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Vers la construction d'un potentiel de recherche autonome dans les pays du Tiers-monde : l'exemple de l'économie rurale en Côte-d'Ivoire

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Academic year: 2021

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l’économie rurale en Côte-d’Ivoire

Jean Chataignier, Yves Léon

To cite this version:

Jean Chataignier, Yves Léon. Vers la construction d’un potentiel de recherche autonome dans les pays du Tiers-monde : l’exemple de l’économie rurale en Côte-d’Ivoire. 29 p., 1984. �hal-02855747�

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DOCUMENT PROVISOIRE

INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE

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VERS LA CONSTRUCTION D'UN POTENTIEL DE RECHERCHE AUTONOME

DANS LES PAYS DU TIERS-MONDE : L'EXEMPLE DE L'ECONOMIE RURALE EN COTE-D'IVOIRE

Station d'Economie et de Sociologie Rurales

Jean CHATAIGNER

Montpellier Yves LEON Rennes

Place Viala - 34060 Montpellier Cedex. Tél. (67) 63.19.32 - Télex INRAMON 490 818F

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INTRODUCTION

Jean CHATAIGNER Yves LEON °0

Dans tous les pays, la Recherche est devenue une activité considérée comme indispensable au développement. En France, on compte sur l'exploitation de ses résultats pour sortir de la crise. Dans les pays en voie de développement, les discours officiels lui accordent une place de choix dans les processus de construction d'une économie moderne.

Mais alors que les pays riches peuvent s1

offrir une recherche de plus en plus performante qui contribue à renforcer leur puissance, les pl us pauvres, qui en ont le pl us besoin, rencontrent beaucoup de difficultés pour se doter d'un appareil de recherche adéquat.

Dans cet article, on voudrait mettre en évidence quelques unes de ces difficultés et les solutions qui ont pu y remédier à tra-vers l'analyse de la mise en place et du développement d'une recherche nationale en économie et sociologie rurales en Côte d'Ivoire.

Cette analyse soulève en même temps deux autres problèmes l'un spécifique au domaine des recherches considérées, les Sciences Sociales, l'autre consécutif aux conditions générales dans lesquelles les recherches sont conduites dans les pays en développement, nota11111ent à travers la coopération internationale.

Aborder la mi se en pl ace et le développement des recherches en économie et sociologie rurales, en Côte d'Ivoire, c'est en effet s'interroger sur les conditions d'émergence et le rôle des Sciences Sociales appliquées au développement agricole dans le contexte des pays en voie de développement. Nous y consacrerons la première partie de cet article.

0

° Chercheurs à l'INRA, les auteurs ont eu l'un après l'autre lares-ponsabi li té de coordonner les recherches développées en Côte d'Ivoire de 1974 à 1982 en économie rurale.

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2

-Prendre en considération les conditions dans lesquelles les recherches sont mises en oeuvre, c'est passer en revue les différents écueils à éviter et c'est inévitablement étudier les rapports entre les pays qui y concourent, les chances d'autonomie quand elles existent, et les modes de coopération les mieux adaptés qui en découlent. Ce sera l'objet de la seconde partie.

On peut ainsi considérer cet article comme une contribution à la définition d'une nouvelle coopération ou, si l'on préfère, d'une coopération renouvelée. En France, cette préoccupation se traduit par une réforme importante des institutions spécialisées que sont l'ORSTOM et le GERDAT avec une attention particulière portée sur une plus grande cohérence et une meilleure articulation entre la recherche et le déve-loppement. On souhaite ainsi concentrer et mieux coordonner les moyens de la recherche pour la résolution des problèmes du développement. Parallèlement, le Ministère de l'Industrie et de la Recherche, par des actions incitatives, veut entrainer l'ensemble du potentiel scienti-fique français à se mettre, au moins pour une part, au servide du déve-loppement. De même au niveau européen, des moyens spécifiques viennent récetrment d I

être mis en oeuvre ; dans une première étape pour encou-rager les pays partenaires à développer des recherches utiles aux pays en développement, dans un second temps pour aider au développement d'une recherche endogène dans les pays eux-mêmes.

Des intentions on passe donc aux actes, mais à la lumière de l'expérience, ces engagements paraissent encore insuffisants pour favo-riser une recherche autonome et efficace. En effet, l'importance accor-dée aux recherches en Sciences Sociales est généralement très faible pour permettre une mise à jour nécessaire des idées qui président encore trop souvent aux propositions du développement. On verra comment ces recherches sont difficiles à initier dans 1 es pays eux-mêmes. L'insuffisance de nouveaux engagements

dans une mauvaise appréciation des Recherche-Formation-Développement. Trop

de la coopération réside aussi priorités dans l'articulation soucieux de résoudre rapidement les problèmes sous la pression insistante des financiers qui se consi-dèrent presque toujours les seuls juges du bien fondé des "projets", de développement ou de recherche, on n'accorde pas assez d'attention à la fécondation de l'enseignement par 1 a recherche, ni à 1 'importance des liens qu'il est nécessaire de tisser entre les équipes de recherche des

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pays développés et des pays en développement. Aussi, nous souhaitons que l'expérience de la Côte d'Ivoire qui va servir de support à la suite de cet article, puisse servir de base à la réflexion pour le développement d'une recherche mieux adaptée au développement.

I - L'EMERGENCE D'UNE RECHERCHE EN SCIENCES SOCIALES ADAPTEES AUX PROBLEMES DU DEVELOPPEMENT ~GRICOL~.

Après 1 a seconde guerre mon di a 1 e, 1 a prise de conscience du sous-développement s I

est accompagnée d'une grande confiance dans les capacités techniques du monde moderne à surmonter la faible production agricole des pays sous-développés. Les succès spectaculaires de la modernisation de l'agriculture dans les économies en reconstruction contribuaient à développer cette confiance.

Il en est résulté la diffusion d'un modèle de développement faisant une large place à la vulgarisation de techniques nouvelles, sans grand souci de prise en compte des logiques paysannes. L'objectif était ailleurs. Il correspondait aux intérêts convergents et successifs des pays déve 1 oppés pour 1 eur approvisionnement en produits agricoles de base, puis des gouvernements des pays nouvellement indépendants à la recherche de devises.

Les échecs ou semi-échecs répétés, enregistrés au niveau d'un nombre toujours plus grand de projets, ont amené à la prise en compte progressive de 1 a nécessité d I

analyse socio-économiques approfondi es pour éclairer les choix en matière de développement. L'économie agri-cole, la sociologie rurales ont ainsi acquis peu à peu droit de cité, non seulement auprès des planificateurs ou des financiers, mais aussi des sociétés de développement et des appareils de la recherche agronomique.

En pratique, le développement des recherches correspondantes s'est effectué de manière très inégale selon les pays ou les structures d'accueil. Elles demeurent largement orientées, au niveau interna-tional, par les organismes de financement qui en ressentent le plus directement le besoin au niveau du choix des projets de développement et de leur évaluation. Elles sont plus nombreuses dans les universités ou centres de recherches ayant déjà une soli de expérience dans 11

ana-lyse des problèmes agricoles. Elles sont rares ou d'un faible volume,

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4

-voire inexistantes dans beaucoup de pays en développement. Enfin, leur

articulation avec les recherches agronomiques ainsi qu'avec les

recherches en sciences sociales déjà existantes est très variable. L'analyse des conditions dans lesquelles elles se sont

développées en Côte d'Ivoire, permet d'illustrer ce phénomène général. 1. Les conditions favorables qui ont présidé à la mise en place d'une recherc'he organisée.

Le fait que la Côte d'Ivoire ait fondé la croissance de son économie sur l'expansion du secteur agricole, devait constituer en soi un facteur favorable au développement des analyses socio-économiques qui lui sont appliquées. Il en est de même du rôle attribué à la recherche agronomique, considérée comme un des instruments clé de la

modernisation de l'agriculture.

La Côte d'Ivoire a connu en effet un rythme de croissance exceptionnel depuis l'indépendance fondé sur l'expansion de son secteur agricole. L'augmentation annuelle moyenne de son produit intérieur brut a été de 7~7 % de 1960 à 1980. Le revenu moyen par habitant est ainsi passé de l'un des niveaux les plus bas d'Afrique au Sud du Sahara avant 1960, au second rang en 1980, avec un revenu par personne estimé à 1 250 dollars. Ce sont les exportations agricoles et forestières qui ont fourni les revenus (impôts et taxes) et les devises nécessaires à la diversification des activités et au développement économique général.

A l'heure actuelle, l'agriculture demeure toujours le moteur du développement économique ivoirien, même si le rôle qu'on lui assigne a sensiblement évolué depuis l'indépendance. Au départ, en effet, la préoccupation principale était d'assurer un développement maximal aux productions permettant des rentrées de devises, par l'exploitation

ex-tensive du potentiel naturel : forêt, terres, climat et par référence aux marchés extérieurs. C'est le développement des productions de bois,

café, cacao déjà exploitées pendant la période coloniale. On s'est préoccupé très vite également de diversifier les recettes extérieures

en développant d'autres cultures d'exportation: palmier à huile,

coco-tier, hévéa, ananas, coton •.• afin de compenser au mieux les aléas du

marché international. Ensuite, à partir du début des années 1970, prévoyant des déficits importants dans l'approvisionnement de produits

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alimentaires essentiels, des politiques sont progressivement mises en oeuvre pour développer les productions de riz, de viande et de sucre. L'agriculture doit ainsi renforcer sa vocation nourricière envers une population dont le taux d'accroissement est très élevé (1).

Parallèlement, on tente par une politique de prix et de subventions, de corriger les disparités régionales essentiellement entre la savane au Nord et la Forêt au Sud. Récemment enfin, la nouvelle politique agricole, définie à l'occasion de l'élaboration du plan 1981-1985, accorde une place encore plus large aux objectifs d'auto-suffisance alimentaire, de réduction des disparités et d'amélioration des conditions de travail et de vie.

Ces nouvelles politiques s'avèrent coûteuses et plus diffi-ciles à conduire dans un environnement qui demeure résolument libéral. Elles manifestent la volonté des Ivoiriens de mieux maitriser leur pré-sent et leur avenir, ce qui n'est pas exempt de contradictions à divers niveaux, certains des acteurs sociaux ayant des intérêts à faire valoir parfois directement opposés à cette volonté d'agir par soi et pour soi.

La place et le rôle de l'agriculture dans le développement économique et social se modifient donc considérablement. L'agriculture n'est plus exclusivement l'activité économique dont la fonction princi-pale est de dégager les surplus nécessaires au développement général. Le secteur agricole devient progressivement le lieu d'application d'une politique à caractère éminemment social. La politique des prix et des subventions à la production devra avoir en effet de plus en plus le souci du maintien des paysans à la terre, tout en assurant la sécurité des approvisionnements vivriers dans les villes. Ainsi, la mise en oeuvre d'une politique agricole adaptée, dans de telles conditions, se doit d'être de plus en plus globale et donc plus complexe. Elle justi-fie l'existence d'un secteur de recherche dynamique susceptible d'aider aux décisions. Les sciences sociales - au sens de "sciences du compor-tement" - sont dans ce contexte beaucoup plus sollicitées de participer à la préparation, à la mise en oeuvre et à l'évaluation des actions de développement agricoles.

(1) La population totale de la C-I est estimée à 8 500 000 hab. en 1982 et son taux d'accroissement annuel a été supérieur à 4 % au cours de la dernière décennie. Par ailleurs, le rythme d'urbanisation est impor-tant. La population urbaine représentait 22 % de la population en 1963, 32 % en 1975 ; ce taux est estimé à 40 % actuellement.

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6

-Elles l'ont d'ailleurs été très tôt dans le cadre de l'élabo-ration des plans successifs de développement colllTie, par exemple, les intéressants travaux d'inventaire et de prévisions réalisés au niveau des différentes régions dans les années 1962-65, avec une participation active de l'ORSTOM (1) et des diverses sociétés d'études françaises.

1.2 - Une recherche agronomique dynamique et maitrisée.

Le second élément favorable à la mise en place d'une

recher-che organisée en économie et sociologie rurales est l'existence d'une recherche agronomique importante et la création du Mini stère de la Recherche Scientifique en 1971.

La recherche agronomique, héritée de la période coloniale, est organisée par filières et s'est fortement développée avec l'exten-sion des cultures d'exportation. A chaque produit correspond son insti-tut de recherche et sa société d'encadrement des "planteurs". Sur le plan scientifique des résultats remarquables ont pu être atteints, mais le système entraine des disto'.sions importantes et peu réductibles

entre les résultats obtenus "en milieu contrôlé" et ceux du "milieu

paysannal", distorsions que l'on cherche à éliminer par la mise en

oeu-vre de nouveaux modèles de production, que sont par exemple les "blocs" de culture. Les résultats ne sont en général pas convaincants, ce qui

pose le problème de la transmission des innovations techniques. La

recherche, du fait de son organisation, ayant par ailleurs peu pris en compte les cultures vivrières traditionnelles (la culture du riz irri-gué pouvant, de ce point de vue être considérée comme l 'introduction d'une nouvelle spéculation), on se trouvait, au début des années 70, dans une situation où le besoin d'agronomes et d'économistes de "synthèse" se faisait fortement sentir. On attendait d'eux une évalua-tion de la rentabilité des innovaévalua-tions et les condiévalua-tions de leur vulga-risation.

La création du Ministère de la Recherche Scientifique et l'action originale qu'il devait mener en vue de maitriser l'orientation des progralllTies vers les problèmes du développement, ont permis

d'expli-citer ces besoins et d'établir sur une base claire, les principes d'un

développement des recherches en économie rurale. La méthode de

program-mation des recherches mi se en oeuvre, s'inspire des méthodes de

ges-tion par objectifs. Elle repose sur une i dentifi cati on des différents

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ni veaux de recherches ( progranme, opérations, actions) et 1 eur description standardisée qui permet de connaitre l'articulation qui existe entre elles, ainsi que leur relation avec le développement et avec la formation, leur coût, leur durée, leurs produits, ce qui faci 1 i te 1 e di a 1 ogue entre chercheurs et uti 1 i sateurs des recherches. Les propositions d'orientation résultent alors d'une confrontation

organisée entre les chercheurs et les utilisateurs de leurs produits.

Cette méthode a permis de passer progressivement d'une programmation par "institut" à une programmation par thème coordonnant des équipes

appartenant à des institutions différentes. Elle a facilité, tout en

l 'accélérant, la programmation de la formation des chercheurs nationaux. Elle a enfin inévitablement abouti à une restructuration

institutionnelle, en faveur des organisations nationales. L'expérience ivoirienne de programmation de la recherche, n'est certes pas à l'abri

des critiques, mais elle représente un exemple assez rare où la

maitrise de l'appareil de recherche a pu être obtenue sans les à-coups

successifs qui ont coûté si cher à bien d'autres pays africains.

Dans ce contexte, il est possible de dater la naissance d'une

recherche organisée en économie rurale en Côte d'Ivoire et de se

référer, si on le voulait, à des textes qui en jalonnent les

fonde-ments. Au départ la décision est prise d'organiser de les recherches relatives au développement agricole.

s'inquiétaient alors (1972) :

manière cohérente Les responsables

11

- des écarts importants entre les résultats obtenus par la

recherche agronomique en station et en milieu paysan;

- des incertitudes quant aux systèmes d'exploitation à préco-niser selon les régions;

- des inadaptations ou des imperfections de certaines

formules de vulgarisation ;

- des réticences de certaines catégories de population ou

de certains groupes régionaux aux actions proposées" (1).

L'analyse de la situation en 1973 permettait d'identifier

deux causes essentielles:

( 1) Comptes~rendus des réunions ad-hoc du Mini stère de la Recherche

(10)

- 8

-"D'une part la méconnaissance des données fondamentales d'un milieu humain diversifié

D'autre part la méconnaissance des effets réels de l'intro-duction d'un thème ou d'une culture nouvelle dans le système de

produc-tion antérieur".

Or, des programmes de recherches existaient dont 1 es

résul-tats étaient susceptibles d'apporter des réponses à certaines

préoc-cupations des organismes d'intervention, et, un potentiel de chercheurs

était susceptible d'être développé et progressivement orienté vers des opérations de recherche reliées aux problèmes du développement. C'est

ainsi que naissait l'idée d'une coordination et du développement de l'ensemble de ces recherches. Elle devait être mise en oeuvre à partir de 1974 dans le cadre du Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales (CIRES), appartenant à l'Université.

Il existait, en effet, à l'Université une volonté de quelques enseignants d'intégrer par la recherche, les réalités du développement

agricole. Cette volonté s'était traduite par la création du CIRES en 1971. Une pareille volonté n'avait pu encore se manifester auprès de l'enseignement supérieur agronomique de création trop récente.

Ainsi, on peut constater en Côte d'Ivoire que l'éclosion de

la recherche en économie et sociologie rurales a été favorisée par l'existence d'une agriculture et d'une recherche agronomique dynami-ques. Mais la recherche organisée, dans ce domaine, est essentiellement

le fruit d'une volonté politique, exprimée à travers l'action

planifi-catrice du Ministère de la Recherche Scientifique qui a misé sur le dé-veloppement d'une structure nationale.

2. La mise en place progressive des moyens et, des programmes '

Au départ, il semblait que la simple coordination du poten-tiel de recherche existant devait suffire. Il fallait alors assurer les liaisons entre les chercheurs, les organismes de recherches, les

orga-nismes d'intervention et les administrations intéressées; apporter aux

chercheurs dispersés un appui méthodologique et scientifique indispen-sable; contribuer, en liaison étroite avec le Ministère de la

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En réalité, deux constatations s'imposaient rapidement. D'une part, un certain nombre de recherches réalisées par le petit groupe de chercheurs expérimentés implantés dans des structures relativement fa-vorables (ORSTOM) ne demandaient qu'un simple effort d'information réciproque et de concertation en vue de la définition d'objectifs répondant aux priorités du développement. Par contre, il était néces-saire de créer un nouveau secteur de recherches orienté vers l 'étude des systèmes de production (1).

I 1 faut noter qu'à 1 'époque en Côte d'Ivoire, 1 a fonction d'agro-économiste était encore pratiquement absente dans les diverses structures de développement. Elle s'est depuis, largement répandue (2). Il était possible, pour développer ce nouveau secteur de recherches, de faire appel aux chercheurs expatriés en constituant ra-pidement une équipe de trois à cinq chercheurs qui aurait pu s'avérer, a priori, satisfaisante pour l'obtention dans des délais raisonnables des résultats significatifs. les responsables de la Recherche Scienti-fique ont préféré, par une politique vigoureuse de formation à l'étran

-ger, accompagnée d'un encadrement d'étudiants en fin de cycle, assuré par les chercheurs existants, constituer le plus rapidement possible une équipe nationale.

Cette démarche, malgré ses risques, avait pour avantage d'im-pliquer plus directement les responsables de la recherche dans la cons-titution d'une équipe nationale, plutôt qu'une simple sous-traitance à une équipe étrangère qui est encore de pratique fréquente.

(1) Un seul chercheur avait été récelTITlent implanté par le GERDAT pour mener ce type de travaux.

(2) Sur la fonction de l'économiste agricole dans les diverses

instan-ces directement intéressées au développement rura 1 on peut constater

schématiquement qu'elle a évolué progressivement depuis celle d'expert auprès des organismes de financement, on son rôle est essentiellement l'élaboration et le calcul économique des projets vers celle d'observa-teur, d'analyste, voire de conseil en gestion auprès des organismes chargés de la mise en oeuvre de la politique agricole.

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10

-La mise en place consécutive d'un statut du chercheur et le financement régulier du CIRES par le Ministère de la Recherche, ont favorisé la création de cette équipe nationale en évitant de la soumet-tre trop largement aux effets d'un financement extérieur toujours variable et conditionnel.

En ce qui concerne 1 es progra1T111es à mettre en oeuvre, i 1 s devaient avoir pour qualités essentielles :

- la pertinence par rapport à la nature des problèmes posés, - leur adéquation à la fonction sociale attendue de la recherche,

- leur capacité à offrir un cadre satisfaisant à la formation de jeunes chercheurs à partir des réalités de leur pays.

Sur chacun de ces aspects, il est maintenant relativement aisé de mesurer l'écart entre le réel et la perception qu'on pouvait en avoir au moment de leur élaboration. On peut ainsi mieux apprécier le choix qui a été fait, dans la pratique, d'une orientation par touches successives à partir des programmes existants et en dialogue permanent avec 1 es différents partenaires i mp 1 i qués dans 1 e développement agri-cole.

En 1974, même si un séminaire tenu à Yamoussoukro et réunis-sant les différents acteurs du développement agricole, insiste sur la nécessité d'un développement intégré à tous les niveaux, la dynamique de la production repose d'abord et toujours sur l'expansion des cultu-res d'exportation. La crise mondiale qui s'accompagne dans une première phase d'un accroissement sensible des prix des principaux produits d'exportation, café et cacao notamment, ne fait qu'accentuer cette ten-dance jusqu'en 1978, malgré un essai pour en corriger ses conséquences. Les moyens font ensuite en partie défaut et ne permettent pas une adap-tation de l'agriculture aussi rapide que voulue aux nouvelles condi-tions économiques générales.

Les conséquences du mode d'expansion des productions d' expor-tations en Côte d'Ivoire peuvent être analysées à quatre niveaux prin-cipaux qui sous-tendent chaque fois les interrogations qui ont conduit à la mise en place des recherches en économie et sociologie rurales et orientent les progralTllles.

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La première conséquence du développement des cultures d'ex-portations dans le contexte ivoirien, est l'accroissement corrélatif de la population active agricole. Cet accroissement est dû soit à l'ins-tallation de nouvelles exploitations colonisant les espaces libres (plantation de café, de cacao, de coton), soit à l'accroissement du salariat aussi bien dans les structures existantes, que par la création des plantations industrielles, dans les zones forestières notamment. Cette faculté qu'a eu jusqu'à présent la Côte d'Ivoire de mobiliser

autant de main d'oeuvre (1) que l'exigeait le développement des

produc-tions sur un territoire encore peu peuplé, explique pour une large part

le fai b 1 e accroissement des rendements et de 1 a productivité du

tra-vail. Elle explique aussi l I inquiétude des responsables de voir se

maintenir, voire se creuser l'écart entre les résultats obtenus en milieu contrôlé, et ceux enregistrés dans le milieu paysannal. D'où la demande pour l'étude des conditions de l'adoption des innovations.

Une deuxième conséquence de l'expansion des cultures de rente résulte principalement de leur localisation. Implantées dans les zones agronomiquement les plus favorables, elles apportent aux planteurs des revenus généralement plus réguliers et plus élevés et elles favorisent aussi le peuplement, donc les investissements collectifs et l'améliora-tion générale des condil'améliora-tions de vie. Le souci de compenser les

dispari-tés régionales conduit alors à souhaiter la mise au point de systèmes

de production adaptés à chaque région, dans lesquels on voit le moyen de favoriser un développement plus harmonieux.

La troisième conséquence est très liée à la prem1ere, mais concerne le développement des productions vivrières. S'il reste vrai que les productions d'exportation concurrencent les productions vivriè-res dans la mobilisation des vivriè-ressources disponibles, les effets de cette concurrence se manifestent de manière particulière tant que les

(1) De 1965 à 1975, la population agricole de la Côte d'Ivoire est

pas-sée de 3 548 000 à 4 542 372 ; l'indice de la valeur de la production

des produits d'exportation par rural passe de 100 à 162, quant à la

production vivrière par rural, elle passe de 100 à 111. Sources : Cahiers du CIRES n° 17 et 27.

(14)

12

-ressources ne sont pas saturées. On constate en effet que le mode de production le plus fréquent des cultures d'exportation entraine l'accroissement consécutif des cultures vivriires, dans la mesure o~ les techniques de plantation d'une part, l'autosubsistance des familles des planteurs d'autre part, nécessitent la mise en place de telles cultures. Cela explique sans doute qu'étant donné le rythme élevé des p 1 antations aucune cri se grave d I

approvisionnement des vi 11 es ne se soit encore produite, malgré une forte urbanisation. Mais cela explique aussi une inadaptation croissante des systimes de production vivriers aux systimes de consommation. La localisation des productions vivriires et leur structure n'obéissent que faiblement aux incitations du marché intérieur, elles résultent encore fortement de la dynamique des productions d'exportation. Dans bien des cas, en effet, {la banane plantain, par exemple), elles en demeurent le simple sous-produit.

Une telle situation était faiblement ressentie en 1974, mais la méconnaissance des conditions de mise en marché des productions tra-ditionnelles était telle, qu'elle justifiait la mise en place d'un progran111e particulier de recherche, axé au départ sur l'analyse de la colllllercialisation des produits vivriers.

Il est possible de considérer enfin qu'une quatriime consé-quence du développement privilégié des cultures d'exportation est d'avoir créé toute une série de références qui s'avirent inadéquates quand elles sont appliquées aux cultures vivriires. Les structures in-dustrielles, les blocs de culture, l'encadrement technique et financier tris étroit des producteurs s'avirent des procédés efficaces pour des productions dont on maitrise parfaitement le marché jusqu'au port ou à l'usine. Elles perdent toutes leurs vertus dans le cadre d'un marché ~ational étroit et mal connu. L'impuissance souvent manifestée des

res-ponsables de la production devant ce phénomine, n'a pas encore suscité la mise en place d'un progran111e de recherche cohérent. C'est pourtant l'occasion de mettre en évidence la nécessité de prendre en considéra-tion l'ensemble de la politique agricole et de fixer à la recherche en économie rurale sa véritable ambition, celle de proposer une compréhen-sion globale du modile de développement rural ivoirien.

(15)

Il faut remarquer en effet que l'Etat est l'acteur principal du développement agricole et que l'expression des besoins de recherche vient presqu'exclusivement des agents de l'Etat. La perception qu'ils ont des problèmes répond le plus osuvent à leur préoccupation irrmédiate de mettre en p 1 ace de nouveaux modes de production. La recherche doit certes les y aider, mais elle doit aussi, et surtout, mettre à jour et exp 1 i quer les différentes 1 ogi ques de fonctionnement des agricultures paysannes confrontées aux logiques des différentes interventions qui les transforment, l'évolution des rapports entre l'Etat et le Paysan pouvant être considérée cormne 1 'élément caractéristique central du développement rural. Cette démarche est d'autant plus nécessaire, dans un pays cormne la Côte d'Ivoire, qu'il se donne les moyens d'une ré-flexion fréquente sur l'avenir de l'agriculture à l'occasion de divers séminaires.

Dans ce contexte, les programmes de recherche chosis devaient aussi et doivent toujours, constituer le cadre favorable à la formation des chercheurs. Nous aurons l'occasion d'y revenir plus loin.

En pratique, 1 a procédure de programmation des recherches mise en oeuvre par le Ministère de la Recherche, a permis dans un pre mier temps un inventaire précis de l'existant et le regroupement pro-gressif autour de trois thèmes qui vont constituer l'ossature des progra1T111es. Le premier intéresse l 1évolution et la transformation des systèmes et structures de production. Le second a pour objectif l'ana-lyse du marché intérieur des produits agricoles. Le dernier, rassemble les recherches relatives aux différentes formes et modalités du déve-loppement.

Le trait cormnun de ces progranmes est de privilégier la connaissance du milieu paysannal. Ils répondent, dans leur mise en oeu-vre, aux préoccupations irm,édiates des organismes de développement. La structure d1 un progra11111e sur 1 es systèmes de production, par exemple, comprend la description des systèmes existants, dans une région, l 'ana-lyse du fonctionnement de systèmes particuliers, souvent choisis avec les responsables du développement, l'élaboration de modèles ou de pro-positions répondant à des préoccupations particulières.

(16)

14

-L'évaluation régulière des résultats à l'occasion des com-missions annuelles réunissant, sous l'autorité du Ministère de la Recherche Scientifique l'éventail des utilisateurs de la recherche, a joué un rôle primordial dans l'ajustement des progralllYles et des moyens. Elle a aussi été un stimulant à la publication, donc à la diffusion des résultat. Les séminaires inter-institutionnels, puis internationaux, tout en manifestant la réalité des recherches, ont peu à peu pris le relais de ces commissions et constituent maintenant les étapes d'une évaluation permanente indispensable au développement d'une recherche de haut niveau.

3. Les principaux résultats : la construction d'une recherche nationale en économie rurale en Côte d'Ivoire.

En 1974, il y avait en Côte d'Ivoire, cinq chercheurs expa-triés dont l'activité était essentiellement sinon exclusivement, orien-tée vers l'étude des problèmes du développement agricole. En 1982, il y avait encore cinq chercheurs expatriés, mais en plus douze chercheurs ivoiriens en place au CIRES ou à 1 'ORSTOM. A cet effectif il faut ajou-ter la prise en charge annuelle de cinq à dix étudiants de 3ème cycle agronomes ou économistes, l'existence d'un potentiel de dix chercheurs ivoiriens travaillant au CIRES dans d'autres secteurs que l'agricul-ture. Ce potentiel doit en grande partie son existence au développement de la cellule "agro-économie". Quant aux chercheurs en formation à

l'étranger, ils sont en 1982 au nombre de 35.

Ces chiffres soulignent 1 'importance de l'effort qui a été réalisé. Au cours de cette période, la production scientifique ne pou-vait certes pas être d'une qualité irréprochable, elle ne poupou-vait pas non plus répondre à tous les besoins exprimés à la fois. Cependant, la publication régulière des Cahiers du CIRES, qui avaient pour règle de publier les résultats des travaux effectivement réalisés en Côte d'Ivoire, suffit à montrer le dynamisme de l'organisation mise en place. Les Cahiers du CIRES ont joué un rôle déterminant dans la mise en place d'une recherche nationale. Ils sont les seuls à rassembler les travaux réalisés en Côte d'Ivoire dans le domaine économique et social. Ils ont contribué de manière décisive à la reconnaissance internatio-nale du CIRES et par voie de conséquence à son soutien scientifique et financier.

(17)

Plusieurs séminaires organisés par le CIRES ont permis la mise en forme et surtout la publication de résultats significatifs dans des domaines aussi actuels que les problèmes fonciers, la main d'oeuvre agricole, le développement des produits vivriers. Le CIRES est devenu peu à peu un lieu de rencontre et une force de proposition à l'occasion par exemple du séminaire organisé en mai 1982 sur les cultures vivrières.

Mais, sans doute, le résultat qui, à long terme, apparaitra co1T111e essentiel est l'effort original de formation auquel il a contri-bué. Le CIRES, en effet, ne s'est pas contenté de résoudre ses propres problèmes de formation, il a pris en charge, en relation étroite avec l'ENSA d'Abidjan, l'Université et les Ecoles étrangères, nota1T111ent françaises, l'encadrement scientifique des étudiants de 3ème cycle (DEA, DAA, Master) effectuant un stage de longue durée sur le terrain.-Cela exige le dialogue permanent avec les structures de développement, avec lesquelles sont définis des sujets de mémoire qui répondent en mê-me temps aux préoccupations des responsables du développemê-ment et aux exigences de la conduite des programmes de recherche. Mais cet effort a

sans doute également joué un rôle dans l'adaptation permanente des

pro-gra1T111es aux réalités ivoiriennes en même temps qu'elles ont permis à de futurs cadres (environ 35 de 1975 à 82) de s'initier à l'approche scientifique des problèmes auxquels ils seront ensuite confrontés. C'est là une contribution notable de la recherche au développement qui est trop souvent négligée ai 11 eurs. Il faut souhaiter que cette fonc-tion se développe et s'améliore.

Pour conclure cette première partie il faut replacer, dans

une perspective plus large, le phénomène d'émergence en Côte d'Ivoire d'une recherche organisée en sciences sociales appliquée aux problèmes du développement rural. Si on le compare, par exemple, à celui qu'on a pu observer en France il y a un quart de siècle, avec la création d'un

département d'Economie et Sociologie Rurales, au sein de l'Institut

National de la Recherche Agronomique, on peut constater une certaine

similitude dans les causes en même temps que de profonds écarts dans

(18)

16

-Au niveau des causes, il faut rappeler qu'après la seconde guerre mondiale l'agriculture française a d'abord dû faire face à une situation de pénurie au cours de laquelle à peu près toutes les propo-sitions d'améliorations techniques au niveau des exploitations agri-coles pouvaient se traduire par une amélioration du revenu des agricul-teurs. Puis vers les années 1955-60, une situation d'abondance relative posait à la Recherche Agronomique le problème du choix entre les diffé-rentes innovations utiles. On s'est tourné alors vers l'économiste à qui on demandait de comprendre l'économie paysanne afin de mieux orien-ter les recherches et d'élaborer des conseils de gestion pour une meil-leure utilisation du progrès technique. En Côte d'Ivoire, on peut admettre que c'est surtout après une phase d'application de la recher-che agronomique dans le cadre de projet dont le débouché principal était l'approvisionnement des marchés internationaux, que le problème de l'adéquation du progrès technique au mode de production paysannal a

été posé. Le constat d'échecs répétés a nécessité l'examen des condi-tions économiques et sociales de la production.

Mais la comparaison s'arrête là. En effet, il existait en

France une pensée, des concepts, des méthodes en économie rurale qui s'étaient développés au carrefour des problèmes spécifiques du secteur agricole et de la science économique et sociale, nationale et interna-tionale. Le lieu privilégié de cette activité était l'Université ou les Grandes Ecoles, en particulier les Ecoles Nationales Supérieures Agro-nomiques. Il a donc été facile de développer rapidement un potentiel de recherche qui a pu bénéficier de surcroit d'un contact direct avec

une profession agricole dynamique, organisée, consciente de l'éclairage que pouvait lui apporter la recherche dans la résolution de ces problè-mes. Ailleurs, dans d'autres pays développés, l'Université a depuis longtemps participé à la réflexion sur les problèmes généraux de l'éco-nomie agricole.

En Côte d'Ivoire et

-

1"1

us généra 1 ement dans beaucoup de pays en développement, l'activité de la recherche en économie et sociologie rurales est née d'une prise de conscience récente de l'Etat et des appareils de la Recherche Agronomique, avant que l'Enseignement ou les organisations professionnelles ne constituent un terrain favorable à son développement. Il en résulte des difficultés particulières pour la construction d'un potentiel de recherche qui soit efficace, autonome et

(19)

II - LA MISE EN PLACE DIFFICILE D'UNE RECHERCHE EFFICACE ET AUTONOME L'analyse précédente a permis de montrer, sur un exemple pré-cis, convnent une recherche nationale en économie rurale a pu commencer à exister dans un pays en voie de développement. Nous voudrions mainte-nant discuter des conditions générales de mises en place d'une telle recherche, en examinant successivement les difficultés rencontrées pour fonder les travaux sur le plan théorique, la manière dont les cher-cheurs peuvent répondre à la demande sociale, la place que peut occuper la recherche en économie et sociologie rurales au sein des institutions de recherche, d'enseignement ou de développement. Enfin, nous verrons comment une véritable coopération scientifique peut l'aider à apporter sa contribution à l'accumulation scientifique et au développement.

1. Une théorie du développement ••• ?

Les fondements de l'investigation scientifique pourraient être : pas de recherche sans hypothèse, pas d I

hypothèse sans théo-rie ..• Ces propositions nous invitent à réfléchir alors à la place que doit occuper la réflexion théorique dans la construction d'une recher-che dans 1 es pays en voie de développement. Les chercheurs peuvent-ils, pour asseoir leurs travaux, compter sur un corps théorique déjà élaboré? Autrement dit, quelle théorie du développement vont-ils pou-voir tester? Sur quels soubassements ont-ils ou vont-ils appuyer leurs premiers travaux?

Il est tentant, ·et dans un premier temps, logique que les chercheurs africains en économie rurale s'inspirent des théories exis-tantes, qui sous tendent peu ou prou les choix économiques arrêtés par leurs propres pays. Cette démarche, indispensable quand elle permet à la réflexion d'opérer un détour productif vers l'élaboration d'une théorie du développement adaptée, devient insuffisante si elle se limi-te à la transposition pure et simple des problématiques élaborées ail-leurs, dans des conditions historiques et économiques différentes.

(20)

18

-Aussi aurions-nous tendance à renvoyer dos à dos les modèles

de développement à 1 'usage du Tiers-Monde, bâtis sans nuance sur le libéralisme ou le marxisme. Ces doctrines, issues l'une et l'autre de l'expérience du développement industriel des pays européens nous

paraissent plus projetées qu'adaptées aux caractéristiques du dévelop-.

pement de l'Afrique, pour l'instant essentiellement agricole.

Deux exemples nous permettront d' i 11 ustrer notre propos. Si l'on prend le cas du commerce international des produits de base,

cer-tai,ns préconisent une libération totale des échanges, au nom de la

théorie des avantages comparatifs. C'est une des idées défendues par le

rapport de la Banque Mondiale sur le développement des pays

sub-sahariens, paru en 1981. Les auteurs de ce texte et leur chef de file, Elliott BERG, soutiennent ainsi un mode de développement des pays du Tiers Monde, basé sur les prémisses d'une théorie dont l'application aurait assuré la croissance des pays occidentaux. En pratique, on sait quels effets pervers ont actuellement pour les pays africains l'appli-cation stricte de ces principes.

A l'inverse, les tenants de la mise en place d'économies cen-tralisées dans les pays en voie de développement pour favoriser leur bond en avant ont souvent oublié le contexte humain de leur production agricole. Ils ont mal apprécié les contraintes que ce genre d'organisa-tion imposerait aux paysans, principaux acteurs du développement, et qui entraine finalement son rejet.

Une théorie du développement devrait, par conséquent, venir de ceux qui vivent, souvent difficilement, la progression de leurs

pays. Cette idée a d'ailleurs été exprimée à diverses reprises par les·

intellectuels africains. Récemment encore, elle a été affirmée avec force par l'élite des économistes agricoles de l'Afrique de l'Ouest, à Abidjan (1). Ils ont aussi reconnu en toute humilité, qu'il leur res-tait beaucoup à faire dans---ce domaine.

(1) Congrès de l'Association Ouest-Africaine des Economistes Agricoles,

(21)

Nous ne croyons pas en effet qu'il existe une théorie

perti-nente du développement. En son absence et en attendant qu I

e 11 e soit élaborée progressivement, les chercheurs devraient naturellement s'ins-pirer des doctrines existantes, mais en ménageant les conditions opti-males d'émergence d'une théorie adaptée. Cela exige d'avoir une conscience très forte de la rel ati vi té des théories économiques et de tirer de leur connaissance les fondements d'une réflexion renouvelée. Enfin, nous pensons qu'ils devraient parallèlement s'attacher à une minutieuse analyse des faits, qui leur fournirait le point d'ancrage nécessaire. Une référence excellente de ce type de démarche nous semble être celle de Gilbert ETIENNE, telle qu'elle est présentée dans son dernier ouvrage "Développement rural en Asie".

D'un point de vue opérationnel les réflexions qui précèdent montrent qu'il est souhaitable de rechercher une certaine diversité des

filières d'enseignement permettant aux chercheurs de profiter, sur le

plan théorique, d'une "fertilisation croisée". La solidité de l'ensei-gnement reçu peut être assurée par une formation longue; son efficaci-té devrait provenir d'un engagement précoce dans l'activiefficaci-té de

recher-che. Ces deux propositions en apparence contradictoires peuvent en

réalité être combinées dans un système qui prévoierait pour les

cher-cheurs un travail de terrain préalable à la mise en route de leur for-mation de 3ème cycle. Une telle xpérience a été réalisée au CIRES avec un certain succès. On a constaté que le chercheur, abordant la prépara-tion de sa thèse après avoir eu une expérience concrète de recherche dans son pays, était mieux à même d'apprécier l'intérêt des enseigne-ments qui lui étaient dispensés et se révélait capable d'avoir le recul nécessaire dans leur utilisation, en particulier en ce qui concerne les fondements théoriques de ses travaux.

2. La réponse des chercheurs en économie et sociologie rurales à la demande sociale.

Un des prob 1 èmes 1 es p 1 us difficiles à résoudre pour une recherche en sciences sociales en construction est celui de son

articu-lation à la demande sociale et à ses médiateurs. Son financement

ren-contre également des obstacles difficiles à contourner. Nous examine

-rons, au travers de 11

expérience i voi ri enne, 1 es conditions concrètes

d'intervention d'une activité de recherche en économie rurale dans un

(22)

20

-La recherche en sciences sociales peut se définir par rapport aux besoins exprimés par la société, mais aussi, en tant que discipli-ne, à partir de 1 a construction de ses propres objets de recherche ; dans les pays du Tiers-Monde, particulièrement, il est d'une nécessité vitale pour elle qu'elle apporte une réponse à la demande sociale, mais il est important que son champ d'intervention ne s'y limite pas, comme on va le voir. Pour délimiter le problème, nous essaierons de définir les besoins de recherche, et de reconnaitre les médiateurs qui les expriment. Enfin, nous préciserons quelle peut être la stratégie de la recherche pour y répondre, tout en atteignant ses propres objectifs.

On peut classer les besoins de recherche en deux catégories selon la façon dont ils sont pris en charge par la société. Au-delà des besoins réels, qu'il est difficile de caractériser objectivement, on peut penser qu'il existe des besoins perçus par tel ou tel acteur social, et des besoins exprimés de façon explicite, c'est-à-dire se concrétisant par une demande d'étude ou de recherche financée. Le passage de la première à la seconde de ces catégories résulte souvent d'un compromis d'intérêts entre les divers acteurs sociaux concernés. Ce mécanisme, très général, prend une dimension particulière dans les pays en voie de développement. Dans ces pays, en effet, la recherche en économie et sociologie rurales s'insère plus directement dans le processus de développement agricole.

Dans le cas d'un projet de développement agricole régional, la décision de sa mise en oeuvre passe le plus souvent par l'analyse d'études de faisabilité auxquelles les organismes de recherche peuvent théoriquement prendre part. La demande d'études est faite par les

Ministères concernés ou leurs agences de développement, qui sont habi- ·

tuellement des Sociétés d'Etat qui le conçoit, c'est le bailleur de fonds qui impose presque toujours la forme des études préalables voire le thème lui-même, c'est-à-dire sa vision des choses. C'est ainsi que pendant une assez longue période en Côte d'Ivoire, la dimension socio-économique des études de faisabilité n'arrivait pas à s'exprimer auprès

d'eux : elle était systématiquement sous-estimée, à cause de la

confiance qu'avaient les financiers internationaux dans la validité à

priori de tel ou tel modèle technique de développement qu1

ils souhai-taient promouvoir.

(23)

Une majorité d'études et de recherches socio-économiques sont produites par ce genre de mécanismes dans les pays du Tiers-Monde. Le ressort principal de leur mise en oeuvre parait être l'existence d'un financement, l'objectif qu'elles poursuivent devenant souvent secondai-re. Comment alors situer un effort naissant de recherche nationale?

Il peut, tout d'abord, essayer de satisfaire les besoins explicités sous la forme décrite ci-dessus. C'est la voie choisie par certains Instituts de recherche. Ils jouent alors le rôle de bureau d'études pour les Ministères ou les Sociétés de Développement. Mais l'expérience montre qu'ils doivent rapidement abandonner l'objectif de participer à l'accumulation scientifique, car leurs moyens et leurs compétences sont trop restreintes pour tout mener de front. De plus, ils entrent en concurrence avec des sociétés d'études étrangères géné-ralement bien implantées et doivent par conséquent jouer la carte de l'efficacité à court terme, ce qui signifie l'abandon de toute maitrise des programmes de recherche et rend difficile une politique de forma-tion des chercheurs.

Une telle fonction ne devrait être remplie qu I avec prudence, c'est-à-dire, pour une part limitée des capacités de recherche et dans la mesure ou les études envi sages contribuent directement à l'avancement des programmes choisis. L'idéal en effet est de définir ses propres programmes en les modulant sur les besoins perçus (voir réels, dans notre classification) indépendamment de ceux qui sont exprimés et financés. Cette option est difficie à prendre. Elle est d' ai 11 eurs pratiquement irréaliste, s I il n'existe pas, pour la soutenir, une structure intermédiaire - qui peut être le Ministère chargé de la recherche - et des moyens de financement appropriés. Elle peut aussi être ressentie douloureusement par les chercheurs nationaux, qui doivent ainsi accepter volontairement une certaine limitation de leurs interventions, voire une relative marginalité. Ceci dans un contexte où le rôle spécifique de la recherche en sciences sociales est rarement bien compris des autres acteurs du développement.

(24)

22

-Pour dépasser le repli sur soi qui pourrait engendrer cette situation, les chercheurs disposent de deux moyens. D'une part, au moment de défi ni r leurs programmes de recherche, ils doivent susciter l'expression de tous les aspects de la demande sociale, par le biais de co11111issions mixtes chercheurs-utilisateurs. Le dialogue qui en résulte permet aux chercheurs de placer 1 eur prob 1 émati que au sein des ques-tions fondamentales de développement. De 1 'autre, les Instituts de recherche peuvent jouer un rôle non négligeable dans la formation, par la recherche, des cadres du développement. Ils réalisent ainsi une

11

accumulation11

humaine, qui peut être pour eux la source d'économies externes positives pour le futur.

En conclusion, pour favoriser son insertion dans les sociétés qui , •·entoure, un jeune Institut de Recherches en sciences sociales devrait adopter une stratégie lui donnant la maîtrise totale de ses progra11111es de recherche, tout en entretenant le maximum de contacts avec les acteurs du développement. Se pose alors le problème de la place des sciences sociales, non plus dans ses rapports avec la socié-té, mais au sein même du dispositif de recherche-développement.

3. L'insertion institutionnelle.

L'objectif de la recherche en économie et sociologie rurales est de contribuer à résoudre les problèmes économiques et humains du développement agricole. Son efficacité nécessite donc une insertion appropriée dans le système d'enseignement, de recherche et de vulgarisa tion du secteur agricole.

Nous avons vu plus haut que dans les pays développés, la recherche en économie et sociologie rurales est fille de 1 'enseigne-ment, aussi bien dans le système anglo-saxon, où ce sont les Universi-tés qui ont créé les centres de recherches, que dans la tradition fran-çaise, où ils ont pris leur essort à partir de l'enseignement supérieur agricole. Actuellement, les modalités de son organisation en dérivent encore largement. C'est ainsi que les Universités conservent toujours un rôle prédominant aux Etats-Unis dans la recherche en économie rura-le, alors que leur place est relativement effacée en France. Par con-tre, la recherche organisée par l'appareil d'Etat joue un grand rôle dans ce pays avec l'INRA, mais existe aussi Outre-Atlantique avec l 'USDA. Il est rare toutefois que les organisations professionnelles agricoles interviennent directement dans ce secteur.

(25)

Dans les pays africains, ces divers types d'organisation ont

été repris en fonction de la tradition léguée par l'ancienne métropole

: au Nigéria, par exemple, la recherche en économie agricole est

conduite par les Universités, alors que ce sont généralement des

Instituts relevant directement du gouvernement qui en ont la charge

dans les pays francophones. Cette projection, par les anciens

colonisa-teurs, de leurs propres structures de recherches et leur maintien par

les Etats indépendants ne résulte donc pas du souci d'arriver à

l'effi-cacité maximale. Chacun de ces modes d'organisation présente des

avan-tages spécifiques que nous allons définir.

Mais avant de développer cette discussion, il nous faut

expliquer pourquoi l'articulation directe de la recherche en Sciences

Sociales aux organismes de développement est très rare en Afrique et

pourquoi ce type de structure parait peu crédible. Nous l'avons vu,

dans les pays développés, la profession agricole a exceptionnellement

mis en place son propre système de recherche {citons au début du siècle

le cas de l'Union des Paysans Suisses, sous l'impulsion du Professeur

LAUR). Dans les pays africains, il n'existe pas d'organisations de

producteurs. Les Sociétés d'Etat, qui en tiennent lieu, n'ont pas

davantage cherché à développer des activités de ce type, ce qui semble

indiquer le caractère peu opérationnel de l'insertion de recherches à

finalité économique et sociale au sein d'organismes de production

agricole. Les Sociétés de Développement Agricole ont leur

problèmatique, leurs objectifs ; elles s'accomoderaient difficilement

de l'indépendance fonctionnelle qui doit nécessairement entourer

l'activité de recherche.

C'est cette indépendance qui est en principe assurée par

l'insertion des orga.nismes de recherche en sciences sociales dans les

Universités ou dans les Instituts de Recherche Agronomique d'Etat. Mais

au-delà de cette caractéristique fondamentale, quels sont les avantages

(26)

24

-L'intérêt d'être directement relié à la recherche agronomique

réside, pour une cellule de recherche en économie et sociologies

rura-les, dans la possibilité que cela lui donne dtapprécier à sa juste

valeur la dimension technique des problèmes qu'elle traite. Par exem-ple, la confrontation i11111édiate des problématiques avec des chercheurs

de toute discipline et en particulier avec les agronomes de synthèse

est un élément de succès des recherches sur les systèmes de production.

Par contre, l'inconvénient majeur de ce sytème provient du caractère

souvent étroit que donnent certains responsables des disciplines

agro-nomiques au champ des recherches en économie rurale, celles-ci devant essentiellement servir, selon eux, à valider leurs propres travaux.

Cette conception peut handicaper sérieusement l'expansion de recherches

en sciences sociales, au moins dans la phase de démarrage.

Avec les universités, les difficultés sont autres : elles

tiennent surtout à la mauvaise perception des problèmes concrets de

développement qu'ont les universitaires. Cette faiblesse, classique

dans les universités afr-icaines de tradition française, se retrouve

aussi ailleurs en Afrique de l'Ouest. Le risque est alors grand pour un

organisme de recherche inséré dans une telle structure de voir son

intérêt pour l'analyse des faits s'amenuiser progressivement. En

contrepartie, les avantages qu'appportent une liaison étroite avec les

universités sont importants. Au lieu d'être considérée ailleurs comme

une discipline secondaire, l'économie rurale devient une branche à part entière de la science économique (ceci vaut naturellement pour la sociologie rurale). Cette insertion institutionnelle permet également

aux chercheurs de bénéficier plus facilement des acquis théoriques ou

méthodologiques réalisés par leurs collègues leurs résultats de

recherche deviennent directement transmi ssib 1 es par la formation des

étudiants.

Dans les conditions que nous connaissons dans les pays en

développement la localisation d'une cellule de recherche en économie et

sociologie rurales, au carrefour de l'Université et de la Recherche

Agronomique, apporterait le maximum d'avantages aussi bien en vue

d'as-surer une insertion concrète des recherches auprès de structures

d'en-cadrement de l'agriculture, que dans la nécessité d'intégrer les

(27)

qui avait été retenue par les responsables de la recherche scientifique ivoirienne lors de la création de la cellule "agro-économie" du CIRES. L'importance que revêtait, pour le développement de ses travaux, la place stratégique qu'elle occupait a été mise en lumière lorsque pour des raisons institutionnelles, le CIRES s'est éloigné de la recherche agronomique et a été trop exclusivement rattaché à l'Université. La perturbation qui en est résultée dans le fonctionnement de cette cellu-le, jusqu'alors satisfaisant, s'est traduite progressivement par un contact moins étroit avec les réalités du développement agricole, ce qui pourrait illustrer notre thèse. Toutefois, une bonne articulation de la recherche avec le développement et l'enseignement ne suffit pas si les relations internationales ne sont pas convenablement maitri-sées.

4. Autonomie et coopération internationale.

Une recherche efficace, capable de répondre de la manière la plus adéquate aux problèmes qui lui sont posés, en effet, a besoin d'un minimum d'autonomie. C'est-à-dire une bonne maitrise de ses programmes. Cette maitrise est essentielle à l'accumulation scientifique elle-même, seule capable d'engendrer la production indispensable de méthodes adaptées aux conditions particulières du Pays et susceptible aussi de favoriser progressivement 1 'élaboration d'une pensée originale qui ne soit plus la simple réplique des modèles importés.

L'autonomie de la recherche a été longue à acquérir dans les pays développés. Elle est toujours l'objet d'une lutte incessante, face aux pouvoirs de toutes sortes. Dans les pays en développement, elle constitue une véritable gageure.

Dans le cas spécifique de l'Economie Rurale, la conquête de l'autonomie est rendue plus difficile encore, que ce soit vis à vis des sciences agronomiques et surtout des pouvoirs de décision. Par rapport aux sciences agronomiques, l'économie rurale a la responsabilité d'ou-vrir le champ des investigations au-del à du seul acte de production pour l'élargir à l'ensemble des phénomènes susceptibles d'expliquer les conditions du développement agricole, et d'établir le pont avec l'en-semble des autres disciplines des sciences sociales.

(28)

26

-Au regard des pouvoirs de décision, l'autonomie des recher-ches en sciences sociales et par conséquent de l'économie rurale, est encore plus délicate à conquérir. Parce que son objet traite naturelle-ment des rapports sociaux, elle peut conduire à faire apparaitre la réalité sous un éclairage qui n'est pas toujours celui souhaité par le pouvoir. Dans les pays développés, ce type de difficulté a pu engendrer historiquement un blocage des institutions de recherche, voire même leur suppression temporaire. Dans les pays en développement il est certain qu'une telle perspective peut constituer un frein puissant à l'expression libre des chercheurs, s'il n'existe pas un certain nombre

de conditions favorables, au contraire, à l'épanouissement de

l'activi-té de recherche.

Parmi ces conditions, il faut distinguer celles qui relèvent du pays intéressé et celles qui sont consécutives à l 1indispensab1e· et inévitable coopération internationale.

Dans le pays lui-même, une recherche a quelque chance de s I

autonomi ser si d I

abord peut être constitué un potentiel suffisant, une masse critique, nécessaire au minimum d'échange scientifique, prin-cipal stimulant de l'activité d'un chercheur. Dans le domaine de l'éco-nomie rurale on peut estimer que cette masse critique est de l'ordre de 10 à 15 chercheurs nationaux.

Il faut, parallèlement, que s'établissent des rapports de confiance entre le pouvoir et les chercheurs. Ces rapports sont facili-tés, à notre avis, s'il existe une sécurité minimum d'emploi, un dialo-gue organisé avec le développement et une évaluation scientifique sans concession.

La sécurité de l'emploi ne veut pas dire fonctionnarisation à vie du chercheur. Il est bon, au contraire, qu'un chercheur, s'il le désire puisse facilement émigrer vers des fonctions plus directement productives. Mais il est indispensable qu'il soit assuré dans l'exerci

-ce de sa fonction, d'un minimum de considération, équivalente au moins

à celle qui est reconnue à un enseignant. D'ailleurs, un statut unique

(29)

(

Le dialogue avec le "développement" est la condition d'une bonne adéquation de la recherche aux réalités nationales. Ce dialogue, dans la plupart des cas ne peut être assuré qu'avec l'aide du pouvoir politique, tant que n'existe pas une véritable organisation

profession-nelle agricole. Que serait la recherche agronomique dans les pays

déve-loppés sans l'incessant mouvement des idées entre les chercheurs et la

multiplicité des organisations qui encadrent Ja production agricole.

Enfin, il n'y a pas de véritable recherche si n'existe pas un

contrôle permanent du niveau des connaissances et des méthodologies.

Cela suppose une politique active des publications, une confrontation

fréquente et directe avec les scientifiques d'une même discipline, un

échange actif avec la communauté scientifique internationale. Le danger

d'une équipe de recherches, aussi bien que des enseignants supérieurs

d'un pays aux dimensions modestes est, en effet, d'accepter pour

réfé-rence la comparaison avec les seuls chercheurs ou les seuls enseignants

nationaux, car très vite les critères de référence quittent le seul

domaine professionnel.

Mais il faut bien l'admettre, avant même de satisfaire à ces

conditions et pour y répondre de manière satisfaisante, il faut que

soit mise en oeuvre une coopération internationale renouvelée. Les

défauts de la coopération telle qu'elle est généralement pratiquée,

constituent en effet autant d'obstacles supplémentaires à la

construc-tion d'une autonomie indispensable de la recherche et donc à son

effi-cacité. Brièvement énoncés, les principaux inconvénients de la

coopéra-tion s'appellent : brièveté et inconstance de l'aide, inadéquation de

la formation et ce qui en découle le plus souvent orientation des

recherches au profit des bailleurs de fonds.

La brièveté et l'inconstance de l'aide s'opposent à la longue

durée nécessaire à la construction d'un potentiel de recherche

effica-ce. Il faut dix ans au moins pour constituer une équipe de recherche autonome aussi bien dans un pays développé qu'a fortiori dans de plus

mauvaises conditions. Or, il est rare qu I

une ai de à des programmes de

recherche en économie rurale dépasse deux, trois voire cinq ans sans

modifications profondes dans l'origine, le montant et l'orientation des

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