Universit´e de Cergy-Pontoise, Math´ematiques L2 int´egration.
Examen 2i`eme session, 14 juin 2012 (2h.).
Les documents, t´el´ephones, tablettes et calculettes sont interdits.
On rappelle que, sauf mention contraire explicite, toute r´eponse devra ˆetre justifi´ee. Des r´eponses correctes mal justifi´ees peuvent certes rapporter des points mais pas le maximum.
Dans un exercice, on pourra utiliser les r´esultats des questions pr´ec´edentes mˆeme si celles- ci n’ont pas ´et´e trait´ees. Le bar`eme est indicatif.
D´ebut de l’´epreuve.
Exercice 1. : (5 pt). Questions de cours.
1. Soit γ : [0; 1] −→ R2 qui `a t ∈ [0; 1] associe γ(t) = (x(t);y(t)). On suppose γ est une courbe param´etr´ee de classe C1. Soit ω = P dx+Qdy une forme diff´erentielle de classe C0 `a valeurs r´eelles. Donner la d´efinition de l’int´egrale curviligne de ω le long de γ.
2. Donner sans justification le jacobien JF(r;θ;φ) au point (r;θ;φ) du changement en coordonn´ees sph´eriques F donn´e par
F(r;θ;φ) = (rcosθcosφ;rsinθcosφ;rsinφ) sur [0; +∞[×[0; 2π]×[−π/2;π/2].
3. Compl´eter l’´enonc´e suivant pour en faire un ´enonc´e correct du cours : Soit α ∈ R. On a, pour a >1,
Z +∞
a
dx
xα converge ⇐⇒ · · · .
4. Compl´eter l’´enonc´e suivant pour en faire un ´enonc´e correct du cours : Soit a < b dans R. Soit f : [a;b]−→R · · ·. On a
Z b a
f ≤
Z b a
· · · ≤ (b−a)· · · .
Exercice 2. : (4 pts). Pour z ∈ R, on note par Dz le disque du plan de centre (0; 0) et de rayon 1 +z2. Soit C ={(x;y;z)∈R3;z ∈[−1; 1],(x;y)∈Dz} etV son volume.
1. Expliquer pourquoi on a la formule V =
Z 1
−1
ZZ
Dz
dxdy
dz . (1)
2. CalculerV.
Exercice 3. : (5 pts). Soit Ω ={(x;y ∈ R2;x ∈ [1; 2], y ∈ [−1/2; 1/2] avec 1 ≤ x+y ≤ 2 et 1≤x−y≤2} et
I = ZZ
Ω
ex2−y2(x−y) + (x−y)3ln(1 +x+y) dxdy . Soit F : [1; 2]2 −→Ω donn´ee par
F(u;v) = u+v
2 ;u−v 2
.
1. Montrer que F est bien d´efinie (c’est-`a-dire `a valeurs dans Ω). Montrer que F est bijective.
2. Montrer que F estC1 et que son jacobien JF v´erifie JF(u;v) = −12. 3. Montrer la bornitude de la fonction g donn´ee par
[1; 2]2 3(u;v) 7→ veuv+v3ln(1 +u)∈R. 4. Calculer explicitementI.
Exercice 4. : (7 pts). Pour x≥0 et x >0 respectivement, on pose F(x) =
Z +∞
0
e−xt
1 +t2 dt et G(x) =
Z +∞
0
e−xt
√t dt . On rappelle que Arctan 0 = 0, lim
+∞Arctan =π/2 et que Z +∞
0
e−t2dt =
√π
2 . (2)
1. Montrer que, pourx≥0, F est bien d´efinie. Que vaut F(0) ? 2. Montrer que, pourx >0,G est bien d´efinie.
3. Montrer que F tend vers 0 en +∞.
4. Montrer queF est de classe C1 sur ]0; +∞[ et donner une expression de sa d´eriv´ee.
5. Calculer explicitementG.
Exercice 5. : (2 pts). Soit γ : [0; 2π]−→C donn´e par γ(t) =eit. Justifier l’existence de J, l’int´egrale curviligne le long de γ de la forme diff´erentielle `a valeurs complexes
ω = 1
1− z2 dz , et donner sa valeur.
Fin de l’´epreuve.
Universit´e de Cergy-Pontoise, Math´ematiques L2 int´egration.
Corrig´e et bar`eme de l’examen du 14 juin 2012.
Exercice 1 : 5 pts au total.
1. 1,5 pts. Par d´efinition, Z
γ
ω = Z 1
0
P x(t);y(t)
x0(t) + Q x(t);y(t) y0(t)
dt . 2. 1 pts. On aJF(r;θ;φ) = r2cosφ.
3. 1 pts. Soitα ∈R. On a, pour a >1, Z +∞
a
dx
xα converge ⇐⇒α > 1.
4. 1,5 pts. Soit a < b dans R. Soit f : [a;b]−→R continue par morceaux. On a
Z b a
f ≤
Z b a
|f| ≤ (b−a)· sup
x∈[a;b]
|f(x)|.
Exercice 2 : 3,5 pts au total.
1.1,5 pts. Par d´efinition,V est l’int´egrale triple de la fonction constante ´egale `a 1 surC.
Comme cette derni`ere est continue et compte tenu de la forme de C, on peut appliquer le th´eor`eme de Fubini partiel qui donne (1).
2.2 pts. Pourz ∈[−1; 1], soitRz = [0; 1 +z2]×[0; 2π]. Comme la fonction 1 est continue et comme Rz 3(r;θ)7→r est born´ee, on a par changement de variables en polaires,
ZZ
Dz
dxdy = ZZ
Rz
r drdθ .
Comme Rz 3(r;θ)7→r est continue et Rz est un rectangle, on a, par Fubini, ZZ
Rz
r drdθ =
Z 1+z2 0
r Z 2π
0
dθ
dr = 2π Z 1+z2
0
r dr = π(1 +z2)2. Donc, par 1.,
V = Z 1
−1
π(1 +z2)2dz = πh z + 2
3z3 + 1 5z5i1
−1 = π 2 + 4
3 +2 5
= 56π 15 . On retire 0,5 pt si Fubini n’est pas cit´e. On retire 0,5 pt si le changement de variables en polaires n’est pas cit´e.
Exercice 3 : 7 pts au total.
1.1,5 pts. Pour (u;v)∈[1; 2]2, 1 = 2/2≤(u+v)/2≤4/2 = 2, −1/2 = (1−2)/2≤(u− v)/2≤(2−1)/2 = 1/2, (u+v)/2+(u−v)/2 = u∈[1; 2], (u+v)/2−(u−v)/2 =v ∈[1; 2].
Donc F est bien d´efinie. (0,5 pt)
Soit G : Ω−→[1; 2]2 d´efinie par G(x;y) = (x+y;x−y).G est bien d´efinie car, dans Ω, x+y ∈ [1; 2] et x−y ∈ [1; 2]. Il suffit de montrer que F ◦G = IdΩ et G◦F = Id[1;2]2. Pour (u;v)∈[1; 2]2,
G F(u;v)
= G((u+v)/2; (u−v)/2)
= (u+v)/2 + (u−v)/2; (u+v)/2−(u−v)/2
= (u;v). Pour (x;y)∈Ω,
F G(x;y)
= F(x+y;x−y)
=
(x+y) + (x−y)
/2; (x+y)−(x−y) /2
= (x;y).
2. 1,5 pts. Les d´eriv´ees partielles de F existent et sont continues comme compos´ees de fonctions continues avec les projections continues (u;v)7→uet (u;v)7→v. F est donc de classe C1. De plus,
JF(u;v) =
1/2 1/2 1/2 −1/2
= −1 2. 0,5 pt pour la classeC1.
3. 0,5 pt. Pour tout (u;v)∈[1; 2]2,
|g(u;v)| = g(u;v) ≤ 2e4 + 23ln(3).
4.3,5 pts: Par 1. et 2.,F est une bijection de [1; 2]2sur Ω, de classeC1et dont le jacobien ne s’annule pas. En notant f la fonction continue `a int´egrer dansI, on af ◦F · |JF|=g, la fonction born´ee du 3. En effet, en remarquant que x2−y2 = (x+y)(x−y),
f◦F · |JF|
(u;v) = euvv−1+v3ln(1 +u)
−1 2
= g(u;v).
Par la formule de changement de variables, I est l’int´egrale double deg sur le carr´e [1; 2]2 soit, par lin´earit´e,
I = ZZ
[1;2]2
veuv
2 dudv + ZZ
[1;2]2
v3ln(1 +u)
2 dudv .
Comme on int`egre sur un carr´e une fonction continue, on peut appliquer aux deux int´e- grales la formule de Fubini pour obtenir I =I1+I2 avec
I1 = Z 2
1
Z 2 1
veuv 2 du
dv = 1 2
Z 2 1
euv2 1dv
= 1
2 Z 2
1
e2vdv − Z 2
1
evdv
= 1 2
he2v 2
i2 1 −
ev2 1
= e4−3e2+ 2e
4 ,
I2 = Z 2
1
Z 2 1
v3ln(1 +u)
2 du
dv = 1 2
Z 2 1
ln(1 +u)duZ 2 1
v3dv
= 1
2 hv4
4 i2
1·
(1 +u) ln(1 +u)−(1 +u)2
1 = 15
8 3 ln 3 − 2 ln 2 − 1 .
1,5 pts pour le changement de variables, 1 pt pour Fubini, 1 pt pour le calcul final.
Exercice 4 : 7,5 pts au total.
1. 1,5 pt. Soit x≥0. La fonction de t `a int´egrer est continue. Pour tout t≥0, 0 ≤ e−xt
1 +t2 ≤ 1
1 +t2 . (3)
Comme t2(1 +t2)−1 tend vers 1 quandt →+∞ et commeR+∞
1 dt/t2 est une int´egrale de Riemann convergente, F(x) est convergente. Comme
Z T 0
1
1 +t2dt =
ArctantT
0 = ArctanT →π/2, quand T →+∞,F(0) =π/2. 0,5 ptpour F(0).
2. 1,5 pts. Soit x > 0. La fonction de t `a int´egrer est continue et positive sur ]0; +∞[.
Pour 0 < t≤1,
0 ≤ e−xt
√t ≤ 1 t1/2 . et l’int´egraleR1
0 dt/t1/2 est une int´egrale de Riemann convergente, doncG(x) est conver- gente en 0. Pour 1≤t,
0 ≤ e−xt
√t ≤ e−xt. Comme
Z T 1
e−xtdt =
he−xt
−x iT
1 = 1
x 1−e−xT
→ 0,
quand T → +∞ car x > 0, t 7→ e−xt est convergente `a l’infini et il en est de mˆeme de G(x) par comparaison. Donc G(x) est bien d´efinie.
3.1,5 pts. D’apr`es (3), la fonction `a int´egrer est domin´ee par une fonction int´egrable qui ne d´epend pas de x. De plus, pour t >0,
x→+∞lim e−xt
1 +t2 = 0.
Donc, par un corollaire du th´eor`eme de convergence domin´ee, la limite deF en +∞existe et vaut l’int´egrale de 0 `a +∞ de la fonction nulle, c’est-`a-dire 0.
4. 1,5 pts. Pour t ≥ 0 et x ≥ 0, la d´eriv´ee partielle par rapport `a x de l’int´egrande est bien d´efinie et donn´ee par la fonction continue en (x;t)
g(x;t) = −te−xt
1 +t2 ≤ 0.
Soit a > 0. Pour x ≥ a et tout t ≥ 0, |g(x;t)| ≤ te−at. La fonction continue et positive t 7→te−at est int´egrable `a l’infini cart2·te−at tend vers 0 en +∞etR+∞
1 dt/t2 converge. La d´eriv´ee partielle de l’int´egrande ´etant domin´ee par une fonction int´egrable qui ne d´epend
pas de x et F ´etant bien d´efinie, on a, par le cours, sur [a; +∞[, la d´erivabilit´e de F, la continuit´e de F0 et la formule
F0(x) =
Z +∞
0
g(x;t)dt . (4)
Comme a est arbitraire, F est C1 sur ]0; +∞[ et la formule (4) y est valable.
5. 1,5 pts. Soit x >0. SoitT > >0. Par changement de variables (t=u/x), Z T
e−xt
√t dt = Z T x
e−u pu/x
du
x = 1
√x Z T x
x
e−u
√udu . Par changement de variables (u=v2),
Z T
e−xt
√t dt = 1
√x Z
√ T x
√x
e−v2
v 2v dv = 2
√x Z
√ T x
√x
e−v2dv .
Comme l’int´egrale sur [0; +∞[ de e−v2 converge, on obtient, en prenant successivement les limites T →+∞puis →0,
G(x) = 2
√x Z +∞
0
e−v2dv = 2
√x ·
√π
2 =
rπ x . Remarque : on peut proc´eder autrement.
Pour t > 0 et x >0, la d´eriv´ee partielle par rapport `a x de l’int´egrande est bien d´efinie et donn´ee par la fonction continue en (x;t)
h(x;t) = −te−xt
√t = −√ te−xt.
Elle se prolonge par continuit´e en t = 0. Soit a >0. Pour x≥ a et tout t >0, |g(x;t)| ≤
√te−at. La fonction continue et positive t7→√
te−at est int´egrable `a l’infini car t2·√ te−at tend vers 0 en +∞ et R+∞
1 dt/t2 converge. La d´eriv´ee partielle de l’int´egrande ´etant domin´ee par une fonction int´egrable qui le d´epend pas dex etG´etant bien d´efinie, on a, par le cours, sur [a; +∞[, la d´erivabilit´e de G et la formule
G0(x) =
Z +∞
0
h(x;t)dt . (5)
Comme a > 0 est arbitraire, G est d´erivable sur ]0; +∞[ et la formule (5) y est valable.
Soit x >0. SoitT > >0. Par int´egration par parties, Z T
h(x;t)dt = h√
t· e−xt x
iT
−
Z T
e−xt 2x√
tdt = 1 x
√
t·e−xtT
− 1
2x Z T
e−xt
√t dt . En prenant les limitesT →+∞puis→0, on obtientG0(x) = 0−G(x)/(2x).Gest donc solution d’une ´equation diff´erentielle lin´eaire sans second membre donc il existe K ∈ R tel que
∀x >0, G(x) = Ke−(1/2) lnx = K
√x .
On voit que K =G(1). On peut calculer G(1) comme on a calcul´e G(x) plus haut.
Exercice 5 : 2 pts au total.
Soit U = {z ∈ C;|z| < 4/3}. Pour z ∈ U, |z/2| < 1 et 1 −z/2 6= 0. Donc la fonction f(z) = (1−z/2)−1 est continue sur U. Il en est de mˆeme pour la forme diff´erentielle ω =f(z)dz. Comme γ est une courbe param´etr´ee C1 incluse dans l’ouvertU, l’int´egrale J est bien d´efinie.0,5 pt.
Or, pour |z|<2, on a |z/2|<1 et
f(z) =
∞
X
n=0
z 2
n
. (6)
Cette s´erie enti`ere a donc un rayon de convergence≥2. Elle converge donc uniform´ement sur U. En particulier, la s´erie de fonctions
X
n≥0
γ0(t) γ(t)
2 n
converge uniform´ement sur [0; 2π] vers γ0f ◦γ. D’apr`es un r´esultat du cours sur les int´e- grales simples, la s´erie suivante converge et
J = Z 2π
0
X∞
n=0
γ0(t)γ(t) 2
n dt =
∞
X
n=0
1 2n
Z 2π 0
γ(t)nγ0(t)dt =
∞
X
n=0
1 2n
hγ(t)n+1 n+ 1
i2π 0
= 0. Remarque : On peut aller un peu plus vite. Apr`es avoir ´etabli (6), on peut appliquer directement un r´esultat du cours sur les int´egrales curvilignes de s´eries de Laurent. Comme γ est ferm´ee et comme la s´erie ne contient pas de terme en 1/z, l’int´egrale J est nulle.
Total des points : 25.