DE L ’U NIVERSITÉ DE C LERMONT -F ERRAND 2 Série Mathématiques
W. S CHACHERMAYER
Eberlein-compacts et espaces de Radon
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 61, sérieMathéma- tiques, no14 (1976), p. 129-143
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EBERLEIN-COMPACTS ET ESPACES DE RADON
par W.
Schachermayer
Théorème
1: Soit K unEberlein-compact,
tel que K con- tient un ensemble dense D, dont lacardinalité
soit demesure
zéro.
Alors K est un espace de Radon.Les
définitions
suivantes vontexpliquer
les termesutilisés
dans lethéorème.
Définition
1:(voir [81
et[31)
Un espacetopologique
Kest dit
Eberlein-compact,
s’il esthoméomorphe à
unepartie
faiblementcompacte
d’un Banach(munie
de latopologie af faiblie ) .
Selon les travaux d’Amir et Lindenstrauss
~1~
il existe alors un ensemble I, tel que K soit
homé omor p he â
unepartie ~(c o (1), tl(1» - compacte
de c
0 (Ij .
Définition
2: Soit X un espacetopologique
et notons par 8(X)
la tribuborélienne
et par63 * (X)
la tribuEBERLEIN-COMPACTS ET ESPACES DE RADON W.
SCHACHERMAYER,
UNIVERSITE DE CLERMONTbairienne de X. Nous
appellons mesureborélienne (resp.
bairienne)
sur X une mesurepositive finie g
surB(X)
(resp.
B*(X)) .
g
peut
avoir despropriétés supplémentaires:
(i)
onappelle
1Jrégulière,
si pourchaque borélien
B de X on a(ii) on appelle M
si pourchaque
famille fil- trante croissante[G a1aCA
d’ouverts dans X on a(iii)
onappelle li
mesure deRadon,
si pourchaque
borélienB de X on a
Il est facile de
vérifier
que(iii) implique (ii)
et si Xest un espace
topologique régulier,
que(ii) implique (i) (voir
~5]).
Laquestion
sepose, de
savoir sousquelles
conditions sur la structuretopologique
de X on adesimplications
dans l’autredirection. Dans la
littérature
on trouve lesnotations suivantes:
(a) On appelle
X espace deRadon,
sichaque
mesureborélienne
sur X est de Radon(voir [10];
parexemple
les espacespolonais).
(b)
On appelle X T -espace, 1 sichaque
mesureborélienne
est -additive.(c)
Onappelle
X un espaceBorel-mesure-compaçt
sichaque
mesure
borélienne régulière
sur X est T-additive(par exemple
les espacesparacompacts vérifiant
unecertaine
hypothèse
sur lacardinalité)
et es acefortement Borel-mesure-compact,
sichaque
mesureboré
lienne
régulière
est une mesure de Radon(voir [sJ).
(d)
Onappelle
X unespace
universellement Radon-mesurable, sichaque
mesureborélienne
T-additive sur X est une mesure de Radon. La raison de cette notation vient de CEque
Sunyach [13]
adémontré
que lesénoncés
suivants sontéquivalents
pour un espacecomplétement régulier
X:(i)
X est un espace universellement Radon-mesurable.(ii)
X est unepartie
universellement Radon-mesurable d’un surespacecompact
K de X(i.e.
X seplonge
dans K et pourchaque
mesure deRadon
sur K, X est une
partie ~-mesurable).
(iii)
X est unepartie
universellement Radon-mesurable de tout surespacecompact
K de X.Définition
3: Soit m un nombre cardinal que nous identifionsà
l’ ensemble Im
de
cardinalité
m et muni de latopologie
m
discrète.
(a)
Ondit,
que le cardinal m est de mesurezéro
si I est un espace de Raâon(i.e.
sichaque
mesurem
finie u
sur latribu Y(I)
de toutes lesparties
m
de I m telle que m
g (i_ ij) = C.
- pour tout1 E Im ,
m estidentiquement C ) .
(b)
Ondit,
que le cardinal m est non-mesurable, sichaque
mesure M sur~(1), qui
neprend
que lesvaleurs 0 et 1 et telle que pour tout i est
identiquement
0.Notons %
la famille des cardinaux de mesurezéro et
la famille des cardinaux non-mesurables. Evidemment
men
et.
Pour une
étude
despropriétés de % et fi
nous renvoyons le lecteurà [14J, (voir
aussi[6J
et(7J).
Nous mentionnons seulement, que tous les cardinauxinférieurs
aupremier
cardinalfaiblement
inaccessible appartiennent à m
et tous les cardinauxinférieurs
aupremier
cardinal fortement inaccessibleappartiennent
à fi (et même
lepremier
cardinal fortement inaccessibled’après
un
théorème
de Hanf et Tarski([12J,
p.313)), Si H ’
c le car-dinal de la
puissance
du continuappartient
à(par exemple
s.il’on suppose
l’hypothèse
ducontinu) alors
et 1 coïncident.Démonstration du théorème
1: Nousexploitons
lesidées
deet
[8].
D’après
les remarques de ladéfinition 2,
nous pouvonssupposer, que K est une
partie
faiblementcompacte
dec
o (I)
pour un certain ensemble I. Aussi nous pouvonssupposer, que la
cardinalité
de I est de mesurezéro.
[En eff et ,
soit D unepartie
dense dans K decardinalité
de mesurezéro.
Commechaque
deD necharge qu’une partie
auplus dénombrable
d’indices de I,l’enseaùJle I
o
d’ indices
chargés
par les deD est ausside mesure
zéro.
Or D est contenu dans c(I )
eto 0
comme c o o o
( I )
est. faiblementfermé
dans c( I ) ,
K aussiest contenu dans c
( I ) .
Evidemment nous pouvons suppo-o o ser
I=I.]
o
Soit u
une mesureborélienne positive
finie sur K,qui
n’est pas de Radon. Il est bien connu(et
facileà
vérifier;
voir[,9],
sec.52,
th.H) qu’une
mesureborélienne
sur un
compact
est deRadon,
si et seulementsi ,
estrégulière
ou bien si et seulement si pourchaque fermé
Fdans
K ,
y (F) = inf
G ouvert,G ~F~
donc il existe un
fermé
F dans K tel queo
G ouvert,
G =>F )"
0 0
Soit
(G ) une
suite devoisinages
de F , telle quen n=1 0
inf G ouvert,
G =F }.
n 0
Définissons
une mesure À sur lesboréliens
B de K paror X est une
probabilité borélienne
surK, À(F ) =0
o
et pour
chaque voisinage
G de F0
nous avons
Associons
à X
la mesure de Radonunique ÀR
surtelle que À et
XR
coïncident sur la tribu bairienne8*(K)([93,
sec.54).
Nous pouvonsconsidérer X R
commeune mesure sur
Cc 0(1) 1 Cr (C0(1) (1»J (en
laposant
zéro
en dehors deK);
lethéorème classique
dePhillips
p.
162) implique que XR
soitportée
par un sous- espaceséparable
de co (1).
Commechaque
suited’éléments
dans c
o (1)
necharge qu’un
nombredénombrable
d’in-dices,
nous pouvons choisir unepartie dénombrable
Il
de I,
t.q. À R ( Co (Il) ) = 1.
Posons
I2 = I 1 1 1 et définissons
pourchaque i E:I2
et ne #J
x, notant la
i-ieme composante
de x. Aussi posonsi.
Comme
chaque G.n appartient à
la tribu bairienne de K1
et est
disjoint
de nous avons .Définissons
pour nfixé
la fonctionf (x)
sur K1
~,n
notant la fonction indicatrice de La valeur de
=i
f
n (x)
est le nombre decoordonnées de
x dans1 2 qui
sont en module
plus grandes
Orfn
est une fonctionn
finie sur K et semicontinue
inférieurement, étant
lesup des fonctions indicatrices des ouverts.
Pour
chaque couple (n, k)
C Nx 1Ndéfinissons
G n,k
estborélien, étant
l’intersectio n d’un ouvert et d’unfermé,
etPour
(n,k) fixéq définissons
la mesurepositive
sur les
parties
J de12
:D’après Beppo-Levi v
est cr-additive et v .n, k n ,k
s annulelsur les
points
de12’
parce queX (Gn)= 0
pourchaque
est parce nue
Comme L
est un cardinal de mesurezéro,
nous avonsainsi,
Mais le
complément
den G n
dans c(1)
estjustement
n=l °
c0(11),
doncX(c 0(1 » =1. Or X et XR
sontportées
par
l’espace
lusinien(c0(11) ,
a(c (1-)~ ~ (1~)))
etcoïncident sur la tribu de Baire. Donc elles sont
égales ([101,
p.92)
et X est une mesure de Radon. Nous arrivons doncà
une contradiction.c.q.f.d.
Corollaire 1: Soit E un Banach
réflexif, t.q.
E admet unensemble dense D de
cardinalité
de mesurezéro.
Alors E muni de latopologie
est un espace de Rac.on.Démonstration:
Uneréunion dénombrable d’espaces
de Radon estun espace de Radon p.
119).
Ce corollaire fournit une
réponse partielle à
unequestion posée
dans[11~.
Corollaire 2: Soit X un espace
topologique, plongeable
dansun
Eberlein-compact (c’est à
direhoméomorphe à
unsousensemble d’un
Eberlein-compact;
dans la suite nousdirons,
que X est" Eberlein-compactifiable") t.q.
admet un sous-ensemble dense D de
cardinalité
de mesurezéro.
Alors X est un T-espace. X est un espace de Radon si et seulement si X est un espace universellement Radon-mesurable.Démonstration :
Soit X un sousensembled’ un, Eberlein-compact
K, dans
laquelle
nous pouvons supposer que X et alors D soientdenses,
etsoit g
une mesureborélienne
sur X.Définissons
une mesureborélienne u
sur lesbore-
liens , B de K :
Pour
chaque borélien
B de X on aévidemment ~(B)=
*(B),
c’est adire u
est la mesure induite par lamesure
extérieure u*
surX. y
est une mersuredeRadon etest a fortiori
T -additive .
Comme une mesure induite par une mesure t-additive est T-additive([13])u
est aussiT-additive.
La
deuxième partie
del’énoncé
suit directement de ladéfinition d’ espaces
universellement Radon-mesurables.c.q.f.d.
Il serait donc
intéressant
decaractériser
les espacestopologiques ~·Eberlein-compactifiables" .
Proposition:
Un espacetopologique
X estEberlein-compacti-
fiable si et seulement s’il existe une
famille {f.}.
lde fonctions
réelles
continuesbornées
sur X,t.q.
1
définit
latopologie
de X(c.à.d.
latopologie
I iE I
de X est la
topologie
laplus
faible pourlaquelle
toutes les fi soient
continues)
et que,pourchaque
{fi (z) }
e lappartient à CoI> ,
z
x
p1
i lEI
appartient
%0
(1)
19
xnote le
compactifié
deStone-Cech
de X etf,
leprolongement
continu de f ,sur B X .
Démonstration:
Soit Xplongé
dans unEberlein-compact
1(,que nous supposons une
partie
faiblementcompacte
dec
(I) ;
alors les fontionscoordonnées
f , : x ~ x. suro ii
c o (I)
définissent latopologie
de X. Soit lecompactifié
destone-Cech
de X laprojection de e X
sur K,prolongeant l’identité
surX. Evidemment pour
chaque
i eI nous avonsfi
i= f. 0’IT;
ipour on a donc
’ Inversement supposons
donnée
une famille(f.).
3- J- 6 I
vérifiant
les conditions del’énoncé.
Evidemment onpeut
supposer 1 pourchaque
ici.i "
Définissons
Alors
K = X )
est unepartie compacte
deRI qui
estcontenue dans la boule
unité
de c0 ( I ) .
Comme sur laboule
unité
de c0 (I)
latopologie
faibleor (c
o(1), £~(I))
coincide avec la
topologie
induite parRI
K est unepartie
faiblementcompacte
de c0 ( I ) .
Donc la restrictionde 0 â
Xplonge
Xhoméomorphiquement
dans l’Eberlein-compact
K.Dans
l’énoncé
de laproposition
1 onpeut évidemment remplacer flX
parn’importe quel compactifié
de X surlequel
les f, soientcontinûment prolongeables.
La
proposition suivante, qui
nedépend
pas de laproposition 1,
montre que les espacesmétriques
sontEberlein-compacti-
fiables. Mais on a
même plus:
proposition
2: Un espacemétrique (X,P)
estplongeable
dansune
partie
faiblementcompacte
d’un Hilbert.Démonstration:
Pourchaque
n c IN et x 8 X soit IlAlors pour
chaque ne M X est
un recouvre-ment ouvert de X. Comme X est
paracompact,
il existeune
partition
del’unité (f.).
eIn
.
subordonnée à
i i E I
Soit
etdéfinissons o : X ,,2( )
parIl est
facile de vérifier,
est uneinjection homéo morphe
de Xdans t2(I) qui prend
ses valeurs dans la bouleunité
donc a fortiori dans la bouleunité
de
L (1). L ’ adhérence
K d a n s( (I) , ( (I) , (I)))
est donc unepartie
faiblementcompacte
del’Hilbert l (1)
et 0plonge
X dans K.Remarque:
Proposition
2 et corollaire 2impliquent
donc quechaque
espacemétrique
X admettant un sousensemb le dense decardinalité
de mesurezéro
est unfi-espace
et que Xest un espace de Radon si et seulement si X est un espace universellement Radon-mesurable. Alors que cela
répond à
une
question posée
dans(L2], Appendice)
cerésultat
n’estpas
très original.
Parexemple,
c’est(implicitement)
démontré
dans[111
sans utiliser latechnique
deplonge ment
dans un
Eberlein-compact.
Mais il seraitintéressant
de trouver d’autres classesd’espaces topologiques, qui
soientEberlein-compactifiables
et alors donner un autrepoint
de vue sur la
théorie
des espaces de Radon.Les deux
exemples
suivants montrent, que l’on nepeut
pasêtre très optimiste
sur cettequestion:
Exemple
1: Un espacehéréditairement paracompact, qui
n’estpas
Eberlein-compactifiable.
Soit I un ensemble de
cardinalité
et soitSoit J la
topologie
sur Xqui
induit sur I latopo- logie discréte
et telle que lesvoisinages
de p soient lescompléments
desparties dénombrables
de I.Alors X est
héréditairement paracompact
et ilest laissé
aulecteur le soin de
vérifier
en vertu de laproposition
1 que X n’est pasEberlein-com~actifiable . Remarquons
aussi que X est un espace de Radon. BD’autre
part un
sousespace ouvert d’unEberlein-compact
n’est pas
forcément
normal:Exemple
2: Un espace localementcompact
etEberlein-compacti- fiable, qui
n’est pas normal:Soient I et J deux ensembles discrets
t.q.
H card (I) ;
soientles
compactif iés
de Alexanâroff . Or1 (homéomorphe
àdans notant
le i-ième
vecteur de la basecanonique)
eti
sont Eberlein-compacts.
Or il en est demême
de1
xJ (un produit
dénombrable d’Eberlein-compacts
estEberlein-compact). L’espace
X = l A x J A B (p i p3)
est alors localementcompact
eti j
Eberlein-compactifiable,
mais X n’est pas normal([41,
p.81,
ex. 2.
3.2).
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