Propagation d’ondes acoustiques dans un guide de section variable.
Patrick Joly Patrick.Joly@inria.fr
1 Introduction
Ce projet est consacr´e `a l’´etude de la propagation d’une onde plane dans un guide d’ondes de section localement variable. Afin de simplifier cette ´etude, on se place dans le cadre d’un probl`eme bidimensionnel et dans le cas du r´egime harmonique en temps.
Le guide d’ondes acoustiques consid´er´e est constitu´e d’un ”tube” de section variable pour
|x|< Let de largeur constante ´egale `a 2bpour|x|> L(voir Figure 1).Les parois sup´erieure et inf´erieure du tube pour |x| < L, not´ees Γ+S et Γ−S, sont respectivement donn´ees par les
´equations y=S+(x) et y=S−(x).
On noteϕi(x, y) le potentiel des vitesses de l’onde plane incidente et on cherche le potentiel total ϕ(x, y) solution du probl`eme de Helmholtz :
( 4ϕ+k2ϕ = 0 dans Ω
ϕ = 0 sur Γ (1)
o`u Ω d´esigne l’int´erieur du guide, Γ sa fronti`ere et k le nombre d’onde. Afin de r´esoudre num´eriquement ce probl`eme, nous allons en donner une formulation ´equivalente pos´ee en domaine born´e. Celle-ci sera obtenue grˆace `a une technique de s´eparation de variables effectu´ee dans la partie du guide de section constante.
2 D´ etermination de l’onde incidente
Supposons dans un premier temps que la section du guide soit constante, autrement dit queS+(x) =b et queS−(x) =−b. On peut alors d´eterminer analytiquement les solutions de l’´equation de Helmholtz qui sont `a variables s´epar´ees :
Ψ(x, y) =A(x)B(y)
On a alors `a r´esoudre le probl`eme :
( 4Ψ +k2Ψ = 0 dans R×]−b, b[
Ψ = 0 poury=±b (2)
Question 1: Montrer que les solutions Ψ `a variables s´epar´ees sont de la forme : Ψ±n(x, y) =γne±iβnxsinnπ
2b (y−b) .
avec βn = r
k2−nπ 2b
2
, Re(βn)>0, Im(βn)>0, et γn∈R.
On posera par la suite cn(y) =γnsin nπ(y−b)/2b
et on choisira la constante γn de telle sorte que kcnkL2(]−b,b[) = 1. On admettra que la famille de fonctions (cn)n≥0 forme alors une base orthonormale de L2(]−b, b[).
Il est important de remarquer ici qu’il existe un entier n0 tel que la constante βn, appel´ee constante de propagation, soit r´eelle lorsque n 6 n0, la fonction Ψn ´etant alors oscillante suivant la directionOx.On appelle ces solutions particuli`eres des onde guid´ees. On notera que parmi les ondes guid´ees, Ψ+n correspond `a une onde se propageant vers les x > 0 et Ψ−n vers les x <0 , puisque les solutions harmoniques sont recherch´ees sous la forme :
Φ(x, y, t) = Re e−iωt Ψ(x, y)
Lorsque n > n0, la constante βn est imaginaire et on a affaire `a des solutions ayant des comportements exponentiels `a l’infini. Ainsi, Ψ+n est exponentiellement d´ecroissant quandx tend vers +∞et exponentiellement croissant quandxtend vers−∞, alors que la situation est invers´ee pour Ψ−n.
On choisira par la suite une onde incidente progressive dans la direction des x >0, autrement dit une onde de la forme
ϕi(x, y) =
( Ψ+m(x, y) = e+iβmx cm(y) si x <−L
0 si x >−L (3)
avec m 6n0.
3 R´ eduction ` a un domaine born´ e
Afin de pouvoir r´esoudre le probl`eme initial (1) par une m´ethode d’´el´ements finis, il faut se ramener `a un probl`eme pos´e en domaine born´e. Nous allons voir comment la con- naissance des solutions `a variables s´epar´ees dans la r´egion du guide de section constante
|x|> Lpermet d’aboutir `a une telle formulation.
D´ecomposons la solutionϕ du probl`eme (1) sous la forme : ϕ=ϕi+ϕd
ϕd s’appelant le potentiel de diffraction. Nous allons ´etablir des formules explicites pour ϕd dans les r´egions de section contante (x > L etx <−L). Pour ce faire, remarquons que ϕd v´erifie les ´equations :
( 4ϕd+k2ϕd = 0 si |x|> L
ϕd = 0 si |x|> L et |y|=b
D’un point de vue physique, le potentiel de diffraction correspond `a une onde ”induite”
par la perturbation que constitue la variation de la section du guide. Par cons´equent, cette onde rayonn´ee ´etant physiquement born´ee ou se propageant vers l’infini, le potentiel de diffraction ϕd ne se d´ecompose que sur les fonctions Ψ+n en +∞ et que sur les fonctions Ψ−n en −∞.
Question 2 : Montrer que la solution ϕd admet les d´ecompositions suivantes : x > L : ϕd(x, y) =X
n>0
(ϕd, cn)Γ+
LΨ+n(x, y)e−iβnL (4) x <−L : ϕd(x, y) =X
n>0
(ϕd, cn)Γ−
LΨ−n(x, y)eiβnL (5)
o`u : (ϕd, cn)Γ±
L = Z
Γ± L
ϕd(±L , y)cn(y)dy, avec Γ±L ={x=±L} ×]−b, b[.
En d´eduire que si l’on pose T±(ϕd) =−P
n>0
iβn(ϕd, cn)Γ±
Lcn, on a :
∂ϕd
∂n |Γ±L =−T±(ϕd),
Cette relation nous fournit les conditions aux limites ad´equates `a imposer en Γ±L pour obtenir pour ϕun probl`eme pos´e dans le domaine born´e ΩL= Ω∩ {|x|< L}. En effet, il suffit de substituer dans cette ´equation ϕd par ϕ−ϕi, ce qui donne :
∂ϕ
∂n|Γ±L =−T±(ϕ) + ∂ϕi
∂n|Γ±L +T±(ϕi).
Le probl`eme (1) est alors ´equivalent au probl`eme pos´e dans le domaine born´e ΩL :
4ϕ+k2ϕ = 0 dans ΩL
ϕ = 0 sur Γ±S
∂ϕ
∂n +T±(ϕ) = ∂ϕi
∂n +T±(ϕi) sur Γ±L
(6)
Question 3 : Montrer que si l’onde incidente ϕi est donn´ee par (3), alors :
∂ϕi
∂n +T+(ϕi) = 0 sur Γ+L et ∂ϕi
∂n +T−(ϕi) =−2iβme−iβmLcm sur Γ−L. Remarque : il est pr´ef´erable de choisir ϕi =e−iβmLΨ+m afin d’´eviter de conserver un terme exponentiel.
4 Formulation variationnelle et mise en oeuvre
On note VL0 le sous-espace de H1(ΩL) form´e des fonctions de trace nulle sur Γ+S et Γ−S. Question 4 : Montrer que si l’onde incidente ϕi est donn´ee par (3), le probl`eme aux limites (6) admet la formulation variationnelle suivante :
Trouverϕ∈VL0 tel que ∀v ∈VL0 Z
ΩL
∇ϕ∇v−k2 Z
ΩL
ϕv+ Z
Γ+L
T+(ϕ)v+ Z
Γ−L
T−(ϕ)v = Z
Γ+L
giv (7)
o`u gi est une fonction que l’on pr´ecisera.
On admettra pour la suite que ce probl`eme variationnel admet une unique solution.
Afin de r´esoudre num´eriquement ce probl`eme, on utilisera une m´ethode d’´el´ements finis P1 sur un maillage r´ealis´e `a l’aide du logiciel EMC2. On note, par la suite, (wI)I=1,N les fonctions de base globales associ´ees `a ce mailage et (T`)`=1,M l’ensemble des triangles du maillage.
Question 5 : On consid`ere le probl`eme variationnel
Trouverϕ∈H1(ΩL) tel que∀v ∈H1(ΩL) Z
ΩL
∇ϕ∇v−k2 Z
ΩL
ϕv+ Z
Γ+L
T+(ϕ)v+ Z
Γ−L
T−(ϕ)v = Z
Γ+L
giv (8)
Montrer que l’approximation par ´el´ements finis de ce probl`eme conduit `a un syst`eme lin´eaire de la forme :
K−k2M+T++T−
X =B (9)
o`u l’on donnera l’expression des diff´erents termes.
Le calcul des matrices K et M est standard. Par contre, le calcul des matrices T± ne l’est pas. En effet, les termes de ces matrices sont de la forme, pourT+IJ par exemple :
T+IJ =−X
n≥0
iβn(wI, cn)(wJ, cn)
o`u (wI,cn) = RL
0 wI(L, y)cn(y)dy. On calculera ces termes de fa¸con analytique car cn(y) est une fonction oscillante et tronquera la s´erie apr`es n0+N o`u N est un param`etre de troncature.
Question 6 : Ecrire un programme de r´esolution par ´el´ements finis du probl`eme varia- tionnel (7). En particulier, on ´ecrira pour tenir compte des conditions de Dirichlet une proc´edure de pseudo-´elimination sur les matrices ´el´ements finis et sur le second membre issus du probl`eme variationnel (8).
Question 7 : Afin de tester les conditions aux limites sur Γ±L, effectuer un test pr´eliminaire, quiconsiste `a supposer que le guide est de section constante. (on connait dans ce cas la solution exacte !)
Question 8 : Repr´esentez le potentiel total pour un cas test avec S++S−= 0(guide non sym´etrique). V´erifiez que la solution obtenue est, suivant les valeurs dem, rigoureusement sym´etrique ou antisym´etrique par rapport `a l’axe du guide? Pourquoi? V´erifier la con- vergence de la m´ethode par rapport `a la finesse du maillage, l’ordre de troncature N ou la position L. Reprendre cette question avec un guide non sym´etrique.
5 Bilan ´ energ´ etique
Le but de cette derni`ere partie du projet est d’obtenir une ´equation de conservation de l’´energie et de la tester num´eriquement.
Question 9 : Montrer en appliquant la formule de Green dans ΩL que le champ total ϕ v´erifie
Im Z
Γ+L∪Γ−L
∂ϕ
∂n ϕ= 0.
o`u n d´esigne la normale ext´erieure `a ΩL.
Cette ´equation montre que le flux d’´energie Je=−Im
Z
Γ−L
∂ϕ
∂n ϕ entrant `a travers Γ−L est ´egal au flux sortant
Js = Im Z
Γ+L
∂ϕ
∂n ϕ
`a travers Γ+L, traduisant ainsi la conservation d’´energie dans le domaine ΩL. Question 10 : Montrer que
Js= X
n≤n0
βn
(ϕ, cn)Γ+
L
2
Je=βm− X
n≤n0
βn
(ϕ−Ψ+m, cn)Γ−
L
2
Donner l’interpr´etation physique des diff´erents termes apparaissant dans cette relation.
Question 11 : Tester num´eriquement la relation Js =Je sur diff´erents cas de simulation.