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FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1896-97 No 61
DES ACCIDENTS
CONSÉCUTIFS
CEp« h LE DE L
nj
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 5 Février 1897
Edouard VEAUX
Né à Chartrier-Ferrière(Corrèze), le 23 mai 1872.
Examinateurs de laThèse
MM. AllNOZAN, PITRES, SABRAZÈS,
LE DANTEC,
professeur... Président.
professeur...
agrégé.. } Juges.
agrégé
.Le Candidatrépondra auxquestions qui lui serontfaites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
—
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 RUE MONTMEJAN 17
1897
FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS : MM. MICE.
AZAM
Professeurshonoraires.
Cliniqueinterne.
Clinique externe Pathologie interne.... Pathologieetthérapeu¬
tiquegénérales Thérapeutique
Médecineopératoire... Cliniqued'accouchements
Anatomiepathologique
Anatomie
Anatomie générale et histologie
MM.
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BLAREZ.
GU1LLAUD.
FIGUIER.
deNABIAS.
FERRE.
BADAL.
PIÉCHAUD.
BOURSIER.
AGRÉGÉS EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interne etMédecine légale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHÉ.
MM. SABRAZES.
Le DANTEC.
(MM.YILLAR.
Pathologieexterne < BINAUD.
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section de chirurgie et accouchements
Accouchements MM. RIVIERE.
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Anatomie.
section des sciences anatomiques et physiologiques
j MM. PRINCETEAU. I Hhysiologie
MM. PACHON.
"'■
( CANNIEU. I Histoirenaturelle
BEILLE.
section des sciences physiques Physique MM. SIGALAS. I
Pharmacie
ChimieetToxicologie.. DEN1GÈS.
|
COURS COMPLÉMENTAIRES Cliniqueinternedes enfants
Cliniquedesmaladiescutanéesetsyphilitiques.
Clinique desmaladiesdesvoiesurinaires
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MM.
M. BARTHE.
MOUSSOUS.
DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
REGIS. ,
DENUCE.
RIVIERE.
DENIGÈS.
LeSecrétairede la Faculté: LEMAIRE.
Pardélibération du5 août1819, la Facultéaarrêté quelesopinionsémises dans les Thèsesqui
lui sont présentées doivent être considéréescomme propres à leurs auteurs, et qu'elle
n'entend
leurdonnerni approbation ni improbation.
A mon Père, le Docteur Léon VEAUX
Hommage de ma reconnaissance la plus vive et de mon amour filial.
A MA MÈRE
A la mémoire de mon Frère
Léopold VEAUX
Souvenir de la plus vive affection.
A l'Abbé GASTANET
CuréDoyen, Chanoine honoraire.
Au Révérend Père Paul VEAUX
Directeur du Collège deKarihal.
Au Révérend Père Auguste VEAUX
MissionnaireenIndo-Chine.
A MES SOEURS ET BEAUX-FRÈRES
A MES ONCLES, TANTES, COUSINS ET COUSINES
A MES AMIS
A Monsieur le Docteur William DUBREUILH Professeur agrégé à la Facultéde Médecine deBordeaux
Chargé du cours des maladies syphilitiques et cutanées.
DES ACCIDENTS CONSÉCUTIFS
AU
PERCEMENT 1IM M L'OREILLE
INTRODUCTION
« Les plaies par instruments piquants du lobule de l'oreille n'offrent en général aucune gravité. La mode a même consacré chez les femmes cette coutume deperforer le lobule pour ysus¬
pendredes boucles d'oreilles » (1). Ce fait pratiqué depuis long¬
temps et qui,comme le disent lesauteurs du Traité de chirurgie,
n'entraine en général que peu d'inconvénients, doit cependant
attirer un peul'attention. Si peu nombreuses en effet que puis¬
sent être les conséquences fâcheuses de cette coutume, si rares que soient les accidents, c'esttrop pour notre époque moderne
où les lois de l'antisepsie, base de toutes nos grosses décou¬
vertes, devraient régner en souveraines incontestées. Cette
opération du percement du lobule de l'oreille, pratiquéeleplus
ordinairementpar des mains étrangères àla médecine, un bijou¬
tier le plussouvent,se faitaveclaplusgrandesimplicité,àl'aide
d'un poinçon très aigupoussé à travers le lobule préalablement
(1)Traité de chirurgie, t,IV,p. 592,
— 44 —
appliqué sur un
bouchon. Mais il n'est pas rare de voir survenir
à la suite de ce
léger traumatisme des phénomènes de divers
ordres. Ces faits
qui sont épars dans la science, qui ne sont que
brièvement
mentionnés dans les Traités de chirurgie ou les livres
classiques et
qui
nesont en général que l'objet d'articles épars
dans les journaux
scientifiques, nous ont paru cependant assez
intéressants pour en
faire l'objet de notre thèse inaugurale.
Sur les conseils
de notre maître, M. le Dr Dubreuilli, qui, en sa
qualité
de chargé de cours des maladies de la peau, voit souvent
les conséquences que
cette opération peut amener sur des sujets
scrofuleux,
lymphatiques
ouherpétiques, nous avons cherché à
voirle parti que nous
pourrions tirer de ce sujet.
Nous avons divisé
notre travail de la façon suivante :
Dans un
premier chapitre, nous étudierons les accidents que
peut
produire la perforation du lobule, c'est en somme une
partie
des accidents des plaies et en particulier le réveil des dia-
thèses
provoquées
parce traumatisme.
Dans un second
chapitre, nous verrons les conséquences que
peut
avoir
uneinoculation spécifique faite dans cette région et
là nous aurons
spécialement en vue les maladies virulentes
comme la
syphilis et la tuberculose.
Dansun troisième
chapitre, nous mentionnerons les accidents
ultérieurs des
plaies, telles que les déformations, l'apparition de
cicatrices vicieuses,
la scission du lobule, etc.
Cettedivision,
cependant toute factice, ne devra pas nous faire
perdre
de
vueque, sous l'influence d'un nouveau traumatisme
produit
par unedéchirure faite par la boucle sur un lobule déjà
cicatrisé,des
accidents inflammatoires nouveaux peuvent se pro¬
duire sur cette
nouvelle plaie, comme lorsque l'opération vient
d'être faite.
Enfin, dans un
dernier chapitre, nous indiquerons en quel¬
ques
mots le traitement de ces affections.
Cheminfaisant, nous
mentionnerons les observations que nous
aurons pu
recueillir et nous verrons alors quelles sont les con¬
clusions que nous
pouvons tirer de ce travail trop court, trop
incompletsur
bien des points, nous le reconnaissons; mais nos
juges voudront bien nous continuer l'amabilité qu'ils nous ont toujours montrée et, eu égard aux circonstances, nous accorder
toute leur indulgence.
Mais avant d'entrer dans le corps denotre sujetet aumoment de quitter la Faculté et les hôpitaux, qu'il nous soit permis de
nous conformer à un usage si doux et si agréable, celui de
remercier ceux de nos maîtres qui nous ont toujours aidé de
leurs conseils et de leurs lumières.
Que M. le professeur Arnozan reçoive ici nos plus sincères
remerciemenrs pour le grand honneurqu'il nousfait en accep¬
tant la présidence de notre thèse.
Que M. le Dr Dubreuilh veuille bien agréer l'expression de
notre reconnaissance et tous nos remerciements pour avoir
bien voulu nous inspirer l'idée de ce travail et nous aider de
ses conseils.
Nous n'oublions pas, non plus, les professeurs de la Faculté
de Paris, ni ceux de l'Université catholique de Lille où nous
avons commencé nos études et qui nous ont toujours été si dévoués. Qu'ils veuillent bien agréer, ainsi que nos maîtres de
la Faculté de Bordeaux, l'expression de notre profonde recon¬
naissance pour la bienveillance qu'ils ont toujours mise à nous
guider dans nos études et pour les conseils éclairés qu'ils nous ont toujours donnés.
Nous sommes également très heureux de pouvoir adresser
nos plus sincères remerciements à M. le D1' Louis Verdelet, qui
a bien voulu nous traduire de l'allemand quelques-unes de nos
observations, ainsi qu'à MM. les D,s Durand et Abadie, qui se sont vivement intéressés à nous durant notre travail et y ont
même contribué chacun par une observation que nous avons été
très heureux de publier.
CHAPITRE PREMIER
Dans le percement du
lobule de l'oreille,
commedans toute
plaie, il peut se
produire des accidents de diverse nature, qui
empruntent aux
caractères anatomiques de la région leur impor¬
tance.
Le premierfait à
mentionner c'est l'hémorrhagie. Si, le plus
habituellement, elle faitdéfaut par
suite du
peude vascularisa-
tion de cette région, chez
certains sujets plus
oumoins hémo¬
philes, chez
certains strumeux où 1a. région est plus irritée, elle
peutse
produire. Son existence n'est
passérieuse en général, ce
n'est qu'un simple
ennui,
unsimple retard comme on peut le
constater dans l'observation qui nous a été
fournie
parnotre
excellent camaradeAbadie (obs. I).
Des phénomènesbeaucoup
plus importants sont dus aux acci-
denls inflammatoires qui peuvent se
développer si des
germesont pénétré dans la
plaie, et cela
avecd'autant plus de facilité
que la structure
anatomique de la région s'y prête mieux. On
sait en effet que « le lobe
de l'oreille est absolument dépourvu
de cartilage et constitué par
deux feuillets cutanés entre lesquels
on trouve de la graisse et du
tissu cellulaire
»(1).
Mais ce n'est point là tout; cette
région possède
« unriche
réseau de vaisseaux lymphatiques qui
forment
unnombre
con¬sidérable de troncules et de troncs qui aboutissent aux gan¬
glions parotidiens »
(2); aussi,
sousl'influence de l'inflamma¬
tion, pourrons-nous
voir
sedévelopper à distance des accidents
infectieux d'intensité variable. Toutes ces hypothèses sont, en effet, vérifiéespar l'examen
clinique.
(lj Tillaux,Analomielopogrctphique,p. 88.
(2) Testut,Traité d'anatomiehumaine, t.III,p.285.
— 17 —
L'inflammation peut revêtir des degrés variables. La lésion la plus simple et la plus banale que l'on trouve mentionnée partout, l'érythème dupavillon, s'observe chez lesjeunes sujets
scrofuleux. « Il consiste clans un gonflement léger accompagné
d'une rougeur diffuseetdonnantnaissance à un prurit extrême¬
mentintense. Quelquefois, ce gonflement et cette rougeur aug¬
mentent et l'oreille prend une teinte violacée; il peut même y avoir des phlyctènes et des escharres » (1). Ces phénomènes,
accentués davantage parla virulence des germesseptiques, peu¬
vent parfois produire une inflammation quise caractérise outre les phénomènes locaux, par la fièvre, par le retentissement ganglionnaire et l'engorgement de ces ganglions. Ces faits
mentionnés chez les anciens par Celse (2), plus tard par Boyer qui dit « qu'il est rare que l'inflammation soit considérable, à moins qu'il n'existe chez l'individu un principe morbifique que l'irritation a appelé vers l'oreille » et qui ajoute : « Que, dans
ce cas, l'évacuation devient nécessaire »(3),ne sont guère repris
que par Bobe Moreau, en1807eten 1821, qui fait diverses com¬
munications sur les inconvénients que peut, dans certains cas
minimes, il est vrai, entraîner cette petite opération. 11 publie
à cetégard diverses observationsintéressanteset que nous men¬
tionnons plus loin (obs. II, III).
Cette simple inflammation, accompagnée d'un peu de fièvre, d'insomnie, peutn'être pas tout et l'érysipèle qui peut se trou¬
ver si facilementà la suite desplaies, peut aussi s'y rencontrer, ainsi que les engorgements ganglionnaires de voisinage. C'est
ce que nous trouvons nettement mentionné dans les observa¬
tions de Bobe Moreau (obs. IV, V), indiqué dans le Traité de chirurgie, signalé par Fournier (4) qui parle de la suppuration
facile des plaies du lobule de l'oreille chez les strumeux, des
(1) Kirmisson, Manuel de pathologie externe,p.423.
(2) Bobe Moreau, Journaldemédecine, chirurgie etpharmacie,1821,p.302.
(3) Boyer, Traité des maladies chirurgicales,t.IV, p. 4.
(4) Fournier, Journal des maladiessyphilitiqueset cutanées, 1894, p.322.
Veaux 2
— 18 —
érysipèles
qui s'y produisent parfois et des infections de toutes
sortes auxquelles cette
plaie sert de porte d'entrée.
Nous ne nous étendrons pas
davantage
surces questions
d'inflammationbanale, nous avons
voulu simplement mention¬
ner lefait et quelques
observations qui le mettent bien en relief.
Nous en arrivons maintenant à une
nouvelle forme d'infection
qui peut nous
servir de transition entre les inflammations vul¬
gaires,
banales et les maladies de la peau : nous voulons parler
de l'impétigo.
Cette affection, qui
«s'observe si fréquemment
chez les enfants àtempérament
dit lymphatique, ce qui lui avait
valu d'être rangéepar
Bazin parmi les scrofules bénignes » (1),
est reconnue aujourd'hui
de nature microbienne. C'est le sta-
phylococcus pyogenes
aureus, le stapliylococcus cereus albus
et le staphylococcus pyogenes
albus qui sont, en effet, les
coupables, comme
l'ont montré les travaux de Boickhart et de
Dubreuilh. Connue depuis longtemps,
considérée même comme
un dérivatifd'un tempérament strumeux
et, à
cetitre-là le per¬
cement du lobule de
l'oreille avait
puêtre considéré comme
utile (2), cette
affection est maintenant reconnue à sa juste
valeur. Elle est mentionnée par
la plupart des auteurs, par
Bobe Moreau (Obs.
VI, VII, VIII, IX),
parMeilliac (3) (Obs. X),
Leloir (4) (Obs.
XI) et Fournier, et nous voyons fréquemment
des gens chez
qui cette petite opération est le point de départ
d'une infectionquise propage
de proche
enproche pour gagner
lesparties
voisines; d'autres fois, au contraire, l'infection existant
déjà en
quelque endroit, la plaie faite lui permet de gagner
davantage. C'est ce que nous
montre une observation qui nous
est communiquée par
notre ami le docteur Edouard Durand
(obs. XII).
Nous arrivons maintenant aux
maladies de la peau à pro¬
prement
parler, et c'est là que l'on peut voir, à l'occasion de
(1)Traité de médecine
(Bouchard-Charcot), t. V,
p.363.
(2) NouveauMontpelliermédical,1893, p.
161.
(3)Meillac,BulletindelaSociété
anatomique. Paris, 1871, p. 167.
(4)Leloir,Journal desmaladiescutanées,
1893,
p581.
- 19 -
cetraumatisme insignifiant,le réveil desdiathèses, qu'on aassez souvent signalé à la suite des plaies, principalement depuis les
travaux de Verneuil (1) et de ses élèves.
► C'est l'eczéma, c'est l'herpès qui peuvent se manifester à la
suite, et, une fois installés, gagner de proche en proche et par leur caractère rebelle être une cause d'ennuipour le malade et aussi pour le médecin.
Comme l'a montré Leloir (2), « les sujets lymphatiques sont
un excellent terrain de développementpour l'infectionàla suite de la déchirure des lobules de l'oreille. Ils sont prédisposés à l'eczéma ».
Fournier (3), dans un article où il est questionde ces acci¬
dents, parle également « des eczémas qui, chez les sujets scro-
fuleux, peuvent suivre la perforation et qui s'expliquent par la
richesse extrême de la région en vaisseaux lymphatiques. Con¬
trairement aux préjugés d'antan, on devrait toujours s'abstenir rigoureusement de percer les oreilles aux enfants qui ont des
croûtes auxnarines, les yeux collés au réveil par les sécrétions
de leurs bords palpébraux accumulées pendant la nuit, qui ont la face pâle et bouffie et présentent en un mot ce que l'on a convenu d'appeler l'habitus strumeux et que seul un médecin
a qualité pour reconnaître ».
C'est, en effet, le plus ordinairement l'apanage des sujets lymphatiques, tandis que plus tard, c'est Farthritisme qui joue
le grand rôle et qui pourra se manifester aussi par des érup¬
tions eczémateuses mais plus souvent herpétiques.
C'est là, àpeu près, tout ce que l'on peut rencontrer comme accidents immédiats de la plaie opératoire. Bénins engénéral,
ce n'est guère qu'à cause de leurs rapports avec les affections
de la peau, des désagréments qu'ils peuvent occasionner qu'ils
sont à considérer. Ces derniers accidents, en effet, se résument à ceci : ou bien la plaie sert de point de départ au réveil d'une I®>
(1)Traité dechirurgie, t. I.
(2)Leloir,Journal desmaladies culanées, 1893,p.581.
(3) Fournier, Journaldes maladiescutanées, 1894, p.322.
— 20 —
diathèse qui
sommeillait
etlui permet de produire ses manifes¬
tations ; ou bienl'affection
cutanée qui existait déjà du côté du
cuir cheveluou de laface reçoitune
nouvelle extension plus
con¬sidérable encore et qui, par le
retentissement ganglionnaire
qu'elle peut
alors donner, doit être prise en sérieuse considé¬
ration. Aussi, pour cela, le
médecin doit-il être prévenu des
inconvénients que peut
avoir cette opération si bénigne en
apparence.
CHAPITRE II
Si toutes les complications que nous venons de voir peuvent,
dans certains cas, être assez sérieuses, elles n'ont en général qu'une durée éphémère et necompromettent pas ordinairement
l'existence du malade, pas plus qu'elles ne donnent lieu à des infections très rebelles; mais il peut n'en être pastoujoursainsi
et dans quelques cas une infection spécifique peut se manifester
soit au moment de la production de laplaie, soit dans lespre¬
miersjours qui suivent l'opération. Cesinfectionsprincipalement
à redouter, rarement observées il estvrai, sont la transmission de lasyphiliset de latuberculose, surtoutpar sa formeatténuée,
le lupus.
L'opération, comme le dit Fournier (l), est faite « au petit
bonheur ». Pas de nettoyage de la région, pas de pansements ultérieurs; aucune précaution particulière n'intervient, même s'il s'agit de renouveler l'opération surplusieurs enfants consé¬
cutivement. « Onfrémit, dit le même auteur, à la pensée de ce
qui pourrait se produire si l'un des sujets de la série se trouvait
être porteur de lésions syphilitiques inoculables ».
Les observations précises de transmissionen sont rares; mais
il n'est point déraisonnable, comme le dit lemêmeauteur, d'ad¬
mettre que l'aiguille du bijoutier a pu transmettre la syphilis.
Cette question est donc intéressante et semblerait assez impor¬
tante pour qu'on interdit aux bijoutiers la pratique d'une opé¬
rationqui pourrait, indépendamment detousles autres accidents,
être cause de semblables malheurs.
En dehors de l'infection qui peut se produire au moment de l'opération, il faut remarquer quela plaieesttoujours faitesans
(1) Fournier, Journal des maladies cutanées, 1894,p.320.
pansement consécutif;
aussi les enfants sont-ils très exposés à
se contaminer pendant encore
quelques jours et le contact d'une
domestique atteinte de
syphilis pourrait très Lien transmettre
l'affection.
La seconde série de faits est plus positive et basée sur
des
observations très concluantes : Il s'agit de la transmission de la
tuberculose soit par l'opération elle-même,
soit
parle port de
bijoux ayantappartenuà
des tuberculeux, soit
encore parce quele traumatisme a pu être un point
d'appel de la maladie.
Quoiqu'ilen soit, ces
trois ordres de faits semblent prouvés et
c'est sous forme de lupusque
l'infection s'est manifestée
:lupus
hypertrophique,dans certains
cas;d'autres fois nodules isolés,
ulcérations tuberculo-gommeuses et même, comme
le démon¬
trent quelques
observations, extension de la maladie
parforma¬
tion de ganglions tuberculeux et
retentissement pulmonaire.
Uncertain nombre d'auteurs ont signalé ces faits; parmi eux,
nous trouvons Eiselsberg(1), dont nous donnons
résumée
une observation(Obs. XIII); Leloir (2)(Obs. XIV
etXV), qui
atrouvé
que 6 fois sur312 cas
l'oreille avait été le siège primordial du
lupus et que dans un
nombre considérable de
cas,la maladie
était secondaire. Nous citerons encore Unna (3) (Obs.
XVI),
Lespinne (4) (Obs.XVII), Fournier (5) (Obs. XVIII et XIX) et
enfin notre maître Dubreuilh, dont nous trouvons deux observa¬
tions consignées par M. le Dr
RobelF (6) dans
sathèse de Bor¬
deaux, 1896 (Obs. XX et XXI).
Tous ces auteurs montrent que c'est le plus
ordinairement
par la plaie
de l'oreille
ques'est faite l'infection et, dans cer¬
tains cas, comme dans l'observation de
Leloir, la transmission
directe est des plus probantes.
(1) Eiselsberg,Wienermedicinische Wochensclirift, 1887, n.53.
(2) Leloir, Journ. cles maladies cutanées, 1894 et Traité des maladies
scrofulo
tuberculeusesdelapeau.
(3) Unna. Wienermed. Presse,1889.
(4) Lespinne,Journ. desmaladies cutanées, 1894.
(5)Fournier,Journ.des maladiescutanées, 1894.
(6)RobefF,Thèse deBordeaux, 1896.
Nous n'insisterons pas davantage sur ces faits qui, parleur spécificité, présentent un danger assez considérable; ils sont
heureusement assez rares, mais ils existent etnous ne pouvions
les passer sous silence.
Il en est également unautre que, par sa rareté,nous pouvons
rapprocher des précédents, ainsi que par sa gravité : c'est le
tétanos. Bien que nous n'en ayons pas trouvé d'observations,
nous sommes obligé d'en parler, car le fait se trouvementionné
dans le Traité de chirurgie (l).
(1) Traitéde chirurgie,t. I,p. 254.
CHAPITRE III
Nous venons devoir dans les précédents chapitres les
affec¬
tions du lobule de l'oreille dont la cause occasionnelle est le percement de ce lobule, et
qui,
envérité, dépendent, soit d'une
infection del'organisme ayant ce traumatismepour
origine, soit
de l'état général du sujet et de
l'extension
oudu réveil d'une
diathèse dont il est déjà porteur.
Maintenant nous allons parler des affections dont la cause directe estla plaie produite parle
poinçon. Mais
avantd'aller
plus loin, nous allons
traiter d'une affection, d'un inconvénient
plutôt, qui a presque disparu
de l'Europe depuis
queles Euro¬
péennes ont renoncé à porter
appendus à leurs oreilles
ces bijoux plus ou moins lourds,véritables pièces d'orfèvrerie
qu'au commencement du
siècle les élégantes portaient
encore.Qui ne se souvient d'avoirvudans les trésors queles
familles
se transmettent de génération en génération ces bouclesd'oreilles
en forme de poires ou d'un dessin
compliqué
àla facture des¬
quelles participaient
l'or
etles pierres précieuses?
Lepoidsrelativement
considérable de
ces «agréments
»expli¬
que avec beaucoup de
facilité les déformations, l'allongement
que l'on observait assez souvent
autrefois.
Cependant si cette
déformation n'est plus aussi
commune en Europe et dans les payscivilisés, elle n'est point
rarechez les
peuplades sauvages où
hommes
etfemmes
sepassent soit dans
les lèvres, soit dans les narines et surtout dans les oreilles des
arêtes de poisson, desmorceaux d'os, des fragments
de bois
oude métal, d'Un certain volume et par conséquent
d'un poids
relativement considérable.
Sousl'influencedutiraillement exercéparces objets, lelobule
de l'oreille se distend et s'allonge; si le pertuis à travers lequel
passe l'ornement conserve sa forme primitive, ce qui est relati¬
vement fréquent, le lobule continuant à s'allonger et à. s'hyper- trophier, finit par atteindre l'épaule, en conservant toutefois
son intégrité, malgré les déformations de toutes sortes qu'il a pu subir et qui le font ressembler à un morceau de viande informe appendu à l'oreille.
« Les Goctos et les Angusteros percent ce lobe, agrandissent
l'ouverture et y enchâssent des rondelles de bois(1) de cecropia
d'un volume phénoménal ». Chez d'autres peuplades sauvages, notamment chez les habitants des îles Marquises, ce sont des
masses pesantes que l'on suspend; aussi sous leur influence voit-on, ainsi que nous le disions tout à l'heure, le lobule s'allonger peu à peu dans le sens vertical et descendre ainsi jusqu'aux épaules (2).
D'autres fois, au contraire, le tissu cellulaire qui compose à
peu près à lui seul le lobule, se laisse distendre, et le pertuis,
au lieu de circulaire qu'il était, devient oblong, s'agrandit dans
un seul de ses diamètres de manière à former une espèce de
boutonnière au milieu d'une languette de tissu qui représente
le lobule.
Les descriptions d'oreilles de ce genre ne sont point rares dans les relations de voyages et beaucoup d'explorateurs en ont donné des reproductions prises un peu sur tous les points
du globe.
Non seulement on a noté l'allongement et l'hypertrophie du lobule, mais encore on a vu, chez ces mêmes peuplades sau¬
vages,des cas où après s'être ainsi hypertrophié, le lobule s'est
divisé en deux parties; c'est cequi a été signalé chez les Indiens
etles Orepones de la rivière de Napo (3).
(1) PaulMarcoy, T. du monde, 1866, 2e vol.,p.102 et 103.—L'auteur donne même le dessin d'une oreille dont les lambeaux du lobulesonttressés et contournésenforme de nœud.
(2)Testut, Anatomie humaine, t. III, p. 274.
(3) Paul Marcoy, Voyage de l'Océan Pacifique à l'Océan Atlantique, Tour c(q monde, 1863, 1er vol.,p.172,
— 26 —
Cet accident, du reste, n'est point réservé
exclusivement
aux peuplades sauvages, onle rencontre fréquemment dans les pays
civilisés; l'hypertrophie manque
alors,
ousi elle existe elle est
trèslégère,caraussitôtque
la femme s'aperçoit des inconvénients
queprésentent ses
bijoux, elle les supprime.
La scission du lobule est fréquente, surtout chez
les femmes
lymphatiques; l'anneaude la boucle d'oreille agit alors lente¬
ment et par pression
continue, il
avance peuà
peuà mesure
qu'en arrière lestissus
sereferment. Un jour arrive où le bijou
tombe etlaisse le lobule fendu. « On perce à côté,
le lobule
sefend de nouveau, de sorte que le lobule
finit
parressembler à
une fourchette à huîtres » (1).
Cette scission du lobule se produit encore et
d'une façon im¬
médiate, lorsque la boucle
d'oreille
estarrachée brusquement
soit que dans un
mouvement brusque de la tête elle reste accro¬
chée à un obstacle quelconque,
soit
quedans
uneagression,
l'agresseur l'arrache
brutalement.
La plaie
produite ainsi peut
secicatriser
sanslaisser d'autres
traces qu'une cicatrice, et
alors il suffit de
percerle lobule à
côté du premier pertuis pour que
l'accident soit réparé
;d'au¬
tresfois, au contraire, le lobulene se
reforme
paset reste bifide.
Si la déchirure sereferme,la cicatriceestexposée aux
compli¬
cations ordinaires des cicatrices.
Dans le cas particulier où la
boucle d'oreille est arrachée bru¬
talement, le lobule est souvent dilacéré
ainsi
queles tissus voi¬
sins, alors il peut se faire que
la
pertede substance
serépare
en créant des difformités soit que le lobule
soit emporté, soit
qu'il se soude auxparties voisines.
Mais il estun accident, unecomplication qui se présente
plus
souvent, je veux parler
de la chéloïde. Comme toute cica¬
trice et peut-être mieux que
toute cicatrice, celles qui résultent
du percement du
lobule sont exposées à cette complication à
cause de l'irritation constante qu'occasionne la présence
des
boucles d'oreilles. On en trouve pasmal
d'observations, et
pour(1) Tillaux,Traité dechirurgie clinique,p.79.
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notre part nous avons pu en réunir treize, éparses dans les au¬
teurs. Chemin faisant, nous en signalerons quelques-unes et
celles qui offrent des détails intéressants seront résumées à la
fin de notre travail.
Lepremierauteurqui, dans notresiècle, se soitoccupédecette question est Vidal (1), qui,en 1853, présenta cà laSociété anato- mique de Paris une tumeur enlevée au lobule de l'oreille d'une jeune fille. Chez cette malade, un bourrelet s'était développé
autour d'une boucle d'oreille qui avait fini par couper le lobule.
La tumeurétait formée de tissu fibro-plastique. La même année,
Rombeau (2) présente à la même Société une petite tumeur
fibreuse dont le développement, chez unejeune fille, était dû à l'usage des boucles d'oreilles.
Broca (3) en a signalé également un cas en 1855.
Lhonneur (4), dans sathèse inaugurale sur les chéloïdes, en 1856, en a mentionné un cas dont on trouvera l'observation
résumée àla fin de notre travail (obs. XXII).
En Angleterre, en 1860, Hilton (5) en a aussi publié un cas dontnous donnons également l'observation (obs. XXIII).
Revillot (6), en 1864, en donne encore une
observation (obs.
XXIV).
D'après Saint-Vel (7), les chéloïdes seraient très
fréquentes
auxAntilles, mais il n'en donne pas d'observation.
Dolbeau (8) en aprésenté, en 1869, deuxcas à la
Société
ana¬tomique de Paris et faitremarquerquele
développement de
cestumeurs a suivi de très près le percementdes oreilles.
Landouzy (9), en 1871, en aaussi présenté uncas
(obs. XXV).
(1) Vidal,Bulletindela Sociétéanatomique,Paris, 1871.
(2) Rombeau,Bulletin cle la Société anatomique,Paris,1871.
(3)Broca, Bulletin de la Sociétéanatomique, Paris,1871.
(-4) Lhonneur,ThèsedeParis, 1856.
(5) Hilton, TheLancel, 1860.
(6) Revillot, Gazettedeshôpitaux, 1864.
(7) Saint-Vel, Gazelledes hôpitaux, 1864.
(8) Dolbeau, Bulletinde la Sociétéanatomique,Paris, 1871.
(9) Landouzy, Bulletin delaSociétéanatomique, Paris, 1871.
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- Clarac (1) signale la
chéloïde de l'oreille
commefréquente
chez les noirs et attribueà ces derniers une disposition spéciale
àfaire du tissu fibreux.
« Lachéloïde du lobule del'oreille, dit-il, consécutiveau per-
» cernent de celui-ci, forme une tumeur lobulée souvent
pédi-
» culéeayantlaformed'une
noisette suspendue
aulobule
comme» un pendant
d'oreille dont le volume peut atteindre celui d'une
» orange. Sa coloration est légèrement
plus claire
quecelle de
» la peau; elleestrecouverte
d'un épiderme mince, mais intact;
« sa consistance est ferme et élastique ; elle est souvent
double
» et symétrique.
» Le développement, assez lent, se
fait
endeux
outrois
ans» environ.
» Certaines femmes nègres considèrent les
chéloïdes doubles
» de l'oreille comme un ornement et n'en demandent l'extirpa-
» tion que quand, parsonpoids, la tumeur
devient intolérable
».Lassalle (2) donne une
observation de chéloïde chez
unefillette
et entire comme conclusion ce fait que l'on doit
condamner
absolument le percement des oreilles
chez les enfants lympha¬
tiques (obs. XXVI).
M. Binaud,en 1893 (3), présente àla
Société d'anatomie
etde
physiologie deBordeaux
unepetite tumeur enlevée
parM. Dé¬
mons etlui,surle lobule del'oreilled'une jeune fille
de 18
ans.Cette tumeur s'était formée quelques mois après le percement
du lobule. M. Binaud a pratiqué l'examen
histologique de
cettetumeur et l'a trouvée constituée par du tissu fibreux, elle lui a paru devoir être considérée comme une
véritable chéloïde.
Parmi les auteurs qui sesont encore occupés
de la question
nous devons citer Burkner(4) en1887 etPolitzer
(5)
en1893, qui
ont signalé quelques cas de
l'affection qui
nous occupe;Turn-
(1) Clarac, Archivesclemédecine navale,1891.
(2)Lassalle, Montpelliermédical,1893.
(3) Bulletindela Société d'anatomie et de physiologie deBordeaux, 1893
(4)New-York médicaljournal, (5) Id.
bull (1), qui attribue l'apparition des chéloïdes à une prédispo¬
sition de l'individu; Klebs (2), à qui nous devonsl'observation
d'un cas de chéloïdedéveloppé surl'oreille d'un enfant de9ans.
Nous trouvons dans le Journal de médecine et de chirurgie pratique (3) un cas de cliéloïde noté parMax Thorner (de Cin¬
cinnati).
Le même auteur signale en même temps d'autres accidents imputables au percement du lobule de l'oreille et au port des
boucles d'oreilles. Il signale un cas de cbondrome du pavillon
de l'oreille chezune dame âgée de 32 ans, quiavait été extirpé
deux fois. La dernière fois, il avait la dimension d'une châtai¬
gne et occupait tout le lobule, il fut extirpé à l'aide
d'une inci¬
sion en forme de Y et ne reparut pas.
Le même auteur signale encore un fibrome typique du pavil¬
lon de l'oreille chez une dame de 35 ans. Lorsqu'elle avait
15 ans, ses boucles d'oreilles s'accrochèrent à un oreiller et
furent arrachées toutes deux. Une tumeursedéveloppa sur cha¬
cundes lobules, qui furent partiellement amputés deuxans
plus
tard. La tumeur du côté gauuhe n'a jamais reparu, celle de
l'oreille droite arécidivé six fois.
Enfin, pour clore la liste des auteurs
qui
onttraité la question
quinous occupe, nous devonsciter Scheppegrell (4) dont
nousavons recueilli deux observations publiées en1896 dans leNew-
York médical journal et que nous avons
résumées
àla fin de
notre travail (obs. XXVII et
XXVIII).
Les observations de ce genre sont donc assez nombreuses
pour prouver que le port des
boucles d'oreilles est loin d'être
inoffensif, attendu quelesaccidents ont été souventassez
sérieux
pour nécessiter une intervention
chirurgicale.
(1)New-York médicaljournal.
(2) Id.
(3) Journal de médecine etdechirurgiepratiques,1894.
(4) Scheppegrell(New-York médicaljournal, 1896).
CHAPITRE IV
TRAITEMENT
Après avoir énuméré les
accidents occasionnés
parle
perce¬ment du lobule de l'oreille et le port des boucles d'oreilles ou
d'objets plus ou moins lourds
appendus
aulobule auriculaire,
nous devons dire un mot du traitement de ces accidents.
Le premier de tous les traitements et
le meilleur, celui qui
supprime tout inconvénient,
consiste
às'abstenir de porter de
bijoux ainsi suspendus aux
oreilles.
Mais comme, en somme, ce conseil a beaucoup de chances de
n'être pas suivi, au moins par
la clientèle féminine, mieux vaut
le formuler simplement, prévoir et traiter les
accidents.
De la légèrehémorrliagie qui se produitaumoment
de l'opé¬
ration, nous ne dirons presque rien; elle cède
généralement
assez vite parlacompression du
lobule
entrele
pouce etl'index.
Les complications inflammatoires de la
plaie, complications
généralement infectieuses, sontjusticiables des traitements
reconnus efficaces contre ces infections.
Le traitement qui, en somme, domine tout dans
le
casparti¬
culier, est le traitement prophylactique.
L'antisepsie et l'asepsie les plus
minutieuses sont de règle
dans cette opération aussi bien que
dans
lalaparotomie la plus
difficile.
Malheureusement il n'en est rien; le poinçon qui sert aux
bijoutierspourtranspercerle lobule
n'est généralement
nettoyéque très sommairement, et
de plus
restetrès longtemps planté
dans du liège pour le préserver.
Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que ce poinçon, chargé deprincipes septiques, infecte la
plaie
etoccasionne des
érysipèles, des phlegmons et autrescomplications des plaies
septiques qui, dureste, sontjusticiables du traitement ordinaire
de ces mêmes complications. Lorsqu'il existe une affection con¬
comitante telle que l'impétigo, par exemple, le percementdes
oreilles doit être retardé jusqu'à disparition complète de cette maladie, caralorsune autoïnoculation peutse produireau point lésé,comme nous en signalons plusieurscas dans notre premier chapitre.
Les complications dues àdes diathèses, à desinfections géné¬
rales, tuberculose, syphilis, sont améliorées ou guéries parles
traitements spécifiques.
Quant auxaffections signalées dans notrechapitreIII, le trai¬
tement doit évidemment répondre aux indications.
Si le médecin est consulté pour une hypertrophie du lobule,
la première indicationestde supprimer la boucle
d'oreille,
cause du mal. Si l'on a affaire, ce qui en somme est rare en Europe,mais peutse présenter dans la pratique coloniale, à ces énor¬
mes hypertrophies signalées par Paul Marcoy, par
exemple,
letraitement est toutindiqué, il faut réséquer une bonne partie du
lobule et refaire ce lobule.
Lorsque le lobule est fendu, comme
généralement
ladiffor¬
mité n'est que légère et qu'elle ne se borne qu'à une légère
échancrure du bord, le médecin est rarement invité à yremé¬
dier. Si la scissure est assez profonde pournécessiter une inter¬
vention, l'opération la plus simple et en même temps
celle qui
donne les meilleursrésultatsest d'aviver les bords decette scis¬
sure et deles rapprocher entaillant ou non
dans la
peausaine
deux petits lambeaux.
Nous arrivons maintenant aux affections, non point plus sé¬
rieuses, mais nécessitant davantage une intervention, je veux
parler des tumeurs signalées
dans le chapitre III.
Dansce cas, l'indication est d'enleverla tumeur en réunissant
les deux lambeaux par première
intention
; on est rarement àl'abri des récidives, mais néanmoins il nefautpasdésespérerde
laguérisoncar, comme le montrent la
plupart des observations,
ce n'est souvent qu'aprèsplusieurs
interventions
quel'affection
est définitivement guérie.