Philosophie mathématique. Note sur la propriété fondamentale du triangle rectiligne
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 19 (1828-1829), p. 20-25
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20
ALGORITHME
Ce dernier tableau
donne,
pour leplus grand maximum,
3I°,85
Et pour le
plus petit minimum
20130,50
Différence 32935 De sorte que, du I.er avril
I827
au I.er avrilI828,
le sommetde la colonne de mercure a parcouru à
Montpellier ,
dans letubé du
thermomètre ,
un espace de3aa,35.
PHILOSOPHIE MATHÉMATIQUE.
Note
surla propriété fondamentale du triangle rectiligne ;
Par M. B. D. C.
DANS
la deuxième note de ses Elémens degéométrie,
M. Le-gendre
adonné ,
del’égalité
de la somme desangles
de tout trian-gle rectiligne
à deuxangles droits ,
une démonstration contre la-quelle
on a élevé desobjections
deplus
d’un genre , tant en France que dansl’étranger (*).
En réfléchissant sur cesujet,
il nous ,aparu
qu’on pouvait
ôter à cesobjections
unegrande partie
de leurforce.,
enprésentant
cette démonstration sous la forme suivante.Soient
a , b , c
trois nombres abstraitsreprésentant
les côtés d’un(*) Voy. en
particulier
tom. X, pag. 16 1 et tom. XVI pag.25g
du présent recueil.J. D. G.
triangle rectiligne ,
mesurés avec unelongueur quelconque prise
pour unité; soient A, B,
C trois nombres abstraitsreprésentant
lesangles respectivement opposés ,
mesurés avec un mêmeangle quel-
conque
pris également
pourunité ;
les six nombrea , b , c , A , B , C
varieront avec l’unité de mesure deslongueurs
et avec l’unitéde mesure des
angles ;
mais les rapportsa b , b c , c a , A B , B C , C A
en seront tout à faitindépendant.
Cela
posé,
comme untriangle est complètement
déterminé parses trois
côtés,
chacun desangles A , B ,
C doit être une fonctiondéterminée des trois
longueurs a , b , c ;
en outre , cette fonction doit être de telle formequ’elle
demeure la mêmesi,
sans chan-ger l’unité de mesure des
angles ,
on fait varier l’unité de mesuredes
côtés ; ce qui exige
évidemmentqu’elle
ne se compose que desrapports des
côtés entre eux ; et , comme ces rapports sont tou-jours
traduisibles enrapports
de deux d’entre eux autroisième puisque,
parexemple, a b =a c b c ,
nous pourrons poserOr,
onpeut,
enpremier lieu ,
concevoirqu’entre
ces troiséqua-
tions on élimine les deux rapports
a c , b c ,
cequi
conduira àune
éqtiation
enA , B,
Cseulement;
il y adonc ,
entre les trois22
ALGORITHME
angles
de touttriangle rectiligne,
une relationindépendante
deslongueurs
de sescôtés ;
cequi
revient encore à dire que, si deuxangles
d’untriangle
sontrespectivement égaux à
deuxanyles
d’unautre
triangle ,
le troisièmeangle
seraégal
depart
et d’autre.On voit enfin
qu’un triangle rectiligne
n’estpoint
déterminé parses seuls
angles , puisque
donner les troisangles
revient à n’endonher que deux seulement.
Deux des trois
éqtiations (I)
suffisent pour déterminer les deuxrapports a c , b c ; cela
revient à dire que,lorsque
deux des an-gles
d’untriangle rectiligne
sontdonnés ,
lesrapports
entre lestrois côtés de ce
triangle, pris
tour à tour, deuxà deux,
sontcomplètement déterminés ;
cequi signifie ,
en d’autres termes que deuxtriangles rectilignes qui
ont deuxangles égaux ,
chacun àchacun ,
ont leurs côtéshomologues proportionnels.
Conservons les mêmes
notations,
mais supposonsqu’il sort
ques-tion d’un
triangle sphérique,
alors letriangle
ne sera pas déter-miné par ses trois
côtés ;
carsi ,
sur deuxsphères inégales,
onconstruit deux
triangles sphériques
dont les côtés soientégaux cha-
cun à
chacun,
cestriangles
ne serontpoint égaux.
Afin doncqu’un triangle sphériquie
soitcomplètement déterminé ,
il ne suffit pas de donner leslongueurs
a,b ,
c de ses troiscôtés ,
il faut donner -enoutre la
longueur
r du rayon de lasphère
àlaquelle
ilappartient, longueur
que nous supposerons d’ailleursrapportée
à la même unitélinéaire.
Chacun des trois
angles A , B, C
dutriangle
devra donc êtreune fonction déterminée de ces quatre
longueurs ;
deplus,
cette,fonction devra être de telle forme
qu’elle
demeure la mêmesi ,
sanschanger
l’unité de mesure desangles,
on fait varier l’unité de me-sure des
longueurs ;
cequi exige
évidemment que ces fonctionsne renferment que les rapports entre ces
quatre longueurs prises
deux à
deux ,
ou , cequi
revient au même , lesrapports
de l’uned’elles
aux trois autres ; on devra donc avoiréquations
en nombre insuffisant pour éliminer les troisrapports a r , b r , c r ,
maisqui
en donneront les valeurs en fonction deA, B,
C et donnerontconséquemment
leslongueurs
descôtés lorsque
le rayon de la
sphère
sera connu.Ainsi,
dans untriangle sphérique ,
il n’existe
point
de relation entre lesangles , indépendante
des cô-tés,
et un teltriangle
est tout aussicomplètement
déterminé parses trois
angles
que par ses trois côtés.Retournons
présentement
autriangle rectiligne
il est deux au-tres cas où un tel
triangle
estcomplètement
déterminé par trois de sesparties ,
savoir :I.°
Lorsqu’on
donne deuxangles
et le côtécompris;
2.°
Lorsqu’on
donne deux côtés etl’angle compris ;
et ces deuxcas ont cela de
remarquable qu’ils
se traduisent l’un dans l’autre par lasimple permutation
des motsangle
et côté entre eux. M.Legendre
étantparti
dupremier,
commeprincipe,
pour établirqu’il
existe entre les
angles
de {outtriangle
une relationindépendante
de ses
côtés,
on aconclu,
de la relation entre les deux cas ,qu’en
admettant le second à son tour comme
principe
et permutant sim-plement
entre eux les motsangle
et côté, dans la démonstration de M.Legendre
onétablirait,
par un raisonnement tout aussi ri- goureux que lesien , qu’il existe ,
entre les trois côtés de tout trian-gle,
une relationindépendante
de sesangles ;
conclusion absurdequi
infirmecomplètement
la validité du raisonnementqui y
con-24 ALGORITHME
duit,
et semble devoir infirmerégalement
le raisonnement de M.Legendre qui paraît
n’en différer aucunement.Mais on doit remarquer
qu’il n’en
est ainsiqu’autant qu’on
faitabstraction de tout
principe
subsidiaire de nature à romprel’appa-
rente
analogie
entre les deux cas ; et voilàprécisément pourquoi
nous n’avons pas cru devoir débuter comme l’a fait M.
Legendre.
Mais
présentement
que nous avonsdéjà
démontréqu’il existe,
en-tre les trois
angles
de touttriangle ,
une relationindépendante
deses
côtés ;
comme il est d’ailleursmanifeste , à priori, qu’il
nesaurait
exister,
aucontraire,
entre les trois côtés une relation in-dépendante
desangles ,
attendu que deux côtés d’untriangle
étantdonnés,
an peutprendre
le troisième d’une infinité de manières dif-férentes,
touteparité qu’on prétendrait
établir entre les deux cass’évanouit ainsi
complètement.
Considérons en effet les deux
équations
on n’est nullement fondé à dire
que C
ne sauraitfigurer
dans lesecond membre de la
première , car, à
cause de la relation que Fon sait exister entre les troisangles
de touttriangle ,
on conçoitla
possibilité
deremplacer C
dans ce second membre par unefonc-
tionéqnivalente
de A etB, qui pourrait
fort bien alorsn’y figu-
rer que
par
leurrapport,
de sortequ’on
aurait ainsiéquation qui
n’offreplus
rien d’absurde(*).
(*) Il nous
paraît
que , pour qu’on putremplacer C
par une fonctionéquivalente
du rapportA B ,
il faudrait quel’équation
de relation entre les troisangles.
de touttriangle
fut réductible à cette formeAu
contraire,
comme il n’existe aucune relationobligée
entre lestrois côtés d’un
triangle
, on n’a pas la même ressource pour sau-ver l’absurdité de la seconde
équation aussi long-temps qu’on
lais-sera subsister c dans son second
membre ;
cettelongueur
ne sau-rait donc y entrer, et l’on doit avoir
simplement
ce
qui
rentrecomplètement
dans ce-que nous avons démontré dès le début.Au
surplus, quand
bien même tous lesgéomètres
s’accorderaient àregarder
comme tout à faitrigoureuse ,
soit la démonstration de M.Legendre,
soit celle que nous venons de tenter de lui substi- tuer, soit enfin tout autre démonstration d’une formeanalogue,
onne saurait se dissimuler que ces sortes de démonstrations seraient
tout à fait
déplacées
dans le texte d’un traité élémentaire degéo-
métrie ,
à raison de leur peud’analogie
avec le tongénéral
de cessortes
d’ouvrages ,
pourlesquels conséquemment
il resteraittoujours
à désirer
quelque équivalent.
or, à moins
qu’on
admette, avecplusieurs géomètres,
que toutangle
estun
nombre abstrait, cette
équation
nous parait inadmissible , puisqu’en variantl’unité de mesure des
angles,
son premier membre varie , tandis que le se-cond ne
change
pas de valeur. On trouvera, ausurplus,
dans l’article du tom. X,déjà
cité, deplus amples
réflexions sur cesujet.
J. D. G.
Tom. XIX