthogonales
défini par leslignes
de
temps ~
= f =1, 2,
3 et les sectionsd’espace. Puisque I" = 0,
il vient :
~- ...
II
COORDONN~ES ORTHOGONALES
Dans ce
paragraphe
et les suivants les indices latinsprendront
les valeurs de1, 2,
..., n, les indicesmajuscules 1, 2,
..., n - 1.Soit
Vn
une variete à n dimensions munie d’unemetrique
gij de classe C3.Rapportons
localementVn
a unsysteme
de de coordonnees telque les
courbesxA =
constante, A == 1,
...,n - 1,
soientorthogonales
aux varietes*
xn = constante. La
metrique
deVn prend
la forme : ds2 =V 2(dxn)2
+ds2,
*
ou ds~ =
gABdxAdxB
est lametrique
induite sur xn = constante. Affectons dusigne
* les elements relatifs a la variete xn = constante munie de la metri- que gAB. Nous définissons un tenseur sur xn = constante par lesegalites :
et nous poserons :
Calculons les
rikj :
294 ANDRÉ AVEZ
Calculons les
soit :
soit :
Calculons les
Or : d’ou :
295
LE dfl DE SCHW
III
BNONCE
DUTHÉORÈME
FONDAMENTALI. Le theoreme fondamental. - Si un modèle d’univers
V4,
est :a)
unproduit stationnaire,
b) complet,
c)
acomportement asymptotique euclidien,
d) porteur
d’un fluideparfait
dont leslignes
de courant coincident avecles
lignes
detemps,
e)
telqu’aux points
d’une sectiond’espace
ou~~
=0,
Det(a~; ~) ~ 0,
c’est un modele de Schwarzschild.
On en deduit immediatement :
COROLLAIRE. - Si un modele d’univers est
a’)
unproduit statique orthogonal,
b’ ) complet,
.c’)
lanorme E2
du vecteur deKilling
tendant vers 1 par valeurs inferieures dans le domaine a l’infini des sectionsd’espace,
d’) porteur
d’un fluideparfait, e’ )
vérifiant lee) ci-dessus,
c’est un modele de Schwarzschild.
2. Reduction du
problème. 2014 D’apres
un theoreme de Lichnerowicz((L),
p.146),
a,b,
c, d entrainent queVI,
est unproduit statique orthogonal.
En le
rapportant
ausysteme
de coordonneesorthogonales
denni par leslignes
detemps
et les sectionsd’espace,
lesequations
d’Einstein s’ecrivent((L),
p.136) compte
tenu de(1)
etde u;
=0,
uouo== ~2 :
296 ANDRE AVEZ
où gij
est lametrique
dennienegative
des sectionsd’espace, Rt,
leur tenseurde
Ricci,
V et la derivee seconde covariante et leLaplacien de ç
sur une section. Tout revient donc a determiner sur une variete a trois dimen- sions
Wg
unefonction ç
et unemetrique elliptique
- gij vérifiant(14)
et
(15).
Au
voisinage
d’unpoint
deWg
ou3~ ~ 0, rapportons Wg
ausysteme
decoordonnees
orthogonales
dennit par les surfaces x3= ~
= constanteet leurs
trajectoires orthogonales xl
= x2 =(x2)o.
Nous pouvons iden- tifier cevoisinage
avec la varieteVn
de la 2epartie (n
=3), ~
avec .x3.Ainsi,
les
grandeurs
affectees dusigne
* seront relatives auxsurfaces ~ = ~o.
Afin d’ecrire le
systeme ( 11 ), (12), (13),
remarquons que3~
==8f.
Parsuite : soit :
Remarquons
aussi ue= 2 1
Avec
( 14)
et( 16), ( 11 ), ( 12), ( 13)
s’ecrit :Avec
(16), ( 15)
s’ecrit :soit
Etablissons
deux dernieres formules :or
Ainsi :
297
LE tJs2 DE SCHWARZSCHILD
par suite :
Contractons en
gAB
les deux membres de(17)
en tenantcompte
de cette dernière relation :Remplaqons AzV
+ par sa valeur tiree de(19)
et utilisons(20)
pour chasser
2014 :
IV
DÉMONSTRATION
DUTHÉORÈME
On se
place systématiquement
sous leshypothèses
du théorème.*
1. Lemme 2. - V et R sont constants sur une même composante
;onnexe d’une
surface ç
== constante.- A cause de la
connexité,
il suffit de la démontrer localement.*
Faisons
opérer ~B
sur les deux membres de(17).
*
Calcul de on utilise
(22).
*
Calcul de
Mais d’une
part :
ANN. INST. POINCARÉ, A-1-3 20
298 ANDRE AVEZ
D’autre
part :
Calcul de
Les identites de Ricci
donnent :
*
Pour faire
operer
V° sur les deux membres de(17),
tenonscompte
des calculsprecedents.
11 reste :* *
Remplaçons ~B03A9AB
et62V
par leur valeur tirée de(18)
et(19) :
Mais
d’apres
le lemme1,
valide sous noshypotheses,
=0;
donc=
0,
et V est constantsur ~ _ ~o. Ainsi, V,
pet p
nedependent
que deç.
*
D’apres (20), puis (21 ),
il en est donc de meme de K et R.2. Lemme 3. -
Designons
parMr
le nombre(eventuellement infini)
de
points
deW3
=0,
la formequadratique
XiXj comportantr
signes
moins en cepoint.
AlorsMi
=M2
= 0.299
LE dfl DE SCHWARZSCHILD
Preuve : Le lemme 2 montre que = =
= gaa
= Vtne
depend
que de~.
Donc :Prenons la derivee covariante des deux membres et
plagons-nous
en unpoint
ou = 0(point isole, puisque
Det(~~) ~ 0) :
L’hypothese
e entraine Detç)
= Dét(~-l; ~) ~ 0,
donc :Par suite XiXj =
f.gijXiXj
est une forme définie.3. Lemme 4.
- M3
= 0.Preuve : Si
M3
#0,
celasignifie qu’il
existe unpoint x
deW3
ou~-~ ~
=0,
la formequadratique - elliptique :
ce
qui
contredit(15) d’apres lequel :
4. Lemme $.
- Mo
= 1.Preuve :
D’apres l’hypothèse
c, il existe~o
assez voisin de 1 pour que D= {~; x E W3, ~(x)
contienne tous lespoints singuliers
de~.
Ainsi,
D estcompact,
connexe, cimplique
que son bord M) estdiffeomorphe
a
S2,
tous lespoints critiques de ç
sont dans D et la valeurde ~
sur ~-Dest
superieure
aux valeursde ç
sur D - ~D. Onpeut
doncappliquer
lesinegalites
de Morse(3).
En
designant
parBr
le rième nombre de Betti de D et enposant :
300 ANDRÉ AVEZ
Compte
tenu deBo
=1, M~
=M2
=Ma
=0, il
reste :5. Lemme 6. - Soit
Vn
une variete connexe de classe C2 surlaquelle
est de6nie une
fonction ~
de classe C2. S’il n’existe surVn qu’un
seulpoint
ou
~1 ~
= 0 etqu’en
cepoint
estelliptique, Vn
estdiffeomorphe
aRu
et
les ç
= constante sontdiffeomorphes
a Sn-l.Preure : Voir Morse
(lemme 7,
p.360).
7. Demonstration du theoreme fondamental. -
D’après
Ie lemme5,
il n’existe sur une sectiond’espace Wa qu’un point
0 ou0-ç
= 0 et en cepoint
estelliptique.
D’apres
le lemme6, V3
est doncdiffeomorphe
a R3. La demonstration dece lemme montre que les
lignes integrales de 0- ç
et les surfacesdiffeomorphes
a
S2 : ç
= constante, constituent unsysteme global
de coordonnees ortho-gonales
surW3 - {
0}. D’apres
le lemme2,
lessurfaces 03BE = Ço
forment unefamille de surfaces
paralleles
et a courbure constante. Lametrique
de Wgecrite dans le
systeme
de coordonnees ci-dessus : ds2 =V2(dç)2
+gABdxAdxB,
ne
depend
donc que de~,
ainsi que pet p (lemme 1).
On sait alors queV4
est un modele de Schwarzschild.
Je remercie les
professeurs
Ehlers et Kundtqui
m’ontsignale
unesimplication
du Lemme 4.A.
AVEZ,
C. R. Acad. Sci. Paris, t. 257,1963,
p. 3316-3318.A. LICHNEROWICZ, Théories relativistes de la gravitation et de
l’électromagnétisme,
Masson, Paris.M. MORSE, Transactions
of
the American Mathematical Society, t. 27,1925,
p. 345- 396.( Manuscrit reçu le 26 mars 1964) .