2.8 Irréductibilité des polynômes cyclotomiques sur Q
Référence :D. Perrin, Cours d’Algèbre, Ellipses, 1996. Leçons concernées : 102, 122, 141, 144.
Théorème 1. Pour tout n P N˚,
n est irréductible sur Z, donc sur Q.
Démonstration. Étape 1 : soit ⇣ P C une racine primitive n-ème de l’unité, donc racine de
n. Si p est premier et ne divise pas n, alors ⇣p est aussi une racine primitive n-ème de
l’unité car n ^ p “ 1. Soit f, g les polynômes minimaux de ⇣, ⇣p sur Q. On décompose npXq “ f1pXq↵1¨ ¨ ¨ frpXq↵r
en produit d’irréductibles sur ZrXs, unitaires puisque nl’est. Alors ⇣ est racine de l’un des
fi, irréductible sur Z, donc sur Q, ainsi fi est le polynôme minimal de ⇣ sur Q, et f “ fi.
De même il existe j tel que g “ fj.
Étape 2 : montrons que f “ g : supposons par l’absurde que ce n’est pas le cas, alors puisque f et g sont irréductibles, fg divise n. D’autre part, gp⇣pq “ 0 donc ⇣ est racine
de gpXpq, ainsi, fpXq | gpXpq dans QrXs : il existe h P QrXs tel que
gpXpq “ fpXqhpXq, mais si on écrit h “ a bh1 avec h1 P ZrXs et cph1q “ 1 (si hpXq “ ∞ iabiiX i, on prend
b :“ ppcmpbiq de sorte que hpXq “ 1b∞ia1iXi, et on pose a :“ pgcdpaiq), on a
bgpXpq “ afpXqh1pXq
et en passant au contenu, b “ a puisque f et g sont unitaires, ainsi fpXq | gpXpq dans
ZrXs. Or par le morphisme de Frobenius, dans FprXs, si g “ arXr` ¨ ¨ ¨ ` a0
gpXpq “ arXpr` ¨ ¨ ¨ ` a0“ arpXpr` ¨ ¨ ¨ ` a0p “ parXr` ¨ ¨ ¨ ` a0qp “ gpXqp.
Soit maintenant ' un facteur irréductible de f sur Fp, alors avec
gpXqp “ fpXqhpXq
dans FprXs, ' divise g par le lemme d’Euclide. Ainsi, '2 divise n “ n,Fp, qui aura
donc une racine multiple dans son corps de décomposition, ce qui est impossible puisque n^ p “ 1.
Étape 3 : soit maintenant ⇣1 une racine primitive n-ème de l’unité. Alors ⇣1 “ ⇣m où
m “ p 1
1 ¨ ¨ ¨ pll avec pi - n. On a alors avec le paragraphe précédent et une récurrence
immédiate que ⇣1 et ⇣ ont même polynôme minimal. Ainsi, fp⇣1q “ 0, de sorte que toutes
les racines primitives n-ème de l’unité annulent f, et donc degpfq • 'pnq, mais puisque f | n, f “ n et donc n est irréductible sur Z et sur Q.