• Aucun résultat trouvé

Les sciences sociales "en chiffres" : un mot de l'éditeur

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Les sciences sociales "en chiffres" : un mot de l'éditeur"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)Le Cahier de l’ACSALF Association canadienne des sociologues et anthropologues de langue française Volume 2, no. 2, avril 2005. Les sciences sociales « en chiffres » Mot du président Joseph Yvon THÉRIAULT, Université d’Ottawa près avoir dressé un portrait du Québec en tendances graphiques (Cahier no 1.), scruté les nouvelles orientations de nos disciplines selon le type de recherche réalisé par les jeunes thésards (Cahier no 2.), voilà une troisième sonde sur l’état de notre discipline : Les sciences sociales « en chiffres ». Encore ici, le Cahier de l’ACSALF n’a pas la prétention à présenter une analyse exhaustive des récentes orientations de la recherche en sciences sociales, tout comme il ne propose pas un propos éditorial. Plus modestement, il vise à nourrir notre espace public de quelques faits et affirmations permettant une discussion plus éclairée sur l’état de notre discipline.. A. On peut en vrac d’ailleurs souligner quelques constatations du présent dossier qui alimenteront nos discussions. Les sociologues dans leur grande majorité se réclament d’une tradition de la sociologie critique. La permanence se joue à l’embauche et non pas au moment formel de la permanence. La génération « boom » a encore le vent dans les voiles et structure un type de recherche en équipe, la nouvelle génération adoptera-t-elle ce modèle? Les sciences sociales restent réticentes à la publication en anglais mais suivent néanmoins, au niveau des revues savantes du moins, une tendance générale. Des comportements disciplinaires persistent, tout comme les variables régionales, de sexe, de langue, d’âge dans l’octroi des subventions. À l’époque d’une accélération. de la mondialisation, ce sont de plus en plus des diplômes d’ici qui forment la nouvelle génération de professeurs chercheurs. Nous entrons dans l’économie du savoir et celle-ci sera largement dominée par les sciences humaines, car se sont encore celles-ci qui forment la majorité des travailleurs professionnels de demain. Ce numéro continue donc la courte, mais riche, tradition du Cahier de l’ACSALF. Je remercie vivement Yves Gingras de l’UQAM et Jean-Phillippe Warren de Concordia d’avoir recueilli pour nous ce bouquet d’informations sur les sciences sociales. Il s’agit bien d’un bouquet d’ailleurs, car bien que l’on annonce un dossier chiffré, il dépeint nos disciplines dans une grande variété de teintes.. Un mot de l’éditeur. Sommaire :. Yves GINGRAS, UQÀM, Directeur du CIRST Jean-Philippe WARREN, Université Concordia, Vice-président de l’ACSALF. La diversité épistémologique de la sociologie cana-. ’année dernière, le premier Cahier de l’ACSALF avait été consacré à l’exploration de l’histoire du Québec à partir d’une série de tendances statistiques1.. Il s’agissait, pour une quinzaine de collaborateurs, de sonder l’évolution de la province en se basant sur des chiffres, c’est-à-dire sur des données quantifiées et concrètes, afin de mieux saisir les tribulations de ce « siècle où le Québec est venu au monde », selon l’expression de Jean-Jacques Simard. Le résultat ayant été accueilli avec enthousiasme, la volonté a surgi de répéter l’expérience, mais en ciblant cette fois le monde universitaire et, en particulier, celui des sciences sociales. Cette volonté était renforcée par la parution récente de quelques études préparées à partir d’entrevues, de questionnaires, de sondages, de données empiriques ou de statistiques. Ces études, croyons-nous, contribuent de belle façon à l’effort de prendre recul, de manière critique, mais surtout « positive » ou « sociographique », comme on disait autrefois, par rapport aux « tendances » de la recherche et de l’enseignement. C’est ainsi que nous avons invité quelques auteurs dont les travaux nous étaient connus, de même que d’autres dont nous pouvions attendre une. L. contribution stimulante, à pondre un article d’une longueur d’environ trois pages qui ferait le point, à l’aide de données concrètes, sur une question ou un enjeu relativement précis, et ce tout en s’éloignant autant que possible de la description sèche des phénomènes. Présenter la sociologie et les autres sciences sociales « en chiffres », comme nous le proposons dans cette livraison du Cahier de l’ACSALF, correspond à un triple objectif.. dienne. Quelques éléments de comparaison entre professeurs francophones et professeurs anglophones.....................................................................2 Quelques notes sur l’attribution de la permanence à l’université................................................................4 Subventions et contrats de recherche en sciences sociales et humaines : que disent les chiffres ?......6 Le rôle des milieux non-universitaires dans la formation des jeunes chercheurs .....................................8 Les pratiques de publication des chercheurs québécois en sciences sociales......................................10. 1. Ce Cahier de l’ACSALF vise à sortir des évaluations individuelles et subjectives. Il arrive trop souvent que nous sombrions encore, nous qui pourtant devrions être les plus avertis de ce genre de pièges, dans « l’erreur écologique » (« ecological fallacy »), laquelle nous fait prendre l’échantillon de notre environnement immédiat pour la réalité complète. Or, les exemples que nous avons sous la main ne sont pas toujours les plus représentatifs ni les plus concluants. Voir page 9 : Mot de l’éditeur (suite). Les usages de l’information par les chercheurs en sciences sociales...................................................12 Trois générations de sociologues et quelques tendances de publication............................................14 Internationalisation de la formation doctorale? Le cas des professeurs universitaires de sociologie..15 La place des humanités dans l’économie du savoir......................................................................17 Subventions ordinaires de recherche du CRSH, concours 2004 et 2005 ........................................18.

(2) Le Cahier de l’ACSALF. Volume 2, no. 2, avril 2005. qui sont les plus isolés de tous5. Chez les collaborateurs directs, ce « réseau de soutien » a d’ailleurs une chance sur deux de comprendre, entre autres, des non-universitaires (employeur ou autre représentant d’organisation nonuniversitaire). On observe donc que la collaboration avec des organisations non-universitaires permet aux étudiants qui y prennent part d’élargir leur réseau social et de bénéficier du soutien de personnes issues d’horizons diversifiés. Ce réseau, dans sa portion nonuniversitaire, est par ailleurs constitué de personnes détenant un haut niveau de qualification : près des deux-tiers des collaborateurs directs (63,8%) ont des contacts avec des nonuniversitaires titulaires d’un doctorat. Cette proportion est nettement plus faible chez les collaborateurs non-contractuels, se situant à 43,1%. Contrairement à la situation observée en SNG, toutefois, il est plus rare que les organisations non-universitaires consacrent des ressources humaines à temps plein à la recherche. Conséquemment, il arrive aussi moins souvent que des représentants nonuniversitaires avec lesquels les étudiants en sciences humaines et sociales sont en relation soient des chercheurs à temps complet. Il n’en demeure pas moins que les collaborateurs directs en sciences humaines et sociales ont accès à un groupe de référence beaucoup plus large que leurs pairs non-collaborateurs, qu’ils soient ou non boursiers. Cette ouverture au milieu se traduitelle par une fermeture à la communauté universitaire? De toute évidence non puisque 82,5% des collaborateurs directs ont effectué. au moins un type de diffusion de leurs résultats de recherche dans le cadre de leurs études et que les deux-tiers (67,5%, soit autant que chez les boursiers non-collaborateurs) ont déjà été exposés à l’évaluation par les pairs. Leurs publications sont notamment des rapports et des communications orales, mais aussi des articles (45,0%). Les collaborateurs directs sont donc ainsi les plus susceptibles d’avoir déjà publié (82,5%), devant les boursiers noncollaborateurs (78,4%) et les collaborateurs non-contractuels (73,9%). La proportion des non-boursiers non-collaborateurs qui ont publié est faible (52,5%)6, ce qui apparaît problématique étant donné le caractère central de la diffusion des résultats de recherche pour l’avancement des connaissances. Ces derniers sont également les moins exposés à l’évaluation par les pairs, seuls 38,8% ayant vécu cet important rite académique. Enfin, le recours au soutien offert par des non-universitaires ne signifie pas non plus que les étudiants collaborateurs se détournent en masse des carrières universitaires : leurs projets professionnels ne se distinguent pas significativement de ceux des autres catégories d’étudiants en sciences humaines et sociales. Règle générale, le désir d’obtenir un poste universitaire maintient une large part (c’est l’emploi idéal d’environ 45% des répondants) mais plusieurs affirment quand même préférer travailler au sein d’organisations gouvernementales ou, plus rarement, d’une entreprise ou du milieu communautaire. Ce très rapide survol de l’expérience de collaboration avec le milieu des étudiantes. et étudiants en sciences humaines et sociales montre que, dans le spectre des situations possibles, les aspirants sociologues et anthropologues s’en tiennent généralement à des collaborations d’assez faible intensité. Autrement dit, la relation entre ces étudiants et le milieu non-universitaire est davantage typique du lien entre un chercheur et son objet de recherche que d’un partenariat fondé sur la réciprocité. Malgré tout, la contribution du milieu à la formation des étudiants n’est pas forcément limitée à se laisser étudier docilement : environ la moitié des étudiants collaborateurs affirment recevoir de l’encadrement intellectuel ou du soutien de la part de non-universitaires. La forme et l’ampleur du soutien qui est apporté par ces acteurs non-universitaires à la formation de la relève dans nos disciplines mérite d’être étudiée plus à fond. En revanche, d’un point de vue éthique, on peut se demander quelle contribution les étudiants offrent en retour des données et souvent du soutien qu’ils reçoivent des organisations non-universitaires. Il existe dans nos disciplines une tension entre la contribution à l’avancement de la discipline et la contribution à la société qui ne peut ni ne doit se résoudre tout à fait. Poursuivre la recherche et la réflexion sur les collaborations universitémilieu dans notre pratique constitue certainement une des manières d’apprendre à vivre avec cette tension, un héritage qui mérite d’être transmis à la relève en formation.. 5 Seule la moyenne de 2,49 est significativement plus basse (test t) par rapport à l’ensemble de l’échantillon, les différences entre les trois autres catégories d’étudiants étant peu significatives. 6 Seule la moyenne de 52,5% est significativement plus basse (test t) de l’ensemble de l’échantillon, les différences entre les trois autres catégories d’étudiants étant peu significatives.. Un mot de l’éditeur (suite de la page 1) Le croisement des différents tableaux et données présentés ici se veut une première tentative de cartographier une forêt dont chacun des arbres est parfois convaincu de bien la connaître... 2. Ce numéro permet aussi de nuancer ou invalider plusieurs prophéties qui circulent sur l’évolution des disciplines universitaires. En d’autres termes, il aide à mieux distinguer « ce qui est » de « ce qui devrait être ». Nous sommes souvent mobilisés par des discours qui annoncent pour demain le « meilleur des mondes » ou qui, comme dans un miroir, lamentent la « fin de l’université » ou « la fin des sciences sociales ». La réalité peut, il est vrai, pencher dans un sens ou dans l’autre, mais il est à prévoir qu’elle est rarement aussi blanche ou aussi noire (même tendanciellement!) que certains vaticinateurs le prétendent. 3. On affirme que la sociologie fait partie des sciences humaines. Cette affirmation est aussi généreuse que… générale. Au delà de ce consensus, cependant, il importe de constater, chiffres à l’appui, que plusieurs caractéristiques. de la recherche séparent en fait la sociologie (et quelques autres sciences sociales) des humanités (l’histoire et la philosophie, par exemple). Ce genre de distinctions aide à comprendre les récriminations de bien des humanistes face aux sciences sociales, critiques souvent homologues à celles que les praticiens des sciences sociales adressent aux sciences de la nature. Plusieurs des données quantitatives présentées ici sont tirées de sondages et d’analyses faites à partir de bases de données bibliométriques. Le sondage est un outil méthodologique ancien et courant en sciences sociales. La technique bibliométrique est, quant à elle, d’un usage plus récent; elle s’est particulièrement développée au Québec avec la création, en 1997, de l’Observatoire des sciences et des technologies (OST), aujourd’hui affilié au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST) situé à l’UQAM. L’OST compte à sa disposition diverses bases de données sur la recherche universitaire dans l’ensemble des disciplines académiques. Ces bases de données (dont certaines ont été développées par l’OST lui-même) brossent un. tableau global de l’évolution des pratiques de recherche depuis le début des années 1980 : subventions et contrats de recherche, brevets et publications d’articles savants. Sans être exhaustives, ces données permettent aujourd’hui de prendre pour objet les disciplines ellesmêmes comme agrégat des pratiques individuelles. On peut ainsi analyser la sociologie selon l’appartenance institutionnelle mais aussi selon le lieu de publication -- ce qui permet de regrouper des chercheurs qui n’enseignent pas dans des départements de sociologie mais publient dans des revues de sociologie. Etc. Accompagnant les données de l’OST, d’autres études quantitatives aident à prendre la mesure de quelques réalités faussement bien connues du milieu universitaire : l’épistémologie, l’utilisation des données, la permanence, l’économie du savoir, etc. On trouvera dans ce petit numéro spécial du Cahier de l’ACSALF une riche et stimulante revue de notre landerneau académique. On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Il faudrait ajouter qu’un chiffre ou qu’un graphique en vaut au moins autant! 1 Nous tenons à remercier vivement Mélita Goléa-Man pour l'aide apportée à la réalisation de ce cahier.. 9.

(3)

Références

Documents relatifs

Obwohl es den von Jean Crouzot 1937 und 1938 begründeten Einrichtungen (Centre d’études des problèmes humains; Institut de psychologie appliquée) nicht gelang, die Soziologen

Depuis 2015-2016, le statut des étudiants ajournés mais autorisés à composer dans l’année supérieure (AJAC) est ainsi défini : le passage dans l’année immédiatement

Session 2 : Pour chacun des deux semestres, la session 2, dite « de rattrapage », a lieu au mois de JUIN : Dans les UE non acquises du (ou des) semestre(s) non validé(s),

[r]

Bien que certains enjeux lors du RéDoc restent complexes à satisfaire, tout particulièrement, les temps alloués aux discussions que ce soit dans les conférences plénières et

La pluridisciplinarité se matérialise à chaque semestre avec un à deux cours qui portent sur des objets privilégiés des sciences économiques et sociales, comme le travail,

Mais sera également interrogé l’usage qui peut être fait de Foucault en sciences humaines et sociales : les étudiants seront notamment invités à mener une réflexion sur

- Il est contemporain des faits (vit à cette époque sans être sur place) : justification sur base de la biographie de l’auteur ou du document.. L’auteur a- t-il été