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Sur la variation du module piezoélectrique du quartz en
fonction de la température
A. Langevin
To cite this version:
SUR LA VARIATION DU MODULE
PIEZOÉLECTRIQUE
DUQUARTZ
EN FONCTION DE LATEMPÉRATURE
Par A. LANGEVIN.
Sommaire - Nous avons cherché à montrer par des expériences, les causes des divergences appa-rentes des résultats obtenus par certains expérimentateurs, pour la détermination des variations du module piézoélectrique du quartz avec la température.
Les résultats qu’on trouve en comprimant le quartz sont toujours plus ou moins imprécis à cause de l’orientation variable des efforts transmis au quartz en fonction de la température. Dans le cas où on
utilise une méthode de déviation, une erreur supplémentaire s’introduit du fait de la variation de capa-cité due aux déformations variables des armatures.
Nous pensons enfin avoir réussi à éliminer ces différentes causes d’erreur par l’utilisation d’un
dispo-sitif à quartz de Curie où l’effort devient un effort de traction qui ne s’exerce plus par l’intermédiaire des armatures métalliques. La variation du module piézoélectrique est linéaire en fonction de la tempéra-ture : de 15° à 200° on trouve 10 pour 100 de variation.
1. Introduction. - Les
physiciens qui
ont euocca-sion de se documenter sur la variation du module
piézoélectrique
duquartz
avec latempérature,
n’ont pas pu ne pas remarquer lesdivergences plus
ou moinsimportantes qui
existent entre les lois de variations trouvées par les différentsexpérimentateurs.
Ces constatations nous ont
engagés
àreprendre
cette détermination en cherchant àaugmenter
laprécision
des mesures et à mettre en relief lesprincipales
causes d’erreur
systématiques qui
peuvent
intervenir. Avant de passer àl’exposé
de nos propres mesuresnous
rappellerons rapidement
lesprincipales
détermi-nations faites antérieurement.
Les méthodes utilisées se classent en deux groupes :
i° Méthodes de détermination directe du
module ;
20 Méihode de détermination indirecte.Parmi les
expérimentateurs
ayant
utilisé une mé-thode de détermination directe de cette loi devariation,
nous pouvons citer M. L. H. Dawson
(’l),
qui
trouveà la suite
d’expériences
faites au « Naval ResearchLaboratory
», que le modulepiézoélectrique
duquartz
commence par
augmenter jusqu’à
60°environ,
passe par un maximum à cettetempérature
puis
décroîtensuite assez
rapidement jusqu’à
300, où il deviendraità peu
près
nul.En
Suisse,
aucontraire,
Perrier(2),
au coursd’expériences
faites en1915,
trouve que le modulepizéoélectrique
semble décroître avec latempérature
àpartir
de 200" et vers 579° l’effetpiézoélectrique
dispa-raît totalement pour
réapparaitre
au refroidissementvers ~7~°. L’auteur
indique
que le module resterait à peuprès
indépendant
de latempérature jusque
vers 2000.
(1) L. H. DAWSON. Phys. Rev., 1921, 29, p. 532. (2) A. PERRIER. Z. Physik, 1929, 58, p. 805.
A. PERRiER. Phys. Ges., Berne, Mai 1916 et Arcla, des
Sciences l’hys. et Natur. (4), 1916, 41., 493,
L’autres
expérimentateurs
ont utilisé une méthodeindirecte,
méthode des oscillationsélastiques,
tirée des travaux deVigoureux
et de liobsarelf et basée surl’application
de la formulethéorique
suivante,
qui
ipermet
la détermination du moduleprincipal
dii
enfonction de l’amortissement du
quartz
et descircuits,
de la résistanceéquivalente
duquartz
au moment de la résonance :où
Su,
représente
le module d’élasticité.w, la
fréquence
propre de la lame dequartz.
RG,
la résistanceéquivalente
duquartz.
~2, l’amortissement du
quartz.
et X Y Z les dimensions du
quartz
suivant trois axesde coordonnées
rectangulaires (OZ
la direction de l’axeoptique,
OY la direction depropagation
des ondesélastiques
et OX la direction d’un des axesélectriques),
Parmi les
expérimentateurs qui
ont utilisé cetleméthode,
nous citerons seulement Freedericksz etG. Niichailoiv
(1)
de l’InstitutPhysico-technique
deLeningrad,
car ce sont euxqui
ont étudié leplus
com-plètement
les variations du modulepuisqu’ils
ontpoussé
leur étudejusqu’à
568".Ils trouvent ainsi que le module
piézoélectrique
res-terait à peu
près
constantjusque
vers 500°puis
décroî-trait ensuite assezrapidement
jusqu’à
5681.Ces résultats seraient en accord avec les idées de Pierre et
Jacques
Curie,qni
guidés
sans doute par desconsidérations
théoriques
(puisqu’il
ne nous a pas étépossible, malgré
les recherchesbibliographiques,
de retrouver decompte
rendud’expériences
faites par(1) F-REEDERICliZ et Z.
Physik,
1932, 76, p. 328.96
eux-mêmes ou par d’autres auteurs à cette
époque),
ont affirmé dans la notice
qui accompagnait
lesquartz
deCurie,
que :« La constante
piézoélectrique
duquartz
n’estmo-difiée ni par le
temps,
ni par latempérature.
»2. Etude des méthodes
expérimentales.
-Devant ces contradictions il nous a sembléqu’il
étaitindispensable
dereprendre
cette étude.A cet
effet,
nous avons fait construire un fourcylin-drique
à axe horizontalqui permettrait
d’étudier lavariation du module
piézoélectrique
sur les lamesqui
avaient servi àl’enregistrement
despressions.
Nos
premiers
essais ont été faits avec unepile
dedeux
quartz
seulcment,
l’armature isolée étant commepour les mesures de
pression placée
entre deux lames dequartz.
Le four est suffisamment
long
pourqu’on
puisse
considérer la
température
comme uniforme dans lapartie
centrale où estplacé
lequartz.
L’effort estexercé sur le
quartz
etsupprimé
à volonté parl’inter-médiaire d’un
dispositif
à doubleplateau métallique
rectangulaire
relié parquatre
chaînes fines. Voir le schéma de réalisation sur lafigure
1..
Fig. 4 .
Ce
dispositif
ne nous a pas donné satisfaction parmanque de fidélité. Ces
irrégularités
dans les mesuress’expliquent
par le faitqu’au
moment où onapplique
le
poids
sur leplateau
inférieur il y a un mouvementde balancement de l’ensemble des deux
plateaux
au-tour du
quartz,
d’où des variations decapacité
et unevariation de
répartition
des effortsqui
faussentcomplè-ment les mesures. Pour remédier à cet
inconvénient,
nous avons
remplacé
le doubletunique,
par un en semble de trois doubletsidentiques,
associés enparallèle,
per-mettant d’avoir un
plus large
polygone
de sustentationet par
conséquent
une meilleure stabilité dumontage.
Malgré
cetteprécaution
les résultats restent trèsirréguliers,
les variations n’ont pas de sens défini et ilne semble pas
possible
de tirer des conclusions nettes de ces mesures.Nous avons recherché
l’origine
des variationspara-sites et dans ce
but,
nous avons fait les déterminations suivantes : Lequartz
estchargé
de manièrepermanente
par unpoids
fixeauquel
onajoute
unesurcharge
aumoment de la mesure. Puis dans les
expériences
suc-cessives,
onchange
la valeur de lacharge
permanente
en laissant constante la
surcharge.
La
surcharge
appliquée
était soit unpoids
de 1kg,
soit unpoids
de 2kg.
Cela nouspermet
de voir si la valeurapparente
du modulepiézoélectrique
est fonc-tion : -.1° De l’effort
permanent
appliqué
auquartz.
21 De la valeur de la
surcharge ajoutée
pour lamesure.
’ Nous avons
employé,
dans ces mesures, une mé-thode dezéro,
qui
consiste à compenser l’effetpiézo-électrique
par descharges développées
par influence dans un condensateur étalon.Les résultats obtenus dans ces conditions sont
indé-pendants
des variations decapacité
du condensateurpiézoélectrique,
qui peuvent
seproduire
si lespièces
métalliques qui
transmettent l’effort nes’appliquent
pas
rigoureusement
sur lequartz,
cequi
est le cashabituel. On obtient ainsi les résultats suivants :
qui
se traduisent par les courbesreprésentées figure
2.Il n’est pas
possible
d’interpréter
ces mesures ensupposant
que la limite d’élasticité duquartz
estdépassée lorsqu’on applique 2 kg
à l’ensemble des trois doublets enquestion.
L’expérience
nous a montréen
effet, qu’un
seul doubletpeut supporter
4 000kg
sans se briser. On doit donc admettre que, surtout pour
les
petites charges,
l’effort n’était pasappliqué
norma-lement à la surface du
quartz,
la direction de l’effort enmétal-lique
qui
transmet lacharge
une lame de caoutchoucqui répartit
uniformément lapression
sur le cristal.Fig. 2,
~ Fig. 3. - Cas d’une armature concave.
Cas général où l’armature porte en 3 points.
Dans ces
conditions,
on obtient les résultats suivants >On voit que l’effort se trouve uniformément
réparti
pour un effort constant de moins de 1
kg;
alorsqu’avec
le métal seul l’effort ne se montrait convenablementréparti
qu’à partir
de 7 à 8kg
environ.Pour
opérer
à destempératures
un peuélevées,
il faut abandonner le caoutchouc et leremplacer
par des lames de métalplastique,
parexemple
d’étain.Dans ces nouvelles conditions il resterait nécessaire
de
charger
lequartz
d’unpoids
constant d’environ7
kg,
mais cela entraînerait des déformationsexagérées
despièces métalliques
servant à la transmission del’effort,
au moins pour unetempérature
élevée,
défor-mations
qui provoqueraient
de nouveau une mauvaiserépartition
des efforts. On doit donc se contenter d’unpoids
intermédiaire,
cequi
laisse subsister desirrégu-larités.
Pour se rendre
compte
des erreurs introduites parles variations
parasites
decapacité,
nous avons effectuéles mesures simultanément par deux méthodes :
lo Méthode de déviation.
~~ Méthode de zéro.
Les résultats obtenus sont : ,
Les courbes
correspondantes
sontreproduites
sur afigure
4.Fig. 4..
On constate donc que la méthode de déviation
fournit,
conformément aux résultatspubliés
par L. H.Dawson,
98
une valseur du module
qui
cioitjusqu’à
et décritensuite.
Au
contraire,
la méthode dezéro,
plus précise,
indique
que le module décroît linéairement et très lentementlorsque
latempérature
s’élève.Ces
divergences
s’interprètent
facilenient si l’on admet que la déformation despièces
qui
transmettent l’effort auquartz
provoque depetits
variations decapacité;
variations decftpacilé
qui
viennent fausser les déterminations faites à l’aide de la méthode de déviation.L’augmentation
du modulejusque
vers 600est donc illusoire. La variation réelle semble être une
diminution entre 20 et
20(,°,
l’ordre degrandeur
de cette diminution serait d’environ 10 pour 100 pour cette différence detempérature.
3.
Dispositif
utilisé. -- Pour étudier de manièreplus précise
la variation du module avec latempéra-ture,
nous avons utilisé ensuite unquartz
de Curie.L’effort y est
appliqué
par traction et tous lespro-blèmes de déformation d’armatures sont
supprimés.
Fig. 5. - Variations du niodule
piézoélectrique
avec latempéra-ture. Quartez de Curie graphité sur les deux faces.
Le
montage
est celui d’unquartz
de Curiehabituel,
toutefois il est utile de
remplacer
les feuilles depapier
d’étain par une couche degraphite,
le contact étantpris
ensuite sur legraphite
par des lames declinquant
mince de cuivre rouge. De même il est bon de
substi-tuer aux isolants en ambre des
pièces
de silice fondue.L’appareil
muni de saprotection
électrostatique
estplacé
à l’intérieur cl’un fourélectrique
vertical montésur
pieds.
Lequartz
choisi a pour dimensions : 70 mm, 15 mm et et est monté sur unsupporta
doublecardan;
lepoids appliqué
est de 100 g.Les déterminations sont faites par méthode de
zéro,
c’est à-dire en
compensant
l’effetpiézoélectrique
parun effet
d’influence,
la tension ulilisée pourproduire
l’effet d’influence est mesurée auvoltmètre,
les divisionsindiquées se rapportent
à la sensibilité 3 volts pour toutel’échelle
(150
divisions pour 3volts).
Les mesures obtenues dans ces conditions sont très
régulières
et les résultats obtenusprécis.
4. Résultats. - Les résullats ont été les suivants :
Il se confirme donc que le module diminue
linéairc-ment de 10 pour 100 entre ~0~ et 200°
(figure 5).
Il y a lieu de remarquerqu’à partir
de i’10° environ le courant de fuiteaugmente
assezbrusquement;
vers200o il devient si
important
que la mesure du module devientimpossible.
5. Etude de la conductibilité. - Parallèlement à cette étude nous avons
entrepris
de mesurer dans les mêmes conditions la résistance d’isolement de la lame dequartz
utilisée.La conductibilité de la lame
augmente
vite àpartir
deI6©°,
la conductibilité étantmultipliée
par 10 pournos
expériences
entre ’10~~ U. E. S. minute et6.10-3 U. E. S. par minute et par cm’.
Nous avons cherché ensuite à voir si ces fuites sont
dues à une conductibilité en surface ou à une
conduc-tibilité en volume. Pour examiner la
première
hypo-thèse,
nous avons mesuré la conductibilité d’une lame dequartz
de mêmeépaisseur
queprécédemment,
maisayant
degrandes
dimensions latérales. Unepetite
élec-trode de un centimètre carré étaitplacée
au centre de la surface de la lame et servait d’électrode isolée pourla mesure de la conductibilité. L’électrode isolée reliée à l’électromètre est
chargée
d’unequantité
d’électricité ,connue, obtenue par influence sur le condensateur éta-lon. On mesure alors laquantité
d’électricitédisparue
en une ininule. Les résultats obtenus ont été lessui-vants :
t
La
charge
initiale fournie par influencecorres-pond
à une différence depotentiel
de1,68V,
cette0,5
charge
provoque une déviation de l’électromètre de~00
m/m.
Voir la courbe de variations
correspondante figure
6. Pour déterminer si cette loi de variation est bien uneloi
exponentielle
en fonction dutemps,
comme l’indi- (quent
certainsauteurs,
enparticulier
Radmanèche(1),
nous avons tracé la courbe des
logarithmes
desconduc- j
]
tibilités en fonction de la
température,
qui
est bien sensiblement linéaire. Voir la vérificationfigure
7.On
peut
constater aussi que les résultats obtenus(1) Réza RADMANÈCHE. Influence de la température sur la
con-ductibilité électrique du quartz. Comptes Rendus, 1935,
20’1,
p. 448.avec cette nouvelle lame sont bien
analogues
à ceux quenous avions eus avec la lame de
Curie.
Laconductibilité
Fig. 6. - Parialion de la
conductibilité du quartz en
fonction
de la température. Lame de quartz de grande surface. Petite électrode centrale de 1 cm ~.Fig. 7. - Vérification
expérimentale
de loi de variation de lacondiietibilité du quartz avec la température. Loi exponentielle. Courbe des logarithmes.
en surface ne semble donc pas
jouer
un rôleprépondé-rart.
100
en
volume,
il restait à vérifier que cette conductibilitén’était pas due à l’ionisation par élévation de
tempéra-ture del’atmosphère
entourant lequartz.
A cet effetnous avons
supprimé
la lame dequartz
et effectué lesmêmes mesures avec une lame d’air de même
épais-seur. On obtient ainsi :
On voit ainsi que le courant de fuite par ionisation varie à peu
près
linéairement avec latempérature,
mais restetoujours
très faible parrapport
au courant de fuiteglobal.
On doit donc conclure que le courant de fuite est dû enmajeure partie
à une conductibiltiéen
volume, qui augmente
très vite avec latempérature
àpartir
de 1600. Cette loiexponentielle
est d’ailleursgénérale
et se trouveégalement
vérifiée pour des lames de verre enparticulier :
Nous avonsrepris
la mêmeexpérience
avec une lame de verre, nous avonsretrouvé une loi
analogue.
En terminant