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Associations entre les symptômes dépressifs, les habitudes et les comportements alimentaires et l'indice de masse corporelle chez la femme

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Academic year: 2021

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JULIE MALTAIS-GIGUERE

ASSOCIATIONS ENTRE LES SYMPTOMES

DÉPRESSIFS, LES HABITUDES ET LES

COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES ET L'INDICE

DE MASSE CORPORELLE CHEZ LA FEMME

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en nutrition

pour l'obtention du grade de Maître es Sciences (M.Sc.)

DEPARTEMENT DES SCIENCES DES ALIMENTS ET DE NUTRITION FACULTÉ DES SCIENCES DE L'AGRICULTURE ET DE L'ALIMENTATION

UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC

2012

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RÉSUMÉ

Dans un contexte où la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité est élevée, la préoccupation à l'égard du poids est très répandue, et ce, particulièrement chez les femmes. Les conséquences du surpoids sur la santé en font un enjeu majeur de santé publique. En lien avec la problématique du poids, la présence de symptômes dépressifs est également un enjeu important étant donné la prévalence élevée de la dépression, de ses impacts sur la santé et de la vulnérabilité des femmes. Ces deux problématiques pourraient aussi avoir des impacts non négligeables sur les habitudes et les comportements alimentaires. Ce mémoire est consacré à une description plus exhaustive de ces problématiques. Dans le but de fournir un portrait plus précis des femmes préoccupées par leur poids et/ou démontrant des symptômes dépressifs, l'objectif principal du projet de recherche présenté est de mieux comprendre les associations entre les symptômes dépressifs, les habitudes alimentaires, les attitudes et comportements alimentaires et l'indice de masse corporelle chez cette clientèle.

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ABSTRACT

In a context of a high prevalence of overweight and obesity, the preoccupation about weight is widespread, especially among women. The consequences of overweight on health are a major public health concern. In addition to this problem, the presence of depressive symptoms is also important given the high prevalence of depression, its impacts on health and women's vulnerability. These problems can also have significant impacts on food intake and on eating behaviors and attitudes. The purpose of this work is to establish a more complete description of these issues. In order to provide a more specific picture of women with a preoccupation about their weight and/or with depressive symptoms, the main objective of this research project is to assess associations between depressive symptoms, food intake, eating behaviors and attitudes, and body mass index among this population.

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AVANT-PROPOS

Ce mémoire est le résultat de mes études supérieures en nutrition. D consiste en une description de la problématique de recherche et de la présentation des principaux résultats obtenus sous la forme d'un article scientifique. Cet article scientifique sera soumis pour publication dans une revue scientifique. Ce projet de recherche visait la caractérisation des profils psychologique et alimentaire des femmes préoccupées par leur poids et/ou démontrant des symptômes dépressifs, et s'inscrivait dans un projet de recherche plus large portant sur l'évaluation de l'implantation et des impacts du programme « Choisir de maigrir? ».

Cette publication est le fruit d'une collaboration entre les membres des équipes de recherche des chercheuses, Dre Véronique Provencher et Dre Catherine Bégin de l'Université Laval. En tant qu'auteure principale de cet article, j'ai travaillé à la collecte, à la saisie, à l'analyse et à l'interprétation des données, ainsi qu'à l'entière rédaction de ce manuscrit. Toutes ces étapes ont été réalisées en collaboration avec l'ensemble des coauteures de cet article.

Je tiens tout d'abord à remercier ma directrice de recherche, Dre Véronique Provencher, pour m'avoir accepté au sein de son équipe. Sa grande disponibilité, son écoute, sa confiance, sa rigueur et ses conseils ont été très appréciés tout au long de ma maîtrise. Sa curiosité et sa passion m'ont également inspirée. Un immense merci!

Je tiens aussi à dire un gros merci à ma codirectrice de recherche, Dre Catherine Bégin, pour son expertise, ses conseils et sa disponibilité qui ont été d'une très grande aide.

Je remercie également Dre Simone Lemieux pour avoir accepté d'évaluer mon mémoire et pour m'avoir transmis l'intérêt de la problématique reliée au poids corporel lors de son cours au baccalauréat en nutrition.

Je tiens aussi à remercier Mylène et Mélodie pour leur immense travail dans la réalisation de ce projet de recherche. Nous avons formé une excellente équipe!

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IV

Je remercie aussi tous mes ami(e)s de l'INAF, sans qui les études de 2e cycle auraient été très différentes. Merci pour les moments de détentes et de rires!

Sur un plan plus personnel, je tiens à remercier mes parents, Lise et Michel, ainsi que ma sœur, Joanie, pour leur soutien et leurs encouragements tout au long de mes études. Je remercie énormément mon copain, Vincent, qui a su m'écouter, me supporter et m'encourager. Merci d'être présent et d'embellir mes journées!

Finalement, je tiens à remercier le Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) pour son soutien financier lors de mes études supérieures. Je remercie également les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et la Fondation des maladies du cœur pour leur soutien financier au projet de recherche. Pour l'obtention de bourses pour assister à des congrès scientifiques, je remercie l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), ainsi que la Société québécoise de lipidologie, de nutrition et de métabolisme (SQLNM).

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé i Abstract ii Avant-propos iii Table des matières vii Liste des tableaux ix Liste des abréviations xi Chapitre I : Introduction générale 1

Chapitre II : Problématique 5

1. Problématique reliée au poids corporel 5 1.1 Définition de l'excès de poids et de l'obésité selon l'indice de masse corporelle....5

1.2 Prévalence de l'excès de poids et de l'obésité 6 1.3 Facteurs impliqués dans le développement de l'excès de poids et de l'obésité 7

1.4 Impacts de l'excès de poids et de l'obésité sur la santé 8 1.5 Préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle 9

1.5.1 Définition de la préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle 9 1.5.2 Prévalence et implications de la préoccupation à l'égard du poids et de l'image

corporelle 10 2. Problématique reliée de la présence de symptômes dépressifs 11

2.1 Définition de la santé mentale 11 2.2 Définition de la dépression, des symptômes dépressifs et de la détresse

psychologique 12 2.3 Mesures de la présence de symptômes dépressifs 13

2.4 Prévalence de la dépression et des symptômes dépressifs 13 2.5 Impacts de la dépression et des symptômes dépressifs sur la santé 14

3. Lien entre l'IMC et la dépression 16 3.1 Description du lien entre l'IMC et la dépression 16

3.2 Facteurs pouvant expliquer l'association entre l'IMC et la dépression 17

4. Habitudes et comportements alimentaires 18 4.1 Définition et outils de mesure des habitudes alimentaires 19

4.2 Associations entre les habitudes alimentaires et l'IMC 20 4.3 Associations entre les habitudes alimentaires et les symptômes dépressifs 21

4.4 Définition et outils de mesure des comportements alimentaires 22 4.5 Associations entre les comportements alimentaires et l'IMC 24 4.6 Associations entre les comportements alimentaires et les symptômes dépressif s.. 25

5. Mise en contexte, objectifs et hypothèses 28

Chapitre III : Symptômes dépressifs et habitudes alimentaires chez des femmes préoccupées par leur poids : Est-ce que les attitudes et comportements alimentaires et

l'IMC sont des médiateurs de cette association? 31

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V l l l

2. Abstract 33 3. Introduction 34 4. Material and methods 36

4.1 Participants 36 4.2 Study design 37 4.3 Measures 37

4.3.1 Depressive symptoms 37

4.3.2 Food intake 37 4.3.3 Eating behaviors and attitudes 38

4.3.4 Anthropometric measurements ; 39

4.4 Statistical analyses 39

5. Results 40 6. Discussion 42

6.1 Limitations and strengths 44

6.2 Conclusions 45 7. References 51

Chapitre IV : Conclusion 55 Bibliographie des Chapitres I, II et IV 61

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LISTE DES TABLEAUX

Chapitre II

Tableau 1. Classification du statut pondéral selon ÎTMC et du risque pour la santé associé

à chaque catégorie d'IMC 6

Chapitre III

Table 1. Characteristics of women included in the study (n = 323) 47 Table 2. Differences for food intake, eating behaviors and attitudes, and BMI among

women presenting lower or higher levels of depressive symptoms 48 Table 3. Summary statistics for multiple regression analyses predicting energy intake and

savoury foods with eating behaviors and attitudes as a mediator (n = 242) 49 Table 4. Summary statistics for multiple regression analyses predicting energy intake with

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

Abréviations françaises

CdeM? Choisir de maigrir?

DSM-IV Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (4e édition)

DSM-IV-TR Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (4e édition révisée) ESCC

ECMS FFQ IMC OMS

Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes Enquête canadienne sur les mesures de la santé Questionnaire de fréquence alimentaire

Indice de masse corporelle

Organisation mondiale de la Santé

Abréviations anglaises

ANOVA Univariate analyses of variance BDI Beck Depression Inventory BMI Body mass index

CES-D Center for Epidemiologic Studies Depression Rating Scale FFQ Food-frequency questionnaire

HAES Health At Every Size IES Intuitive Eating Scale

MANOVA Multivariate analyse of variance TFEQ Three-Factor Eating Questionnaire

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CHAPITRE I : INTRODUCTION GÉNÉRALE

La nutrition est une discipline dans le domaine de la santé qui a pour buts la promotion, le rétablissement et le maintien de la santé, tant auprès des individus que des communautés. Ces larges objectifs se traduisent par l'implication de cette discipline auprès de problématiques très variées, telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers, les maladies respiratoires, l'obésité et la malnutrition. Les diététistes-nutritionnistes travaillent également en interdisciplinarité avec les autres professionnels de la santé.

Un exemple de problématique où l'interdisciplinarité est importante est toute la question entourant le poids corporel. Dans un contexte où la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité est élevée, les conséquences du surpoids sur la santé, à la fois physiologiques et psychosociales, sont importantes et justifient la nécessité de se préoccuper de la problématique reliée au poids corporel dans notre société. En effet, la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité est préoccupante étant donné qu'en 2004, 36,1 % des Canadiens présentaient un excès de poids, tandis que 23,1 % étaient obèses, et que cette prévalence a augmenté comparativement aux données recueillies entre 1978 et 1979 (1). L'excès de poids et l'obésité sont de plus associés à de nombreuses conséquences sur la santé, comme une prévalence accrue de maladies cardiovasculaires, d'hypertension, de dyslipidémies, de diabète de type 2 et de certains types de cancers (2). Des conséquences sur la santé psychosociale sont également observées et sont en lien avec l'idéal de minceur qui est véhiculé dans la société nord-américaine (2). Une préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle est également très répandue, et ce, particulièrement chez les femmes (3-5). Les diététistes-nutritionnistes ont donc un rôle majeur à jouer dans cette problématique étant donné leur expertise par rapport à l'alimentation. Toutefois, une collaboration avec d'autres professionnels de la santé, comme les médecins, les kinésiologues et les psychologues, est nécessaire afin d'optimiser nos interventions.

En lien avec cette problématique reliée au poids corporel, la problématique reliée à la présence de symptômes dépressifs attire également l'attention des professionnels de la santé. En effet, la prévalence élevée de la dépression et ses nombreux impacts sur la santé

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mettent en évidence l'importance que l'on doit accorder à cette maladie. Par exemple, le risque de présenter un trouble dépressif majeur au cours de la vie est de 10 à 25 % chez les femmes et de 5 à 12 % chez les hommes (6). De plus, un niveau élevé de détresse psychologique a été recensé chez 23,4 % des adultes québécois, et ce, de façon plus importante chez les femmes (7). La dépression et la présence de symptômes dépressifs sont associées à de nombreuses conséquences sur la santé psychosociale, comme une diminution de la qualité de vie et des difficultés dans les relations intimes et sociales (6, 8), en plus de certains impacts sur la santé physiologique (6).

Des similitudes ont été observées entre la problématique reliée au poids corporel et celle reliée à la présence de symptômes dépressifs, telles que des impacts similaires sur la santé et la vulnérabilité des femmes (9). Ainsi, plusieurs chercheurs se sont intéressés à l'évaluation d'un lien entre l'indice de masse corporelle (IMC) et la dépression. Ces chercheurs se sont également attardés à l'identification des facteurs possibles pouvant expliquer l'existence d'un tel lien.

Par contre, étant donné l'hétérogénéité existante chez les personnes avec un excès de poids ou étant obèses, il est important de se demander comment intervenir auprès de cette clientèle. Du point de vue de la diététiste-nutritionniste, il est important de s'intéresser aux impacts de la problématique reliée au poids corporel et de celle reliée à la présence de symptômes dépressifs sur des facteurs comme les habitudes et les comportements alimentaires. De nombreuses études (p.ex. (9-13)) se sont intéressées à l'évaluation des associations entre l'IMC, la présence de symptômes dépressifs, les habitudes et les comportements alimentaires, mais peu d'études ont évalué l'ensemble de ces facteurs au sein d'un même projet de recherche. Dans nos interventions auprès des personnes préoccupées par leur poids et/ou démontrant des symptômes dépressifs, il est important de se demander s'il est préférable de cibler les habitudes alimentaires, ou d'autres facteurs comme les comportements alimentaires. L'identification des associations entre tous ces facteurs pourrait permettre de mieux comprendre les interrelations entre ceux-ci, et ainsi d'obtenir un portrait plus précis de cette clientèle.

Pour répondre à cette problématique, les travaux présentés dans ce mémoire visent une amélioration des connaissances scientifiques dans le domaine de la saine gestion du poids,

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et plus précisément concernant la caractérisation des profils psychologique et alimentaire des femmes qui sont préoccupées par leur poids et/ou démontrant des symptômes dépressifs. Ce mémoire est structuré de la façon suivante. Le Chapitre II présente les différents thèmes associés au contexte du projet de recherche faisant l'objet de ce mémoire, c'est-à-dire la problématique reliée au poids corporel, la problématique reliée à la présence de symptômes dépressifs, les liens existants entre l'IMC et la dépression, puis les habitudes et les comportements alimentaires. Les résultats du projet de recherche sont ensuite présentés au Chapitre III sous la forme d'un article scientifique qui sera soumis pour publication dans une revue scientifique. Cet article porte principalement sur la description des associations entre les symptômes dépressifs, les habitudes alimentaires, les attitudes et comportements alimentaires et l'IMC chez des femmes qui désirent participer au programme « Choisir de maigrir? ». Enfin, le Chapitre IV présente une brève conclusion des principaux résultats obtenus lors du projet de recherche en lien avec la problématique de l'étude. Quelques implications et perspectives futures de ces résultats seront également présentées pour compléter cet ouvrage.

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CHAPITRE II : PROBLÉMATIQUE

1. PROBLÉMATIQUE RELIÉE AU POIDS CORPOREL

1.1 Définition de l'excès de poids et de l'obésité selon l'indice de masse corporelle

Dans un contexte où la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité est élevée et où l'on parle même d'une épidémie mondiale d'obésité, plusieurs instances gouvernementales et de santé publique s'intéressent à la problématique reliée au poids corporel et à ses impacts sur la santé (2). Au Canada, des lignes directrices pour classifier le poids des adultes canadiens (18 ans et plus) ont été définies en 2003 (14). L'objectif de cette classification est d'identifier les risques pour la santé associés au statut pondéral, tant d'un point de vue populationnel qu'individuel. Dans ce système de classification, deux mesures sont considérées : l'indice de masse corporelle (IMC) et le tour de taille. L'IMC est l'indicateur le plus utilisé et il est associé aux risques pour la santé reliés au poids corporel (14). Le tour de taille est quant à lui une mesure additionnelle pour évaluer les risques associés à un excès d'adiposité abdominale (14). Dans le cadre de ce mémoire, seul l'IMC sera considéré puisque c'est la seule mesure anthropométrique qui a été recueillie lors du projet de recherche présenté au Chapitre III.

La mesure de l'IMC tient compte à la fois du poids et de la taille puisqu'il se calcule en ■y

divisant le poids par la taille au carré (kg/m ). Cet indicateur est de plus associé à la masse adipeuse totale. Tel qu'illustré au Tableau 1, la classification de l'IMC se divise en quatre catégories dont chacune est associée à un risque relatif pour la santé. L'excès de poids se définit comme un IMC entre 25,0 et 29,9 kg/m2 et l'obésité est caractérisée par un IMC supérieur ou égal à 30,0 kg/m .

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Tableau 1. Classification du statut pondéral selon l'EMC et du risque pour la santé associé à chaque catégorie d'IMC

Classification Catégorie de l'IMC (kg/m2)

Risque de développer des problèmes de santé

Poids insuffisant < 18,5 Risque accru

Poids normal 18,5-24,9 Moindre risque

Excès de poids 25,0 - 29,9 Risque accru

Obésité >30,0

Obésité classe I 30,0 - 34,9 Risque élevé Obésité classe II 35,0 - 39,9 Risque très élevé Obésité classe III >40,0 Risque extrêmement élevé Source : Santé Canada. Lignes directrices canadiennes pour la classification du poids chez les adultes. Ottawa, ON; 2003. (14)

1.2 Prévalence de l'excès de poids et de l'obésité

Au Canada, deux enquêtes nationales ont été réalisées dans le but d'évaluer la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité chez la population. L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2004 (1) et l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) de 2007 à 2009 (15) ont évalué cette prévalence à partir de poids et de tailles mesurés. L'utilisation de données mesurées permet d'obtenir un portrait plus juste de cette prévalence contrairement à l'utilisation de données autodéclarées qui sont associées à une sous-estimation du poids et à une surestimation de la taille (16).

Selon les données de l'ESCC (1), en 2004, 36,1 % des Canadiens présentaient un excès de poids, tandis que 23,1 % étaient obèses. Plus spécifiquement, 15,2% des Canadiens se retrouvaient dans la classe I de l'obésité, 5,1 % dans la classe II et 2,7 % dans la classe III. Ainsi, une majorité de Canadiens (59,1 %, soit 65,0 % des hommes et 53,4 % des femmes) se retrouvaient dans les catégories d'excès de poids et d'obésité, qui sont associées à une augmentation du risque de présenter des problèmes de santé. Il est également important de noter que comparativement aux données recueillies entre 1978 et 1979, la prévalence de l'obésité a considérablement augmenté (13,8 % contrairement à 23,1 % en 2004). La prévalence de l'excès de poids et de l'obésité obtenue dans l'ESCC est similaire à celle rapportée dans l'ECMS (15).

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Au Québec, selon les données recueillies dans l'ESCC (1), 34,5 % des Québécois présentaient un excès de poids, tandis que 21,8 % étaient obèses. Plus précisément, 41,2 % des hommes et 28,0 % des femmes présentaient un excès de poids, alors que 20,9 % des hommes et 22,7 % des femmes étaient obèses. Ainsi, la prévalence québécoise de l'excès de poids et de l'obésité était légèrement inférieure à la moyenne canadienne.

1.3 Facteurs impliqués dans le développement de l'excès de poids et de

l'obésité

En raison de la prévalence accrue de l'excès de poids et de l'obésité au courant des dernières années, il est important de s'intéresser aux différents facteurs impliqués dans leur développement. Essentiellement, le concept de bilan énergétique, c'est-à-dire l'équilibre entre l'apport énergétique et la dépense énergétique, est à la base des changements observés sur le poids corporel (17). Ainsi, un gain de poids menant à l'obésité est obtenu lorsqu'il y a un déséquilibre à long terme entre l'énergie consommée et l'énergie dépensée (17). Toutefois, des facteurs individuels et environnementaux peuvent influencer ce bilan énergétique.

Les facteurs individuels peuvent être divisés en deux catégories, soit les facteurs non modifiables et ceux qui sont modifiables. Les facteurs individuels non modifiables font référence à la prédisposition de certaines personnes à la prise de poids en raison de certains facteurs génétiques (18). Par contre, comme le génotype d'un individu ne se modifie que sur une très longue période, la génétique peut difficilement expliquer l'augmentation récente de la prévalence de l'excès de poids et de l'obésité (19). Des facteurs individuels modifiables et environnementaux, qui favorisent un bilan énergétique positif, semblent plus plausibles comme pistes d'explication (19). À ce titre, les facteurs individuels modifiables, tels que l'apport énergétique, la pratique d'activité physique, les préférences alimentaires et la relation avec la nourriture, ont tous un impact sur le bilan énergétique et ainsi sur la régulation du poids corporel (19). Quant à eux, les facteurs environnementaux font allusion, par exemple, à la transformation du système alimentaire qui a mené à une augmentation de l'accessibilité, tant économique que physique, à une offre alimentaire variée et abondante (19). Une augmentation de la grosseur des portions et du contenu en matières grasses, en

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sucres concentrés et en calories des aliments offerts sur le marché et dans les restaurants a également contribué à la création d'un environnement qui peut être qualifié de toxique (19). Les médias et le marketing de l'industrie alimentaire ont aussi un rôle à jouer dans la création d'un tel environnement. En somme, l'obésité comporte une étiologie complexe, ce qui explique pourquoi la régulation du poids corporel n'est pas toujours facile. Ainsi, l'obésité ne doit pas être considéré comme le résultat d'une gourmandise excessive, d'un manque de volonté ou encore d'une absence de la pratique d'activité physique (2). Il semble donc important de tenir compte de cette complexité lors des interventions auprès des personnes ayant un problème lié à leur poids corporel.

1.4 Impacts de l'excès de poids et de l'obésité sur la santé

Tel qu'indiqué au Tableau 1, l'excès de poids est associé à un risque accru de développer des problèmes de santé. Les différentes classes d'obésité sont quant à elles respectivement associées à un risque allant d'élevé à extrêmement élevé pour la santé. Dans un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) portant sur la prévalence, les conséquences et la prévention de l'obésité, la mortalité et les problèmes de santé associés à l'excès de poids et à l'obésité ont été décrits (2). Par exemple, on note une prévalence accrue de maladies cardiovasculaires, d'hypertension, de dyslipidémies, de diabète de type 2, de résistance à l'insuline, de certains types de cancers, de maladies de la vésicule biliaire, de problèmes respiratoires dont l'apnée obstructive du sommeil, et de problèmes ostéo-articulaires tels l'arthrose et la goutte (2). Toutefois, en raison d'une hétérogénéité au sein des personnes présentant un surpoids, il est important de noter que certaines d'entre elles ne développeront pas de problèmes de santé associés à cet excès de poids (20, 21). En effet, un sous-groupe des personnes présentant un surpoids ne semble pas présenter de désordres métaboliques, ce qui pourrait s'expliquer entre autres par une faible adiposité abdominale et un niveau d'activité physique élevé (21). Ainsi, en plus du calcul de l'IMC, la mesure du tour de taille, qui est un indice spécifique à la présence de masse adipeuse au niveau abdominal, devrait être prise afin d'identifier de façon plus précise le risque pour la santé qui est associé à la présence du surpoids (21).

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En plus des problèmes de santé de nature physiologique, l'excès de poids et l'obésité sont également associés à certains problèmes psychosociaux, comme une faible estime de soi, une insatisfaction par rapport à son image corporelle et une qualité de vie plus faible (2, 22). Ces problèmes psychosociaux sont entre autres associés à la discrimination et à la stigmatisation à l'égard du poids corporel (2). En effet, Sobal et Stunkard (23) ont identifié en 1989 la discrimination envers les personnes obèses comme étant le «dernier préjugé socialement acceptable ». Plus récemment, les travaux de Puhl et Heuer (24) ont mis en évidence la présence fréquente de discrimination et de stigmatisation auprès des personnes obèses lors de relations interpersonnelles, par exemple avec la famille, les amis et certains professionnels de la santé, et lors de différentes étapes de la vie, comme à l'école et au travail. La présence de cette discrimination et de cette stigmatisation est préoccupante étant donné son association à un risque accru de dépression et d'anxiété, à une estime de soi plus faible, à une insatisfaction à l'égard de son image corporelle, à des comportements alimentaires problématiques et à une diminution de la pratique d'activité physique (24).

1.5 Préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle

1.5.1 Définition de la préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle

La problématique reliée au poids corporel est une préoccupation majeure dans notre société en raison de son impact sur la santé, comme il en a été mention dans les sections précédentes, mais également pour des considérations sur les plans esthétique et psychosocial. En effet, la société nord-américaine voue un idéal au culte de la minceur et de la beauté (25). Contrairement à l'obésité, il n'existe, actuellement, aucun consensus auprès de la communauté scientifique quant à la définition de la préoccupation à l'égard du poids. Par contre, il a été suggéré que l'on parle de préoccupation à l'égard du poids lorsqu'« une personne, ayant ou non un surplus de poids, est à ce point préoccupée par son poids que cela porte atteinte à sa santé physique et mentale » (26). Pour évaluer cette préoccupation, certains indicateurs ont été utilisés, comme la satisfaction à l'égard de son image corporelle ou de son poids et le désir de changer de poids (3-5).

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1.5.2 Prévalence et implications de la préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle

La préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle est présente dans la population depuis de nombreuses années (4, 5). Par exemple, les résultats d'une enquête canadienne réalisée entre 1986 et 1992 a mis en évidence la présence d'une prévalence élevée de l'insatisfaction par rapport au poids corporel et du désir de perdre du poids, et ce, peu importe la silhouette (5). Cette prévalence est d'ailleurs plus importante chez les femmes que chez les hommes (5). De plus, les résultats de l'Enquête sociale et de santé auprès de la population québécoise réalisée en 1998 révèlent que 34 % des hommes et 53 % des femmes désirent perdre du poids (4). La préoccupation à l'égard du poids semble ainsi largement répandue, et ce, de façon plus marquée chez les femmes. Plus spécifiquement, 47 % des femmes ayant un poids normal et plus de 85 % de celles qui sont obèses désirent perdre du poids (4). De plus, la principale raison qui est évoquée par les femmes pour maigrir est dans le but d'améliorer son apparence (4).

En lien avec les résultats de ces enquêtes, un sondage réalisé en 2007 rapporte que 73 % des Québécoises désirent maigrir, et ce, peu importe leur silhouette (3). Selon ce même sondage, 62 % des femmes rapportent qu'elles ressentent une pression sociale pour être minces et pour perdre du poids, tandis que 37 % rapportent ressentir de l'anxiété lorsqu'elles pensent à leur poids. De surcroît, 56 % des femmes affirment penser à leur poids régulièrement et 22 % indiquent que la gestion de leur poids domine leur vie (3). Selon l'Enquête québécoise sur la santé de la population, lorsque la mise en pratique de ce désir de perdre du poids est évaluée, on observe que les femmes sont en effet plus nombreuses que les hommes à avoir tenté de perdre ou de maintenir (contrôler) leur poids sur une période de six mois (27). Cette enquête confirme également que les tentatives de perte de poids sont plus nombreuses à mesure que l'IMC augmente.

Ces résultats sont préoccupants puisqu'ils dénotent l'importance que les femmes accordent à leur poids corporel et au moindre kilo jugé en trop. L'écart croissant entre la norme sociale et la réalité a donc pour conséquence qu'une proportion élevée de personnes éprouvent une insatisfaction marquée à l'égard de leur poids et de leur image corporelle (26). De surcroît, les femmes obèses présentent davantage d'insatisfaction par rapport à leur

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11 image corporelle que celles non obèses (28). Cette insatisfaction est de plus associée chez les femmes à l'utilisation de méthodes de perte de poids présentant un risque pour la santé, à certains comportements alimentaires comme la restriction, à des désordres alimentaires et à des répercussions au niveau psychologique telles que des symptômes dépressifs plus élevés et une estime de soi plus faible (26, 28). Cette insatisfaction et cette préoccupation à l'égard du poids corporel ont aussi un impact sur la détermination d'objectifs de perte de poids qui sont habituellement trop élevés et irréalistes. De tels objectifs ont d'ailleurs été associés à une détresse psychologique et à des comportements alimentaires dysfonctionnels chez un groupe de femmes préoccupées par leur poids (29).

En somme, la problématique reliée au poids corporel est complexe en raison de l'étiologie multifactorielle de l'excès de poids et de l'obésité et des nombreux problèmes de santé associés au surpoids, à la discrimination et à la stigmatisation, et à la préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle. La vulnérabilité des femmes à la préoccupation à l'égard du poids mérite également une attention particulière. Ainsi, la problématique reliée au poids corporel doit être considérée dans sa globalité, à l'instar de la définition de la santé qui fait référence à « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité » (30).

2 . PROBLÉMATIQUE RELIÉE DE LA PRÉSENCE DE SYMPTÔMES DÉPRESSIFS

2.1 Définition de la santé mentale

La santé mentale est une composante essentielle de la santé selon la définition de l'OMS, qui a été énoncée dans la section précédente. Cette définition implique donc que la santé mentale ne consiste pas seulement en l'absence de troubles ou de handicaps mentaux. La santé mentale est plutôt un état de bien-être qui fait en sorte que chaque personne peut se réaliser, surmonter les tensions de la vie quotidienne, s'engager dans un travail productif, nouer des relations harmonieuses avec autrui et contribuer à la vie de sa communauté (31, 32).

Au contraire, les troubles mentaux se définissent comme des affections significatives d'un point de vue clinique, qui se caractérisent par un changement du mode de pensée, de

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l'humeur (affects) ou du comportement, associées à une détresse concomitante ou à une altération des fonctions mentales, ou à un risque accru de décès ou de souffrir de douleur, d'un handicap ou d'une perte de liberté (6, 8, 32). Les principaux problèmes de santé mentale que l'on retrouve sont les troubles de l'humeur (p.ex. dépression), les troubles psychotiques (p.ex. schizophrénie), les troubles de la personnalité, les troubles anxieux, les troubles liés à l'alimentation (p.ex. anorexie et boulimie) et les troubles associés à la consommation de certaines substances, telles que l'alcool, les drogues et les médicaments (6).

2.2 Définition de la dépression, des symptômes dépressifs et de la détresse

psychologique

La dépression est une maladie mentale qui fait partie de la grande famille des troubles de l'humeur. Elle se caractérise par une modification profonde de l'humeur dans le sens de la tristesse, par une souffrance morale, par une perte d'estime de soi et par un ralentissement psychomoteur (33). La dépression s'accompagne généralement d'anxiété et elle entretient une impression d'impuissance globale chez la personne (33).

D'un point de vue clinique, selon le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR; 4e édition révisée) (6), le trouble dépressif majeur est caractérisé par un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs, c'est-à-dire une humeur dépressive ou une perte d'intérêt pendant au moins deux semaines associée à au moins quatre autres symptômes de dépression. Les autres symptômes de dépression sont un changement de l'appétit ou du poids, du sommeil et de l'activité psychomotrice; une réduction du niveau d'énergie; un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée; une difficulté à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions; des idées de mort récurrentes, idées suicidaires, plans ou tentatives de suicide (6).

La détresse psychologique est quant à elle le résultat d'un ensemble d'émotions négatives qui peuvent être associées à des symptômes de troubles mentaux, comme la dépression et l'anxiété (34). L'indice de détresse psychologique constitue une mesure non spécifique de l'état de santé mentale et est souvent utilisé dans les enquêtes nationales (34).

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2.3 Mesures de la présence de symptômes dépressifs

Plusieurs questionnaires ont été développés au courant des années pour évaluer la présence de troubles dépressifs dans la population. Dans la littérature scientifique, deux questionnaires sont habituellement utilisés : la 2e édition du Beck Depression Inventory (BDI) (35) et le Center for Epidemiologic Studies Depression Rating Scale (CES-D) (36). Ces outils de mesure des troubles dépressifs sont autoadministrés et ont comme population cible les adultes et les adolescents. Le BDI a pour objectif principal l'évaluation de la sévérité de la symptomatologie dépressive et a été développé en lien avec les critères de dépression du DSM-IV (4e édition) (35). Le CES-D évalue quant à lui la symptomatologie dépressive dans la population générale et les items qu'il contient sont des symptômes associés à la dépression (36). Plus un score élevé est obtenu à l'un de ces questionnaires, plus les symptômes dépressifs sont présents. Il est toutefois important de mentionner que l'obtention d'un score élevé n'indique pas un diagnostic de dépression, mais plutôt la présence de symptômes dépressifs. Pour obtenir un diagnostic de trouble dépressif, il faut plutôt se référer aux critères du DSM-IV-TR (6). L'évaluation diagnostique peut d'ailleurs être réalisée par un psychiatre, un psychologue ou un médecin de famille. Dans le cadre du projet de recherche présenté au Chapitre III, c'est le BDI qui a été utilisé pour évaluer la présence de symptômes dépressifs chez les participantes.

2.4 Prévalence de la dépression et des symptômes dépressifs

De façon générale, les troubles mentaux sont très courants puisque plus de 25 % de la population mondiale risque d'en souffrir un jour ou l'autre (8). Plus spécifiquement, la prévalence ponctuelle du trouble dépressif majeur est de 5 à 9 % chez les femmes et de 2 à 3 % chez les hommes (6). Le risque de présenter un trouble dépressif majeur au cours de la vie est quant à lui de 10 à 25 % chez les femmes et de 5 à 12 % chez les hommes (6). Ainsi, la prévalence de la dépression est plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

Au Canada, peu d'enquêtes ont été menées dans le but d'évaluer la prévalence de la dépression auprès des Canadiens. Les enquêtes menées se sont principalement attardées à l'évaluation de la détresse psychologique. Une enquête nationale (ESCC) portant sur la

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santé mentale et le bien-être a été réalisée en 2002. Les données concernant les adultes québécois soulignent que 71,8 % considèrent leur santé mentale comme étant très bonne ou excellente (7). Cette proportion est toutefois moins grande chez les femmes que chez les hommes (69,9 % pour les femmes contre 73,7 % pour les hommes). Un niveau élevé de détresse psychologique a été recensé chez 23,4 % des adultes québécois, et ce, de façon plus importante chez les femmes (7). Comparativement aux adultes des autres provinces canadiennes, les Québécois sont davantage portés à évaluer positivement leur santé mentale, mais un niveau élevé de détresse psychologique est plus souvent rapporté chez ceux-ci (7). Selon cette même enquête, 22,5 % des adultes québécois ont souffert au courant de leur vie d'un des cinq troubles mentaux étudiés (troubles de l'humeur (dépression et manie) et troubles anxieux (trouble panique, phobie sociale et agoraphobie)), tandis que la proportion est de 8,4 % au cours de l'année précédent l'enquête (37). Ces proportions étaient encore une fois plus élevées chez les femmes que chez les hommes. En accord avec les résultats obtenus dans l'enquête précédente, l'Enquête québécoise sur la santé de la population, réalisée en 2008, rapporte que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir un niveau élevé de détresse psychologique (34). La détresse psychologique est de plus associée à une insatisfaction à l'égard de sa vie sociale, à une perception moins bonne de sa santé, aux idées suicidaires sérieuses et aux tentatives de suicide (34). En somme, ces statistiques sont préoccupantes étant donné la prévalence élevée de troubles mentaux, mais également en raison de la vulnérabilité des femmes face à la dépression et à la détresse psychologique. Cette vulnérabilité des femmes semble s'expliquer par différents facteurs, tels que des changements hormonaux, des changements de l'axe hypothalomo-hypophyso-gonadique pouvant influencer certains neurotransmetteurs associés au contrôle de l'humeur et plusieurs aspects psychosociaux associés au genre féminin (38).

2.5 Impacts de la dépression et des symptômes dépressifs sur la santé

Les impacts de la dépression et des symptômes dépressifs sur la santé sont importants et non négligeables d'un point de vue de santé publique, étant donné les conséquences tant

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15 pour la personne atteinte que pour son entourage et sa communauté (8). Les troubles dépressifs se placent d'ailleurs au cinquième rang des causes de morbidité et au premier rang des causes d'incapacité (8). En plus de diminuer la qualité de vie, la dépression entraîne des difficultés dans les relations intimes et sociales (6, 8). Ces relations peuvent être affectées en raison des effets de la maladie elle-même, mais aussi à cause de la discrimination à l'égard de la personne dépressive (8). Le trouble dépressif majeur peut également entraîner des difficultés conjugales, comme un divorce, des difficultés professionnelles, telles qu'une perte d'emploi, et des difficultés scolaires, comme un absentéisme ou un échec scolaire (6, 8). Le trouble dépressif majeur est aussi associé à un abus d'alcool ou à d'autres substances (6). La conséquence la plus grave de ce trouble est la tentative ou le suicide « réussi » (6, 8). La dépression a également des impacts sur la santé physiologique et est associée à une augmentation de l'utilisation des services de santé (6). En effet, la dépression et la détresse psychologique sont associées à une augmentation du risque de maladies chroniques, comme le diabète de type 2 (39), l'hypertension (40) et plusieurs maladies cardiovasculaires (41-43).

En résumé, la prévalence élevée de la dépression et ses nombreux impacts sur la santé et sur différentes facettes de la vie mettent en évidence l'importance que l'on doit accorder à cette maladie. La vulnérabilité des femmes à la dépression et à la détresse psychologique mérite également une attention particulière. Or, la dépression est souvent perçue, à tort, comme étant moins importante que les maladies ayant des manifestations principalement physiques, comme l'obésité, les cancers et les maladies chroniques. Puisque certaines similitudes sont observées entre la problématique reliée au poids corporel et celle reliée à la présence de symptômes dépressifs, comme des impacts similaires sur la santé de façon globale et la vulnérabilité des femmes (9), il est important de se questionner sur l'existence d'un lien entre l'IMC et la dépression.

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3. LIEN ENTRE L ' I M C ET LA DÉPRESSION

3.1 Description du lien entre l'IMC et la dépression

Depuis plusieurs années, diverses études se sont intéressées à l'évaluation d'un possible lien entre l'IMC et la dépression. Deux types d'études ont été réalisés : des études transversales et des études longitudinales. Les études transversales sont des études d'associations, c'est-à-dire qu'elles consistent en l'évaluation de la présence de liens entre différentes variables (44). Ainsi, ces études mesurent des phénomènes donnés à un temps précis. On peut représenter ce type d'études par la prise d'une image ponctuelle. Ces études permettent donc d'évaluer la prévalence de phénomènes, mais elles ne permettent pas d'établir de lien de causalité entre les variables étudiées (44). Quant à elles, les études longitudinales consistent en un suivi dans le temps de la population en fonction de différentes variables (44). Ce type d'études permet donc de mesurer l'incidence de phénomènes et rend possible l'évaluation d'un lien de cause à effet entre les variables étudiées (44).

Les études qui ont évalué un possible lien entre l'IMC et la dépression se sont principalement intéressées à l'excès de poids et à l'obésité en association avec la présence de symptômes dépressifs ou de la dépression, et vice-versa. En raison des nombreuses études réalisées sur le sujet, des revues de la littérature et des méta-analyses ont été écrites dans le but de synthétiser et de regrouper les résultats. Selon les revues regroupant des études transversales, il existerait une association positive entre l'IMC et la dépression, suggérant qu'un IMC plus élevé est associé à la présence de dépression (45, 46). Les revues portant sur les études longitudinales rapportent la présence d'une association bidirectionnelle entre l'IMC et la dépression (9, 46-48). Ainsi, la présence d'un excès de poids ou d'obésité serait un facteur de risque du développement de symptômes dépressifs ou de la dépression à long terme. À l'inverse, la présence de symptômes dépressifs ou de la dépression serait un facteur de risque du surpoids à long terme. La notion de risque souligne l'existence d'une hétérogénéité au sein des personnes présentant un surpoids puisque certaines d'entre elles semblent présenter également des symptômes dépressifs. Cette hétérogénéité liée à la notion de risque est aussi présente chez les personnes présentant une dépression.

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3.2 Facteurs pouvant expliquer l'association entre l'IMC et la dépression

En plus de décrire la présence d'une association bidirectionnelle entre l'IMC et la dépression, plusieurs auteurs ont tenté d'identifier les facteurs qui pourraient expliquer pourquoi l'obésité peut mener à la dépression, et vice-versa. L'identification de tels facteurs pourrait permettre de mieux comprendre les personnes présentant un surpoids et/ou des symptômes dépressifs et ainsi de mieux intervenir auprès de celles-ci. Parmi les facteurs qui ont été identifiés comme ayant un rôle potentiel, il y en a qui sont de nature biologique et d'autres de nature psychosociale.

Un premier facteur de nature biologique serait l'observation d'une dérégulation de l'axe hypotalamo-hypophyso-surrénalien, qui est associé à la réponse au stress (9, 47, 48). Cette dérégulation serait observée à la fois chez les personnes obèses, que chez celles dépressives, ce qui expliquerait son identification comme facteur pouvant expliquer l'association bidirectionnelle entre l'obésité et la dépression (9, 47, 48). La présence d'un état inflammatoire, causé par l'excès de poids et l'obésité, serait un autre facteur biologique pouvant mener à la dépression à long terme puisqu'un tel état inflammatoire a déjà été associé à la dépression (9, 47, 48). L'obésité est également associée à la présence de certaines limitations et douleurs physiques, qui ont un impact par exemple sur la mobilité de ces personnes (9, 47, 48). De telles limitations peuvent avoir des répercussions sur la qualité de vie et ainsi être associées à la présence de symptômes dépressifs à plus long terme (9, 47, 48). La présence de discrimination, de stigmatisation et de préjugés envers les personnes avec un excès de poids ou étant obèses serait un autre facteur de nature psychosociale pouvant expliquer l'augmentation du risque de dépression chez ces personnes (9, 47, 48). En effet, de tels comportements sont associés à l'idéal de minceur auquel la société nord-américaine s'identifie et ont entre autres pour conséquence une insatisfaction par rapport à son image corporelle et une diminution de l'estime de soi, qui sont des facteurs de risque de la dépression (9, 47, 48). La pratique de régimes amaigrissants à répétition par les personnes présentant un excès de poids ou étant obèses peut également être un facteur expliquant le développement de la dépression chez certaines d'entre elles en raison du sentiment d'échec associé au non-succès de ces régimes (47).

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L'augmentation du risque de développer un excès de poids ou d'être obèse chez les personnes présentant des symptômes dépressifs peut être expliquée par différents facteurs. L'adoption de mauvaises habitudes de vie, telles que l'inactivité physique et les mauvaises habitudes alimentaires, par les personnes déprimées serait un facteur de risque de développer un surpoids à plus long terme (9, 47, 48). La présence de pensées négatives, d'un faible sentiment d'auto-efficacité et d'un faible support social, qui sont associés à la dépression, ne constituent pas des facteurs facilitant l'adoption de saines habitudes de vie, ce qui pourrait avoir un impact sur le développement d'un surpoids à long terme (47). La présence de certains comportements alimentaires problématiques, tels que les rages alimentaires ou encore l'utilisation de la nourriture comme stratégie d'adaptation à une situation stressante émotionnellement, sont d'autres facteurs pouvant mener à la prise de poids à long terme chez les personnes déprimées (9, 47, 48). Finalement, l'utilisation de médicaments antidépresseurs par ces personnes a comme effet secondaire un gain de poids et peut ainsi mener au développement d'un excès de poids à long terme (9, 47, 48).

En somme, la littérature scientifique décrit la présence d'une association bidirectionnelle entre l'obésité et la dépression, ainsi que différents facteurs pouvant expliquer cette association. De plus, malgré la simplicité apparente du concept de bilan énergétique, la gestion du poids corporel est complexe et peut même l'être davantage pour les personnes présentant des symptômes dépressifs en raison de certains des facteurs pouvant expliquer l'association entre l'obésité et la dépression. Dans un contexte où la préoccupation à l'égard du poids corporel est fréquente, il semble important de s'intéresser aux associations entre la présence de tels symptômes dépressifs et des facteurs comme les habitudes et les comportements alimentaires. L'observation de tels facteurs pourrait aider les professionnels de la santé, dont les diététistes-nutritionnistes, à obtenir un portrait plus précis de cette clientèle.

4. HABITUDES ET COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES

Les habitudes et les comportements alimentaires sont des facteurs associés à la fois à la problématique reliée au poids corporel et à celle reliée à la présence de symptômes

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19 dépressifs puisque la présence de l'une ou l'autre de ces problématiques les influence. Dans cette section, les habitudes et les comportements alimentaires seront définis, les outils utilisés pour leur évaluation seront présentés et les liens avec ces deux problématiques seront décrits.

4.1 Définition et outils de mesure des habitudes alimentaires

Selon l'Office québécois de la langue française, le terme habitude alimentaire désigne un « choix récurrent que fait une personne, ou un ensemble de personnes, quant aux aliments qu'elle consomme, à la fréquence de leur consommation et à la quantité absorbée à chaque fois, et quant aux modes de consommation et de préparation de ces aliments et aux lieux où ils sont consommés » (49). Les habitudes alimentaires sont influencées par une multitude de facteurs, comme les facteurs sensoriels (p.ex. goût, texture, odeur, couleur), socioculturels, psychologiques, socioéconomiques, environnementaux et politiques (49). D'un point de vue nutritionnel, les habitudes alimentaires sont représentées par différentes variables, telles que l'apport énergétique, la consommation en macronutriments et en micronutriments, la consommation des différents groupes du Guide alimentaire canadien et la consommation de certains groupes d'aliments (p.ex. aliments gras, aliments sucrés, boissons sucrées, boissons alcoolisées, etc.).

Que ce soit dans un contexte clinique ou d'un projet de recherche, les habitudes alimentaires peuvent être évaluées à l'aide de différents outils. Les principaux outils qui ont été développés sont le questionnaire de fréquence alimentaire (FFQ), le journal alimentaire et le rappel de 24 heures (50). Dans la littérature scientifique portant sur des études évaluant les habitudes alimentaires en association avec les symptômes dépressifs ou avec les comportements alimentaires, deux méthodes d'évaluation des habitudes alimentaires sont le plus souvent utilisées, soit le FFQ et le journal alimentaire. Le FFQ consiste en l'estimation de la fréquence de consommation par jour, par semaine, ou par mois de tous les aliments, ou de certains groupes d'aliments qui sont consommés (50). Cet outil a comme avantages une facilité d'administration pour le sujet et un faible coût pour les administrateurs (50). Quant au journal alimentaire, il consiste en la notation et la mesure de tous les aliments et

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boissons qui sont consommés sur une période de trois, cinq, ou sept jours, incluant au minimum deux journées de la semaine et une journée de la fin de semaine (50). Cet outil fait moins appel à la mémoire que le FFQ, ce qui rend son administration plus facile (50). Par contre, il est long à compléter, ce qui peut amener le sujet à être tenter de modifier ses choix alimentaires afin de faciliter la completion du questionnaire (50). Dans le cadre du projet de recherche présenté au Chapitre III, c'est un FFQ électronique qui a été utilisé pour évaluer les habitudes alimentaires des participantes sur une période de 30 jours. Ce FFQ a été développé et validé à l'Université Laval (51).

4.2 Associations entre les habitudes alimentaires et l'IMC

Plusieurs habitudes alimentaires ont été associées à l'IMC et plus précisément à l'excès de poids et à l'obésité. L'apport énergétique, une des variables résultant des habitudes alimentaires, est une composante clé du bilan énergétique. Tel que mentionné précédemment, le concept de bilan énergétique stipule que si l'apport énergétique est supérieur à la dépense énergétique à long terme, il en résultera un gain de poids (17). À l'inverse, si l'apport énergétique est inférieur à la dépense énergétique, une perte de poids sera observée (17). L'apport énergétique est fourni par les macronutriments, c'est-à-dire les lipides, les protéines et les glucides, qui fournissent l'énergie dont le corps a besoin. Les proportions en macronutriments varient d'une personne à l'autre et dépendent de nos habitudes alimentaires. Selon la littérature scientifique, des variations entre les proportions de lipides et de glucides ont été associées à l'IMC (52, 53). En effet, la consommation de lipides serait positivement associée à l'IMC, tandis que celle de glucides serait négativement associée à l'IMC (52, 53). Cette association inverse entre la consommation de glucides et l'IMC serait expliquée en partie par la consommation de fibres (53). De plus, il existerait une association inverse entre la consommation de grains entiers et l'IMC, mais il ne semble pas y avoir d'association avec ceux qui sont raffinés (53). D'autres études se sont également intéressées aux habitudes alimentaires qui auraient une influence sur l'apport énergétique, et ainsi sur le bilan énergétique. Dans une revue de la littérature sur le sujet, Greenwood et Stanford (54) ont identifié la consommation de fast-food, le fait de manger dans les restaurants, la consommation de grosses portions et la consommation de

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21 breuvages contenant du sucre ajouté comme des facteurs qui augmenteraient l'apport énergétique et ainsi entraîneraient un bilan énergétique positif. Ces habitudes alimentaires ont été associées positivement à l'excès de poids et à l'obésité (54). À l'inverse, d'autres habitudes alimentaires, comme la consommation de fruits et de légumes et la consommation d'un déjeuner équilibré de façon quotidienne, ont été associées négativement à l'excès de poids et à l'obésité (54). Ainsi, certaines habitudes alimentaires sont associées à l'apport énergétique et influencent le bilan énergétique et donc possiblement l'IMC.

4.3 Associations entre les habitudes alimentaires et les symptômes

dépressifs

En plus des associations avec l'IMC, certaines habitudes alimentaires sont associées à la présence de symptômes dépressifs. Selon Polivy et Herman (55), il existerait une association bidirectionnelle entre l'alimentation et la santé mentale. D'un côté, l'état psychologique pourrait influencer le choix et la quantité des aliments que l'on consomme et de l'autre, notre alimentation pourrait influencer notre humeur et notre santé mentale (55). Selon la littérature scientifique, la présence de symptômes dépressifs serait associée à des choix alimentaires moins sains. Par exemple, la présence de symptômes dépressifs chez des femmes a été associée à une consommation plus importante de fast-food que chez celles n'ayant pas de symptômes dépressifs (56). Chez un autre groupe de femmes, celles ayant une santé mentale plus fragile avaient des habitudes alimentaires moins saines, se traduisant par une consommation moindre de légumes et fruits frais, de laits et fromages partiellement écrémés, de céréales et de gruaux (57). Dans une étude effectuée auprès d'adultes en surpoids, pour chaque gramme d'aliments et breuvages consommés, ceux ayant des symptômes dépressifs consommaient davantage de kilocalories que les adultes n'ayant pas de symptômes dépressifs (58). De plus, ces personnes avaient une alimentation de moindre qualité nutritionnelle puisqu'elles consommaient significativement moins de légumes et de protéines et, selon une tendance, moins de fibres (58). La qualité nutritionnelle de l'alimentation a également été inversement associée à la présence de symptômes dépressifs dans une étude auprès d'hommes et de femmes (59) et dans une seconde étude auprès de

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femmes seulement (60). Chez un autre groupe d'adultes, la présence de symptômes dépressifs était associée à une plus grande consommation d'aliments sucrés et non sucrés de haute densité énergétique et à une plus faible consommation de légumes et fruits (10). En résumé, la présence de symptômes dépressifs semble donc être associée à des habitudes alimentaires moins saines. Par ailleurs, la consommation de certains nutriments et de certains aliments, tels que les oméga-3 (61) et une alimentation de type méditerranéenne (62), semblent avoir des effets sur les symptômes dépressifs. Par contre, puisque ces associations ne font pas l'objet des travaux présentés dans le cadre du projet de recherche du Chapitre III, ces notions ne sont pas abordées dans le présent mémoire.

L'étude de Konttinen et coll. (10) a toutefois un élément distinctif des autres puisqu'elle met l'association entre la présence de symptômes dépressifs et les habitudes alimentaires en relation avec les comportements alimentaires, un facteur associé à l'IMC et à la présence de symptômes dépressifs. Les auteurs ont observé que l'association entre la présence de symptômes dépressifs et la consommation d'aliments sucrés de haute densité énergétique devenait non significative à la suite d'un ajustement pour un comportement alimentaire particulier, soit la susceptibilité émotionnelle liée à la désinhibition (10). Ce résultat suggère la présence d'un rôle potentiel de certains comportements alimentaires dans l'association entre les symptômes dépressifs et les habitudes alimentaires. Ainsi, il semble important, à ce stade, de définir les comportements alimentaires, ainsi que leurs associations avec l'IMC et la présence de symptômes dépressifs.

4.4 Définition et outils de mesure des comportements alimentaires

Puisqu'il n'existe pas de définition précise du terme comportement alimentaire, il est possible de le définir en jumelant les définitions des mots comportement et alimentaire. Ainsi, le comportement alimentaire est un ensemble de réactions et de manières de se comporter lors de la consommation d'aliments (63). Le comportement alimentaire inclut également les pensées et les attitudes qui entourent et influencent l'acte alimentaire.

Au courant des dernières années, des comportements alimentaires spécifiques ont été définis selon des observations réalisées principalement par des psychiatres et par des

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psychologues, mais aussi par des diététistes-nutritionnistes. Pour évaluer ces comportements alimentaires, plusieurs questionnaires ont été développés. Toutefois, le questionnaire qui est le plus utilisé dans la littérature scientifique est le Three-Factor Eating Questionnaire (TFEQ). Ce questionnaire permet de mesurer trois facteurs cognitifs et comportementaux reliés à l'alimentation, soit la restriction cognitive (21 items), la désinhibition (16 items) et la susceptibilité à la faim (14 items) (64). Plus spécifiquement, la restriction cognitive se définit comme étant un contrôle conscient de la prise alimentaire relié à une préoccupation à l'égard du poids et de l'image corporelle (64). Cette restriction cognitive peut se traduire par exemple par la consommation volontaire de petites portions, ou encore par le calcul du nombre de portions et de kilocalories consommées (64). La désinhibition consiste plutôt en une surconsommation d'aliments en réponse à certains stimuli extérieurs, tels que le stress émotionnel, associée à une perte de contrôle sur la prise alimentaire (64). Parmi les exemples de désinhibition, il y a le fait de manger trop lors d'occasions spéciales et de manger en réponse à des émotions, comme l'anxiété ou l'ennui (64). Quant à la susceptibilité à la faim, elle se caractérise par la consommation d'aliments en présence de sensations et de perceptions de la faim (64). Ce comportement alimentaire peut être représenté par exemple par la présence fréquente de la faim entre les repas et par la consommation d'aliments simplement à la vue d'une gourmandise ou encore par la compagnie d'une personne qui mange (64).

Plus récemment, un nouveau questionnaire a été développé pour évaluer l'envers de la médaille des comportements alimentaires mesurés par le TFEQ. Ce nouveau questionnaire est le Intuitive Eating Scale (TES), qui évalue le fait de manger de façon intuitive. L'acte alimentaire intuitif se définit par le fait de manger en se basant sur ses signaux de faim et de satiété, plutôt que sur des influences émotionnelles et externes (65). LTES comprend trois facteurs, soit la permission inconditionnelle de manger (9 items), le fait de manger pour des raisons physiologiques plutôt qu'émotionnelles (6 items) et la confiance en ses signaux physiologiques de faim et de satiété (6 items) (65). Plus précisément, la permission inconditionnelle de manger se définit par la volonté de manger en réponse aux signaux physiologiques de la faim et la permission de manger l'aliment que l'on désire au moment voulu (65). Cette permission inconditionnelle de manger se traduit par exemple par le fait de ne pas suivre de règles ou de régimes amaigrissants qui dictent quoi, quand et quelle

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quantité d'aliments manger (65). Le fait de manger pour des raisons physiologiques plutôt qu'émotionnelles fait référence à la tendance de manger dans le but de satisfaire la sensation interne de la faim plutôt que de faire face à des influences émotionnelles et externes (65). Des exemples de ce comportement alimentaire sont le fait d'arrêter de manger lorsque l'on se sent plein (pas trop rempli) et de ne pas utiliser la nourriture pour apaiser des émotions négatives (65). Un autre exemple est de ne pas manger lorsque l'on se sent émotif (p.ex. anxieux, déprimé, triste) et que l'on n'a pas physiquement faim (65). La confiance en ses signaux physiologiques de faim et de satiété se caractérise par le degré de conscience de ses signaux physiologiques de faim et de satiété et par la capacité de ses signaux à guider nos comportements alimentaires (65). Cette confiance en ses signaux de faim et de satiété se traduit par exemple par la confiance en son corps pour savoir quoi, quand et quelle quantité d'aliments manger et par la reconnaissance des sensations lorsqu'on est légèrement plein et lorsqu'on a légèrement faim (65). Dans le cadre du projet de recherche présenté au Chapitre III, le TFEQ et l'IES ont été utilisés pour évaluer les comportements alimentaires des participantes.

4.5 Associations entre les comportements alimentaires et l'IMC

Les comportements alimentaires évalués par le TFEQ ont été à maintes reprises associés avec l'IMC chez les adultes. De façon générale, les études rapportent que la restriction cognitive est négativement associée (11, 66) ou n'est pas associée (12, 67-70) à l'IMC. La désinhibition (11, 12, 66-71) et la susceptibilité à la faim (11, 12, 67, 69) sont quant à elles associées positivement à l'IMC. De plus, des études se sont intéressées à l'interaction entre la restriction cognitive et la désinhibition. Les résultats suggèrent que ce sont les personnes qui présentent à la fois une faible restriction cognitive et une désinhibition élevée qui sont davantage susceptibles d'avoir un IMC élevé (11, 66, 69, 70, 72). Ainsi, la désinhibition et la susceptibilité à faim sont des comportements alimentaires qui semblent être davantage présents chez les personnes avec un excès de poids ou étant obèses, alors que les résultats sont plus controversés pour la restriction cognitive. À l'inverse, le fait de manger de façon intuitive a été associé négativement à l'IMC puisque la permission inconditionnelle de manger, le fait de manger pour des raisons physiologiques plutôt qu'émotionnelles et la

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25 confiance en ses signaux physiologiques de faim et de satiété sont tous associés négativement à l'EMC (65, 73). Ainsi, les personnes avec un excès de poids ou étant obèses semblent manger de façon moins intuitive. Par contre, peu d'études se sont intéressées, à ce jour, aux associations entre les facteurs de ITES et l'IMC étant donné la publication

relativement récente de ce questionnaire.

4.6 Associations entre les comportements alimentaires et les symptômes

dépressifs

Selon plusieurs études, certains comportements alimentaires sont associés à la présence de symptômes dépressifs et à l'état psychologique de façon plus générale. Par exemple, chez des femmes en surpoids qui présentaient une préoccupation à l'égard de leur poids corporel, la présence de symptômes dépressifs a été associée positivement à la désinhibition et à la susceptibilité à la faim, mais pas à la restriction cognitive (74, 75). Ainsi, chez ce groupe de femmes, la présence de symptômes dépressifs était associée à des niveaux plus élevés de désinhibition et de susceptibilité à la faim. Dans cette même étude, certains comportements alimentaires ont également été associés à la satisfaction par rapport à l'image corporelle, qui est un facteur ayant un impact sur l'état psychologique (74, 75). Par exemple, la satisfaction par rapport au poids corporel et à l'apparence étaient associées négativement à la désinhibition et à la susceptibilité à la faim, mais pas à la restriction cognitive (74, 75). Ces femmes préoccupées par leur poids ont également été catégorisées selon leurs niveaux de restriction et d'affects négatifs, c'est-à-dire des symptômes dépressifs plus élevés et une faible estime de soi (13). Trois groupes ont donc été formés : 1) restriction élevée et affects négatifs faibles; 2) restriction faible et affects négatifs faibles; 3) restriction faible et affects négatifs élevés. Les femmes présentant les répercussions les plus importantes à la fois sur le plan psychologique que des comportements alimentaires avaient un faible niveau de restriction, mais des affects négatifs élevés (13). Ces femmes présentaient une qualité de vie plus faible, une satisfaction par rapport à leur image corporelle plus faible, une préoccupation par rapport à leur poids, à leur apparence et à leur alimentation plus importante et des niveaux plus élevés de désinhibition et de susceptibilité à la faim (13).

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Chez des femmes en surpoids qui avaient entrepris une démarche de perte de poids, la présence de symptômes dépressifs plus élevés a également été associée à des scores plus élevés de désinhibition et de susceptibilité à la faim comparativement à celles avec des symptômes dépressifs plus faibles (76). Chez ces femmes, la présence de tels symptômes a aussi été associée à une qualité de vie plus faible, à une estime de soi plus faible et à une satisfaction par rapport au poids corporel et à l'apparence plus faible (76). La présence de symptômes dépressifs chez des hommes et des femmes a également été associée positivement à la susceptibilité émotionnelle liée à la désinhibition, qui est une sous-échelle de la désinhibition évaluée par le TFEQ (10). Dans une autre étude chez des personnes présentant un excès de poids ou étant obèses, celles présentant des symptômes dépressifs étaient davantage préoccupées par leur poids, par leur apparence et par leur alimentation, avaient davantage de rages alimentaires et avaient un EMC plus élevé (77). De façon similaire, des affects négatifs élevés, chez des femmes présentant un excès de poids ou étant obèses, a été associés à une préoccupation par rapport à leur poids, à leur apparence et à leur alimentation plus importante et à davantage de rages alimentaires que celles avec des affects négatifs plus faibles (78). De plus, la présence de tels affects négatifs a été associée à une consommation plus grande de nourriture à la suite de l'induction d'une humeur dépressive, suggérant une plus grande vulnérabilité de ces femmes à la surconsommation (79).

À l'inverse, le bien-être psychologique, qui est lié à la santé mentale, a été associé à des niveaux plus faibles de désinhibition et de susceptibilité à la faim, mais pas de restriction cognitive (80). Ces résultats sont en lien avec ceux obtenus quant aux associations entre la présence de symptômes dépressifs et certains comportements alimentaires. Un bien-être psychologique plus élevé a également été associé au fait de manger de façon plus intuitive, c'est-à-dire en se donnant la permission inconditionnelle de manger, en mangeant pour des raisons physiologiques plutôt qu'émotionnelles et en faisant confiance en ses signaux physiologiques de faim et de satiété (65). L'acte alimentaire intuitif a aussi été associé à une plus grande satisfaction par rapport à son poids et à son image corporelle (65), mais n'a pas encore été évalué en fonction de la présence de symptômes dépressifs.

Figure

Tableau 1. Classification du statut pondéral selon ÎTMC et du risque pour la santé associé
Tableau 1. Classification du statut pondéral selon l'EMC et du risque pour la santé associé  à chaque catégorie d'IMC
Table 1. Characteristics of women included in the study (n = 323)
Table 4. Summary statistics for multiple regression analyses predicting energy intake with  BMI as a mediator (n = 241)

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