A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
J EAN -P IERRE C ONZE
Entropie des transformations affines et des flots sur les espaces homogènes compacts
Annales de l’I. H. P., section B, tome 8, n
o1 (1972), p. 67-81
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Entropie des transformations affines
et des flots
surles espaces homogènes compacts
Jean-Pierre CONZE
(*)
Ann. Inst. Henri Poincaré, Section B :
Vol. VIII, n° 1, 1972, p. 67 - 81. Calcul des Probabilités et Statistique.
RÉSUMÉ. - Soient G un groupe de Lie connexe, r un sous-groupe discret de G tel que le
quotient G/r
soitcompact,
A unautomorphisme
de Gconservant r. Considérons la transformation affine de
G/r
définie par :T(gr)
=aA(g)r, g
EG,
où a est un élément fixé dans G.Le but de cet article est de calculer
l’entropie
de la transformation T et de déterminer son facteur de Pinsker. Nous donnonségalement
desconditions pour
qu’il
existe des transformations affines àspectre
continusur
G/r,
dans le cas où G est résoluble.SUMMARY. - Let G be a connected Lie group, r a discrete
sub-group
of G such that
G/r
becompact,
A anautomorphism
of Gpreserving
r.In this paper, we shall
study
the affine transformation defined onG/r by: T(gr)
=aA(g)r,
g EG,
where a is a fixed element in G.We
compute
theentropy
of the transformationT,
and determine its Pinsker’s factor. Weprovide
also some conditions for the existence of affine transformations with continuousspectrum
in the solvable case.INTRODUCTION
Considérons un groupe de Lie G et un sous-groupe discret r de G tel que le
quotient G/r
soitcompact.
MunissonsG/r
de sa structure boré- lienne et de la mesure m de masse 1 induite par la mesure de Haar de G.A tout sous-groupe gt à un
paramètre
dans G est associé un flot03A6t
sur(G/r, m)
défini parcDt(gr)
=gtgr, g
E G. Demême,
si a est un élément(*)
Équipe
de Recherche n° 1 « Processus stochastiques et applications », associéeau C. N. R. S.
68 JEAN-PIERRE CONZE
de G et A un
automorphisme
de G conservantr,
il leurcorrespond
unetransformation
T,
diteaffine,
de(G/r, m)
définie parT(gr)
=aA(g)r, geG.
Les
systèmes (G/r,
m,~r), (G/r,
m,T)
ainsi obtenusgénéralisent
lessystèmes
définis par les translations et les transformations affines sur les groupescompacts.
Leurspropriétés spectrales
ont été étudiées dans unesérie
d’articles, parmi lesquels
nous mentionnerons ceux de L.Auslander,
L. Green et F. Hahn
[3],
L. Auslander et L. Green[2],
W.Parry [10].
L’existence de
champs
contractants et dilatants pour les transforma- tions considéréesjoue,
dans cetteétude,
un rôleimportant qui
est à rappro- cher de la méthode desfeuilletages
transversaux utilisée par Ya. Sinaï[12],
dans l’étude des
propriétés ergodiques
de certainssystèmes dynamiques classiques (Cf.
L. Green[7]).
Nous nous proposons dans ce travail de
reprendre
l’étude dessystèmes (G/r,
m,(G/r,
m,T),
en nousplaçant
dupoint
de vue del’entropie
et en utilisant à la fois les méthodes
spectrales
de[2]
et la théorie des feuille-tages
transversaux de[12].
Dans le
paragraphe 1,
nous construisons unepartition parfaite
pour les transformationsaffines, puis
nous calculonsl’entropie
de ces transfor-mations, généralisant
ainsi la formule donnantl’entropie
des automor-phismes
du tore.Dans le
paragraphe 2,
nous utilisons ces résultats pour déterminer les tribus de Pinsker dessystèmes (G/r,
m,T),
et nous donnons desexemples
de
K-systèmes
et deK-flots, parmi
lessystèmes
et les flots étudiés.Dans le dernier
paragraphe,
nous montronsqu’étant
donné un espacehomogène
d’un groupe de Lie Grésoluble,
il nepeut
exister une transfor- mation affine àspectre
continu sur cet espace que si G estnilpotent.
Les
principaux
résultats de ce travail ont étéexposés
dans une noteaux C. R. Ac. Sci.
[4]. Depuis
la rédaction de cetarticle,
est paru un article de R. Bowen donnant par une méthode différente de cellequi
estexposée
ici
l’entropie
des transformations affinesd’espaces homogènes compacts (R.
Bowen :Entropy
for groupendomorphisms
andhomogeneous spaces).
§
l. FEUILLETAGES CONTRACTANTS ET DILATANTS POUR UNE TRANSFORMATION AFFINEConsidérons un groupe de Lie G que nous supposerons dans toute la suite connexe et
simplement
connexe,d’algèbre
de Lie g, et r un sous-groupe discret de G tel que
G/r
soitcompact.
Mettons sur G la structure69 ENTROPIE DES TRANSFORMATIONS AFFINES
riemannienne invariante à
droite,
obtenue en choisissant unproduit
scalaire sur g et en le
transportant
par translations à droite en toutpoint
de G. On en déduit une structure riemannienne sur le
quotient G/r.
D’autrepart,
il résulte de l’existence du sous-groupe r discret àquotient compact
dansG,
que G est unimodulaire. La mesure de Haar sur G induit surG/ï’
une mesure m, que nous
prendrons
de masse1,
invariante par l’action de G àgauche
surG/r.
Étant
donné unautomorphisme
A deG,
tel queA(r)
=r,
et un élé-ment a fixe dans
G,
la transformation T :gr -+ aA(g)r
deG/r qui
leurest associée est
appelée
transformation affine(1)
deG/r.
A tout groupe à unparamètre gt
dans G est associé de même unflot 03A6t
surG/r
définipar =
gtgr.
Les transformationsT,
sont desautomorphismes,
au sens de la théorie de la mesure, de
l’espace
mesuré obtenu en munis- santG/r
de sa structure borélienne et de la mesure m.Feuilletages
invariants par une transformationaffine,
par un flot.Soit 1)
unesous-algèbre
de dimension k de g. Entransportant
par trans- lations àdroite 1)
en toutpoint
deG,
on obtient unchamp
dek-plans intégrable,
dont les feuillesintégrales
sont les orbites du sous-groupe H associé àh,
dans l’action de H àgauche
sur G. Laprojection
de ces feuillessur
G/r
définit unfeuilletage
Z de dimension k de la variétéG/r.
Pour que ce
feuilletage
Z soit invariant par la transformation affine T : xF -aA(x)r,
il faut et il suffit que la différentielle àl’origine dBe
de
l’automorphisme
B : x -aA(x)a - 1,
laisseI~
invariant. La recherche desfeuilletages
dutype précédent
invariants par T conduit donc à étudier lessous-algèbres
de g invariantes pardBe.
Dans le cas d’un groupe à un
paramètre gt
= exp(tX),
X E g, on obtient desfeuilletages
invariants par~t :
xF -gtxr, en projetant
surG/r
lesorbites dans G des sous-groupes H associés aux
sous-algèbres
de g inva- riantes par la dérivation adX de g.Sous-espaces
contractants et dilatants.Nous notons
I l’algèbre
de Liecomplexifiée
de g,lco
le sous-espace de 1 formé des vecteurs annulés par unepuissance
de(dBe - roI)
espace réduit à zéro si cc~ n’est pas valeur propre dedBe,
9co le sous-espace de g formé des vecteurs réels derw
+IW .
( 1 ) Pour simplifier certains raisonnements, nous nous bornerons au cas des transfor- mations affines inversibles.
70 JEAN-PIERRE CONZE
Reprenant
des notions introduites par L. Auslander et L. Green[2],
nous définissons le sous-espace contractant de
dBe
comme la somme9c = ~03C9,|03C9|1
gO)- Demême,
le sous-espace dilatant dedBe
est défini comme9d
=~
g03C9. Introduisonségalement
le sous-espaceh’d
=~
g03C9, sur> 1 co, ~ co ~ > 1
lequel dBe
est non contractant, et lasous-algèbre t) engendrée par hc
ethd
dans g.
LEMME 1.1.
- L’algèbre
est un idéaldans g~,
invariant pardBe.
Lessous-espaces
1)~, hd, bd
sont dessous-algèbres
de g invariantes pardBe.
Démonstration. Le lemme est un résultat de L. Auslander et L. Green
([2],
corollaire2.2), adapté
au cas desautomorphismes.
L’invariance des sous-espaces considérés est évidente. La dernière assertion résulte des relations
conséquences
du fait quedBe
est unautomorphisme.
Ces relationsdonnent,
en
passant
aux vecteurs réeles les relationsPour montrer que h est un
idéal,
il suffit de montrer que le crochet d’un vecteur X E9a, a ~ ~ 1,
avec un vecteur Y E g~, cc~quelconque,
est dans~.
En
effet,
ces vecteursengendrent respectivement t)
et g. Si= 1, [X, Y]
est dansh, d’après
les relations(2). Si ~ a ~ _ ~ cc~ ( -1, on a ~ cc~ ~ ~ 1
et Y est
déjà
dans~,
donc[X, Y]
estégalement
dans~.
Dans le cas d’un groupe à un
paramètre gt
= exp(tX),
X E g, onreprend
les définitions
précédentes,
enremplaçant dBe
par adX.Ayant
définiI~,,
gO), on pose
t), = ~ g03C9, hd
=EB et h
est définie comme lasous-algèbre engendrée par hc
ethd.
Le lemmeprécédent
s’énonce pour les groupes à unparamètre
comme pour lesautomorphismes.
DÉFINITION. -
L’idéal ~ correspondant à gt
= exp(tX)
estappelé
idéal instable associé à X.
A une transformation affine T de
G/r,
à un flot induit par un groupe à unparamètre
deG,
nous associons lesfeuilletages Z~, Zd, Z~
deG/r, correspondants
aux définiesprécédemment.
Cesont les
feuilletages
contractant,dilatant,
non dilatant associés à T ouLes
feuilletages Z~, Zd
sont desfeuilletages
transversauxrespectivement
contractant et
dilatant,
au sens de[12].
71 ENTROPIE DES TRANSFORMATIONS AFFINES
Enveloppe
mesurable d’unfeuilletage.
Considérons,
pour fixer lesidées,
lefeuilletage
contractantZ~.
Onappelle enveloppe
mesurable deZ~, v(Ze),
lapartition
mesurable deG/1,
laplus
fine dont les éléments sont réunion de feuilles deZ~.
Cettepartition
est caractérisée par la
propriété
suivante : une fonction mesurable surG/r
est
03BD(Zc)-mesurable
si et seulement si elle est invariante par l’action deHc opérant
àgauche
surG/r.
En
particulier,
lapartition v(Z~)
est lapartition
triviale deG/I-’,
si etseulement si
H~ opère ergodiquement
surG/r (c’est-à-dire
si les seulesfonctions mesurables sur
G/r
invariantes parH~
sont lesconstantes).
Pour toutes les notions concernant
l’entropie
utilisées dans lasuite, voir,
parexemple,
V. A. Rokhlin[11].
THÉORÈME 1.1. - Soit
Z~
lefeuilletage
contractant pour la transforma- tion affine T :gr aA(g)r
deG/r.
Il existe unepartition mesurable ,
de
G/r,
dont presque tout élément est un sous-ensemble ouvert connexed’une feuille de
Z~,
telle que :4) l’entropie
conditionnelleH(T(j()
estégale
à ~log
cv~ décrit les valeurs propres dedBe
de modulesupérieur
à 1.COROLLAIRE. - La
partition
de Pinsker deT, x(T),
est moins fine que Enparticulier,
siH~ opère ergodiquement
surG/r,
lesystème (G/r,
m,
T)
estd’entropie complètement positive.
Démonstration. -
D’après [Il ], paragraphe 12, si Ç
est unepartition
croissante
(( TQ,
telle queV r( =
a, onA r(.
Lecorollaire résulte donc des conditions
1), 2),
et3) auxquelles
satisfait lapartition ~.
Démonstration du théorème :
Le théorème 1.1 est presque une
conséquence
immédiate du théorème 5.1 de[12]
démontré par Ya. Sinaï. Eneffet,
lefeuilletage Z~
est pour la trans-formation T un
feuilletage
transversal contractant, tel que le définit Sinaï.72 JEAN-PIERRE CONZE
Seule la
propriété d’ergodicité,
utilisée dans la démonstration du théo- rème 5.1 de[12], peut
ne pas être satisfaite par T. Mais on montre facile-ment que cette
hypothèse
n’est pasnécessaire,
pourvu que la restriction de la transformation T àchaque
feuille dufeuilletage
contractant ait unedifférentielle
majorée
par un nombrefixe,
strictementplus petit
que 1.Cette dernière condition est vérifiée par la transformation affine T étudiée ici.
THÉORÈME 1.2. - Soit T :
gr aA(g)r
une transformation affine duquotient compact
d’un groupe de Lie connexe G par un sous-groupe discret r. SoitdBe
la dérivée àl’origine
del’automorphisme B : g -
1de G.
L’entropie
dusystème (G/r,
m,T)
est donnée par la formuleh(T) = X log
, où roi décrit les valeurs propres dedBe
de modulesupérieur
à 1.COROLLAIRE. - La
partition (
associée aufeuilletage
contractant cons-truite dans le théorème 1.1 est une
partition parfaite
pour la transforma- tion T. Enparticulier, l’enveloppe
mesurable dufeuilletage dilatant,
coïncide avec la
partition
de Pinskerx(T)
dusystème.
Démonstration. - La
partition Ç
est croissante(~ T~), génératrice
V r( =
s. Il reste à montrer la relation^n Tn03B6 = n(T).
Cette rela- tion résulte du fait quel’entropie
conditionnelleH(T(j()
estégale
à l’en-.
tropie
dusystème, d’après
le théorème 1. 2(Cf. [Il], § 12).
Lapartition (
est donc une
partition parfaite
pour lesystème (Cf. [Il]).
On noteraqu’il peut
exister despartitions ~ parfaites
pourT,
dontl’entropie
condition-nelle soit différente de
l’entropie
dusystème.
Remarque.
Dans le cas où G estabélien, G/r
est un tore, et nousretrouvons par le théorème 1. 2 la formule de
l’entropie
desautomorphismes
de tores. Dans le cas où G est un groupe
nilpotent,
on montre facilementque les valeurs propres de
dBe
coïncident avec celles de la dérivée àl’origine
de
l’automorphisme
A. On retrouve ainsi la formule donnantl’entropie
des transformations affines de nilvariétés
compactes,
démontrées par W.Parry [10].
Démonstration du théorème :
Soient roi les valeurs propres de
dBe
de modulesupérieure
à 1. Posonsa = L
log cc~i ~ .
.D’après
le théorème1.1, l’entropie h(T)
est minoréepar
H(T~/~)
= a. Il suffit donc de démontrer queh(T)
estégalement majoré
par a.
73 ENTROPIE DES TRANSFORMATIONS AFFINES
Soit ~
unepartition
finie deG/T
en sous-ensembles à bords différen- tiables par morceaux, de diamètre inférieur à un nombre G > 0 donné.Désignons
parC~(x)
l’élémentde ~
contenant x, et par sa frontière.Pour tout réel t, soit
Ft = ~ x
eG/r : p(x, t ~ ,
où p est la dis-tance dans
G/r.
Il existe une constante K telle que
Ft
soit de mesure inférieure àKtr,
r = dimension de G. Soit ~, un nombre strictement
plus grand
que1,
arbitraire. PosonsBn =
-,~- ~
x eG/r : p(Tnx, ~, - n ~ .
On a
m(Bn)
= K~. - rn. Donc la série converge, et le théo- rème de Borel-Cantelli montre que, pour presque tout x, il existen(x)
oo, tel que pour n >n(x)
on aitx ~ Bn.
Soit5(x)
= infp(Tnx,
Pour presque tout x,
5(x)
est un nombre strictementpositif.
Eneffet,
pour presque tout x, cette borne est
atteinte,
donc5(x)
= 0 entraîne que xappartient
à l’ensemble~Tn~~C~,
nqui
est demesure
nulle.C,~
Notons ~n
lapartition
l’on montre quepour presque tout x, l’élément de la
partition
contenant x est de mesuresupérieure
à où L est une constante nonnulle,
nedépen-
dant que de x et de
~,,
on obtiendra lamajoration T) ~
a. Eneffet, d’après
le théorème de Breimann-MacMillan,
la suite -1/n Log
converge dans vers une limite
u(x),
telle que =T).
Dela
majoration
on déduit :Comme ~,
peut
êtrepris
arbitrairementproche
de1,
lamajoration T) K a
en résulte.
Considérons maintenant une suite croissante de
partitions ~i
en élé-ments à bords différentiables par morceaux dont le diamètre tende vers 0.
On obtient :
h(T)
=lim T)
a.Il reste à démontrer l’assertion concernant la mesure des éléments de En utilisant les
feuilletages Zd
etZ;,
il estpossible
deconstruire,
pour tout x tel que
(5(x) ~ 0,
unvoisinage V(x)
de x(un
«parallélogramme »
par
rapport
auxfeuilletages Z~
etZ;) ayant
lespropriétés
suivantes :- la mesure de
V(x)
estsupérieure
à où L estune constante non nulle ne
dépendant
que de x et deÀ,
- le diamètre des
images TkV(x), 0 k
n, reste inférieur à74 JEAN-PIERRE CONZE
Le
voisinage V(x)
est contenu dans Eneffet,
dans le cascontraire,
pour un
entier k, 0 k
n,TkV(x) recouperait
la frontière de et lepoint Tkx
serait à une distance de inférieure àô((x)~, - ",
contrairement à la définition de
b(x).
On a donc bien§
2. FACTEURS DE PINSKER. K-FLOTSÉtant
donné unflot 03A6t
sur un espaceM,
considérons lessystèmes
engen- drés sur Mpar
les transformations 0 fixé. Si~t
est unK-flot,
chacun de cessystèmes
est unK-système (ou
encore unsystème d’entropie complètement positive, puisque
ces deux notions coïncident pour unetransformation
inversible, d’après
un théorème de Rokhlin et Sinaï[Il ]).
Démontrons la
réciproque
de cerésultat,
dans le cas où M =G/r
est unespace
homogène compact,
et~t
le flot défini surG/T
par un groupe à unparamètre.
THÉORÈME 2.1. - Soient G un groupe de Lie et r un sous-groupe discret de G à
quotient compact, gt
un groupe à unparamètre
dans G. Pour que le flot~t
défini par gr surG/r
soit unK-flot,
il faut et il suffit que pourun
0,
lesystème
défini par la transformation surG/r
soit unK-système.
Démonstration. Le théorème résulte du théorème 1. 2 et d’un théorème dû à Ya. Sinaï
(théorème
5.2[12]).
En utilisant cerésultat,
il estpossible
de construire une
partition (
deG/r
en sous-ensembles ouverts des feuilles dufeuilletage
contractantZ~
telle que :~)
=(d’après
la formule donnantl’entropie
d’unflot).
On a donc
~t~ _
=(Cf. [Il]).
Si définit unt n
K-système,
on a = v, et lespropriétés de (
montrentque 03A6t
est unK-flot.
75 ENTROPIE DES TRANSFORMATIONS AFFINES
THÉORÈME
2.2. - Soit T une transformationaffine,
resp.~t
unflot,
sur un espace
compact G/r, quotient
d’un groupe de Lie connexe par un sous-groupe discret. Considérons le sous-groupe normal H de Gengendré
par les sous-groupes
H~, Hd
associés auxsous-algèbres
contractante et dilatante deT,
resp.~t.
Le facteur de Pinsker de T estégal
au facteur(G/Hr,
de(G/r, T),
oùTB
1 est la transformationquotient
de T dansG/Hr.
Enparticulier,
si Hr =G, (G/r, T)
est unK-système.
Dans le casd’un flot si Hh =
G, (G/r,
est un K-flot.Démonstration.
D’après
le théorèmeprécédent,
il suffit de traiter lecas des transformations affines.
Le
système (G/Hr, T1)
est un facteur de(G/r, T)
pour laprojection
p :
gr -+ gHr.
Montronsqu’il
estd’entropie
nulle.L’espace G/Hr
estisomorphe
auquotient (G/H)/(Hr/H).
La différentielle àl’origine
del’automorphisme gH --~ aA(g)a-1H
deG/H
a toutes ses valeurs propres de module 1. En utilisant le théorème2.1,
ouplus simplement
le théorèmede Kouchnirenko
[1],
on en déduit que(G/Hr, T1)
estd’entropie
nulle.Ainsi,
lesystème (G/Hr, T 1 )
est un facteur du facteur de Pinsker de T.Inversement,
soitII(T)
lapartition
de Pinsker de(G/r, T),
et soitf
unefonction bornée sur
G/r,
mesurable pour la tribuengendrée
parII(T).
Relevons la fonction
f
en une fonctionf
bornée mesurable sur G inva-riante par l’action de r à droite sur G. Pour démontrer le
théorème,
il suffit de prouver quef
est invariante par Hr.D’après
le corollaire du théorème1.1, n(T)
est moins fine que laparti-
tion Il en résulte que les éléments de
II(T)
sont fixes dans l’actionde
H~
àgauche
surG/r.
Demême,
ils sont fixes sous l’action deHd
surG/r,
donc sous l’action du sous-groupe normal H
engendré
parH~
etHd.
La fonction
f,
étantn(T)-mesurable,
est invariante par H. Comme H estnormal,
on a := f (x),
h EH,
y E r(on
noteraque les
égalités
sont satisfaites pour presque tout x, mais il estpossible
de
remplacer f
par une fonctionqui
lui est presquepartout égale,
etqui
est
partout
invariante parH).
Pour conclure quef
est invariante parHT,
on utilise le résultat
suivant,
démontré dans[2].
LEMME 2.1.
- Si f est
une fonction borélienne bornée sur un groupe localementcompact G,
l’ensembledes g
E G tels quef (xg) _ . f(x),
pour presque tout x, est fermé dans G.Remarques :
1)
Dans la démonstration duthéorème,
nous n’avons pas utilisé le corollaire du théorème 1.2. On saitqu’en fait, d’après
cecorollaire,
76 JEAN-PIERRE CONZE
v(Z~)
=v(Zd)
=II(T).
Toute fonction mesurable surG/r
invariante parH~
provient
donc d’une fonction mesurable sur G invariante par Hr.2) D’après
le théorèmeprécédent,
le facteur de Pinsker d’une transfor- mation affined’espace homogène compact
est, non seulement un facteurau sens de la théorie de la mesure, mais aussi un facteur au sens
topologi-
que, et
également
au sensalgébrique.
EXEMPLES
1) Transformations affines
de nilvariétés compactes.Considérons une nilvariété
compacte N/r, quotient
d’un groupe de Lie Nnilpotent
connexe etsimplement
connexe par un sous-groupe dis- cretr,
et une transformation affine T : xF -aA(x)r,
deN/1,.
W.Parry
a démontré dans que le
système (N/r, T)
estd’entropie complètement positive
si la transformation affineT
1 induite par T sur le toreN/N’r (où
N’ est le groupe dérivé deN)
est àspectre
continu. Retrouvons cerésultat par la méthode du théorème 2.1.
Il nous suffit de démontrer
qu’une
transformation affine Td’entropie nulle, c’est-à-dire, ici,
telle quedAe
ait toutes ses valeurs propres de module1,
n’est àspectre
continu que si N est réduit à l’élément neutre.Dans le cas où N est
abélien,
la transformationdAe qui
a ses valeurspropres de module
1,
a en fait des valeurs propres racines de l’unité(pro- priété
des matrices à coefficientsentiers).
Donc T nepeut
être àspectre
continu que si N est réduit à l’élément neutre.Dans le cas
général,
considérons le groupe dérivé N’ de N. On sait que leproduit
N’r est fermé dans N.’Le quotient N/N’r
est un tore surlequel
Tinduit une transformation affine à
spectre
continu.D’après
cequi précède,
on a nécessairement N =
N’r,
cequi
n’estpossible
que si N est réduit à l’élément neutre.Remarque. D’après
le théorème démontré auparagraphe 3,
le résultat s’étend auxquotients compacts
de groupes résolubles : si G est un groupe de Lie résoluble connexe etsimplement
connexe et r un sous-groupe fermé de G àquotient compact,
toute transformation affine àspectre
continu deG/r
estd’entropie complètement positive.
2) Groupes
à unparamètre
associé à un élément réellementrégulier.
Donnons d’abord une définition
(cf. [5]), qui reprend
en la modifiant unenotion introduite par L. Auslander et L. Green
[2].
Considérons un élé- ment X dans unealgèbre
de Lie g et l’idéalinstable t)
associé à X dans g.Nous dirons que X est réellement
régulier si h
est de dimension maximum77 ENTROPIE DES TRANSFORMATIONS AFFINES
parmi
tous les idéaux instables associés aux éléments de g. Les éléments réellementréguliers
d’unealgèbre
de Lie g forment un ouvert non vide de g. Si g estrésoluble,
cet ouvert est dense dans g(Dans
le casgénéral,
cet ouvert n’est pas
dense.)
On montre
([5])
que, pour toutélément
X réellementrégulier
dans unealgèbre
de Lie g dont lequotient g/r
par le radical r n’a pas de facteur com-pact,
lequotient
de g par l’idéal instable de X est unealgèbre
résolublede
type (R).
Enpassant
aux groupes, on en déduit le résultat suivant : LEMME 2.2. - Soit X un élément réellementrégulier
dansl’algèbre
gd’un groupe de Lie connexe et
simplement
connexe G.Supposons
que lequotient g/r
de g par son radical n’ait pas de facteurcompact.
Si H est le sous-groupe normal de G associé à l’idéal instable deX, G/H
est un groupe résoluble(de type (R)).
THÉORÈME 2.3. - Soient G un groupe de Lie connexe et
simplement
connexe, r un sous-groupe discret de G à
quotient compact, gt =
exp(tX)
un groupe à
paramètre
dansG,
avec X réellementrégulier
dansl’algèbre
de Lie de G.
Supposons
lequotient g/r
de g par son radical sans facteurcompact.
Alors le flot~t
défini par gt surG/r
est unK-flot,
si et seulements’il est à
spectre
continu. Enparticulier,
si G est un groupesemi-simple
sans facteur
compact,
pour tout flot~t
défini surG/r
par un groupe exp(tX)
avec X réellementrégulier, ~t
est un K-flot.Démonstration.
D’après
le théorème2.2,
on obtiendra le théorèmeen montrant la relation G =
Hr,
où H est le sous-groupe normal de G défini dans le théorème 2.2. Lequotient G/H0393
estisomorphe
à(G/H)/(Hr/H).
Le lemme 2.2 montre queG/H
est un groupe résoluble.D’autre
part G/H
est un groupe connexe,simplement
connexe, etHr/H
est un sous-groupe à
quotient compact
deG/H.
Nous pouvons supposer queHr/H
ne contient aucun sous-groupe connexe normal non trivial deG/H.
Posons R =
G/H,
K =Hr/H.
Onpeut appliquer
à R et K la théorie de G. D. Mostow[9] (voir
lesrappels
au§ 3).
Si N est leplus grand
sous-groupe normal connexe
nilpotent
deR,
ou le groupe dérivé de R si R estnilpotent,
leproduit
KN est fermé dansR,
et lequotient R/KN
est un torenon
trivial,
pourvu que R soit lui-même non trivial. Le groupe gt définitsur
R/KN
un flotI/It
de translationsqui
est àspectre
discret. Mais(R/KN, I/It)
est un facteur de
(G/r,
et doit être àspectre
continu. Donc G = Hr.Dans le cas où G est
semi-simple,
lequotient G/H, qui
doit être résolubled’après
le lemme2.2,
est nécessairement trivial.78 JEAN-PIERRE CONZE
3) Groupes semi-simples.
THÉORÈME 2.4. - Soient G un groupe de Lie
simple,
r un sous-groupe discret de G àquotient compact,
T une translation définie surG/r
par un élément a fixé dans un flot défini surG/r
par un groupe à un para- mètre de G. Lesystème (G/r, T)
est alors soit unK-système,
soitd’entropie
nulle. De
même,
le flot(G/r,
est soit unK-flot,
soitd’entropie
nulle.Démonstration. Il
suffit, d’après
le théorème2.1,
de raisonner sur lesystème (G/r, T),
où T est la translationgr - agr.
Si la dérivée de
l’automorphisme
g -aga-1
a toutes ses valeurs pro- pres de module1,
lesystème (G/r, T)
estd’entropie nulle, d’après
le théorème deKouchnirenko,
ou le théorème 1. 2. Dans le cascontraire,
l’idéalengendré
dans
l’algèbre
de Lie de G par lessous-algèbres
contractante et dilatante associées à T est non trivial. Comme G estsimple,
on en conclut que cet idéal coïncide avec toutel’algèbre
de G. On obtient le résultat à l’aide du théorème 2.2.Remarque.
Si G est un groupesemi-simple,
connexe etsimplement
connexe, et r un sous-groupe discret de G à
quotient compact,
tel que, pour toutGi
de ladécomposition
de G en groupessimples, Gir
soit densedans
G,
le résultat du théorèmeprécédent
est encore valable : tout groupe de translationsopérant
surG/r
définit unsystème qui
est soitd’entropie nulle,
soit unK-système.
§
3. TRANSFORMATIONS AFFINESSUR LES
QUOTIENTS
DE GROUPES DE LIERÉSOLUBLES
L’existence de transformations affines à
spectre
continu sur lequotient compact
d’un groupe de Lie G est liée dans certains cas à la structurealgébrique
de G. C’est ce que nous allons montrer dans le cas où G est résoluble.Rappelons
d’abord une série de résultats dus à G. D. Mostow[9].
Consi-dérons un groupe de Lie R
résoluble,
connexe etsimplement
connexe, etun sous-groupe fermé r de R tel que
R/r
soitcompact.
Il existe alors surR/r
une mesure m de masse1,
invariante par R.Dans toute la
suite,
nous supposerons que r ne contient pas de sous- groupe normal connexe propre de R. Soit N leplus grand
sous-groupeconnexe
nilpotent
normal dans R.Alors,
leproduit
FN est fermé et lacomposante
connexe de l’élément neutre dans r est un sous-groupe nor- mal deN, [9].
79
ENTROPIE DES TRANSFORMATIONS AFFINES
THÉORÈME 3.1. - Soit
T : gh --~ aA(g)r,
g EG,
une transformation affine deR/T.
Si T a unspectre continu,
le groupe R estnilpotent.
Démonstration. Nous reprenons un raisonnement de N. Jacobson
[8].
Soient r
l’algèbre
de Lie de R etI l’algèbre complexifiée
de r.Remarquons
que r est
nilpotente
si et seulement si estnilpotente.
Soit dA
l’automorphisme
de 1 dérivé de A. Pour tout cc~complexe,
notonslco
le sous-espace de 1 formé des vecteurs annulés par une
puissance
de(dA - wI).
On a >
pour tout
couple ~,,
cu(voir § 1,
lemme1.1).
Désignons
par n l’idéalnilpotent
maximal de r, et par ni soncomplexifié.
Si x est un vecteur
caractéristique
de dAcorrespondant
à une valeur proprequi
n’est pas racine del’unité, d’après
les relations(1),
adx est une dériva-tion
nilpotente.
D’autrepart,
pour tout x~n1, adx estnilpotente. Enfin,
si adx est
nilpotente
pour tout x E pour tout w, on montre que adx estnilpotente
pour tout x dans1,
et doncque
est unealgèbre
de Lienilpotente.
Il en résulte que si l’on suppose
que I ~
ni , il existe un vecteur x caractéris-tique
pourdA,
de valeur propre racine del’unité, n’appartenant
pas à rc 1.L’algèbre
de Lie du sous-groupe N estn. Comme lacomposante
connexe de r est contenu dansN,
lacomposante
connexe duproduit
Nr coïncideavec
N,
etl’algèbre
de Lie de Nr estégalement
n.L’algèbre
de Lie dutore
R/Nr
s’obtient donc commequotient
de r par n.Si le groupe R n’est pas
nilpotent,
on a r ~ n, le toreR/NF
n’est pastrivial,
etl’automorphisme quotient
de A dansR/N
a une valeur propre racine de l’unité. La transformation affinequotient
de T dansR/NF
nepeut
avoir unspectre continu,
et T elle-même n’est pas àspectre
continu.Remarque.
La démonstrationprécédente
montre que la transformation obtenue enprenant
lequotient
dansR/r
d’unautomorphisme
de R lais-sant r invariant ne
peut
êtreergodique
que si R est un groupenilpotent.
Cas des groupes
nilpotents :
Dans le cas d’un
quotient compact N/r
d’un groupe de Lienilpotent
Npar un sous-groupe
fermé,
les résultats de[3]
montrentqu’il
existetoujours
des transformations affines sur
N/r qui
soientergodiques,
en l’occurence certaines translations. Nous allons voirqu’il existe, cependant,
desquotients compacts
de groupesnilpotents
neportant
pas de transformations affines àspectre
continu.Rappelons qu’une algèbre
de Lie est ditecaractéristiquement nilpotente
si toutes ses dérivations sont
nilpotentes.
Soit n une tellealgèbre.
La compo-ANN. INST. POINCARÉ, B-viii-1 6
80 JEAN-PIERRE CONZE
sante connexe de l’identité dans Aut n est un groupe de Lie
nilpotent,
dont tous les éléments sont des
automorphismes unipotents,
d’indicefini dans Aut n. Par
conséquent
toutautomorphisme
de n a unepuissance unipotente
et ses valeurs propres sont racines de l’unité.Dans l’étude des
quotients compacts
de groupes de Lienilpotents,
ilsuffit de considérer les
quotients
par des sous-groupes discrets(voir
lesrappels
de[3], chap. I).
D’autrepart,
si N est le groupenilpotent
associé àune
algèbre
de Lienilpotente
n, pour que N contienne des sous-groupesdiscrets
àquotients compacts,
il faut et il suffit que dans une base conve-nable les constantes de structure de n soient rationnelles.
Considérons alors une
algèbre
de Liecaractéristiquement nilpotente,
satisfaisant à la condition de rationnalité des constantes de structure.
Le groupe
nilpotent
associé à cettealgèbre, N, possède
des sous-groupes r discrets àquotients compacts,
et lesquotients N/r
neportent
aucune transformation affine àspectre
continu. Eneffet,
si N’ est le groupe dérivé deN,
une transformation affine deN/r
induit surN/NT
une transforma-tion, qui
nepeut
être àspectre
continu(on
sait que N’r est fermé dansN,
et le
quotient N/NT
est un tore nontrivial.)
Un
exemple d’algèbre
de Liecaractéristiquement nilpotente,
à constantesde structure rationnelles dans une base
convenable,
de dimension8,
a été construit par J. Dixmier et W. Lister[6].
Remarque.
Il existe des espaceshomogènes
de groupes de Lie nonnilpotents portant
desautomorphismes ergodiques,
àspectre
continu.Considérons un groupe de Lie G
semi-simple
et un sous-groupe discret de G àquotient compact.
Montrons que l’étude des transformations affines deG/r
se ramène à l’étude des translations sur cet espace.Soit A un
automorphisme
de G.Quitte
àremplacer
A par unepuissance,
on
peut
supposer que A est intérieur :A(g)
= étant un élémentfixé dans G. Pour que A conserve
r,
ilfaut,
et ilsuffit,
que a soit dans le normalisateur de r. Mais on sait que r est d’indice fini dans son normali- sateur(A.
Weil[13]).
Enremplaçant
à nouveau A par unepuissance,
onse ramène au cas où a est dans r. La transformation A définit alors sur
G/T
une translation.
Si nous prenons pour groupe G le groupe
SL(2, R),
nous pouvons trouver dans tout sous-groupe discret àquotient compact
r de G des élémentshyperboliques (c’est-à-dire
des éléments tels que les valeurs propres de la matrice associée soient réelles etdistinctes).
La translation définie par unélément
hyperbolique
surG/r
estergodique,
àspectre continu,
etengendre
même un