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Ce projet de recherche utilise un devis corrélationnel par questionnaire auto- rapporté. Plus précisément cette étude se base sur une approche transversale, utilisant des échelles de mesure quantitatives et une question ouverte qualitative. Étant donné que l’APM chez les étudiants jazz est un domaine peu étudié, cette étude prend pour modèle d’autres projets de recherche ayant été menés sur l’APM des musiciens classiques. Elle utilise des instruments de mesure standardisés ayant été largement utilisés dans l’étude de l’APM.

Cette étude comporte une grande dimension quantitative. En effet, le premier objectif de recherche vise à établir des relations entre l’APM et l’anxiété trait, mesuré par les questionnaires STAI-T et la version révisée du K-MPAI. Ces données ont été

analysées à l’aide de tests statistiques. Cette portion quantitative de l’étude s’apparente donc grandement à une recherche corrélationnelle. Les analyses ont été réalisées à partir du logiciel connu sous le nom de Statistical Package for the Social Sciences (SPSS).

La portion qualitative de l’étude a pour but d’ajouter une profondeur aux données quantitatives récoltées en plus de répondre aux questions du deuxième et du troisième objectif de recherche. Cette partie de l’étude pourra également permettre de mieux comprendre certains phénomènes à partir du point de vue qualitatif des participants (Denzin et Lincoln, 2000).

Population et échantillonnage

Cette recherche visait les étudiants inscrits aux programmes d’interprétation jazz de niveau collégial et universitaire. Afin de recueillir un maximum de données, des étudiants de différents milieux ont été sollicités. En effet, les étudiants inscrits à un diplôme d’études collégiales (DEC), à la technique en interprétation jazz ainsi que les étudiants de niveau universitaire inscrits au baccalauréat, à la maîtrise et au doctorat en interprétation jazz de différents pays ont été invités à participer à ce projet.

Collecte de données et instruments de mesure Données sociodémographiques

Les données récoltées incluent l’âge, le niveau universitaire (cégep, baccalauréat, maitrise, doctorat), le nom de l’institution, l’instrument principal, le sexe, le désir de

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devenir musicien professionnel, l’appartenance à un groupe musical, ainsi que le nombre de performances musicales par année et le contexte de performance le plus fréquent. L’inventaire d'anxiété d'état-trait State-Trait Anxiety Inventory sous échelle de trait Trait Subscale (STAI-T) (Spielberger, 1983)

La sous-échelle STAI-T de l’inventaire d’anxiété état-trait mesure des différences individuelles relativement stables dans la tendance à percevoir des situations stressantes comme dangereuses ou menaçantes (anxiété trait). Ce test standardisé a été utilisé à plusieurs reprises pour fournir une comparaison avec les groupes normalisés et autres recherches sur l’APM. Cette mesure a une excellente cohérence interne (α = 0,90) chez les hommes comme les femmes. La version anglaise et française de ce questionnaire sera utilisée. Nous utiliserons pour les étudiants francophones, l’adaptation canadienne- française révisée du STAI (Gauthier et Bouchard, 1993).

Le Kenny Music Performance Anxiety Inventory (K-MPAI) Revised (Kenny, 2009a) Ce questionnaire est composé de 40 questions qui utilise une échelle de type Likert en 7 points et il permet de mesurer l’APM et la genèse de l’APM selon la théorie de l'anxiété proposée par Barlow (2000). Les items de ce test ont été spécialement construits ou empruntés à d'autres questionnaires pour aborder spécifiquement chacune des composantes dans la théorie de Barlow. Le K-MPAI révisé montre une excellente

cohérence interne (α = 0,94). Puisqu’il n’existe pas de version canadienne française de ce questionnaire, une traduction maison du questionnaire a été effectuée qui a ensuite été révisée par une traductrice ainsi que testée avec quelques étudiants.

Question qualitative sur les expériences de performance musicale

Afin que les étudiants puissent exprimer dans leurs mots une expérience d’APM reliée à une performance musicale personnelle, une question ouverte a été posée vers la fin du questionnaire. La question était la suivante « pouvez-vous nous décrire votre expérience de performance musicale la plus marquante ? Prenez soin d’indiquer quel était votre âge, l’endroit et l’évènement (p. ex. examen à l’université devant des juges), votre impression de la performance avant, durant et après celle-ci ainsi que ce qui s’est passé après votre prestation (commentaires reçus, incidents, comportements) ». Les étudiants ont ensuite été invités à indiquer sur une échelle de type Likert à quel point ils ont considéré cette

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expérience significative ainsi que la valence de cette performance entre (1) = performance catastrophique et (7) = performance impeccable.

Procédure

Le questionnaire a été mis en ligne sur la plateforme limesurvey.com. Celui-ci était composé d’un rassemblement des différents questionnaires identifié dans la section précédente. Il débute avec un formulaire de consentement avant de pouvoir poursuivre plus loin. Deux liens étaient disponibles pour accéder au site web ; un en français et un en anglais. Ensuite, les étudiants ont été informés de cette étude de différentes manières. Premièrement, des présentations du projet ont été faites par le chercheur durant les cours de musique pour expliquer le projet et inviter les étudiants à y participer. Deuxièmement par internet ; soit par les médias sociaux (Facebook) ou par courriel utilisant les bases de données de l’établissement scolaire.

La technique principalement utilisée était un échantillonnage non probabiliste par réseaux (boule de neige) (Hogan et Cannon, 2007). Nous avions conscience des limites de cette approche et de la probabilité que les participants qui répondraient au

questionnaire soient probablement ceux qui souffrent d’APM. Pour tenter d’éviter cette limite, des présentations ont été faites par le chercheur principal au sein de certaines institutions ciblées. Ces présentations ont eu lieu durant les cours d’improvisations et d’ensemble avec l’autorisation du professeur. Au cours de celles-ci, il a été mis de l’avant que l’objectif de l’étude était d’avoir un portrait représentatif de l’APM des étudiants en interprétation jazz en spécifiant que les gens ne rapportant pas ou peu d’APM étaient aussi très importants pour atteindre nos objectifs de recherche. Ensuite, avec

l’autorisation du professeur, les étudiants étaient invités à compléter une version papier du questionnaire en classe. Sinon, les étudiants étaient encouragés à remplir le

questionnaire en ligne dans leur temps libre. Ce questionnaire prenait en moyenne une vingtaine de minutes à compléter. Malgré plusieurs présentations en classe, la majorité des participants ont été rejoints par le biais d’internet, soit par les médias sociaux (Facebook) ou par courriel, utilisant les listes d’envoi des universités l’ayant permis. En effet, sur un total de 60 étudiants présents lors des présentations, un total de 20 copies papier nous a été retourné. Par conséquent, nous avons misé sur l’effet boule de neige

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afin que les étudiants informent leurs collègues du projet en personne ou par les réseaux sociaux.

Nous avions en tête d’obtenir un nombre approximatif de 100 étudiants pour participer à l’étude. Évidemment, le nombre de participants était difficilement estimable puisqu’il était impossible de savoir combien d’étudiants seraient rejoints par les médias sociaux. Il s’agissait d’obtenir le maximum de participants possibles puisque de façon générale, les larges échantillons donnent un portrait plus fidèle des caractéristiques de la population étudiée. D’ailleurs, dans le cas des études consistant à explorer des

associations entre des variables comme dans l’étude corrélationnelle ici présente, il est toujours recommandé d’avoir un large échantillon (Fortin, Côté, et Filion, 2006). Approche d’analyse statistique

En vue d’analyser les données récoltées, nous avons utilisé le logiciel statistique SPSS version 25. La première étape a été de vérifier les postulats de normalité, indépendance et d’homogénéité des variables. Ensuite, à l’aide des statistiques descriptives, les moyennes et les écarts type de chacune des variables ont servi à dresser un tableau des

caractéristiques des participants au niveau socio-démographique, d’APM, STAI-T et de la question ouverte. Nous avons ensuite conduit des tests paramétriques afin d’établir des relations entre les variables étudiées dans cette étude. Pour ce faire, nous avons conduit différents tests statistiques inférentiels tels que des analyses de variances (ANOVA), des tests-t de Student ainsi que des régressions linéaires. Ensuite, les deux questions de type Likert concernant la signification et la valence de l’évènement suivant la question ouverte ont été comptabilisées comme des données quantitatives. Également, les deux questions suivant la question ouverte ont été utilisées pour classer les expériences de performance musicale en quatre catégories soit : positive-significative, positive-non significative, négative-significative et négative-non significative. Ces catégories ont par la suite été comparées pour vérifier leurs liens avec l’APM des participants.

Analyse qualitative

Comme mentionné plus haut, une question ouverte concernant les performances musicales passées a été posée aux étudiants pour le volet qualitatif de l’étude. Les

résultats ont fait l’objet d’une analyse thématique au cours de laquelle un arbre de codes a été construit. L’analyse thématique est une méthode qui cherche à identifier, analyser et

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rapporter les thématiques ou les thèmes présents afin de mieux organiser et décrire les données (Braun, Clarke et Terry, 2014). Au sein des textes décrivant les expériences de performance musicales rapportées par les participants, les thèmes jugés comme décrivant le mieux l’expérience du participant ont été prélevés et comptabilisés pour mieux

comprendre le contenu et la nature des expériences musicales. Analyse mixte

À la suite des deux types d’analyses nommées précédemment, une interaction entre les données qualitative et quantitative a été effectuée. Cette interaction est représentée par le biais de deux graphiques possédant quatre cadrans chacun. Ces quatre cadrans

représentent les quatre différentes catégories d’expériences de performance musicale rapportées (positive-significative, positive-non significative, négative-significative et négative-non significative.) Les niveaux d’APM sont affichés dans le premier graphique alors que les niveaux d’anxiété trait sont affichés dans le deuxième. Il est donc possible d’observer, par exemple, le niveau d’APM pour la catégorie des expériences de

performance musicale positives et significatives. Également, les thèmes qualitatifs les plus souvent retrouvés dans chaque catégorie d’expérience musicale sont associés au cadran correspondant. Par exemple, si le thème des émotions positives était typique du groupe aux expériences positives significatives, celui-ci sera affiché dans le cadran correspondant au groupe des expériences positives significatives.

Considérations éthiques

Les chercheurs avaient un grand souci de respecter les trois principes directeurs de l’énoncé de politique des trois conseils (CRSH, 2010). Les participants ont été libres de répondre ou non au questionnaire qu’il leur a été proposé sur internet ou en personne. Ils ont également été libres à tout moment de cesser de remplir le questionnaire sans aucune pénalité. Par souci de confidentialité, les étudiants participant à cette étude n’ont pas eu à inscrire leurs noms, les données sont par conséquent anonymes. Les participants ont été identifiés par un nombre attribué de façon aléatoire. Toutes les données ont été gardées de façon confidentielle au laboratoire de recherche en formation auditive et didactique instrumentale (LARFADI) de l’Université Laval dans un dossier numérique verrouillé uniquement accessible par le chercheur principal et la directrice de recherche.

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Concernant la préoccupation pour le bien-être des personnes, il n’y avait que des risques minimes à remplir le questionnaire qui a été soumis au participant. En effet, il était possible que les étudiants ressentent des émotions négatives reliées aux évènements passés qu’ils ont eu à décrire dans le questionnaire. Pour pallier à cette éventualité, des ressources de soutien psychologique ont été mises en attache au document internet comprenant des lignes téléphoniques d’aide gratuite de la ville de Québec et Montréal (p. ex. Tel-Aide Québec, Centre de prévention du suicide de Québec) ainsi qu’une ligne de soutien national. En attache, il y avait également les coordonnées du centre d’aide aux étudiants des universités et cégeps ainsi que ceux des professionnels de la santé mentale aux environs des établissements visés au Québec. Enfin, il était aussi possible que les personnes éprouvent un certain bien-être ou soulagement à raconter des évènements reliés à l’anxiété de performance.

Dernièrement, le principe de justice a été respecté autant que possible. Toutes les personnes participantes ont été traitées de manière égale et ont eu accès aux mêmes ressources. Étant donné qu’il était impossible d’entrer en contact avec les participants durant la phase de complétion du questionnaire, l’ensemble des participants incluant les personnes vulnérables, ont été exemptées de tout mauvais traitement possible.

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Chapitre 1 :

[Cool Jazz : l’anxiété de performance musicale chez les étudiants en interprétation jazz]

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