13. Hypersurfaces
1. Choix des repères mobiles, courbure extrinsèque.
Soit une hyper surface H de dimension d , munie de coordonnées internes
{ }
t! ,! =1, ...,d, plongée dans une variété Vn de dimension n . Les coordonnées de Vn sont notéesx!,x",... !,",...=1, ...,n . Celles de H seront étiquetées avec les indices !,",#,$,% .
H est déterminée par les n fonctions x!(t") , 1#! #n , 1#"#d . Si on se déplace dans H , on a : dx!"!
= !x"
!t# dt#e!"!"
où les e!"!!
sont les vecteurs du repère naturel au point considéré de Vn . On écrit :
dx!"!
=dt!!"!f!
, !"!f!
= "x#
"t! e!"!#
(1a) Par construction les !"!f!
{ }
forment un ensemble de vecteurs tangents à H puisque dx!"!est
« dans » H . En chaque point de H , on peut compléter, dans Vn , cet ensemble de vecteurs par n!d vecteurs n!"i
{ }
normés, orthogonaux entre eux et aux !"!f!{ }
.L’hypersurface H est en elle-même une variété qui admet une métrique qui se déduit de celle de Vn . Sur H : ds2 =!"#dt"dt# , !"# =!"!f"
.!"!f#
= g$ % f"$ f#% (1b)
Dans la suite nous appellerons !$."# la connexion sur H.
L’ensemble !"!f!
{ }
,{ }
n!"i , définit donc sur H une famille de repères mobiles. Nous nousdonnerons, dans Vn , une famille de repères mobiles h!"!a
{ }
, 1!a!n qui coïncide avec les f!!"!
{ }
,{ }
n!"i sur H . On peut faire cette construction en utilisant la technique de la section12.2, en y remplaçant les géodésiques par des auto parallèles. Notons que les h!"!a
{ }
neconstituent pas une famille orthonormée sauf pour la partie n!"i
{ }
.Dans les chapitres précédents nous avons utilisé les indices latins pour étiqueter les vecteurs de la famille de repères mobiles h!"!a
{ }
. Dans la suite pour bien signifier qu’un indice se rapporte à un vecteur du repère mobile, et bien distinguer d’un éventuel choix descoordonnées, nous utiliserons les dernières lettres de l’alphabet pour les vecteurs f!" , à savoir fr
!"!
,!"!fs ,!"ft
,... , mais sauf mention particulière : !"!fr
{ }
!{ }
!"!f" . Nous utiliserons les indices i, j,k, l, etc pour étiqueter les vecteurs n!"i
{ }
, et enfin les premières lettres de l’alphabet latins pour les vecteurs généraux h!"!a{ }
.Appliquons à la famille de repères mobiles que nous venons de définir la relation (9.9b) : ! "Dh!!!a
=!b.ah!"!b
="b.a#dx#h!"!b
(2) nous l’écrirons sous la forme :
! "Df!!r
=!s.r!"!fs
+!i.rn!"i Dni
! "!!
=!s.i!"!fs
+!.ij n!"!j (3a) Le transport parallèle conservant les produits scalaires par hypothèse, on a la contrainte (9.6) : d!a b="a b+"b a
Puisque D!V est un vecteur, on pose DaV =ha! D!V , et de même on pose !a.b c =h"c!a.b" . (3a) se re écrit :
! "D!!!!afr
=!s.r a!"!fs
+!i.r an!"i Dani
! "!!!
=!s.i a!"!fs
+!.i aj n!"!j (3b) Puisque d!i j =0 , on a : !i j a ="!j i a (4a) On considère les déplacements dans H , et on écrit :
! "D!!!tfr
=!s.r t!"!fs
"Ki.r tn!"i Dtni
! "!!!
=Ls.it!"!fs
+#.itj n!"!j (3c) où le signe devant Ki.r t est arbitraire.
De (Dahb)! =h"a(D"hb)!=ha"(#"h
b
! +$!.% "h
b
%) , et puisque fr! ="x! /"tr on a : !tfr" = ft#!#fr" =!2x" / (!tt!tr)
et donc : Dtfr!"Drft! =#!.$ % fr$ ft% " #!.$ % ft$ fr% = fr$ ft%2S.$ %!
en multipliant l’équation ci dessus par fu!g"! , et compte tenu de (3c) on déduit :
!ur t "!ut r =2 fu# fr! ft$S#! $ , !ur t =!us!s.r t (4b) De la même manière, en multipliant par g!"n"j , on a :
!Ki.r tn!"i .n!"!j
+Ki.t rn!"i .n!"!j
=2S$." # fr" ft#n%jg$%
On suppose les n!"i
{ }
orthonormés, en posant Kir t =!i jK.r tj on a :Kjt r !Kj r t =2fr" ft#n$j S$ " # (4c) Enfin puisque les n!"i
{ }
sont, par hypothèse, perpendiculaires aux !"!fr{ }
on a!ir +!r i =d(n!"i .!"!fr
)=0 , c’est à dire : Lsit = Kist , et finalement :
! "D!!!tfr
=!s.r t!"!fs
"Ki.r tn!"i Dtni
! "!!!
=Ki.ts !"!fs
+#.itj n!"!j (5) Ki.r test appelé « courbure extrinsèque » bien qu’il s’agisse d’une partie de la connexion.
On peut donner aux relations (5) une interprétation cinématique. Rappelons d’abord que la dérivation absolue d’un champ de vecteurs représente sa variation par rapport au transport parallèle. Le vecteur fr! ="x! /"tr représente la « vitesse » par rapport au paramètre tr , donc Dfr! représente la variation de fr
!"!
pour aller d’un point M à un point infiniment voisin M' , et représente donc une accélération. Ki.r t est donc une accélération hors de H , c’est à dire représente une force centrifuge.
Exercice 1.
Vérifier que les équations (5) conservent l’orthogonalité entre les n!"i
{ }
et les{ }
!"!fr .2. Re paramétrisation de H.
Si on fait un changement de variables sx !tr on aura de nouveaux vecteurs pour définir la famille de repères mobiles au voisinage de H :
h'!x= "x!
"tr
"tr
"sx =h!r Arx , Arx = "tr
"sx (6a) Plus généralement on écrit le nouveau repère mobile : h'!a=Aca h!c (6b)
Insistons sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une transformation au sens d’un déplacement (non rigide), mais d’une re définition des coordonnées internes de H .
Rappelons la transformation des connexions sous forme matricielle (9.8) : !'= A"1! A+ A"1dA
Pour une re définition des coordonnées de H , il n’y a pas de re définition des n!"i
{ }
, donc :Aci =!ic et (A!1)ci ="ic d’où : !'t.r" =(A#1)tx!x.y" Ary+(A#1)tx$"Arx , et !t.r! ="t.r! se transforme comme une connexion. Avec !'t.r s = f 's"!'t.r" = Asz fz"!'t.r" on a :
!'t.r s = Asz $%(A"1)xt !x.y z Ary+(A"1)tx#zArx&' (7a) Considérons maintenant Ki.r s =!i.r s = fs"!i.r" : !'i.r" =(A#1)di !d.b" Abr +(A#1)bi $"Abr
d’où : !'i.r" =!i.b" Abr et : !'i.j" =!i.j" (7b) donc : K'i.r s = Arx AsyKi.x y et : !'i.j x =!i.j sAsx (7c)
De la même manière, les n!"i
{ }
sont définis à une rotation près, et on peut envisager une redéfinition de ceux ci. Dans ces conditions on a Ard =!dr . !i.j" se transforme comme une connexion. D’autre part : !'i.r" =(A#1)ci !c.d" Adr +(A#1)ci $"Arcdonc : !'i.r" =(A#1)ij!.r"j (8)
!i.r se transforme donc comme un vecteur.
Enfin !r.s" reste inchangé. (9)
3. Déformation de H .
Dans cette section on va considérer les déformations infinitésimales de H que l’on écrira sous la forme : !! "!x
="r(x)!"!fr
+"i(x) n!"i
, "r , "i #1 (10) A chaque point A de coordonnées x de H correspond un point B de coordonnées
x! +"x!
{ }
ce qui définit une hyper surface H' infiniment voisine de H . La partie !r est un déplacement dans H qui peut être considéré comme une re paramétrisation de cette surface. Nous ne traiterons donc que les déformations perpendiculaires du genre : !! "!x="i(x)n!"i .
La métrique de Vn induit la métrique (1b) dans H . On peut définir sur H' des coordonnées naturellement déduites de celles de H en attribuant au point B de H' les coordonnées internes
{ }
tr de A dans H .Reprenons les résultats obtenus à la section 12.1. On appelle !x" le vecteur BD! "!!
et !y" le
vecteur AC! "!!
( Ctrès voisin de A).
H
A C
B D
v v'
On a d’après (12. 3) : D!x
dv =!y#(D#k)" +2S".#!k!!y#
où la dérivée absolue du membre de gauche est prise le long de la géodésique tangente à k
! =!i(x) n"!i
en A . D’où :
k! D!"x# $"y!(D!k)# =2S#.!"k""y! qui, avec !y" = fr"dtr , se traduit en :
!i(hi"D"fr# $ fr"D"hi#)$ fr"%"!ih#i =2!iS#."&hi& fr"
Avec !b.a" =h#b(D"ha)# on a : !a.r i =hi"h#a(D"hr)#et !a.ir =hr"h#a(D"hi)# . Soit : !a.r i =h"ahi#D#fr" et !a.ir =h"a fr#D#hi"
donc : !.r ia "!.ira =h#a(h$i D$fr#" fr$ D$hi#)
d’où : !.r is "!s.ir =2hs#n$i fr% S#.% $ (11) Et pareillement on a :
!i".r ij #!i".irj = fr$ %$!j+2h&j!in$i fr'S&.' $ (12) De la même façon que nous avons défini : ! "D!!!aV
=ha!! "D!!!!V
, nous poserons : D!!"!fr
="in#i D#!"!fr
="in#i $c.r#h!"!c
="in#i ($s.r#!"!fs
+$.r#j n!"!j
)="i$s.r i!"!fs
+"i$.r ij n!"!j
maintenant !s.r i=!s.ir+2Ss.r i , or !sir ="!isr = Kisr car d!ir =0 , donc : D!!"!fr
="iKi.rs !"!fs
+"i#.r ij n!"!j
+2"iSs.r i!"!fs Dans cette équation le coefficient de n!"!j
est : !i".r ij =!i".irj + fr# $#!j+2!iS.r ij
= fr# ($#!j +".i#j !i)+2!iS.r ij = fr# D#!j+2!iS.r ij où : D!"j =#!"j +$.i!j "i
d’où : D!!"!fr
=("iKi.rs )!"!fs
+ fr#D#"jn!"!j
+2"iSs.r i!"!fs
+2"iS.r ij n!"!j
(13) Maintenant considérons : D!n!"i
="knk#D#n!"i
="knk#$c.i#h!"!c
="k($r.i k!"!fr
+$.i kj n!"!j ) On imposera que les vecteurs ni
!"
restent perpendiculaires aux vecteurs !"!fr
{ }
lors d’une déformation selon !in!"i, donc d!ir =0 " #r.i k =$#i.kr et d’après l’expression de !i".r ij plus haut :
!k"r.i k =#$il$r s!k"l.sk =#$il$r s(fs% D%!l +2!kSl.sk) et finalement :
D!n!"i
"#k$.i kj n!"!j
="%il%r s fs& D&#l !"!fr
"2#kSi.kr !"!fr
(14) Considérons le produit scalaire de deux vecteurs quelconques u!
et v!
de Vn . On a :
!"(u! .v!
)=u! .D"v!
+D"u!
.v!
, qui appliquée aux vecteurs !"!fr
{ }
fournit : !"#r s=$in%i !%(!"!fr.!"!fs )=!"!fr
.D"!"!fs
+D"!"!fr .!"!fs Soit, compte tenu de (13) :
!"#r s =$i(Kisr +Kir s)+2$i(Ssr i +Sr si) (15)
4. Evolution de Ki.r t et de !.itj lors d’une déformation de H . On peut définir Kj r t à partir des équations (5) par : D! "!!!tfr
.n!"!j
=!Ki.r tn!"i .n!"!j
=!Kj r t, et donc :
!"#Kir s =! "D!!!#ni .! "D!!!sfr
+n!"i
.D!!!!!!!#Dsf"r et la variation de Kir s le long de !!
est : !"#Kir s=! "D!!!#ni
.D! "!!!sfr +n!"i
.D!!!!!!!#Dsf"r où : D! ="lnl# D# .
Le premier terme est directement calculable avec les équations (5), et (14). Le second terme sera évaluer en permutant les deux dérivées absolues et en utilisant les formules (10,10) et (10,11) :
D!Dsfr" =#ini$ D$Dsfr" =#iDiDsfr" =#i%&Di,Ds'( fr" +#iDsDifr"
=#i%%&ni,fs'() D)fr" +R".)is fr)
&* '
(++DsD! fr", -s#iDifr"
où le troisième terme du membre de droite vient du fait que les !i ne sont que des paramètres, donc des fonctions ordinaires.
D!Dsfr" =#ini$ R".%$ & fs& fr%+DsD!fr" ' (s#iDifr" +#i()c.si')c.is+2Sc.is)Dcfr"
Le dernier terme, qui est une conséquence directe de (9.9a), s’exprime à l’aide des équations (11) et (12) et donc :
D!Dsfr" =#kR".$% &nk% fs& fr$ +DsD! fr"
d’où : !"#Kir s =! "D!!!#ni .! "D!!!sfr
+$kRir k s+n!"i
.!D!!!!!!sD# f"r soit encore : !"#Kir s =! "D!!!#ni
.! "D!!!sfr
+$kRir k s+Ds(n!"i .! "D!!!!#fr
)!! "D!!!sni .! "D!!!!# fr Maintenant il suffit d’utiliser les équations (5), (13) et (14) pour arriver à :
!"#Kir s=$kRir k s+"s(%i jDr$j+2$lSir l)!$kKk.rt Kit s!&l is(Dr$l +2$mSl.r m)
!'t.r s%ilDt$l !$k&j i kK.r sj !2$kSi.kt 't r s!2$kSt r kKi.st (16)
Pour calculer l’évolution de !i j r on procède de la même façon, à savoir, les équations (5) donnent : ! "D!!!rni
.n!"!j
=!j ir " #$!i j r =! "D!!!$ni .! "D!!!rnj
+n!"i
.D!!!!!!!$Drn"j et en utilisant les relations (10.10), (10.11), (11) et (14) on arrive à : D!Drn"j =#kR".$% &nk% fr&n$j +DrD!n"j
et donc : !"#i j r =$kRi j k r+! "D!!!"ni .! "D!!!rnj
+!r(n!"i .! "D!!!!"nj
)%! "D!!!rni .! "D!!!!"nj Enfin, on utilise les relations (5) et (14) pour obtenir :
!"#i j r =$kRi j k r+(%j lKi.rt &%ilKj.rt )Dt$l +$k(#m.i k#m j r &#m.j k#mir)
+2$k(Sit k Kjt.r &Sjt k Kit.r)+!r($k#i j k) (17)
5. Le tenseur de courbure.
Nous allons exprimer le tenseur de courbure en fonction des éléments de la connexion ramenés à la famille de repères mobiles que nous avons choisi pour décrire Het son voisinage. La courbure est donnée par : !a.b =d"a.b +"a.c#"c.b
On écrira aussi : Ra.b c d =h!ch"d Ra.b! " =h!ch"d (#!$a.b" % #"$a.b! +$a.c!$c.b" %$a.c"$c.b!)
!a.b représente une rotation. On va s’intéresser à !a.b lorsqu’on effectue un circuit fermé infinitésimal dans H , et on va considérer Ra.b r t =h!rh"t Ra.b! " .
Commençons par Ri.j r s , en utilisant les définitions du début de ce chapitre on a : R.j r s
i = RHi.j r s !Ki.t r Kj.st +Ki.t sKj.rt
RHi.j r s =h"r h#s ($"%i.j# ! $#%i.j")+%i.k r%k.j s !%i.k s%k.j r (18) Cette relation porte le nom d’équation de Ricci.
On fait la même chose avec Rx.y r s où les indices x,y sont des indices des coordonnées internes de H comme r,s,t :
R.y r s
x =RHx.y r s!Ki.rx Ki.y s+Ki.sx Ki.y r
RHx.y r s =h"rh#s ($"%x.y# ! $#%x.y")+"x.t r"t.y s!"x.t s"t.y r (19) qui s’appelle équation de Gauss-Codazzi.
Enfin la dernière relation est :
R.i r sx =h!r h"s (#!$x.i" % #"$x.i!)+!x.t r Ki.st %!x.t sKi.rt +$.isj Kj.rx %$.irj Kj.sx (20) qui s’appelle équation de Codazzi-Mainardi.
Les équations (5) constituent un système d’équations différentielles du premier degré pour les fr
!"!
et les ni
!"
. Pour des fonctions ordinaires de plusieurs variables satisfaisant un système d’équations différentielles du premier degré, les conditions d’intégration s’exprime par
!" #f =!#"f . Compte tenu des équations (10.10), (10.11), (4b) et (4c), les équations (18), (19) et (20) apparaissent comme les conditions d’intégration des équations (5).
Si H est une hyper surface de !n , alors, dans l’équation (19), Rx.y r s est nul et la courbure intrinsèque de H s’exprime en fonction de la courbure extrinsèque.
Réponse à l’exercice 1.
On a :
!t(n!"i .!"!fr
)=Dt(n!"i .!"!fr
)=n!"i .Dt!"!fr
+Dtn!"i .!"!fr
=("s.r t!"!fs .n!"i
#K.r tj n!"!j .n!"i
)+(Kis.t!"!fs .!"!fr
+$.itj n!"!j .!"!fr
)
=#Kir t +Kir t =0 car ni
!"
.!"!fr
=0 .