A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
P IERRE -Y VAN G AL
Propagation des discontinuités du tenseur dérivé du champ électromagnétique et du tenseur de courbure dans une onde électromagnétique et gravitationnelle
Annales de l’I. H. P., section A, tome 17, n
o1 (1972), p. 59-70
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPA_1972__17_1_59_0>
© Gauthier-Villars, 1972, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de l’I. H. P., section A » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.
org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
59
Propagation des discontinuités
du
tenseurdérivé du champ électromagnétique
et
du
tenseurde courbure
dans
uneonde électromagnétique
etgravitationnelle
Pierre-Yvan GAL
Ann. 1 nst. Henri Poincaré,
Vol. XVII, no 1, 1972, p.
Section A :
Physique théorique.
ABSTRACT. - In the
space-time
of thegeneral theory
ofRelativity,
in vacuum, a wave may be both an
electromagnetic
andgravitational
wave, i. e. a
hypersurface
S ofdiscontinuity
for bothVa (covariant
derivative of the
electromagnetic field)
and(curvature tensor).
Let = 0 be the
equation
of S and 1 be thegradient
vector off (a
nullvector).
Wewrite
the above discontinuities across SFrom
Maxwell and Einstein’sequations for
anelectromagnetic
fieldin vacuum, it follows that the
2-form
and the double 2-form aresingular. They
may be writtenwhere
ba
may bechanged
intoba
+kla
and intov#
(k
is anyscalar
field and va any vectorfield).
We derive from Maxwell and Einstein’s
equations
thepropagation equations
forba,
and[equations (4.12),
where k issome
scalar, (4.13), (5. 9),
where ua is somevector,
and(5.10)]. Equations
equivalent
to(4.13)
and(5.10)
were firstgiven by
Lichnerowicz[2].
60 P.-Y. ~lAL
As a consequence of
them,
with the scalars e and m issued frombz
andb03B103B2 by formulae (6.2)
and(6.4),
weget
the conservative vector(m + x e)
1(affected by
the indeterminationof l,
but notby
that ofbx
and and the conservative tensor(m + x e) l03B1 l03B2 l03B3 la (quite intrinsic).
In an orthonormal tetrad we
give (§6)
theexpression
of e in terms ofthe
electric
field and of m in terms of thegravitational potentials
Dans
l’espace-temps
de la Relativitégénérale
une onde électro-magnétique
est unehypersurface
à la traversée delaquelle
le tenseurdérivé du
champ électromagnétique
est discontinu. Dans le vide unetelle
hypersurface
estpartout tangente
au cônecaractéristique élémentaire.
Il en est de même pour une onde
gravitationnelle,
c’est-à-dire unehypersurface
à la traversée delaquelle
il y a discontinuité des dérivées secondes despotentiels gravitationnels,
donc du tenseur decourbure
À{J-.Une telle
hypersurface
Speut
donc être une onde à la fois électroma-gnétique
etgravitationnelle.
Dans ce cas, nous établissons leséquations
depropagation
lelong
de S des discontinuités des tenseursVa F~y
etCes
équations
ontdéjà
été obtenues par Lichnerowicz[2], qui
en aindiqué
une démonstration
[3]
en se limitant pour au cas d’une ondepurement gravitationnelle.
Nous étendons ses résultats au cas deséqua-
tions d’Einstein-Maxwell.
Ces
équations
fontapparaître
la conservation d’un vecteur et d’un tenseur duquatrième
ordre construits àpartir
de deuxscalaires
liésrespectivement
aux discontinuitésélectromagnétique
etgravitationnelle.
1. 2-forme
singulière ;
double 2-formesingulière
Sur
une variété lorentzienne une2-forme 03C6
= dx03B1/B dx03B2 (03B1, 03B2
ettout indice grec =
0, 1, 2, 3)
est ditesingulière
en unpoint x
si en x,où cp est
supposée
nonnulle,
il existe un vecteur 1 nonnul, appelé
vecteurprincipal
de la2-forme,
dont lesproduits
intérieur et extérieur avec osont nuls :
où
S désigne
la somme des termes obtenus parpermutation
circulaire(X,~,’Y
Le vecteur l est nécessairement
isotrope
=0),
sansquoi,
en utili-sant dans
l’espace tangent
en x unrepère
orthonormé dont l’un des vecteurs seraitparallèle
àl,
on montrerait facilement que 03C6 = 0.61
PROPAGATION DES DISCONTINUITÉS
Une double 2-forme est définie par un tenseur H
quatre
fois covariantayant
les mêmessymétries
que le tenseur decourbure :
En un
point
x, H estsingulier
de vecteurprincipal
1 si chacune des 2-formes dxx^ dx03B2 (définies
dans unsystème
decoordonnées donné)
estsingulière
de vecteurprincipal
1. Il enrésulte
que 1 estisotrope.
2.
Propriétés algébriques
des discontinuités du tenseur dérivé duchamp électromagnétique
et du tenseur de courbureDans un domaine ouvert Q d’une variété
lorentzienne
V4 designature
-!-201420142014 dont le tenseur
métrique g~~
est de classeCi,
C3 par morceaux,on
considère
une 2-formechamp électromagnétique
F de classeC°,
C2 par morceaux obéissant auxéquations
de Maxwell du vide en toutpoint
où F est différentiable.Soit S une
hypersurface, d’équation f (x)
=0,
à latraversée
delaquelle
le tenseur decomposantes présente
une discontinuité.Les conditions d’Hadamard font
qu’il
existe sur S une2-forme ~ permet-
tant
d’exprimer
cette discontinuité :où l’on a
(S
étantdonnée, 1
est défini à lamultipli-
cation
près
par unchamp
scalairequelconque.)
Écrivons
leséquations
de Maxwell depart
et d’autre deS,
prenons-en la limitelorsqu’on
tend vers un mêmepoint
de S d’un côté ou de l’autrede S et faisons la différence de ces deux limites :
Ces deux
équations expriment qu’en
toutpoint
deS,
la2-forme
q estsingulière,
de vecteurprincipal
1. Le vecteur 1 est doncisotrope :
On reconnaît la
propriété
de S d’êtrehypersurface caractéristique tangente
en tout
point
au cône élémentaire en cepoint.
On sait que, du fait que le vecteurisotrope
1 est ungradient,
sestrajectoires
sont desgéodésiques
62 P.-Y. GAL
isotropes.
Eneffet, l03B1
=Jcx f
entraîne =Vp lcx,
d’oùSi le
champ électromagnétique
F est la seule distributiond’énergie présente
dansQ,
le tenseur de courbure deVB
decomposantes
y est lié à F par l’intermédiaire des
équations
d’Einstein :où
soit, puisque Taa
=0,
Soit S une
hypersurface, d’équation f (xl)
=0,
à la traversée delaquelle
les
quantités d,,
ont une discontinuité. Les conditions d’Hadamard fontqu’il
existe sur S desquantités symétriques
parrapport
auxdeux indices
qui permettent d’exprimer
cettediscontinuité :
Les coefficients de la connexion riemannienne de V’ en
repère naturel
sontcontinus,
maisleurs
dérivéesont, d’après (2.6),
la disconti- nuitéD’où la discontinuité du
tenseur
de courbure à latraversée
de S :Puisque
le tenseurchamp électromagnétique
estcontinu, l’équa-
tion
(2.5) entraîne
=0,
d’oùIl
résulte
de(2. 7)
et de(2.8),
63
PROPAGATION .DES DISCONTINUITÉS D’autre
part,
on déduit de(2.7)
queEn tout
point
de S la double2-forme
est doncsingulière,
devecteur
principal
1. Parsuite,
le vecteur t estisotrope
et S est unehyper- surface caractéristique.
Il s’ensuit que la même
hypersurface
Speut porter
les discontinuités deVa Fpy
et de constituant ainsi un front d’onde à la fois électro-magnétique
etgravitationnel,
ce que nous supposerons par la suite.3.
Usage
de coordonnéesadaptées
Dans l’ouvert
1~,
supposons que l’onpuisse prendre
des coordonnées admissibles telles quel’équation
de S soit x° = 0. Nous lesappellerons
coordonnées
adaptées.
Avec ces coordonnées et du fait que le vecteur l est
isotrope,
ses compo- santes s’écrivent(i
et tout indice latin =1, 2, 3)
etpuisque
lestrajectoires
de 1 sontgéodésiques,
on a[relation (2.4)]
;D’après (3.1),
les discontinuités du tenseur de courbure données par(2 . ’l)
sont,
et celles
qui
s’en déduisent par lessymétries
de ce tenseur. Parsuite, (2.9)
devienttandis que
(2.10)
ne nousapprend
rien de neuf. Parcontre,
la continuitéde
Roo
entraîne .tandis que la continuité de
Roi
et deRi j n’ajoute rien.
Une dernière formule nous sera utile : de l’identité
Vp g°P
= 0 on déduitANN. INST. POINCARÉ, A-XVII-1 5
64 P.-Y. CAL
soit,
à l’aide de(3.2),
Notons pour terminer
qu’étant
donné un tenseur detype quelconque,
par
exemple
decomposantes
continu ou non, la continuité des coefficients de connexionIBïp
et la relation(1) [di = di
entraînent
4.
Équations
depropagation
des discontinuités du tenseur dérivé duchamp électromagnétique
En coordonnées
adaptées, (2.1)
et(2.3)
s’écriventsi bien que les seules
composantes
non nulles du tenseur dérivé duchamp électromagnétique
sont les[Vo Fod
= -[Vo
Cescomposantes vérifient,
vu(2.2),
Soit b le vecteur défini à l’addition
près
d’un vecteur arbitraireparallèle
à 1 parEn coordonnées
quelconques,
on aNous cherchons maintenant comment sont reliées entre elles les dérivées
prises
lelong
de S de[Va
ou du vecteur b.Pour
celarevenons en coordonnées
adaptées.
Après dérivation covariante
parrapport
à x0 deséquations
deMaxwell,
prenons la discontinuité à la traversée de S des
équations
obtenues :(1) Relation valable si la convergence des vers leurs limites sur S, d’un côté ou de l’autre de S, est uniforme. Dans la suite, toutes ces conditions de conver-
gence uniforme seront supposées satisfaites.
65
PROPAGATION DES DISCONTINUITÉS Dans
l’équation (4.6), lorsque
y =i,
on obtientce
qui peut s’écrire, grâce
à l’identité de Ricci et à(3.7),
Si l’on utilise
(3.3), (3.4)
et(3.5),
cetteéquation prend
la formeDans
l’équation (4.7), lorsque a, (3,
y =0, i, j,
on obtientsoit,
en utilisant l’identité deRicci, (3.7)
et(3.3),
L’élimination
de[~0 Vo ]
entre(4. 8)
et(4. 9)
donnel’équation
cherchée en coordonnées
adaptées, compte
tenu de(3.4) :
Mais on devine que les relations
(4.3)
et(4.2)
fontrespectivement
que les 2e et 3e termes du
premier
membre nedépendent
que des[Vo Foi]
et non de leurs dérivées. En
effet,
en utilisant(4.3)
et sa dérivée parrapport à Xi
ontrouve,
avec l’aide de(4.2)
et(4.1),
.
De
même,
en utilisant(4.2)
on obtientLa somme de ces deux termes s’écrit donc
66 P.-Y.GAL
Remplaçons
les par leurexpression
dans laparenthèse
etutilisons
(4.3) :
Comme
gol
gkl =0,
et
(4.3)
entraîneLe second membre de
(4.10)
sesimplifie
aussigrâce
à(3.4) :
En
conclusion, l’équation
depropagation prend
laforme simple
où l’on s’est
servi
de la relation(3.6).
Ainsi
écrite,
elle se met facilement sous une formetensorielle,
donc valable enrepère quelconque :
où k est un
scalaire.
Il enrésulte, d’après (4.5)
et(2.4),
soit encore, vu
(2.7)
etl’antisymétrie
deF,
5. Équations
depropagation
des discontinuités du tenseur de courbureL’analogue
du vecteur b défini par(4.4)
est le tenseursymétrique ba#
défini, à
l’additionprès
d’un tenseur decomposantes l03B1 03C503B2 + l03B2 03C503B1 (où
v est un vecteur
arbitraire),
en coordonnéesadaptées
par(2) Ce second membre n’a pas la même forme que celui obtenu par Lichnerowicz [2],
mais s’y ramène en utilisant la permutation circulaire des indices ~, cr, y de R, puis (2.10) et l’antisymétrie de F.
PROPAGATION DES DISCONTINUITÉS 67 Dans ces coordonnées on a,
d’après (3.3)
et(2.6),
L’indétermination des
bop
est à relier au fait que les discontinuités[doo
ne sont pas
significatives [1].
En coordonnées
quelconques,
on aNous
cherchons
comment sont reliées entre elles les dérivéesprises
le
long
de S deÀJ.]
ou deb:x.
En un
point
où le tenseur de courbure estdifférentiable,
il obéit aux identités de Bianchiqui
sontanalogues
aupremier
groupe deséquations
de Maxwell(dF
===0).
Le second groupe
(oF
=J,
vecteurcourant)
a aussi sonanalogue
dansles
équations suivantes, conséquences
de(5.3)
et deséquations
d’Einstein
(2.5) :
A cause de cette
analogie,
nous utiliserons(5.3)
et(5.4)
et non pas leséquations
d’Einstein elles-mêmes.Égalons
les discontinuités des deux membres de(5.3)
et de(5.4)
àla traversée de S :
Les conditions d’Hadamard entraînent l’existence sur S d’un tenseur
symétrique 1
tel queEn coordonnées
adaptées (5.6) s’écrit alors,
pour(~,
=i, 0, j,
Transformons le 2e terme à l’aide de
(5.5)
Les relations
(3.4)
et(3.3)
fontrespectivement
que les 2e et 3e termesne
dépendent
que des et non de leurs dérivées. Eneffet,
en uti- lisant(3.3), (3.4)
et sa dérivée parrapport
à xi on obtient68 P.-Y. GAL
tandis que
(3.3)
entraîneNous avons donc trouvé
On
reconnaît
entre lesparenthèses
le même termequ’en (4.11).
Cestermes se transforment de la même
façon
dans que le calcul deAt,
le rôlede la relation
(4.3)
étant icijoué
par(3.4),
et l’on obtient ainsiGrâce à
(3.6), l’équation
depropagation (5.8)
devientce
qu’on peut mettre
sous la forme tensoriellesuivante,
valable enrepère quelconque,
où u est un vecteur. Il en
résulte, d’après (5.2), (2.4)
et(5.7),
6. Conservation d’un vecteur et d’un tenseur du
quatrième
ordreLe vecteur b défini en
(4.4)
estorthogonal
à ld’après (4.3) qui,
encoordonnées
quelconques,
s’écritIl en
résulte que b
est, soitspatial,
soitisotrope
etparallèle à l,
mais dans ce dernier cas[Va est
nuld’après (4. 5).
Donc s’il y a disconti- nuitéeffective,
onpeut introduire
lescalaire positif
Ce scalaire n’est pas affecté par l’indétermination de bo en coordonnées
adaptées.
En
repère orthonormé quelconque
le vecteur b vautoù E est le
champ électrique
et h et k deschamps
scalaires(h dépend
duchoix
de l, k
estarbitraire).
Si lerepère orthonormé e~ x~ ~ }
est tel que69
PROPAGATION DES DISCONTINUITÉS
l = e(O)
+
on a h = 1 et lapartie
nonarbitraire
de bdépend
dedeux
paramètres :
Le tenseur défini en
(5.1)
satisfait à la relation(3.4) qui,
en coor-données
quelconques, s’écrit
où l’on a tenu
compte
de(3.5)
pour obtenir le secondmembre.
Le scalaire
n’est pas
affecté, grâce
à(6.3),
par l’indétermination desbop
en coor-données
adaptées.
Il résulte de(6.3)
que ce scalaire estpositif
ou nulet ne s’annule que si est de la forme
comme on
peut
le voir en utilisant unrepère orthonormé { ~) j
telque 1 = e( 0) + e~l~,
repère
danslequel
Si a la forme
(6. 5), x,]
= 0. Donc s’il y a discontinuité effective de est strictementpositif.
Dans le
repère { e~) j } ci-dessus,
lapartie
nonarbitraire
de la matricesymétrique
d’élémentsb03B103B2
estqui
nedépend
que de deuxparamètres,
car(6.3) entraîne
Par
multiplication
contractéepar b03B1
des deuxmembres
del’équa-
tion
(4.12)
depropagation
du vecteur b onobtient, compte
tenu de(6.1),
Par
multiplication
contractée parb03B103B2
des deux membres del’équation (5 . 9)
depropagation
du tenseurcompte
tenu de(6.3),
70 P.-Y. GAL . on obtient
Comme la contraction de a
et (3
dans cette mêmeéquation (5.9)
suiviede la
multiplication par b03C103C1
donneil en résulte
En utilisant
l’expression
du tenseurd’impulsion-énergie, remplaçons t
parson
expression
fonctionde l,
b et F. Onobtient,
vu(6.3),
La
comparaison
de(6.6)
et(6.7)
montre que le vecteur(m
+xe)
1est conservatif :
Les tenseurs
sont
indépendants
du choix du vecteur l car si onremplace l
parkl,
où k est un facteur scalairequelconque,
e estremplacé
par comme le montrent(4.5)
et(6.2),
et m pard’après (5.2)
et(6.4).
Ces tenseursne
dépendent respectivement
que des discontinuités des tenseurs VF et R et enparticulier
e estl’analogue,
construit avec[R],
du tenseurdeBel[4] :
_ _ ___ _ _L’équation (6.8), jointe
à(2.4),
montre que le tenseur 0 + xT est conservatif :BIBLIOGRAPHIE
[1] LICHNEROWICZ, Théories relativistes de la gravitation et de l’électromagnétisme,
Masson et Cie, Paris, 1955, p. 30.
[2] LICHNEROWICZ, C. R. Acad. Sc., t. 248, 1959, p. 2728-2730.
[3] LICHNEROWICZ, Ann. Mat. pur. ed appl., série 4, t. 50, 1960, p. 1-95.
[4] BEL, C. R. Acad. Sc., 247, 1958, p. 1094.
(Manuscrit reçu le 13 mars 1972.)