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Étude de la résonance électronique du manganèse divalent dans le di-hydrogène phosphate de potassium
(k.d.p.) dans sa phase paraélectrique
Richard Sartene, Olivier Parodi
To cite this version:
Richard Sartene, Olivier Parodi. Étude de la résonance électronique du manganèse divalent dans le
di-hydrogène phosphate de potassium (k.d.p.) dans sa phase paraélectrique. Journal de Physique,
1967, 28 (3-4), pp.301-306. �10.1051/jphys:01967002803-4030100�. �jpa-00206520�
ÉTUDE
DE LARÉSONANCE ÉLECTRONIQUE
DUMANGANÈSE DIVALENT
DANS LE
DI-HYDROGÈNE
PHOSPHATE DEPOTASSIUM (K.D.P.)
DANS SA PHASE
PARAÉLECTRIQUE
Par RICHARD SARTENE et OLIVIER
PARODI,
Laboratoire de Physique des Solides
(1),
Faculté des Sciences, 9I-Orsay.Résumé. 2014 Un modèle de
champ
cristallin intermédiairepermet
de rendrecompte
del’anisotropie
desspectres
de R.P.E. de K.D.P. : Mn et de montrer laprésence
d’ions Mn++incorporés
dans le réseau dans trois sitesinéquivalents
desymétrie
binaire situés sur l’axequaternaire
du cristal.La structure
hyperfine, anisotrope,
estinterprétée
par l’introduction de termes croisés(SxIy et SyIx)
dans l’Hamiltonien.Abstract. 2014 The E.P.R.
spectra
of K.D.P. : Mn are shown to bestrongly anisotropic.
This
anisotropy
isexplained
in an intermediatestrength crystal
field model. Mn++ ions areshown to be located on three
nonequivalent
sites, withC2 symmetry.
The
anisotropic hyperfine
structure isinterpreted by introducing
cross terms(SxIy
andSyIx)
in thespin
Hamiltonian.Introduction. - Nous avons 6t6 amenés à 6tudier les
spectres
de resonanceparamagnétique
des ions de transition dans K.D.P. et A.D.P. parcequ’il
semblaitque la
presence
d’ions ferreux favorisait la croissance des monocristaux d’A.D.P. Par lasuite,
il s’est av6r6impossible
dereproduire
un cristaldope
auFer,
cequi
tendrait a prouver que le role des ions Fe++ dans la croissance avait ete surestim6.N6anmoins nous avons pu 6tudier K.D.P.
dope
auManganese divalent,
ionqui
s’est revele leplus
favo-rable au
dopage.
Si leManganese
enimpuret6s
dis-soutes dans les cristaux
ioniques
a ete considérablement6tudi6,
a notre connaissance K.D.P. n’a pas ete utilisecomme cristal hote
(2).
STRUCTURE CRISTALLOGRAPHIQUE DE K.D.P. -
L’analyse
de la structure deKH2po4
et des cris-taux
isomorphes
a ete 6tudi6e endetail,
soit auxrayons X
[1, 2],
soit par diffraction de neutrons[3].
Cette etude montre que dans la
phase para6lec- trique (T,, >
123oK),
lasym6trie
de K.D.P. est tetra-gonale ; quatre
molecules occupent la cellule unite de dimensions : a = b =7,43 A,
c =6,94 A ( fcg. 1).
Le cristal
comprend
desgroupements H20, P04
et(1)
Laboratoire associe au C.N.R.S.(2)
D. Gainon(Institut
dePhys. Expéri.
Universite deGeneve)
a 6tudi6 lespectre
R.P.J3.d’impuretes
dechrome dans 1’A.D.P. Ces mesures n’ont, pour le moment, pas ete
publi6es (communication privee) .
Fic,. 1. - Structure de
KH2po4’
Cellule unite(d’apr6s J.
West[1]).
KO 8
relies entre eux. Les huitoxygenes
situ6s surI’atome de
potassium
sontr6partis
en deux tétraèdres presquer6guliers (sym6trie S4)
ayant un centre degravite
communoccupe
par l’atome depotassium.
L’un des t6tra6dres est
16g6rement plus grand
queArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01967002803-4030100
302
U /
FIG. 2. -
Projection sch6matique
de la structurede K.D.P. sur
(0,
0,1) (d’après
Bacon et Pease[2]).
1’autre
(distances
K-0 :2,82
et2,89 A).
Les atomesde
potassium occupent
deux sitesin6quivalents (fig. 2).
I.
Techniques expdrimentales.
- 1. PREPARATIONDES ECHANTILLONS. - Les cristaux
dopes
ont 6t6prepares
au « Laboratoire deCristallographie »
dela Faculte des Sciences
d’Orsay
par refroidissement lent de solutions satur6es contenant un germe.Pour K.D.P. :
Mn,
le sel utilise étaitMnCl2;
les deuxmonocristaux
(M1
etM2)
obtenusapr6s plusieurs
essais 6taient de bonne
qualité, transparents,
sans inclusionsapparentes
de solvant sous forme de « nei- ges ». Leur taillerespective
était3,5
X3,5
X 20 mmet 6 X 6 X 30 mm; leur concentration en
impuret6s
de l’ordre de 5 X 10-6 par atome.
2. APPAREILLAGE. - Nous avons utilise un
spectro-
metre de resonance6lectronique JEOL type JES .
3Bde sensibilite 1012
spins/gauss,
fonctionnant dans la bande X(environ
9 500MC)
et a latemperature
ambiante. La cavite de resonance utilis6e est de type
cylindrique
resonant sur le modeTE011’
Lafr6quence
de modulation du
champ magn6tique
est de 100kcps.
La valeur absolue du
champ
est calibr6e par la reso-nance
6lectronique
d’un 6chantillon de D.P.P.H. de g =2,0036
et par la resonance nucl6aire deprotons.
II. Rdsultats
expérimentaux.
- Lespremiers
6chantillons de K.D.P. : Mn
pr6sentaient
de fortesinclusions de
manganese m6tallique :
leursspectres comprenaient :
a)
Une raie intense delargeur
a mi-hauteur420
gauss, centr6e sur lavaleur g
=2,01,
cette raielarge
était due a diversagglomérats
deMn++;
lastructure
hyperfine
étaitsupprim6e
par des effetsd’6change [4, 5].
b) Superpos6e
a cetteraie,
une structurehyperfine isotrope
de 6 raies due a 55Mn(I
=5/2).
Lalargeur
ami-hauteur est de 40-45 gauss. Schneider
[6] sugg6re
que ces raies
proviennent
d’ions dans unchamp
cris-tallin
al6atoire,
auvoisinage
de dislocations ou d’autresimperfections
du r6seau.Ces deux
types
despectres disparaissent
dans lesdeux monocristaux
(M1
etM2) apparemment
sans«
neiges
».Une
analyse angulaire ( fig. 3)
duspectre
de reso-FIG. 3. - Courbes
d’anisotropie H(6)
dans le
plan (a, b),
cristalMi.
6 =(a, H).
nance pour H dans le
plan (a, b)
a ete faite en detailpour
Ml.
Cetteanalyse
montrequ’il
existe trois courbesd’anisotropie differente,
toutes ont uneperiodicite
de 1800 et sont
sym6triques
parrapport
aux axes a et b.Leurs extremas ont lieu pour des orientations diff6-
rentes.
Si,
pour certaines directions deH,
on observeun d6doublement des
raies,
1’absence de la structurehyperfine
de 55Mn estcaractéristique.
Pour H dans leplan (a, c), l’échantillon M1
était de dimensionstrop
reduites pourpouvoir
etre correctement orient6 dans lacavite;
deplus,
la tres faible intensite dessignaux
n’apas
permis
d’obtenir des courbesd’anisotropie
lisibles.Le
spectre
de resonancepresente
parM2 ( fig. 4)
estbeaucoup plus complexe
et apremiere
vue sans rap- port avec celui deMl.
NotammentI’apparition
d’unestructure
hyperfine
est 6vidente. Si on rel6vedegr6
pardegr6
laposition
des raies de resonance dans lesFiG. 4. -
Spectre
K.D.P. : Mn,H//[100],
cristalM2.
plans (a, b)
et(a, c),
il n’estpossible
de suivre aveccertitude les courbes
d’anisotropie qu’au voisinage
desextr6mums,
la ou la densite despoints expérimentaux
le
permet ( fig. 5).
Les fonctionsH(O)
que l’on obtientFIG. 5. -
Dependance angulaire
de la structurehyperfine
dans le
plan (a, b)
cristalM2.
ainsi sont
identiques
a celles relev6es surM1;
l’inter-valle
s6parant
surM1 les
deux raies d6doubl6es corres-pond
a l’intervallehyperfin
commesi, parmi
les sixcomposantes hyperfines,
deux seulement avaient 6t6 visibles surMi.
III.
Interprdtation
desspectres.
-Qualitativement,
le spectre semble
pouvoir
etreexplique
par lapresence
de trois centres
in6quivalents
tels que les axesprinci-
paux du tenseur g ou axes locaux de
sym6trie (x
ety)
soient deduits des axes a et b du cristal par des rota-
tions de
18°,
400 et 100 autour de 1’axequaternaire (z).
1. HAMILTONIEN DE SPIN. - Un calcul du
champ
cristallin V
qui
tientcompte
des forces exerc6es par les huitoxyg6nes plus proches
voisins d’uncation,
montre que la
separation
entre deux sous-niveaux d’un electron d est de l’ordre de 15 000 cm-1. Cet ordre degrandeur indique
que l’on doit utiliser un mod6le dechamp
cristallin intermédiaire. Eneffet,
dans le groupe du
fer,
laseparation
entre le termefondamental et le terme
(L, S) suivant,
sous 1’effetdes interactions
coulombiennes,
est de l’ ordre de 20 000 cm-1. Dans le cas duchamp
cristallinfaible,
les elements de matrice de V sont
toujours petits
parrapport
a la distance entre termes(quelque
103cm’1).
Dans ce cas, les
propri6t6s magn6tiques d6pendront
a la fois du
champ
cristallin et des interactions cou-lombiennes mais d’une mani6re
compliqu6e.
Au lieude
diagonaliser 1’6quation
aux valeurs propres en fonction de V et desint6grales
deCoulomb,
noussupposerons que la force du
champ
est telle que 1’etat fondamental reste 1’etat 6S mais que le terme de structurefine, qui provient
del’application
simultan6een
perturbations
duchamp
cristallin et ducouplage spin-orbite [7], decompose
1’etat 6S en 3 doublets de Kramerss6par6s
par des intervallesd’énergie sup6-
rieurs a
1’energie magn6tique PSIH.
Le tenseur g contient la contribution orbitale a1’anisotropie qui provient
d’unepart
dum6lange
avec les 6tats excitessup6rieurs (par
l’interm6diaire duchamp cristallin)
et d’autre part de la formation d’orbitales mol6culaires
avec les voisins. Soit pour l’Hamiltonien de
spin :
304
Une autre mani6re
plausible d’expliquer
les fortesanisotropies
desfacteurs g
et structureshyperfines
aurait 6t6 d’utiliser
l’approximation
duchamp
cris-tallin
fort;
dans ce cas, le terme leplus bas,
dans unesym6trie t6tragonale,
est detype
2E et unspin
fictifS, = I 2p peut alors etre attribue au systeme.
y Ce choix
est valable si la
separation
due auchamp
cristallinentre sous-niveaux est
grande compar6e
aux interac-tions coulombiennes. Pour K.D.P. : Mn cette
s6para-
tion est de l’ordre de 15 000
cm-1; aussi,
nous avonsprefere
utiliser un modele dechamp
intermédiaire.2. DETERMINATION DES CONSTANTES DE L’HAMIL-
TONIEN DE SPIN. - Nous
op6rons
afrequence
41mfixe;
pour
chaque
transition6lectronique 6tudi6e,
nousdéfinissons une fonction
K(0)
parou
H(O) repr6sente
laposition
de la raie de resonanceen fonction de la direction du
champ et P
lemagn6ton
de
Bohr p
=eIí/2mc.
Apartir
des courbesd’anisotropie eXpérimentales
nousanalysons K(O)
en s6ric deFourier
soit pour la transition de
chaque
centre parama-gn6tique (H
variable dans leplan (a, b)) :
Pour d6terminer a
partir
d’un calcul de pertur- bations la fonctionK(O)
et sacorrespondance
avecg(o)
=(gx
COS2 0+ g; sin2 0)112,
on doitprendre
lavaleur moyenne de
1’energie magn6tique
sur le doublet de base dont les fonctions propres
sont :
soit pour
1’energie
de transitionapres diagonalisation de (III.2.3) :
supposons .
soit
Des relations
(111.2.6)
et(111.2.2),
onpeut
cal- culer les valeursde g,,
et g’lJ en faisantrespectivement
0 = 0 et 0 =
7r/2 (tableau III).
La relation(III .2.5) développée
au ler ordre s’ecrit :Si on utilise le
rapport BIA
de(111.2.2)
et lesvaleurs
de gx
et gy, lerapport E/D peut
etre determine.On trouve
EID positif
et6gal
aquelques pour-cent.
L’hypoth6se EjD «
1 est donc valable. Afin de verifier la validite de notremod6le,
nous avons d6ve-lopp6 K(6)
=3ei[ fi Ho,
c’est-A-dire(111.2.5)
au3e ordre et nous avons
compare
les coefficients decos 46 et cos 66 avec les coenicients
G‘jA
etDjA
de
(111.2.2) (tableaux
I etII).
Il faut remarquer que les transitions
c5j2
--*-5/2
et
§+j
-§_j
sontegalement permises
du fait desmelanges
desétats I ms )
introduits par lapartie
non axiale du
champ cristallin;
mais que leursprobabilités
serontproportionnelles
aE4/D4.
Lesraies
correspondantes
seront doncpratiquement
invisibles.
TABLEAU I TABLEAU II
TABLEAU III
Pour H variable dans le
plan (a, c),
1’axe z dutenseur g est confondu avec I’axe
c; l’énergie
Zeeman :.X’z = PH,[g,,
cosesz , + g,,,
sin6(cos asx +
sinOtsy]
(III .2.7) (ou
arepere I’angle (a, x)),
doit etrediagonalis6e
sur
(111.2.4). Soit,
pour1’energie
detransition,
enn6gligeant jE’/D :
Pour 6 = 0
As === Hogz
d’ou on tire la valeur de gz. On trouve(gz)s
=2,28.
Pour les deux autrescentres, il n’est pas
possible,
vu lagrande
densite deraies,
depr6ciser
le centre degravite
des six compo-santes
hyperfines,
doncd’obtenir gz
avec exactitude(tableau III).
La fonction
K(6)
d6finie parAs/i p Ho
etd6velop- pée
au ler ordre en cos 26 s’6crit :Le r6sultat
experimental correspondant
est :En posant
on en
deduit ga
=0,56.
A
partir
de la relation ga ==(g2 x
cos2 a +g;
sin2x)1/2,
on
peut egalement
calculer ga a enprenant
pour gxet g, les valeurs trouv6es
pr6c6demment
et 0 = 100.On
trouve ga
=0,56,
cequi
confirme nos ap-proximations.
3. STRUCTURE HYPERFINE. - L’interaction
dipo-
laire la
plus g6n6rale qui
soit une forme bilin6aireen S et I
peut
s’6crire :L’hamiltonien de
spin
doitposs6der
lasym6trie
totale de l’ion dans le cristal. Si les axes x et y ont 6t6 choisis pour
diagonaliser g,
le tenseurhyperfin
contiendra des éléments non
diagonaux
enSx Iy
Remarquons
que S et I etant invariants par inver-sion,
SA! I sera invariant dans le groupeponctuel D2
comme dans
C2h,
cequi
traduit un environnement desym6trie Cs
ouC2
pour l’ion dans le cristal. Le groupe desym6trie
cristallin necomprend
pas desym6trie
par
rapport
a unplan,
il est alorsprobable
que le site de Mn++poss6de
lasym6trie C2,
donc que sondepla-
cement par
rapport
a laposition
substitutionnelle s’effectue lelong
de 1’axequaternaire.
Si l’hamiltonien
(111.3.2)
est trait6 enperturba-
tion au ler ordre
[8],
la transition6lectronique
sedecompose
en sixcomposantes egalement espacées
avec un intervalle en
6nergie R
donne par :306
ou
I,
m, n sont les cosinus directeurs duchamp magn6- tique applique.
L’equation (111.3.3)
montre queAzz
peut etre directement determine en mesurantl’espacement
desraies
quand
H estaligne
lelong
de Oz. Dans ce cas,1 == m = 0,
n = 1. Les autres constantes sont d6ter- min6es apartir
duspectre lorsque
lechamp magn6- tique
H est dans leplan (x, y)
ou n = 0.On ne
peut
r6soudre cesyst6me
de 3equations
a 4 inconnues
qu’en
fonction durapport
de deux d’entre elles. PosonsAy,,IA,,y =
r.Pour a N b,
cequi
est notre cas, les solutions se
simplifient :
Si l’on
suppose I r voisin
de1,
toutes les constantesdu tenseur
hyperfin
sont alors d6termin6es(ta-
bleau
III).
Conclusion. - L’6tude de K.D.P.
dopé
au manga- nese montrequ’a
latemperature
ambiante lad6pen-
dance
angulaire
du spectre est intimement li6e a lastructure interne du
cristal,
cequi indique
lapresence
d’ions Mn++
incorpor6s
dans le reseau et non pas sous la formed’agr6gats
incoh6rents au r6seau.Un mod6le de
champ
cristallin interm6diaire nous apermis
de situer les sitespossibles
suivant 1’axequaternaire
mais nepermet
pas depr6ciser
laposition
exacte des ions. Il serait int6ressant d’étudier des 6chantillons
plus dopes qui permettraient
de d6ter-miner tous les
parametres
duchamp
cristallin sansambiguïté.
REMERCIEMENTS. - Nous tenons a remercier M. le Professeur
J. Chapelle qui
nous a fourni des échan- tillonsdopes
et nous apermis
d’utiliser le Laboratoire deCristallographie
pour lapreparation
d’autres6chantillons. Nous remercions
egalement
M. Godartpour 1’aide
qu’il
nous aapport6e
dans lapreparation
de ces cristaux.
Manuscrit reçu le 10 novembre 1966.
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