Pour voire documentai-ion personnelle
a) A travers les Revues
I V . -
D I V E R S
Temps Modernes a consacré son double numéro d'août-septembre aux Etats-Unis. Les divers aspects de la société américaine y sont passés en revue sous des signatures f r a n ç a i s es et amé-ricaines : la démocratie, l'économie, les salaires et les prix, la conscience ouvrière, la sexualité, etc., sont présentés sous la rubrique Situations.
Mythes nous présente les derniers aspects de l'art yankee, notamment deux excellentes études sur le Folklore Musical et les Negro Spirituals. Enfin, les problèmes humains et leurs incidences individuelles et sociales occupent la dernière partie de ce copieux ensemble de près de 400 pages, dont la lecture ne manquera pas de sus-citer des confrontations, des méditations et des conversations fructueuses.
Esprit, de novembre, nous présente à son tour
l'Homme américain dans un numéro spécial-de 250 pages. Il est intéressant de comparer les optiques différentes de ces deux revues, l'une existentialiste, l'autre catholique, sur un même sujet.
M. Denis de Longemont, écrivain et philo-sophe helvétique, chargé de rédiger une conclu-sion à cette étude, enfourche son dada familier, celui d'un antisoviétisme effréné.
Maintenant, recueil publié par les Editions Grasset, sous la direction d'Henry Poulaille, renferme dans son numéro 3 des études et des textes susceptibles d'intéresser nos collègues : Deux jeux de Carnaval allemand du xvi» siècle (Hans Sachs), une étude sur André Gide, aux juge-ments contestables, mais qui offre l'avantage d'embrasser en dix pages l'essentiel de l'oeuvre de ce pèlerin du moi, un conte de Tristan Rémy sur La Commune de Paris, qui illustrera p a r f a i -tement une leçon d'histoire, une très intéressante
synthèse, suivie d'une bibliographie, sur l'œuvre
d'Edouard Peisson, maître avec Roger Vercel du
roman d'aventures maritimes. Pour renouveler l'enseignement, trop traditionnel hélas, de la récitation, un certain nombre de poèmes inédits, sous une f a c t u re très moderne, conservent toutes les qualités de rythme et de suggestion requises par l'imagination de nos adolescents. Dans le domaine de l'art, Elie Faure nous est ressuscité dans la densité de ses analyses et l'ampleur de ses perspectives grâce à un texte : Naissance de l'Architecture. Ne manquons pas de men-tionner enfin un article sur le Dessin enfantin
magnifiquement illustré par ces petits chefs-d'œuvre spontanés d ' e n f a n t s de 4 à 16 ans qui, de l'aveu même d'un grand peintre comme Fer-nand Léger, r e n f e r m e nt d'inestimables ensei-gnements.
Europe réserve, en novembre (n° 11), une place importante aux questions d'enseignement : La
réforme de l'Enseignement est exposée par M.
Monod, Directeur de l'Enseignement du second
degré. Nos collègues seront sensibles à l'hom-mage rendu par un éminent universitaire form é aux disciplines classiques à l'Enseignement Tech-nique. La pédagogie de l'avenir devra exploiter à fond l'étroite solidarité de la main et du cerveau, la dextérité de l'une entraînant souvent le développement de l'autre. Nous espérons que
M. Monod ne sépare pas dans sa pensée la natio-nalisation des Collèges Modernes et Classiques qu'il vient d'obtenir, de celle des établissements de l'Enseignement Technique, qu'il a promis d'appuyer de son autorité.
Les pages qu'il consacre à la définition de la culture, à son contenu et aux conditions de son acquisition sont d'une belle venue : l'homme
cultivé est celui qui est capable de saisir sa situa-tion d'homme, dans l'espace et dans le temps.
Il est difficile de ne pas souscrire aux excellents
principes que M. Monod, en accord avec la Commission Langevin, place à la base de la pédagogie active et des f u t u r s programmes.
Suzanne Roubakine nous donne le compte-rendu des t r a v a u x du Congrès Européen de
l'Edu-cation Nouvelle, qui s'est tenu récemment à la Sorbonne, sous les auspices des professeurs Lan-gevin, Piéron, Wallon, Perrière, Piaget, etc... La lecture de l'article de M. Monod sera une excel-lente préparation à ce compte-rendu, qui reprend les thèses mêmes de la réforme de l'Enseigne-ment.
Ce même numéro d' « Europe » continue la publication d'un recueil de contes tchèques, œuvre du plus g r a n d écrivain tchèque d'aujour-d'hui, Vladislas Vancura, dont le titre : La fin
des Temps Anciens, est suffisamment évocateur.
A. DUMEIX
Professeur de l'E.N.N.A., Paris.
Technique Moderne, juillet 1946, page 149. Très
intéressante étude des appareils de contrôle et de mesure dans la construction mécanique.
Bulletin de l'Union des Physiciens, octobre 1946,
au sommaire :
1° Idées nouvelles sur 1 électrolyse ( J a f f r a y ) ; 2° Comment éveiller le sens de la mécanique? (Mazet, Recteur honoraire.)
Si nos conceptions d'un enseignement expé-rimental avaient besoin d'être défendues, cette note présentée au Congrès de l'Enseignement expérimental (1937) par une personnalité du monde scientifique nous apporterait la plus solide des a r g u m e n t a t i o ns ;
3° Des expériences trè s intéressantes sur l'induction et sur la détermination de la fré-. quence d'un courant alternatiffré-.
J. LIGNON
Professeur de Sciences E.N.N.A., Paris.
b) Des livres qui enseignent
LES GOUVERNEURS DE LA ROSEE.
par Jacques ROUMAIN (Bibliothèque Française). Dans l'ambiance chaude et colorée, de vieille tradition f r a n ç a i s e, de l'île d'Haïti, Jacques Roumain, mort en pleine jeunesse, brosse une pastorale créole très émouvante. Son héros ra-nime un village délabré par la sécheresse, aux cultures à l'abandon. Il lui f a u t vaincre toutes les superstitions indigènes, imposer son dyna-misme créateur à l'indolence des noirs, résister à l'offensive sournoise des sorciers, dqnt il tom-bera victime. Mais son exemple a u r a vaincu.
Les maîtres puiseront dans cette œuvre des pages susceptibles de captiver par leur exotisme leur jeune auditoire, de l'instruire aussi des pro-blèmes agricoles coloniaux, de l'édifier enfin par la belle leçon d'énergie que prodigue le meneur de jeu des Gouverneurs de la Rosée.
TERRES DEFRICHEES.
par Michel CHOLOKHOV (Hier et Aujourd'hui). C'est l'épopée de la socialisation du sol qui vou;3 est ici contée. Comment, dans un village d'Ukraine, s'est f o r m é le Kolkhoze, comment il f u t accueilli, les espoirs, les découragements, les obstacles, les réussites qui ont marqué sa nais-sance et son développement, voilà ce que Cho-lokhov nous retrace, avec un réalisme et une finesse psychologique hors de pair. Vous goûterez particulièrement les portraits de p a y s a ns et de militants burinés sans coquetterie, les supersti-tions et les coutumes plaisamment évoquées, le chant profond qui s'élève de toutes ces pages et qui restitue fidèlement le lyrisme et l'âpreté de cette éclosion d'un monde nouveau.
TERRE VIOLENTE.
par Jorge AMADO (Nagel). Encore un roman de terroir, l'œuvre maîtresse du plus g r a n d écrivain brésilien d'aujourd'hui. C'est l'histoire des temps héroïques où les premiers planteurs ont entrepris de gagner sur la forêt vierge de vastes espaces pour y cultiver le cacao. C'est une véritable f r e s q ue haute en couleur, où le pittoresque et l'humour côtoient le réalisme le plus brutal. Amado met à nu l'énorme mystification à la-quelle concourent les protégés des g r a n d s plan-teurs : politiciens, magistrats, policiers et jour-nalistes de la ville, qui ont pour unique mission de dissimuler sous leurs controverses et leurs bavardages « idéologiques » la passion sordide du g a i n et les désirs effrénés de domination de leurs maîtres tout-puissants. Terre Violente,
après Bahia de tous les Saints, consacre la va-leur de ce jeune écrivain, impitoyable dans sa dénonciation des méfaits d'un capitalisme colo-nialiste, enthousiaste dans son esquisse de la libération des massés laborieuses brésiliennes.
L'ETANG DE L'OR.
par Gaston BAISSETTE (Bibliothèque Française). Les professeurs de f r a n ç a i s et de géographie de nos écoles du Languedoc trouveront dans ce livre une source inépuisable de renseignements vivants sur la Garrigue et les étangs de l'Hé-rault. L'auteur retrace la jeunesse de son héros vouée tout entière au culte de l'Etang de Mel-gueil, à sa découverte minutieuse, à la contem-plation de ses eaux, de sa flore, de sa faune, à l'amitié de son peuple de pêcheurs, pêcheurs d'anguilles, chasseurs de mâcreuses, g r a n d s
veurs, observateurs subtils. Plus d'une page f a i t penser à la féerie mélancolique du Grand Meaul-nes. L'Etang de l'Or ? Un baume salutaire de
simplicité et de poésie, et en même temps, un document fidèle.
L ' E N F A N T E N C H A I N E .
par André WURMSER (Bibliothèque Française). Des souvenirs d'enfance écrits pour les grandes personnes par un homme de cœur et d'esprit. L'atmosphère d'une nombreuse famille petite-bourgeoise, avec ses rites scrupuleux, ses partis-pris risibles, les mille et un incidents d'une vie étroitement quotidienne, est reconstituée avec une ironie qui n'exclut pas la tendresse. Mais ce livre marquera surtout par la touchante déli-catesse avec laquelle André WURMSER évoque les amours enfantines, dont la ruse n'a d'égale que la pureté. L'enfance parisienne qui tisse ses mi-rages dans la pénombre des cuisines, la tristesse des arrière-cours ou sous les frondaisons ration-nées d'un square, revit ici avec tout son charme et son impromptu.
L A P R O D I G I E U S E H I S T O I R E D E L ' H U M A N I T E .
par André RIBAUD (Editions Delatre). Ce n'est pas l'œuvre d'un historien de cabinet, d'un érudit compilateur, d'un homme que l'action conduit
à l'étude et dont l'étude guide l'action. C'est une très large fresque qui retrace tous les efforts des hommes pour sortir de la barbarie origi-nelle, puis s'élever peu à peu à travers les diffé-rentes étapes de la science et de l'économie, a une conscience claire de leurs capacités et de leur solidarité. La tâche était ardue de choisir, parmi des milliers de f a i t s intéressant des di-zaines de peuples,- les quelques f a i t s essentiels qui marquent une époque, les quelques peuples qui, à un moment donné de l'histoire, incarnent le mieux la conscience de l'humanité. Cet ou-vrage satisfera à la fois les spécialistes soucieux de synthèse et les profanes que la densité des manuels historiques rebute à juste titre. P a r la sûreté et la profondeur de ses analyses, l'auteur nous f a i t tirer de l'examen des f a i t s de pré-cieuses leçons pour la compréhension du monde actuel ; il démontre la continuité de l'effort populaire vers l'émancipation économique, poli-tique et sociale, l'ancienneté et la perpétuité des traditions de liberté sous toutes les latitudes.
La Prodigieuse Histoire de l'Humanité a sa place à l'école comme à la maison, car c'est une œuvre de-foi dans l'effort des hommes et la soli-darité des peuples en lutte pour le progrès et la paix.
Les Cahiers de la Jeunesse Française
Ce titre renouvelé de Péguy, entr'autre s g r a n d sécrivains, ne recouvre p o u r t a n t pas des vues ambi-tieuses, ni surtout des prétentions d'ordre litté-raire" ou politique. Il s'agit tout simplement de journaux pour adolescents, pour garçons et filles de 13 à 17 ans. Nous en manquons, n'est-ce pas ? Plus exactement, nos e n f a n t s et nos élèves manquent de journaux « beaux et bons ».
Or, voici une revue qui s'offre à eux. Il me p a r a î t indispensable, à moi éducateur, que tous les éducateurs la connaissent. Et plus particulière-ment mes collègues et amis : inspecteurs et pro-fesseurs de l'E. T.
D'abord parce que cette revue naî t de l'effort désintéressé d'une équipe de jeunes universitaires, parmi lesquels plusieurs membres de l'E. T.
Ensuite parce que c'est une revue bien faite et bien présentée : d'élégante simplicité, de valeur littéraire et artistique indiscutable ; bref, une heureuse réaction contre la violence de tous ces m a g a -zines sauvagemen t bariolés qui excitent dangereu-sement chez les e n f a n t s les instincts élémentaires
et les goûts les plus grossiers. Puisque le journal est devenu indispensable aux petits comme aux grands, pourquoi ne pas orienter la curiosité et la sensibilité des petits vers quelque publication qui satisfasse en même temps la raison des g r a n d s ?
Lisez donc le sommaire ou le numéro spécimen de cette revue. Peut-être y trouverez-vous bonne réponse à cette double exigence. Enfin, s'il est vrai que l'E.T. s'accorde, à côté de son rôle de prépa-ration de l'enfant à la vie professionnelle, une mission plus générale de formation sociale et hu-maine, il importe que les fenêtre s des Collèges Techniques et plus souvent encore des Centres d'Apprentissage soient largemen t ouvertes sur la vie... La jeune équipe qui rédige et publie « Mille-pattes » a conscience de cette nécessité. Il vous reste à orienter son effort et à l'encourager selon vos moyens.
« Millepattes », 66, Chaussée-d'Antin, Paris. Abonnement six mois : 170 francs.
Spécimen sur demande : 20 francs.
