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Insensibilité émotionnelle et problèmes de comportement : validation de l'outil antisocial process screening device auprès d'enfants d'âge préscolaire

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Academic year: 2021

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Insensibilité émotionnelle et problèmes de

comportement: Validation de l'outil Antisocial Process

Screening Device auprès d'enfants d'âge préscolaire

Mémoire

Fanny Audet Paradis

Maîtrise sur mesure

Maître ès arts (M.A.)

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Insensibilité émotionnelle et problèmes de

comportement : Validation de l’outil Antisocial

Process Screening Device auprès d’enfants d’âge

préscolaire

Mémoire

Fanny Audet Paradis

Sous la direction de :

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Résumé

La psychopathie est un important construit clinique qui se définit comme un trouble de la personnalité caractérisé principalement par un manque d’empathie et de culpabilité, un comportement irresponsable et impulsif ainsi que par le narcissisme et un égo surdimensionné (Cleckley, 1941; 1988; Hare 1996; Hare et Neumann, 2008). L’état des connaissances actuelles permet d’affirmer que ces traits sont décelables tôt dans le développement d’un individu (Delisi, 2016; Lynam, 1996). Parallèlement, un courant de recherche s’est intéressé à la description et la mesure des problèmes de comportement et l’insensibilité émotionnelle chez les enfants. L’outil Antisocial Process Screening Device (APSD) a été créé dans le but d’évaluer ces tendances psychopathiques chez les enfants. Toutefois, la validation de l’APSD auprès de jeunes enfants n’a pratiquement pas été faite. Donc, l’objectif général de ce mémoire est de valider l’APSD auprès d’un échantillon de garçons et de filles préscolaires, afin d’augmenter le savoir sur la manifestation des tendances psychopathiques tôt dans l’enfance. Cette validation a été faite à l’aide d’analyses factorielles exploratoires sur un échantillon de 335 enfants âgés de 3 à 5 ans dans le but d’identifier la structure factorielle de l’outil chez ce groupe d’âge. De plus, une comparaison a été faite avec les sous-échelles de l’outil Conners’ Parent Rating Scale – Revised (L) (CPRS-R (L)), mesurant des concepts semblables à certaines dimensions de l’APSD. Une fois ces analyses effectuées, deux structures factorielles de l’APSD ont été identifiées et la comparaison avec le CPRS-R (L) semble concluante. Les résultats obtenus permettent de suggérer que l’outil APSD serait valide sur le plan de la recherche pour mesurer les problèmes de comportement et l’insensibilité émotionnelle chez les enfants préscolaires. S’il est possible d’identifier certains précurseurs, ces résultats pourraient ainsi permettre d’approfondir les connaissances sur le développement et l’étiologie des traits psychopathiques chez l’adulte.

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Abstract

Psychopathy is an important clinical construct defined as a personality disorder characterized primarily by a lack of empathy and guilt, irresponsible and impulsive behaviors, and narcissism and oversized ego (Cleckley, 1941, 1988, Hare 1996, Hare et Neumann, 2008). The current state of knowledge makes it possible to affirm that these features appear early in a person’s development (DeLisi, 2016; Lynam, 1996). In parallel to this, a line of research has been focusing on the description and measurement of children's callous unemotional and behavioral problems (Frick & Hare, 2010). The Antisocial Process Screening Device (APSD) was created to evaluate these psychopathic tendencies in childhood. However, the validation of APSD with young children has hardly been done. Therefore, the general objective of this thesis is to validate the APSD with a sample of preschool children, in order to increase knowledge about the manifestation of psychopathic tendencies early in childhood. This validation will be done using exploratory factorial analyses on a sample of 335 children between 3 and 5 years old in order to identify the factorial structure of the tool in this age group. In addition, a comparison of constructs was made with the Conners Parent Rating

Scale - Revised (Long) (CPRS-R (L)) subscales, measuring similar concepts to APSD

dimensions. Once these analyses were performed, two factorial structures of the APSD were identified and the comparison with the CPRS-R (L) seems conclusive. The results suggest that the APSD tool would be valid in terms of research for measuring behavioral problems and callous unemotional in preschool children. If it is possible to identify precursors, these results could thus allow deepening the knowledge on the development and the etiology of adult psychopathy.

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Table des matières

Résumé ... ii

Abstract ... iii

Table des matières ... iv

Liste des figures ... vi

Liste des tableaux ... vii

Liste des abréviations ... viii

Remerciements ... ix

Introduction ... 1

Chapitre 1 : Termes et définitions ... 6

La psychopathie ... 6

Tendances psychopathiques à l’enfance selon l’APSD ... 8

Chapitre 2 : Recension et problématique ... 13

L’outil Antisocial Process Screening Device ... 13

Historique ... 13

Description ... 14

Structure factorielle ... 16

Stabilité de l’APSD à travers des sous-groupes ... 22

Validation des dimensions ... 26

Forces et limites de l’outil ... 30

Problématique ... 31 Chapitre 3 : Méthodologie ... 33 Échantillon ... 33 Procédures ... 36 Mesures ... 37 Stratégie analytique ... 42 Chapitre 4 : Résultats ... 48

Description des données de l’APSD ... 48

Corrélation des items de l’APSD ... 52

Analyses des sous-échelles théoriques de l’APSD ... 54

Analyses factorielles des items de l’APSD ... 55

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Analyse de l’APSD selon le sexe, l’âge et l’ethnicité ... 63

Comparaison avec le CPRS-R (L) ... 65

Chapitre 5 : Discussion ... 69

Retour sur les objectifs de l’étude ... 69

La structure factorielle de l’outil ... 70

Validation des dimensions de l’outil ... 78

Sommaire des résultats et implications ... 82

Limites de la présente étude ... 85

Conclusion ... 87

Bibliographie ... 89

Annexe A: Tracé d’effondrement ... 95

Annexe B: Statistiques descriptives des items de l’APSD selon le sexe des enfants ... 96

Annexe C: Statistiques descriptives des items de l’APSD selon l’origine ethnique des enfants ... 97

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Liste des figures

Figure 1: Modèle théorique à deux facteurs ... 8

Figure 2: Modèle théorique à trois facteurs ... 9

Figure 3: Items de l'outil Antisocial Screening Device Process (traduction libre)... 15

Figure 4: Structure de la solution obtenue à deux facteurs... 62

Figure 5: Structure de la solution obtenue à trois facteurs ... 63

Figure 6: Scores factoriels moyens selon le sexe des enfants (Modèle à deux facteurs) ... 64

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Liste des tableaux

Tableau 1: Description de l’échantillon... 35 Tableau 2: Statistiques descriptives des items de l’APSD ... 49 Tableau 3: Matrice des corrélations entre les items de l’APSD ... 53 Tableau 4: Statistiques descriptives et cohérence interne des sous-échelles théoriques de l’APSD ... 55 Tableau 5: Structure factorielle à deux facteurs de l'outil APSD ... 57 Tableau 6: Structure factorielle à trois facteurs de l'outil APSD ... 59 Tableau 7: Comparaison entre les solutions obtenues et les échelles théoriques de l’APSD ... 61 Tableau 8: Comparaison entre la solution factorielle à deux facteurs de l’APSD et les sous-échelles du CPRS-R (L) ... 66 Tableau 9: Comparaison entre la solution factorielle à trois facteurs de l’APSD et les sous-échelles du CPRS-R (L) ... 67 Tableau 10: Statistiques descriptives des items de l’APSD selon le sexe des enfants ... 96 Tableau 11: Statistiques descriptives des items de l’APSD selon l'origine ethnique des enfants ... 97 Tableau 12: Statistiques descriptives des items de l’APSD selon l'âge des enfants ... 98

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Liste des abréviations

APA: American Psychiatric Association; APSD: Antisocial Process Screening Device;

ASEBA: Achenbach System of Empirically Based Assessment; CADS: Child and Adolescent Dispositions Scale;

CBCL: Child Behavior Checklist;

CBRSC: Comprehensive Behavior Rating Scale for Children; CPS: Childhood Psychopathy Scale;

CPRS-R (L): Conners’ Parent Rating Scale – Revised (Long); CPTI: Child Problematic Traits Inventory;

CSI-4: Children’s Symptom Inventory 4;

DBD: Disruptive Behavior Disorders Rating Scale;

DSM: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders; ÉÉTA: Échelle d’Évaluation des Traits Antisociaux de l’enfant; ICU: Inventory of Callous-Unemotional Traits;

IE: Dimension Insensibilité émotionnelle de l’APSD; IMP: Dimension Impulsivité de l’APSD;

IMP/PC: Dimension Impulsivité/Problèmes de conduite de l’APSD; M-C SDS: Marlowe-Crowne Social Desirability Scale;

NAR: Dimension Narcissisme de l’APSD; PCL: Psychopathy Checklist;

PCL-R: Psychopathy Checklist – Revised;

PCL:YV: Psychopathy Checklist : Youth Version; RIAS: Reynolds Intellectual Assessment Scales; TC: Trouble des conduits;

TDAH: Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité; TOP: Trouble oppositionnel avec provocation.

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Remerciements

Je souhaite d’abord remercier mon directeur de recherche, Monsieur Patrick Lussier, pour l’aide qu’il m’a apportée tout au long de ma maîtrise. Ces conseils avisés ont été d’une grande importance lors de la rédaction de mon mémoire. Je le remercie également pour les opportunités académiques et professionnelles qu’il m’a offertes et qui m’ont permis de me perfectionner, en plus d’acquérir de nouvelles compétences.

Je voudrais également remercier le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour la bourse d’études qu’il m’a octroyée. Cette aide financière a été d’une grande aide et elle m’a permis de me concentrer pleinement sur mes études.

Je tiens aussi à remercier Madame Danielle Nadeau pour son support et ses bons conseils, j’ai appris grandement auprès d’elle. Finalement, je remercie mon conjoint, ma famille et mes amis pour leur soutien et leurs encouragements dans la poursuite de mes études. Ils ont été présents lors des bons moments et des plus difficiles, et pour cela, je les remercie.

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Introduction

La psychopathie est un important construit clinique, dont plusieurs aspects restent encore à ce jour à explorer, tels que l’étiologie, la progression et la stabilité de ce trouble de personnalité à travers différents stades de développement (DeLisi, 2016). Afin d’en apprendre davantage sur ces différents éléments, certains chercheurs ont avancé la possibilité d’étudier la psychopathie plus tôt dans la vie des individus. Un des premiers chercheurs de ce courant fut Don Lynam (1996) qui a proposé d’étendre le concept de la psychopathie à l’adolescence et l’enfance. Selon ce chercheur, les individus qui sont impliqués dans des comportements de délinquance chronique à l’âge adulte ont majoritairement affiché des problèmes de comportement sérieux durant l’enfance et l’adolescence. En fait, à l’enfance, ces problèmes se concentrent sur l’hyperactivité, l’impulsivité et les problèmes d’attention ainsi que des problèmes de conduites qui reflètent des symptômes extériorisés et des problèmes d’autorégulation (Lynam, 1996). Ces jeunes satisfont donc les critères du trouble déficitaire de l’attention, trouble oppositionnel et trouble de comportement, en plus d’être insensibles et sans émotion, comparativement à leurs pairs (Lynam, 1996). Étant donné la similarité conceptuelle des caractéristiques cliniques entre ces jeunes et la réalité clinique des adultes ayant des traits psychopathiques, ces jeunes devraient, selon Lynam (1996), être l’objet d’un dépistage afin d’intervenir plus rapidement et d’éviter le développement de ce syndrome. Cependant, la nature de ce dépistage reste encore controversée au sein du monde scientifique.

C’est dans ce contexte que Paul J. Frick et Robert D. Hare (2001) ont proposé une version développementale du concept de psychopathie pour les jeunes, incluant les enfants. Selon eux, plusieurs raisons peuvent expliquer le fait d’étendre le construit de la psychopathie à l’enfance. En premier lieu, c’est possible que les tendances psychopathiques permettent de distinguer un groupe de jeunes présentant des problèmes de comportement antisociaux et délinquants qui ont des patrons de comportements sérieux, violents et persistants, nécessitant des interventions plus intensives en bas âge (Frick et Hare, 2010). En second lieu, l’étiologie de la psychopathie demeure nébuleuse et les trajectoires de développement sont particulièrement méconnues. Ainsi, mieux comprendre les processus étiologiques tôt dans le

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développement pourrait permettre d’avoir une image plus claire des mécanismes pouvant être la cible des interventions préventives (Frick et Hare, 2010). Puis, en troisième lieu, si les processus étiologiques qui mènent éventuellement à ces perturbations peuvent être détectés tôt, non seulement des programmes de prévention pourraient être créés dans le but de modifier ces processus à l’enfance et l’adolescence, mais ceci pourrait également avoir des répercussions positives et importantes pour ces jeunes à l’âge adulte (Frick et Hare, 2010). En somme, ces derniers évoquent que, face au constat relativement sombre des programmes d’intervention pour les adultes, une intervention auprès de jeunes à risque de développer ce trouble de la personnalité pourrait s’avérer plus efficace.

À travers les années, les tendances psychopathiques chez les enfants ont fait l’objet d’étude chez des échantillons d’enfants et d’adolescents (Salekin et Lynam, 2010). De plus, plusieurs études (notamment, Frick, Cornell, Bodin, Heather, Barry et Loney, 2003; Kimonis Fanti, Anastassiou-Hadjicharalambous, Mertan, Goulter et Katsimicha, 2016) se sont concentrées sur l’insensibilité émotionnelle qui semble être l’une des plus caractéristiques des tendances psychopathiques à l’enfance. Il y a encore quelques réticences qui existent quant à l’utilisation du terme « psychopathie » à l’enfance (DeLisi, 2016). C’est pourquoi notamment, auprès des enfants, la psychopathie est principalement abordée sous les termes

tendances ou perturbations psychopathiques. Cela en raison du caractère péjoratif de la

psychopathie et que les traits psychopathiques sont l’objet d’évaluation seulement à l’âge adulte (Fite, Greening, Stoppelbin et Fabiano, 2009).

Afin de mieux cerner et évaluer les tendances psychopathiques à l’enfance, plusieurs outils ont été développés, tels que le Childhood Psychopathy Scale (CPS) (Lynam, 1997), le

Psychopathy Checklist : Youth Version (PCL : YV) (Forth, Kosson et Hare, 2003) et le Inventory of Callous-Unemotional Traits (ICU) (Frick, 2004). Une des mesures les plus

utilisées ayant été l’objet de nombreuses validations pour évaluer les tendances psychopathiques à l’enfance est l'Antisocial Process Screening Device (APSD) (Frick et Hare, 2001) (Kotler et McMahon, 2010). L'APSD est une échelle d’évaluation à 20 items développée pour les enfants âgés de 6 à 13 ans par Frick et Hare en 2001. Cet outil tire son

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inspiration de la PCL-R et mesure trois dimensions : l’Insensibilité émotionnelle, le

Narcissisme et l’Impulsivité (Frick et Hare, 2010).

L’APSD a fait l’objet de plusieurs validations à travers la littérature, que ce soit auprès d’enfants âgés de 6 à 13 ans (notamment, Bijttebier et Decoene, 2009; Fite et coll., 2009; Frick, Bodin et Barry, 2000), d’adolescents (notamment, Dong, Wu et Waldman en 2013; Vitacco, Rogers et Neumann 2003) et même de jeunes adultes (Benning, Patrick, Salekin et Leistico, 2005; Goodwin, Sellbom et Salekin, 2015). Cet outil a été utilisé aussi auprès de sous-groupes, tels que des jeunes provenant de milieu clinique (ex. : pédopsychiatrie; Frick et coll., 2000) et de jeunes judiciarisés (Vitacco et coll., 2003). À travers ses études, il a été possible d’établir la validité de l’APSD pour mesurer les tendances psychopathiques à l’enfance selon les dimensions mesurées. De plus, cela a permis de statuer en faveur de l’apparition de ces tendances tôt dans le développement d’un individu et que certains enfants qui présentent des troubles sérieux de comportement ont des caractéristiques similaires aux personnes ayant des traits psychopathiques à l’âge adulte (Fite et coll., 2009; Frick et coll., 2000).

L’état des connaissances actuelles met en lumière que peu d’études se sont penchées sur la période préscolaire, soit avant 6 ans. En fait, à ma connaissance, il semble y avoir qu’une seule étude parmi celles recensées ayant inclus des enfants de 4 et 5 ans lors de la validation de l’APSD (Dadds, Fraser, Frost et Hawes, 2005). Selon Loeber et Farrington (2000), il est important de pouvoir identifier durant la période préscolaire ou tôt dans l’enfance, les enfants à risque de comportements délinquants. Dans cette perspective, certains outils de mesures, autres que l’APSD, ont été l’objet d’études de validation auprès d’enfants d’âge préscolaire, tels que le Child Problematic Traits Inventory (CPTI) (López-Romero, Maneiro, Colins, Andershed et Romero, 2019) et Inventory of Callous-Unemotional Traits (ICU) (Ezpeleta, De la Osa, Granero, Penelo et Domènech, 2013; Kimonis et coll., 2016). Pour être plus précis, c’est l’identification de la dimension Insensibilité émotionnelle qui a principalement été regardée à travers les études (par exemple, Assary, Salekin et Barker, 2015; Ezpeleta et coll., 2013; Kimonis et coll., 2016). De façon générale, les chercheurs se sont attardés à l’Insensibilité émotionnelle, puisque cette dimension permet de différentier un important

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sous-groupe d’enfants à risque de problèmes de comportement graves et qui présenterait des facteurs étiologiques distincts, comparativement à d’autres jeunes ayant aussi des problèmes de comportement graves (Frick, Ray, Thornton et Kahn, 2014; Kimonis et coll., 2016). Les études de validation d’outils mesurant ce comportement ont eu des résultats positifs auprès des enfants préscolaires (entre autres, Assary et coll., 2015; Ezpeleta et coll., 2013; Kimonis et coll., 2016). Toutefois, certains chercheurs ont récemment souligné l’importance de prendre en considération les autres facettes des tendances psychopathiques, afin de comprendre leurs combinaisons et interactions potentielles et ainsi, en apprendre davantage sur les divers groupes de jeunes (Salekin, 2017).

Malgré ces quelques recherches, l’étude des tendances psychopathiques chez les enfants d’âge préscolaire reste plutôt rare (Ezpeleta et coll., 2013), et ce, même si cette période développementale est propice à l’émergence de comportements agressifs, des sentiments de culpabilité et de l’empathie (Kochanska, Gross, Lin et Nichols, 2002; Kochanska et Thompson, 1997). De ce fait, il est nécessaire d’avoir plus de preuves montrant la possibilité que les précurseurs de la psychopathie sont identifiables tôt dans la vie d’un individu, tout en vérifiant la validité de ces concepts (Ezpeleta et coll., 2013).

Par conséquent, la validation de l’APSD auprès d’enfants d’âge préscolaire prend tout son sens. Effectivement, cet outil de dépistage pourrait permettre d’améliorer les connaissances sur les tendances psychopathiques à ce stade de développement, à savoir leur apparition et, le cas échéant, leur manifestation. L’objet de cette étude est donc la validation de l’outil d’évaluation APSD auprès d’enfants d’âge préscolaire.

Pour ce faire, une première section permet de définir les différents termes et concepts abordés dans ce mémoire. Ensuite, une recension des écrits faisant état des connaissances sur l’APSD à l’enfance et la petite enfance a été faite et permet d’introduire la problématique de cette étude. La section sur la méthodologie présente la procédure qui a été suivie pour la collecte de données, l’échantillon ainsi que la stratégie analytique adoptée. Plus précisément, ce mémoire comprend des données qui ont été colligées auprès de 335 enfants âgés de 3 à 5 ans lors de l’Étude longitudinale de Vancouver sur le développement psychosocial de l’enfant au

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Canada (Lussier, Corrado et Tzoumakis, 2012). Différentes analyses ont été effectuées sur la base de données empiriques, afin de répondre aux objectifs de ce mémoire. Dans un premier temps, des analyses factorielles exploratoires ont été effectuées ainsi qu’une comparaison avec la structure factorielle théorique de l’APSD. Ensuite, une comparaison a été faite avec les sous-échelles de l’outil Conners’ Parent Rating Scale – Revised (L) (CPRS-R (L)), mesurant des concepts semblables à certaines dimensions de l’APSD. L’objectif de ce projet de mémoire est donc de valider les dimensions de l’APSD auprès d’un échantillon d’enfants préscolaires et d’examiner empiriquement les enjeux développementaux associés à l’utilisation d’une telle mesure avec ces enfants à des fins de recherche.

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Chapitre 1 : Termes et définitions

La psychopathie

La psychopathie est un trouble de la personnalité qui est étudié depuis plusieurs années (DeLisi, 2009). Que ce soit dans un premier temps avec Cleckley (1941) qui a défini la psychopathie comme une constellation de caractéristiques sur le plan interpersonnel, affectif et comportemental (voir aussi Karpman, 1941). Plus précisément, ce chercheur voit l’individu ayant des traits psychopathiques comme étant égocentrique, manipulateur et dominant (caractéristiques interpersonnelles). Côté affectif, ce sont des personnes qui ont des émotions peu profondes et de courte durée, en plus de manquer d’empathie et de remords. Puis, Cleckley (1941; 1988) suggère que les individus psychopathiques ont un comportement irresponsable et qu’ils sont à la recherche d’excitation et de nouveauté. Ceux-ci seraient également plus sujets à s’engager dans des transgressions morales et/ou des comportements antisociaux.

Plus récemment, Hare, s’inspirant des travaux de Cleckley, a amené sa propre définition du concept de la psychopathie (Hare, 1996; Hare et Neumann, 2008). Selon lui, la psychopathie est un trouble de la personnalité qui se définit par une variété de caractéristiques dans quatre sphères de vie, soit les sphères interpersonnelle, affective, le style de vie et l’antisocialité (Hare et Neumann, 2008). La sphère interpersonnelle comprend les traits désinvolte/superficiel, un sens grandiose de soi, le mensonge pathologie et la manipulation (Hare et Neumann, 2008). La dimension affective de la personnalité fait référence au manque de culpabilité ou de remords, la présence de sentiments peu profonds ou superficiels, une insensibilité et un manque d’empathie, ainsi qu’une tendance générale à ne pas accepter ses responsabilités (Hare & Neumann, 2008). La dimension du style de vie fait référence au besoin constant de stimulation qui caractérise les individus aux traits psychopathiques qui ont tendance à s’ennuyer facilement. Ces derniers présentent un style de vie parasitaire et ils sont incapables de poursuivre des buts à long terme qui sont réalistes. Plus spécifiquement, la dimension du style de vie met en relief le caractère impulsif et irresponsable du style de vie des personnes ayant des traits psychopathiques (Hare & Neumann, 2008). Finalement, la

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quatrième dimension fait référence à la conduite antisociale et criminelle de l’individu psychopathique. Le modèle de Hare suggère que cette dimension est empreinte d'un faible contrôle de soi, de problèmes de comportement qui commencent tôt et d’une délinquance qui est installée et importante à l’adolescence (Hare et Neumann, 2008). De plus, la révocation d’une libération conditionnelle ainsi que la versatilité criminelle peuvent marquer le parcours d’un individu aux tendances psychopathiques (Hare & Neumann, 2008).

S’appuyant sur cette conceptualisation, Hare créa un outil de mesure afin d’évaluer les traits psychopathiques, soit la Psychopathy Checklist (PCL) (Hare, 1996; Hare & Neumann, 2008). La version révisée (PCL-R) de cet outil a fait l’objet de nombreuses vérifications et sa fiabilité et sa validité sont importantes (DeLisi, 2016). Toujours selon Hare (1996), la prévalence d’individus adultes détenant des « traits psychopathiques » pourrait être établie à environ 1 % de la population générale et entre 15 % et 25 % de la population carcérale (Hare, 1996; Logan et Hare, 2009).

Les connaissances actuelles (notamment, Babiak et coll., 2012; Hare, 1996; Hare, Clark, Grann et Thornton, 2000) mettent en évidence que la psychopathie permet de distinguer un groupe différent de contrevenants adultes. En effet, même si ce n’est pas tous les individus aux tendances psychopathiques qui auront un contact avec le système de justice, leurs traits les prédisposent à un haut risque de crimes et de violence (Hare et coll., 2000). En effet, ces individus présentent un sens des responsabilités plutôt faible ainsi qu’un mode de vie aléatoire et désorganisé, ce qui les rend moins susceptibles d’avoir des comportements conventionnels et contribue à l’adoption de comportements problématiques (DeLisi, 2016). Aussi, la faible conscience des autres et les traits narcissiques que peut présenter un individu aux tendances psychopathiques sont des éléments pouvant contribuer aux comportements criminels comme une source de gratification immédiate et cela, sans se soucier de l’effet qu’une victimisation peut avoir sur les autres (DeLisi, 2016). Ainsi, ces individus tendent à avoir une trajectoire criminelle plus longue, variée et sérieuse que les contrevenants n’ayant pas de tendances psychopathiques, en plus d’être souvent plus violents qu’eux (Babiak et coll., 2012; Hare, 1999). Ce trouble de personnalité peut donc avoir un impact important tant pour ces derniers que sur le plan social. De plus, les individus aux traits psychopathiques sont

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relativement résistants aux efforts de réhabilitation, soit par l’incarcération et les programmes d’intervention (Lynam, Charnigo, Moffitt, Raine, Loeber et Stouthamer-Loeber, 2009), d’où l’importance de mieux décrire et comprendre l’origine et le développement de ce trouble de la personnalité.

Tendances psychopathiques à l’enfance selon l’APSD

Selon le modèle original de l’APSD (Frick et Hare, 2010), les tendances psychopathiques à l’enfance pouvaient se mesurer selon deux dimensions, soit l’Impulsivité/Problèmes de

conduite et l’Insensibilité émotionnelle (figure 1). Après analyses et validation, l’existence

d’un modèle à trois dimensions, Impulsivité, Insensibilité émotionnelle et Narcissisme (figure 2), a été amenée et semble primer dans la littérature scientifique (Frick et coll., 2000; Dadds et coll., 2005).

La dimension Impulsivité/Problèmes de conduite inclut le faible contrôle de soi ainsi que les problèmes d’impulsivité, comme être en colère lors d’une punition ou ne pas penser avant d’agir, ainsi que le style de vie antisocial et déviant (Christian, Frick, Hill, Tyler et Frazer, 1997; Frick et coll., 2000). De plus, cette dimension implique le narcissisme qui sous-tend

Figure 1: Modèle théorique à deux facteurs

Antisocial Process Screening Device Facteur 1 Impulsivité/ Problèmes de conduite Facteur 2 Insensibilité émotionnelle

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que la personne se sent supérieure aux autres et qu’elle surestime ses accomplissements (Frick et coll., 2000). C’est cette dimension qui finalement est composée de deux sous-dimensions, Impulsivité et Narcissisme, permettant de mieux cerner les différences et/ou ressemblances en matière développementale (Frick et coll., 2000).

L’Insensibilité émotionnelle, comme mesurée dans l’APSD, est une dimension caractérisée principalement par l’absence de culpabilité et le manque d’empathie, en plus d’un charme superficiel (ex. : superficialité ou déficience des affects) (Frick, O'Brien, Wootton et McBurnett, 1994). Concrètement, cette dimension comprend le fait de ne pas démontrer de considération pour les sentiments et la souffrance émotionnelle des autres, en plus de ne pas accepter sa responsabilité et sa culpabilité pour les actes posés (Christian et coll., 1997; DeLisi, 2016). Le charme superficiel se traduit par des émotions peu profondes qui semblent superficielles et non sincères (Christian et coll., 1997; DeLisi, 2016). La présence de l’insensibilité émotionnelle pourrait permettre de différencier les jeunes dont la conduite

Figure 2: Modèle théorique à trois facteurs

Antisocial Process Screening Device Facteur 1 Impulsivité Facteur 2 Insensibilité émotionnelle Facteur 3 Narcissisme

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antisociale s’inscrit en continuité avec une régulation émotionnelle dysfonctionnelle (Frick et coll., 2003). En fait, l’Insensibilité émotionnelle désigne un important sous-groupe d’individus qui sont à risque d’avoir des problèmes de conduite tôt dans leur développement, en plus d’être sérieux et persistants (Kimonis et coll., 2016).

Validation des dimensions de l’APSD

Il est possible de s’attendre à certaines similitudes entre les dimensions de l’APSD et des syndromes cliniques reconnus. En fait, les tendances psychopathiques mesurées par l’APSD ont été comparées à des troubles cliniques dans la littérature (notamment, Frick et coll., 1994; Frick et coll., 2000), afin d’obtenir une certaine validation de construit. Ces travaux ont mis l’accent sur les relations entre les dimensions de l’APSD et le trouble des conduites, le

trouble oppositionnel avec provocation ainsi que le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité.

Tout d’abord, le trouble des conduites (TC) qu’il est possible de retrouver chez les jeunes de 17 ans et moins. Il comprend un ensemble de comportements répétitifs et persistants dans lequel les droits fondamentaux des autres sont bafoués ou que les normes et règles sociales correspondant à l’âge du sujet ne sont pas respectées (APA, 2013). Ces comportements se traduisent sous quinze critères dans le DSM-V et ils peuvent être regroupés sous quatre catégories (APA, 2013). Celles-ci comprennent l’agression envers des personnes ou des animaux, la destruction de biens matériels, la fraude ou le vol ainsi que la violation grave des règles établies (APA, 2013). De plus, le trouble des conduites décrit dans le DSM-V comprend la notion « Avec des émotions prosociales limitées » (APA, 2013) qui a été récemment ajoutée et qui est liée à la dimension Insensibilité émotionnelle de l’APSD (Kimonis, Fanti, Frick, Moffitt, Essau, Bijttebier et Marsee, 2015). Pour obtenir cette spécification au diagnostic de TC, le jeune doit avoir deux des quatre critères suivants : (1) absence de remords ou de culpabilité; (2) dureté (insensibilité) – manque d’empathie; (3) insouciance de la performance et (4) superficialité ou déficience des affects (APA, 2013). L’absence de remords ou de culpabilité est lorsqu’un jeune ne se sent ni mauvais ni coupable

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lorsqu’il fait quelque chose de mal (APA, 2013). Il dégage un manque de préoccupation pour les conséquences négatives de ses actes (APA, 2013).

Le critère dureté (insensibilité) – manque d’empathie est manifesté par l’enfant lorsqu’il ne tient pas compte ou qu’il ne se sent pas concerné par les sentiments des autres (APA, 2013). Il peut être décrit comme froid ou insouciant et il semble plus concerné par les effets que ses actions peuvent avoir sur lui-même, même si cela engendre des dommages à autrui (APA, 2013). Puis, l’insouciance de la performance se traduit par un désintérêt de l’enfant envers ses performances faibles/problématiques à l’école ou dans d’autres activités importantes (APA, 2013). Il ne fera pas les efforts nécessaires pour donner une bonne performance, même lors d’attentes claires, et il rendra les autres responsables de ses mauvais résultats (APA, 2013). Le dernier critère, la superficialité ou déficience des affects, est présent lorsque le jeune n’exprime pas de sentiment ou d’émotion aux autres, excepté de façon superficielle et peu sincère (ex. : pose des actions contradictoires avec l’émotion montrée, capable de déclencher ou d’arrêter une émotion rapidement) (APA, 2013). Cette superficialité peut aussi se manifester lorsque les émotions sont utilisées par intérêt (ex. : avoir des émotions dans le but de manipuler ou intimider les autres) (APA, 2013).

Il y a également le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) qui est parfois comparé aux dimensions de l’APSD (ex. : Bijttebier et Decoene, 2009; Frick et coll., 2000). Le TOP se définit comme un amalgame persistant d’humeur colérique/irritable, de comportement querelleur/provocateur ou d’un esprit vindicatif, dont les symptômes doivent persister durant au moins six mois (APA, 2013). Plus précisément, la personne doit présenter un minimum de quatre critères en lien avec ces différentes sphères, soit l’humeur colérique/irritable, le comportement querelleur/provocateur et l’esprit vindicatif (APA, 2013). De plus, ces comportements doivent être observables à l’extérieur de la fratrie (APA, 2013).

Finalement, il y a le déficit d’attention/hyperactivité, aussi nommé le trouble déficitaire de

l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), qui se trouve à être associé à certaines

dimensions de l’APSD dans la littérature (entre autres, Fite et coll., 2009). D’ailleurs, un outil le mesurant (CPRS-R (L)) sera comparé aux dimensions de l’APSD dans ce mémoire dans

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un but d'obtenir une validation de construit. Le TDAH peut être défini comme un mode persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui perturbe le fonctionnement ou le développement de l’individu (APA, 2013). Ce trouble est caractérisé par une inattention et/ou de l’hyperactivité et impulsivité qui ont des impacts négatifs directement dans les activités sociales et scolaires de l’enfant (APA, 2013).

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Chapitre 2 : Recension et problématique

L’outil Antisocial Process Screening Device

Historique

L’outil Antisocial Process Screening Device (APSD) a été créé par Robert D. Hare et Paul J. Frick en 2001 (Frick et Hare, 2010). Il s’agit d’une échelle d’évaluation à 20 items qui est conçue pour mesurer les tendances psychopathiques à l’enfance de manière analogue au construit de la psychopathie adulte (Frick et coll., 2000; Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 1994). Autrefois nommé le Psychopathy Screening Device, cet outil est une adaptation de l’échelle de Robert D. Hare, soit Psychopathy Checklist - Revised (PCL-R), qui mesure la psychopathie chez l’adulte (Frick et coll., 1994). L’APSD a été construit en s’assurant que chaque item du PCL-R soit inclus et adapté pour les enfants, excepté les items qui n’étaient pas significatifs à l’enfance (ex. : les comportements irresponsables comme parent; les mariages multiples) (Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 1994). Chaque construit du PCL-R qui était révélateur pour le concept de tendances psychopathiques à l’enfance a été transformé en item pour l’APSD (Frick et coll., 2000; Frick et coll., 1994). Aussi, contrairement au PCL-R, il ne s’agit pas d’un questionnaire autorapporté, étant donné l’âge de la population ciblée (Frick et Hare, 2010). Le questionnaire est plutôt rempli par les parents et/ou les professeurs des enfants (Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 1994). Une autre différence importante avec le PCL-R est que l’APSD a été créé pour évaluer les tendances hors des institutions légales ou de santé mentale (Frick et Hare, 2010). Cela a pour but de permettre l’évaluation des jeunes enfants présentant ces caractéristiques, mais n’ayant pas eu encore de contact avec les systèmes de justice pour adolescents ou avec des services de santé mentale (Frick et Hare, 2010). Une autre caractéristique de cet outil est qu’il peut être complété dans un court laps de temps et de manière efficace, permettant d’obtenir facilement un grand échantillon et qu’il soit plus représentatif (Frick et Hare, 2010).

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Lors de la création de l’APSD, les tendances psychopathiques chez les enfants ont été opérationnalisées par deux dimensions, c’est-à-dire l’Insensibilité émotionnelle et l’Impulsivité/Problèmes de conduite. La dimension Insensibilité émotionnelle mesure, entre autres, l’absence de culpabilité, le manque d’empathie, la faible émotivité et le désintérêt scolaire (Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 2000; Frick et coll., 1994). Pour ce qui est de la dimension Impulsivité/Problèmes de conduite, celle-ci mesure le faible contrôle de soi, les problèmes d’impulsivité, l’irresponsabilité et les éléments liés au narcissisme, comme se penser mieux que les autres, utiliser les autres ou être en colère lors de punition (Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 2000; Frick et coll., 1994). Chez l’adulte, l’élément narcissisme est associé avec l’insensibilité émotionnelle, alors que chez l’enfant, il est plutôt associé avec les problèmes de conduite et l’impulsivité, c’est pourquoi il se retrouve dans la deuxième dimension de l’APSD (Frick et coll., 2000).

Cependant, aujourd’hui, il existe un modèle à trois dimensions qui semble être celui à utiliser (Frick et Hare, 2010), même si certaines études trouvent encore des éléments justifiant l’utilisation du modèle à deux dimensions (ex. : Fite et coll., 2009). En fait, c’est celui à trois dimensions qui est maintenant utilisé par les créateurs de l’APSD, Frick et Hare, dans leur manuel technique sur l’outil (Frick et Hare, 2010). Pour le modèle à trois dimensions, Frick et ses collègues (2000) ont séparé à l’aide d’analyse factorielle la dimension

Impulsivité/Problèmes de conduite, soit les items reliés à l’impulsivité d’un côté et ceux reliés

au narcissisme de l’autre. Ainsi, le modèle à trois dimensions de l’APSD comprend l’Insensibilité émotionnelle, l’Impulsivité et le Narcissisme (Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 2000).

Description

L’APSD (figure 3) contient 20 items1 pouvant être cotés de 0 (pas du tout vrai), 1 (parfois

vrai) à 2 (définitivement vrai) (Frick et coll., 2000; Frick et Hare, 2010). À l’origine, l’APSD

a été créé pour évaluer les tendances psychopathiques des enfants âgés de 6 à 13 ans et il

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devait être administré aux parents et/ou professeurs de ceux-ci (Frick et Hare, 2010; Frick et coll., 1994). Par la suite, Caputo, Frick et Brodsky (1999) ont élaboré une version autorapportée de l’outil en changeant la formulation des items pour qu’ils puissent être répondus par les enfants eux-mêmes, et plus particulièrement par des adolescents.2 Il est possible de remarquer dans la littérature que l’APSD a été administré auprès de participants plus âgés, c’est-à-dire des adolescents (ex. : Vitacco et coll., 2003) et des jeunes adultes (ex. : Benning et coll., 2005).

Figure 3: Items de l'outil Antisocial Screening Device Process (traduction libre) Impulsivité/Problèmes de conduite

Impulsivité

1. Blâme les autres pour ses erreurs. 4. Agit sans penser aux conséquences. 9. S’ennuie facilement.

13. S’engage dans des activités risquées ou dangereuses.

17. Ne planifie pas ou laisse les choses aller jusqu’à la dernière minute.

Narcissisme

5. Ses émotions semblent peu profondes et non authentiques.

8. Se vante excessivement de ses habiletés, ses accomplissements ou ses possessions. 10. Utilise ou persuade les autres pour avoir ce qu’il/elle veut.

11. Taquine, se moque des autres.

14. Peut être charmant(e) parfois, mais d’une manière qui semble insincère ou superficielle.

15. Devient fâché(e) lorsqu’il/elle est corrigé(e) ou puni(e). 16. Semble croire qu’il/elle est meilleur(e) que les autres.

Insensibilité émotionnelle

3. Veut bien réussir à l’école.a

7. Est bon/bonne pour tenir des promesses.a

12. Se sent malheureux/malheureuse ou coupable quand il/elle fait quelque chose de mal.a

18. Se sent concerné(e) par les sentiments des autres.a 19. Ne montre pas de sentiment ou d’émotion. 20. Garde les mêmes ami(e)s.a

Non classés

2. S’engage dans des activités illégales. 6. Ment facilement et habilement.

a Items avec des scores inversés.

2 Les items étaient formulés à la troisième personne « he/she » et ils furent modifiés pour être à la deuxième

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Structure factorielle

Les deux structures factorielles de l’APSD furent le sujet d’un bon nombre d’études à travers la littérature (notamment, Fite et coll., 2009; Frick et coll., 2000; Frick et coll., 1994), à savoir lequel de ces deux modèles est le plus approprié pour mesurer les tendances psychopathiques à l’enfance.

La structure factorielle de l’outil APSD a d’abord été regardée par Frick et collègues (1994) auprès d’un échantillon de 95 enfants âgés de 6 à 13 ans issus du milieu clinique (pédiatrie et services d’évaluation) et dont le questionnaire a été complété par le parent. À l’aide d’analyse en composante principale3, les chercheurs ont trouvé un modèle à deux facteurs pour l’APSD. Ils ont identifié le facteur Impulsivité/Problèmes de conduite qu’ils ont comparé à la description comportementale de la psychopathie (le facteur style de vie déviant et antisocial du PCL-R). Le deuxième facteur identifié par les auteurs était l'Insensibilité

émotionnelle, décrite comme représentant la dimension psychologique/personnalité des

tendances psychopathiques (similaire au facteur interpersonnel/affectif du PCL-R). Ces deux facteurs étaient corrélés modérément l’un à l’autre (r = 0.50, p ≤ 0.001), proposant qu’ils soient reliés tout en étant des dimensions distinctes de l’APSD (Frick et coll., 1994). De plus, la cohérence interne4 de l’APSD selon la structure trouvée par Frick et ses collègues (1994) semblait adéquate (alpha de Cronbach (α) = 0.82 pour leur sous-échelle

Impulsivité/Problèmes de conduite; α = 0.73 pour celle Insensibilité émotionnelle).

Cependant, quelques différences surprenantes furent soulevées avec ce modèle à deux facteurs et le modèle de la psychopathie adulte. En effet, certains items qui habituellement auraient dû être associés avec la dimension affective des tendances psychopathiques, soit l’Insensibilité émotionnelle, se retrouvaient plutôt associés avec le facteur

Impulsivité/Problèmes de conduite (Frick et coll., 1994). Les chercheurs n’avaient pas

d’explication claire pour ce phénomène, mais ils ont suggéré que ces incohérences pouvaient

3 Analyse en composante principale : Il s’agit d’un type d’analyse factorielle qui sert principalement à réduire

un grand ensemble d’items à un nombre restreint, tout en conservant le plus d’informations possible (Bourque et El Aldlouni, 2016).

4 Cohérence interne : Il s’agit d’une méthode d’estimation de la fidélité (constance et reproductibilité de la

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être dues par un problème sur le plan de la validité de construit de l’APSD ou par une différence sur le plan développemental du concept de la psychopathie (Lilienfeld, 1998).

Par la suite, Frick et ses collègues (2000) ont refait l’exercice de validation de la structure de l’APSD avec deux échantillons d’enfants. Le premier échantillon était composé de 160 enfants recrutés dans une clinique externe en santé mentale où ils étaient patients. Leur moyenne d’âge était de 8.46 ans (É-T = 1.80) et l’APSD a été répondu par leurs parents et enseignants. Le second échantillon comprenait 1 136 enfants provenant de la population générale dont la moyenne d’âge était de 10.65 ans (É-T = 1.60) et pour qui l’APSD a été aussi répondu par les parents et les enseignants. Pour les analyses, les deux versions de l’APSD (parent et enseignant) ont été combinées. Frick et ses collègues (2000) ont procédé à des analyses factorielles exploratoires5 (maximum de vraisemblance, rotation oblique), afin d’identifier la structure de l’APSD. Ces analyses ont été faites séparément pour les échantillons et dans les deux cas, il a été possible de trouver deux structures pour l’APSD, soit le modèle à deux facteurs (Impulsivité/Problèmes de conduite et Insensibilité

émotionnelle) et à trois facteurs (Impulsivité, Narcissisme et Insensibilité émotionnelle).

L’ajout d’un troisième facteur résulte de la séparation du facteur Impulsivité/Problèmes de

conduite pour donner les facteurs Narcissisme (se penser supérieur aux autres, utiliser les

autres, se vanter excessivement) et Impulsivité (agir sans penser aux conséquences, ne rien planifier, s’engager dans des activités risquées). La dimension Narcissisme fait référence à la dimension interpersonnelle, alors que celle de l’Impulsivité fait référence à la dimension comportementale du concept de la psychopathie chez l’adulte. Quant au facteur Insensibilité

émotionnelle, il reste le même dans les deux structures de l’APSD. Les corrélations entre les

sous-échelles ont été vérifiées pour la structure à trois facteurs et la corrélation la plus élevée se trouvait entre Impulsivité et Narcissisme (r = 0.66, p < 0.001, échantillon de la population générale; r = 0.61, p < 0.001, échantillon clinique) (Frick et coll., 2000). Le facteur

Insensibilité émotionnelle était corrélé avec celui du Narcissisme à 0.55 (p < 0.001) et 0.57

(p < 0.001) et Impulsivité à 0.52 (p < 0.001) et 0.49 (p < 0.001) pour les échantillons de la population générale et clinique respectivement (Frick et coll., 2000). Ces résultats montrent

5 Analyse factorielle exploratoire : Il s’agit d’une sorte d’analyse factorielle dont l’objectif est d’arriver à une

conceptualisation de traits latents et cela, en déterminant un ensemble restreint de facteurs (Bourque et El Aldlouni, 2016).

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que ces sous-échelles de l’APSD sont modérément associées entre elles, tout en mesurant des construits différents. Pour ce qui est de la cohérence interne de ce modèle à trois facteurs, celle-ci semblait adéquate pour la sous-échelle Narcissisme à sept items dans l’échantillon de la population générale (α = 0.83) et celui clinique (α = 0.85). Elle était un peu plus faible, mais tout de même convenable pour la sous-échelle Impulsivité à cinq items (α = 0.74, échantillon de la population générale; α = 0.64, échantillon clinique) ainsi que pour celle

Insensibilité émotionnelle à six items (α = 0.76, échantillon de la population générale; α =

0.65, échantillon clinique).

En ce qui a trait à la structure, dans le cas de l’échantillon clinique, même si les deux pouvaient être identifiés, le modèle à deux facteurs semblait plus approprié, étant donné que le troisième facteur n’ajoutait rien au modèle selon les analyses factorielles (Frick et coll., 2000). C’était le contraire dans l’échantillon d’enfants issus de la population générale où la structure à trois facteurs de l’APSD était justifiée (Frick et coll., 2000). Malgré ces résultats, Frick et ses collègues (2000) en sont arrivés à la conclusion que le modèle à trois facteurs était plus intéressant sur plan intuitif et théorique. En effet, dans un premier temps, les chercheurs mentionnent que le facteur Insensibilité émotionnelle, qui est l’une des caractéristiques les plus souvent associées à la description de la psychopathie, a été identifié dans les deux structures trouvées. En second, la séparation des facteurs Impulsivité et

Narcissisme pourrait permettre de mieux étudier les différences existantes entre l’adulte et

l’enfant concernant le narcissisme. De plus, ces deux facteurs semblent avoir des corrélations différentes, notamment concernant le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) (Impulsivité : r = 0.52, p < 0.001) et le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) (Narcissisme : r = 0.45, p < 0.001). Cette dichotomie permettrait de mieux explorer ces associations (Frick et coll., 2000). Finalement, les chercheurs soutiennent que le modèle à trois facteurs de l’APSD tend à ressembler au modèle de la psychopathie chez l’adulte du PCL-R.

D’autres études semblent se ranger derrière le modèle à trois facteurs, notamment Dadds et ses collègues en 2005 qui ont vérifié la structure de l’APSD auprès de 1359 enfants australiens choisis dans le milieu scolaire et représentant différents milieux

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socioéconomiques. Cette étude est d’autant plus intéressante, puisqu’elle impliquait des enfants d’âge préscolaire. En effet, l’échantillon était composé d’enfants âgés de 4 à 9 ans (X = 6.3 ans, É-T =1.1) et, pour être plus précis, 404 garçons et 398 filles étaient âgés entre 4 et 6, tandis que 302 garçons et 255 filles étaient âgés de 7 à 9 ans. Ce sont les parents des enfants qui ont répondu au questionnaire. Dadds et ses collègues (2005) ont procédé à des analyses factorielles confirmatoires6 sur l’ensemble de leur échantillon, afin de vérifier la structure de l’APSD. Le modèle à trois facteurs, comprenant Impulsivité, Narcissisme et Insensibilité

émotionnelle, s’est avéré être le plus approprié, ce qui rejoint les conclusions de Frick et ses

collègues (2000). D’un autre côté, la cohérence interne était quelque peu diminuée auprès de cet échantillon (Impulsivité, α = 0.59; Narcissisme, α = 0.69; Insensibilité émotionnelle, α = 0.56) par rapport aux résultats obtenus par Frick et ses collègues (2000).

Les chercheurs Bijttebier et Decoene (2009) en Belgique ont examiné la fiabilité et la validité de l’APSD et leurs résultats se rapprochent des conclusions des précédentes études au sujet du modèle à trois facteurs (Dadds et coll., 2005; Frick et coll., 2000). En fait, Bijttebier et Decoene (2009) ont procédé à des analyses factorielles confirmatoires avec les items de l’APSD sur un échantillon composé de 182 enfants (82 garçons) âgés de 9 à 19 ans (X = 13.20 ans; É-T = 2.47). Pour trois des quatre versions complétées de l’APSD, c’est-à-dire parent, enseignant et parent/enseignant combiné, le modèle à trois facteurs (Impulsivité,

Narcissisme et Insensibilité émotionnelle) était le meilleur. Pour ce qui est de la quatrième

version, soit autorapportée, fait intéressant, c’était le modèle à deux facteurs (Impulsivité/Problèmes de conduite et Insensibilité émotionnelle) qui était le plus approprié. Concernant la cohérence interne des trois sous-échelles de l’APSD pour cette étude (Bijttebier et Decoene, 2009), elle variait entre α = 0.70 et 0.91 pour les versions complétées par les parents, les enseignants et la version parents/enseignants combinée, ce qui se rapproche des études antérieures (ex. : Frick et coll., 2000). Pour la version autorapportée, la cohérence interne était considérablement diminuée pour les trois facteurs, variant de α = 0.36 à 0.73 (Bijttebier et Decoene, 2009).

6 Analyse factorielle confirmatoire : Il s’agit d’un type d’analyse factorielle qui vise à vérifier la validité de

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Une autre étude fait également mention du modèle à trois facteurs comme meilleure structure pour l’APSD, soit celle de Dong et collègues en 2013 aux États-Unis. Cette étude a été conduite auprès d’un échantillon de 1681 enfants de la population générale âgés de 6 à 18 ans (X = 10.57 ans, É-T = 3.19 ans, 51 % de filles) ainsi que d’un second échantillon de 251 enfants provenant du milieu clinique (pédopsychiatrique) âgés aussi de 6 à 18 ans (X = 10.82 ans, É-T = 3.39 ans, 30 % de filles). Dong et ses collègues (2013) ont procédé à des analyses factorielles exploratoires séparément pour les deux échantillons. Dans les deux cas, le modèle à deux facteurs ainsi que celui à trois facteurs ont pu être identifiés, mais c’est le modèle à trois facteurs (Impulsivité, Narcissisme et Insensibilité émotionnelle) qui était le plus approprié pour la structure de l’APSD selon les analyses (Dong et coll., 2013). De plus, la cohérence interne de l’APSD était convenable pour l’échantillon de la population générale (Impulsivité, α = 0.72; Narcissisme, α = 0.83; Insensibilité émotionnelle, α = 0.62) et pour celui clinique (Impulsivité, α = 0.78; Narcissisme, α = 0.84; Insensibilité émotionnelle, α = 0.61), ressemblant aux résultats des études antérieures (ex. : Frick et coll., 2000).

Néanmoins, la recherche de Fite et ses collègues en 2009 vient ajouter un doute en suggérant que ce serait le modèle à deux facteurs qui serait à préconiser pour la structure de l’APSD. Ces chercheurs ont effectué des analyses factorielles confirmatoires auprès d’un échantillon de 328 enfants (X = 8.9 ans, É-T = non disponible) recrutés en psychiatrie pédiatrique et dont les parents ont accepté de répondre à l’outil. Ils ont pu identifier les deux modèles factoriels de Frick et collègues (2000). Ce fut cependant le modèle à deux facteurs (Impulsivité/Problèmes de conduite et Insensibilité émotionnelle) qui a été priorisé par les chercheurs, étant donné une forte corrélation entre les facteurs Impulsivité et Narcissisme (r = 0.96, p < 0.05) du modèle à trois facteurs ainsi que des meilleurs indices de concordance à la suite de l’analyse factorielle confirmatoire. Fite et ses collègues (2009) ont alors soulevé une hypothèse intéressante, soit que la structure à trois facteurs serait plus appropriée avec des enfants avec moins de troubles du comportement et des échantillons plus « normatifs », tandis que celle à deux facteurs pourrait être plus appropriée avec les enfants hospitalisés pour des troubles du comportement. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les enfants ayant déjà une problématique comportementale sont plus propices à avoir des problèmes comportementaux et sociaux chroniques et envahissants, ce qui implique donc aussi une plus

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grande probabilité d’observer une comorbidité sur le plan de ces tendances, tels que l’impulsivité et le narcissisme (Fite et coll., 2009). Cette hypothèse rejoint les résultats de Frick et ses collègues en 2000, puisqu’ils avaient obtenu une meilleure concordance pour le modèle à deux facteurs auprès de l’échantillon d’enfants provenant du milieu clinique, alors que la concordance était meilleure pour le modèle à trois facteurs chez les enfants provenant de la population générale.

Il faut aussi mentionner que le modèle à deux facteurs de l’APSD a été identifié lors d’une validation de la version française de l’APSD que les chercheurs ont nommé l’Échelle

d’Évaluation des Traits Antisociaux de l’enfant (ÉÉTA) (Deshaies, Toupin et Déry, 2009).

Cette étude a été menée sur 306 enfants âgés de 5.7 à 13.5 ans (X = 9.9 ans; É-T = 1.8 ans) qui ont été recrutés dans des écoles primaires (Deshaies et coll., 2009). Afin de procéder à la validation de leur version française, Deshaies et ses collègues (2009) ont procédé à des analyses factorielles confirmatoires et les deux facteurs du modèle (Impulsivité/Problèmes

de conduite et Insensibilité émotionnelle) ont été identifiés. Toutefois, il faut mentionner que

les chercheurs n’ont pas vérifié l’hypothèse du troisième facteur. Donc, il est difficile de statuer sur le meilleur des modèles pour cette étude. La cohérence interne des facteurs identifiés était plus faible de celle observée dans l’étude originale de Frick et collègues (1994) (Impulsivité/Problèmes de conduite, α = 0.62; Insensibilité émotionnelle, α = 0.65; Échelle

totale, α = 0.80).

À la lumière de ces éléments, le modèle à trois facteurs de l’APSD, tel que décrit par Frick et ses collègues en 2000, semble être celui à préconiser selon plusieurs chercheurs (Bijttebier et Decoene, 2009; Dadds et coll., 2005; Dong et coll., 2013). Ce modèle serait plus approprié pour mesurer les tendances psychopathiques à l’enfance, car il apporterait plus d’information et il se rapprocherait du modèle de la psychopathie chez l’adulte de Hare (Kotler et McMahon, 2010). Cependant, le modèle à deux facteurs semble encore légitime pour certains auteurs (Fite et coll., 2009; Frick et coll., 2000), notamment lorsque cet outil d’évaluation est utilisé auprès d’un échantillon d’enfants provenant d’un milieu clinique ou ayant déjà des problématiques comportementales. Pour ce qui est des enfants d’âge préscolaire, il est possible de voir que très peu d’études se sont concentrées sur cette population, afin de valider

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la structure de l’APSD. La seule étude comportant des enfants d’âge préscolaire à travers son échantillon semble être celle de Dadds et ses collègues en 2005 et celle-ci montre que le modèle à trois facteurs qui serait à privilégier.

Stabilité de l’APSD à travers des sous-groupes

Différence selon le sexe. Certaines recherches scientifiques évoquent la présence de

différences quant aux manifestations de la psychopathie selon le sexe (ex. : Lilienfeld et Hess, 2001), tandis que d’autres n’y trouvent aucune différence (ex. : Prado, Treeby, & Crowe, 2015). Par conséquent, cette hypothèse a également été soulevée chez les enfants. De façon générale, quelques études ont noté de plus grandes tendances psychopathiques chez les garçons, tandis que d’autres n’ont trouvé aucune différence entre les sexes (Verona, Sadeh et Javdani, 2010).

Plus précisément, en ce qui concerne l’APSD, certains chercheurs (notamment, Frick et coll., 2000; Frick et coll., 1994) se sont intéressés à la structure de l’outil selon le sexe des enfants. En commençant par le modèle à deux facteurs de l’APSD, Frick et ses collègues (1994), dont les deux échantillons étaient en majorité composés de garçons (81 % de l'échantillon évaluer et suivi en pédiatrie; 89 % de l'échantillon provenant de services d’évaluation), ont procédé à des analyses de variance (test t) pour le sexe. Il s’est avéré que les garçons et les filles ne différaient pas sur l’échelle totale de l’APSD. Cela ressemble aux résultats obtenus dans l’étude de Christian et collaborateurs (1997) qui se sont concentrés sur la présence de l’insensibilité émotionnelle chez les sous-groupes d’enfants avec des problèmes de conduite. Dans cette étude, le modèle à deux facteurs de l’APSD, répondu par les parents et les enseignants, a été utilisé pour mesurer l’insensibilité émotionnelle des 120 enfants de l’échantillon âgés de 6 à 13 ans (X = 8.68 ans, É-T = 2.07). Aucune différence entre les sexes n’a été trouvée, mais leur échantillon était composé à 80 % de garçons. Ce schéma semble se répéter et rejoint les conclusions de l’étude de Fite et ses collègues en 2009. Leur échantillon (n = 328) était composé à 29 % de filles. Les analyses factorielles n’ont révélé aucune différence entre les sexes, puisque dans tous les cas le modèle à deux facteurs était le plus approprié. Cependant, Fite et ses collègues (2009) ont tout de même mentionné que leur

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échantillon comportait un faible nombre d’enfants de sexe féminin et que cette comparaison devrait être explorée dans de futures études. Cette hypothèse pourrait également s’appliquer à l’étude de Christian et ses collègues (1997) et celle de Frick et ses collègues (1994) où les échantillons étaient à plus de 80 % masculin.

L’absence de différence semble s’appliquer aussi au modèle à trois facteurs de l’APSD. Entre autres, Dadds et ses collègues (2005) avec un échantillon composé à 55 % de filles n’a trouvé aucune différence entre les sexes pour la structure de l’APSD, puisque le modèle à trois facteurs était celui à prioriser dans les deux cas. Ce patron de résultats s’est répété dans l’étude Dong et collègues (2013) (échantillon clinique : 30 % de filles, échantillon population générale : 51 % de filles).

Néanmoins, l’étude de Frick et ses collègues (2000) présente un échantillon plus représentatif sur le plan des sexes et ils ont observé des différences pour ce qui est du modèle à trois facteurs de l’APSD concernant les résultats de l’analyse factorielle. En fait, ces chercheurs ont conduit des analyses factorielles séparément selon le sexe des enfants de leur échantillon qui provenait de la population générale (garçons : n = 404; filles : n = 446). Deux points ont été soulevés, soit que la différenciation entre les facteurs Narcissisme et Impulsivité du modèle à trois facteurs était moins claire chez les filles, puisque certains items montraient des scores factoriels élevés pour ces deux dimensions. Cela suggère que le modèle à deux facteurs serait possiblement mieux pour les enfants de sexe féminin dans cet échantillon. D’un autre côté, il est aussi possible que ces deux comportements soient difficiles à différencier chez les filles à ce stade de développement. Aussi, le facteur Insensibilité

émotionnelle affiche la plus grande variance expliquée parmi les facteurs identifiés chez les

garçons, ce qui n’est pas le cas chez les filles (Frick et coll., 2000). Cet élément pourrait signifier que les facteurs ne sont pas significatifs de la même façon selon le sexe des enfants.

Ensuite, Frick et ses collègues (2000) se sont intéressés aux scores des enfants à l’outil APSD selon leur sexe. À l’aide d’analyses de variance, les chercheurs ont montré que les garçons avaient des scores plus élevés aux échelles Impulsivité et Narcissisme que les filles. De plus,

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ce phénomène était observable aussi pour l’échelle Insensibilité émotionnelle, mais auprès des enfants plus vieux de l’échantillon.

Ces résultats quant aux scores à l’APSD ressemblent à ce que Frick et ses collègues (2003) ont trouvé lors de leur étude sur la présence ou l’absence de l’insensibilité émotionnelle chez 98 enfants âgés en moyenne de 12.36 ans (É-T = 1.73, proportion des sexes non spécifiée). Plus précisément, ces chercheurs ont remarqué que les enfants masculins obtenaient des scores plus élevés au facteur Insensibilité émotionnelle de l’APSD.

Différence selon l’ethnicité. Chez l’adulte, lorsque la prévalence des tendances

psychopathiques est regardée à travers différentes cultures, il est possible de remarquer quelques différences, telles qu’une plus grande prévalence chez certains groupes ethniques (ex. : les hommes d’origine américano-africaine; Cooke, Michie, Hart et Clark, 2005) (Verona et coll., 2010). Même si ces différences existent, elles peuvent être négligeables et les mesures de la psychopathie chez l’adulte semblent fonctionner à travers les cultures (Verona et coll., 2010). Dans le but d’étendre le concept des tendances psychopathiques aux enfants, il est important de vérifier les différences pouvant exister pour l’APSD par rapport à l’ethnicité.

Cet élément a donc fait l’objet d’analyses, tout d’abord, par Frick et ses collègues (1994) qui n’ont trouvé aucune différence entre les groupes ethniques pour le modèle à deux facteurs de l’APSD. Il faut toutefois mentionner que leur échantillon était en grande majorité d’origine caucasienne (plus de 80 %). Cela se rapproche des résultats de Christian et ses collaborateurs en 1997 qui eux non plus n’ont pu trouver de différences entre les groupes ethniques de leur échantillon, qui était composé à 79 % d’enfants d’origine caucasienne. Une autre étude ayant utilisé le modèle à deux facteurs de l’APSD et qui s’est penché sur les possibles différences sur le plan de l’ethnicité n’en a trouvé aucune, soit celle de Fite et ses collègues (2009) avec un échantillon à 60 % d'enfants américains d’origine africaine et 40 % d'enfants caucasiens.

La recherche de Frick et ses collègues en 2000 ont toutefois obtenu des résultats différents avec le modèle à trois facteurs de l’APSD. Ces chercheurs ont fait des analyses de variance

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auprès de leur échantillon provenant de la population générale qui était à 76 % caucasien. Ils ont observé que les enfants non caucasiens avaient obtenu des scores plus élevés sur la sous-échelle Narcissisme de l’APSD. De plus, ils ont remarqué qu’auprès des enfants plus jeunes (3e et 4e année) de l’échantillon, ceux d’origine non caucasienne avaient des scores plus élevés sur la sous-échelle Insensibilité émotionnelle. En ajout à cela, Frick et ses collègues (2003) ont soulevé que les enfants de leur échantillon qui était d’origine non caucasienne (21 %) obtenaient des résultats plus élevés sur le facteur Insensibilité émotionnelle. Les résultats de ces études suggèrent donc que des différences culturelles pourraient influencer les scores obtenus à certaines sous-échelles de l’APSD pour le modèle à trois facteurs. Toutefois, il faut soulever un bémol quant à ces résultats, étant donné la faible proportion d’enfants ayant une origine autre que caucasienne dans ces échantillons.

Différence selon l’âge. L’effet que pourraient avoir l’âge et les stades de développement

quant à l’APSD est un élément important de ce mémoire et certains chercheurs se sont penchés sur la question.

Tout d’abord, Frick et collaborateurs (2000) ont regardé s’il existait un effet de l’âge sur les scores aux sous-échelles de l’APSD. Ils ont remarqué que les enfants les plus jeunes (3e et 4e année) de l’échantillon avaient des résultats plus élevés concernant l’Impulsivité. Sinon, l’âge avait un effet sur la sous-échelle Insensibilité émotionnelle, mais seulement s’il était combiné à d’autres variables. Effectivement, les participants plus jeunes et ayant une origine autre que caucasienne avaient des scores plus élevés sur cette sous-échelle. Puis, de façon générale, il était possible d’observer que les enfants plus vieux de l’étude et de sexe masculin avaient des scores plus élevés à toutes les sous-échelles de l’APSD. En revanche, ces résultats ne concordent pas avec ceux de Frick et ses collègues (1994) qui n’ont pas trouvé d’association entre l’âge des enfants et les scores obtenus à l’APSD pour le modèle à deux facteurs.

Dans l’étude de Dadds et collaborateurs (2005), l’âge des enfants était également un élément qui a été considéré. Ces chercheurs ont divisé leur échantillon en deux, soit les enfants de 4 à 6 ans (n = 802) et de 7 à 9 ans (n = 557) et ils ont vérifié s’il existait des différences sur le plan de la structure de l’APSD selon l’âge. Ils ont trouvé qu’il n’existait pas de différence et

Figure

Figure 1: Modèle théorique à deux facteurs
Figure 2: Modèle théorique à trois facteurs
Figure 3: Items de l'outil Antisocial Screening Device Process (traduction libre)  Impulsivité/Problèmes de conduite
Tableau 1: Description de l’échantillon
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Références

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