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Submitted on 1 Jan 1962
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Étude des niveaux excités de 188Ir
Claude Cauquais
To cite this version:
Claude Cauquais. Étude des niveaux excités de 188Ir. J. Phys. Radium, 1962, 23 (11), pp.906-909.
�10.1051/jphysrad:019620023011090600�. �jpa-00236717�
ÉTUDE DES NIVEAUX EXCITÉS DE 188Ir
Par CLAUDE CAUQUAIS,
Institut du Radium, Laboratoire Joliot-Curie de Physique Nucléaire, Orsay.
Résumé. 2014 Le 188Pt, produit par spallation
surl’or,
aété isolé par volatilisation des chlorures dans
untube présentant
unfort gradient de température.
La désintégration du 188Pt
aété étudiée à l’aide d’un spectromètre 03B2 magnétique pouvant
travailler
encoïncidences 03B2
201403B3,
unspectromètre 03B3 et
undispositif de coïncidences lentes.
L’étude de la désintégration du 188Pt
amis
enévidence les transitions de 35, 42, 54, 96, 140, 187, 195, 280, 382, 424 keV.
La nature et l’ordre de succession des transitions les plus importantes ont été déterminés et
unschéma des niveaux est proposé pour
cestransitions.
Abstract.
2014188Pt, produced by spallation of gold, has been separated by volatilisation of chlorides in
atube having
astrong temperature gradient.
The decay of 188Pt has been investigated with
amagnetic 03B2 spectrometer working in 03B2
-y
coïncidence,
a03B3 spectrometer and
aslow coïncidence circuit.
In the study of the decay of 188Pt, transitions of 35, 42, 54, 96, 140, 187, 195, 280, 382, 424 keV have been found.
The nature and order of emission of the most important transitions have been determined and
alevel scheme for these transitions is proposed.
PHYSIQUE 23, 1962,
Introduction.
-Des études expérimentales ayant été entreprises dans ce laboratoire sur deux noyaux impair-impair, 190Au [1] et 192Au [2], il
était intéressant de continuer ces travaux par une étude de "Islr afin de pouvoir ultérieurement comparer des noyaux impair-impair ayant même nombre de neutrons ou même nombre de protons.
188Ir fait partie d’une chaîne radioactive dont les éléments actuellement connus [3] sont :
Outre la réaction de spallation sur l’or, que nous
avons utilisée, le l8aPt peut être obtenu par réac- tion 1911r(p, 4n)188Pt sur des feuilles d’iridium
métallique [4], [5], [6]. Les résultats déjà connus
sur la désintégration du 188Pt sont : la période 10,0 _+ 0,3 jours [5] que nous avons considérée
comme bien établie ; les raies principales du spectre y : 195 ± 10 keV, 275 ± 15 keV, 400 keV complexe [5].
Au cours de nos travaux des résultats très récents ont été publiés [7], sur lesquels nous reviendrons en
les comparant aux nôtres.
Préparation des sources.
-De minces feuilles
d’or sont irradiées en cible interne par des protons
de 120 MeV dans le synchrocyclotron d’Orsay.
Après irradiation les feuilles d’or contiennent de nombreux atomes radioactifs de Hg, Au, Pt, Ir et
Os. Parmi les isotopes du platine formés, le 188Pt a
la plus longue période. Ne pouvant utiliser une
séparation isotopique pour l’isoler nous avons avant d’entreprendre la séparation des autres atomes, conservé pendant un mois les feuilles d’or irradiées.
Des essais de séparation purement chimique du platine ont donné des sources assez pures mais
épaisses et ne convenant pas aux mesures sur les raies d’électrons de conversion.
Nous avons employé pour isoler 188Pt une mé- thode de séparation mise au point au laboratoire [8], qui utilise les déplacements différents des chlorures volatils d’or, de platine, d’iridium et d’osmium le
long d’un tube de quartz chauffé très lentement jusqu’à 9000, présentant un fort gradient de tempé-
rature et parcouru par un courant laminaire de chlore. Une séparation chimique préliminaire est
nécessaire pour éliminer la plus grosse partie de l’or, en quantité macroscopique, des feuilles irra- diées. L’emplacement des dépôts de platine, d’iri-
dium et d’or à l’intérieur du tube de quartz est dé-
terminé par la mesure de l’activité .du tube centi- mètre par centimètre. Le tronçon contenant le pla-
tine est isolé et on recueille le platine en faisant glisser dans le tube une microgoutte de HCI qui est
ensuite évaporée sur un support de LC 600..
Nous avons obtenu des sources très pures en pla-
tine mais présentant encore une certaine quantité
de matière inactive, vraisemblablement due aux
impuretés des réactifs dans la séparation chimique préliminaire de l’or, et sur laquelle le platine semble
s’adsorber.
Spectre y-.
-Les mesures ont été effectuées
avec un cristal INa 1,5 X 1 inch monté sur un
PM Dumont 6292, l’ensemble ayant une résolution
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:019620023011090600
907
d’environ 9 % sur le pic photoélectrique du 137CS.
Quelques heures après la séparation du platine,
le spectre y a l’allure donnée par la figure 1.
FiG. 1.
L’énergie et l’intensité relative des principaux
pics sont :
..Spectre des éleetrons.
-Nous avons étudié le
’spectre des électrons de conversion à l’aide de deux
appareils :
10 Un spectromètre g à focalisation intermédiaire type Slatis-Siegbahn équipé d’un compteur Geiger-
Muller à fenêtre mince (- 60 pg/em2). Les sources
utilisées n’étant jamais parfaitement minces, le pouvoir de résolution n’est pas descendu au-dessous de 2,5 % avec les meilleures sources (fig. 2).
20 Un spectrographe à focalisation semi-circu- laire type Surrugue enregistrant sur film photo-
FIG. 2.
graphique les raies d’électrons de conversion. Là encore la matière des sources a limité le pouvoir de
résolution à 0,8 % et a déformé les raies du côté basse énergie en provoquant une
«queue » impor-
tante due à la diffusion des électrons dans la source.
Sous les spectres enregistrés avec le spectro- mètre p Slatis-Siegbahn, nous avons trouvé dès les
premières heures après la séparation dp platine un
fond continu qui pourrait être causé par une émis- sion p+ en compétition avec la capture .K lors de la décroissance radioactive du 188Pt.
Des essais pour mettre en évidence ces p+ ont
été faits en observant les coïncidences 511-511 keV des photons d’annihilation. Nous avons été gênés
par la croissance de 188Ir, fils du platine, qui possède
un léger embranchement p + [9]. A cause de l’impré-
cision des mesures et de l’impossibilité d’opérer
moins de 4 heures après la séparation platine- iridium, nous ne pouvons affirmer la présence d’une émission p+ dans la décroissance du 188Pt. Du moins si elle existe, la proportion de + est nette-
ment inférieure à 1 %.
.Énergie et nature des transitions.
-Le tableau 1 suivant (p. 908) donne l’énergie des transitions et les raie sd’électrons de conversion observées à l’aide des deux appareils précédents.
L’échelle des intensités relatives des raies d’élec- trons n’est donnée qu’à titre indicatif et n’a pas été utilisée pour le calcul des rapports expérimentaux
des coefficients de conversion. Son imprécision vient
de la difficulté à délimiter sur nos spectres la forme précise de chaque raie, d’une part à cause de l’épais-
seur des sources qui élargit les raies et les fait se
chevaucher, d’autre part à cause du fond continu
sous les spectres dû aux positons émis lors de la décroissance de 188Ir, descendant du 188Pt.
Les rapports expérimentaux des coefficients de conversion ont été déterminés pour les transitions
principales indépendamment les uns des autres.
Pour les rapports K jL des transitions 140, 187 et
195 keV, afin de vérifier la qualité de la décom-
position de chaque raie, nous avons utilisé le fait que les raies K et L de la transition 155,0 keV du
descendant 1880s, connue comme une transition E2
pure, sont visibles sur nos spectres. La comparaison
du rapport K jL 155 obtenu à partir de nos spectres (0,58 :Í: 0,05)’au rapport KIL théorique d’une
transition E2 pure (0,75) a mis en évidence notre
tendance à sous-estimer pour les raies K la pro-
portion de
«queue de raie » due à la diffusion des électrons dans la source. Une telle correction, uti-
lisée avec réserve, nous a permis de lever certaines contradictions.
Ainsi la transition 187 keV, dont nous voyons les raies K, L, + L2 et L3 est un mélange MI + E2.
Le rapport L, -E- L2 jLg donne (5 :l: 1) % E2
alors que le rapport expérimental brut KIL donne
29 (± 6) % E2. En tenant compte de la correction
TABLEAU 1
précédente, le rapport KIL corrigé donne 0 à
20 % E2 ce qui devient compatible avec la valeur
trouvée par le rapport LI + L2/L3 que nous consi-
dérons cependant comme plus valable.
Coïncidences y - y. - Pour déterminer l’ordre
de succession des transitions nous avons effectué des coïncidences lentes y
-Y- avec deux cris- taux INa de 1,5 X 1 inch. montés sur des
PM Dumont 6292. L’appareillage classique de coïn-
cidences avait un temps de résolution
Des difficultés sont apparues, d’une part du fait
que les principales raies y, 194 et 400 .keV, sont complexes et correspondent chacune à deux tran-
sitions, d’autre part du fait que la croissance
’de 188Ir, descendant du platine, conduit à un
spectre y de haute énergie dont le fond Compton ajoute aux coïncidences cherchées toutes les coïnci- dences observées sur 1880s.
Après avoir soustrait les coïncidences dues
à 1880s, il ne nous est rèsté aucun renseignement exploitable. Les seules conclusions que nous pou-
vons tirer de ces essais sont : les deux transitions 187 et 195 keV ne sont pas en coïncidence l’une
avec l’autre ; ces deux transitions ne présentent pas
de coïncidences marquées avec une autre transition.
Coînoidences g
--y.
-La source mince de pla-
tine étant placée à l’intérieur du spectromètre g Slatis-Siegbahn, le champ magnétique est réglé de façon à focaliser sur le délecteur g (mince cristal d’anthracène) une certaine raie d’électrons de con-
version. Les photons y sont détectés par un petit
cristal 1 Nà (1,7 X 1,7 cm) placé derrière la source, dans l’enceinte du spectromètre. Deux conduits de lumière traversant chacun une pièce polaire
relient les deux cristaux à des PM 56 AVP placés
hors du spectromètre. Les impulsions venant d’une
raie d’électrons d’un côté, du spectre y entier de l’autre, sont introduites dans un circuit classique
de coïncidences lentes.
La petite dimension du cristal 1 Na, nécessitée
par le passage à travers la pièce polaire, conduit à
une résolution de 17 % et donne un spectre y dont
la mauvaise définition se répercute sur le spectre
909
des coïncidences. Sans pouvoir l’affirmer d’une façon certaine, nous donnons comme très probables
les coïncidences suivantes : transition 42 keV coïn- cide avec 140 keV, 380 ou 420 keV ; transition
54 keV coïncide avec 140 keV, 380 et 420 keV ;
transition 140 keV coïncide avec environ 180 keV (?) ; transition 382 keV coïncide avec 42 et 54 ke v .
Esquisse d’un schéma des niveaux de 188Ir.
-Avec les résultats incomplets que nous avons obte-
nus nous n’avons pu que placer les principales tran-
sitions sur deux schémas (fig. 3 et 4) qui résument
les variantes possibles.
Les transitions 187 et 195 keV, qui ne coïncident
pas entre elles, doivent conduire au niveau fonda-
FIG. 3.
Fm. 4.
mental de 188Ir, avec deux variantes possibles : soit
deux niveaux excités, 187 et 195 keV, alimentés par
capture K indépendamment l’un de l’autre, soit un
seul niveau excité, 195 keV, désexcité en parallèle
par les transitions 195 et 187 keV, cette dernière
suivie d’une transition de 7,5 keV que l’appareil- lage dont nous disposions ne permettait pas de mettre en évidence.
Environ 80 % des désintégrations partant du
niveau fondamental du 188Pt, caractérisé par 0 +, aboutissent aux niveaux 187 et 195 keV (ou au
seul niveau 195 keV). Le spin et la parité de ces (ou de ce) niveaux sont donc 1 -.
Le niveau fondamental de 188Ir peut être carac-
térisé par 0 -, 1 -, 2
-.D’après le spin du
niveau fonfamental du 77e proton (3/2 191Ir et 193Ir) et celui du 111 e neutron (5/2 18?Os) la valeur
0
-n’est pas possible. D’après des mesures faites
sur nos spectres, il semble qu’il n’y ait pas, ou très peu, de désintégrations de 188Ir aboutissant direc- tement au niveau fondamental de 1880S, la plupart
de ces désintégrations atteignant le niveau 155,0 keV (2 +). Il est donc plus plausible de choisir pour le niveau fondamental de 188Ir la valeur 2
-.D’après son intensité la transition 54,6 keV doit
aboutir au niveau fondamental à partir d’un niveau
excité de 54,6 keV caractérisé par 1- ou 2 -.
Les transitions 42, 382 et 424 keV, qui coïncident
avec la transition 54,6 keV, se placent au=dessus
d’elle en remarquant que la transition 424 keV
correspond à la somme 42 keV + 382 keV. Il en résulte la possibilité des niveaux excités 436 et 478 keV, ou la variante 96 et 478 keV.
La transition 140 keV correspond, dans la limite des erreurs à la différence des niveaux 195 et
54,6 keV. Dans cette position les intensités sont
,
satisfaites mais non les résultats des coïncidences.
Sur les figures 3 et 4 l’emplacement des transi- tions figurant en pointillé n’est donné qu’à titre
indicatif.
Je voudrais exprimer ici ma profonde reconnais-
sance à M. le Professeur Jean Teillac qui a bien
voulu m’accueillir dans son laboratoire. J’adresse
particulièrement mes remerciements à Mme Nadine
Marty qui a dirigé de bout en bout ce travail et
dont les conseils et les avis m’ont été si fructueux.
Je remercie aussi M. Jean Merinis de m’avoir prêté
son installation de séparation par volatilisation des chlorures.
Manuscrit reçu le 8 juin 1962.
.