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Le chez-soi pour les personnes itinérantes et les personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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SAMIRA DAHI

LE CHEZ-SOI POUR LES PERSONNES

ITINÉRANTES ET LES PERSONNES

EX-ITINÉRANTES PRÉSENTANT UN PROBLÈME DE

SANTÉ MENTALE

Thèse présentée

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en santé communautaire

pour l’obtention du grade de Philosophiæ Doctor (Ph.D.)

FACULTÉ DES SCIENCES INFIRMIÈRES ET FACULTÉ DE MÉDECINE UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2012

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Résumé

Selon plusieurs études et documents internationaux bénéficier d’un logement convenable est un droit fondamental et un déterminant important de la santé. Le fait qu’une habitation est plus qu’un abri fait consensus. Le terme Chez-soi, tel qu'est employé, désigne, à la fois, l’abri et la manière de l’habiter. La présente thèse fait état du processus par lequel un lieu de vie devient un Chez-soi, met en évidence les éléments et analyse leur dualité facilitante et contraignante dans la constitution d’un Chez-soi pour et par les personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale. Cette étude qualitative inclut des entrevues semi-dirigées, des observations et une analyse documentaire. Les résultats sont présentés sous forme d’articles scientifiques. Un premier article présente la pertinence du concept du Chez-soi afin de mener une réflexion sur la question de l’habitation des personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale. Le deuxième examine, d’une part, les pratiques, les politiques et les services offerts aux personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale au Brésil. D’autre part, il pointe du doigt les effets contraignants et habilitants de ces services sur la constitution d’un Chez-soi. Enfin, le troisième article traite de la constitution du Chez-soi des personnes ex-itinérantes exclusivement et c’est à partir de leur interaction avec leur habitat et leurs réseaux social et institutionnel.

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Abstract

According to several studies and many official international documents the right to adequate housing is an important social determinant of health. There is even general consensus that the notion of home encompasses more than shelter. We use the term “home” throughout this study to refer both to the shelter provided and the way we inhabit it. This thesis demonstrates the process by which a house becomes a home. The important elements for building a home are highlighted as well as their duality. We analyze the role that enabling/constraining forces have in the process of building a home for and by current and former street dwellers suffering from mental disorders. This qualitative study includes semi-structured in-depth interviews, observations and document analysis. The results are presented in articles. In the first paper we examine the concept of Home/Chez-soi and explore its relevance when applied to street dwellers suffering from mental disorders. The second paper examines the practices, policies and services available for street dwellers and former street dwellers in Brazil; as well as enabling and constraining effects they have home dwellers. Finally, the third article focuses principally on the relationship between the past and the present social conditions and social networks of former street dwellers suffering from mental disorders and their process of building home.

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Avant-propos

La réalisation de cette thèse aurait été impossible sans la collaboration de plusieurs personnes et institutions qui m’ont appuyée dans ma démarche. Je tiens à les remercier et à souligner leur précieuse contribution aux différentes étapes de la réalisation de cette étude. La première personne que je remercie est la professeure Monique Carrière pour m’avoir accueillie au Québec ainsi que pour avoir accepté d’être ma directrice de thèse. Madame Carrière a su me laisser la liberté nécessaire à l’accomplissement de mes travaux, tout en gardant un œil critique et avisé. Merci pour votre aide, votre rigueur scientifique et vos conseils toujours judicieux. Nos échanges continuels et si riches sont sûrement liés à la réussite de ce travail.

Mes remerciements vont également à la chercheure Michèle Clément, la co-directrice de ma thèse qui m’a encadrée et qui a partagé avec moi ses brillantes intuitions. Mes plus vifs remerciements s’adressent aussi au Professeur Henri Dorvil sans qui cette thèse ne serait pas ce qu’elle est.

Mes sincères remerciements à l’ensemble du comité de thèse, pour la gentillesse et la patience qu’ils ont manifestées à mon égard durant cette étude, pour tous les conseils pertinents et aussi pour m’avoir fait l’honneur de participer à cette aventure.

Il m’est également impossible d’oublier le Professeur Cornelis Johannes van Stralen de l’Université Fédérale du Minas Gerais – UFMG qui m’a aidée à venir faire mes études au Québec et qui a généreusement accepté d’être l’examinateur externe de cette thèse. Je ne peux oublier également les professeurs Daniel Reinharz et Michel O’Neill qui m’ont réservé un excellent accueil dès mon arrivée à l’Université Laval.

Merci à tous les doctorants en santé communautaire qui ont m'apporté une aide précieuse tant sur le plan scientifique que sur le plan humain.

J’aimerais aussi remercier la municipalité de Belo Horizonte et les intervenants du Programa de Bolsa Moradia et du Centro de Referência da População de Rua qui m'ont

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offert de leur temps et qui se sont intéressés à ma recherche. Merci aux personnes itinérantes et ex-itinérantes, participantes à la recherche, elles m’ont inspirée et fait bénéficier de leur expérience, de leur précieux temps, de leur générosité et de leur confiance.

Je remercie la CAPES (Fondation subordonnée au Ministère de l’Éducation du Brésil) pour son soutien financier.

Je tiens à remercier très sincèrement Sophie Dupéré, Silvana Forti, Marie-Claude Rose, Magda Donia, Véronique Vallée, Pauline Phillipe qui m’ont fait le privilège d’être mes amies et d’être les patientes lectrices des innombrables versions de mes travaux.

J’exprime aussi ma gratitude à Marie France Bélair ainsi qu’à Véronique Vallée, sans oublier mon comité de thèse, qui ont contribué à mettre en forme mon français très approximatif. Sans eux, j’aurais sans doute été découragée par cette langue que j’aime bien au quotidien, mais qui se marie mal à mes activités d’écriture de thèse.

Merci Edslene, Bia, Kim, Nasser, Zezé, Andreia Helena, Tereza Hilst, Bruno Guedes Pereira, Marina Esméria, Silvio Chaves, Annie Burg et Anne Dupéré pour votre amitié. Merci à mes collègues de la Clinique Communautaire de Pointe-Saint-Charles, notamment l’équipe adulte santé mentale qui m’ont soutenue pour que je puisse me dédier à ma thèse. J’exprime mes profonds remerciements à ma famille choisie : j’ai une dette particulière envers mes précieuses sœurs québécoises Marie-France Bélair et Sophie Dupéré et envers ma sœur brésilienne et meilleure amie Marcia Iolanda Ferreira Nascimento.

Dans ce travail où le Chez-soi tient une si grande place, je n’aurais pas l’outrecuidance de ne pas citer les personnes qui ont touché ma vie. C’est le moment de rendre un vibrant hommage à feu mon père Antonio Dahi Ibrahim et à feu ma mère Kahla Diab Faour. Mes parents sont partis de la Syrie pour aller constituer un Chez-soi au Brésil, pays où je suis née. Un merci tout spécial à mes frères Khalil Mtanos Dahi (Samir) et Dahi Antonio Dahi qui les ont accompagnés dans cette aventure et les ont aidés à constituer mon chez-moi. Un merci spécial à mon frère Dahi qui prend encore soin de nous. Je souhaite remercier Julia Kahla Crispim Dahi qui m’a fait comprendre que la constitution d’un Chez-soi ne cesse

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jamais. Je remercie mon petit-neveu Pedro Henrique Crispim Dahi qui me dit ‘Je t’aime’ à toutes les semaines. J’ai un remerciement spécial à faire à ma nièce Amira Cahla Dahi et son mari Ricardo Crispim en qui j’ai trouvé un support indéfectible. Je souhaite aussi remercier mes neveux Samir Antonio Dahi et Samer Antonio Dahi qui m’ont toujours encouragée à continuer.

Toute ma gratitude va à mes marraines Dra Albertina Daher et à feu Floripes Daher qui m'ont toujours soutenue dans ce que j'entreprenais.

Merci à toutes les personnes que je n’ai pas citées ici et qui se reconnaîtront entre les lignes. Enfin, pourquoi ne pas le dire, dans cette épreuve où seuls le courage et la maîtrise des connaissances ne suffisent pas, la force de continuer ne peut provenir que de Dieu. Merci de m’avoir permis d’arriver à la fin de la thèse.

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Je dédie ma thèse à mes parents défunts Antonio Dahi Ibrahim et Kahla Diab Faour, étant tous deux analphabètes, ils se sont courageusement sacrifiés pour soutenir mes études. Ils m’ont inculqué la confiance, le goût du travail, la rigueur et l’ambition. Je bénéficie de leur précieux héritage. À ma nièce Amira Cahla Dahi et son époux Ricardo Crispim pour leur support, leur amour inconditionnel et leurs encouragements. Merci à vous deux d’avoir pris ma relève au Brésil pour que je puisse finir mes études. À Marie-France Bélair et mon frère Dahi Antonio Dahi pour leur soutien sans faille.

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Table des matières

Résumé... i

Abstract ... ii

Avant-propos... iii

Table des matières... vii

Liste des tableaux... ix

Liste de sigles et d'acronymes en portugais ou en français... x

Liste des figures ... xi

Introduction ...12

Première partie: la question du Chez-soi ...15

Chapitre 1 : Problématique ...16

L’itinérance, le problème de santé mentale et le Chez-soi ...16

Objectif de la recherche ...17

L’intérêt de la recherche ...18

Positionnement épistémologique et théorique de la recherche ...19

Chapitre II. Méthodologie...24

Une étape préliminaire et le choix de Belo Horizonte (Brésil) ...24

L’identification des lieux de recrutement ...26

Constitution de l’échantillon de recherche...28

Collecte des données ...31

L’analyse des données ...37

Le respect des critères de scientificité...41

Les limites potentielles de la recherche ...42

Les forces de cette recherche ...43

Deuxième partie: les résultats ...44

Chapitre III: premier article ...45

Bien plus qu’un logement, qu’une maison, qu’un abri : un Chez-soi pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale...46

Chapitre IV: deuxième article ...63

La rue et le Chez-soi : les actions qui favorisent ou non la constitution du Chez-soi pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale à Belo Horizonte - Brésil...64

Chapitre V: troisième article ...90

The Process of Transitioning from the Streets to a Home ...91

Continuity and changes from living in the street to building a home ...101

Troisième partie: les enseignements tirés de cette étude ...118

Conclusion ...119

Les apports de cette recherche ...120

Les pistes pour les recherches futures...131

Recommandations ...132

Bibliographie...134

Annexe I. Consentement Libre et éclairé. N 1, pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale ...142

Annexe II. Consentement Libre et éclairé. N 2, pour les personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale ...145

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Annexe III. Guide d’entretien. Version N1, pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale ...148 Annexe IV : Guide d’entretien. Version N2, pour les personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale ...150

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Liste des tableaux

Tableau 1 : Résumé du décret n 11375/03 de 03 juillet 2003 de Belo Horizonte réglemente le fonctionnement du Programme de Bourse Habitation ...27 Table 2: Participants profile ...98 Table 3: Thematic Categories ...100 Tableau 4: Limites et potentiels des pratiques, programmes et services offerts aux

personnes itinérantes et personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale à Belo Horizonte ... 126

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Liste de sigles et d'acronymes en portugais ou en français

BH Belo Horizonte

CERSAM Centro de Referência em Saúde Mental Centres de référence en santé mentale

CONEP Comissão Nacional de Ética em Pesquisa

Commission nationale d’éthique pour la recherche

CRPR Centro de Referência da População de Rua Centre de référence pour la population de rue

DSM Manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux

IBGE Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística

MDS Ministério do Desenvolvimento Social e Combate à Fome

OMS Organisation mondiale de la santé

MG Minas Gerais

PBH Prefeitura de Belo Horizonte Mairie de Belo Horizonte PBHb Programme de Bourse Habitation Programa de Bolsa Moradia

PI Personne (s) itinérante (s)

PISM Personne (s) itinérante (s) présentant un problème de santé mentale

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Liste des figures

Figure 1: Processus de l'analyse...38 Figure 2: L'accessibilité de personnes itinérantes aux services d'aide à la survie ou aux

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Introduction

Le développement de cette thèse trouve son origine dans ma pratique professionnelle de

psychologue dans les Services résidentiels en milieu communautaire au Brésil. Ces derniers ont pour objectif d’offrir un accompagnement continu aux personnes présentant un problème de santé mentale et étant désinstitutionnalisées afin de les soutenir dans leurs efforts pour mieux s’intégrer dans la société. On notait que le projet d’« habiter » un logement s’avérait difficile pour ces personnes et entraînait le croisement de temporalités : la fin d’un cycle institutionnel et l'amorce d'une vie autonome. Des nouvelles attentes mais aussi la nostalgie du passé et de leur première demeure perdue s'entremêlaient. On assistait à un délicat retour à une histoire de vie suspendue dans l’entre-temps de l’institutionnalisation. Cette expérience professionnelle a suscité ma réflexion quant aux nombreux enjeux que comprend le fait d’«habiter». Elle m’a sensibilisée à la condition des personnes qui n’ont pas un « chez-soi » tels que les itinérants, certaines personnes présentant un problème de santé mentale, et à plus forte raison, les personnes touchées par les deux problèmes à la fois. C’est pourquoi j’ai choisi le thème du Chez-soi dans mon travail de doctorat.

Le Chez-soi est un terme qui désigne à la fois le logement qui nous abrite, et la manière d’habiter dans un lieu. Aborder le Chez-soi implique ainsi de se pencher sur la vie des habitants et leurs façons d’habiter les lieux. Dès le départ, nous avons déduit de notre examen de la situation que l'un des enjeux primordiaux était d’apporter une meilleure connaissance du processus de constitution d’un Chez-soi pour et par les personnes itinérantes et les personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale.

Ce thème présente un intérêt particulier pour nous, qui sommes concernées socialement, professionnellement et scientifiquement par les droits des personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale. Outre cela, le sujet se trouve au cœur de l’actualité puisque le logement est au centre de plusieurs projets sociaux. Quelques interventions destinées à loger les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale sont en voie d’implantation, citons par exemple le Housing First aux États-Unis, le Chez-soi au Canada

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et le Programme de Bourse Habitation au Brésil. De plus, la réforme des soins psychiatriques se développe dans plusieurs pays et le logement se voit considéré comme l’un des dispositifs extrahospitaliers incontournables pour maintenir les personnes dans leur environnement naturel (OMS, 2001, 2004). Son absence peut donner lieu à de nombreux problèmes sociaux (Dorvil, Guttman, Ricard, & Villeneuve, 1997) et poser, de ce fait, de graves problèmes de santé publique avec des répercussions importantes la qualité de vie communautaire des personnes, ce qui est un aspect essentiel de la santé mentale communautaire.

Dans le respect des règlements des études et du programme de doctorat en santé communautaire de l’Université Laval, cette thèse est structurée sous la forme d’articles dont je suis la première auteure. Mesdames Monique Carrière, Michèle Clément ainsi que Monsieur Henri Dorvil ont collaboré aux trois articles insérés dans la thèse.

Six chapitres regroupés en trois parties structurent la thèse. Le premier et le deuxième chapitre constituant la première partie introduisent la question du chez-soi. Les chapitres III à V forment le corps de la thèse, soit la deuxième partie. Ces trois chapitres étant rédigés sous la forme d’articles scientifiques, ils constituent des entités indépendantes. Il y a donc des répétitions dans l’un et l’autre de ces articles. Etant donné qu'ils sont tous destinés à un auditoire international, ils sont rédigés en français ou en anglais.

En introduction et dans le premier chapitre, nous exposons les faits et les réflexions ayant inspiré cette recherche, les questions auxquelles on se proposait de répondre, la pertinence de ces questions sur le plan scientifique et pratique ainsi que les grands repères théoriques. Dans le deuxième chapitre nous présentons la méthodologie de la recherche et expliquons pourquoi nous avons choisi de réaliser une étude qualitative. Nous décrivons l’organisation des données, justifions le choix de l’échantillon et nous montrons la scientificité de l'étude. Le premier article présenté au chapitre III a été soumis à la Revue Santé Mentale au Québec. Dans cet article est présentée la problématique de l’habitation pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale à travers les écrits. Nous avons également fait une réflexion critique autour du concept du Chez-soi. Cet exercice

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analytique confirme l’importance d’aider les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale à habiter un Chez-soi.

Le deuxième article, soumis à la Revue SociologieS, présente les résultats de la recherche en lien avec les services offerts aux personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale de la municipalité de Belo Horizonte (Brésil). À la lumière des concepts d’« habiter » et du « Chez-soi » sont décrits et analysés les pratiques, les politiques et les services ainsi que leurs effets contraignants et habilitants sur la constitution du Chez-soi. Il ressort de l’étude que même si l’accès à l’habitation constitue un moyen important, voire essentiel, pour aider les personnes à se construire un Chez-soi, il demeure néanmoins que dans les faits ce sont des services d’aide à la survie qui leur sont offerts. Le troisième article, soumis en version anglaise à la Revue Housing Studies porte sur l’expérience d’habiter un Chez-soi par des personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale. Nous y analysons le processus de constitution du Chez-soi à partir de l’interaction entre l’habitant et ses réseaux sociaux et institutionnel permettant ainsi d’identifier les éléments émergeants pouvant faciliter et contraindre le processus de constitution du Chez-soi. L’étude révèle que le passage de la condition d’itinérant à celle d’habitant est de nature procédurale et présente des points de convergence, de continuité et de rupture avec la vie de la rue.

La troisième partie constituée du sixième chapitre est celle de la conclusion de la thèse. Y sont présentés les principaux résultats de la recherche et mis en évidence les points forts et les limites de la recherche ainsi que des pistes de recherches futures et des recommandations.

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Chapitre 1 : Problématique

L’itinérance, le problème de santé mentale et le Chez-soi

Plusieurs études ont cherché à démontrer le lien entre l’itinérance et les problèmes de santé mentale. Souvent, l’itinérance chez les personnes qui présentent un problème de santé mentale est perçue comme étant le résultat de leur désinstitutionalisation (Dickey, 2000; Folsom & Jeste, 2002; Hwang, 2005; Kirby & Keon, 2004; Lamb & Bachrach, 2001). Cela est toutefois contesté par d’autres chercheurs qui tendent à démontrer, pour leur part, que l’itinérance et les problèmes de santé mentale sont des sujets complexes, ne pouvant pas être réduits au phénomène de la désinstitutionalisation (Castel, 1995; Dorvil, 1988; Roy, 1995). En fait, la corrélation entre les problèmes de santé mentale et le manque d’habitation est antérieure à la politique de désinstitutionalisation ; la pauvreté et la folie sont toujours traquées dans des lieux de contrôle, de correction et d’assujettissement du corps : les hôpitaux, la prison et même la rue (Boucher, 2010; Foucault, 1972; Foucault, 1999; Otero, 2006; Vuilleumier, 2001). La désinstitutionalisation, avec toutes ses composantes et ses objectifs, soulignent l’importance d’avoir plusieurs espaces de vie pour le travail, le loisir, les soins de santé et le Chez-soi (Dorvil, Morin, Beaulieu, & Robert, 2002; Saraceno, 2001). Dans le même ordre d'idées, le logement est un droit reconnu par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme depuis 1948 (ONU, 1948).

Les études concernant le logement révèlent les effets bénéfiques que le Chez-soi peut entraîner dans la vie des personnes présentant un problème de santé mentale (Beyond Shelter, 2011; Gilmer, Stefancic, Ettner, Manning, & Tsemberis, 2010; Hanratty, 2011; Padgett, 2007). Ces études montrent que le Chez-soi est plus qu'un logement. Ces études apportent toutefois peu d’informations sur le processus d’habiter un Chez-soi, c’est-à-dire, sur l’appropriation d’un espace qui reflète l’identification de l’individu à son territoire (Serfaty-Garzon, 2003c). Nous connaissons encore moins les effets d’un passé d’itinérance sur la constitution d’un espace d’habitation (Caton, et al., 2005). Tout cela nécessite donc que nous approfondissions ce que veut dire « habiter ».

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Objectif de la recherche

Devant ces constats, nos questions de recherche sont les suivantes : « Quel Chez-soi est possible pour les personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale? »; «Comment pouvons-nous mettre à profit les structures et les relations existantes pour la construction d’un Chez-soi par et pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale? ».

Nous avons choisi les services offerts aux personnes itinérantes ainsi que le Programa de Bolsa Habitação - Programme de Bourse Habitation – de la ville de Belo Horizonte comme un cas de figure pour notre étude.

Notre objectif général est d’analyser comment se produit la constitution du Chez-soi pour et par les personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale, en mettant l’accent sur les objectifs spécifiques suivants :

I. Décrire et analyser les significations données au Chez-soi.

II. Décrire et analyser l’interaction entre les services et les usagers itinérants et ex-itinérants en tenant compte de ce qui facilite et contraint la constitution du Chez-soi. III. Décrire et analyser le processus de constitution du Chez-soi des personnes

ex-itinérantes en portant attention aux aspects suivants :

a. Leur intégration dans leur demeure, dans la vie sociale et communautaire, les services et autres.

b. Leur sentiment, leurs attentes, leurs aspirations par rapport à leur Chez-soi. c. Le passage de la rue à une demeure en tenant compte des difficultés ou des

facilités que ces personnes vivent ou ont vécu pendant leur processus d’appropriation de leur espace d’habitation.

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L’intérêt de la recherche

La pertinence de cette recherche se situe à la croisée de deux perspectives importantes : la perspective scientifique et la perspective pratique. En ce qui a trait à la pertinence scientifique, l'absence des écrits spécifiques en la matière soulève l'urgent besoin de documenter les connaissances relatives au processus de constitution d’un Chez-soi pour et par les personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale. À cet effet, les résultats de cette recherche serviront de piste de solution pour dégager les conditions facilitantes à la constitution d’un Chez-soi pour cette population dans les programmes, services et interventions concernant l’habitation. Nous croyons qu’avec l’appui de notre démarche scientifique, certains types d’interventions d’aide aux itinérants ou en matière de logement pourraient être bonifiés afin de mieux répondre aux besoins de ce groupe. Les connaissances produites semblent en effet importantes pour aider les personnes à « habiter », à se ré (intégrer) socialement et à se constituer un Chez-soi.

Notre recherche propose une réflexion critique en considérant non seulement le savoir des experts sur l’« habiter » et le Chez-soi mais aussi ceux des personnes concernées qui ont un savoir d'expérience et des compétences tacites pour la constitution du Chez-soi. Cette approche apporte une contribution scientifique non négligeable.

En ce qui à trait à la dimension pratique, cette étude s'avère pertinente pour plusieurs raisons. D'abord, parce que malgré les avancées considérables des dernières années en matière de politiques, de services sociaux et de dispositifs anti-asilaires, la société continue à reproduire la ségrégation tant dénoncée par la réforme psychiatrique. Par ailleurs, les conditions de vie des personnes vivant dans la rue avec un problème de santé mentale sont suffisantes à elles seules pour nous alarmer et nous encourager à améliorer notre pratique auprès de ce groupe populationnel.

En mettant en évidence les difficultés et les paradoxes qui accompagnent le processus d’habiter et de constituer un Chez-soi, nous espérons que cette étude puisse avoir des retombées utiles pour différents groupes d’acteurs et, notamment, pour les professionnels de la santé mentale et des services sociaux ainsi que pour les personnes itinérantes

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présentant un problème de santé mentale et des personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale.

Une meilleure compréhension du processus de constitution d’un Chez-soi permettra, on peut le croire, de diminuer dans la population les jugements négatifs et de remettre en question certaines valeurs, croyances et mythes négatifs au regard du comportement des personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale.

Positionnement épistémologique et théorique de la recherche

Il est important de préciser le positionnement épistémologique servant de toile de fond à cette étude. Nous adoptons le postulat que l’être humain est partie prenante de la réalité, il peut agir, transformer la réalité (Giddens, 1984). Nous partons aussi du postulat que toute réalité est complexe (Morin, 1990). À la fois constructiviste et complexe, cette perspective nous amène à affirmer dans un premier temps que le Chez-soi existe parce qu’un habitant y vit et aussi parce qu’aucun cadre théorique n’arrive à rendre compte simultanément de tous les aspects relatifs au Chez-soi. Autrement dit, on ne peut faire fi des personnes concernées et on doit faire appel à des outils, des méthodes et des disciplines pertinentes pour les faire révéler leur point de vue et ainsi prendre en compte les divers aspects de cette réalité aux formes multiples.

Les théories à l’appui

Face à ces postulats, nous nous sommes appuyées sur les théories de la complexité du sociologue et philosophe français Edgar Morin (1990) et celle de la structuration du sociologue britannique Antony Giddens (1984). Nous résumons ci-après certains concepts nous apparaissant essentiels.

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La théorie de la complexité appliquée à l'étude du Chez-soi

Le terme complexe est généralement considéré comme un synonyme de compliqué. Bien que le compliqué et le complexe soient l'envers du simple, ces deux notions différent l'une de l'autre (Morin, 1990). Le compliqué attend une simplification, on peut le décomposer en éléments simples pour le recomposer sans qu’il perde ses propriétés. À titre d’exemple, une machine peut être démontée ou remontée sans pour autant perdre ses qualités constitutives (Ardoino, 1998).

Si on considérait la constitution d’un Chez-soi comme un problème compliqué, il faudrait donc saisir ses propriétés constitutionnelles afin de préciser celles qui auraient un impact positif pour sa constitution. On pourrait par exemple déterminer que l’amélioration de l’un ou l’autre des aspects de la vie de la personne est la condition à remplir pour avoir un Chez-soi. Cette stratégie est inopérante avec la question du Chez-soi parce que le problème est aussi de l’ordre du complexe. Le complexe ne peut pas être saisi en termes simples sans que l’on risque de laisser de côté les rapports délicats, mais essentiels, de l’homme avec son milieu. Le premier pas consiste donc à accepter la nature complexe du Chez-soi.

En tant qu’objet complexe, il y a dans le concept du Chez-soi un mélange de notions qui sont extrêmement diverses, parfois antagonistes mais qui doivent être considérées dans leur ensemble.

Nous partons donc du postulat suivant : le Chez-soi ne peut être conçu sans envisager l’engagement d’un soi dans l’action d’habiter. Le Chez-soi, l’action d’habiter et l’habitant sont indissociables. Concernant notre étude, il faut penser au Chez-soi en lien avec les personnes itinérantes ou ex-itinérantes, leur manière de vivre et leur milieu de vie physique et social.

Selon l’approche complexe, lorsqu’un élément d’un système est vu indépendamment du système, il présente un certain type de qualité, mais, lorsque ce même élément est vu à l’intérieur du système, il en présente certaines autres. Cela démontre qu’il est impossible de

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prévoir une formule, ou des conditions pour assurer au sujet un Chez-soi. Le Chez-soi peut émerger, là où on ne l’attend pas, de la combinaison singulière de divers éléments.

Toujours selon la théorie de la complexité, il existe un processus dynamique entre le tout et les parties qui s’influencent et se constituent mutuellement. Le tout détermine les parties autant que les parties déterminent le tout. Le tout est dans les parties et les parties sont dans le tout (Morin, 1990). Ainsi, notre Chez-soi, si particulier et si singulier, possède pourtant quelque chose d’universel.

Selon cette approche, le tout est conflictuel, incertain et insuffisant (Fortin, 2005). Autrement dit, dans la constitution du Chez-soi, il y aura toujours des antagonismes pouvant être neutralisés ou utilisés dans le processus de sa constitution. Dans le système existent des scissions, les parties ignorent le tout et le tout ne connaît pas toutes les parties. On n’échappe jamais à l’incertitude (Fortin, 2005) ; ainsi, le concept du Chez-soi comporterait toujours une zone d’ombre, une zone ignorée, il n’y a pas une façon unique de décrire le Chez-soi, il y aura toujours quelque chose qui échappe, quelque chose à ajouter. La théorie de la complexité permet ainsi d’élargir le cadre conceptuel sans tomber dans le piège de la simplification. Bref, le Chez-soi en tant que système complexe porte un ensemble d’éléments qui peuvent être contradictoires, concurrents, mais, qui sont là, dans une sorte de complémentarité inséparable (Barbier, 2006).

La théorie de la structuration appliquée à l'étude du Chez-soi

La théorie de la structuration est une théorie sociologique qui prend en compte la constitution des systèmes sociaux et l'action des acteurs. La structuration comme l’affirme Antony Giddens est un processus continu et réflexif de reproduction et de transformation des pratiques et des relations sociales dans le temps et dans l’espace à travers la dualité du structurel (Giddens, 1984).

Le concept de « structuration » apparaît pertinent d’autant plus qu’il situe notre objet d’étude sous l’angle de l'action en tenant compte de la manière dont le Chez-soi se constitue. La théorie de la structuration explique comment les structures sont constituées

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dans l’action et, réciproquement, comment l’action est structurellement constituée. Dans la perspective de Giddens (1984), les connaissances sont liées aux acteurs et construites à travers les interactions constantes de ceux-ci avec leur contexte. Cette approche nous permet aussi de distinguer les intentions, les actions ainsi que les conséquences intentionnelles ou non intentionnelles des actions des acteurs. De ce fait, la perception, la motivation, la logique et l’expérience des acteurs sont importantes et méritent d’être prises en compte avec le contexte spatiotemporel qui les entoure. On ne peut pas parler du Chez-soi sans mettre en scène l’habitant et le Chez-Chez-soi en lien avec les autres acteurs : les intervenants des services, les pairs itinérants et ex-itinérants et autres.

La dialectique action - structurel et la dualité du structurel marquent l’œuvre de Giddens (1984). Avec ces concepts, on passe d’une pensée linéaire et déterministe à une pensée systémique. Selon Corcuff (1995), il s’agit d’une vision circulaire de la construction du monde et, dans notre cas, de la construction du Chez-soi. Les propriétés structurantes sont à la fois avant l’action et après l’action. Elles sont là en tant que conditions et en tant que produits de l’action. Cette approche est d’autant plus pertinente qu’elle reconnaît les liens entre la continuité et le changement, ainsi que les dimensions contraignantes et habilitantes des systèmes sociaux. Les apports théoriques d’Anthony Giddens sont particulièrement précieux pour construire la notion d’un Chez-soi en termes de processus. Ainsi, dans cette approche - universelle/singulière, autonomie/dépendance, capacité/incapacité, privé/public, intime/privé – ces caractéristiques vont ensemble en dualité les unes avec les autres en même temps qu’elles sont composées par les unes et les autres.

Enfin, les niveaux individuels et institutionnels sont, d’après Antony Giddens, intimement liés. Notre recherche doit donc passer par l’analyse de l’interaction des individus avec la société et ses institutions. Le Chez-soi, ou son absence, a un effet sur la vie des personnes qui agissent elles-mêmes sur leurs conditions sociale et subjective d’habitant ou d’itinérant. Il faut donc intégrer à l’analyse ces relations, ces opportunités, ces contraintes et tous ces éléments hétérogènes mais interdépendants (Ardoino, 1998) pour véritablement penser le Chez-soi.

Ces références théoriques nous ont permis d'organiser notre recherche sur le Chez-soi. L’apport de la théorie de la complexité nous permet en effet d’explorer la dynamique

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systémique du Chez-soi alors que la théorie de la structuration nous donne des outils pour analyser le lien entre le sujet et les institutions.

Ces théories nous mettent aussi au défi de penser le concept du Chez-soi sans le clore, en l’ouvrant plutôt aux antagonismes, aux bifurcations et à ses multiples dimensions. Nous appréhendons ainsi le Chez-soi comme un processus en nous appuyant sur une approche multidimensionnelle. Notre cadre conceptuel s’est révélé comme un solide repère tout au long des allers-retours entre les apports théoriques et notre recherche sur le terrain.

Dans le Chapitre III, nous exposons le premier article de la thèse qui présente une réflexion sur le Chez-soi pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale. Il s’est développé à partir des paradigmes de la complexité et de la structuration et s’est consolidé avec la contribution de Heidegger (1958), Saraceno (2001), les travaux particulièrement consacrés au Chez-soi de Serfaty-Garzon (2003a, 2003d, 2003e, 2006) et de Villela-Petit (1989).

La réflexion développée dans le premier article a servi de base pour orienter nos observations sur le terrain. En effet, la prise en compte de l’aspect multidimensionnel du Chez-soi nous a été utile pour l’analyse des influences diverses prenant part au processus de constitution du Chez-soi. Cela est exposé dans les deuxième et troisième articles de la thèse.

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Chapitre II. Méthodologie

Précisons d'abord qu'une méthodologie de recherche n’est pas copiée sur un modèle existant, chaque méthodologie est unique et conçue en fonction de différents facteurs : l’approche théorique, les objectifs et le contexte de l’étude (Aissa, 2001; Bué, 2010; Gillier & Gérard, 2002). Pour élaborer la méthodologie, nous avons révisé et réquisitionné tout au long de notre démarche, nos balises méthodologiques, déontologiques et conceptuelles pour construire et développer cette étude. Dans la perspective de mettre en lumière le processus dynamique de constitution du Chez-soi dans sa multidimensionnalité, une méthode qualitative de type ethnographique a été réalisé. Les données ont été recueillies dans le cadre d’entretiens semi-directifs approfondis, d’observations participantes ainsi que par une collecte documentaire.

Une étape préliminaire et le choix de Belo Horizonte (Brésil)

Notre étude a commencé par une phase à visée exploratoire réalisée d'abord dans une institution qui héberge les personnes itinérantes et ex-itinérantes à Montréal, où j’habitais. Par la suite, des problèmes d’ordre personnel et économique m’ont conduite à choisir et même à concentrer l’étude à la ville de Belo Horizonte, au Brésil.

Cette phase exploratoire réalisée à Montréal a permis d'anticiper les difficultés qui allaient se présenter sur le terrain, c'est-à-dire dans la rue et dans le Chez-soi. Des ajustements méthodologiques ont donc été apportés afin de réaliser le projet et répondre plus adéquatement aux objectifs de l’étude.

Dans un second temps de la phase exploratoire, nous avons pris contact avec les services à Belo Horizonte afin de cerner les opportunités et les contraintes du terrain.

C’était aussi un retour dans la ville où j’avais amorcé mes questionnements de recherche. Comme mentionné auparavant, cette étude est née d’une préoccupation professionnelle et citoyenne, qui, à travers le filtre de la pensée, s’est transformée en une question de

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recherche sur le Chez-soi. En effet, en travaillant à Belo Horizonte pour l’intégration dans de nouvelles résidences des personnes quittant des hôpitaux psychiatriques, nous nous sommes interrogés sur la signification qu’un tel emménagement pouvait prendre dans la vie des personnes qui ont connu l’expérience de vivre sans foyer, c’est-à-dire, soit dans les institutions, soit dans la rue, ou les deux.

Les résidences où nous avons travaillé sont appelées Serviço Residencial Terapêutico – SRT (Service résidentiel thérapeutique – SRT). Ces derniers sont, parmi plusieurs autres, des services non asilaires de la municipalité de Belo Horizonte - BH. En fait, depuis 1993, BH met en œuvre d’importants programmes de santé et de services sociaux (Malta, 2001; Villamarim, 2008) parmi lesquels on retrouve les SRT mentionnées plus haut, le programme de Bolsa Moradia (Programme de Bourse Habitation – PBHb), les hébergements temporaires pour les personnes itinérantes, les Centros de Referência em Saúde Mental – CERSAM (Centres des référence en santé mentale – CERSAM), le Centre de référence pour la population de rue (CRPR), les Centres de Convivialité, les restaurants populaires et autres1.

Cela fait de BH une ville présentant un intérêt particulier pour une recherche sur le Chez-soi, non seulement en raison de son important réseau de services mais aussi à cause du défi dans lequel la ville s’est engagée soit de dépasser son passé historique asilaire. BH est la capitale de l’État de Minas Gerais (MG), un État connu par sa pratique hospitalocentrique. MG possédait de grands hôpitaux psychiatriques hébergeant des personnes présentant un problème de santé mentale, d’alcoolisme, de déficience intellectuelle et d’itinérance venues de toutes les régions du pays (Flexa, 1998).

La phase exploratoire de cette étude s'est poursuivie au Brésil, nous avons parcouru tous les services de BH qui, d’après nous, constituent un élément important en matière de services de santé et de services sociaux pour les citoyens de l’État de Minas Gerais et du Brésil. Dans ce réseau, nous avons fait plusieurs observations et réalisé quelques entretiens non directifs auprès d'intervenants et de personnes itinérantes et ex-itinérantes. Cette démarche

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nous a confirmé la richesse et la complexité du terrain de l’itinérance et de la constitution du Chez-soi.

L’identification des lieux de recrutement

Suite aux entretiens et aux observations recueillies à l’étape exploratoire, nous avons déterminé les lieux où allait se faire le recrutement des participants. Ce sont le Centro de Référencia de População de Rua - Centre de référence de la population de rue – (CRPR) et le Programa de Bolsa Moradia - Programme de Bourse Habitation (PBHb). Comme nous allons voir, le CRPR était le lieu privilégié pour faire le recrutement des participants itinérants présentant un problème de santé mentale et le PBHb pour celui des participants ex-itinérants présentant un problème de santé mentale.

Le Centre de référence de la population de rue - CRPR

Nous avons choisi le CRPR pour mener notre étude en tenant compte de son horaire de fonctionnement plus étendu, ce qui permettait de passer du temps à observer et à rencontrer les personnes dans des situations ordinaires, sans le stress que nous avons constaté dans les autres services (refuge, restaurant populaire, etc.) dont l’horaire des activités était beaucoup plus restreint.

Ce service existe depuis 1996, on y fait une gestion participative dans le cadre du travail auprès des personnes itinérantes. Les ateliers et les règles du service sont établis avec les usagers. Le CRPR est ouvert du lundi au vendredi, toute la journée. Les activités de l’après-midi sont destinées à toutes les personnes qui veulent se doucher, laver leur linge, mettre leur bagage à la consigne, lire, accéder à l’internet, à l’ordinateur ou simplement être là. Les matins sont réservés aux ateliers animés par des éducateurs sociaux ou par des professionnels du milieu artistique. Des repas sont servis aux participants avant et à la fin de ces ateliers.

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Le programme de Bourse Habitation – PBHb.

Les familles et personnes itinérantes de BH peuvent bénéficier d’un programme municipal de location de logement. Ce dispositif comporte une prestation monétaire et un volet d'accompagnement pour soutenir les bénéficiaires dans leur insertion sociale. La PBHb est soutenu par Le décret n 11375/03 de 2 juillet 2003 de BH (Câmara municipal de Belo Horizonte, 2003). Le tableau ci-dessous présente un résumé du décret qui régit ce programme :

Tableau 1 : Résumé du décret n 11375/03 de 03 juillet 2003 de Belo Horizonte réglemente le fonctionnement du Programme de Bourse Habitation

RÉSUMÉ DU DÉCRET N 11375/03 DU 2 JUILLET 2003 Objectif du

programme Garantir aux bénéficiaires l’accès immédiat à un logement sous condition d’habitabilité. Population

desservie

Familles démunies déplacées de leur résidence en raison des risques géologiques et géotechniques tels que les glissements de terrain,

inondations, ou en raison des travaux d'infrastructure faits dans la région d’habitation.

Les familles et les personnes itinérantes qui répondent aux critères de la Política Municipal de Assistência Social (Politique municipale d’assistance sociale)2. Lignes directrices pour l'inclusion des bénéficiaires dans le programme de Bolsa Moradia

I- être résident de la ville de Belo Horizonte depuis au moins 2 (deux) ans ;

II- être sans-abri ou résider dans l’une des zones à risque. Par zone à risque, on comprend une région où il y a un danger technique reconnu par la municipalité;

III- être en situation de risque social. La situation de risque social doit être reconnue par la municipalité;

IV- avoir l’approbation de l'agence d'exécution et la confirmation de l'existence de ressource financière pour la concession de la Bourse.

2

La Politique municipale d’assistance sociale de la ville de Belo Horizonte applique les mêmes critères que la Politique nationale d’assistance sociale du Gouvernement Fédéral. Elles définissent leurs bénéficiaires comme étant des citoyens ou des groupes de citoyens en situation de vulnérabilité et de risque social. Cela correspond, par exemple, aux familles qui vivent des périodes de vie difficiles, des personnes stigmatisées, des personnes handicapées, etc. (Ministério do Desenvolvimento Social e Combate à Fome – MDS, 2004).

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RÉSUMÉ DU DÉCRET N 11375/03 DU 2 JUILLET 2003 Règles et

responsabilités des bénéficiaires

I- Présenter le bail original;

II- Présenter le reçu original du paiement du loyer aux intervalles prévus dans le contrat de bail;

III- Payer toutes les charges d'eau, d’électricité et les taxes. Le bénéficiaire effectue les menues réparations et les réparations d'entretien courant;

IV- Fournir les informations et répondre aux exigences afin d’assurer le bon déroulement du programme;

V- Participer et fréquenter les programmes sociaux complémentaires de la municipalité, si nécessaire.

Source : Decreto Nº 11.375, 2003

Le programme PBHb donne au bénéficiaire la liberté de choisir le lieu d’habitation à louer, il lui donne aussi une marge de manœuvre pour la répartition de la Bourse tout en priorisant le paiement du loyer. D’après nous, ce mode d’opérationalisation du programme s’inscrit dans un cadre de référence où ‘habiter’ implique nécéssairement avoir un pouvoir de décision et d’appropriation sur le lieu d’habitation. Ces caractérisitiques du programme nous permettait donc de mieux répondre à nos questionnements sur la constitution du Chez-soi. Le PBHb a donc été également choisi comme source de recrutement des personnes ex-itinérantes. Nous n’avons cependant pas inclus les hébergements temporaires et les SRT car les hébergments temporaires, comme le nom l’indique, impose des limites de temps pour l’hébergement et les SRT hébergent plutôt des personnes désinstitutionnalisées.

Constitution de l’échantillon de recherche

Notre étude porte sur la constitution du Chez-soi, lequel a une forte dimension qualitative. En conséquence, le point de repère pour faire le choix des participants n’est pas statistique; l’étude de type qualitatif est plutôt faite en fonction du questionnement de recherche, du cadre de référence et de la réalité du terrain (Miles & Huberman, 1994). En tant qu'étude en profondeur, nous avons opté pour la constitution d’un échantillon limité et sélectionné selon quelques critères afin de permettre la compréhension des différentes facettes de la constitution du Chez-soi.

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Pour mieux comprendre le processus de constitution d’un Chez-soi dans différentes situations de vie, nous avons retenu deux sous-ensembles: le groupe de personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale et le groupe de personnes ex-itinérantes présentant, lui aussi, un problème de santé mentale. Ainsi composé, l'échantillon nous a permis de découvrir les éléments communs, les ressemblances et les transitions entre ces deux situations différentes.

L’échantillon a également été composé en tenant compte d'une dimension « volontaire » et d'un « choix raisonné » (Pires, 1997). Il est volontaire parce que les participants doivent consentir librement à y participer. Les documents Consentement libre et éclairé aux annexes I et II montrent en effet que les participants ont eu le libre choix de participer ou non à la recherche. Les informations sur l’étude sont clairement explicitées et les participants restent libres de se retirer de l’étude à tout moment, sans être pénalisés ou subir des conséquences délétères. L’échantillon repose aussi sur un ‘choix raisonné’. En ce qui concerne les choix des lieux d'observation et de recrutement, ils ont été faits en fonction de critères théoriques, méthodologiques et logistiques, notamment la possibilité de rejoindre les participants, leur coopération, le coût de la recherche, le temps sur le terrain, (Miles & Huberman, 1994; Stake, 1995).

Pour le recrutement des participants, nous avons compté sur la collaboration des intervenants des services existants, lesquels ont joué un rôle d’intermédiaires auprès d'éventuels participants en fonction des critères suivants: personne itinérante présentant un problème de santé mentale et personne ex-itinérante présentant un problème de santé mentale.

En ce qui concerne le critère itinérant, il renvoie ici aux personnes qui vivent dans les rues et des services offerts à la population de rue. On comprend comme ex-itinérantes les personnes qui ont déjà vécu cette situation.

Le critère « présentant un problème de santé mentale » renvoie pour sa part à l'activité réflexive des personnes concernées. La réflexivité constitue la possibilité qu’a tout acteur d’examiner sa situation ou son action, d’en tirer ses conclusions et ainsi rester maître de sa propre histoire (Giddens, 1984). Tous les participants à la recherche reconnaissent donc

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avoir un problème de santé mentale et avoir eu recours à un traitement psychiatrique. Il est important de souligner qu’au lieu de prendre en compte le diagnostic psychiatrique des personnes interrogées, nous avons décidé de tenir compte de la reconnaissance subjective de la personne au regard de son problème ou de sa souffrance. Notre objectif était de nous éloigner de la catégorie descriptive et systématique du Manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux (DSM) pour nous pencher sur la personne qui se décrit, qui se reconnaît comme souffrante et capable de donner du sens à son vécu.

Pour composer l'échantillon, il nous a fallu adapter certains critères à la réalité du terrain. Ainsi, même si la procédure de recrutement des participants devait être individuelle sans tenir compte des facteurs comme le temps d’itinérance, le sexe, l'âge et le groupe, il s'est avéré que la plupart des participants de notre recherche soient des hommes. Il faut dire que la grande majorité de la population itinérante à BH est masculine. En ce qui concerne la participation individuelle, nous avons dû composer avec le fait que la conjointe de l’un des participants ait manifesté son intérêt de répondre à répondre aux questions de l’entretien qui se déroulait dans la petite pièce où ils vivaient. Nous avons ainsi adapté l’entretien individuel à un contexte de couple puisque tous les deux ont ainsi répondu aux critères établis par le protocole de recherche.

Au final, l'échantillon est constitué de :

 quatre hommes itinérants identifiés comme étant les participants P1, P2, P3 et P4,  trois hommes ex-itinérants identifiés comme étant les participants EP5, EP6, EP8 et  un couple d’homme et de femme ex-itinérants identifié par EP7.1 et EP7.2.

Un participant, que nous appellerons P9, s’est retiré de l’étude sans donner de raison après le premier entretien. Nous lui avons assuré que les informations recueillies n’allaient pas être utilisées dans notre analyse et nous n'en parlerons pas ici.

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Collecte des données

Les opérations de collecte des données se sont déroulées du mois de décembre 2008 au mois de juin 2009. La collecte repose sur l’examen de différents documents ainsi que sur des entretiens semi-directifs approfondis et des observations in situ.

L'examen des documents

Pour mieux comprendre le contexte de l’itinérance et des politiques des services au Brésil, nous avons d’abord exploré de manière exhaustive les données disponibles (recensements, descriptions officielle et officieuse, rapports et site web) portant sur les services et les études thématiques réalisées auprès des personnes itinérantes.

Cette recherche documentaire a permis de mieux comprendre certains aspects abordés lors des entretiens formels et informels ainsi que le phénomène de l’itinérance dans la municipalité de BH. Il faut souligner que quelques documents recueillis exigent beaucoup d’esprit critique, principalement ceux adressés au grand public et rédigés dans un but promotionnel visant à transmettre une image positive des programmes et services.

L’entretien semi-directif approfondi

L’entretien est la méthode par excellence pour saisir les expériences vécues par les membres d’une collectivité. L’option de travailler avec et à partir d'entretiens approfondis signifie privilégier la mise en évidence des processus et des points de vue des personnes dans l’analyse de leur monde social et de leurs savoirs pratiques – cognitifs, interprétatifs, symboliques, affectifs, etc. (Demazière, 2008). Chaque entretien permet d’avoir accès à une histoire exprimant la singularité de celui qui parle mais aussi de son groupe social ou d’appartenance (Pierret, 2004).

Deux guides d’entretiens semi-directifs ont été élaborés : un pour les personnes itinérantes présentant un problème de santé mentale; un pour les personnes ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale.

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Les entretiens ont été faits en portugais, soit ma langue maternelle et celle des participants. Les guides des entretiens figurent à l’annexe III et IV. Ils sont le résultat de mutations successives, élaborées à partir du cadre de référence.

Les informations recherchées sont du même ordre dans les deux guides. Dans un premier temps, nous voulions permettre aux participants de décrire leur contexte de vie actuel et créer une ambiance amicale et détendue. Au cours des autres rencontres, les questions concernaient plutôt la reconstitution des cycles de vie ou des moments importants liés au changement du mode d’habitation des participants, c’est-à-dire l’histoire personnelle liée à la constitution ou de déconstruction du Chez-soi. Le dernier groupe de questions permettait aux participants de se projeter dans l’avenir.

Il faut souligner que des questions concernant la signification du Chez-soi ont été posées au début, au milieu et à la fin des entretiens. Cette manière de faire tient au fait que l'entretien en profondeur peut pousser les personnes à reconstituer leurs impressions, à retrouver des souvenirs et des moments qui rendent leur définition du concept du Chez-soi plus claire. Les questions de l'entretien semi-directif étaient ouvertes de manière à permettre aux participants de nous fournir des informations qui vont au-delà des questions posées, mais, en même temps, qui nous assurent d'obtenir l’information recherchée. Notre objectif était de laisser émerger librement les interactions complexes qui constituent ce que signifie un Chez-soi pour les personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale.

En moyenne trois entretiens avec chaque participant ont été réalisés. La durée des entretiens variait d’une heure à une heure trente. Les sessions d’observation participante ont totalisé environ cinq rencontres par participant avec une durée moyenne de trois heures selon la disponibilité de chacun, les thèmes abordés ainsi que les activités proposées par le participant. Il convient de souligner l’association existante entre la méthode d’entretien approfondi et les observations. Un entretien approfondi ne prend son sens que dans un contexte, en fonction du lieu et du moment de l’entretien. La situation d’entretien est, à elle seule, une scène d’observation (Beaud, 1996). Dans notre cas, cette association s’avère encore plus déterminante du fait que les lieux de rencontres pour l’entretien et l’observation

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étaient définis par les participants; leur choix donne d’importants éléments d’interprétation des entretiens.

Selon Deslauriers (1991), un bon climat de confiance détermine davantage la qualité des réponses que les questions elles-mêmes. La chercheuse doit démontrer son respect pour la personne participante et son intérêt à l’écouter et, enfin, la laisser s’exprimer librement. Nous remarquons que le choix par les participants eux-mêmes des lieux pour les entretiens et les observations favorisait ce climat de confiance.

Les lieux les plus souvent choisis par les participants ont été les services de la municipalité de BH. Dans le cas des personnes itinérantes, la majorité optait pour le Centre de référence de la population de rue (CRPR) alors que les ex-itinérants préféraient faire les premières rencontres sur le site du Programme de Bourse Habitation (PBHb) et, par la suite (deuxième ou troisième rencontre), à leur domicile. Pour favoriser le bon déroulement de l’entretien, nous nous sommes servis des bureaux du CRPR et du PBHb qui nous permettaient de réaliser l’entretien dans un climat plus adéquat, avec moins de bruits et la porte fermée.

Afin d’assurer la liberté des participants à se retirer de l’étude, les procédures suivantes ont été rigoureusement suivies pour chaque personne: rappel des objectifs de la recherche, garantie de l’anonymat, demande de permission pour enregistrer l'entretien et information du droit d’interrompre l’entretien au moment qui lui convenait.

Soulignons qu'une flexibilité méthodologique a été nécessaire pour garantir la décidabilité de la portée du discours et pour mener notre étude dans des terrains aussi délicats que les résidences des personnes, la rue ou les services fréquentés par les personnes itinérantes. Pour réaliser les entretiens, il a fallu s’intégrer à des situations sociales et à des habitudes de vie particulières. Les entretiens et observations n’apparaissent recevables que s’ils sont en résonance avec le mode de vie des participants. Ainsi, l’un des participants itinérant n’a pas voulu faire l’entretien dans la salle réservée et à l'écart; il a fallu mener l’entretien dans le grand salon ouvert à tous et à proximité des autres personnes itinérantes. Un autre participant itinérant optait pour faire l’entretien au Palais de justice de BH, un lieu qu’il fréquentait quotidiennement. Un troisième participant, ex-itinérant, a opté pour faire

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quelques entretiens dans le Centre de référence de la population de rue (CRPR), un lieu qui lui est familier.

Les entretiens ont été enregistrés avec la permission des participants. De plus, pour compléter la cueillette des informations, nous avons noté des commentaires généraux, tels que le déroulement de la rencontre, nos impressions générales quant à l’ambiance et nous avons ajouté une évaluation sur la façon dont l'entretien a été réalisé.

L’observation participante

Les observations faites dans notre recherche sont liés à notre présence sur ce terrain et à notre participation. L’observation participante consiste, en effet, en une étude sur le terrain avec une présence prolongée sur le lieu de l’enquête. Le terme participant indique que le chercheur est un acteur impliqué dans le groupe étudié et composant avec la réalité sociale qui l’entoure. On part du principe que c’est en interaction, et par l’interaction avec d’autres acteurs que le chercheur observateur peut comprendre l’univers social et les sens qui se dégagent des actions du groupe à étudier (Coenen-Huther, 1996). Comme nous l’avons déjà souligné plus haut, il est difficile de faire une division nette entre les entretiens et les observations. Il est encore plus difficile de soustraire la phase exploratoire de l’étude réalisée à BH et l’observation générale comme nous le démontrerons par la suite.

Deux types d’observation participante ont été effectués : l’observation plus générale des services et du mode de vie des personnes itinérantes dans la rue, les activités et le réseau des services, l’observation plus directe des participants à la recherche, soit les personnes itinérantes et ex-itinérantes présentant un problème de santé mentale. Nous avons observé l’interaction des participants dans leur milieu ainsi que leur mode de vie.

Le premier type d’observation a débuté dès notre entrée sur le terrain; soit à partir du moment où nous avons commencé à parcourir les services fréquentés par les personnes itinérantes de BH et les services utilisés par ceux qui sont sortis de l’itinérance : le refuge d’urgence, le Centre de référence de la population de rue - CRPR, le programme d’abordage de rue, la rue, les services de santé, les hébergements temporaires, le Programme Bourse Habitation - PBHb, les Service résidentiels thérapeutiques – SRT, etc.

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Ce type d’insertion permet l'enchaînement des observations et des entretiens informels avec les acteurs sur le terrain (Lanzarini & Bruneteaux, 1998). C’était un moyen d’observer et de questionner in vivo tous les acteurs concernés et de nous intégrer dans les lieux où s’opèrent les interactions entre les personnes itinérantes et leur réseau social et institutionnel: l'heure à laquelle les personnes arrivent au refuge, les interactions qui se produisent dans les filles d'attente au refuge, ou encore dans les ateliers ou groupes de discussion. Cette observation générale nous a permis d’identifier le CRPR et le PBHb comme étant des lieux privilégiés pour le recrutement des participants.

Notez bien que nous n’avons pas interrompu les observations sur le terrain après l’identification des sources de recrutement. En fait, nous avons continué à parcourir et à fréquenter tous les services durant les six mois de la recherche à raison d'une à deux demi-journées par semaine pour faire la collecte de données, en privilégiant les services choisis pour le recrutement.

Certains facteurs ont limité la collecte des données puisqu'il s'agissait de parcourir le monde de la rue où certaines activités se produisent dans la discrétion, pensons à la prostitution, au commerce et à la consommation de drogue, à la criminalité et à la violence. Le danger physique, bien réel sur certains sites de l'enquête posait un problème de sécurité pour l'observatrice. Pour maîtriser l’exposition aux risques dans certains endroits, nous avons visités les divers services à des moments précis, par exemple, pendant l’entrée au refuge, le moment où il y a plus de gens dans la rue. Nous avons bénéficié de l’aide des intervenants et des usagers des services qui connaissent bien le milieu et ses codes de conduite.

Le deuxième type d’observation participante a pour sa part débuté au moment du recrutement des participants. Durant trois à six semaines, nous avons réalisé une moyenne de trois observations d'environ trois heures avec chaque participant de la recherche. Avec leur permission, nous les avons accompagnés dans leur milieu de vie. Pour ces observations, nous nous sommes placées dans deux contextes : l'un social et l'autre privé. En ce qui concerne le contexte social, il s’agit des lieux publics que les participants ont choisis et de leurs actions. En ce qui concerne le contexte privé, il s’agit des lieux privés

Figure

Tableau  1 :  Résumé  du  décret  n  11375/03  de  03  juillet  2003  de  Belo  Horizonte  réglemente le fonctionnement  du  Programme  de Bourse Habitation
Figure  1: Processus de l'analyse
Figure 2: L'accessibilité de personnes itinérantes aux services d'aide  à la survie ou aux  services d'habitation  de la municipalité  de BH
Table 2: Participants  profile
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