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Associations entre les comportements alimentaires et les symptômes dépressifs

4. HABITUDES ET COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES

4.6 Associations entre les comportements alimentaires et les symptômes dépressifs

Selon plusieurs études, certains comportements alimentaires sont associés à la présence de symptômes dépressifs et à l'état psychologique de façon plus générale. Par exemple, chez des femmes en surpoids qui présentaient une préoccupation à l'égard de leur poids corporel, la présence de symptômes dépressifs a été associée positivement à la désinhibition et à la susceptibilité à la faim, mais pas à la restriction cognitive (74, 75). Ainsi, chez ce groupe de femmes, la présence de symptômes dépressifs était associée à des niveaux plus élevés de désinhibition et de susceptibilité à la faim. Dans cette même étude, certains comportements alimentaires ont également été associés à la satisfaction par rapport à l'image corporelle, qui est un facteur ayant un impact sur l'état psychologique (74, 75). Par exemple, la satisfaction par rapport au poids corporel et à l'apparence étaient associées négativement à la désinhibition et à la susceptibilité à la faim, mais pas à la restriction cognitive (74, 75). Ces femmes préoccupées par leur poids ont également été catégorisées selon leurs niveaux de restriction et d'affects négatifs, c'est-à-dire des symptômes dépressifs plus élevés et une faible estime de soi (13). Trois groupes ont donc été formés : 1) restriction élevée et affects négatifs faibles; 2) restriction faible et affects négatifs faibles; 3) restriction faible et affects négatifs élevés. Les femmes présentant les répercussions les plus importantes à la fois sur le plan psychologique que des comportements alimentaires avaient un faible niveau de restriction, mais des affects négatifs élevés (13). Ces femmes présentaient une qualité de vie plus faible, une satisfaction par rapport à leur image corporelle plus faible, une préoccupation par rapport à leur poids, à leur apparence et à leur alimentation plus importante et des niveaux plus élevés de désinhibition et de susceptibilité à la faim (13).

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Chez des femmes en surpoids qui avaient entrepris une démarche de perte de poids, la présence de symptômes dépressifs plus élevés a également été associée à des scores plus élevés de désinhibition et de susceptibilité à la faim comparativement à celles avec des symptômes dépressifs plus faibles (76). Chez ces femmes, la présence de tels symptômes a aussi été associée à une qualité de vie plus faible, à une estime de soi plus faible et à une satisfaction par rapport au poids corporel et à l'apparence plus faible (76). La présence de symptômes dépressifs chez des hommes et des femmes a également été associée positivement à la susceptibilité émotionnelle liée à la désinhibition, qui est une sous-échelle de la désinhibition évaluée par le TFEQ (10). Dans une autre étude chez des personnes présentant un excès de poids ou étant obèses, celles présentant des symptômes dépressifs étaient davantage préoccupées par leur poids, par leur apparence et par leur alimentation, avaient davantage de rages alimentaires et avaient un EMC plus élevé (77). De façon similaire, des affects négatifs élevés, chez des femmes présentant un excès de poids ou étant obèses, a été associés à une préoccupation par rapport à leur poids, à leur apparence et à leur alimentation plus importante et à davantage de rages alimentaires que celles avec des affects négatifs plus faibles (78). De plus, la présence de tels affects négatifs a été associée à une consommation plus grande de nourriture à la suite de l'induction d'une humeur dépressive, suggérant une plus grande vulnérabilité de ces femmes à la surconsommation (79).

À l'inverse, le bien-être psychologique, qui est lié à la santé mentale, a été associé à des niveaux plus faibles de désinhibition et de susceptibilité à la faim, mais pas de restriction cognitive (80). Ces résultats sont en lien avec ceux obtenus quant aux associations entre la présence de symptômes dépressifs et certains comportements alimentaires. Un bien-être psychologique plus élevé a également été associé au fait de manger de façon plus intuitive, c'est-à-dire en se donnant la permission inconditionnelle de manger, en mangeant pour des raisons physiologiques plutôt qu'émotionnelles et en faisant confiance en ses signaux physiologiques de faim et de satiété (65). L'acte alimentaire intuitif a aussi été associé à une plus grande satisfaction par rapport à son poids et à son image corporelle (65), mais n'a pas encore été évalué en fonction de la présence de symptômes dépressifs.

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En somme, les habitudes et les comportements alimentaires sont associés à l'IMC et à la présence de symptômes dépressifs. Cette interrelation entre tous ces facteurs met en évidence la complexité de la problématique reliée au poids corporel et les difficultés à intervenir auprès de cette clientèle étant donné leur hétérogénéité. En effet, les personnes préoccupées par leur poids sont loin d'être toutes pareilles, puisque certaines peuvent différer en termes d'habitudes ou de comportements alimentaires ou encore présenter des symptômes dépressifs qui peuvent influencer leur problématique reliée au poids corporel. On dénote ainsi l'importance de mieux décrire les associations entre tous ces facteurs dans le but d'aider les professionnels de la santé, dont les diététistes-nutritionnistes, à avoir un portrait plus précis de cette clientèle.

À la lumière de la description des différentes problématiques faisant l'objet de ce mémoire, plusieurs questions peuvent être soulevées. Tout d'abord, plusieurs études se sont intéressées à l'identification de la présence d'associations entre l'IMC, les symptômes dépressifs, les habitudes et les comportements alimentaires. Par contre, peu d'études ont combiné l'évaluation de l'ensemble de ces facteurs au sein d'un même projet de recherche, ce qui pourrait permettre de mieux comprendre l'interrelation entre tous ces facteurs. De plus, plusieurs études ont été réalisées dans un contexte clinique incluant des critères d'inclusion et d'exclusion pour la sélection des participants, ce qui a pour effet de limiter l'interprétation des résultats obtenus. Ainsi, une étude dans un contexte naturel permettrait d'obtenir un portrait davantage représentatif des personnes qui sont préoccupées par leur poids et/ou démontrant des symptômes dépressifs. De surcroît, les études portant sur l'évaluation des comportements alimentaires auprès des personnes préoccupées par leur poids se sont principalement intéressées à l'évaluation de comportements alimentaires plus problématiques, tels qu'évalués par le TFEQ. Pour avoir un portrait plus global des comportements alimentaires de cette clientèle, il serait donc important de s'intéresser à l'autre côté de la médaille, c'est-à-dire des comportements alimentaires qui pourraient contribuer à la santé, tels que ceux mesurés par l'IES. De tels comportements alimentaires ont été, à ce jour, peu étudiés dans la littérature scientifique et leur évaluation pourrait améliorer les connaissances dans le domaine de la saine gestion du poids. Ainsi, la combinaison de questionnaires variés permettrait d'obtenir un portrait plus global de ces personnes. La réalisation d'un projet de recherche répondant à ces questions pourrait donc

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permettre une meilleure compréhension de ces problématiques qui caractérisent les personnes préoccupées par leur poids et/ou démontrant des symptômes dépressifs.

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