Autour du theoreme de Bertini
Daniel PERRIN
1 Introduction
Ce que j’ai envie d’appeler th´eor`eme de Bertini est le r´esultat suivant :
1.1 Th´eor`eme. On note X l’espace projectif PNk avec k alg´ebriquement clos de car- act´eristique z´ero et N ≥ 1. Soient E et F deux faisceaux localement libres sur X, de rangs respectifs q et q+ 1. On suppose que le faisceau HomOX(E,F) est engendr´e par ses sections globales. Soit f : E → F un homomorphisme et soit Z le sous-sch´ema de X, lieu de d´eg´en´erescence de f. Alors, pour f g´en´eral dans HomOX(E,F), Z est lisse de codimension 2 dans X.
2 Matrices de rang r
On a le r´esultat suivant :
2.1 Th´eor`eme. Soient p, q des entiers >0 et r un entier ≤Min (p, q). Soit M:=Mp,q l’espace des matrices p×q `a coefficients dans k, muni de sa structure de vari´et´e affine, et soit Cr (resp. Cr0) l’ensemble des matrices de rang ≤r (resp. =r). L’ensemble Cr est un ferm´e de M et Cr0 est un ouvert de Cr. La vari´et´e Cr est irr´eductible et de codimension (p−r)(q−r) et l’ouvert Cr0 est lisse.
D´emonstration. Il est clair que Cr est un ferm´e de Mp,q car il est d´efini par l’annulation des mineurs (r+ 1)×(r+ 1) et Cr0 en est un ouvert pour la mˆeme raison. Pour montrer que Cr est irr´eductible, on consid`ere la matrice J =
Ir 0 0 0
o`u Ir d´esigne la matrice identit´e d’ordre r. L’ensemble Cr est alors l’image du morphisme ϕ: Mp,p ×Mq,q → Cr qui au couple (P, Q) associe P J Q. Comme les M sont des espaces affines, cela montre que Cr est irr´eductible. De plus, l’image de la restriction de ϕ`a GL(p, k)×GL(q, k) est
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egale `aCr0 et ses fibres sont toutes isomorphes `a l’ensemble des couples (P, Q) qui v´erifient P J =J Q. Un calcul par blocs montre que P et Qsont de la forme suivante :
P =
A B
0 D
et Q=
A 0 G H
o`u A est une matrice r×r. La dimension des fibres est donci :=p2+q2+r2−pr−qr et on en d´eduit que la dimension de Cr vautp2+q2−i=pr+qr−r2 comme annonc´e.
Pour montrer la lissit´e deCr0, comme c’est un espace homog`ene sous le groupeGL(p)×
GL(q), il suffit de montrer qu’il est r´eduit, ce que j’admets provisoirement.
2.2 Exemple. Dans le casp=q+ 1 etr =q−1, on voit queCq−10 est lisse de codimension 2 dans Mq+1,q.
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3 Lieu de d´eg´en´erescence
Avec les notations du th´eor`eme, le lieu de d´eg´en´erescence de f est le sch´ema dont l’ensemble sous-jacent est form´e des points en lesquels le rang de f est ≤ q−1. Pour la structure de sch´ema, voir [H].
4 Engendr´e par ses sections
On suppose d´esormais qu’on est sur un espace projectif PN et que les faisceaux E et F sont dissoci´es de rangs respectifs r et r + 1. On a donc E = Lr
j=1OP(−mj) et F = Lr
j=0OP(−ni). Alors, le faisceau HomOP(E,F) est isomorphe `a HomOP(OP,F ⊗ E∨)' L
i,jOP(mj−ni) et il est engendr´e par ses sections si et seulement si on a mj ≥ni pour tous i, j.
5 La preuve du th´eor`eme
On pose H = Hom(E,F) et on consid`ere le produit H×X et, dans ce produit, le sous- sch´emaZ des (f, x) tels quef(x) est d´eg´en´er´e. On montre queZ est lisse de codimension 2 dans H ×X. Il en r´esulte, par le th´eor`eme de lissit´e g´en´erique, que ses fibres le sont aussi. Pour voir la lissit´e, on montre que la projection surP2 deZ est lisse et c’est parce que c’est un fibr´e (de fibres les Cr.
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