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Internet et les documentalistes d’établissement scolaire
du second degré - Nord, 2000. Vers une intégration dans
les pratiques professionnelles des documentalistes ?
Delphine Simons
To cite this version:
Delphine Simons. Internet et les documentalistes d’établissement scolaire du second degré - Nord, 2000. Vers une intégration dans les pratiques professionnelles des documentalistes ?. Sciences de l’information et de la communication. 2001. �dumas-01618797�
Université de
Lille III
U.F.R.
I.D
Delphine Simons Maîtrise S.l.D
Annéescolaire 2000-2001
Internet
et
les
documentalistes
d'établissement
scolaire du
second
degré
-Nord, 2000.
Vers
uneintégration dans les
pratiques
professionnelles
des documentalistes
?
Annette
Béguin
: directeur de recherche Octobre 2001. B.U.C.LILLE3illlillli
0 021 570077 6INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Internet et les technologies nouvelles à l'Ecole : tentative de définition. De
quoi
parle-t-on ?
4
1.1 Internet ...4
1.1.1 Internet : historiqueet définition 4
1.1.2 Les fonctionnalités d'Internet 4
1.1.3 Internet à l'Ecole : atoutsetdangers 5
1.2 Internet est-il un outil révolutionnaire par rapport aux NTIC 8 1.2.1 De l'avènement des NTIC àaujourd'hui : bref historique 8
1.2.2 Que sont réellementles NTIC ? 9
Le sigle T 9
Le sigle 1 11
Le sigleN 11
Le sigle C 11
1.2.3 Leplus d"Internet ? 12
2. De
l'informatique
auxnouvelles technologies à
TEcole
142.1 1970-1985 : Informatique, les premières initiatives 14
2.1.1 L'expérience des 58 lycées 15
2.1.2 1978-1985 : la phase d'expansion de l'informatique àl'école : les opérations
d'envergure 12
2.1.3 L'informatiqueet les Centres de Documentation etd'Information : desrapports
quasi-inexistants 17
2.2 1985-1990 : développement des NTIC à l'Ecole 18
2.2.1 L'informatique, un outil au service des apprentissages 18 2.2.2 Ledéveloppement de la télématiqueetde la vidéo 19 2.2.3 Développement de l'informatique documentaire 20 2.3 1990-2000 : ledéveloppement du multimédia et des réseaux 21
2.3.1 Une intégration progressive des NTIC : le multimédia 21
2.3.2 Internet dans les établissements scolaires 22
2.3.3 Documentation et Internet : un outil à double tranchant 23
3. Les NTIC à TEcole : intégration ou rejet ? 27
3.1 Le milieu enseignant n'est pas près au changement 27
3.1.1 Le processus d'introduction des nouvelles technologies àTEcole 27
3.1.2 Lesrésistants : qui sont-ils, combien sont-ils ? 28
3.1.3 Les raisons invoquées parles enseignants 29
3.2 Les raisons sous-jacentes du rejet 30
3.2.1 A l'échelle de TEcole : des croyances « infondées » ? 30
Latechnique qui sauve 31
Latechnique facile 31
Latechnique qui tue 31
3.2.2 A l'échelle de l'enseignant : de lapeurà la jalousie 32 3.3 A l'échelle du documentaliste : lectured'InterCDI dejanvier 1992 à juin 2000 34
Pourquoi InterCDI ?
3.3.1 Le CDI : unlieu repenséavec l'arrivée des NTIC etInternet 35
Le CDI d'un point de vuethéorique 35
LeCDI concrètement : la réorganisation du lieu CDI 36
Laréorganisation du travail 37
3.3.2 Apprentissage, documentation etInternet 37
Les modifications amenéesparle multimédia et Internet 37
Les conséquences de cesmodifications surles formations documentaires 38 3.3.3 Le rôle et lesmissions du documentaliste ont-ils changéavec les NTIC ? 39
Les problèmes engendréspar Internet 39
Lesréclamations desdocumentalistes 41
Conclusion de la Première Partie 43
DEUXIEME PARTIE
1, Méthodologie et démarche générale 45
1.1 Objetde la recherche, problématique et hypothèse 45
1.1.1 Lesconstats 45 1.1.2 Hypothèse 46 1.2 Lequestionnaire 46 1.2.1 Introduction 46 1.2.2 Description duquestionnaire 47 Les questions 47 La structure 47 1.2.3 Présentation duquestionnaire 48 1.2.4 Le déroulementdu questionnaire 48 Le choix dupublic 48
Le lieu et la durée del'enquête 49
2, Traitement du questionnaire : résultats et analyse 50
Introduction 50
Traitements desrésultats 50
2.1 L'établissement scolaire etle C.D.1 51
2.1.1 L'établissement scolaire 51
2.1.2 LeC.D.1 55
L'équipement du C D 1 55
2.1.3 Lepersonnel du C.D.1 62
2.2 Les pratiques documentaires au C.D.I 65
2.2.1 Les formations documentaires 65
2.2.2 Les formations autour d'Internet 71
2.2.3 L'accès à Internet 83
2.2.4 Animation et Internet 88
2.3 Vous etvotre formation 100
2.3.1 Vous 100
2.3.2 Votreformation 105
3. Commentaires de
l'enquête
:les documentalistes ont-ils intégré Internet à
leurs
pratiques
professionnelles
117
3.1 Introduction 117
3.2 Les documentalistes ont-ils intégré Internet à leurs pratiques professionnelles 118
3.2.1 Les preuves de l'intégration ? 118
3.2.2 Les éléments favorisant l'intégration 119
3.2.3 Internet, un outil important 120
3.2.4 Mais un outil à utiliser sous certaines conditions 121
3.3 L'intégration d'Internet n'est pas encore une réalité 122
3.3.1 Les preuves de la non-intégration 122
3.3.2 Les obstacles à l'intégration 123
3.3.3 Internet pose des problèmes 124
3.3.4 Remarques intéressantes 125
Conclusion de la deuxième Partie 126
CONCLUSION 127
BIBLIOGRAPHIE
Annoncée depuis les années soixante-dix, la société de l'informationest maintenant une
réalité. Celle-ci est caractérisée par la masse exponentielle d'informations circulant sur tous
les typesde réseaux de communication. Elle est parailleurs fortement liée à l'idée que chaque
acte, chaque gested'un individu serait commandéparla possession de l'information.
«Seformeainsil'idéequetoutcequicontribue àdéfinirnotresociétéet notrefaçon
d'y vivre seraitdoréna\>ant conditionnépar l'information : penser, apprendre, produire, consommer,
échanger, rencontrer, aimer...exister tout court?»'
Le développement de la société de l'information est déterminé par les innovations dans le secteur des technologies de l'information et de la communication et surtout par la diffusion
grandissante d'Internet au seindes foyers, des entreprises, des médias.
Ainsi Internet est aujourd'hui l'instrument de communication dont la société parle le plus. Et
il n'existe plus une seule chaîne de télévision,une seule radio, et un seul journal qui n'aie son site Internet, qui enfasse la publicité ou le sujet d'un article ou d'une émission. Internet, outil
largement médiatisé est donc partout, à la fois vecteur d'informations mais aussi objet de
réflexions.
Mais siInternet atrès vite été perçu comme initiateur d'un bouleversement social, culturel et
économique par les médias, le Ministère de l'Education nationale quant àlui n'a pas perçu de
suite l'ampleur des mutations générées par cet outil. Le retard de la France dans ce domaine
est signalé dans de nombreux documents dont certains textes officiels. Prenant finalement
conscience de la richesse d'Internet, le Ministère de l'Education nationale souligne la
nécessité, voire l'urgence qu'il y a à former les élèves à Internet. Ainsi, en 1997, René Monory, Président du Sénat et Président du Conseil Général de la Vienne s'exprime pour
affirmer :
«Iln'estplusacceptablequelaFranceoccupe la dernière place despaysdéveloppésquantàl'accès à
l'Internet. Chaqueélè\>e, chaque étudiant, chaquejeune adroitàceformidable outil de connaissance
etde démocratisation dusavoirqu'estlemultimédia. »'
1
France. Ministère de l'Education nationale,dela rechercheetde latechnologie ;Bretelle-Desmazières,
Danièle : Confland.Daniel : Baltz. Claude.Lesenjeux de l'information. Paris :ADBS. 1998. Une société de
l'information? p. 15. (guidepourla pratique de l'information scientifiqueettechnique).
2
Durpaire. Jean-Louis.Internet à l'écoleenFrance:199-1-1996, lereépoque. Paris :CNDP, 1997.Préface, p.7
(guided'usagespédagogiques).
L'objectifest clairement défini : préparer les élèves à la société de demain en les formant à
l'utilisation des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication ( N.T.I.C ). Ainsi le Programme d'action gouvernemental pour préparer l'entrée de la France
dans la
société de l'information ( P.A.G.S.I ) présente les priorités de l'Etat, dont la première est la miseen œuvre des N.T.I.C dans l'enseignement.«Labataille del'intelligencecommenceàl'école. L'ordinateuretles réseaux d'informationpeuventy
conduire l'élève à une démarcheplusactive etpluscréative, mais aussifavoriser l'échange entre les
enseignants.
Pourcechantierdéterminant pour l'avenir, l'Etatengagerades moyensimportantssur troisans, afin
d'atteindreundoubleobjectif:
- donner
auxfuturs citoyens la maîtrise des nouveaux outils de communication qui leur seront indispensables;
-mettreles richesses dumultimédia auser\'icede la modernisationpédagogique. »
Appliquée aux CD I cette circulaire rejoint l'une des missions essentielle du documentaliste : la formation des élèves à la recherche documentaire. Cette mission, bien que définie par les
textesofficiels en
19864,
est aujourd'hui plus qu'hierencore d'actualité. Elle s'applique à tousles supports d'informationet parconséquent à Internet. Médiateurentre les élèves et les outils de communication, entre les élèves et les informations elles-mêmes, le documentaliste est
donc censé permettre aux élèves d'utiliserparfaitement et àbon escient Internet.
En définitive, toutes les conditions semblent être réunies pour permettre la formation des élèves à Internet. L'équipement des établissements est en voie d'achèvement, la volonté
politique affirmée et le programme d'action planifié avec précision. Mais qu'en est-il des
acteurs qui interviennent auprès des élèves, les documentalistes ? Maîtrisent-ils les outils dont
ils doivent expliquer le fonctionnement ?En perçoivent-ils les avantages et les dangers ?
Plus précisément, ont-ils intégré Internetà leurs pratiques professionnelles ?
Pour parvenir à répondre à cette question, il est important dans un premier temps de définir quelles sont, parmi les nouvelles technologies qui ont fait leur apparition à l'Ecole, celles qui
3
France. Programmed'action gouvernemental Préparer l'entrée de la France dans lasociétéde
l'information. Août 1998. Http:/Avww.interaet.gouv.fr/francais/textesref/dpresse.htm 1 Les nouvelles technologies de l'informationetde la communication dans l'enseignement,p. 3.
4
France . Ministère de l'Educationnationale. Recueil des loisetrèglements. Paris :INRP. Volume V, 523-3B
Circulairede missions despersonnelsexerçantdans lescentresdedocumentationetd'information. n°86-123du 13mars 1986.
ont été acceptées et intégrées aux pratiques professionnelles des enseignants. Pour ce faire,
définir les nouvelles technologies de l'information et de la communication, retracer l'histoire
de leur introduction au sein dumonde éducatifest unenécessité.
Une seconde partie présente les résultats d'une enquête de terrain effectuée auprès de documentalistes travaillant dans le département du Nord. Cette enquête par questionnaire a
pour but de déterminer les rapports qu'entretiennent les documentalistes avec Internet. Les
résultats de celle-ci seront confirmés où infirmés par les renseignements tirés de trois interviews. Le choix des méthodes, l'élaborationduquestionnaire et de l'enquête, la diffusion
de ceux-ci seront expliqués etjustifiés.
Une dernière partie s'attache enfin à l'étude et aux commentaires des résultats de ces deux
recueils d'informations. Ces résultats seront mis en relation avec toutes les informations
précédemment récoltées afin de déterminer ce qu'il reste encore à faire pour atteindre une
situation idéaleau sein des CDI.
1. Internet et les
technologies
nouvelles à
l'Ecole: tentative
de
définition. De
quoi
parle-t-on
?
Sujet de toutes les discussions, de tous les débats et
de
toutesles polémiques,
Internetmérite
que l'on se penche une fois de plus sur son sort. Quel est donc cet
outil dont
onentend
sanscesse parler ? Et quels sont les éléments faisant de lui un instrument
si
novateurqu'il faille
absolument l'intégrerau sein de l'Ecole et au sein des apprentissages.
1.1 Internet
1.1.1 Internet : historiqueet définition
INTERcommunication NETwork est l'héritier d'un réseau, ARPANET, conçu en 1969 par les militaires américains pour connecter entre eux les ordinateurs de manière à maintenir des liaisons en cas de destruction de certains raccordements. La technique consiste en un
protocole (TCP/IP) de communications et d'échanges de données entre ordinateurs. Internet
permet de faire dialoguer, à distance, des ordinateurs de configurations et de standards
différents reliés par des réseaux. Ce n'est que vingt ans plus tard, en 1989, qu'il commence à faire parler de lui. C'est en effet à cette date que le C.E.R.N (Centre d'Etudes et de Recherches Nucléaires) conçoit le World Wide Web (W.W.W), un logiciel capable de relier des informations écrites, sonores et vidéo. Conçu au départ comme un outil de communication entre les chercheurs, les physiciens, le Web atteint la sphère publique environ
cinq ans plus tard en 1994. Internet et le Web sont souvent confondus. S'ils sont liés, ils correspondent aussi à deux entités bien distinctes ; la deuxième représentant l'un des services de la première.
1.1.2 Les fonctionnalités d'Internet
Les fonctionnalités d'Internet sont nombreuses et permettent à l'heure d'aujourd'hui, de correspondre avec n'importe qui dans le monde (pourvu que la personne contactée soit elle-même équipée d'un ordinateur, qu'elle dispose l'un logiciel de messagerie et d'un modem), de transférer des fichiers à l'autre bout de la planète, et de participer à des débats. Il permet
aussi d'accéder à toutes sortes d'informations et autorise la recherche documentaire grâce à des moteursde rechercheou grâce à des annuaires.
Pourrésumer, ilpropose :
- un
système de messagerie (E-Mail)
- l'accès àdes listes de diffusion - letransfert de fichiers
informatiques (FTP File Transfert Protocole)
- la
participation àdes forums de discussion
- l'accès àdesinformations, desbases dedonnées
grâceauWeb
Internet possède donc un potentiel considérable, susceptible d'intéresser sous ces multiples facettes enseignants et élèves. Les arguments en faveur de son introduction dans les établissements scolaires sont nombreux, comme sont nombreux les risques liés à son
utilisationà l'Ecole.
1.1.3 Internetà l'Ecole : atouts etdangers
Selon le Gouvernement, Internet est un facteur de communication et de travail
collectif chez les enseignants. Il leur offre la possibilité d'avoir une adresse
électronique. Grâce à celle-ci, les enseignants peuvent correspondre, échanger et
travailler enéquipe avec leurs collègues. Qui plus est, Internet permet l'envoi et la
réception de documents de façon quasi-simultanée et les documents transmis peuvent être exploités et réutilisés par ceux-ci sans qu'ils aient à procéder à une
quelconque manipulation informatique. Pour ce faire, pour que les enseignants
travaillent de façon rapprochée, il faut évidemment que les établissements scolaires soient reliés entre eux. par des réseaux. Cet argument explique donc la miseen placed'EDUCNET, leréseau auquel sont rattachés tousles établissements
scolaires, dont un des objectifs majeurs est le désenclavement géographique et
culturel des enseignants.
«L'échangeentreenseignantspeut-êtrefavoriséparlesréseauxd'information.
Regroupements disciplinaires sur Internet, groupe de travail, partage d'expériences, autant
d'avantages, enmatièrede formationcontinueetd'enrichissement personnel, dontpourronsbénéficier lesenseignantssàlafaveur decettecirculationaccruede l'information >f
~
France.Programmed'action gouvernemental:Préparerl'entrée de la France dans la société de
l'information. 1. Lesnouvelles technologies de l'information etde la communication dans l'enseignement, p.2
(siteministériel consultéenaoût).
Internet propose aussi aux enseignants comme aux élèves une « bibliothèque
virtuelle» en mettant à leur disposition une somme d'informations à la fois
théoriques et pratiques, et en leur proposant des documents de nature très
différentes (cartes, textes, graphiques, vidéo...)- H est envisagé dans le PAGSI
(Programme d'Action Gouvernemental pourl'entrée de la France dans la Société
del'Information) comme unréservoir d'information facileet plaisant d'accès.
L'Etat, des institutions reconnues( lesfondationspourla reconnaissance des droits
de l'homme etdu citoyen), des associations réputées (Fondation Ushuaïa) mettent d'ailleurs sur Internet des dossiers documentaires qui leurs sont destinés ainsi
qu'aux auxélèves.
Internet modifie aussi la situation d'apprentissage. L'élève, devant l'ordinateur, est
plus enclin à participer à son propre apprentissage. Et l'enseignant quant à lui
devient plus mobile, et n'est plus positionné de manière aussi frontal face aux
élèves. Ces nouveaux éléments sont susceptibles d'amener des changements dans
les relations qu'entretiennent élèves et enseignants. Ainsi, pour Jean-Louis
Durpaire successivement professeur de mathématiques, Inspecteur Départemental
de L'Education nationale, Inspecteur d'Académie et directeur du CRDP
Bourgogne, et responsable de la Mission aux technologies nouvelles de
l'AcadémiedePoitiers :
«Enproposant auxélèves de s'installer devant lesmicro-ordinateurs, l'enseignant ne se trouve
plus «face » à la classe. Il devient l'organisateur des apprentissages, le conseiller en cas de
difficultésrencontréesparl'élève. Depassif, l'élèvedevientactifet peutdéployersonénergie de
manièrepositive. »6
- De même
manière, le gouvernement estime qu'Internet est un facteur de
motivation des élèves. Il permet aux enseignants de mettre en œuvre en les
renouvelant des activités créatives qui apportent aux élèves plaisir et satisfaction.
Ainsi de nombreux établissements scolaires proposent un site Internet pensé et
conçu parles élèves.
« L'ordinateurpeut conduire les élèves à une démarche plus active; la diversité et la richesse des
supports (textes, images, audiovisuel) stimulent leur démarche créative. [...] Grâce aux bases de
6
Durpaire.Jean-Louis. Internet à l'écoleenFrance:1994-1996, 1ere époque. Paris:CNDP. 1997. p. 39 (guide d'usagespédagogiques).
données sur cédérom ou sur Internet, l'élève peut accéder de façon simple et interactive à des
connaissances, etréaliserainsi untravailpersonnel plus riche etconstruit autourdeprojets.[...]Les produitsmultimédiapeuventtoucher des élèves«fâchés»aveccertainesvoies traditionnelles d'accès
ausavoir, en offrant denouveauxmodes d'apprentissage. »'
-Enfin, de même façon, pourJean-Louis Durpaire, les élèves sont déjà habitués aux
écrans : écrans de télévision, de micro-ordinateur ou encore écrans de consoles de
jeux. Internet se présente à eux comme un moyen plus ludique d'accéder à
l'information. Les élèves sont d'autant plus motivés qu'ils sont devant des
ordinateurs et qu'ils ontl'impression d'utiliser le médium de l'avenir.
«[Undes méritesreconnusdestechnologies nouvellesestde constituerunélémentdemotivationpour
les élèves]... [Les élèvessont aujourd'hui habitués aux écrans qu'ils soient de télévision, de micro¬ ordinateurou de consolesdejeux. L'Ecole se doit de considérercefaitetdeproposer dessituations
d'apprentissages dans lesquellesl'élèvevapouvoiragir.]»8
Pourtant Internet n'a pas que des atouts. Il présente aussi de nombreux dangers et de nombreuses difficultés.
- La
première de ces difficultés est la recherche d'informations. Si le réservoir Internet
propose uneinfinité d'informations et de documents, encorefaut-il savoir les chercher. Il est long et difficile de trouver l'information pertinente et cela d'autant plus que le
bruit documentaire sur Internet est important. La seule solution est donc de connaître
parfaitement le fonctionnement des outils crées pour la recherche documentaire tels
que les annuaires (Yahoo) oules moteursde recherche (Altavista) afin d'être rapide et
efficace.
- L'autre
problème à prendre en considération à propos d'Internet réside dans la
fiabilité des informations. Chacun peut créer un site, et ce quelles que soient ces
opinions. L'utilisateur est donc dans l'obligation de se demander si les informations
qu'il a trouvé sont justes, si leur sens n'a pas été dévié et si lui-même ne fait pas
l'objet d'une manipulation. Le danger est d'autant plus grand pourles élèves qu'il ne
France.Programme d'actiongouvernemental:Préparer l'entrée delaFrancedansla société de
l'information. 1. Lesnouvellestechnologies de l'information etde lacommunicationdans l'enseignement, p.2.
8
Durpaire. Jean-Louis. Internet àl'écoleenFrance:1994-1996,1ereépoque. Paris: CNDP, 1997. p. 38-39 (guide d'usagespédagogiques).
sontpas armés pour déterminer lanature
des informations
etl'objectif
poursuivi
parle
créateur du site.
Internet est undoncuninstrument dontil faut apprendre àse servir mais aussi à se méfier. Par
ailleurs, il offre de nombreuses possibilités. Pour les enseignants, il est un réservoir
d'informations et un outil de communication facilitant l'échange et le travail collectif, et
représenteun élémentattractifsusceptible de captiver etmotiver les élèves.
Pourautant est-ilunoutil révolutionnaire ?
Est-il réellement novateur, ou se place-t-il simplement dans le prolongement d'autres technologies existantes ?
1.2 Internet est-ilun outil révolutionnaire parrapports aux
NTIC ?
1.2.1 De l'avènement des N.T.I.C. àaujourd'hui : brefhistorique
Depuis quand les N.T.I.C existent-elles ? A quelles techniques les N.T.I.C. font-elles
référence ? Aquelles inventions se rattachent-elles ?
Le Dictionnaire encyclopédique de l'information et de la
communication9
présente lesnombreuses innovations techniques ayant contribué à la réalisation des nouvelles techniques
de l'information et de la communication. Ces évolutions depuis les années 50 ont consisté a
passer :
- de l'électricité à
l'électronique
- du fil de cuivre à la fibre
optique (a permis la mise en place des réseaux de
communication).
- de
l'analogiqueau numérique ( estàl'origine de la numérisation).
- de
l'électromagnétique à l'optoélectronique (a augmenté la densité des informations
surun mêmesupport).
Ces techniques sont issues de trois branches différentes (l'informatique, les
télécommunications, les médias électroniques) et l'évolution des N.T.I.C est le fruit de leur
fusion. C'est ainsi qu'en fonction de ces évolutions que le sigle a changé et qu'il a recouvré des significations différentes.
En effet, dans les années 70 et 80, le terme N.T.I prévalait. Il désignait les applications de
l'informatique dans de nombreux domaines tels que celui de la production (productique,
C.A.O...), celui de la gestion et du secrétariat (bureautique), celui des services (télématique),
ou encore celui de la vie quotidienne (domotique)...Durant les années 90, les N.T.I existent encore mais le sigle fait référence à d'autres innovations : celles issues de la conjugaison de
l'informatique, de l'électronique, des télécommunications et de l'audiovisuel. Récemment le
sigle s'est trouvé enrichi de la lettre C pour ajouter la notion de communication. A l'heure
actuelle, les N.T.I.C intègrent les nouvelles technologies rangées du côté du multimédia dont
il convient de donner ici une définition. Le multimédia est une combinaison de plusieurs
supports d'information permettant d'associer et de gérer simultanément des images, des
données et du son. Il peut-être en réseaux ou on line (Minitel, Internet) , multimédia offline
(cédérom, Compact Disc Intéractif). Il est souvent associé avec le concept d'intéractivité :
processus qui s'opère lorsqu'une machine réagit à l'intervention de l'opérateur par
l'intermédiaired'unclavier, d'une souris, de sondoigt...
Mais entrons plus profondément dans les définitions afin de savoir à quoi font réellement
référence les nouvellestechnologies de l'information.
Que recouvrent exactement ces acronymes ?
1.2.2 Quesontréellement les NTIC ?
Avant de répondre, il est important de savoir ce qui se cache sous les sigles suivants : N.T.I,
N.T.I.C, T.I.C ? Les significations ayant changé au fil du temps et des innovations, le sigle
lui-même ayantété àl'occasion enrichi ou amputé d'une lettre, il est important d'apporter des
précisions sur les termes utilisés afin de définir d'une part ce que sont réellement les technologies nouvelles et d'autre part de déterminer les fonctions supplémentaires qu'offre
Internet par rapport au reste des nouvelles technologies de l'information et de la
communication ?
Le sigleT
Quel que soit le sigle, l'élément inchangé reste la lettre T. A quel terme cette lettre
renvoie-t-elle ? A la technique, ou comme c'est le plus souvent le cas à la technologie ? Seules les définitions peuventnous éclairer à cesujet.
9
Dictionnaireencyclopédiquedel'informationetde lacommunication. Paris :Nathan. 1997. ISBN 2-09-190528-3. (« réf»).
Technique : ensemble de procédés employés pour obtenir un résultat déterminé. Elle
est l'origine de la productiondesbiens matériels.
Technologie : provient du grec Tekhnê (art) et logos (discours). Elle décrit et étudie
l'emploi des outils, appareils ou matériaux en vue d'une action définie, et analyse
leurs effets.
Le terme le plus approprié semble donc être le terme technique alors pourquoi cette
confusion ? Comment expliquercetteerreur ?
Dansunarticle parudans Sciences humaines
10
en 1996 et présentant les mots clés nécessairesà la compréhension des technologies nouvelles, une explication est proposée : c'est
l'acception anglo-saxonne du terme technology qui aurait fini par s'imposer dans le langage
courant. Ce terme définit l'ensemble des connaissances, méthodes et procédés pour faire,
utiliser, et fabriquer des choses utiles (Stewart). Par abus de langage, il a été identifié à la
technique. L'article précise par ailleurs que le terme technologie a été préféré car son rapport
plus proche avec la science lui confèreun caractèreplus noble.
Selon Yves Jeanneret, auteur d'un ouvrage intitulé : Y-a-t-il (vraiment) des technologies de
l'information11,
il s'agit aussi d'un mot importé - technologies - de la langue anglaise puaméricaine sans distance critique. Il s'oppose par conte à l'idée présentant le terme
« technologie» comme un « synonyme prétentieux » duterme « technique».
D'ailleurs selon lui, la formule «nouvelles technologies de l'information» désigne quelque
chose qu'elle ne parvient pas à décrire et suggère de nombreuses confusions entre les termes.
Une première confusionconcerne donc le mot «technologies ». Le mot « technologie» a pris denombreux sens au fil de l'histoire et fut influencé par son environnement d'utilisation. Il a d'abord désigné enFrance au 18e siècle le vocabulaire propre à la technique puis fut rattaché au 19e siècle en Allemagne à une science décrivant les principes de fonctionnement de
conceptionetde production des appareils, pourenfin être, comme aux Etats-Unis, employé au
pluriel et séparé ce qui est neuf (les technologies) de ce qui est traditionnel (les techniques).
Pour Y. Jeanneret l'utilisation de ce terme au pluriel comporte des risques puisque cela
suggère que les objets auxquelles les technologies font référence ne sont plus de simples objets mais qu'ils sont du discours etde la pensée.
10
Motsclés. Scienceshumaines, mars1996.n° 59,p.19.
Le sigle I
Toujours selon Y. Jeanneret, la formule « nouvelles technologies de l'information » implique
une autre confusion. Elle concerne cette fois la définition ou plutôt les définitions du mot
information. L'information au sens mathématique, qui correspond au traitement
mathématique de signes mais qui n'apporte pas aucune information au sens intellectuel, et
l'information sociale, celle qui est porteuse de sens, celle qui est construite par l'homme. La
réelle information étant cellequi associe information mathématiqueet informationsociale.
Le sigle N
Lestechnologies de l'information sont-elles réellement nouvelles ?
Les paragraphes précédents laisse entrevoir des éléments de réponses. Les nouvelles
technologies sont issues de techniques plus anciennes et de leur fusion. Elles ont évolué au
gré des innovations techniques en matière d'informatique, d'électronique, de
télécommunications...
Qui plus est, Yves Jeanneret fait part dans son livre d'une dernière confusion : celle qui met
sur un pied d'équivalence ce qui est neuf et ce qui est nouveau. Pour lui, le terme « nouvelles »est pris dans le sens de « neuf» et n'est que provisoire. L'utilisation immodérée
de ce terme est le fruit du travail médiatique des techniciens, des commerçants, et peut-être même des politiciens qui depuis la nuit destemps s'évertuent à faire croire que ce qui est neuf
est nouveau. Pour lui, la nouveauté résulte du mélange d'une série d'actes techniques et de
pratiques culturelles : elle est surtout une affaire d'appropriation et de culture. Il prend
d'ailleurs pour illustrer son propos l'exemple d'Internet dont la nouveauté réside dans les efforts financiers et humains des scientifiques et des
institutions, mêlés
auxprogrès
de la
techniqueet à la multiplication desusages sociaux
Le sigle C
Ce sigle renvoie au terme de communication et donne une dimension nouvelle à ces
techniques qui ne sont plus seulement porteuse d'informations mais qui permettent aussi l'échange et la transmission de ces informations à une autre personne. Toutefois, ces outils
n'impliquent pas forcément la communication.
Jeanneret. Yves.Y-a-t-il(vraiment)destechnologies de l'information? Villeneuve d'Ascq (Nord) :Presses Universitaires duSeptentrion. 2000. ISBN 2-85939-632-2 (Communication).
Les techniques de l'information et de la communication ne sont donc pas nouvelles.
Nées
dans les années 70, elles sont issues d'innovations qui n'ont cessé de se renouveler. Nous
pouvons donc retenir en
conclusion
cequ'Henri Dieuzeide développe dans
sonlivre Les
nouvelles technologies : outil
d'enseignement12.
Pour lui, les qualitésfaisant
des T.I.Cdes
outilsnovateurs sontau nombre detrois :
- accroissement de la vitesse et de la
puissance concernant les capacités
d'enregistrement, de stockage et de représentation de l'information écrite.
Ainsi
un cédérom peut ainsi contenir des milliers d'images et Internet peut proposerdes
animations entroisdimensions (site du Châteaude Versailles)
-manipulation immédiate des données et développement de processus interactif qui
permet ledialogue homme-machine
- délocalisation de l'information
grâce à la transmission des données à de grandes
distances. Les réseauxpermettent d'envoyer des informations à l'autrebout dumonde.
Le descriptif des critères caractérisant les nouvelles technologies de l'information et de la
communication étant dressé, il nous faut maintenant chercher à savoir si Internet appartient à
cette familled'outils.
1.2.3 Leplus d'Internet ?
Internet relève-t-il des techniques de l'information et de la communication ? Possède-t-il les mêmesqualités et offfe-t-il les mêmes possibilités ? Ensomme, que propose-t-il de plus ?
Internet neproposerien qui n'existait auparavant.
Toutcomme les cédéroms, il propose des documents multimédia et profite des possibilités de
navigation offertes par l'hypertexte (l'hypertexte permet une lecture non-linéaire
des
documentsgrâce àla création de liens entrelesinformations).De même manièreque les base de données, il offre des outils de recherche efficaces - si l'on sait s'en servir-. Il utilise les mêmes opérateurs de recherche ainsi quela recherche surle plein
texte.
Dieuzeide. Henri. Les nouvellestechnologies:outild'enseignement. Paris :Nathan. 1994. ISBN 2-09-120473-0(Lesrepèrespédagogiques).
Il n'inaugure pas non plus au sein et entre les établissements scolaires la correspondance. Le
Minitel, expérience purement française avait déjà
initié
les élèves à lacommunication
àdistance.
Internet enfin n'a pas le monopole de la création de publications. Les élèves produisait déjà
des journaux ou autres bulletins d'informations grâce à des logiciels spécialisés ou plus
simplement grâce au collage et à la photocopie des documents ainsi constitués. Les
enseignants quant à eux ne l'ont pas attendu pour communiquer et pour échanger
des
informations.Ce qui fait sa nouveauté, et ce qui le différencie des techniques de l'information et de la
communication, c'est l'ouvertureplus large qu'il offre sur le monde, ainsi que larapidité et la
facilité d'exécution des diverses manipulations. Les échangeset la diffusion des informations se font par conséquent dans l'instant et à l'échelle planétaire. Internet permet par ailleurs de
rompre l'isolement, de travailler plus rapidement et de manière plus rentable. Ainsi des
enseignants ou des élèves peuvent communiquer, échanger des documents, débattre de leurs
idées et organiser conjointement unprojet de manière très rapide, et cela même en étant à des
centainesou des milliers de kilomètres.
Internet ne propose rien de fondamentalement nouveau. Comme le reste des N.T.I.C, il
s'appuie sur des techniques existantes et en perpétuel renouvellement. Cependant les possibilités qu'il offre ne sontpas des moindres. Il favorise les échangeset la communication, élargit les champs de recherche...C'est en cela qu'il a trouvé sa place à l'Ecole. Il n'est
cependant pas arrivé enterrain vierge. Il est venu s'ajouteret compléter les autres techniques
de l'information et dela communication.
2. De
l'informatique
auxnouvelles technologies à l'Ecole
2,1 1970-1985 : Informatique, les premières
initiatives1-3-14
2.1.1 L'expérience des 58 lycées
En 1970, se tient le colloque de Sèvres. Il a lieu sous l'égide de l'O.C.D.E (organisation de coopération et développement économique) et traite de l'intégration de l'informatique dans
l'enseignement. Ce colloque est le point de départ des premières expériences d'utilisation de
l'outil informatique dans les établissementsscolaires.
La première de ces expériences est celle dite des «58 lycées». Sur six ans, entre 1970 et
1976, 58 lycées se voient équipés de micro-ordinateurs. Cette première expérience a pour
objectif la formation des enseignants et la recherche en éducation. En effet, dès 1971, une centaine d'enseignants reçoit une formation longue chez les constructeurs informatiques, à l'Ecole normale supérieure de Saint Cloud ainsi que dans les universités.
Cette expériencea eu deux conséquences majeures :
- la sensibilisation des
enseignants et des élèves à l'informatique, et ce juste un peu
avant que ne déferle la vague de la micro-informatique, qui amènera le développement
des technologies dans l'enseignement et les Centre de Documentation et d'Information.
-cette expérience a aussi servi de base à la constitution d'un catalogue de logiciels. En
effet, si les machines ont été fournies avec un langage, le L.S.E (Langage Symbolique d'Enseignement mis au point par Supélec, école supérieure d'électricité), il n'existait par contre aucun logiciel dans la machine : ni traitement de texte, ni base de
données... Tous les programmes devaient dès lors être écrits par des enseignants motivés et initiés au langage informatique. Malgré cet obstacle, cette opération a
abouti à la création de quelques 400 logiciels de qualités variables, mais qui ont eu le mérite de stimuler les recherches sur le sujet.
13
Maurv,Yollande. Histoire des TIC dans les CDI : entrerecherche documentaireetculturede l'information.
InterCDIn°160„juillet-août 1999. p. 12-19.
Numérospécial technologiesauCDI.
14
Laguerre.Christian. Ecole,informatique etnouveauxcomportements. Paris : L'Harmattan, 1999. ISBN 2-734-7453-5 (Communication sociale;Série communicationjeunesse).
Après 1976 les initiatives sont stoppées, de même que l'équipement des
établissements
scolaires et l'on procède àl'évaluation de l'expérience des 58 lycées. Il faudra attendre 1979pour que soit mise enplace la
deuxième expérimentation.
2.1.2. 1978-1985: la phase d'extension de l'informatique à l'école: les opérations
d'envergure
Durant cette période la société s'informatise et les rapports officiels se font l'écho de ce
bouleversement et desréflexionsqu'il susciteau sein de l'Education nationale :
1978 : rapportNora-Minc :L'informatisationde la société
1980 : rapport Simon : L'éducationet l'informatisation de lasociété
1981 : rapport Schwartz :L'informatique etla société
Ces rapports s'accompagnent de vastes plans visant l'intégration de l'informatique dans
les
pratiques scolaires - il est à préciser qu'à cette époque, l'informatique est conçu comme un
objet d'enseignement, comme le préconisait le rapport Schwartz-, Les plans affichent trois
objectifs : l'équipement des établissements, la formation des enseignants et l'initiation des
élèves àl'informatique.
Ainsi en 1979, l'opération « 10 000 micro-ordinateurs » est lancée par le ministre de l'Education nationale, Christian Beullac alors même que l'évaluation des « 58 lycées» n'est
pas terminée. De quelques dizaines de lycées équipés, le nombre passe à quelques centaines.
Comme l'opération précédente, celle-ci est le pointde départ d'un effort renouvelé concernant les formations des enseignants (les formations sont soit lourdes, un an, soit plus légères, 100 heures dans les établissementsen coursd'équipement.
Cette opération est reconduite et amplifiée quatre ans plus tard en 1983 par le successeur de Monsieur Beullac, Monsieur Alain Savary. Elle devient l'opération « 100 000 micro¬
ordinateurs». Si les objectifs sont identiques à ceux développés lors de l'opération de 1979,
les thèses concernant l'utilisation de l'ordinateur à l'Ecole ont évolué. L'ordinateur objet
d'enseignement et de savoir est remis en question. Dès ce moment, le problème est de
déterminer si l'ordinateur n'estpas plutôtun outil d'enseignement ?
Une troisième opération est mise en œuvre en 1985. Il s'agit du Plan I.P.T (Informatique Pour Tous), lancé par le Premier ministre de l'époque, Laurent Fabius. Les buts
poursuivis sontles suivants :
«Initier àl'outilinformatique les élèves detouteslesrégionsde France ;permettreson usage partous
lescitoyens;former110 000 enseignantsenun andes futursateliers »'s
Cequi caractérise cetteopération est d'une partl'effort sans précédent accompli au niveau de
l'équipement et d'autre part l'installation des premiers réseaux. L'équipement est défini en
fonction du niveau d'enseignement et de la taille de l'établissement. En ce qui concerne le
collège, le choix s'est porté sur le nano-réseau ou plus
précisément
un réseau de sixnano-machines (ordinateur personnel à applications familiales, éducatives ou ludiques) reliés à un ordinateur plus puissant detype PC qui permet de distribuer des logiciels simultanément ou
séparément. Pourles lycées, l'architectureest identique mais renforcée.
LePlan I.P.T vise :
- favoriser chez les élèves le
goût pourl'informatiqueet susciter des vocations.
- soutenir l'industrie
française du micro-ordinateur (Thomson), en lui proposant le
marché énorme de l'Education nationale. Sur tous les micro-ordinateurs proposés aux établissements scolaires, 80 %sont desThomson.
Ce dernierobjectif fut largement critiqué par les enseignants et rajouté àune liste déjà longue de griefs concernant la mise en place et le suivi de l'opération. Il arrivait souvent que le
personnel ne soit pas formé quand le matériel arrivait et la formation proposée était
insuffisante - d'ailleurs la formation des enseignants fut abandonnée trois ans plus tard. Par
ailleurs le matérieltrop faible etles logicielstrop vite crées etinsuffisamment testés,ont été à
l'origine de nombreux bugs. Enfin, en plus des problèmes d'équipement, se posèrent des
problèmes de maintenance des réseauxet des ordinateurs.
Desaspects positifspeuvent pourtant être relevés. Cetteopération marque la fin de la période
expérimentale en milieu scolaire et témoigne d'un réel engagement des instances publiques.
De plus, malgré les difficultés rencontrées, cette opérationa permis de sensibiliser les acteurs
de l'Ecoleà la nécessité d'incorporer l'informatique dans les enseignements.
15
M.E.N. Informatiquepourtous.M.E.N-C.N.D.P. 1985.
Trois plans d'informatisation sur moins de dix ans ont fourni aux établissements scolaires la
preuve d'une volonté affirmée de l'Etat d'informatiser l'Ecole. Les réformes parfois
ambitieuses et souvent imposées ont pourtant été mal perçues, et les opérations se sont conclues pardes échecs plus ou moins retentissants. En dépit de cela l'informatique est entrée
dans l'Ecole. Mais est-il pour autant entré dans les CDI ? Ces premières expérimentations
ont-elles concernées la documentation ?
2.1.3 L'informatique et les Centre de Documentation et d'Information : des rapports
quasi-inexistants
Malgré le rôle grandissant des C.D.I, ils n'ont que rarement été envisagés dans les plans d'équipement des établissements solaires. Oubliés en 1979, les C.D.I sont pris en compte en 1983 lors de l'opération « 100 000 micro-ordinateurs». Ainsi, deux cent cinquante C.D.I choisis par les recteurs sont équipés de Micral (appareils fin de gamme). Mais à part ceux-là,
les autres connaissent un fonctionnement traditionnel. De plus si les ordinateurs sont rares dans les C.D.I, les logiciels de recherche documentaire se comptent sur les doigts de la main
et sont peu performants (capacités limités, absence de normalisation de supports). Pourtant la
demande des documentalistes existe, et nombreux sont ceux qui s'investissent en salle
informatique
Les documentalistes, au moins une partie d'entre eux, sont pourtant prêts au changement. Ils
réfléchissent aux implications pédagogiques et financières de l'informatisation et travaillent
au développement de l'informatique documentaire. Des projets se mettent enplace tel que :
-le projet Sidéral (Système informatisé de documentation pour l'enseignement en
Rhônes-Alpes) qui met en œuvre la mise en réseau des plusieurs établissements
(CRDP, CDDP, CDI)en vuede la consultation et de l'échange de données.
- l'élaboration du thésaurus dans la
perspective de l'automatisation de la recherche
documentaire par un grouped'enseignants-chercheurs dès septembre 1980.
Parallèlement, plusieurs
rapports16
réalisés à la demande d'Alain Savary et fixant le cadre théorique de la rénovation scolaire donnent aux centres de documentation le moyen de sedévelopper. Danscesrapports, l'accent estmis sur l'apprentissage documentaire dans le cadre
des CDI, sur letravail autonome et surl'acquisition des méthodes de travail...Qui plus est, la problématique du document évolue. Il n'est plus un moyen d'enseignement au service de
l'enseignant(illustration des propos)mais devient unoutil au service de l'élève.
De 1970 à 1985 nous assistons à l'entrée de l'informatique à l'Ecole. Pour cela, quatre
opérations allant de l'expérimentation avec l'opération dite des «58 lycées» en 1976 à
l'opération de grande envergure avec le Plan I.P.T en 1985. Mais si l'ordinateur est présent
dans les salles informatiques, il ne fait pas partie du paysage des C.D.I. En dépit de ce fait,
l'intérêt de la documentation au sein des établissements est progressivement reconnu et la réflexion sur l'informatique documentaire progresse. Le début des années 80 représente donc une étape importante dans l'évolution des centres de documentationet d'information. Avec la crise de l'Ecole et la multiplication des pratiques de travail sur documents, les C.D.I voient
leur rôle pédagogique affirmé. Il ne manque plus que la décentralisation pour donner au
développement des C.D.Iunélandécisif
2.2. 1985-1990 : développement des NTIC à l'Ecole
2.2.1 L'informatique, unoutil au servicedes
apprentissages17
Au milieu des année 80, l'informatique comme objet d'enseignement est remis en question pour devenir un outil au service des apprentissages. L'intégration de l'informatique à la
pédagogieprime donc largement surl'enseignement de la programmation. Dans cetteoptique,
l'informatique est perçu comme un moyen de renouveler l'enseignement. Ainsi la loi
d'orientation de 198918 va dans ce sens en réaffirmant l'intérêt de l'informatique
pédagogique et enprésentant les technologies comme un instrument idéal pour le travail et la
réussite scolaire :
«l'informatique est un outil d'enseignement permettant une meilleure individualisation de
l'apprentissage, de situations pédagogiques nouvelles et le développement de capacités logiques
organisatrices »
16
Rapportsd'André dePerettien 1982. deLouisLegrand etd'AntoineProsten 1983.
17
Maury,Yollande. Histoiredes TIC dans les CDI : entrerecherchedocumentaireetculture del'information.
InterCDIn°160,juillet-août1999.p. 12-19.
NumérospécialtechnologiesauCDI.
18
France. Ministère de l'Education Nationale. B.O.E.N spécial n°4du 31 août 1989 :la loid'orientationsur
l'éducation.
Cette approche de l'informatique est confirmée par un rapport du Conseil nationale des programmes(C.N.P) instituéparle nouveau ministre, critiqueenvers l'option informatique et
négatifenvers une éventuellecréation d'un module enlycée :
«il comment d'enseigner en priorité non pas l'informatique discipline mais l'informatique outil.
L'introduction de l'informatique dans l'enseignement général du second cycle devrait avoir deux
objectifs:
-lafamiliarisation de tousles lycéens à l'utilisation d'un micro-ordinateur et de progiciels d'usage
courant ; - l'aide à
l'enseignement detouteslesautresdisciplines. »19
2.2.2 ledéveloppement de latélématique etde la vidéo
A partir des années 1985, deux autres outils se développent au sein des établissements
scolaires enplus du micro-ordinateur: la vidéo, le minitel.
En effet, parallèlement au Plan I.P.T qui pourvoit au besoin des écoles en informatique, le
Ministère de l'Education nationale fait un effort particulier pour fournir aux établissements
scolaires des magnétoscopes. Quelques 6 000 magnétoscopes vont être ainsi distribués. C'est
d'ailleurs l'outil qui fera l'objet du plus grand nombre d'achats avec le micro-ordinateur. A
cette époque, on estime à 300 000 les appareils audiovisuels et à 100 000 le nombre
d'ordinateurs équipant les établissements. Le Minitel fait quant à lui son entrée dans les
collèges et les lycées mais ne se développe réellement qu'à partir de l'année 1987. Il servira
essentiellement aux activités de correspondance alors que l'ordinateur est plutôt considéré comme un objet d'enseignement et que l'équipement audiovisuel sert de moyen didactique.*
(voir tableau enfin deparagraphe présentant l'équipement des établissements scolaires)
Les termes « audiovisuel» et « informatique» reviennent durant cette période de façon
régulière dans les textes officiels à la fois dans la cadre de l'enseignement disciplinaire et
dans un contexte d'éducation à l'écrit, à l'oral et à l'image. En Histoire-Géographie, les
instructions prônent l'utilisation des ressources audiovisuelles et en Français l'usage du traitementdetexte estrecommandé.
19
CNDP: Propositions du Conseil Nationale desprogrammessurl'évolutiondu lycée:premierrapport,
novembre 1990. Paris:Ministère de l'Education nationale de la JeunesseetdesSports. 1990. P. 96.