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Les expériences de performance musicale chez les élèves de niveau postsecondaire en interprétation jazz

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Academic year: 2021

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© Gabriel Martin-Gagnon, 2019

Les expériences de performance musicale chez les

élèves de niveau postsecondaire en interprétation jazz

Mémoire

Gabriel Martin-Gagnon

Maîtrise en musique - éducation musicale - avec mémoire

Maître en musique (M. Mus.)

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Les expériences de performance musicale chez les

élèves de niveau postsecondaire en interprétation

jazz

Mémoire

Gabriel Martin-Gagnon

Sous la direction de :

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RÉSUMÉ

Une grande majorité de musiciens rapporte souffrir d’anxiété de performance musicale (APM). À plusieurs reprises, le niveau de détresse ainsi que le besoin de soutien relié à l’APM sont apparus particulièrement importants chez les étudiants en musique. Malgré un intérêt grandissant sur le sujet, très peu d’études portent sur l’APM des étudiants en interprétation jazz. Or, afin de pouvoir mieux comprendre l’APM ainsi que de venir en aide à la population des étudiants en interprétation jazz, il importe d’abord de venir vérifier l’APM ainsi que ses liens avec diverses variables chez cette population. Ce mémoire a pour but d’explorer les facteurs pouvant influencer l’APM des étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz. Plus spécifiquement, le niveau d’APM des étudiants et sa relation avec l’anxiété trait, le contexte de performance ainsi quela

relation entreles expériences de performance musicale et l’APM ont été explorés. Pour ce faire, une étude transversale par questionnaire employant des mesures quantitatives ainsi que des questions ouvertes qualitatives a été menée auprès de 73 étudiants de niveau post- secondaire en interprétation jazz. Les résultats suggèrent que les étudiants rapportent un niveau d’APM élevé qui est positivement relié à l’anxiété trait mais non relié au contexte de performance. Les analyses de variances entre le niveau d’APM et les différents types d’expériences de performance musicale ne sont pas significatives. Cette population semble donc présenter un haut niveau d’APM. Par conséquent, la recherche dans le domaine de l’APM chez cette population est encouragée afin de continuer à mieux comprendre l'APM et d’aider ces étudiants.

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iv

ABSTRACT

A large majority of musicians report suffering from musical performance anxiety (MPA). Several research studies have revealed a significant level of distress related to MPA, as well as the need for support, among music students. Studies have furthermore identified trait anxiety as a predictor of MPA. However, despite a growing number of studies on the subject, very few studies have so far focused exclusively on MPA as experienced by jazz performance students. This study thus aimed to explore the factors that may contribute to MPA among the jazz interpretation student population. Specifically, this study

investigated the relationship between MPA and trait anxiety among post secondary jazz students, and explored the influence of performance context on levels of MPA, as well as the relationship of early performance experiences with MPA. A cross-sectional

correlational survey was carried out, comprising quantitative measures as well as qualitative open questions. Seventy-three jazz performance students participated in the survey. Participating students reported a fairly high level of MPA, positively related to trait anxiety but not related to the performance context. Levels of MPA did not differ significantly between students who rated their early performance experiences as negative and those who rated the early experiences as positive. Thus, the results indicated that irrespective of positive or negative early performance experiences, third level jazz performance students experienced considerable MPA. This study points to the need for further research focused on the context of jazz performance studies, in order to better understand how these students can be supported, and provide a more complete understanding of MPA.

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé iii Abstract iv Table des matières v Liste des figures ix Liste des abréviations et des sigles x Remerciements xi Avant-propos xii Introduction 1 1.1 Problème : 2

1.2 Stress, anxiété et leurs mesures 3

1.2 Anxiété et anxiété de trait-état 4

1.3 Expériences de performance musicale 7

1.4 Rôle du Contexte 9

1.5 APM et jazz 11

1.6 Examen du problème face à la recension des écrits 15

1.7 But, objectifs et questions de recherche 17

1.8 Cadre Théorique 17 1.9 Méthode 20 Chapitre 1 : 26 Cool jazz : Music performance anxiety in jazz performance students 26 Résumé 27 Abstract 28 1. Background 29 1.2 General anxiety 32 1.3 MPA and trait anxiety 32 1.4 The Experience of MPA Among Jazz Musicians 33 2. Method 35 2.1 Design 35 2.2 Development of the questionnaire 35 2.3 Procedure 36 3. Results 37 3.1 Reliability 37 3.2 Findings 38

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3.3 MPA and trait anxiety experienced by jazz music students. 39

3.4 Relation between MPA and Trait Anxiety 40

3.5 MPA and most common performance settings. 40

4. Discussion 41

4.1 Limitations 42

5. Conclusion 44

6. References 45

Chapitre 2 : Analyses supplémentaires 50

Aim, Questions and Hypotheses 50

1. Method 50 1.1 Development of the questionnaire 50 2. Results 51 2.1 Findings 51 2.2 Relationship between the level of MPA and having a significant positive or negative valence prior music performance experience 51 2.4 Qualitative analysis 54 2.5 Relationships between trait anxiety levels and having a significant positive or negative prior music performance experience 56 3. Summary 58 4. Conclusion 59 Discussion et Conclusion générale 60

4.1 Discussion des principaux résultats 60

L’APM et l’anxiété trait chez les étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz 60

L’APM, les contextes de performances communs 61

L’APM, la valence et la signification perçue d’une expérience musicale. 62 L’anxiété trait, la valence et la signification perçue d’une expérience musicale. 64

4.2 Conclusion et suggestions pour les recherches futures 65

Bibliographie 67

Annexes 74

Annexe 1 : Formulaires de consentement 75

Version française 75

Version Anglaise 78

Annexe II : K-MPAI Version Canadienne Française 81

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Liste des tableaux

Chapitre 1

Table 1. Reliability of the revised K-MPAI………..37 Table 2. Descriptive statistics of the participants according to language and gender…...38 Table 3. Most common performance settings and perceived most stressful situations.…39 Table 4. Means, standard deviation, minimum, maximum for revised K-MPAI and STAI-T for gender and level of education ………..40 Table 5. Anova comparing the group differences among performance settings and the level of MPA……….41 Chapitre 2

Table 1. Descriptive statistics of the participants according to the reported

experience………..51 Table 2. Means, standard deviation, minimum, maximum for revised K-MPAI and STAI-T for the presence of an experience, significant total, not-significant total, positive total, negative total. ………52 Table 3. Independent T-Test between positive-negative, significant-non-significant

experiences and MPA ………53 Table 4. Independent T-Test between positive-negative, significative-non significative experiences and Trait anxiety ………..54

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LISTE DES FIGURES

Figure 1. Modèle des triples vulnérabilités de Barlow.………18 Figure 2. Comparison between MPA (KMPAI) scores, valence and significance of the experiences ……….……….…54

Figure 2. Most frequent coded themes for the different groups of

experiences………..….54 Figure 3. Comparison between trait anxiety (STAI) scores, valence and significance of the experiences……….58

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LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES

Abréviations françaises

APM : Anxiété de performance musicale

Abréviations anglaises

MPA: Music performance Anxiety

STAI-T: State-Trait-Anxiety-Inventory Trait subscale K-MPAI : Kenny Music Performance Anxiety Inventory

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REMERCIEMENTS

Mon aventure à la maîtrise en éducation musicale aurait sans doute été beaucoup plus pénible sans l’apport inestimable de plusieurs personnes. Tout d’abord, je remercie ma directrice de mémoire Andrea Creech pour sa patience, son ouverture, sa grande

disponibilité, son support, son empathie ainsi que sa grande expertise. En effet, il aura été pour moi une chance inouïe d’avoir comme directrice une experte internationale dans le domaine de l’éducation musicale et de la psychologie de la musique sans qui je n’aurais su acquérir toutes les connaissances et l’expertise de recherche nécessaire à la rédaction de mon mémoire.

Je remercie également certains professeurs et étudiants d’éducation musicale de l’Université Laval. Merci aux professeurs Francis Dubé et Maite Moreno pour leurs recommandations, opportunités et partages tout au long de mon séjour dans les deux dernières années. Merci aux agentes de gestion des études de la Faculté de Musique de l’Université Laval ; Monique et Martine qui ont toujours su mettre de la vie dans le département de musique et qui m’ont toujours fait sentir comme chez moi. Merci également à tous mes amis et collègues de la maîtrise et du doctorat en éducation

musicale qui ont su mettre de la couleur dans les cours et les moments plus ternes de mon cheminement.

Finalement je remercie du fond du cœur mes proches pour leur support pendant cette période de ma vie. Je remercie ma famille, mes amis proches ainsi que mon amoureuse pour le support qu’ils m’ont apporté tout au long de mon parcours. Merci de m’écouter, m’encourager et de m’accepter dans tout ce que je suis et ce que je fais.

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AVANT-PROPOS

Après avoir complété une technique professionnelle en musique pop et jazz au Campus-Notre-Dame-De-Foy, j’ai poursuivi mes études à l’Université Laval en interprétation jazz pendant un an avant de transférer dans le même programme à l’Université McGill à Montréal. Devant autant de compétition et de défis dans un milieu anglophone que je ne connaissais pas, j’ai souvent éprouvé de l’anxiété de performance musicale à un niveau modéré. Ce concept qui m’était alors inconnu affectait la qualité de ma performance ainsi que ma concentration et semblait affecter de façon similaire un grand nombre de mes collègues. Bien que cette pandémie semblât durer depuis un certain temps, à ma connaissance, très peu d’étudiants et aucun professeur n’ont abordé la question. À la suite de l’obtention de mon Baccalauréat en musique, je me suis inscrit au Baccalauréat en psychologie à l’Université de Montréal. Cette décision mena logiquement à la combinaison de mes deux champs d’intérêt pour la maîtrise en éducation musicale ; la musique et la psychologie. Au début de ma maîtrise, j’ai

rapidement remarqué que la majorité de la littérature portant sur l’anxiété de performance musicale portait sur des musiciens pratiquant la musique classique. J’avais également remarqué qu’il semblait circuler à l’intérieur des murs des établissements d’enseignement une idée comme quoi le style de musique classique se voulait être plus stressant que celui du jazz. Certains disaient que les musiciens pratiquant le jazz ne souffraient pas d’anxiété de performance musicale. Cette idée, venant se heurter à tout ce que j’avais pu vivre et observer par le passé, de même que le manque de littérature sur le sujet, m’ont mené à entreprendre une recherche sur le phénomène de l’anxiété chez les étudiants en

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I

NTRODUCTION

L’anxiété de performance musicale [APM] est un phénomène multidimensionnel qui affecte la plupart des musiciens de façon quotidienne, et ce, tout au long de leur carrière. Malgré l’importance récemment accordée à ce phénomène, il demeure un certain tabou regardant l’APM que les musiciens peuvent ressentir. L’APM a souvent été définie comme « the experience of persisting, distressful apprehension about and/or actual impairment of performance skills in a public context to a degree unwarranted given the individual’s musical aptitude, training, and level of preparation » (Salmon, 1989, p. 3). En effet, l’APM pourrait prendre la forme d’une appréhension ayant un effet négatif sur la performance du musicien, et ce, devant le public. Plus récemment, Kenny (2009b) a proposé une définition de l’APM plus exhaustive :

Music performance anxiety is the experience of marked and persistent anxious apprehension related to musical performance that has arisen through underlying biological and/or psychological vulnerabilities and/or specific

anxiety-conditioning experiences. It is manifested through combinations of affective, cognitive, somatic, and behavioral symptoms. It may occur in a range of performance settings, but is usually more severe in settings involving high ego investment, evaluative threat (audience), and fear of failure. It may be focal (i.e. focused only on music performance), or occur comorbidly with other anxiety disorders, in particular social phobia. It affects musicians across the lifespan and is at least partially independent of years of training, practice, and level of musical accomplishment. It may or may not impair the quality of the musical performance. (p. 433)

Cette définition illustre l’aspect multidimensionnel de l’APM. En effet, l’APM serait le fruit de vulnérabilités biologiques et psychologiques à l’anxiété et serait ressentie à travers des symptômes cognitifs, affectifs, somatiques et comportementaux. Ces

symptômes pourraient être présents tout au long de la vie du musicien indépendamment de ces caractéristiques individuelles, et ce, dans divers contextes de performance.

L’anxiété du musicien peut se manifester uniquement sous la forme d’APM ou elle peut être liée à d’autres troubles anxieux comme le trouble d’anxiété sociale (American Psychiatric Association [APA], 2013, p. 202-203). Le trouble d’anxiété

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sociale est caractérisé par une variété de symptômes déclenchés par des interactions sociales. En effet, ces symptômes génèrent de la peur et de l'anxiété à un niveau

disproportionné par rapport à ladite situation. La question demeure à savoir si l’APM et l’anxiété sociale sont des troubles similaires ou distincts (McGinnis et Milling, 2005).

L’APM a été étudiée chez différentes populations de musiciens, incluant les musiciens professionnels (Buma, Bakker, et Oudejans, 2015; Kenny, Driscoll, et Ackermann, 2014; Papageorgi, Creech, et Welch, 2013; Schirmer-Mokwa et al., 2015). Elle a aussi été étudiée chez les moins de 18 ans, incluant les enfants d’un très jeune âge (Boucher et Ryan, 2011) et les adolescents (Braden, Osborne, et Wilson, 2015; Kenny et Osborne, 2006). La majorité des études ont cependant été menées sur les étudiants en musique (Bissonnette, Dubé, Provencher, et Moreno Sala, 2015; Cox et Kenardy, 1993; Kaspersen et Götestam, 2002; Kenny, Fortune, et Ackermann, 2013; LeBlanc, Jin, Obert, et Siivola, 1997; Nicholson, Cody, et Beck, 2015; Papageorgi et al., 2013). L’APM semble donc être une condition affectant différentes populations de musiciens, et ce, indépendamment de leur âge ou de leur expertise.

1.1 PROBLÈME :

Au Canada, le tiers des étudiants de niveau postsecondaire souffriraient de détresse psychologique incluant la dépression, le stress et l’anxiété (MacKean, 2011). Le domaine de la musique ne fait pas exception (Bissonnette et al., 2015). En effet, l’APM est très répandue chez les musiciens de différents niveaux, particulièrement les musiciens en formation. Chez ces derniers, le niveau d’APM serait significativement plus élevé que celui des musiciens professionnels (Kenny, 2011 ; Steptoe et Fidler, 1987). Il est possible que cet écart entre les professionnels et les étudiants indique que les étudiants souffrant d’une forte APM ne poursuivraient pas une carrière professionnelle en musique à la suite de leurs études. En termes de prévalence, 21% des 301 étudiants universitaires sondés par Wesner, Noyes et Davis (1990) souffraient d’APM et 16% d’entre eux ont mentionné que cette anxiété affectait de façon négative leurs performances. Pour leur part, Studer et al. (2011) ont sondé 169 étudiants européens de niveau universitaire en musique par le biais d’un questionnaire sur les émotions négatives associées à l’APM avant et pendant une performance musicale. Soixante-treize pour cent des participants ont exprimé qu’ils souhaiteraient obtenir plus de soutien de la part de spécialistes pour mieux gérer leur

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APM, et 56% d’entre eux souhaitaient également obtenir plus d’encadrement de leur professeur de musique concernant l’APM. De plus, 95 % considéraient que l’APM devrait être abordée durant leur formation musicale à l’Université.

À ce jour, la majorité des études sur l’APM ont été menées auprès de musiciens de musique classique (Alessandri, Schuchert, et Schüpbach, 2015; Braden et al., 2015; Buma et al., 2015; Cox et Kenardy, 1993; Kenny, 2009b; Nicholson et al., 2015).

Premièrement, des études ont exploré le lien existant entre l’anxiété trait/d’état et l’APM chez les étudiants (Kenny et al., 2013), pour entre autres y démontrer que l’anxiété trait peut être un prédicteur de l’APM (Cox et Kenardy, 1993). Deuxièmement, les

expériences de performance musicale semblent être en relation avec l’APM. Cependant, bien que Osborne et Kenny (2008) aient constaté que les premières expériences étaient un facteur prédictif contribuant à l’APM, peu de recherches ont été menées dans le contexte spécifique de la musique. Troisièmement, le contexte spécifique spatial et temporel dans lequel le musicien performe semblerait, lui aussi, influencer le niveau d’APM (LeBlanc et al., 1997; Nicholson et al., 2015; Papageorgi et al., 2013). Toutefois, ces trois

composantes ont peu été étudiées auprès d’étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz (Kaspersen et Götestam, 2002; Papageorgi et al., 2013). D’ailleurs, à notre connaissance, aucune étude n’a porté exclusivement sur l’APM des musiciens jazz. Paradoxalement, les étudiants en interprétation jazz représentent une proportion

importante des étudiants inscrits à des programmes de musique universitaire en Amérique du Nord (Collier, 1994). Par conséquent, il semble pertinent de s’intéresser aux relations entre l’APM, l’anxiété trait, les expériences primaires et le contexte de performance musicale chez les étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz afin d’obtenir un portait plus précis de l’ampleur de ce phénomène chez les étudiants en jazz.

1.2 STRESS, ANXIÉTÉ ET LEURS MESURES

Avant d’aller plus loin, il importe de distinguer le stress, l’anxiété ainsi que leurs mesures, car celles-ci ont été employées pour mesurer l’APM dans les études qui seront présentées plus loin dans ce document. Tout d’abord, bien que le stress et l’anxiété soient parfois utilisés de façon interchangeable, leurs définitions diffèrent. Mason (1968) définit le stress comme une réponse spécifique du corps à des composantes précises d’une

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situation. La réponse de stress se traduit physiologiquement par une augmentation de l’hormone stéroïdienne appelée cortisol ainsi que par une augmentation de la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline (Wilkinson et Brown, 2015). L’anxiété peut aussi

induire physiologiquement une forte concentration de cortisol (Guerry et Hastings, 2011). Toutefois, l’anxiété se distingue du stress par le fait qu’elle est un état temporaire ainsi qu’un trait de personnalité (Spielberger, 1966).

Il existe une diversité de méthodes physiologiques et de questionnaires pour mesurer le stress et l’anxiété. Les méthodes physiologiques mesurant le stress comportent notamment les battements cardiaques à l’aide de l’électrocardiogramme et la mesure du cortisol pouvant être prélevé dans la salive, l’urine, le sang et les cheveux (Wilkinson et Brown, 2015). Ces méthodes sont généralement acceptées pour mesurer l’anxiété ou l’APM (Kenny, 2011). Afin de mesurer le stress, l’anxiété et l’APM de façon moins invasive et plus rapide, une proportion importante d’études emploient des questionnaires auto-rapportés. Concernant la mesure de l’APM, le questionnaire de Performance Anxiety Scale for Music Students (PASMS ; Çırakoğlu et Coşkun Şentürk, 2013) ainsi que celui du Kenny Music Performance Anxiety Inventory (KMPAI ; Kenny, 2009) présenteraient des critères psychométriques acceptables. Ce dernier mesure l’APM par le biais de 12 sous échelles mesurant la dépression, les cognitions négatives, l’anxiété somatique, l’anxiété envahissante, l’empathie parentale, la mémoire, la rumination, la transmission de l’anxiété, la minutie, le contrôle, les opportunités professionnelles et la confiance en soi et les autres. Toutes ces sous-échelles sont reliées au construit de l’APM tel que défini par Kenny et corrèle fortement entre elles (Kenny, 2009).

1.2 ANXIÉTÉ ET ANXIÉTÉ DE TRAIT-ÉTAT

Plusieurs études ont démontré un lien entre l’APM et l’anxiété de trait et d’état (Kenny, Davis, et Oates, 2004; Kenny, Fortune, et Ackermann, 2013; Nicholson, Cody, et Beck, 2015; Osborne et Kenny, 2008). Ces études prennent majoritairement appui sur des concepts et théories du domaine de la psychologie et des neurosciences

comportementales qui suggèrent qu’il existerait plusieurs types d’anxiété. L’anxiété trait et l’anxiété d’état en feraient partie (Cattell et Scheier, 1958). Ce qui distingue ces deux

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construits a été précisé par les travaux du psychologue américain Spielberger (1966). Selon lui, l’anxiété peut être conceptualisée comme un trait de personnalité, appelé anxiété trait ou T-Anxiety « a motive or acquired behavioral disposition that predisposes an individual to perceive a wide range of objectively non-dangerous circumstances as threatening and to respond to these with state anxiety reactions disproportionate in intensity to the magnitude of the objective danger » (p.17). De plus, certains auteurs considèrent l’anxiété trait comme l’expression d’une vulnérabilité biologique à l’anxiété (Kenny, 2005). Dans le cas présent, la vulnérabilité biologique réfère à la tendance à ressentir de l’anxiété et donc à ressentir de l’APM de façon inhérente. Selon Barlow (2000), cette vulnérabilité est l’une des bases communes du développement des troubles anxieux.

Quant à l’anxiété d’état ou A-state, Spielberger (1966) la définit comme « a subjective, consciously perceived feelings of apprehension and tension, accompanied by or associated with activation or arousal of the autonomic nervous system. » (Spielberger, 1966). Ce même chercheur a développé le questionnaire d’anxiété de trait-état State-Trait-Anxiety-Inventory (Spielberger, Gorsuch, et Lushene, 1970). Cet instrument fut vastement utilisé dans la recherche sur l’APM (Buma et al., 2015; Cox et Kenardy, 1993; Kenny, Davis, et Oates, 2004; Kenny, Fortune, et Ackermann, 2013; McCoy, 1998; Osborne et Kenny, 2008). Selon la théorie originale de Spielberger, plus l’anxiété trait d’un individu est importante, plus son anxiété d’état est élevée lorsqu’il est confronté à des situations anxiogènes (Spielberger, 1966). Le concept d’anxiété trait a également été mesuré chez les étudiants en musique à l’aide de divers instruments standardisés (Kemp, 1981; Wills et Cooper, 1984). Parmi ceux-ci, le Eyesenck Personality Questionnaire (Eysenck, 1975), ainsi que le questionnaire des 16 facteurs de personnalité de Cattell (16 PF) sont des questionnaires auto-rapportés qui ont été employés avec cette population (Cattell, 1957).

Plusieurs études sur l’APM ont utilisé le questionnaire d’anxiété trait-état de Spielberger (1983) (Cox et Kenardy, 1993; Kenny et al., 2004; Kenny et al., 2013; McCoy, 1998; Osborne et Kenny, 2008). Kenny et al. (2013) ont examiné les relations

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entre l’APM, l’anxiété trait et d’état et la peur de l’évaluation négative chez 20 étudiants universitaires flutistes. Ceux-ci devaient réaliser une performance comparable à celle d’une audition d’orchestre. La tâche consistait à jouer en solo des œuvres dont ils avaient reçu les partitions dix jours avant la performance. Les données ont été récoltées à l’aide de questionnaires mesurant l’APM, la peur de l’évaluation négative et le questionnaire d’anxiété trait et d’état de Spielberger (1983). De plus, des mesures physiologiques ont été prises à l’aide de l’électromyographie et l’électrocardiographie. Les résultats ont montré que les étudiants en interprétation classique qui démontraient les plus hauts traits d’anxiété obtenaient aussi le plus haut niveau d’APM pendant leur performance musicale. Les participants indiquaient également une anxiété trait supérieure comparativement aux groupes normatifs non cités par les auteurs. Également, la participation fréquente à des ensembles musicaux était associée à un plus faible niveau d’APM et à une moins grande peur de l’évaluation négative. Dans cette étude, l’anxiété d’état et la peur de l’évaluation négative étaient des variables prédictives significatives de l’APM.

Cox et Kenardy (1993) ont également étudié les liens entre les facteurs

situationnels et l’APM auprès d’élèves de niveau universitaire (n = 32). Ils ont mesuré l’APM en utilisant le questionnaire d’anxiété trait-état de Spielberger (STAIT-T) et le questionnaire d’anxiété de performance (PAQ). Les chercheurs ont conclu que le niveau d’anxiété trait était significativement lié à celui d’anxiété de performance ressentie durant la performance. De plus, la comparaison entre les moyennes d’APM suggère que les instrumentistes ayant un niveau d’anxiété trait élevé souffriraient significativement plus d’APM que les étudiants ayant un niveau d’anxiété trait plus faible, et ce,

indépendamment du contexte de performance (pratique en solo, solo, groupe). Ces résultats appuient le lien probable entre l’APM et l’anxiété trait peu importe le contexte de performance musicale de l’étudiant.

En résumé, l’anxiété trait, soit l’expression d’une vulnérabilité à ressentir

l’anxiété, et l’anxiété d’état, qui se traduit par l’état d’anxiété ressenti, sont des construits ayant été mesurés à plusieurs reprises dans l’étude de l’APM. Les études citées

précédemment ont mesuré la relation entre l’anxiété trait et l’anxiété d’état sur l’APM et sont arrivées à des conclusions similaires. Premièrement, chez des musiciens pratiquant un style de musique classique, qu’ils soient étudiants ou professionnels, une relation

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significative a été observée entre le niveau d’anxiété trait et celui d’APM. D’ailleurs, cette relation était présente dans les trois contextes de performance musicale étudiés (Cox et Kenardy, 1993). L’anxiété trait serait également un des meilleurs prédicteurs de l’APM (Osborne et Kenny, 2008). Toutes ces études ont utilisé des questionnaires

auto-rapportés, sauf celle de Kenny (2013), dans laquelle des mesures physiologiques étaient aussi incluses.

1.3 EXPÉRIENCES DE PERFORMANCE MUSICALE

Le domaine de la psychologie tend à reconnaître le rôle de l’influence des premières expériences sur le développement de psychopathologies telles que les désordres anxieux (Bowlby, 1980; Hovens et al., 2012; LeDoux, 1996). En effet, certains évènements marquants, voire traumatiques peuvent mener au développement d’une vulnérabilité à ressentir de l’anxiété et éventuellement à des désordres anxieux cliniques (Barlow, 2000). D’ailleurs, les patients souffrant de phobie sociale sont plus susceptibles de rapporter des expériences traumatisantes que les personnes n’ayant pas reçu ce diagnostic (Hackmann, Clark, et McManus, 2000). De plus, la personne ayant déjà vécu une expérience de performance néfaste par le passé serait plus encline à développer des désordres anxieux (Barlow, 2002). Toutefois, le domaine de la psychologie avait jusqu’à tout récemment concentré exclusivement ses recherches sur les pathologies et les expériences négatives vécues par les personnes anxieuses plutôt que sur les expériences positives vécues par des personnes non anxieuses (Seligman et Csikszentmihalyi, 2000). La recherche ici présente tente d’explorer les deux versants des expériences de performance musicale.

En musique, peu d’études ont investigué la possibilité qu’un évènement négatif relié à une performance musicale puisse influencer le développement de l’APM. Osborne et Kenny (2008) ont été les premiers à étudier le rôle des expériences de performance musicale sur le développement de l’APM auprès de 298 musiciens adolescents. Plus spécifiquement, ils ont émis l’hypothèse que les cognitions négatives reliées à des

expériences de performance musicale négatives seraient un meilleur prédicteur de l’APM que les composantes comportementales, somatiques et affectives. Leur deuxième

hypothèse était que les participants rapportant les pires expériences de performance musicale (worst experience) souffriraient davantage d’APM que ceux n’en rapportant

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pas. Les étudiants ont été invités remplir une série de questionnaires comprenant le questionnaire d'anxiété d'état-trait STAIT-T (Spielberger, 1983) et le questionnaire d’anxiété de performance musicale de Kenny pour adolescents (MPAI-A). Ce dernier questionnaire mesure les composantes somatiques, comportementales et cognitives de l’APM chez les adolescents. Après avoir rempli les questionnaires, les étudiants étaient invités à décrire leur pire performance musicale en prenant soin de spécifier le contexte. Les résultats allaient dans le sens des hypothèses soit que les étudiants ayant rapporté une expérience négative reliée à une performance musicale avaient des niveaux d’APM et d’anxiété trait significativement plus élevés que les étudiants n’ayant pas rapporté de telles expériences. Les auteurs ont conséquemment avancé que « a specific psychological vulnerability to experience elevated MPA may develop through exposure to early,

evaluative performances in a competitive environment » (p. 455). Les plus importants prédicteurs de l’APM dans cette étude étaient l’anxiété trait, suivi de la présence de cognitions négatives et du genre féminin.

Bien que l’étude d’Osborne et Kenny (2008) apporte une contribution importante à la compréhension de l’influence des évènements primaires sur le développement de l’APM, elle est limitée par plusieurs facteurs. Premièrement, en s’attardant uniquement aux évènements négatifs, cette étude ne permet pas de savoir si des expériences de performance musicale positives peuvent s’avérer un facteur pouvant influencer le développement de pathologies anxieuses. Deuxièmement, étant donné que certains étudiants n’ont pas complété la section du questionnaire sur les expériences de

performance musicale négatives, il est difficile de comparer ces étudiants aux étudiants ayant rapporté des expériences de performance musicale.

Boucher et Ryan (2011) ont étudié l’APM chez les enfants de 3 et 4 ans ayant notamment pour but de départager la nature innée et acquise de l’APM. Dans cette étude, 66 enfants ont reçu 10 cours de musique et participés à 2 concerts. Afin de mesurer l’APM, des mesures psychologiques (un questionnaire pour le parent, portant sur l’expérience de performance de l’enfant dans diverses disciplines et un questionnaire sous forme d’images portant sur la compétence perçue, l’appréciation générale,

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l’appréciation envers la performance musicale), physiologiques (échantillons de salive pour analyse de cortisol trois fois; une semaine avant le premier concert et une fois après chaque concert) et comportementales (analyse vidéo portant sur les comportements anxieux durant les deux concerts et un cours de musique) ont été employées. Les résultats indiquent que la moyenne de stress mesuré par le cortisol après le premier concert était significativement plus élevée que les deux autres mesures, soit une semaine avant le concert et après le deuxième concert. Ce résultat implique que l’APM pourrait diminuer avec le nombre de concert. Un autre résultat indique que les enfants ayant déjà performé devant un public rapportaient dans le questionnaire moins d’anxiété une semaine avant le concert. Cependant, ces mêmes enfants affichaient des niveaux de cortisol salivaire significativement plus élevés que ceux n’ayant jamais performé avant le premier concert. Ces résultats suggèrent que les expériences de performance musicales peuvent faire varier le niveau d’APM dès les premiers concerts.

En résumé, malgré le peu d’études portant sur l’influence des expériences de performances musicales sur l’APM, il semblerait que des évènements néfastes tels que des performances catastrophiques puissent contribuer à créer une vulnérabilité à l’APM ou en augmenter son niveau chez les étudiants en musique classique (Osborne et Kenny, 2008). De même, la qualité et le nombre d’expériences de performance musicales semblent influencer l’expérience de l’APM chez les enfants de 3 et 4 ans (Boucher et Ryan, 2011). Cependant, plusieurs questions demeurent sans réponses. Entre autres, l’influence des expériences de performance musicale positives sur l’APM demande encore à être investiguée.

De plus, les facteurs systémiques ne semblent pas avoir fait l’objet d’études. En effet, nous savons très peu de choses sur le rôle des professeurs, des systèmes mis en place pour supporter les étudiants à mieux contrôler leur APM, de même que si les succès et les échecs vécus peuvent influencer l’APM des étudiants de niveau universitaire. Cela dit, l’expérience du musicien sera probablement influencée par le contexte dans lequel celle-ci se déroule.

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10

Le troisième facteur qu’il apparait important d’explorer dans le cadre de cette étude est le contexte dans lequel l’APM est ressentie. Le contexte peut inclure une variété d’éléments tels que le lieu (p. ex. la salle de concert), l’occasion (ex. : un examen, une audition ou un concert), les objets ou les personnes présentes, et le moment où l’expérience d’APM est vécue, soit avant, durant ou après la performance. Chez certains musiciens, l’APM prendra la forme d’une anxiété focale. Une personne souffrant d’APM focale pourrait par exemple être significativement anxieuse dans un contexte spécifique tel que la

performance musicale en solo et démontrer peu d’anxiété dans la vie de tous les jours. Ainsi, les variables contextuelles lors de la situation de performance pourraient devenir l’objet de la peur vécue par la personne (Barlow, 2004). Les prochaines études ont évalué l’influence du contexte sur l’APM.

Comme mentionné plus tôt, certains auteurs considèrent l’APM comme un trouble d’anxiété sociale (APA, 2013). Parmi ceux-ci, Nicholson et al. (2015) ont étudié la relation entre l’anxiété sociale et l’APM dans divers contextes de performance musicale (c.-à-d.. en solo, en groupe et en contexte de pratique seul). L’étude a été réalisée auprès d’un groupe de 130 musiciens professionnels (hommes (n = 65) et femmes (n = 65)) dont 20% utilisaient des médicaments pour l’APM. Les chercheurs ont utilisé divers

questionnaires standardisés dont le Performance Anxiety Questionnaire (PAQ), le Social Interaction Anxiety Scale (SIAS) et le Brief Fear of Negative Evaluation Scale (BFNE). Les résultats démontrent que l’APM serait ressentie de manière différente d’un contexte de performance à l’autre. Le contexte de performance avec le plus bas niveau d’APM était celui de pratique seul alors que le plus haut niveau d’APM était le contexte de performance solo. Dans cette étude, la peur de l’évaluation négative était la seule variable prédisant significativement l’APM et le trouble d’anxiété social dans les trois contextes de performance. Selon les auteurs, cette variable pourrait être le lien entre l’APM et le trouble d’anxiété sociale.

Leblanc et al. (1997) ont pour leur part étudié l’effet de l’auditoire auprès d’étudiants en musique de niveau secondaire (n = 54) dans trois contextes de

performance solo différents. Dans le premier contexte, l’étudiant performait seul dans une salle de pratique. Dans le deuxième contexte, il performait dans la même salle de pratique devant un évaluateur. Enfin, le troisième contexte était une performance dans

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11

une salle de spectacle devant des juges et des élèves du même programme. Cette dernière performance était enregistrée afin d’en évaluer la qualité et était ensuite jugée par des experts. Chaque performance était séparée d’un intervalle de 2 semaines. Les données ont été récoltées à l’aide d’un questionnaire maison intitulé Personal Performance Anxiety

Report. Ce dernier devait être complété par l’étudiant immédiatement après chaque

performance. Des mesures physiologiques étaient également prises pendant chaque performance à l’aide d’un moniteur cardiaque. Les résultats ont démontré que l’anxiété est significativement plus élevée dans le troisième contexte de performance, soit en présence d’un auditoire. Dans cette étude, les femmes rapportaient par questionnaire un niveau d’APM significativement plus élevé que les hommes. Il est à noter que les

étudiants rapportaient vivre de l’anxiété, même lorsqu’ils performaient seuls dans la salle de pratique. Ce dernier résultat est concordant avec ceux d’études précédentes (Cox et Kenardy, 1993) de même qu’une recherche plus récente (Nicholson et al., 2015).

En résumé, les résultats des deux études décrites nous suggèrent que le contexte de performance musicale fait varier le niveau d’APM rapporté. Le contexte le plus anxiogène serait celui de la performance solo en présence d’un auditoire. Cependant, pour certains étudiants, l’APM est plus importante en contexte de groupe ou encore en évaluation seul avec un juge (LeBlanc et al., 1997). En effet, la perception de ce qui engendre davantage d’APM serait partagée entre les étudiants. Leblanc (1997) a

d’ailleurs suggéré qu’une plus grande APM serait ressentie chez les femmes. Le fait que la performance en solo évoque davantage d’APM que les autres contextes chez les étudiants du secondaire comme chez les professionnels permet de croire que c’est une variable indépendante de l’expérience musicale du musicien. Le contexte de performance de groupe, quant à lui, servirait de facteur de protection contre l’APM et la peur de l’évaluation négative (Kenny et al., 2013). Il apparait que le contexte de performance musicale vient circonscrire l’objet de la peur. Par ces résultats, on peut croire que l’APM est ressentie de manière différente dans des contextes spécifiques.

1.5 APM ET JAZZ

À notre connaissance, peu d’études ont porté sur l’APM des musiciens jazz. Certaines études ont inclus dans leur échantillon des musiciens jazz, cependant ils n’étudiaient pas

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l’APM tel qu’elle est définie dans le présent projet. Ils mesuraient plutôt le stress ou encore le névrosisme (Willis et Cooper, 1984, 1987). Le névrosisme serait selon Eyesenck (1975) un trait de personnalité s’exprimant par deux pôles : la stabilité ou l’instabilité émotionnelle. Willis et Cooper (1984) se sont intéressés au stress occupationnel vécu chez les hommes musiciens professionnels de style populaire en Angleterre (n = 70). Ces musiciens étaient considérés comme compétents dans les styles du rock, de jazz et de la musique de danse. Les auteurs ont recueilli leurs données à l’aide du Eysenck Personality Questionnaire (Eysenck, 1975). Les résultats révèlent un résultat de névrosisme élevé chez les musiciens professionnels, le névrosisme étant relié à l’APM et la psychopathologie (Kemp, 1981). De plus, la moyenne des résultats de névrosisme était plus haute que toutes les autres moyennes de névrosisme de travailleurs

professionnels comptabilisés par Eysenck (Eysenck, 1975).

Dans une étude corrélationnelle descriptive par questionnaire auto-rapporté, Wills et Cooper (1987) ont sondé 246 musiciens de style populaire adultes au Royaume-Uni. L’étude portait sur le stress occupationnel engendré par le travail de musicien. Les auteurs définissent cette fois-ci les musiciens populaires comme ceux qui pratiquent les styles du jazz, de rock, de pop et de la musique commerciale. Les participants

rapportaient, à l’aide du Gurin Psychosomatic Symptom List (Gurin, Veroff, et Feld, 1960) souffrir d’une anxiété psychologique supérieure à la moyenne de la population anglaise. La variable affectant davantage la santé psychosomatique des musiciens populaires serait l’anxiété reliée à la performance, c’est-à-dire, l’anxiété vécue avant et après la performance liée à l’appréhension ou aux idéaux de performance à atteindre. Dans cette étude, l’anxiété ressentie pendant la performance musicale apparaissait plus faible que l’anxiété qui précédait la performance.

Quant aux études menées sur les étudiants en interprétation jazz visant à mesurer le construit de l’APM, seulement deux études ont à notre connaissance été réalisées jusqu’à présent. Kaspersen et Götestam (2002) ont mené une étude auprès de 126 élèves inscrits à temps plein au sein d’un conservatoire de Norvège. L’échantillon comportait des élèves en interprétation classique (n = 109) et jazz (n = 19). Le

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questionnaire maison utilisé était composé de questions quantitatives et de questions qualitatives dans lequel les étudiants devaient indiquer leurs antécédents musicaux, leur programme d’étude, l’anxiété de performance musicale perçue chez eux ainsi que les symptômes associés et finalement, les techniques employées pour remédier aux symptômes d’APM. Les résultats suggèrent que les étudiants inscrits au programme d’interprétation jazz afficheraient moins de symptômes physiologiques d’anxiété (c.-à-d. tremblements, sudation, palpitation cardiaque) que ceux en musique classique. Par contre, une proportion plus grande d’étudiants en jazz (63,2 %) rapportait avoir peur que le public juge que leur performance musicale n’est pas à la hauteur. Paradoxalement, l’analyse qualitative révèle que 10 des 19 étudiants jazz rapportaient se sentir encouragés lorsqu’ils jouaient devant un public. Par exemple, un étudiant dit : « Jouer devant un public me donne plaisir et un sentiment excitant » (p.81). Alors que la perception de la performance musicale en public des étudiants en musique classique était plus négative. À titre d’exemple, un étudiant dans ce programme dit « Je sens qu’on attend beaucoup de moi… c’est frustrant… c’est beaucoup de pression. » (p.81).

Papageorgi et al. (2013) ont étudié l’APM chez les musiciens de quatre styles musicaux différents. L’échantillon comprenait 244 musiciens, dont 170 étudiants et 74 musiciens professionnels. Cette population était entre autres constituée à 48% de musiciens classiques (47% étudiant, 53% professionnel) et 18,4% jazz (91% étudiant et 9% professionnel). Les étudiants étaient inscrits au niveau du baccalauréat dans trois universités du Royaume-Uni et les musiciens professionnels étaient connus de l’équipe de recherche ou contactés par le biais des réseaux de musiciens professionnels. Les participants ont été invités à remplir un questionnaire en ligne prenant en compte les données socio-démographiques (âge, sexe, genre musical, instrument, expérience), les caractéristiques psychologiques (l’estime de soi musicale, l’estime de soi générale et l’anxiété générale comprenant l’anxiété trait), les niveaux perçus d’anxiété de performance à différents moments (une heure avant, juste avant et pendant la performance), les différents contextes de performance (en solo ou en groupe) ainsi quel’effet perçu de l’anxiété sur la qualité de la performance. Les résultats indiquent que le contexte de performance en solo entraînerait davantage d’anxiété que le contexte de

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14

groupe, peu importe le style et l’expérience musicale des participants. Toutefois, alors que les musiciens classiques rapportaient vivre un niveau d’APM significativement plus élevé que les musiciens jazz en contexte solo, les deux groupes rapportaient des niveaux d’APM similaires lors de performances musicales en groupe. Selon les chercheurs, en contexte de groupe, l’APM aurait un effet positif sur la qualité de la performance

musicale. Le fait de faire de la musique au sein d’un groupe aurait ainsi un effet atténuant au niveau de l’APM. Les femmes étudiantes du style classique et jazz ont rapporté les plus hauts niveaux d’APM durant la performance en solo. Les auteurs mettent de l’avant que le contexte formel des études en musique classique fait en sorte que les étudiants performent plus fréquemment en solo que dans les autres genres musicaux. Également, l’anxiété trait affecterait la performance en solo, mais pas celle en groupe. En effet, d’après ces résultats, il semblerait que le fait de performer au sein d’un ensemble musical viendrait atténuer les symptômes de l’APM.

En résumé, les études précédentes ont porté sur l’APM des musiciens jazz étudiants et professionnels. Dans l’ensemble de ces études, les musiciens jazz

représentaient en moyenne 15 % de l’échantillon. Le groupe étant sous-représenté, il apparait difficile de tirer des conclusions généralisables par rapport à l’APM des

musiciens jazz. Wills et Cooper (1984, 1987) ont regroupé les artistes du style jazz avec des interprètes d’autres genres musicaux sous la bannière de musiciens populaires. Dans leurs études, les auteurs ont mesuré le névrosisme et le stress occupationnel chez le musicien populaire. Les études précédentes suggèrent que l’APM serait présente chez les musiciens de style jazz et populaire, chez les étudiants comme chez les professionnels. Également, l’APM serait ressentie de façon moins importante chez les musiciens jazz que les musiciens classiques uniquement dans un contexte de performance en solo.

Également, l’effet de l’APM perçu sur la qualité de la performance musicale serait différent entre les musiciens de différents styles. En effet, plusieurs étudiants en interprétation jazz considéraient que l’anxiété devant un public pouvait avoir un effet bénéfique sur la qualité de leur performance. Dans un même ordre d’idée, les femmes pratiquant le style jazz étaient en grande minorité dans ces études, elles représentent pourtant un sujet d’étude important puisqu’elles affichaient le plus haut niveau d’APM. À

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15

la suite de la revue de littérature sur l’APM, il apparaît important de réexaminer le problème posé au début de l’introduction.

1.6 EXAMEN DU PROBLÈME FACE À LA RECENSION DES ÉCRITS

Nous constatons d’abord le caractère multidimensionnel de l’APM à partir de l’anxiété trait, les expériences musicales ainsi que les contextes de performance. Le phénomène de l’APM, qui semble affecter une grande proportion d’étudiants en interprétation classique semble également toucher les étudiants en interprétation jazz. Le concept de l’anxiété trait a été étudié à de nombreuses reprises dans les études sur l’APM. Celle-ci serait une composante à la base de l’APM et l’expression biologique d’une vulnérabilité à ressentir l’anxiété. L’anxiété trait serait aussi présente à un haut niveau chez les musiciens

classiques présentant un haut niveau d’APM. Elle serait également, chez cette même population, la variable prédisant le mieux l’APM. Il serait possible de retrouver des relations similaires entre l’anxiété trait et l’APM chez les musiciens de jazz. Toutefois, à notre connaissance, cette relation n’a pas encore été vérifiée.

Ensuite, le domaine de la psychologie a pu démontrer que les expériences traumatisantes vécues par la personne ont une influence sur le développement de

psychopathologies. Pour l’instant, le domaine de l’interprétation musicale semble arriver à des conclusions similaires. Effectivement, le fait d’avoir vécu des performances

musicales traumatisantes serait en relation avec l’augmentation du niveau d’APM ressenti chez les étudiants en musique classique. Toutefois, à notre connaissance, ce phénomène n’a pas encore été étudié auprès d’étudiants en interprétation jazz. Également, l’influence des expériences de performance musicale positives agissant comme un facteur de

protection envers le développement de l’APM n’a pas encore été étudiée auprès de musiciens en formation.

Troisièmement, le contexte de performance musicale aurait un effet sur l’intensité de l’APM rapportée par le musicien. Le contexte de performance musicale en solo devant un auditoire entraînerait davantage d’APM que dans une performance de groupe et cela, indépendamment du style de musique et de l’expérience du musicien. À notre

connaissance, l’effet du contexte sur l’APM n’a pas encore été étudié chez les musiciens jazz.

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16

Nous arrivons au constat qu’aucune étude ne semble s’être intéressée à

documenter exclusivement l’APM des étudiants en interprétation jazz. Seulement deux recherches ont incorporé des étudiants en interprétation jazz (Kaspersen et Götestam, 2002; Papageorgi et al., 2013). Celles-ci comportent toutefois des limites

échantillonnales. Par conséquent, il s’avère important d’explorer l’APM des étudiants en interprétation jazz pour mieux comprendre ce phénomène dans l’ensemble de la

population étudiante en interprétation musicale. Ces questions nous amènent à définir le but, les objectifs et les questions de recherches de ce projet.

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17

1.7

B

UT

,

OBJECTIFS ET QUESTIONS DE RECHERCHE

Le but général de ce mémoire est de mieux comprendre le phénomène de l’APM chez les étudiants de niveau postsecondaire en interprétation jazz. Plus précisément, notre premier objectif était de vérifier la relation pouvant exister entre l’APM et l’anxiété trait chez les étudiants en interprétation jazz.

Questions de recherche :

1. Quel est le niveau d’APM rapporté par les étudiants en interprétation jazz? 2. Quelle est la relation entre le niveau d’anxiété de performance musicale et

le niveau d’anxiété trait rapporté par les étudiants en interprétation jazz? 3. Les contextes de performance communs et les situations stressantes, telles

que perçues par les étudiants en interprétation de jazz, contribuent-ils à des niveaux plus élevés d'APM rapportés ?

Notre second objectif de recherche est d’explorer les expériences de performance musicale rapportées par les étudiants en interprétation jazz.

Questions de recherche :

1. Les étudiants sondés rapportent-ils avoir vécu une expérience de performance musicale qu’ils perçoivent comme étant significative ? 2. Quelle est la relation entre le degré d’APM et le fait d’avoir vécu une

expérience de performance musicale perçue comme significative ou non-significative ainsi que positive ou négative ?

3. Quelle est la relation entre le niveau d’anxiété trait et le fait d’avoir vécu une expérience de performance perçue comme significative ou non-significative ainsi que positive ou négative ?

1.8 CADRE THÉORIQUE

Le modèle théorique utilisé pour la présente étude sera celui des triples vulnérabilités de Barlow (2000). Ce modèle clé touche à une grande partie des éléments retrouvés dans la littérature sur l’APM et semble bien s’appliquer aux objectifs de l’étude ici présente.

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Figure 1. Modèle des triples vulnérabilités de Barlow (2000)

Ce modèle comporte trois niveaux de vulnérabilité qui interagissent les uns avec les autres et apparaissent dans un ordre croissant. Premièrement, présente dès le début de la vie, la vulnérabilité biologique est la base de ce modèle. Dans cette étude, cette

vulnérabilité a été mesurée à l’aide de l’anxiété de trait (STAI-T) puisque celle-ci

représente l’expression d’une vulnérabilité à ressentir l’anxiété (Kenny, 2005b). Bien que ce questionnaire ne puisse mesurer la vulnérabilité biologique directement, elle offre une mesure standardisée mesurant la tendance stable d’un individu à ressentir de l’anxiété (Spielberger, 1983). Selon Barlow, il semble peu probable que la prédisposition biologique puisse, à elle seule, entrainer le développement d’un désordre anxieux. En effet, les contributions biologiques dans le développement de l’anxiété contribueraient de 30 à 50% de la variance (Barlow, 2000). Il s’agit d’une vulnérabilité de base qui

s’additionnerait avec les autres niveaux présentés dans le modèle.

Le deuxième facteur de ce modèle est la vulnérabilité psychologique générale. Dans son modèle inspiré de la théorie du locus de contrôle (Rotter, 1954), Barlow

explique ce construit par un sens du contrôle diminué « Individuals suffering from anxiety and related disorders process failures or perceived deficiencies as an indication of a chronic inability to cope with unpredictable, uncontrollable, negative events, and this

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19

sense of uncontrollability is associated with negatively valenced emotional responding » (Barlow, 2000, p. 1254). Ce sens du contrôle diminué prendrait racine au contact

d’évènements néfastes survenus relativement tôt dans la vie d’un être humain, lesquels contribueraient à la formation d’une vulnérabilité psychologique générale qui amplifierait les stresseurs environnementaux (Barlow, 2000). En effet, ces évènements pourraient avoir une influence sur le développement de l’individu et accroître son risque de développer des psychopathologies. Ainsi, chez les musiciens, le fait d’avoir vécu une performance musicale catastrophique semble être relié à de plus hauts niveaux d’APM chez les musiciens classiques (Osborne et Kenny, 2008). De façon complémentaire, la présente recherche tentera de vérifier la relation possible entre les évènements

significatifs passés, autant positifs que négatifs, et l’APM vécue par les étudiants jazz de niveau postsecondaire. La combinaison des deux premiers facteurs du modèle de Barlow pourrait mener au développement de psychopathologies non spécifiques comme le trouble d’anxiété généralisée.

Un troisième niveau a été ajouté au modèle pour expliquer l’anxiété focale qui peut s’apparenter à l’APM dans cette étude. Ce dernier niveau, nommé la vulnérabilité psychologique spécifique, peut être relié à des sensations internes aussi bien qu’à un stimulus/objet environnemental spécifique où se produirait un apprentissage par

association (Pavlov, 1927). Ce stimulus, auparavant neutre, pourrait devenir l’objet de la peur (Barlow, 2000). Ce dernier critère du modèle de Barlow vise, dans le cadre de ce projet de recherche, à investiguer l’endroit et le moment où l’APM se manifeste chez l’étudiant. Il s’agira d’explorer les éléments contextuels qui génère davantage d’APM chez les étudiants par exemple lors d’une performance solo ou de groupe, avant, pendant ou après une performance, un examen, une audition, ou en fonction des gens présents lors de ces dites conditions : professeurs, collègues, parents. Encore une fois, ce critère à lui seul ne serait pas suffisant pour mener au développement de pathologies.

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20

1.9

M

ÉTHODE

Devis de recherche

Ce projet de recherche utilise un devis corrélationnel par questionnaire auto-rapporté. Plus précisément cette étude se base sur une approche transversale, utilisant des échelles de mesure quantitatives et une question ouverte qualitative. Étant donné que l’APM chez les étudiants jazz est un domaine peu étudié, cette étude prend pour modèle d’autres projets de recherche ayant été menés sur l’APM des musiciens classiques. Elle utilise des instruments de mesure standardisés ayant été largement utilisés dans l’étude de l’APM.

Cette étude comporte une grande dimension quantitative. En effet, le premier objectif de recherche vise à établir des relations entre l’APM et l’anxiété trait, mesuré par les questionnaires STAI-T et la version révisée du K-MPAI. Ces données ont été

analysées à l’aide de tests statistiques. Cette portion quantitative de l’étude s’apparente donc grandement à une recherche corrélationnelle. Les analyses ont été réalisées à partir du logiciel connu sous le nom de Statistical Package for the Social Sciences (SPSS).

La portion qualitative de l’étude a pour but d’ajouter une profondeur aux données quantitatives récoltées en plus de répondre aux questions du deuxième et du troisième objectif de recherche. Cette partie de l’étude pourra également permettre de mieux comprendre certains phénomènes à partir du point de vue qualitatif des participants (Denzin et Lincoln, 2000).

Population et échantillonnage

Cette recherche visait les étudiants inscrits aux programmes d’interprétation jazz de niveau collégial et universitaire. Afin de recueillir un maximum de données, des étudiants de différents milieux ont été sollicités. En effet, les étudiants inscrits à un diplôme d’études collégiales (DEC), à la technique en interprétation jazz ainsi que les étudiants de niveau universitaire inscrits au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat en interprétation jazz de différents pays ont été invités à participer à ce projet.

Collecte de données et instruments de mesure Données sociodémographiques

Les données récoltées incluent l’âge, le niveau universitaire (cégep, baccalauréat, maitrise, doctorat), le nom de l’institution, l’instrument principal, le sexe, le désir de

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devenir musicien professionnel, l’appartenance à un groupe musical, ainsi que le nombre de performances musicales par année et le contexte de performance le plus fréquent. L’inventaire d'anxiété d'état-trait State-Trait Anxiety Inventory sous échelle de trait Trait Subscale (STAI-T) (Spielberger, 1983)

La sous-échelle STAI-T de l’inventaire d’anxiété état-trait mesure des différences individuelles relativement stables dans la tendance à percevoir des situations stressantes comme dangereuses ou menaçantes (anxiété trait). Ce test standardisé a été utilisé à plusieurs reprises pour fournir une comparaison avec les groupes normalisés et autres recherches sur l’APM. Cette mesure a une excellente cohérence interne (α = 0,90) chez les hommes comme les femmes. La version anglaise et française de ce questionnaire sera utilisée. Nous utiliserons pour les étudiants francophones, l’adaptation canadienne-française révisée du STAI (Gauthier et Bouchard, 1993).

Le Kenny Music Performance Anxiety Inventory (K-MPAI) Revised (Kenny, 2009a) Ce questionnaire est composé de 40 questions qui utilise une échelle de type Likert en 7 points et il permet de mesurer l’APM et la genèse de l’APM selon la théorie de l'anxiété proposée par Barlow (2000). Les items de ce test ont été spécialement construits ou empruntés à d'autres questionnaires pour aborder spécifiquement chacune des composantes dans la théorie de Barlow. Le K-MPAI révisé montre une excellente

cohérence interne (α = 0,94). Puisqu’il n’existe pas de version canadienne française de ce questionnaire, une traduction maison du questionnaire a été effectuée qui a ensuite été révisée par une traductrice ainsi que testée avec quelques étudiants.

Question qualitative sur les expériences de performance musicale

Afin que les étudiants puissent exprimer dans leurs mots une expérience d’APM reliée à une performance musicale personnelle, une question ouverte a été posée vers la fin du questionnaire. La question était la suivante « pouvez-vous nous décrire votre expérience de performance musicale la plus marquante ? Prenez soin d’indiquer quel était votre âge, l’endroit et l’évènement (p. ex. examen à l’université devant des juges), votre impression de la performance avant, durant et après celle-ci ainsi que ce qui s’est passé après votre prestation (commentaires reçus, incidents, comportements) ». Les étudiants ont ensuite été invités à indiquer sur une échelle de type Likert à quel point ils ont considéré cette

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expérience significative ainsi que la valence de cette performance entre (1) = performance catastrophique et (7) = performance impeccable.

Procédure

Le questionnaire a été mis en ligne sur la plateforme limesurvey.com. Celui-ci était composé d’un rassemblement des différents questionnaires identifié dans la section précédente. Il débute avec un formulaire de consentement avant de pouvoir poursuivre plus loin. Deux liens étaient disponibles pour accéder au site web ; un en français et un en anglais. Ensuite, les étudiants ont été informés de cette étude de différentes manières. Premièrement, des présentations du projet ont été faites par le chercheur durant les cours de musique pour expliquer le projet et inviter les étudiants à y participer. Deuxièmement par internet ; soit par les médias sociaux (Facebook) ou par courriel utilisant les bases de données de l’établissement scolaire.

La technique principalement utilisée était un échantillonnage non probabiliste par réseaux (boule de neige) (Hogan et Cannon, 2007). Nous avions conscience des limites de cette approche et de la probabilité que les participants qui répondraient au

questionnaire soient probablement ceux qui souffrent d’APM. Pour tenter d’éviter cette limite, des présentations ont été faites par le chercheur principal au sein de certaines institutions ciblées. Ces présentations ont eu lieu durant les cours d’improvisations et d’ensemble avec l’autorisation du professeur. Au cours de celles-ci, il a été mis de l’avant que l’objectif de l’étude était d’avoir un portrait représentatif de l’APM des étudiants en interprétation jazz en spécifiant que les gens ne rapportant pas ou peu d’APM étaient aussi très importants pour atteindre nos objectifs de recherche. Ensuite, avec

l’autorisation du professeur, les étudiants étaient invités à compléter une version papier du questionnaire en classe. Sinon, les étudiants étaient encouragés à remplir le

questionnaire en ligne dans leur temps libre. Ce questionnaire prenait en moyenne une vingtaine de minutes à compléter. Malgré plusieurs présentations en classe, la majorité des participants ont été rejoints par le biais d’internet, soit par les médias sociaux (Facebook) ou par courriel, utilisant les listes d’envoi des universités l’ayant permis. En effet, sur un total de 60 étudiants présents lors des présentations, un total de 20 copies papier nous a été retourné. Par conséquent, nous avons misé sur l’effet boule de neige

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afin que les étudiants informent leurs collègues du projet en personne ou par les réseaux sociaux.

Nous avions en tête d’obtenir un nombre approximatif de 100 étudiants pour participer à l’étude. Évidemment, le nombre de participants était difficilement estimable puisqu’il était impossible de savoir combien d’étudiants seraient rejoints par les médias sociaux. Il s’agissait d’obtenir le maximum de participants possibles puisque de façon générale, les larges échantillons donnent un portrait plus fidèle des caractéristiques de la population étudiée. D’ailleurs, dans le cas des études consistant à explorer des

associations entre des variables comme dans l’étude corrélationnelle ici présente, il est toujours recommandé d’avoir un large échantillon (Fortin, Côté, et Filion, 2006). Approche d’analyse statistique

En vue d’analyser les données récoltées, nous avons utilisé le logiciel statistique SPSS version 25. La première étape a été de vérifier les postulats de normalité, indépendance et d’homogénéité des variables. Ensuite, à l’aide des statistiques descriptives, les moyennes et les écarts type de chacune des variables ont servi à dresser un tableau des

caractéristiques des participants au niveau socio-démographique, d’APM, STAI-T et de la question ouverte. Nous avons ensuite conduit des tests paramétriques afin d’établir des relations entre les variables étudiées dans cette étude. Pour ce faire, nous avons conduit différents tests statistiques inférentiels tels que des analyses de variances (ANOVA), des tests-t de Student ainsi que des régressions linéaires. Ensuite, les deux questions de type Likert concernant la signification et la valence de l’évènement suivant la question ouverte ont été comptabilisées comme des données quantitatives. Également, les deux questions suivant la question ouverte ont été utilisées pour classer les expériences de performance musicale en quatre catégories soit : positive-significative, positive-non significative, négative-significative et négative-non significative. Ces catégories ont par la suite été comparées pour vérifier leurs liens avec l’APM des participants.

Analyse qualitative

Comme mentionné plus haut, une question ouverte concernant les performances musicales passées a été posée aux étudiants pour le volet qualitatif de l’étude. Les

résultats ont fait l’objet d’une analyse thématique au cours de laquelle un arbre de codes a été construit. L’analyse thématique est une méthode qui cherche à identifier, analyser et

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rapporter les thématiques ou les thèmes présents afin de mieux organiser et décrire les données (Braun, Clarke et Terry, 2014). Au sein des textes décrivant les expériences de performance musicales rapportées par les participants, les thèmes jugés comme décrivant le mieux l’expérience du participant ont été prélevés et comptabilisés pour mieux

comprendre le contenu et la nature des expériences musicales. Analyse mixte

À la suite des deux types d’analyses nommées précédemment, une interaction entre les données qualitative et quantitative a été effectuée. Cette interaction est représentée par le biais de deux graphiques possédant quatre cadrans chacun. Ces quatre cadrans

représentent les quatre différentes catégories d’expériences de performance musicale rapportées (positive-significative, positive-non significative, négative-significative et négative-non significative.) Les niveaux d’APM sont affichés dans le premier graphique alors que les niveaux d’anxiété trait sont affichés dans le deuxième. Il est donc possible d’observer, par exemple, le niveau d’APM pour la catégorie des expériences de

performance musicale positives et significatives. Également, les thèmes qualitatifs les plus souvent retrouvés dans chaque catégorie d’expérience musicale sont associés au cadran correspondant. Par exemple, si le thème des émotions positives était typique du groupe aux expériences positives significatives, celui-ci sera affiché dans le cadran correspondant au groupe des expériences positives significatives.

Considérations éthiques

Les chercheurs avaient un grand souci de respecter les trois principes directeurs de l’énoncé de politique des trois conseils (CRSH, 2010). Les participants ont été libres de répondre ou non au questionnaire qu’il leur a été proposé sur internet ou en personne. Ils ont également été libres à tout moment de cesser de remplir le questionnaire sans aucune pénalité. Par souci de confidentialité, les étudiants participant à cette étude n’ont pas eu à inscrire leurs noms, les données sont par conséquent anonymes. Les participants ont été identifiés par un nombre attribué de façon aléatoire. Toutes les données ont été gardées de façon confidentielle au laboratoire de recherche en formation auditive et didactique instrumentale (LARFADI) de l’Université Laval dans un dossier numérique verrouillé uniquement accessible par le chercheur principal et la directrice de recherche.

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25

Concernant la préoccupation pour le bien-être des personnes, il n’y avait que des risques minimes à remplir le questionnaire qui a été soumis au participant. En effet, il était possible que les étudiants ressentent des émotions négatives reliées aux évènements passés qu’ils ont eu à décrire dans le questionnaire. Pour pallier à cette éventualité, des ressources de soutien psychologique ont été mises en attache au document internet comprenant des lignes téléphoniques d’aide gratuite de la ville de Québec et Montréal (p. ex. Tel-Aide Québec, Centre de prévention du suicide de Québec) ainsi qu’une ligne de soutien national. En attache, il y avait également les coordonnées du centre d’aide aux étudiants des universités et cégeps ainsi que ceux des professionnels de la santé mentale aux environs des établissements visés au Québec. Enfin, il était aussi possible que les personnes éprouvent un certain bien-être ou soulagement à raconter des évènements reliés à l’anxiété de performance.

Dernièrement, le principe de justice a été respecté autant que possible. Toutes les personnes participantes ont été traitées de manière égale et ont eu accès aux mêmes ressources. Étant donné qu’il était impossible d’entrer en contact avec les participants durant la phase de complétion du questionnaire, l’ensemble des participants incluant les personnes vulnérables, ont été exemptées de tout mauvais traitement possible.

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Chapitre 1 :

[Cool Jazz : l’anxiété de performance musicale chez les étudiants en interprétation jazz]

C

HAPITRE

1 :

C

OOL JAZZ

:

M

USIC PERFORMANCE ANXIETY IN JAZZ PERFORMANCE STUDENTS

Gabriel Martin-Gagnon1, Andrea Creech, PhD1,

1 Faculty of music, Laval University, Quebec City, Quebec, Canada

*Article publié dans le Music Education Journal le 27 mars 2019

Martin-Gagnon, G., & Creech, A. (2019). Cool jazz: music performance anxiety in jazz performance students. Music Education Research, 1-12.

Figure

Figure 1. Modèle des triples vulnérabilités de Barlow (2000)
Table 3 shows the most common performance setting and perceived most stressful  situation
Table 3. Most common performance settings and perceived most stressful situations.   Most common performance settings  Solo  only  Solo,  sometimes in  ensemble  Mixed solo,  ensemble  Ensemble,  sometimes in solo  Mostly  ensemble
Table 4. Means, standard deviation, minimum, maximum for revised K-MPAI and STAI-T for  gender and level of education
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Références

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