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Contribution à l'étude de l'abcès de fixation

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Thesis

Reference

Contribution à l'étude de l'abcès de fixation

SENN, Charles-Louis

SENN, Charles-Louis. Contribution à l'étude de l'abcès de fixation . Thèse de doctorat : Univ. Genève, 1898

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:27298

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:27298

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NOI~VXIJI ~a S~DHV/I

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GENÈVE

IMPRIMERIE W. KÜNDIG & FILS, VIEUX-COLLÈGE, 4

(4)

CONTRIBUTION

A L1ÉTUDE DE

L'ABCÈS DE FIXATION

DISSERTATION INAUGURALE

PRÉSENTÉE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE L'UNIVERSITÉ DE GENÈVE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR EN MÉDECINE

PAR

CH5-LOUIS SENN

Médecin-chirurgien,

Ancien interne à la clinique médicale de l'Université de Genève. ' Assistant à la clinique chirurgicale de l'Université de Lausanne.

(;~os~

t_,-'feJ

GENÈVE

GEORG & Co, LIBRAI{ŒS

1898

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A Monsieur le Professeur Revilliod,

Médecin en chef de l'Hôpital Cantonal.

Qu'il nous soit permis d' e.xprimer à Monsieur le Prof Revilliod, notre cher et vénéré maître, toute notre gratitude pour les savants conseils qu'il n'a cessé de nous prodiguer avec sa bonté et sa bienveillance habituelles et pour tout l'intérêt qu'il a hien voulu constamment nous porter.

A Monsieur J. L. Reverdin,

Professeur de médecine opératoire et de Pathologie Externe.

A Monsieur Aug. Reverdin,

Professeur extraordinaire.

Hommage d/ affection et de profonde reconnaissance.

---utl-~~

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1

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INTRODUCTION

L'abcès de fixation créé en 1891 par Fochier, comme agent dirigé --contre les affections pyogènes, a subi le sort habituel des nouveau- tés thérapeutiques.

En général, après une période d'engouement succède une :Période de discrédit, puis une période impartiale, éclectique, dans laquelle la réflexion, mûrie par une expérience plus longue, ramène les choses au point et fixe les indications d'une manière plm;

;précise.

D'autres fois, comme c'est le cas dans la question qui nous

·occupe, la médication nouvelle sera d'emblée acceptée par les uns, repoussée par les autres, selon la pensée qui l'a inspirée, selon

\l'idée doctrinale qui cherche à exprimer son mode d'action. Chacun -se guidera selon ses tendances personnelles, lesquelles découlent

·de sa manière d'interpréter la nature de l'acte morbide, ainsi que le mécanisme et le but de l'action thérapeutique.

La conception de l'abcès de fixation, telle qu'eire a été exposée par Fochie.r, a de suite été adoptée à la clinique médicale de Ge- ]lève. M. le Prof. Revilliod qui a toujours enseigné que la théra- peutique devait se guider d'après les procédés naturels de la guéri-

·son, devait naturellement acquiescer aux prémisses du professeur ,,de Lyon. Etant donné que telle fièvre puerpérale est grave si au-

<~Cune suppuration locale ne se manifeste, bénign_e, si celle-ci se forme,

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l'idée de la création artificielle d'un abcès découlait d'elle-même,., les éléments du pron~stic et du traitement s'enchaînent naturel- lement.

De là naquit un premier mémoire, appuyé sur les dits raisonne- ments. (Les abcès de fixation par le Prof. Revilliod (Rev. Méd_

Suisse romande, septembre 1892.)

Deux ans après, le D• Dutrembley, àssistant de la clinique)., reprenait le sujet, et étudiait les abcès critiques, spontanés et arti- ficiels avec 23 observations à l'appui. (Pyogénèse artificielle, par- le docteur Dutrembley. (Thèse de Genève, 1894.)

Depuis lors, la collection des observations de la clinique médicale- s'est enrichie de nombreux faits et aperçus nouveaux, bons à expo- ser et à discuter. Outre les pneumonies grises, les fièvres typhoï-, des, nombre d'états infectieux, de fièvres prolongées, de pseudo- rhumatismes, d'endocardites fébriles, etc. afl'edions différentes par·

leur nature, mais se confondant dans ce caractère commun de-·

revêtir des allures pyogènes, sont venues répondre à l'indication majeure : l'abcès Fochier.

C'est sur l'ensemble de ces documents recueillis par mes prédé- cesseurs et par moi-même, qu'est basé ce travail.

Rapprochant les déductions et réflexions qui en ressortent, des~

données fournies par la littérature de ces dernières années, nous.

espérons apporter une contribution utile à l'histoire des abcès de- fixation.

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CHAPITRE I

CONSIDÉRATIONS SUR L'ABCÈS DE FIXATION

PATHOGÉNIE DE L'ABCÈS.

Dans tous les abcès, il faut considérer un certain nombre de con- ditions qui favorisent la localisation des pyocoques et la formation du phlegmon, s'il est microbien.

Il existe des circonstances dépendant de l'organisme infecté, de l'organisme infectant, ou de la matière irritante ou du milieu cos- mique.

Certains individus suppurent plus facilement avec un microbe spécial et pas avec d'autres. Cela dépend de la susceptibilité de l'organisme envers tel ou tel microbe, de l'irritation chimique ou mécanique. Les saisons, la température et l'état hygrométrique jouent un rôle, de même que la lumière, sur certaines bactéries.

On a essayé de provoquer l'abcès artificiel avec des irritants chimiques aseptiques : Uskofl' employa l'eau distillée, la vaseline, le lait, la glycérine et un certain nombre d'acides : Lemièrre fit plus de 80 expériences avec de la térébenthine pure ou diluée avec de l'eau stérilisée, mais n'obtint jamais que du pus stérile. La téré- benthine est microbicide au premier chef: elle ne donne pas de pus microbien; même en l'additionnant de coques pyogènes, on ne t.rouve pas de microbes dans le phlegmon créé (Grawitz). Le pus aseptique peut s'enkyster et persister de longues semaines dans les tissus sans donner lieu à aucun phénomène d'intoxication. Jaworski a trouvé des abcès térébenthinés datant de 8 semaines.

Ces phlegmons aseptiques ne sont pas une rareté, car on en a

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souvent mentionné dans la littérature. Jaworski (Soc. méd. des Hôp. 13, I, 1888) cite un empyème et une péritonite enkystée mi- crobienne. Frankel a noté deux cas et Cornil et Babès ( << Les Bac- téries i>, 3me édit., Paris 1890) des arthrites suppurées aseptiques compliquant la méningite cérébro-spinale. Talamon et Peyrot ont reconnu des abcès dysentériques du foie sans microbes ( << Soc. de Biologie ))' 10, I, 1891), Ricord sur 618 bubons inoculés eut 338 résultats négatifs.

On voit donc par là que la suppuration aseptique est pos~ible

, dans les abcès spontanés, comme dans les abcès provoqués; ceci, soit dit pour détruire l'idée qui régnait il y a peu de temps encore, que tout abcès renferme des microorganismes pyogènes.

Si le pus eRt microbien, ce que nous avons constaté dans quelques cas, en particulier dans l'abcès de fixation de l'Obs. I. ch. lii (Blan- che B.), il y a trois hypothèses à envisager: ou les microbes viennent l'habiter et ils sont pyocoles, ou ils arrivent en même temps que la suppuration mais ne la suscitent pas, leur présence n'étant qu'ac- c-identelle, ou enfin ils sont pyogènes et en sont la cau~e évidente. ·

Or dans ce dernier cas, on a trouvé de l'Eberth pur. Son rôle pyogène a été démontré à plusieurs reprises: Pein (Paris 1891,

<< Th. sur l'action pyogénique du bacille typhique ))). Bonnières '

(Paris 1891, << Th. sm· la suppuration due au bacille d'Eberth n) et Raymond (Paris 1891, << Th. shr les propriétés pyogènes du bacille de la fièvre typhoïde >> ). Donc il est à supposer que l'irritation chi- mique a joué là un rôle essentiel : les tissus ont réagi contre la substance chimique et le résultat en a été la production d'un abcès, qui aurait pu ne pas se produire si l'organisme n'avait pas été en puissance bactérienne. Et vice-versa : les microbes n'auraient pas pu déterminer seuls une suppuration : ce n'est que la production d'un foyer d'irritation, qui leur a permis de venir s'y implanter et s'y développer. Il y. a par conséquent appel en un endroit, << fixa- tion, >> comme le fait remarquer si judicieusement le prof. Fochier.

Or, la suppuration n"-'est que la réaction des tissus vis-à-vis non pas des microbes mais des substances chimiques nocives sécrétées par eux. Qu'une de ces substances, pyogène ou pas, survienne, elle peut atteindre la cellule dans sa vitalité et dévier son actionsécré- tante microbicide, augmenter ainsi la production des leucomaines et aider à fabriquer des produits de transformation qui permettront

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aux bacilles d'avoir une action sur l'organisme qui pourra être en puissance pyogène.

Cette manière d'envisager la production d'un abcès microbien n'est pas la seule. Il existe -~û'autres pqrtes d'entrée, qui peuvent être multiples : on incriminera l'asepsie, une faute dans l'injection irritante: une aiguille mal flambée pourra porter les germes qui se développeront sur un ot'ganisme débilité par une longu~ mala- die. Mais, qu'une injection soit suivie d'abcès microbien, il n'y a pas toujours faute antiseptique. Seulement, le malade peut être en puissance de microbes, soit que son état de moindre résistance leur permette de circuler dans le sang, soit qu'il y ait quelque part un foyer microbien en pleine évolution. Seuls, ils n'auraient pas dé- terminé de suppuration et s'ils l'ont produite, c'est qu'ayant ren- contré là un foyer d'irritation, ce dernier leur a permis par sa présence de s'y implanter et de s'y développer.

On connaît les abcès à pneumocoques, survenant dans le cours d'une pneumonie à la suite d'injection de caféïne. Rodaix (Union

méd. No 59, lt)89) admet certaines uréthrites survenant .par pré- sence d'agents irritants dans l'urine, tels que l'arsenic, l'iodure de potassium ou la canthal'idine.

Il est donc rAconnu que les injections irritantes doivent être liées à des abcès, parfois microbiens, d'autres fois aseptiques. Mais comment agissent-elles?- Par action mécanique?- ou chimique?

La première condition n'existe pas, quelques substances les pro- voquant à dose faible et d'autres à dose forte. Est-ce alors en em- pêchant la coagulation?- Non, car la térébenthine est un coa- gulant et elle est pyogène ; mais, comme de tout ce qui est créé, l'ien ne se perd et que tout se transforme, les principes irritants de la térébenthine be transforment et pour cela empruntent cer- taines substances, de l'oxygène, de l'albumine, peut-être,· et ces corps mettant en liberté des substances anormales nouvelles, ori- gine d'une action semblable à l'action microbienne, exciteraient lès centres vaso-moteurs qui provoqueraient une diapedèse abondante et un appel de leucocytes.

Nous ne saurions entrer dans plus d'hypothèses et nous nous bornons à émettre celles qui viennent de nous laisser entrevoir quelles peuvent être les voies d'accès pour les bacilles, soit dans l'organisme, soit clans celui-ci sur l'abcès fixateur. Mais quelles sont

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les voies d'élimination des microbes? - Dans certains états infec- tieux, les microbes s'éliminent par l'urine, grâce à une légère né- phrite qui guérit ensuite (Ogston, Neumann, Haasler). Le foie, la rate et les glandes cutanées éliminent~(àu dehors ou emmagasinent les pyocoques : la rate les accumule et même les détruit sur place, étant un lieu d'élection, pour ainsi dire le rendez-vous leucocy- taire : la moelle et les lymphatiques sont également bactéricides.

Enfin les abcès spontanés peuvent être considérés comme moyen de défense. -L'observation du jeune A. (cha p. II) en est un type parfait. - Tels sont aussi les abcès survenant dans le déclin de la fièvre typhoïde et dans certaines affections à tendance pyogène.

Or, ce sont les diverses opérations prévues de la Natura medica- trix qu'il faut consulter, étudier et apprécier. C'est après les avoir comprises qu'il faut régler son jugement. Si la formation de ces abcès spontanés coïncide avec l'amélioration de la maladie, l'indica- tion ressort claire et nette. L'abcès de fixation s'impose : car, ici comme ailleurs, c'est toujours l'observation clinique qui guide le médecin. dans la recherche des indications thérapeutiques.

INDICATIONS.

Comme le dit le professeur de Lyon, dans son premier mémoire sur la question, c'est dans les maladies à tendance pyogène qu'il convient en premier lieu d'essayer la méthode. Elle a été étendue à nombre d'autres affections à la clinique médicale de Genève : dans les pneumonie's, dans la fièvre typhoïde, le méningisme et les endocardites, dans les états infectieux sans localisations appréciables.

D'autres cliniciens ont également· tenté la méthode dans diffé- rents cas, en particulier dans la scarlatine. A Barcelone, les doc- teurs Carrero et Faure, en 1892, traitèrent de cette façon une scarlatine grave, atteignant une température de 40°5 et qui n'avait cédé à aucun traitement antipyrétique. Ils pratiquèrent une injec- tion de térébenthine et, le lendemain, sans qu'aucune autre médi- cation ait été surajoutée, la température atteignait 37°5: il se pro- duisait une grande amélioration dans les symptômes et la guérison survenait rapidement.

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- l B -

Les uns ont donc appliqué ce mode de thérapeutique vis-à-vis de la température, d'autres dans l'imminence de la suppuration: or, on sait que la fièvre typhoïde, la variole et la scarlatine sont des maladies à tendance pyogène manifeste, la pneumonie également.

L'abcès est donc établi comme dérivation purulente.

Dans le méningisme, on a également produit une dérivation, en·

y créant un locns minoris resistantim qui forme une sortwd'appel aux microorganismes. Dans d'autres états infectieux, on incite le microbe à se localiser : H erre dans l'organisme en quête d'un en-_

droit lésé où sa multiplication soit plus facile: on la lui crée artifi- ciellement. On connaît les travaux et les expériences de Max Schultze à ce sujet. - Il injecte du streptocoque à un lapin, puis lui donne une contusion au tibia : quelques jours après, on cons- tate une c< panostéite >> à streptocoques, la voie d'entrée est connue, la localisation est nette.

Le rôle de l'irritation antérieure est visible. On injecte une cul- ture microbienne quelconque et l'on irrite les valvules cardiaques d'un animal : une endocardite s~ensuivra.

Ce ne sont pas seulement les irritations mécaniques mais les chi- miques qui jouent ce rôle d'excitant à la lésion. Certains bacilles qui se trouvent dans l'organisme ont besoin de ce coup de fouet, pour ainsi dire, pour réveiller leur qualité_ pyogène. On sait, d'après les travaux de Pein (Th. Paris, 1891 ), de Raymond et de Colzi, que l'Eberth est fréquemment pyogène, mais cette action ne pourra guère se produire que sur des tissus préalablement altérés, comme le sont les tissus d'individus ayant souffert d'une fièvre ty- phoïde grave. Certains microbes sont toujours pyogènes, d'autres ne le sont qu'accidentellement, comme ce fait le démontre. Que le microbe de Frankel fasse du pus, c'est son rôle: mais que l'Eberth ou le coli-bacille en crée, ce n'est là qu'une disposition éventuelle.

C'est toujours la crainte de la formation du pus dans un viscère important qui constitue l'indication majeure. -

Cette complication peut être souvent prévue dans les maladies cycliques. On devra la redouter lorsque l'évolution normale devient anormale, lorsque la maladie se prolonge au delà de sa durée habi- tuelle.

Si les phénomènes critiques du septième jour de la pneUmonie font défaut, lorsque la fièvre persiste le 8-9me jour, ce qui coïncide

r

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presque toujours avec un état général mauvais, l'opportunité de l'abcès de fixation s'impose et devient bientôt urgente.

Il en sera de même dans )a fièvre typhoïde, lorsque la fièvre re- · paraît continue ou paroxystique dans les 5-6me semaines, faisant craindre la suppuration des ganglions mesentériques ou de quelque parenchyme. Enfin, dans tout état infectieux qui se prolonge au delà de la norme, qui présente quelque aspect grave ou dont la lo- calisation ta1;de à se faire.

TECHNIQUE DE L'ABCÈS.

Les régions où furent pratiquées les injections de térébenthine sont nombreuses. M. le prof. Fochier les fit aux cuisses, parfois aux bras. D:autres injectèrent dans la région deltoïdienne, aux flancs, dans la région trochantérienne. A la clinique médieale de Genève on préfère la cuisse, région facilement accessible ne nuisant en rien aux mouvement du malade assis dans son lit et laissant libre les bras.

L'injection sera p~atiquée, à la partie antérieure, dans le tissu cellulaire sous-cutané, en veillant à ne pas intéresser les plans apo- névrotique et musculaire, ce qui pourrait donner lieu à des déla- brements cQnsidérables.

Il est également important d'éviter que la térébenthine reste dans l'épaissseur du derme, ce qui donnerait lieu à une escarre. La région antérieure de la cuisse a l'avantage de n'offrir à un abcès moyen aucun décollement.

Dam; le phlegmon sous-eutané, le pus se collecte facilement et rapidement, rougit la peau et sa position peu profonde permet de constater sa fluctuation dès le début.

On pratiquera l'injection avec une seringue Pravaz stérilisée et.

flambée soigneusement. Une fois l'injection faite, on recouvre la piqûre de coton collodionné qui empêchera l'issue du liquide ini- tant au dehors. Chaque fois que l'on aura pratiqué les injections de cette façon, on en obtiendra des résultats favorables à tous les.

points de vue.

Evoltdion. - La suppuration considérée au point de vue de

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sa marche, diffère beaucoup suivant le type sous lequel elle se présente.

Parfois elle arrive rapidement et la tension devient au bout de peu de temps douloureuse : les téguments se colorent, de roses deviennent rouges et la\ douleur devient quelquefois continue, pé- nible mais toujours supportable.

Nous avons vu des phlegmons avoir une marche très rapide, arriver à fluctuation en moins de deux jours : et chose curieuse, l'effet curaV:mr est d'autant plus notable·que l'évolution en est plus rapide.

Il en est d'autres, au contraire, spécialement chez les sujets débi- lités et cachectiques,qui sont lents à se former et passent plusieurs jours avant de donner lieu à une réaction quelconque. Nous en avons observé qui restèrent des semaines avant de manifester leur- présence par quoi que ce füt. On peut presque donner un pronos- tic d'après la marche de l'abcès. On comprend en effet que l'orga- nisme capable d'une réaction énergique donne lieu à un phlegmon intense et rapide, et se défende avec force : nous en concluons qu'il est capable de résister avec d'autant plus de puissance contre toute lésion extérieure: si l'injection n'est suivie que d'une faible réaction, la débilité et la faiblesse organique donneront un mauvais pi·onostic en regard du peu d'effet que produit sur l'organisme une irritation même aussi puissante que la térébenthine.

S'il est des phlegmons qui se forment, que ce soit tôt ou tard, il en est qui n'arrivent pas à se former : l'injection reste inerte, fait l'office d'agent incapable d'agir et d'irriter. Cela s'explique par le fait que la circulation est diminuée, que la force vitale de l'indi- vidu est éteinte et qu'elle est muette vis-à-vis d'une injure quel- conque.

Le pus s'étant formé, il peut suivre deux voies, l'issue est double:

ou bien la peau rougit, s'amincit et se rompt spontanément (Obs.

VI, ch. I, Me S.), ou bien on peut donner issue au pus et c'est l'exception. Il est des cas où, bien que la fluctuation soit manifeste, l'abcès ne présente aucune tendance à l'ouverture spontanée. S'il a revêtu au début, l'aspect de l'abcès chaud, il prend bientôt celui de l'abcès froid, on peut alors l'inciser ou, encore mieux, le laisser se résorber. En effet, il y a disparition du pus et oblitération du foyer : le pus, après avoir séjourné un certain temps dans le tissu cellu-

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laire diminue : le fover régresse, ses limites s'amoindrissent et l'on assiste à une résorption spontanée, sans que l'économie soit affectée le moins du monde par ces phénomènes locaux de suppu- ration.

Il y aurait donc ·d'abord résorption de la partiR séreuse du pus et ensuite disparition progressive de ses éléments figurés. C'est là un fait d'observation vulgaire et qui n'est pas spécial à l'abcès térébenthiné. A combien d'autopsies n'a-t-on pas (effectivement), trouvé d'abcès qui ne s'étaient révélés pendant la vie que par la fluctuation momentanée et qui disparaissaient lentement! On trouve des débris presque uniquement composés de cellules décomposées, de leucocytes en voies de disparition et de désagrégation. Et jamais dans ces régressions nous n'avons observé d'altérations des os, des , vaisseaux ou des aponévroses: le plus qu'on ait trouvé sont des débris de tissus cellulaire: plus ou moins mortifié, en train de disparaître .

. Chassaignac déclarait en 1859 qu'il n'existait pas de cc résor- babilité du pus >> : cc Je pense, disait-il, que le pus ne se résorbe point. >> Cependant en 1779, David, chirurgien français, dans une dissertation sur cc le mouvement et le repos dans les maladies chirurgicales, >> a consigné l'observation d'un abcès qui resta quel- ques mois stationnaire et disparut complètement sans donner lieu à aucu~ accident. Larrey, en 1817, en publie deux observations.

Dupuytren également.

Nous avons assisté également à la résorption du pus de ces anciennes pleurésies purulentes, vidées aux 9/ 10 et qui évoluent

ver~ la guérison malgré la présence de quelques grammes de ma-

~ tière purulente. (Voir obs. I p. 71 et III p. 47).

Lorsqu'un pyothorax est traité et guéri par une seule ponction, ce qui n'est pas rare, on n'a pas la prétention d'avoir épuisé la plèvre jusqu'à la dernière goutte du pus. Il en est de même pour n'importe quelle collection purulente. Les faits et l'observation scientifique confirment 'donc bien que le pus des abcès de fixation se résorbe et qu'il ne donne lieu à aucun des phénomènes excessi- vement graves de la pénétration des globules de pus dans les vaisseaux.

La réponse à un doute émis sur cette dernière phrase est simple:

la térébenthine étant _yJ.icrobicide, le pus est amicrobien, il est sté-

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rile et ce n'est plus qu'un jeu pour l'organisme que d'absorber des éléments qui ne portent en eux aucun germe microbien.

Les nombreuses observations et les travaux publiés à ce sujet démontrent surabondamment l'absence de tout germe dans le pus des abcès de fixation.

Tous les nôtres, sauf deux, ont été trouvés stériles.

Les nombreux examens du prof. d'Espine, les travaux de de Bary, de Gravitz ou de Councilman dans les cc Archives de Vir- chow >> sont là pour le prouver. En outre, les nombreux cas ou l'examen microscopique fut fait, en France comme à Genève, don- nèrent le même résultat. \_

Un fait prouve l'action germicide de la térébenthine. On sait que dans la pneumonie on a fréquemment trouvé des bacilles de Tala- mon-Frankel dans le sang. Frankel rapporte à lac< Société de méd.

int. de Berlin »,le 4, I, 1897, un cas de pneumocoques trouvé dans le sang de ses pneumoniques à tous les degrés de la maladie, au deuxième jour aussi bien qu'au septième. Il est vrai que le sang est bactéricide et que la térébenthine n'a plus que peu à faire pour détruire les germes déjà attaqués. On sait que les pneumocoques du sang sont moins virulents que ceux des crachats.

Duflocq relate un cas de pneumonie où le sang, examiné à plu- sieurs reprises, a donné des cultures de pneumocoques. Ceci vient à l'appui de ceux qui pensent que dans tous les cas de pneu- monie on peut trouver des bacilles typiques dans le sang. Or, dans tous les abcès provoqués chez les pneumoniques, on a obtenu un résultat négatif: donc, la térébenthine est bactéricide et la régres- sion du pus stérile ne peut donner lieu à quel phénomène que ce soit. C'est cc qui explique l'inocuité de la résorption des abcès Fo- chier et l'existence de ce mode de disparition.

De ce que les abcès ont une tendance à s'ouvrir à la peau ou à rester indifférents après s'être collectés plus oû moins rapidement, puis à se résorber, il y a une conclusion, nous semble-t-il, à tirer : Ne voit-on pas chaque jour en clinique les abcès chauds, micro- biens au premier chef, donner lieu à une réaction vio_lente, - et des abcès froids, au contraire, presque toujours amicrobiens, rester indéfiniment stationnaires eu disparaître peu à peu. -Dans les abcès artificiels, les uns évoluent à grand fracas et, si on ne les incisait, s'ouvriraient à la peau: ·d'autres se collectent et les symp-

2

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tômes inquiétants disparaissent pour rappeler ceux d'un vulgaire abcès froid. Or, on a remarqué que tous les pus microbiens furent trouvés parmi les abcès qui simulèrent un véritable abcès chaud et que, presque jamais, on ne trouva de microbes dans ceux qui évo- luèrent sans bruit.

Ne serait-ce point une preuve que l'organisme cherche à se dé- barrasser des produits morbides qui l'encombrent et que précisé- ment il a plus de tendance à expulser les pus qui contiennent des mi- croorganismes, tandis qu'il laisse se résorber ceuX' qui n'en con- tiennent pas ou beaucoup moins virulents. Il fait jouer à l'abcès un rôle important: c'est une porte de sortie artificielle, une issue toute trouvée pour les produits morbides.

Les abcès spontanés n'ont pas d'autre rôle que celui-là. S'il existe une foule de portes d'entrée pour les microbes, il y a également nombre d'issues et nous en voyons une ici, toute créée, que la na- ture emploie avec d'autant plus d'énergie qu'elle est plus intoxi- quée par les produits morbides en circulation.

Parmi les abcès qui ont évolué sans rougeur ni chaleur et qui se sont résorbés, nous avons:

Obs. I. Abcès de fixation dans le méningisme . pag. 61.

)) II. )) )) )) 62.

)) III. Fièvre typhoïde et abcès de fixation. 63.

)) I. Etat infectieux et abcès . )) 66.

))

IL

)) )) ))

..

)) 67.

Dans le 1 e,. cas, la recherche bactériologique n'eut pas lieu: dans le 2me et le 3me, non plus.

Dans obs. I, p. 66, pus stérile, id., obs. II, p. 67.

Les abcès à pus microbien, tel celui des obs. I, p. 45 (Art. fièvre typhoïde), phlegmonèrent fort.

En l'observation que nous .avons ajoutée à ce chapitre: fièvre ty- phoïde ayant fait des abcès spontanés, ceux-ci donnèrent un résul- tat positif et phlegmonèrent également avec énergie.

On voit donc bien le rôle que joue la réaction plus ou moins in- tense· de l'abcès, sa fluctuation, son· ouverture ou sa résorption.

Mais à côté de cela, n'y a-t-il pas à envisager le côté «diagnostic»

de la question.- N'eût-on pas. reconnu la fièvre typhoïde dans

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l,observation de G. - L,examen bactériologique reût donné. - Id. pr. obs. I, p. 45.

Il y a donc la question de diagnostic que l'on peut utiliser. A

·-côté de Paction thérapeutique se greffe encore un rôle de premier -ordre que peut jouer l'abcès, qu'il soit spontané ou provoqué,

·c'est-à-dire de donner de visu la nature de la maladie en. voie -d'évolution.

On sait du reste que le sérum des pneumonies est immunisant : Pane, à Naples, a eu pour ses malades soignés avec le sérum, trois fois moins de décès qu'avec d'autres méthodes.

L'évolution est donc différente, variable, sujette à des contre- tCoups, à des surprises qui toutes ont leur importance diagnostique -€t pronostique:

Un abcès énorme coïncide presque toujours avec la guérison :un

-~abcès nul ou insignifiant est un mauvais pronostic. cc La lésion lo-

·cale, comme le dit Bouchard, renforce l'immunité et diminue la .gravité de la maladie générale ll (Rôle et mécanisme des lésions iocales dans les maladies infectieuses). Il ajoute qu'au sein de cette lésion les microbes continuent à sécréter des matières solubles vac-

·-dnantes, qui, résorbées, agissent sur l'organisme et augmentent par là sa résistance.

Nous nous sommes permis de donner une hypothèse à ce sujet et

·d,exposer· notre humble manière de voir qui diffère au point de vue

·du << modus agendi ll, c'est-à-dire que, une fois les bacilles arrivés

dans une lésion locale, où ils sont englobés et fixés, nous envisa- _geons l'effet comme une fixation concomitante avec une dérivation

plutôt que comme un simple appel et un lieu où le bacille pourrait .-sécréter les matières vaccinantes à son aise.

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CHAPITRE II

HISTORIQUE

Depuis le mémoire de Fochier, du 23 août 1891, sur les <( Affec- -tions pyogènes généralisées ll, une foule de publications et de thèses

'Ont paru un peu partout : des observations sont venues de tous pays et cette pyogénèse artificiellement créée est devenue un pro-

·-.-cédé qui tend chaque jour à se vulgariser.

Plusieurs auteurs avaient déjà fait de judicieuses remarques sur les dérivations spontanées survenant dans le cours des maladie~.

Métivier, en 1860, cite dans son travail sur cc La nature de la fièvre ,,puerpérale >) des exemples de suppuration du tissu cellulaire gué-

rissant la septicémie, suite de couche. Deux ans plus tard, Sieffer-

··mann publie l'observation d'une femme en pleine péritonite puer- pérale qui guérit après de nombreux abcès du tissu cellulaire du tronc et des membres.

Le Docteur Cantel, en 1897, dans le cc Bu1letin général de théra- 'peutique)J, donne une observation semblable. Hervieux signale éga- lement cette relation dans son traité des << Maladies puerpérales >>.

Il ajoute que lorsqu'il y a des complications vers la peau, la termi- naison heureuse peut se faire plus ou moins attendre mais fait rarement défaut: cependant, dans quelques 1·ares cas, cela ne serait :.pas définitif et pourrait se faire dans le sens inverse.

Siredey, dans son << Etude clinique >> sm· les « Maladies puerpé- -rales >> mentionne la guérison de la phlébite à forme typhoïde par

;le développement d'abcès dans le tissu cellulaire sous-cutané du

~tronc et des membres avec ou sans relation avec les veines enflam-

·mées. Grisolle avait observé un cas de fièvre ataxo-adynamique où

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les accidents furent conjurés grâce à un léger érysipèle de l'épaule:.- il attire l'attention des cliniciens sur ce fait et en fait l'aurore pos- .sible d'une thérapeutique nouvelle.

Il semble que tous ces auteurs regardaient l'extériorisation dm mal comme une issue heureuse dans les affections internes. Le prof_

Fochier a appliqué sa méthode dans de nombreux cas, et dans sa.

publication il écrit que cc l'on sait que certaines maladies telles que- la grippe, la fièvre typhoïde, la pneumonie, la puerpéralité font.

parfois des suppurations qui sont suivies d'une amélioration mar- quée>>. C'est ainsi qu'il lui est venu à l'idée de mettre en pratiqu~

cette thérapeutique due spontanément à l'organisme et de l'inciter·

en créant des foyers artificiels de suppuration. Il ajoute que << par~

fois dans les maladies plus haut citées, il arrive des fixations mul-- tiples )) qu'il nomme << abcès de diffusion >> et qu'il serait pré-·

férable de localiser toutes ces voies « que la nature a créées pour débarrasser l'organisme des humeurs qui l'encombrent >>.Il ajoute- encore que la pyogénèse artificielle est sans danger, même dans les:.

maladies graves des reins.

En 1892, la Semaine médicale (p. 159-168) reproduisit une com- munication du même auteur qui estime que l'action curative de·

l'abcès de fixation, comme il l'appelle (tandis que ·le prof. Dieulafoy en fait un abcès de dérivation), se produit dans toutes les maladies:

aiguës pouvant aboutir à la suppuration, telles que la pyémie, la grippe, l'érysipèle et l'ostéomyélite : il remarque qu'il y a un rap- port entre l'acuité du phlegmon et l'amélioration des symptômes.

généraux.

Le prof. Lépine, de Lyon, dans le même journal, le 27 mars 1892,._

fait paraître un article dans lequel il discute sur une nouvelle mé- thode de traitement de la pneumonie en imminence de suppuration:

il cite un cas de pneumonie tournant à l'hépatisation grise, puis~

guérie par des injections sous-cutanées de térébenthine.

Le prof. Dieulafoy, de Paris (Bulletin de la Société médicale des::

Hôpitaux, du 25 mars 1892)~ cite une guérison par le même pro- cédé. Le 13 mai de la même année, le docteur Gingeot rapporte·

quatre cas traités d'une façon identique avec succès, dont 3 abcès- furent reconnus stériles.

Le même jour (13 mai 1892), le Dr Rendu, de l'hôpital Necker,..

rapporte aussi un succès moins éclatant et ,Thierry, dans la Nor-

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mandie médicale du 1er mai 1892, cite un cas de septicémie grave traitée par les abcès hypodermiques de térébenthine ayant égale- ment donné lieu à la guérison.

Mais il reconnaît des insuccès sur 3 autres cas, dont 2 étaient à l'agonie, et le 3me à la dernière période d'une broncho-pneumonie de toute gravité. Il ajoute avoir observé de l'hyperthermie.

Chantemesse, dans la Société méçlicale des Rôpita~~x, du 27 mai 1892, donne un cas analogue au point de vue de la température et conclut en disant que (( chez les malades encore suffisamment résis- tants, les injections de térébenthine ont provoqué de l'hyperthermie et une diminution de la sécrétion urinaire. ))

Tous les auteurs ne sont pas d'accbrd sur l'effet salutaire de la nouvelle méthode: il n'y aurait pour les uns qu'une question d'à- propos, l' occasio pneceps, dont il faudrait profiter et le -D,. Mosse, dans le Midi médical du 6 aoùt 1892, rapporte un cas de pneu- monie guérie, dont les résultats cliniques lui font émettre l'opinion qu'il ne faut pas attendre que l'organisme soit trop épuisé pour réagir, surtout dans les formes graves et à la période d'h€patisa- tion grise.

Les thèses inspirées par ce sujet apparaissent. En 1893le D" Ber- mann publia à Paris sa thèse, dans laquelle il conclut à l'efficacité des abcès artificiels et ajoute qu'en tous cas ils sont en eux-mêmes

parfaitement inoffensifs. ·

Le D'' Guillaumont publie la même année à Nancy sa thèse de doctorat dans laquelle il cite 30 pneumonies et 9 cas de fièvre puer- pérale amenées par ce procédé àla guérison. Il ajoute que, d'après ses recherches, peu importe la nature du liquide injecté: il est seulement essentiel que la nature en soit assez irritante pour pro- voquer rapidement une suppuration locale. La méthode, dit-il, est à employer dans tous les cas de maladies infectieuses à tendances pyogènes et il ajoute que c< sont justiciables de la nouvelle méthode non seulement les maladies où l'on peut voir se produire à la fois plusieurs abcès dans divers organes et différentes régions du corps, >) mais encore certaines de celles dans lesquelles on ne voit habituellement aucune tendance à la suppuration, mais qui peu- vent devenir, dans certaines circonstances, des affections pyogènes généralisées.

Tom bert, dans les Archives de médecine et de pharmacie militaires

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dB 1893, Tome XXI, pages 201-206, cite un cas de pneumonie guérie rapidement par la formation spontanée d'un phlegmon.

L'observation de cette cure spontanée témoigne évidemment en faveur de la méthode, car elle montre que celle-ci est d'accord avec la physiologie pathologique puisque dans ce cas particulier c'est la

cc natura medicatrix >) qui a réalisé spontanément le mode de trai- tement.

Il rapporte son cas de la façon suivante: Au 4e jour de la maladie, le malade se plaignait de son bras gauche, on y trouva une plaque rouge, sensible et chaude : le lendemain déjà, on sentait la fluctua- tion et le 6e jour (ce fait est à noter spécialement) l'ausc.ultation laissait entendre des râles de retour>). Par conséquent nous devons remarquer que la liquéfaction de l'exsudat du malade de M. Tom bert,·

traduite cliniquement par des râles humides, a coïncidé rigoureu- sement avec l'apparition d'un phlegmon de l'avant-bras. En outre, si l'on jette un coup d'œil sur la tempét·ature, on voit que la for- mation du pm~ n'a pas fortifié la courbe classique de la déferves- cence.

Ce n'est pas seulement dans les affections pulmonaires qu'on a vu cette dérivation fort nette se produire : le D'" Turrel, dans le Dauphiné méd-ical de 1893, T. XVII, rapporte deux cas acciden- tels d'abcès de fixation. Dans le premier, il voit disparaître une angine tonsillaire herpétiqt~e, en même temps qu'apparaît un abcès de la fesse :dans le deuxième, une piqùre de caféine détermine un phlegmon qui guérit radicalement (si l'on peut s'exprimer ainsi) une pneumonie en très mauvaise voie.-

Il résulte de là que les abcès critiques et métastatiques de l'an- cienne pathologie représentent actuellement l'abcès de fixation.

La même année le D'· Olivier, dans le Bulletin de la Société mé- dicale de Rouen, T. VI. p. 63-74, rapporte encore un cas de pneu- monie guérie par le procédé Fochier. Le cas est probant, car toutes les argumentations en défaveur de la méthode sont fortement ébranlées par le fait suivant: c< Au huitième jour d'une pneumonie, après 3 jours de délire, des crachats purulents, une respiration de 60 par minute et une température. de 40,02, l'injection diminue la rapidité de la respiration, la fièvre reste au même niveau mais baisse 2 jours après l'injection, c'est-à-dire au moment de la collec- tion de l'abcès. Il semble, après avoir lu cette observation, qu'il

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·n'est pas de fait plus probant, même pour ceux qui pourraient avoir des idées préconçues sur l'efficacité du phlegmon créé artificielle- ment.

En même temps paraissent deR travaux spéciaux sur la question et par conséquent plus approfondis que les observations isolées qui ùonnent lieu à une simple relation et à quelques commentaires.

H. Swiecicki, dans le Norwin,q Rev. de 1893, fait paraître un travail très sérieusement et très rigoureusement étudié sur les

c< Abcès provoqués comme traitement des suppurations puerpé-

rales JJ: après des réflexions fort judicieusement pensées, il conclut à l'efficacité de ce modus faciendi et s'en déclare chaud partisan.

En Suisse on s'occupe également de tirer parti de la méthode.

Le prof. Revilliod cite 6 observations prises dans son service et un cas de pleurésie purulente guéri par un abcès spontané de la cuisse. Il énumère les succès qu'il a obtenus· par ce moyen dans la pneumonie et dans les affections à tendance pyogène. Il con- clut que le traitement semble devoir être réservé pour les cas graves. Il émet, déjà à eette époque, ]'opinion qu'il peut s'appli- quer aux états fébriles, ayant un caractère infectieux, qui hésitent à se localiser. .

Une thèse inspirée à sa clinique, intitulée c< Pyogénèse artifi- cielle JJ (1894) et faite par le D'' Dutrembley, recueille les observa- tions prises dans son service et conclut que les abcès agissent par dérivation et par fixation, qu'ils n'ont jamais occasionné d'acci- dents graves et qu'ils doivent être considérés comme des abcès mé- tastatiques dans certains cas et critiques en d'autres.

Le D'' Conrad Brunner, de Zurich, publia également à cette époque un mémoire important à ce sujet et tendant .à des conclu- sions des plus favorables.

Feu le D'· Colladon, dans la Revue médicale de la S~âsse ?~omande7 de 1894, no 10, essaie de guérir les otites moyennes en faisant des dérivations sur l'oreille externe : il remarque que la suppuration de la partie moyenne de l'oreille est, dans presque tous les cas, amenée rapidement à la guérison. Il emploie ce procédé, pensant qu'il peut s'étendre à nombre de maladies et qu'il faut par consé- quent s'en préoccuper sérieusement.

L'année 1896 nous amène une foule de travaux sur la question.

Branthomme, dans la Revue de médecine, de 1896, t. XVI. p. 273-

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282, cite trois cas d'abcès de fixation dans la pneumonie avec ré- sultats encourageants.

C'est non seulement la méthode de Lépine qu'il emploie mais celle de Fochier, car il rapporte un cas de fièvre puerpérale avec albuminurie, phlébite, accompagnée d'une température de 39°3.

qui semblait tourner à lapéritonite. La malade avait des vomisse- ments, le ventre se ballonnait, les frissons entraient en scène alors qu'il eut l'idée de << localiser la maladie)), comme ille dit lui-même.

·La malade guérit rapidement: << Ainsi, conclut-il, l'infection puer- pérale, qui avait menacé les veines du membre inférieur gauche, puis le péritoine lui-même, a été arrêtée dans son invasion au mo- ment où elle était hésitante encore. )) Elle a donc été enrayée d'une façon absolument précise.

Guinon, dans la Gazette des Hôpitaux, de 1896, no 69, nous rap- porte deux cas d'abcès à pneumocoques, développés au cours de pleuro-pneumonie grave et qui furent guéris par l'apparition spon-

tanée de ces abcès. ·

Mery, dans le Compte rend~~ de la Société de Biolo,qie, de 1896, t. III, p. 62-64, cite une observation de pneumonie grave accompa- gnée de phénomènes méningés, qui, grâce à un phlegmon déve- loppé à la suite d'une piqûre de caféine, guérit en peu de temp::;.

L1abcès provoqué renfermait des pneumocoques.

C'était une porte ouverte aux hypothèses sans cesse renouvelées sur l'action de la piqûre Fochier: Y a-t-il dérivation? Y a-t-il fixation?

LeD·· Jaques, dans une thèse de Bordeaux, 1896, intitulée <<Con- tribution à l'étude de la thérapeutique des abcès de fixation dans les infections pyogènes généralisées ll, admet les services rendus, sans cependant expliquer nettement son opinion sur l'action des.

abcès : nous rè~ervons du reste ses conclusions pour le chapitre.

suivant où nous passerons en revue toutes les hypothèses qui ont.

été admises à ce sujet.

La Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie du 11 juin 1896 publie le compt9 rendu d'une séance de la Société de médecine et de chirurgie de Bordeaux dans laquelle le

Mandillon a rap- porté un cas d'abcès spontané à pneumocoque survenu dans le cours

d'une pneumonie grave. ·

L'abcès aurait coïncidé avec le lysis de la fièvre pneumonique.

Malheureusement, il n'a pas été tiré de conclusions à ce sujet.

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Nous désirons passer en revue les différentes opinions émises au sujet du rôle de l'abcès de fixation sur la march~ de la maladie en général, sur satempérature et sur les maladies générales n'ayant d'autre objectif qu'une température élevée avec une courbe irré- gulière.

On a remarqué de tous temps que le pus des abcès de fixation était stérile dans la plupart des cas, pour ne pas dire dans tous, et.

l'on a admis que cette stérilité provenait probablement de la substance irritante injectée.

Hueter, en introduisant sous la peau d'animaux des substances aseptiques, telles que le nitrate d'argent et le chlorure de zinc, avait obtenu des phlegmons amicrobiens. Ses élèves, Hallbauer~

Rauche, Dembezak obtinrent les mêmes résultats.

En 1883, Strauss fit 40 expériences avec la térébenthine, le mer- cure, l'huile de croton et l'eau stérilisée: dans quelques cas il obtint des abcès stériles, dans d'autres il n'y eut pas d'inflammation.

Klamperer, dans le Zeitschrijt fiir klin. Medizin, vol. X, 1895,.

aboutit au même résultat et, la même année, von Recklinghausen vit ses expériences avoir le même sort que celles de son prédécesseur.

Councilman publia peu de temps après, dan~ les Archives d~

Virchow, vol. XCII, ses expériences sm· l'huile d'olive et de croton,.

ainsi que Uskoff, avec la térébenthine et Orthmann, avec le mer- cure : puis de Bary .et Gravitz publièrent, également dans les Ar- chives de Virchow, leurs résultats avec l'ammoniaque, le nitrate d'ar- gent et la térébenthine: chez tous ces observateurs, le ·pus ét~it

aseptique. Enfin, Christmas démontra la possibilité de suppurations simplement chimiques qui se développent en dehors de toute inter- vention microbienne. Colladon, en 1894, avait essayé avec du thymol au 5 °/0 dans de l'alcool: ses résultats furent les mêmes.

Ced étant admis et reconnu par les nombreux expérimentateurs et par ceux qui s'occupaient de cette thérapeutique spéciale, on en vint à élever de nombreuses hypothèses sur le mode d'action des abcès ..

En 1892, Rœmer, dans les A.rchives de Virchow7 publia un arti- cle intitulé die chemische Reizbarkeit der thierischen Zellen dans.

lequel il démontra que, dans l'infection de l'organisme, les microbes se rendent en certains points et que c'est justement là que se fixent les leucocytes : il y a hypoleucocytose dans le sang. Ceci se passe

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28-

également dans les organes, autant que les microbes y sécrètent:

dès qu'ils s'arrêtent, les leucocytes n'ayant plus lieu d'intervenir (si l'on peut s'exprimer ainsi), reparaissent dans le sang. La leuco- cytose était donc démontrée dans les maladies microbiennes, leuco- cytose qui est admise par Chantemesse avant la formation de l'abcès:

<< Il se produirait là, dit-il, une augmentation du nombre des phago-

cytes capable de détruire les microbes. >> L'hyperthermie, aussi brusque qu'éphémère, qui ·accompagne parfois la formation du pus, étant la traduction chimique de cette phagocytose, aboutit au triom- phe rapide et définitif de l'organisme sur la maladie.

Or, l'on sait avec Friedlander, Orthenberger, Bozzolo et Belfanti que, dans certaines maladies infectieuses, la pneumonie par exem- ple, le sang peut renfermer des pneumocoques. Ces derniers se rencontrent dans le foie, dans l'œdème sous-cutané, dans la rate, dans les ganglions péri bronchiques : ils sont véhiculés dans le sang et peuvent aussi en sortir, soit par l'effraction des vaisseaux, soit que le leucocyte qui les a englobés sorte du vaisseau : pour cela, il faut, comme l'a dit Netter, qu'ils se fixent quelque part, qu'ils

<< trouvent des organes préparés à les recevoir J>. Il est certain que

les organes ne jouissant pas de leurs fonctions normales sont plus aptes à le faire que d'autres. Zuber, dans sa thèse de Paris 1896

sur << les localisations pneumococciques provoquées accidentelle-

ment au cours de la pneumonie, )) a irrité certains points et a vérifié jour par jour l'état bactériologique de la place -irritée: il a constaté l'absence. de pneumocoques pendant les premières 24 heures : au bout de 48 heures il en trouve déjà et, en faisant les injections térébenthinées de cette région, il observe qu'elles n'em- pêchent nnllemen_t les pneumocoques d'être rencontrés au point injecté.

Voici do.nc un pas de fait dans les recherches sur l'action de l'abcès fixateur : il est prouvé que tout point laissé, ou mis en état de moindre résistance, appelle pour ainsi dire lè microbe errant à la recherche d'un point où ir puisse se localiser et que, de cette manière, il est possible de l'y fixer. Comment y arrive-t-on? Quelle

est l'action mise en œuvre?

Lépine parle de diapédèse. Ne serait-il pas plus simple d'em- ployer d'autres moyens pour faire sortir les leucocytes hors des vaisseaux et pour obtenir cet effet à haute dose. Les injections de

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sérum d'Hayem, les extraits de rate et les toxines stérilisées amè- neraient au même résultat. Il faut donc, outre la substance qui provoque la diapédèse, une influence telle que le trauma, sur la localisation des microbes, ainsi que Charrin l'a démontré. Ne pourrait-on admettre que la formation d'abcès produit une migra- tion des microbes, en même temps que celle des globules blancs, sur le point nouvellement lésé. Mais pour cela, il faut que l'injection secondaire ne soit pas fixée dans un organe important d'une façon définitive et aussi qu'elle ait /un terrain plus favorable que dans l'organe où elle est primitivement localisée. 11 faut, de plus, qu'elle trouve une condition de développement au moins égale à celle qui a favorisé son éclosion dans l'organe où elle s'est localisée tout d'abord. Or, justement, les cas où ces abcès sont le moins indiqués sont ceux où l'infection encore en suspens cherche en quelque sorte le loctts minoris resistantim pour s'y fixer.

Quelques auteurs, partant du principe que l'infection s'arrête quand l'organisme est suffisamment pénétré de toxines micro- biennes pour qu'il soit devenu inhabitable aux dits microbes, ad- mettent qu'il y a lieu de donner à cette quantité de toxines le temps de se produire. On débarrasse pour cela les organes importants.

L'abcès fixateur est expliqué!

D'autres cherchent une influence nerveuse et croient que l'irri- tation violente des plexus nerveux due à la production de l'abc/ès retentit sur le système nerveux central et provoque par voie ré- flexe la formation de produits opposés aux toxines microbiennes ' par toutes les cellules du corps; peut-être, par les glandes internes dont les nouvelles fonctions viennent à peine d'être signalées .. Ces sécrétions donneraient-elles au sérum une propriété bactéricide~

atténuante ou agiraient-elles directement sur les toxines bacté- riennes pour en neutraliser les effets, propriété antitoxique que Sanarelli reconnaît dans certains cas au sérum sanguin?

Mais ce qui ressort de tous les travaux que nous avons pu con- sulter sur la g_uestion est que l'irritation seule d'un poirit de l'or- ganisme n'est pas suffisante pour faire une localisation secondaire et qu'il faut que beaucoup d'autres conditions, dont nous ne con- naissons qu'incomplètement le déterminisme, soient réalisées.

Tels le passage .du pneumocoqne dans le sang et sa pullulation dans l'endroit irrité. Or, un foyer de suppuration, n'est en somme

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qu'une maladie infectieuse localisée. Si T'on se base sur ce principe, on sera forcé d'admettre par le raisonnement que les microbes quels qu'ils puissent être sont, fixés dans l'endroit qui leur a été indiqué par l'injection, et la théorie de Fochier qui admet leur ap- pel dans l'endroit irrité en paraît non seulement plus séduisante mais des plus admissibles. Et quoique Reclus, dans le tome Jer du Traité de Chirurgie (page 28, art. Abcès chaud), dise que la pa- thogénie de ces abcès critiques ne soit pas connue, que leur contenu soit mal étudié et que la bactériologie n'ait pas encore déterminé les microorganismes qu'on y trouve, il nous paraît, à notre humble avis, qu'un grand pas ait été fait au côté de la vérité.

De tous ces faits, si l'on se reporte sur l'article cc Révulsion )) dans le Dictionnaire des Sciences médicales, il semble que sans y

parler de l'abcès de fixation, l'auteur l'a eu dans la pensée en écri- vant. Voici ce qu'on y lit : La révulsion est la cessation de l'acti- vité morbide d'un appareil ou d'un tissu, consécutive soit à une _perte de sang, soit à un travail pathologique artificiel et passager provoqué sur une autre partie du corps. ))

Qu'étaient donc les anciens sétons, les moxas ou les cautères si ee n'étaient des abcès FoGhièr en miniature.

Telles sont les opinions diverses qui ont été émises depuis quel- ques années sur le nouveau procédé.

Nous ne nous permettons pas de donner notre avis sur son action à proprement parler : nous ne l'envisagerons qu'au point de vue diniqu.e, laissant de côté l'exposé bactériologique de la question. Il BSt à noter un point bien net de son effet sur la température: dans la plupart des cas la chute de la fièvre a coïncidé avec l'apparition du phlegmon et les courbes qui se trouvent dans le chapitre suivant mettent en évidence la crise salutaire qui s'effectue avec l'évolution de l'abcès. Fréquemment, le ou les premiers jours qui ont suivi la piqûre ont été notés par une fièvre encore élevée, augmentée même:

mais si nous lisons les auteurs qui se sont occupés de la question et de l'effet du pus sur la température, ils nous mettront au clair sur l'origine de l'hyperthermie.

R. de Hovis, eritre autres, a entrepris de faire des recherches sur ce sujet. Il a observé que, dans la fièvre d'inoculation, les oscillations varient de un à deux ou quatre degrés.

Wunderlich, dans son ouvrage sur La température (1872), ainsi

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que Otto Weber, dans la Deutsche Klinik de 1865 (pages 13, 33 et 53), ont constaté l'effet pyrétogène et phlogogène du pus injecté -dans le tissu cellulaire sous-cutané: ils admettent que l'augmenta-

tion thermique varie de 0°65 à 1°5.

A la page 142, il ajoute qu'il semble que des injections de petites -quantités de substances irritantes donnent des altérations ther- miques qui sont constantes, en tant que ces liquides proviennent de substances Ülflammatoires.

Longet, dans le volume I de sa Physiologie (1861) démontre qu'une petite lésion suffit à elle seule pour augmenter la courbe thermique et qüé la nature de l'inflammation concourt plus puissamment que l'étendue des lésions à l'élévation de la tempé- rature.

Les conclusions des maîtres dans la matière ne font que confirmer les observations que nous avons prises à ce sujet et qui se trouvent dans les chapitres suivants.

Telles sont les recherches qui ont été faites sur les divers facteurs qui entrent en ligne de' compte dans l'étude des abcès de fixation.

C'est ce que nous désirions mettre en relief avant d'exposer nos humbles vues sur la question et d'écrire tout au long les cas qui nous ont paru intéressants à plus d'un titre pour la clinique et par -conséquent pour la règle à suivre dans les affections qui réclament une semblable méthode. Nous avons divisé notre court trav~il en quelques chapitres. Nous étudierons d'abord les abcès spontanés et provoqués dans les maladies locales puis dans les affections géné- rales et enfin dans certaines formes morbides caractérisées par de l'hyperthermie, sans lésions appréciables à nos moyens d'investi- gation.

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CHAPITRE III

ABCÈS DE FIXATION DANS LES PNEUMONIES ET LES PLEURÉSIES

Nous classerons nos abcès de fixation d'après la nature de la maladie et commencerons par les pneumoniques.

Sur 8 observations nous comptons 6 guérisons, chiffre qui n'a aucune prétention à la valeur statistique, mais bien à une valèur thérapeutique, car les injections de térébenthine n'ayant jamais été faites que sur des cas désespérés, nous nous croyons autorisés à mettre la guérison à l'actif du traitement.

OBSERVATION 1.

'Pneurnonie g1·ippale. Fochier.·- Guérison.

Madame H. F., âgée de 31 ans, mère de 3 enfants et jouissant d'une bonne santé habituelle, se sent prise de frissons dans la nuit du 10 juin 1896: elle éprouve une céphalalgie violente, un point au côté très dou- loureux et des nausées. Elle consulte un médecin, qui l'envoie à l'Hôpital :l jours après.

A l'arrivée, on constate un souille pneumonique doux et peu prononcé au sommet gauche: la respiration s'entend jusqu'à la base du poumon.

Il n'y a pas d'épanchement appréciable. Bronchophonie, pas d'égophonie.

Temp. 38° 1. Les jours suivants sont très mauvais : la malade souffre beaucoup, les crachats rouillés apparaissent, le souille a augmenté et le point au côté lui coupe la parole et la respiration~ - Pouls: 132.

Le 7e jour marque encore 39°, le se également: la malade est plain- a

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tive, agitée et inquiète. On se décide à lui faire une injection de téré- benthine à la cuisse gauche.

Le surlendemain au matin, la température est à 37° 2, le Fochier est tuméfié et douloureux, le pouls à 128 et les râles de retour commencent à s'entendre: le soir encore une légère ascension thermique.

Le lendemain sa respiration est plus tranquille : le point de côté a dis- - paru et l'on entend de nombreux râles souscrépitants: le faciès est beau- coup meilleur et la malade reprend de l'énergie. Le 23, la température baisse définitivement et ne dépasse plus 37° 4.

La Testitutio ad integTum du poumon se fait avec une grande ra- pidité, pendant que se manifeste l'apparition de jour en jour plus nette du phlegmon. Au bout d~ dix jours, la peau rougit et s'amincit: l'abcès fluctue; il est incisé.

Le pus est examiné au laboratoire de Pathologie Interne, du Prof.

d'Espine : il est reconnu stérile.

La malade se remonte et sort guérie le 2 juillet.

Il semble donc bien évident que, dans cette observation, l'amélio- ration indiscutable coïncide d'une façon marquée avec la formation du pus et que cette pneumonie qui, ayant manqué sa crise du s'eptième jour, avait une tendance manifeste à devoir passer à l'hé- patisation grise.

ÛBSERVATION"JI.

Broncho-pneumonie. Fochie1·. - Guérison.

(Cette observation a été recueillie par le Dr. Aubin, assistant du service.) Le 14 juillet 1897, le nommé F. âgé de 18 ans, garçon d'office dans une brasserie de Genève, est pris subitement de frissons, de toux et de points de côté à droite et à gauche. Il se met à tousser et à expectorer abondamment, si bien qu'il est forcé de s'aliter et de faire chercher un médecin, qui l'envoie immédiatement à l'Hôpital Cantonal.

A son arrivée, on constate une cyanose légère, de l'oppression et une expectoration fétide, ne contenant pas de bacilles de Koch.

L'auscultation donne des foyers soufflants, disséminés avec des râles de toutes sortes : le malade est très déprimé, son sue digestif est _altéré et sa soif est ardente.

- - - -

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Anorexre absolue. L'urine n'est pas albumineuse. Pendant i5 jours, la 'température offre des rémissions matinales avec des ascensions très pro-

~oncées, atteignant 40° le soir.

Pendant cette période, les râles deviennent plus humides et se groupent moins en foyers: l'expectoration est moins fréquente et la toux a beaucoup ,·diminué. Puis, les jours suivants, apparaissent des frottements et des

"Tâles à la base droite et un peu à la ~ase gauche: l'appétit est nul, les

··doigts s'hippocratisent et le tableau de la tuberculose pulmonaire s'offre

·--dans toute sa ressemblance: le soir la fièvre s'allume de nouveau.

On ne note cependant rien dans les sommets.

Une nouvelle recherche de bacilles de Koch reste négative. Ne pouvant,

·13ar tous les moyens possibles, arrêter cet état infectieux qui entraînait ]e malade rapidement, on se décide à lui pratiquer un abcès de fixation

-:..à la cuisse droite, le 22 septembre. (Le lendemain et le surlendemain, la

'température reste élevée, le 25, l'endroit injecté rougit, devient doulou-·

reux et, coïncidence remarquable, la température baisse d'autant que la ''tmisse devient douloureuse: le 29, fluctuation très nette et hypothermie,

-~nfin le 2 octobre, on incise: le pus est reconnu bactériologiquement stérile.

'Depuis lors, la température reste au-dessous de 38°. Les plèvres se

··dégagent, le poumon également, puis le malade reprend, quelque temps plus tard, une légère température vespérale, des râles aux deux bases et ,des crachats encore un peu fétides.

Peu à peu la température tombe, le malade se lève, mange, regagne

·du poids, reprend des forces, tousse infiniment moins et marche à grands :pas vers la guérison.

Il sort de l'Hôpital, dans un état des plus satisfaisants, le H novembre.

Si l'on jette un coup d'œil sur la courbe de température, on verra oque pendant les 10 semaines qui ont précédé l'abcès de fixation, il

n'a cessé d'y avoir de la fièvre (nous n'avons reproduit le tracé que

·:des 6 semaines avant l'injection de térébenthine). ·

Depuis lors la courbe montre avec éloquence quel a été l'effet

··übtenu : quoique l'on eût essayé tous les antypirétiques· connus, il n'en est point qui ait obtenu un résultat même approchant: l'abcès -seul a résolu la question.

Il nous paraît que devant ces chiffres on doive se rendre à l'évi- -dence et admettre que dans cette dernière observation l'injection a -€té des plus recommandée.

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