ENTRE SOUS LF N° <V 0,3 09 FACULTÉ DE MÉDECINE
ET DEPHAHMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 N» 121
CONTRIBUTION A L'ËTUDE
DES ABCÈS DU FOIE
Consécutifs à
l'Appendicite
-*(r
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 5 Juin 1903
.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical
^-^-î=|=©=§==l-es~^-
NANTES
Librairie LANOË-MAZEAU
2, Haute-Grande-Ruc, 2
1903
.Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABI AS. Doyen. | M. PITRES Doyen honoraire
PROFESSEURS MM. MICE
DUPUY MOUSSOUS.
Professeurshonoraires.
Cliniqueinterne.*.A Cliniqueexterne....
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peutique générales.
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PACHON.
PRINCETEAU.
LAGRANGE.
C ARLES.
Le Secrétaire de la Faculté, LEMAIRE.
Pardélibérationdu 5 août 1879, la Faculté a arrêté que lesopinions émises dansles Thesesqui sont présentées doivent êtreconsidérées comme propres à leurs auteurs, etqu'ellenentendleur donner niapprobationniimprobation.
A MON
PÈRE
A MA
MÈRE
MES PARENTS ET A MES AMIS
, > ■ ■■.■■,. ,
.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DKS ABCÈS DU 1011.
Consécutifs à
l'Appendicite
INTRODUCTION
Quoique l'étude des complications hépatiques de l'appen¬
diciteait
déjà été faite
pardes maîtres autorisés, le professeur Dieulafoy entre autres,
nouscroyons pouvoir, à l'occasion de
notre thèse
inaugurale, profiter de deux cas de ce genre
rencontrés dans le cours
de
nosétudes médicales.
Dans la
première observation, due à l'obligeance de M. Henry
Delagenière (du Mans), il s'agit d'un abcès du foie uniloculaire,
consécutif à une
appendicite, opéré et guéri. Dans la seconde,
il
s'agit,
aucontraire, d'un abcès multiloculaire consécutif à
une
appendicite, opéré
parle docteur Emile Bureau (de Nantes), mais suivi de mort.
Après avoir pris connaissance du plus grand nombre de publications
parues, nousinspirant de
cesdeux documents
nouveaux, nous
tentefons de faire
uneétude sérieuse de la question. Sans doute,
nousrépéterons des choses déjà dites,
mais nouscroyons
pouvoir signaler certains détails intéressants
remarqués dans la maladie de
nosdeux sujets.
40
Nous étudierons d'abord la
pathogénie, l'anatomie patholo¬
gique
etles symptômes cliniques, puis, après avoir parlé du pronostic, du
traitement et de laterminaison,
nous donneronsnos deux observations
inédites,
un résumé des rapportsdont
nous avons
pris connaissance
et,enfin,
un tableaustatistique
des observations citées.
Avant d'entrer dans le
développement de
notresujet,
nousdevons manifester notre reconnaissance respectueuse à nos maîtres de l'Ecole de Médecine de
Nantes,
et enparticulier
à M. le
professeur
EmileBureau, chirurgien des hôpitaux,
pour
les
conseilsqu'il
nous adonnés,
etl'obligeance
aveclaquelle il
s'est mis à notredisposition
pourl'étude
du maladequ'il
aopéré.
Nous
garderons
un excellent souvenir de notreséjour à l'hôpital du Mans,
où il nous a étépermis de
nousperfection¬
ner dans la
pratique
médicaleprès de
maîtres habiles. Nous tenons à remercier M. le docteurRocher,
notre ancien chef deservice,
et M. le docteurHenry Delageniôre (du Mans) qui
abien voulu nous
communiquer
uneobservation
inédite.ÉTIOLOGIE
Les abcès du t'oie consécutifs à
l'appendicite
sonttrès
rares ; dansle cours de nos étudesmédicales,
nousn'avons rencontré
que
deux chirurgiens ayant
euoccasion d'en soigner. On peut
nous
objecter
quebien des
caspeuvent
passerinaperçus.
Certes,
tout estpossible, mais aujourd'hui l'attention du
médecin est tellement en éveil sur toutes les
complications
des affections
abdominales,
et enparticulier de l'appendicite,
que
l'on peut espérer, malgré quelques hésitations
audébut
des
accidents, pouvoir découvrir
tousles
casde
ce genre,soignés dans les services hospitaliers.
Si la
grande
causeest toujours l'appendicite, il faut dire
aussi que
cette infection n'a des chances de pouvoir
sedéve¬
lopper
que surcertains sujets. Un individu jouissant d'un bon tempérament, dont les fonctions, surtout celles du foie, s'accomplissent régulièrement,
atoutes chances d'éviter la complication.
Une constitution
défectueuse,
unappauvrissement du
sang,une diminution dans la résistance du
foie,
sont autantde
causesprédisposantes.
Un médecin
étranger, G.-P. Dale (d), rapporte
uneobser¬
vation
ayant
pourtitre
: «Abcès multiples du foie consécutils
à une
appendicite cachée
».Ce dernier mot donne
uneidée
exacte des caractères de ce genre
d'appendicite
;elle
estlatente, cachée, sournoise
audébut, rien
nela révèle.
(1) CincinnatiLancet clinic.
12
Le
professeur Dieulafoy (*)
nousdit
quedes
microbesqui
sont inoffensifs à l'état
normal,
comme tous les microbes de l'intestin à l'état libre, peuventexalter
leur virulence encavité close et devenir un
foyer dangereux de
toxi-infection.Cette virulence en cavité close faciliterait le passage
des
microbes dans les vaisseaux et dans les veinés conduisant au
foie, d'où danger sérieux d'infection hépatique secondaire.
L'affection atteint de
préférence les jeunes, mais
surtout de 15 à 25 ans;les
gensdépassant la
trentaine formentl'exception.
Le
plus âgé fut
un homme de 58 ans. Iln'y
a aucune remarqueà faire
aupoint de
vue du sexe.(1) Traitédepath. int. 13"édition,]>. 414,tomeil.
PATHOGÉNIE
Après avoir consciencieusement étudié les observations des
abcès
intra-hépatiques, consécutifs à l'appendicite, et
quel'on
se demande comment se
transportent les
germesinfectieux du
foie à
l'appendice, la voie qui semble le plus généralement
suivie,
estla voie veineuse. Il
y acependant quelques-unes
decesalïections
qui
sesont faites
parles artères, les vaisseaux lymphatiques, le péritoine.
En
général les auteurs admettent le transport de l'infection
par
la veine porte
;notre tableau de la fin donne
une preuve évidente de cettethéorie,
car,dans la grande majorité des
cas,on a constaté des
lésions, soit dans la veine porte elle-même,
soit dans les vaisseaux
qui
yconduisent
oudans
sesramifica¬
tion
intra-hépatiques. Dieulafoy (*)
a vu sur unepréparation histologique les différentes étapes de la marche ascendante
des
microbes, depuis leur départ de la cavité close de l'appen¬
dice, leur engagement dans les veines appendiculaires, où ils provoquent des phlébites et des thromboses, jusque dans les
ramifications veineuses à l'intérieur du foie. La veine
porte
tout en étant la voie suivie par
l'infection,
peutêtre respectée
ainsi que
le prouvent de nombreuses autopsies. Mais les
lésions constatées en
deçà
etau-delà,
nouspermettent d'affir¬
mer que
c'est
parles veines
que sefait la contagion. Parfois la
veine
plonge dans
unfoyer septique et
selaisse infiltrer
; d'autres fois il sefait,
commedans l'observation de Dieulafoy,
(1) Traité de path. int., 13e édition, tomeil, p.491.
14
une sorte d'osmose à travers les
parois de l'appendice
et lesparois veineuses.
On a trouvé des veines contenantunliquide louche,
suspect,formé
de sangmêlé de
pus,dont
lesparois
étaient infiltrées et
épaissies. Enfin, dans
tous cesvaisseaux, parfois dans
la veineporte elle-même,
existaient souvent des caillots de dimensionsdiverses,
contribuant parleur
suppura¬tion à entretenir
l'infection,
quele
courantsanguin charriait
vers le
foie,
où ils formaient de vastes collectionspurulentes.
Nous avons pu nous rendre
compte nous-même,
que ces nom¬breux
foyers septiques
ne sedisposaient
pas auhasard,
mais suivant les ramificationshépatiques de
la veine porte.Plus loin,
nous avonssoigneusement
noté toutes les observations des lésions de ce genre.Au
sujet de l'infection
parles lymphatiques,
on ne sait rien deprécis. Beaucoup d'auteurs
la nient. Loison(') l'explique de
la
façon
suivante. Leslymphatiques de l'appendice
ne com¬muniquent
pas avec ceux du foie • l'infection se ferait par influence devoisinage. L'appendice abcédé, purulent,
conta¬minerait les
lymphatiques voisins,
cesderniers, les
organesqui les
entourent et ainsi de suite. Ilsprovoqueraient
une formation de nouveaux tissus modifiant larégion, à
traverslesquels pourraient
cheminer les microbes.A
l'autopsie du sujet de l'observation
n, unganglion
énorme et
suppuré,
trouvé dansl'angle formé
parla réunion
de l'iléon et du colon
ascendant,
donna idée au docteur E.Bureau,
quel'appendicite
avait causé unelymphangite suppurée,
manifestée par cette lésionganglionnaire.
Dans lefoyer purulent, baignaient
des. rameaux des veines mésenté-riques à
travers lesparois desquelles,
avait dû se faire unemigration
de microbes provoquantunepylephlébite
ascendante et infectionhépatique
consécutive.Cette influence des lésions
ganglionnaires
a étésignalée
d'autres fois. Ricard
(2)
nousparle
d'un maladeayantprésenté
(1)Rev. delaSoc.de Cliir.,Paris1900.
0-0 Rail, etMem. de laSoc. deParis, 1900,». 68.
des accidents de subictèrè
après
uneopération d'appendicite.
A lasuite d'accidents graves
il tenta
uneseconde intervention.
Le
chirurgien trouva
unechaîne ganglionnaire infectée allant
de
l'appendice
aufoie. Les deux premiers ganglions étaient hypertrophiés et suppurés
;il
enenleva quatre
oucinq. Dès
le lendemain de
l'opération les symptômes alarmants dispa¬
rurent et le malade
guérit rapidement.
Michaux et Tuffier
(') ont
vudes adénites et des lymphan¬
gites consécutives à des appendicites, donner lieu à des abcès rétro-coliques, des suppurations hépatiques et périhépatiques.
Rien, malgré l'avis de Pilliet et Gosset (-),
nesemble expli¬
quer
l'infection du foie
parles Voies biliaires. Si
on atrouvé
du pus
dans les
canauxbiliaires, c'est surtout dans les
con¬duits extérieurs, et alors c'est une
infection secondaire. Une
influence de
voisinage seule, explique la présence des globules
du pus
trouvés
autourdes lobules hépatiques. Dieulafoy (3) parlant d'un foie examiné
aumicroscope dit
queles
« cana- licules biliaires sontênglobés dans l'abcès
sansparticiper
au processus ».Pour
expliquer l'infection
parles artères, les auteurs
sup¬posent que
les microbes
ont puéchapper, pendant leur première traversée,
aupouvoir phagocytaire du foie,
gagner lagrande circulation à travers le
cœurdroit et les
.poumons, revenir alors sedévelopper et produire leurs effets désastreux.
Cette théorie
expliquerait les nombreuses complications de
l'infection à distance : les abcès dans les poumons,
la
rate,les
reins et le cerveau.
Robinson et Kœrte admettent l'infection par
la voie périto-
néale. Des fusées
purulentes
partantdu foyer peri-appendicu- laire, iraient former
des collections au-dessous du foie en remontantparle sinus parieto-colique.Cette marche ascendante
est favorisée par
la position horizontale prolongée du malade.
(1)End Inc.p.69.
(2) Bull. Soc. Anal., Paris 1895.
(3) Traitédepath.int., 13e édition, tomeil, p. 491.
16
Ce pus,
collecté près du foie, infecterait le péritoine
etla capsule de Glisson, les percerait et envahirait les tissus intra- hépatiques, où il formerait les abcès. Cette théorie, parfaite¬
ment
admissible,
estcependant hypothétique,
carrien n'indique
sur
l'organe examiné à l'autopsie, si la perihépatite
estprimitive
ousecondaire.
Les abcès
multiples seraient explicables
parl'effet de la contagion
surplusieurs points à la fois, dans les
casd'appen¬
dicite
suraiguë. Loison (4)
pense quedes abcès multiples
audébut,
parsuite de l'évolution sub-aiguë de la maladie,
se réunissent pourformer
unepoche unique à parois anfrac-
tueuses et
irrégulières.
Le 10 avril
1900, le professeur Dieulafoy
asignalé à
l'Académie de
Médecine, la pleurésie consécutive
àl'appen¬
dicite,
cettepleurésie
peutêtre séreuse
oupurulente. Les
microbes
ayant l'appendice
pourpoint de départ, gagneraient
les
plèvres
en sepropageant
parles adhérences
et les vais¬seaux
lymphatiques. Quand la virulence
de ces microbes se conserve toutentière, l'épanchement qui
enrésulte
estpurulent
;quand,
aucontraire, elle s'atténue, il
seforme
unepleurésie séreuse ayant
tousles
caractères desépanchements
ordinaires.
Lapeyre (2)
afait
unelongue étude de la pleurésie appendi-
culaire
qui lui
apermis d'arriver
à conclure comme suit : (( 1° Il y adeux variétés de pleurésies dues
àl'appendicite
:» A. — Des
pleurésies d'origine pyohémique
parinfarctus emboliques, indifféremment
droites ougauches.
» B. — Des
pleurésies
parpropagation, qui
sonttoujours
droites. Les
exceptions signalées
sontprobablement des pleurésies
parinfarctus enibolique.
»2° Les
pleurésies
parpropagation
sontle plus
souventpurulentes, mais
on-peut observer
despleurésies
séreuses ou même despleurésies
sècheschroniques de la base.
(1) Bull, etMem. de la Soc. deChirurgie, Paris, 1000,p. 08.
(2) Reçuede Chirurgie,Paris 1901,p. 655.
» 3° Ces
pleurésies succèdent toujours à
unabcès
sous-phrénique. L'abcès
suset sous-hépatique existe isolé, la .pleurésie n'en
est quel'aboutissant ultime
pareffraction du diaphragme,
oupropagation à. travers les puits lymphatiques.
» 4° La voie de
propagation est toujours la voie péritonéale,
le sinus
parieto-colique droit. Le premier abcès rétro-eœcal peut être à distance de l'appendicite, mais de
cepremier foyer
il y a
toujours continuité ininterrompue des lésions jusqu'au diaphragme.
» 5° Les
lymphatiques pariétaux
nejouent, dans la
propa¬gation, qu'un rôle accessoire
;ils guident la collection intra- péritonéale le long même de la paroi et de la face inférieure
du
diaphragme.
» 6°
L'appendicite doit être, soit le
typeremontant, soit, tout
au
moins, appliqué le long de la face inférieure postéro-
externe du coecum. »
Dans les observations que nous avons
lues, sauf notre
observation n,
il n'était question
quedes épanchements séreux.
Le foie avait en
quelque
sorteattiré
surlui,
ouplutôt dans
lui,
toutela virulence de l'infectionappendiculuire.
ANATGMIE PATHOLOGIQUE
Lésions
hépatiques.
—Le foie
esttoujours hypertrophié,
il atteintsouventun
poids considérable, jusqu'à 4,000
grammes ; celui que nous avons étudié(observation u) pesait 3,800
grammes.
Cette augmentation de volume
a,dans
tous les cas, étédiagnostiquée
surle vivant.
La coloration estmodifiée, jamais
on ne trouve de foieayant la belle
couleuracajou normale, elle tire
surle violet et mêmeparfois, la glande
est tellement infiltrée de bilequ'elle
estfranchementverdàtre.Au
sujet des abcès, il
y alieu de faire
une distinction entre les abcèsuniques
etles
abcèsmultiples.
Les abcès
uniques du foie signalés seulement
parKœrte, Loison, Delagenière (du Mans), Bernhard
et Schœmaker sont très rares,chacun
de ces auteurs en citeune observation. Un sipetit nombre
derapports
ne nouspermet pasde donner
les caractèresgénéraux de
ces abcès.L'abcès
opéré
parDelagenière (du Mans),
apparutaprès l'incision,
comme une tumeur du volume du rein à la face inférieure du foie. Cette saillieprésentait
des adhérences avecle colon et le
mesocçlon, elle était
résistante dans unegrande partie de
sonétendue,
sauf au centre où l'on sentait nette¬ment de la fluctuation. Une fois l'ouverture
faite,
on constata quela loge était
très vaste et avait deux ou trois centimètres deprofondeur.
Loison
(d)
trouva un abcès à la facesupérieure du
foie(I) Bull. Soc. Anal., Pai-is, 1895. Nous necroyons pas devoirmettre encloutel'obser¬
vation de Loison, car il a ététrèsaffirmalifà la Soc. Anat. de Paris. Cependant, bien des chirurgiens, Poirier entre autres, ont vu, dans l'abcès signalépar Loison, seulement une collectionsous-diaphragmatiqueayant causé unepérihépatite.
19
atteignant le volume d'un
grosœuf de poule, limité en bas, ait
fond et en arrière par
le tissu du l'oie déchiqueté et creusé
d'aréoles
plus
oumoins grandes, mais ne présentant aucun
diverticule. En haut la
paroi de l'abcès était constitué
parle diaphragme, à travers lequel l'inflammation avait commencé à
se transmettre au tissu
pulmonaire, et le chirurgien
pensa quesi l'incision cutanée n'avait
pasdonné issu au pus, une
fistule
broncho-pulmonaire
seserait constituée à bref délai.
Nous n'avons que
très
peude détails
surl'autopsie faite
parSchœfnaker. Le foie
contenait dans
sasubstance
unabcès apparemment aigu, situé près de la surface du lobe droit à
son
point culminant,
sacavité était irrégulière et de grandeur
de
2x2x3
pouces.Bernhard trouva un énorme abcès à la face inférieure de la glande.
Dans les abcès
multiples du foie,
onpeut distinguer deux
cas,
celui où le foie contient
unnombre plus
oumoins grand
de
foyers purulents, laissant entre
euxcertaines parties du parenchyme hépatique intactes, et celui où le foie est trans¬
formé en
éponge purulente d'où le
pussort à la moindre pression. Si cette division est importante
pourl'étude, elle
ne l'est pasmoins
pourle pronostic,
comme on pourrale voir- plus loin.
Les abcès
multiples respectant du tissu hépatique atteignent
le volume d'une
noix, d'un œuf, d'une
orange,ils
peuventcommuniquer
entre eux ouformer des collections séparées les
unes des autres par
du tissu hépatique sain. Ils
sontsitués
indifféremment à l'intérieur des
lobes,
ouprès de leur surface,
le lobe droit est de
beaucoup le plus souvent atteint. D'autres
abcès
multiples, respectant également des régions du foie,
seprésentent
sous unaspect différent:
nousvoulons parler de
ces
collections, communiquant les
unes avecles
autres parles
rameaux de la veine porte
ayant servi à transporter l'infection
à travers
l'organe. Nous
avons puétudier
unfoie présentant
cet aspect,
les deux lobes contenaient chacun
unecollection
de pus
énorme, d'où partaient, s'irradiant dans tous les
sens,20
des fusées
purulentes,
montrantbien
ce quel'on
est endroit
d'attendre d'une intervention faite à propos
dans les accidents
de ce genre.
Il y a encore une
forme plus
gravede cette terrible compli¬
cation
hépatique. Le foie
estentièrement criblé d'abcès, il
n'existe pas un
point d'où l'on
nefasse
sourdre du pus.Par endroits, des abcès énormes pleins de tissus mortifiés
et sep-tiques, comparés
unefois vides de leur
contenu aux cavernes gangreneusesdes
poumons;leurs parois
sonttapissées
parune membrane souvent très
épaisse, formée
par unexsudât
fibrineux. Tout le reste de
l'organe où
ne se trouvent pasde
collections
importantes,
estcriblé de petits abcès disposés
sans ordre. Les abcès sontalvéolaires, aréolaires, ils
peuvent se réunir pourformer d'énormes
anfractuosités contenantjusqu'à 4,000
grammesde
pus.Un examen
microscopique
apermis
auprofesseur Dieulafoy (j) de suivre
endétail la
nature des lésions intimes du foie. Desmicrobes, le Bacterium
Coli surtout,abondent
autour des lobules
hépatiques,
etla veine porte
estétroite¬
ment entourée de cellules
embryonnaires s'inliltrant dans les
lobules
voisins,
etfinissant
par occuperleur place
pourdevenir l'origine de foyers purulents. La
veine centrale des lobulesest
généralement respectée. On
atrouvé, près des veines
portesenflammées
des réunions de BactériumColi, parmi des
cellules
embryonnaires, le
même microbe fut trouvé à l'inté¬rieur des
parois veineuses
modifiéesparl'infection avoisinante.
Une autre coupe
micrographique, mentionnée dans
la Thèse de Berthelin(2)
nousfait
connaître la constitution desparois des abcès.
Elles sontcomposées de tissu conjonctif dans
les libres
duquel
on trouve desglobules
rouges etdu tissu hépatique désagrégé. On
trouve aussi dans leparenchyme, des points de dégénérescence graisseuse, des
cellules scléreusesen abondance autour des veines dont la lumière est diminuée
(1) Sein,méd., 1878.
02) Th. deParis, 1895.
21
àcause de
l'épaississement des tuniques. Ashby et Achard nous apprennent
queles cellules du foie sont disposées sans ordre,
les tissus de nouvelle
formation, surtout la sclérosé, les refou¬
lent et les
pressent les
unescontre les autres.
Le pus est
d'aspect variable, blanc jaunâtre, crémeux, grumeleux, très épais, quelquefois les tissus désagrégés du
foie le colorent en brun ; il
peut être mêlé de
sanget de
bile. Il a une odeur infecte
semblable à celle des abcès
stercoraux,
indiquant bien
sonorigine
.et qu'explique la
présence du Bactérium Coli trouvé
enabondance.
L'analyse bactériologique du
pusdes abcès du foie (obser¬
vation
n) donna les mêmes résultats
quecelle des abcès des
autres
régions. On
yconstata la présence du Bactérium Coli
en très
grande abondance et
unequantité de microcoques qui
n'ont pas
été caractérisés. Malgré
un examenminutieux, on
ne trouva ni streptocoques,
ni staphylocoques.
Le
professeur Dieulafoy (') fit
uneculture
purede Bacté¬
rium Coli, avec le pus
retiré de l'abcès de
sonmalade.
Dans un
paragraphe détaillé, Loison fait
uneétude bacté¬
riologique des abcès du foie. Il
nousdit qu'un très petit
nombre
d'analyses
aété fait, aussi est-on très
peufixé
surla question. Souques
atrouvé des staphylocoques et des micro¬
coques
qu'il n'a
pascaractérisés. Achard et Kœrte n'ont
trouvé que
du Bactérium Coli. Dans le
pusde l'abcès
que Loison aopéré,
on atrouvé des colonies de cocci contenus
dans des
leucocytes polynucléés, des
amasde bâtonnets unis
deux par
deux
etrassemblés
parendroits
envéritables
amas feutrés. On a trouvé encore un bâtonnet assezlong, fuselé, à
extrémités
effilées, rappelant le bacille de la pourriture d'hôpital. Les
autresmicrobes rencontrés
sont, un cocco- bacilie ressemblant au coli commune, un grosbâtonnet de la
taille de la bactéridie charbonneuse et,
enfin, de fins cocci,
des
diplocoques
etdes petites chaînes de 4
ou5 éléments de
forte dimension. « La vitalité des cultures
parait très restreinte
(I) Traité de path. int., 13" édition, t.u, p.491.
22
car,
au-bout
d une dizaine dejours,
onn'a
pasréussi
à (aire de nouveaux ensemencements fertiles. On n'a pu, pour cetteraison,
tenter l'inoculation de ces différents germes. »Lésions de
l'appendice.
—L'appendice présente
le même aspect quedans
tous les casd'appendicite
engénéral. Il
estaugmenté de volume, distendu
par unliquide
muqueux suspect,vascularisé, adhérent quand l'appendicite
a étélégère.
La muqueuse est
enflammée, ulcérée, perforée, purulente
dans les cas
d'appendicite suppurée. Enfin,
souventl'appen¬
dice est resté
introuvable,
ou bien réduit à l'état demoignon gangréné. Ces
lésions diverses influentsur les organesvoisins
et même sur certains situés à de
grandes distances.
On atrouvé des
foyers de
pusbien
localisés autour du cœcum et del'appendice. On
en a trouvé d'autres fusantjusqu'au foie
et au
diaphragme
parle tissu
cellulaireretro-péritonéal, expli¬
quant
les périhépatites
et lespleurésies
consécutives. Nous devons aussi faire remarquer, quedans
ungrand
nombre de cas, on a trouvé des corpsétrangers,
enparticulier
desépin¬
gles (5 fois
sur 28 cas,Th.
deBerthelin). A signaler
aussi unelésion
importante, de laquelle
nous avonsparlé
en étudiant lapathogénie
:l'engorgement inflammatoire
desganglions
autour del'appendice.
Lésions de la rate. —
Après l'appendice
et lefoie, l'organe
le
plus
souventatteint est larate, dont
lesprincipales lésions
sont
l'hypertrophie, parfois considérable,
et lapérisplénite,
constatées toutes deux dans notre observation n. Ces lésions
importantes expliquent
les adhérences contractées dansquel¬
ques cas entre ces deux organes.
On
a aussi trouvé des infarctus et desabcès, développés
certainementsous l'influence de lapyohémie préexistante,
et le pus, ayantles
mêmes carac¬tères que celui du
foie, indiquait la
mêmeorigine.
Lésions des poumons.—Nousavons
remarqué la fréquence
des
épancliements pleurétiques plus
ou moins abondants pou¬vant aller
jusqu'à
quatre litres. Leliquide était composé de
sérosité ordinaire et non deliquide purulent,
sauf dans le casde notre observation n. L'infection
appendiculaire portait
23
surtout àl'intérieur
du l'oie, et
semanifestait comme un acci¬
dent secondaire du
côté des plèvres. Nous avons trouvé (observation n) un abcès enkysté entre le poumon droit et le
péricarde, limité
enbas par la face supérieure du diaphragme.
Il
importe de signaler les adhérences au sommet des poumons,
les
foyers de congestion pulmonaire, des infarctus pulmonaires
et même des abcès à
l'intérieur du parenchyme.
Lésions du cœur. — Le cœur se
ressent rarement de l'état général; parfois, quand l'infection prend les allures d'une
septicémie généralisée, le myocarde est modifié et prend une
consistance molle comme
dans les
casde myocardite (obser¬
vation
ii).
SYMPTOMES CLINIQUES
Si, dans
le cours de révolutionclinique des
abcès du foie consécutifs àl'appendicite,
nous sommesfrappés des variétés d'aspect de l'infection,
certains-phénomènes pathologiques
attirent notre attention par
leur constance;
nous voulonsparler de l'ictère, de la température, des vomissements
et des douleurshépatiques.
Le début est presque
toujours brusque,
unfrisson
intenses'empare du malade, le
secoue violemmentpendant
un moment,la température
augmenterapidement
et des sueursprofuses lui
font suite. Il y aaussi des
troubles del'appareil digestif,
nausées et vomissements incoercibles. La douleur abdominale n'est pastoujours
localisée dans la fosseiliaque droite,
nous pouvons même dire quele point de Mac Burney
fait très souvent défaut ou,
s'il
a étéconstaté,
ce n'est que par instants dans le cours des crises. Lediagnostic d'appendicite
ou d'abcès du foie n'a presque
jamais
été fait dès le commen¬cement.
Généralement, les
médecinssoignaient leur
malade pourgastro-entérite, péritonite
ou lièvretyphoïde. Quelque¬
fois, cependant,
unempâtement
dans la fosseiliaque droite
etune douleur
précise
aupoint de
MacBurney permit de faire
un
diagnostic
assezprécoce.
Lessymptômes du
début sont lesfrissons, la température, les
douleurs abdominales et les vomissements.On peut
chaque jour,
presqueà
heurefixe, observer
lesfrissons.
Le malade est dans sonlit,
ilclaque fortement
desdents,
un tremblement violent durantparfois
untemps consi-
25
dérable secoue tous ses membres. Un homme
(j), pendant les dix-sept jours qu'il est resté à l'hôpital,
a eutrente-deux fris¬
sons
différents,
seprésentant à des intervalles réguliers,
auplus quatre
parvingt-quatre heures
;pendant trois jours il
n'en
éprouva
aucun.Chaque frisson dura de quelques minutes
àquarante
minutes. Ces crises furent toujours suivies d'éléva¬
tion de
température et de
sueursprofuses, parfois si abon¬
dantes que
l'on
aété obligé de changer le linge de
corpset
les
draps de lit du malade. Ordinairement, la
sueur ales
caractères
ordinaires, mais
onl'a trouvé colorée dans quelques
cas par
du pigment biliaire.
L'ictère est souvent le
signal des troubles hépatiques
; par¬fois ce
symptôme
semanifeste après
tousles autres, alors
que lepatient
estdans
unétat si bas, si alarmant, qu'aucune inter¬
vention semble
praticable. On peut dire
quel'on
aobservé
l'ictère à toutes les
phases de l'affection
;il n'a
pas, engénéral, les caractères de la jaunisse classique. Dans le
casprésent, l'ictère apparaît d'abord
auxconjonctives, puis il
gagne
la
peaude la face, des membres, du
tronc,qui prend
une teinte
subictérique. Parfois,
cesymptôme
nes'est mani¬
festé que par
la coloration des conjonctives
etla présence de pigment biliaire dans les urines auxquelles il donne
unecolo¬
ration bien
acajou,
et querévèle la réaction de Gmelin. Il
ne faut pasoublier
quela jaunisse
peutapparaître dans certaines appendicites ordinaires,
ce queDieulafoy (2) explique de la façon
suivante : la toxineappendiculaire, fabriquée
encavité
close, déterminerait une adultération des cellules du foie et desreins, d'où l'urobilinurie, la jaunisse
etl'albuminurie.
L'ictère se manifestant en même temps que
les abcès
secon¬daires, serait biliphéique
etferaitpartie de l'infection purulente
du foie. Nous devons
également signaler la décoloration des fèces, conséquence des troubles dans la
sécrétion et l'écoule¬mentde labile. Dans la
première de
nosdeux observations
iné-(1) Obs. de G.-P. Dale. Cincinnati Lancel Clinic, 11 mai1901,p.4.11.
(2) Traité de path. inf., 13e édition,p.456.
26
dites, l'ictère lit partie des symptômes du début, dans l'autre,
au
contraire, il n'apparut qu'à la fin.
La douleur est un
signe très important des lésions du foie,
elle
précède souvent l'ictère et l'accompagne toujours. Par¬
fois, l'attention du médecin
porteexclusivement-sur
cet organe tant la douleur estgrande, si bien
quel'on
a cruquelquefois,
rarement il est
vrai, à des crises de colique hépatique. La
douleur est
sourde, lancinante, profonde
etaccompagnée d'une
sensation
pénible de pesanteur dans la région de l'hypocondre.
L'hypertrophie du foie attire aussi l'attention du chirurgien.
Cette
lésion, toujours constatée à l'autopsie,
serévèle facile¬
ment dans le cours de la maladie. Un ballonnement énorme
ou une sensibilité
exagérée de l'abdomen,
sontles obstacles pouvant empêcher le diagnostic. Dans les autres
cas,quand
le médecin
peut à
sonaise
percuteret palper, il
serend vite compte de l'augmentation du volume du foie, il
en senttrès
bien le bord
dépassant plus
oumoins les fausses
côtes.Mais
si nous constatons facilement au moyen
de
cessymptômes des
troubles du côté du
foie, la ponction exploratrice
oul'incision
seules nous
permettent de faire
undiagnostic certain.
Loison
Ç)
nousindique
unprocédé
nouveauqui lui
a rendu service àplusieurs reprises
pourle diagnostic des suppurations hépatiques, il s'agit de la radioscopie qui fait partie des signes de probabilité mais qui
est undes meilleurs:
« Si au
point de
vuede l'existence
d'unabcès, la radioscopie
ne nous donne que
des signes de probabilité,
parcontre elle
nous permet
de faire le diagnostic différentiel
entreles
collections sous
diaphragmatiques
etles épanchements
occu¬pant
la base de la plèvre droite. Lorsque la plèvre est remplie
pardu liquide,
on ne voitplus le
contourdu dôme diaphragmatique,
et onaperçoit plus
oumoins haut
uneligne horizontale
ouà légère concavité supérieure qui indique
le niveau de
l'épanchement. Dans
ce cas,l'ombre occupant
la base droite monte le
long du côté droit du
cœurqui est
(I) !\ev. de Chirurgie, 1900, p.
resté à sa
place, tandis qu'en
casde collection
sousdiaphrag- matique, le
cœurlui-même est refoulé et
setrouve toujours
au-dessus de l'ombre. »
Pendant l'évolution
chimique, la température augmente
d'une façon très
sensible, elle prend tantôt les allures de lièvre
intermittente, tantôt
celles d'une fièvre rémittente. Parfois la
marche
progressivement ascendante justifie le diagnostic de
fièvre
typhoïde porté prématurément
parle médecin. Dans
notre
première observation la température monta jusqu'à 39°5,
dans la seconde
jusqu'à 40°2
;ailleurs
nous avons vuqu'elle
avait atteint 42°2. On a
signalé des oscillations considérables,
c'est ainsi que
pendant la maladie du sujet de l'observation
n, il y eutdes écarts de 4 degrés (36 à 40), du matin
ausoir.
Lorsqu'au
termede la maladie,
onvoit
peuà
peule malade décliner, la température suit rapidement la même marche décroissante,
etle thermomètre indique
unehypothermie très
netteau moment de la mort.
(35°6, obs. n.)
Dans tous les cas où la crise débute comme une
gastro- entérite,
onsignale des vomissements incoercibles, doulou¬
reux et
parfois fécoloïdes, quand l'état général
secomplique
d'occlusion intestinale. Dans notre
première observation, les
vomissements
n'apparurent qu'après l'opération
;dans notre seconde, ils
commencèrent dès le deuxièmejour de la maladie,
mais
disparurent le septième. Ces troubles
se sonttoujours
manifestés, s'ils sontirréguliers
quant au momentde leur apparition, ils n'en
sont pasmoins
constants, et on ne trouve pasde
casqui n'aient été accompagnés de vomis¬
sements
plus
oumoins importants.
Les
symptômes
que nous venonsd'étudier
en détail appa¬raissent dans toutes les
complications intràhépatiques de l'appendicite
;mais il
enexiste d'autres
de constanceplus
variables : ce sont la diarrhée et les
épistaxis. L'un
oul'autre
ayantparfois fait défaut,
nous devons forcément leur donnerune
importance
moinsgrande, quoique leur manifestation
dans le cours de
l'appendicite soit d'un grand
secours pour aider lechirurgien dans
sondiagnostic.
La diarrhée est un
phénomène
presqueconstant, mais
nousavons vu
quelques
casoù,
aucontraire, le malade
soulirait
d'une
constipation opiniâtre, accompagnée des troubles de
l'occlusion intestinale. A part ces
exceptions qui empêchent
de donner une
importance plus grande à
cesymptôme,
on peutdire qu'il fait partie des accidents de cette sorte d'abcès
du foie. Dans notre
première observation,
on nesignale
pas dediarrhée, dans la seconde elle
est aucontraire très mani¬
feste, les premiers
etles derniers jours de l'infection. Ces diarrhées, accompagnées de coliques douloureuses,
se sont montrées à toutes lesphases de l'évolution clinique. Ce
sont d'abord des sellesliquides ordinaires, des selles séreuses,
des selles de matières fécales
décolorées,
ouenfin
des débâcles de matières brouillées renfermant du puset même du
sang.En même temps,
le malade voit
sonappétit diminuer
etdisparaître, il souffre d'une soif très vive,
son ventre se ballonne et devient douloureux.Les
épistaxis accompagnent l'apparition de l'ictère, elles
sont peu
abondantes
etn'ont jamais donné lieu à des accidents
sérieux. L'ictère ayant
fait
sonapparition à des époques variables,
on ne peutdire
queles épistaxis fassent plus partie
des
symptômes du début
quede
ceuxde la fin. C'est
cepen¬dant un accident
qu'il importe de signaler
vu satrès grande
fréquence.
MARCHE ET DURÉE
Nous aurions pu essayer
de faire
unedescription de révo¬
lution
clinique,
enfondant
en nueseule toutes les observations
que nous avons
étudiées. Mais
nousavons craint de faire une
chose
inutile,
carles deux
casdont
nous avonsfait l'histoire,
en détail
peuvent être donnés
commetypes de l'infection.
Dans la
première observation, il s'agit d'un abcès uniloculaire
opéré
etguéri
;dans la seconde, l'abcès était multiloculaire,
et
malgré
uneintervention habile, il entraîna la mort du
malade.
En résumé on voit que
le début de cette affection ressemble beaucoup
auxtroubles des embarras gastriques fébriles, de la
fièvre
tvpho'ide
etmême quelquefois de l'occlusion intestinale Souvent, dans le
coursde la maladie, il
y a unetrès courte
accalmie contre
laquelle
nous croyonsdevoir mettre le médecin
en
garde. L'infection retentit souvent
surles
poumonsoù
elle cause des lésions très graves
et des troubles sérieux dans
les fonctions
respiratoires.
De tous les cas cités à la lin de notre
thèse, celui qui fut
le
plus rapide
nedura
quedouze jours, et le plus lent
100
jours. Dans la première de
nosobservations inédites, il
y eutguérison après 39 jours,
etdans la seconde,
mortaprès
00
jours. Nous
pouvonsdire qu'en
moyenne,l'évolution
com¬plète
sefait
entre trente et quarantejours.
PRONOSTIC ET TERMINAISON
Le
pronostic
estdes plus sombres,
en parcourantrapide¬
mentla colonne où est relatée la terminaison des observations (le notre tableau
statistique,
on serend vite compte des
résultats
décourageants obtenus jusqu'à
cejour. En effet, la
mort semble fatale pour tous.
Trois
casseulement
font excep¬tion : celui de
Kœrte, celui qui fut publié
parLoison dans la
Revue de
chirurgie de Paris de 1900,
etcelui
d'une maladeopérée
parle docteur Delagenière (du Mans). Le professeur Dieulafoy dit
que «si le chirurgien
peutfaire
œuvre utile dans les cas d'abcèsunique, quelqu'en soit le volume,
soninter¬
vention est nulle en face de cette infection
appendicuïaire où
presque
toujours les abcès
du foie secomptent
pardouzaines
et même par
centaines
». Il est certain quesi le foie
est tropinfiltré, si l'infection
l'a transformé enéponge purulente, le chirurgien
seraréduit
àl'impuissance. Mais
nous croyonspouvoir dire qu'il
y alieu d'espérer
unrésultat positif dans
certains cas d'abcès
multiples,
etnousprendrons
pourexemple,
si
étrange
quecela paraisse, le
cas de notre observation n.A
l'autopsie
on trouva dans le lobegauche où s'était développé
l'abcès sur
lequel avait porté l'incision, du
tissucomplètement
cicatrisé. Par contre,
le lobe
droit étaitplein de
pus, etavait
sansaucun doute entretenu l'infection
générale qui
menanotre malade au tombeau. Lechirurgien,
envoyant les abcès dis¬
posés
surles
rameaux de la veine porte, commedans le
lobegauche,
eutl'impression
quesi l'on
avait pufaire
uneincision
dans le
foyer du lobe droit,
on auraitpeut être
pudéterger
et drainer cette
partie du
foie et sauver le malade.TRAITEMENT
S'il
n'y
a pasde traitement médical de l'appendicite,
sescomplications doivent aussi être traitées chirurgicalement. Legg
nous dit
cependant avoir trouvé à l'autopsie,
traced'un abcès
du foie cicatrisé. Dès que
le mal
aété
reconnu, ondoit aller
aussi vite que
les circonstances le permettent, à la recherche
de tous les
foyers purulents, les inciser aussi largement
quepossible
enprotégeant
avecsoin le péritoine. 11
estcertain
que le foie n'est pas un organedans lequel
011 peuttailler à l'aise,
et tout en
songeant
auxhémorrhagies possibles, il faut aussi
penser aux
terribles conséquences qu'entraîne
unecollection purulente laissée dans
unerégion quelconque du foie.
Les soins médicaux ne doivent pas
être négligés,
et notre observation 1, nous donne une preuvede
ce quel'on
est en droit d'en attendre. Les maladestoujours affaiblis
parla diarrhée, les vomissements, les épistaxis,
ontbesoin
de toni¬ques,
de stimulants les empêchant de tomber
dans un étatd'adynamie d'où il serait difficile
de les retirer.Contre les
vomissements,
011doit préconiser les lavages fré¬
quents
de l'estomac
et lelait stérilisé gazeux.La diarrhée infec¬
tieuse doit êtrecombattue par
des lavements fréquents
etmême
des
entero-clyses. Les médicaments
internes seront ceuxqui
servent à relever les forces dans
i'adynamie
engénéral,
1
alcool,
lequinquina, l'acétate d'ammoniaque, les injections
hypodermiques de caféine, d'éther
et destrychnine.
OBSERVATIONS
Observation 1 (Inédile)
Abcès du foie uniloculaire, consécutif à une appendicite.
Opération. — Guérison
Monsieur Henry Delagenière (du
Mans)
Il s'agit d'une sœur de 1' « Enfant-Jésus », âgée de 23 ans. Celte malade a toujours eu une santé assez précaire, sujette aux indiges¬
tions, aux coliques, mais jamais elle n'avait présenté de crises graves pouvant faire penser à une appendicite. Le 4 avril 1902, elle est prise d'unecrise assez; vive, dans le côté droit de l'abdomen.
Le médecin de la Communauté examine la malade et constate qu'il
existe une douleur mal localisée dans le côté droit; le point de
Mac Burney n'existepas; la pression sous le bord du foie est aussi douloureuse que celle de la fosse iliaque. La malade présente un
léger ictère de la conjonctive.
o avril : L'ictère augmente, la pression sous le rebord des fausses côtes droites est douloureuseet le point de Mac
Burney
encoremoinscaractéristique
que la veille. Le médecin porte lediagnostic
de coliqueshépatiques
et prescrit le traitementclassique.
Les jours suivants, la malade semble aller un peu mieux; elle digère mieux le lait et, à la
Communauté,
on la considère commeconvalescente. Elle ne peut cependant pas se tenir debout, est obligée de
garder
le lit, souffrant de pesanteur et de douleurs sourdes dans la régionhépatique.
Ces douleurs augmentent et la teintestib-ictérique
s'établit définitivement.2 mai : Le Docteur, rappelé auprès de la malade, constate une